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A te che hai preso la mia vita
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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE

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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyJeu 15 Sep - 18:59

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei



Je n’avais pas eu à préparer mes valises pour notre voyage de noces. Lyla et Carolia s’étaient chargées de la boucler selon mes consignes, mais j’étais néanmoins curieuse de découvrir ce qu’elle recelait comme trésors. Je connaissais ma meilleure amie. Elle avait certainement dû y glisser de quoi réveiller notre libido qui était pourtant loin d’être en souffrance. Être sacré mari et femme présentait des avantages notoires dont nous profitions chaque minute. Mes proches perdirent le droit de s’offusquer de mon comportement dès que j’opposai un oui franc et massif au prêtre qui nous unit pour l’éternité. Le deuxième jour, nous nous éparpillâmes un peu pour honorer les convives en reste de notre présence la veille. Mais, le troisième, alors que la nuit précédente, nous jouissions des bienfaits d’un strip-tease aussi drôle que sensuel, nous ne décollions plus. Tactile, mon époux était assez contagieux pour que je ne me préoccupe d’aucun regard. Ce fut tout également vrai à l’aéroport ou dans l’avion qui nous conduisait vers le Costa Rica. La destination demeura secrète jusqu’à ce qu’il m’offre les tickets d'embarquement et je trépignais d’impatience à l’idée de découvrir ce que les agences de voyages décrivaient comme un lieu paradisiaque et idyllique. Je ne ressentis pas le moindre pincement au cœur en abandonnant nos invités et ma famille. Je m’agaçai simplement quand, juste avant de partir, je reçus un message de Teresa qui me souhaitait tout le bonheur du monde avec « SON HOMME » et une excellente lune de miel. « J’aurais mieux fait de lui couper les mains devant ce cinéma. Ça lui aurait évité de me faire perdre mon temps à lire ce genre de conneries. Regarde ? Tu me dirais bien comment elle a obtenu mon numéro de téléphone d’ailleurs ? Je parie qu’elle t’a envoyé un message à toi aussi. » Bonne pioche. Elle lui témoignait ses vœux qu’elle accompagna d’une photo d’elle dans un déshabillé à réveiller un mort. « Belle photo. » crachais-je jalouse à en crever. Terry était pulpeuse et exotique. Elle assumait ses formes avec une telle assurance qu’à côté d’elle, je ressemblais à une adolescente prépubère. Je mentirais si je prétendais que je l’enviais. Mani m’avait choisi moi. Lorsque je lui adressais ce type de clichés, je n’avais pas le sentiment de me rabaisser. C’était davantage une invitation licencieuse qu’une tentative désespérée de le récupérer. Je n’en étais pas moins en colère pour autant. « Salope. Envoyez ce genre de truc à un homme marié. Elle est pathétique... Elle devrait avoir honte. Et, arrête de sourire comme ça, moi, ça ne m’amuse pas. Pas du tout même. » Je me renfrognai à la seconde, m’obligeant à ne pas penser que, peut-être, il préférait ce qu’il avait sous les yeux à ce qu’il avait chez lui. Ça m’aurait rendu malade et ça aurait absolument tout gâché. J’envisageais plutôt que ma possessivité l’enchantait, comme s’il avait besoin d’une petite crise du genre pour se rassurer. Je viens de l’épouser. Je ne jure que par lui. Je me dandinerais presque de joie quand on m’interpelle en tant que Madame Herrera. Qu’est-ce qu’il lui faut de plus ? Sérieusement ?


***

Elle se serait contentée de cette petitesse, j’aurais sans doute oublié l’incursion de Teresa dans ma vie de couple. Je ne m’en inquiétais guère avant. Il n’était pas question de ça change, mais je pâlis de jalousie lorsqu’elle traversa la salle du restaurant de l’hôtel. Sa tenue d’un rouge criard était un appel à la luxure. À côté d’elle, dans ma robe d’été fleurie, je ressemblais à l’actrice principale de la petite maison dans la prairie, le décolleté et les talons en plus. « Surtout, reste calme. » intimais-je à mon mari en déposant ma main sur la sienne. J’eus à peine le temps de finir ma phrase que son ex – si tant est qu’elle soit à considérer comme telle – lui jouait un numéro de charme. Elle était juste là, devant moi, à notre table, à singer les femmes fatales. Elle se vendait et le flattait, ce qui me mit hors de moi. Je me fis violence pour ne pas l’assommer en lui écrasant la chaise sur le crâne. J’en serrai ma serviette avec une hargne dissimulée derrière un sourire des plus aimables et une politesse qui me brûla les lèvres, bien que je l’aurais volontiers complimentée pour son bon goût si je n’avais pas eu peur que ça sonne faux, creux, comme sa tête quand on la cogne. « Tu devrais te joindre à nous…Tu es seule ? » « Oh, excuse-moi, je ne t’avais pas vue. Cinzia, c’est ça ? Félicitations pour le mariage. Il paraît que c’était grandiose. En réalité, j’attends quelqu’un, mais si on ne vous dérange pas. » Elle se foutait littéralement de ma gueule. Sans l’intervention du serveur, j’aurais bondi comme une lionne. Au lieu de ça, j’exigeai qu’on apporte deux couverts supplémentaires. La soirée serait longue. Longue et pénible. Plus encore maintenant que son cavalier se joignait à nous. Il ne m’était pas étranger. Riccardo était un Sicilien plutôt bien né.

Sa famille détenait une usine d’huile d’olive offerte par mon père pour service rendu. Nous nous connaissions depuis notre plus jeune âge. La rumeur racontait qu’à une époque, il se pâmait sous mon passage. Nul doute que nous allions au-devant des ennuis si son regard traînait trop longtemps sur ce qui ne lui appartenait pas. J’en eus la confirmation à sa première flatterie, quoiqu’il eut la bonne idée de l’adresser à mon époux. « C’est une drôle de coïncidence de se croiser ici… » lança Ricky d’un ton enjoué, hermétique au malaise autour de cette table. « Tu m’en diras tant. » « Non, mais, on habite tous New York. Toi et moi, on a même habité le même quartier à une époque et on ne se voit quasiment jamais. » « J’ai déménagé. Alors ? Comment vous êtes-vous rencontrés ? Je suis curieuse de savoir et ne lésinez pas sur les détails.» D’instinct, je m’agrippai à la main de Mani assis juste à côté de moi. Inconsciemment, je redoutais qu’il m’échappe, j'avais peur que ses anciens démons ne le rattrapent tandis que Teresa affichait son opulente poitrine à peine voilée sous ses yeux. J’aurais donné n’importe quoi afin qu’il soit en face de moi et non à mes côtés. « C’est Achille qui nous a présentés. » L’incrédulité se lut sur mon visage. Elle se gaussa, précisa : « Ton frère. », et je me maudis d’avoir posé cette question idiote. « Avant ou après t’avoir jetée ? » Elle vira au cramoisi et, si j’étais fière de moi, je le regrettai aussi sec. Elle se vengea en rappelant Manuel à leur souvenir. Elle parlait d’eux comme s’il s’agissait d’un couple et si je ne me départis pas de la bonne humeur qui teintait également mes remarques précédentes, je bouillonnais. Ricky, qui ne savait trop que faire pour que sa compagne s'intéresse à son existence me fit presque de la peine, mais je me fermais à toutes ces tentatives pour entretenir avec moi une conversation, trop occupée à me torturer en écoutant cette pétasse vomir le début d’une anecdote de leur vie sexuelle. Il me proposa un verre de vin et je déclinai. « Oh oui, c’est vrai, tu ne bois pas. » Il me tendait une perche et, sans trop réfléchir, je la saisis à pleine main par pure vengeance en admettant avec un sourire digne d’une publicité : « Non, je suis enceinte, c’est tout. » Un silence de mort s’installa autour de la table, le temps que l’information s’achemine au cerveau des indésirés. L’un nous félicita avec enthousiasme. L’autre demeura interdite. « Oui ! Moi aussi ça m’a fait un choc. Une vraie bonne surprise… pour nous en tout cas. »


***


Quand l’heure de ma libération sonna enfin, j’étais vidée de toute énergie. Je ne rêvais que de mon lit et des bras de mon mari pour apaiser mes angoisses. La présence de Teresa me déstabilisait. Avoir révélé notre secret si jalousement gardé jusqu’ici me laissait par ailleurs un goût amer. Je ne craignais plus les conséquences de ma grossesse prématurée. Ce qui m’arrivait ne regardait plus mon père ou ma communauté, ça ne les agiterait bientôt plus d’ailleurs. Je changeais de quartier et de patronyme. Je n’alimenterais plus les ragots,  d’autant que les plus teignes d’entres elles avaient de quoi se faire les dents sur Lyla ou sur Jezabel. Ce qui me dérangeait, dans mon comportement, c’était de m’être servi de notre intimité pour me défendre de ses attaques avec subtilité. Ce n’était pas idiot. Je n’en disconvenais pas. Cet enfant méritait toutefois bien mieux que d’être au centre de ce genre de bassesse. J’avais honte de l’avoir utilisé pour mes intérêts propres et je ne prononçai pas le moindre mot du restaurant jusqu’à la chambre. J’avais un millier de choses à dire pourtant. J’avais tant de rage en moi que la verbaliser m’aurait soulagée. J’étais cependant incapable de vider mon cœur de toute sa frustration. Je serais tentée de poser des questions sans être certaine d’être prête à entendre les réponses. Je me murai donc dans un silence peu à propos, mais qui maintenait ma raison en équilibre. J’étais blessée, pas à cause de Manuel ou de sa tenace maîtresse, mais parce que j’accordais trop d’importance à son comportement. Je lui permettais de m’atteindre et je me détestais de lui offrir un tel pouvoir sur un plateau d’argent. Plus encore que le téléphone de Manuel n’arrêtait pas de vibrer et que je savais pertinemment qu’elle était à l’origine de cette flopée de messages. « Je vais l’empoisonner. » finis-je par persifler d’une voix à peine audible. « Laisse-moi deviner. Elle t’envoie des photos d’elle à poil en te proposant de reprendre sa place de maîtresse attitrée parce que je ne te comblerai jamais aussi bien qu’elle. Je suppose qu’elle y va de sa petite description peu flatteuse de ce que je suis ou plutôt de ce que je ne suis pas. »

Furibonde, je claquais la porte de la salle de bain dans laquelle j’entrais pour en ressortir aussi vite pour prendre du salon en piétinant d’un point A à un point B tout en vidant mon sac. « Je l’emmerde. Je ne la laisserai pas tout gâcher. Si je n’étais pas enceinte, je te jure que je l’aurais étranglée de mes mains, sicilienne avec elle ou pas, parce qu’eux aussi, je les emmerde. Achille plus que les autres. Bien plus que les autres. À part me pourrir la vie, de toute façon, il a jamais rien su faire de bien. » Je serrai les poings si forts que mes ongles marquèrent ma peau. « Elle te manque ? Tu peux me le dire, tu sais. De toute façon, ma soirée peut pas être pire alors tant qu’on y est, autant chargé la mule. Et puis, non, ne réponds pas, dis-moi juste si elle a raison, parce que je ne suis pas fermée d’esprit. Tu le sais ça. On peut discuter de tout, même si je rougis comme une pivoine, ça fait son petit bonhomme de chemin en général. » Evidemment, qu’il en était conscient. Je me mettais martel en tête pour rien, mais j’avais si peur de le perdre parfois, que j’en oubliais à quel point il m’aimait.


***

Toute ma valise. J’essayai chaque tenue qu’elle contenait pour trouver celle dans laquelle je me sentirais le plus à l’aise pour partir à la conquête d’une ville voisine aux photos plus que vendeuses. Je n’arrivais à en fermer aucune. Mes pantalons butaient au niveau de mon vendre et mes robes me saucissonnaient toutes. Je n’avais pas pu enfler de cinq kilos en moins de vingt-quatre heures. Physiologiquement, c’était impossible. Pourtant, en culottes et soutien-gorge devant le miroir, alors que je me détaillais de la tête au pied, je fus forcée de me rendre à l’évidence. Le petit être minuscule qu’on appelait médicalement, un fœtus, semblait avoir pris entière possession de l’espace à sa disposition quand on compte plus de deux mois de grossesse à son actif. Je m’arrondissais vraiment cette fois. Ce n’était pas le fruit de mon imagination. D’un jour à l’autre, comme s’il avait suffi que j’en discute ouvertement pour que le phénomène se produise, je n’aurais pu cacher mon état que derrière des vêtements amples, vêtements qui n’avaient jamais trouvé leur place dans ma garde-robe sous prétexte que ça donnait l’illusion que j’étais plus grosse que je ne l’étais réellement. J’avais déjà entendu parler de ces femmes en déni qui, une fois qu’elle l’apprenait, voyait leur corps changé en une nuit, mais je n’avais jamais souffert de cette pathologie psychologique. J’étais totalement consciente que j’étais une maman en devenir. J’aimai ce bébé dès que le test me confirma que mon retard n’était pas un caprice hormonal. « Bébé, viens voir. Vite. Vite. Vite. » hurlais-je la chambre toujours à moitié nue devant le miroir. Presser mon mari n’était pas vraiment utile. Ça ne disparaîtrait pas comme c’était venu. Ça ne ferait même qu’amplifier, mais perdue dans un océan de sentiment contraire mêlant l’inquiétude et l’allégresse, il était urgent que je le partage. « Qu’est-ce que tu vois ? » m’enquis-je droite comme un I, ce qui me valut une taquinerie de son cru que je ne relevai pas cette fois. « Je suis sérieuse. Regarde bien. » Je désignai mon ventre de mes deux index frénétiquement. « Ah..tu vois toi aussi. On est d’accord qu’hier, personne n’aurait pu deviner que j’étais enceinte et que là, on serait en droit de se poser la question. Tu crois que c’est grave ? Je veux dire, que ça arrive comme ça, soudainement ? »

e lui fis l’article de ce que je considérais durant longtemps comme une légende urbaine. « Tu crois qu’il n’était pas bien avant ça ? Qu’on lui a fait du tort en le cachant ? On devrait peut-être poser la question à un médecin. Ça m’inquiète et je n’ai pas confiance en ce que je lis sur internet. La dernière fois que j’ai fait un truc pareil, j’ai cru que j’allais crever dans les trois mois, complètement chauve en plus. On devrait peut-être trouver un médecin… que je puisse au moins poser la question. Ça me rassurait… Enfin, si je trouve quoi mettre… Je me sens bien que dans ta chemise qui est assez longue pour me servir de robe, mais je ne peux pas sortir comme ça. Il n’y a plus rien qui ferme… » Je repassai une robe pour lui prouver que je ne fabulais pas. « Je suis bonne pour me refaire une garde-robe, là… Je crois que ça me va bien. Tu trouves que ça me va bien ? » Je jetai un œil à mon époux à travers le miroir dans lequel je m’observais sous toutes les coutures. « Tu crois que je vais ressembler à ces femmes enceintes qui sont complètement déformées par la grossesse ? Il faut que j’aille voir quelqu’un pour m’aider à manger correctement. Je ne peux pas continuer à me gaver de sucres comme ça. » La poubelle débordait d’emballage de barres chocolatées. Je les semais sur mon passage. « On va avoir un bébé. » conclus-je au terme de mon inspection en règle. Je le répétai en sautillant sur place, non pas que je réalisais seulement, mais parce que j’avais tout le loisir d’y penser sans tracas à présent. Une vague de joie et d’émotions me submergea aussitôt et je me suspendis au cou de mon conjoint pour l’embrasser. « Madame Herrera me charge de vous dire qu’elle ne sait plus quoi faire de ce bonheur, qu’elle voudrait que rien ne change et qu’elle vous aime de tout son cœur. Tu verras, on fera de super parents. J’en suis certaine. » Le soir même, je pleurais à chaudes larmes pour exorciser une peur soudaine de ne pas être à la hauteur de la tâche et, Mani, d’une patience d’ange avec moi, Mani qui semblait ne jamais se lasser de mes sautes d’humeur, me consola autant qu’il apaisa mes craintes, en me serrant dans ses bras, en me chuchotant des promesses rassurantes et en déposant sur mon front une kyrielle de baisers débordant d’amour et d’affection.


***


J’aurais espéré que Teresa lâche l’affaire et s’envole vers d’autres cieux. A sa place, raisonnable, j’aurais pris la fuite pour ne pas me tourner en ridicule. La femme ne l’homme convoité étant enceinte, je n’aurais pas insisté davantage. Elle était anormalement résistante. Elle regardait Manuel avec la même envie qu’un diabétique devant une boutique de gâteaux, mais il ne lui offrait jamais la moindre oeillade, ce qui m’aidait à ne pas provoquer un esclandre lorsqu’elle installa sa serviette sur le transat jusqu’à côté du mien. Moins d’un mètre nous séparait. Si je me levais pour aller me baigner, elle me suivait. Elle était omniprésente. Il nous était impossible de faire un pas sans l’avoir dans les pieds. Là où elle ne pouvait nullement nous importuner, en revanche, c’était chez le médecin. Mani avait réussi à nous dégoter un gynécologue pour éteindre mes angoisses. Il formait avec sa femme – sa secrétaire – un couple particulièrement bien assorti et diablement sympathique. Elle, elle était belle à en crever. Lui, n’était pas dessiné au pinceau, mais il dégageait une aura bienveillante qui poussait n'importe qui à l'apprécier d’emblée. Il parlait un anglais parfait et, puisqu’il eut la délicatesse de nous recevoir un samedi, très tard, Manuel s’empressa de les inviter pour le dîner. Ce fut une soirée excellente que Teresa ne gâcha pas. La première d’une série de rencontres organisées par ce duo d'amoureux avec lequel nous accrochâmes naturellement. Il n’était pas envahissant. Il respectait nos besoins de solitude, mais ils faisaient des guides de la région plus intéressants que ceux embauchés par les hôtels pour étudier des fiches descriptives par coeur. Pas Paco et sa conjointe. Ils nous emmenèrent dans un endroit inédit et inconnu du grand public de touristes. Ils nous firent découvrir des petits restaurants très romantiques ou les spécialités du coin n’étaient pas américanisées pour plaire à un maximum de clients.

Ils se caractérisaient également par cette espèce de fascination qu’il nourrissait pour mon mari et moi, ce que je trouvais aussi touchant qu’étrange. Lupe n’avait de cesse de me répéter que j’étais ravissante, le genre de femmes qui bousculait son époux qui ne posait jamais les yeux sur moi plus de trois secondes d’affilée. Il ne parlait qu’à Manuel qu’il encensait avec subtilité pour ne pas réveiller la méfiance de l’homme qu’il était. Je les qualifiais de démonstratifs, sauf cette fin de soirée où nous terminions un repas copieux par un dessert que je dégustais pour profiter de ses saveurs. Paco troqua l’anglais pour leur langue maternelle et se lança dans une longue tirade qui m’obligea à me demander quelle leçon j’avais manquée. Je n’arrivais pas à croire ce que j’entendais, ce qui signifiait que j’avais de sérieuses lacunes en espagnol. Ça ressemblait à : « Manuel. Je dois t’avouer que je suis jaloux. Ma femme ne parle plus que de toi depuis que nous nous sommes rencontrés et je dois admettre que tu es un homme de goût. Ta femme est délicieuse. Lupe et moi n’avons pas d’enfants. Je n’ai aucune idée de ce qu’on peut ressentir à faire l’amour à une femme enceinte. Il paraît que c’est une expérience très intéressante et particulièrement intense et c’est là que je veux en venir. Ce sont vos derniers jours dans notre merveilleux pays. Nous ne serons sans doute plus amenés à nous revoir et ma femme et moi. » Il prit la main de cette dernière pour embrasser sa paume. «  Nous nous sommes dits que peut-être auriez-vous envie de faire de votre voyage de noces un souvenir inoubliable en vivant une expérience à laquelle vous n’êtes pas habitués. Je suis certain que ta femme et la mienne se révéleraient ensemble… et peut-être même qu’elles nous laisseraient participer si le cœur nous en dit. Qu’en dis-tu ? Nous redeviendrons des inconnus par la suite. Ça n’appartiendrait qu’à vous… et ce n’est jamais que du piment après tout. Ce n’est pas bien méchant. » Abasourdie, j’abandonnai ma cuillère dans mon assiette. « Je crois qu’il faut qu’on reprenne les leçons d’espagnol depuis le début mon ange. Je prends des mots pour d’autres, je crois… »commentais-je en Italien.


 





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Manuel Herrera
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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyDim 18 Sep - 22:32

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei



Fêter son union avec sa femme et tout ce que ça représentait n’était pas une épreuve, loin de là. Il était fier de ce qu’il était parvenu à attraper dans ses filets avant n’importe qui d’autre et il n’y avait rien qui le comblait plus de joie que des regards emplis d’envie posés sur sa douce. Cette robe de mariée leur avait montré tout ce qu’ils avaient loupé en la sous-estimant et en ne voyant que son nom, son père et toute la gloire qu’ils pourraient obtenir. Lui, il était littéralement tombé amoureux de la personne, sans vraiment s’y attendre, sans le chercher non plus. Ça l’avait pris par surprise alors qu’il avait seulement prévu de lui retirer sa robe pour plonger son visage entre ses seins et profiter d’une soirée ou deux d’amusement. Il se retrouvait à présent la corde au cou. Par quel maléfice était-elle parvenue à réaliser un miracle pareil ? Cela suscitait toujours l’étonnement et l’admiration de Jandro qui connaissait son cousin par cœur, ses bons comme ses mauvais côtés et qui aurait sans doute ri aux éclats si on lui avait annoncé que l’année suivante, il épouserait quelqu’un. Le mariage, il l’avait toujours laissé aux autres parce qu’il ne voyait pas l’intérêt de s’encombrer de cibles ambulantes. Pourtant, il avait la certitude qu’ils étaient faits l’un pour l’autre, il le souligna autant que possible durant son discours face à l’assistance, la larme à l’œil, comme si son propre frère venait de se marier et c’était ça, exactement ça. Mani, ému comme jamais, se montra aussi silencieux et impassible qu’il pouvait l’être, c’était comme ça qu’il rendait tout l’amour qu’on lui donnait quand il avait un public. Pourtant, il serra son géant de cousin plus fort que d’habitude, lui murmura à l’oreille qu’il l’aimait, ajoutant qu’ils étaient frères jusqu’à la mort. Ce fut l’une des étreintes les plus longues de la première soirées, l’autre fut avec Luciano et la dernière avec Muñez pour les hommes. Jez, quant à elle, s’agrippa à lui comme si elle le perdrait à tout jamais, il y avait du désespoir mêlé à sa joie et il voulut lui poser des questions mais elle disparaissait déjà. Il se promit de s’y intéresser dès qu’il en aurait l’occasion, dès qu’on lui offrirait l’opportunité de faire autre chose que de combler les invités. Lors du retour à leur chambre après leur deuxième journée de festivité, il fit asseoir sa femme pour lui réciter avec conviction et émotion ses vœux dans un sicilien parfait – merci Lucky ! – ce qui eut un effet aphrodisiaque étonnant. Elle l’agrippa par le col pour ne plus le lâcher de toute la nuit. Au petit matin, leur ange gardien mexicain leur avait déposé un plateau bien fourni devant leur porte et leurs valises étaient à côté, prêtes à servir. Ils ne se firent pas prier pour s’éclipser des festivités et laisser leurs invités profiter de cette débauche de moyens en leur nom. Ils s’envolaient pour un mois au Costa Rica en amoureux et il n’avait pas l’intention de perdre une seule minute. Négocier une si longue période n’avait pas été chose aisée mais il avait fini par imposer sa décision, il se demandait même pourquoi cela avait été si simple avec Rafael.

Le salvadorien fit de son mieux pour prendre à la rigolade les messages désespérés de Teresa, il n’y avait pas de raisons de s’alarmer et encore moins de se déchirer et il adorait que Cinzia soit jalouse, ça éveillait sa libido plus sûrement que n’importe quel décolleté. D’ailleurs, il la fit partir en éclaireur dans les toilettes de la première classe pour la rejoindre et baptiser cet avion de leur amour. L’expression qui se peignit sur ses traits lorsqu’elle découvrit la villa qu’il avait loué pour eux valait tout l’or du monde et lui réchauffa le cœur, il l’étreignit et l’embrassa avant de lui annoncer qu’à partir de maintenant, ils pouvaient retirer tous leurs vêtements jusqu’à nouvel ordre. La villa donnait directement sur une plage privée et ils en profitèrent comme il se devait, ne sortant que pour manger et quand ils y étaient contraints. A vrai dire, ils ne mirent pas le nez dehors pendant près d’une semaine, il avait payé quelqu’un pour faire des courses et tout déposer juste avant leur arrivée. Un soir, il l’invita au restaurant, le meilleur de la région était celui d’un hôtel étoilé qui servait les meilleures recettes du pays et il comptait bien s’en mettre plein la panse et profiter d’une belle soirée loin du tumulte de sa vie newyorkaise et de tous les inconvénients qu’elle impliquait. Il ne pourrait jamais lui accorder autant de temps une fois qu’ils seraient de retour, ils en avaient conscience tous les deux et profiter de la moindre seconde. Il évitait les disputes avec agilité, dès qu’il en sentait une poindre son nez, parce qu’il ne voulait pas gâcher de si bons moments. Il sut que ça ne durerait pas quand son œil accrocha un gros machin rouge qui semblait se diriger vers eux. Sa mâchoire se crispa immédiatement et il détourna les yeux, aussi sec, sentant une folle envie de lui arracher la tête à mains nues. L’intruse eut beau s’adresser à lui et tenter de communiquer, il la nia avec brio, n’entendant même pas ce qu’elle baragouinait, se focalisant sur Cinzia qui eut l’idée à la con de lui dire de s’installer avec eux. Il grogna et se composa une mine de circonstance. Silencieux, inexpressif, il portait déjà tous les signes d’une crise de folie qui frapperait aussi vite et violemment qu’une tempête tropicale. Mais elle saccagerait tout sur son passage et il ne resterait que des ruines, du sang et des morts, une, en l’occurrence. Nageant en eaux troubles, il n’écoutait que vaguement ce qui se disait, son regard se voilant déjà. La pétasse lui caressait la main et lui faisait du pied, il finit par se saisir de son poignet, vif comme un serpent. « Arrête de me toucher, si tu ne veux pas perdre ta main et ton pied ! » Ce fut la seule fois de la soirée où il la regarda dans les yeux mais elle comprit, en une fraction de seconde, elle saisit que si elle dépassait les bornes, il y aurait des représailles bien pires encore que celles qu’il prévoyait. Il ne mangea rien, la gorge nouée par la rage qu’il contenait de son mieux et quand ils purent enfin prendre congés, il était toujours aussi crispé et en colère. Il n’ouvrit même pas la porte côté passager à Cinzia, grimpant sans l’attendre dans la voiture. « Toi, il a fallu que tu l’invites ! Faut toujours que tu cherches la merde, putain ! Je te conseille de faire très attention à ce que tu vas me répondre et comment, Cinzia, je ne suis pas d’humeur à supporter tes conneries ! » La messe était dite ! Après une belle dispute qui le fit appuyer plus que de raison sur l’accélérateur alors qu’elle le sommait de ralentir parce qu’il allait les tuer, ils rentrèrent et elle fila directement dans leur chambre alors qu’il appelait son cousin pour un complément d’information.

« Pourquoi tu m’appelles, tu n’es pas trop occupé pour prendre de mes nouvelles ? Sérieux ? » « Je n’ai pas envie de rire, Ortiz est là » « Tu plaisantes ?! » « J’ai l’air ? » « Putain, quelle salope ! Elle veut quoi ? » « La même sérénade habituelle ! Je veux savoir comment elle savait où nous trouver ! Tu peux faire ça pour moi ?! » « Ouais bien sûr ! Ça va ? » « Non, on s’est engueulés, ça me casse les couilles ! » « Rooo, hermano, fais un effort aussi, vous n’êtes pas là pour vous prendre la tête ! » « UN EFFORT ? UN EFFORT ? Je ne fais que ça putain ! Qu’est-ce que t’en sais toi, putain ?! Trouve moi ce que je te demande et pas demain ! » Une heure plus tard, il rappelait avec le nom du type qu’elle avait suffisamment bien sucé pour obtenir tout ce qu’elle désirait. La sentence fut immédiate. Il ne passerait pas la nuit. Lui, quant à lui, cherchait une manière de faire amende honorable auprès de sa femme. Il attendit le lendemain matin et un petit déjeuner copieux pour tenter de lui présenter des excuses. Il posa le plateau sur la table de nuit, il lui avait même découpé et épluché des fruits, tout n’était pas réguliers et coupé correctement mais il y avait mis du cœur. « Bébé… » tenta-t-il de la réveiller, caressant son visage et déposant des baisers sur son nez et ses paupières. « Je t’ai apporté de quoi manger pour me faire pardonner d’avoir été désagréable avec toi hier soir. Je suis allé au village et j’ai acheté des pâtisseries et tout ce qu’il faut pour un super petit-déjeuner. On pourrait même le prendre sur la terrasse de la chambre si tu voulais bien te lever. »


***


Toute sa bonne volonté mise à l’œuvre lui permit d’obtenir bien plus qu’une sortie sur la terrasse. Il lui proposa de prendre ses affaires de plage et d’aller profiter du soleil en ville et d’échouer sur une plage publique après. Ils visitèrent quelques petites boutiques du coin, elle choisit des souvenirs pour les membres de sa famille tandis qu’il négociait les prix sans se laisser démonter par les sourires qu’on lui opposait. Il détestait avoir l’impression de se faire avoir ou qu’on le voit comme un touriste juste bon à payer. Ils se prirent des beignets frits et une glace qu’ils apportèrent avec eux sur la plage. Il ne retira pas son t-shirt, préférant éviter d’attirer l’attention ou même de provoquer qui que ce soit ou quoi que ce soit. Il se souvenait des raisons qui le poussèrent à louer une villa avec une plage privée. C’était écrit partout en gros, en large et en grand qu’il était de la MS, on ne savait jamais sur le territoire de qui on atterrissait et il aurait dû s’en souvenir. La casquette vissée sur la tête et ses lunettes de soleil sur le nez, il regarda sa femme se défaire de sa robe pour exposer sa semi nudité aux yeux de tous. Il la trouvait belle et harmonieuse, un petit sourire béat naquit sur ses lèvres avant qu’elle lui demande ce qui lui prenait. « Rien, je te regardais et je me disais que t’étais belle, rien de nouveau quoi. Bon, le reste, c’est censuré pour les moins de dix-huit ans ! » Ils s’embrassèrent comme deux adolescents en rut quand une voix familière les interrompit. « Saluuuuuuuuuut la compagnie ! » Il tint toujours Cinzia contre lui, refusant de s’arrêter et de faire un quelconque honneur à cette salope. Il la fit poireauter dix bonnes minutes avant de libérer madame Herrera et de piocher dans les beignets qui se trouvaient dans un sachet. Le Sicilien lui serra la main et il le salua chaleureusement mais ne fit même pas mine d’accorder l’attention à celle qui l’accompagnait et qui semblait fière de ce qu’elle avait à montrer dans ces bouts de tissu qui la saucissonnaient. Quand il finit par se proposer pour aller chercher de quoi boire et manger, parce qu’il fallait bien passer ses nerfs sur quelque chose, elle fut de la partie, c’était l’occasion parfaite pour elle. « Pourquoi tu ne me regardes pas, Mani ? Après tout ce qu’on a vécu ! » lui lança-t-elle dès qu’elle fut sûre qu’ils étaient seuls. « Parce que tu ne m’intéresses plus, je t’ai sauté plusieurs fois de suite, où t’es allée pêcher que ça signifiait quoi que ce soit ? Je t’ai même filé du fric pour ça ! T’as déjà vu un client épouser une pute ? Hormis un désespéré ? » Elle ouvrit la bouche, faisant mine d’être choquée alors qu’elle savait mieux que personne. « Tu me donnais cet argent pour les enfants ! Je t’aime comme une folle, Mani ! Que tu sois marié, je m’en fous, je veux que tu reviennes, les petits aussi ! » « Et ils sont où tes gosses, maintenant ? Qui s’en occupe ? T’es comme un putain d’animal, tu ponds comme tu respires et tu ne t’en occupes pas ! T’es un cas désespéré, Terry ! Tu crois que je me suis marié pourquoi ? Si c’était une question de convenances, j’aurais pris la première connasse venue, toi donc ! » « C’est ce que t’as fait, cette puta, tu l’as vu deux fois et tu te maries avec ! » « La différence, Terry, c’est qu’elle, elle réveille le meilleur de moi alors que chaque fois que tu te retrouves dans mon périmètre, je ne pense qu’à te faire mal, encore et encore jusqu’à ce que tu me supplies d’arrêter pour faire pire ! T’es comme la peste, t’es ce qu’on fait de pire ! » Ses yeux s’emplirent de larmes et elle tourna les talons pour rejoindre leur petit groupe, il acheta des jus de fruits servis dans des récipients en fruits, forcément, et récupéra sa femme à son retour pour qu’ils rentrent.

Pas un mot ne s’échappa des lèvres de la sicilienne de tout le trajet et malgré ses efforts pour la dérider, rien ne fonctionna. Il finit par soupirer, se demandant ce qu’il pouvait bien faire pour qu’un sourire s’affiche à nouveau sur son visage. Il la suivit jusqu’à la chambre alors que son téléphone n’arrêtait pas, il avait lu le premier message et avait fini par abandonner, ce genre d’appel désespéré lui mettait la haine. « Non, en fait, elle me dit qu’elle va se suicider si je ne vais pas l’aider. J’hésite à ne pas lui répondre, à lui envoyer une vidéo de nous en pleine action ou bien de lui dire que ça soulagerait tout le monde, t’en penses quoi ?! » lui demanda-t-il en agitant son téléphone sous son nez, lui proposant même de s’en charger elle-même. Il n’y avait rien qu’il veuille lui cacher dans ce que contenait son portable, il n’y avait pas de ça entre eux. « Tu sais, je pourrais la tenir pendant que tu fais ça, ça ne me pose pas de problème, c’est quand même un gros morceau. » Il pouffa de sa propre connerie, se trouvant exceptionnellement drôle et spirituel aujourd’hui. « Hein ? Quoi ? » se reprit-il en se levant du lit, se demandant d’où ce genre de débilités pouvait lui venir. « Bah oui, bien sûr, c’est pour ça que je l’ai emmené en Lune de Miel dans cette ville après l’avoir épousée ! » répliqua-t-il avec ironie, se disant que s’ils ne se disputaient pas comme des chiffonniers, ce serait ça de pris. « Je ne sais même pas pourquoi tu te compares à elle, ça n’a aucun sens ! Vous n’avez rien à voir l’une avec l’autre ! C’est quoi ce délire ? Qu’est-ce que tu veux savoir précisément ? Si c’était mieux avec elle qu’avec toi ? Non ! Elle est le genre de femmes qu’on ne respecte pas et qu’on quitte jamais très fier de soi ! Chaque fois que tu me regardes, Cinzia, j’ai le sentiment d’être quelqu’un de bien ! C’est pareil pour le reste et surtout pour le sexe ! Parfois, c’est comme si j’étais un putain de champion, je le suis presque en même temps mais toi tu m’en persuades ! Je ne compte pas m’encombrer à nouveau d’elle ! J’ai été clair avec elle et je te le dis encore une fois ! »


***


Il n’avait pas toujours les mots pour la rassurer sur sa grossesse, il faisait de son mieux et tentait de lui faire entrer dans le crâne que non, le bébé n’avait pas souffert pendant les premiers mois, il s’était seulement fait discret sous les bons conseils de sa mère, ça ne pouvait être que ça pour qu’il montre le bout de son nez aussi vite maintenant qu’ils avaient la paix et qu’ils étaient débarrassés de toute pression. Mais les questions devinrent de plus en plus nombreuses et pressantes, percevant une pointe d’angoisse, il finit par appeler un médecin qui pourrait les recevoir en urgence et offrir toutes les réponses à la future mère qui parvenait même à faire paniquer son époux. Il avait acheté un livre dans une boutique du coin qui parlait de parentalité et de bébé à venir. Il était soigneusement dissimulé par une couverture qui vantait l’art du XVII ème siècle mais il essayait d’engranger le plus d’informations possibles histoire d’être paré. Il avait omis volontairement cette information pendant des semaines pour se focaliser sur l’essentiel mais maintenant, il se prenait tout ça en pleine gueule comme un boomerang et il devait faire face à ses propres inquiétudes et préoccupations. Serait-il un bon père ? Serait-il à la hauteur ? Aurait-il assez de temps ? Parviendrait-il à les protéger correctement ? Il l’emmena dans les meilleures boutiques pour lui trouver des vêtements et la couvrit de cadeaux et d’attention, essayant tant bien que mal d’exorciser tout le mal qu’il pensait de lui en tant que père. On ne pouvait pas dire qu’il eut un super exemple sous le nez et il n’était pas certain de parvenir à faire mieux. Et si c’était un fils ? Il devrait le former à la dure et l’amener à endurer les mêmes choses que lui, pour l’honneur de la famille et la pérennité du nom. Tout ça devenait atrocement compliqué et il faisait de son mieux pour placer ça dans une boîte hermétique rangée dans un coin de sa tête, sinon, il n’en fermait plus l’œil et ne parvenait même pas à se laisser gagner par le bonheur que ça engendrait aussi bien chez lui que chez sa femme. Heureusement, Paco et Lupe furent une parenthèse enchantée dans un océan d’incertitudes et de craintes. Mani n’était pas du genre à se lier facilement aux gens, par nature, il se méfiait de tout et de tout le monde mais au fil de leurs rencontres, il était parvenu à se détendre un peu et à ne plus être pleinement sur ses gardes. Cinzia avait l’air de les apprécier et encore plus l’idée qu’ils ne soient pas de leur famille, ce qui prouvait par A+B aux médisants qu’ils étaient capables de s’entendre avec n’importe qui et pas nécessairement avec des gens qui partageaient leurs valeurs. C’était vrai, jusqu’à un certain point que dépassa allègrement Paco, un soir où il aurait sans doute dire stop à la sangria ou bien se mordre la langue. Mani ne portait pas sur son front son appartenant bien que sa peau ne laissât aucun doute, piquée à vif par le sigle de son gang mais il y avait toujours des imbéciles ou des inconscients pour refuser de voir l’évidence même.

Ce dîner avait été divin et il profitait d’une brise tardive, les mains sur le ventre alors que Cinzia lui caressait la nuque avec douceur. Il était bien, avec des gens sympas et il aurait pu trouver cette soirée magique sans cette interruption. Aux premiers mots, il sentit le roussi et ça ne s’améliora pas au fil de son discours qui ne signifiait qu’une seule chose : j’aimerais bien baiser ta femme, ça te dirait pas de me laisser essayer mais sans la moindre prise de tête ! Il crut à une blague et ne put réprimer un éclat de rire qui décontenança le couple. Cinzia découvrait à peine les mystères de la sexualité, il était un peu tôt pour la coller dans les bras d’un autre et encore lus d’un autre et d’une autre. D’ailleurs, la simple idée qu’un fils de pute pose les mains sur elle le rendait malade et faisait naître en lui un fort besoin de territorialité et s’il avait été dans une sale phase et beaucoup moins détendu, il aurait probablement attrapé Cinzia pour une petite démonstration de qui était avec qui. « Ah, ce n’était pas une plaisanterie ?! Regarde-moi bien, Paco ! Si si, regarde-moi bien ! Le jour où je laisserais qui que ce soit toucher ma femme… » Il passa sa main derrière sa nuque pour que leurs têtes se touchent et qu’ils se regardent dans les yeux « MA femme, ce sera signe que la fin est proche ! » « Je ne voulais pas te vexer, Manuel, je suis confus et… » « Sois heureux que je ne t’arrache pas la queue pour la planter sur une fourchette pour l’offrir à ta femme ! » Il se tourna vers la sicilienne et lui glissa en italien. « Il voulait que toi et sa femme, vous baisiez ensemble pendant qu’on regardait et après, il aurait bien aimé participé ! Tu le crois toi ?! Participé ! » Plus il riait et plus une certaine tension était palpable. Il perdait le contrôle de lui-même et d’ailleurs, son poing finit par s’abattre sur le visage du malheureux dont le seul crime avait été de tenter sa chance. Sans l’intervention de Cinzia, il était mort et sa femme aussi.


***


Le retour ne fut pas difficile que ça, les affaires lui manquaient et il avait envie de se sentir chez lui. Il s’apprêtait à se jeter dans son lit dans cet appartement qu’il avait toujours connu mais Lucky les déposa devant une maison gigantesque. « Qu’est-ce que… » L’intérieur avait été entièrement décoré et pensé selon leurs désirs, un travail de titan en un mois seulement et alors, l’atelier rien que pour lui, avec des tas de toiles, de couleurs et d’ustensiles, il fut surpris que ce geste vienne de Lyla mais il remercia chaudement, quoi que pas aussi chaudement qu’après la découverte de leur chambre à coucher. Œuvre du maître Luciano Gambino. « PUTAIN DE MERDE ! C’est un véritable baisodrome ce truc ! T’as acheté un lit qui tourne aussi ? » plaisanta-t-il en dispensant son ami d’une grande tape dans le dos. « Bébé, viens voir ça, y a des tas d’accessoires ici, tout mignons ! » Les deux énergumènes laissèrent échapper un rire gras. Elle n’avait eu de cesse de lâcher des « c’est trop mignoooon » hystérique depuis leur entrée, pas sûr que la chambre lui inspirerait la même chose.

 




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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE

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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyMar 27 Sep - 14:38

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei



Bien que cette halte « w.c. » dans l’avion entama sérieusement ma contrariété suite aux divers messages de Teresa, ma mauvaise humeur disparut d’elle-même en découvrant la villa louée par ses soins et qui nous accueillerait pour le mois à venir. Bordée du sable d’une plage privée, décorée avec goût dans des couleurs chaudes et vivantes, j’étais aux anges. M’en faire sortir la première semaine, attendu que Mani n’en manifeste pas vraiment le souhait, relèverait du parcours du combattant. Entre ses murs, nous étions libres de nous balader complètement nus si ça nous chantait, libres de nous aimer sans être rattrapés par notre conscience ou par les lubies de mon père, libres d’oublier nos responsabilités — quoique les miennes étaient maigres – et de perdre sciemment toute notion du temps qui passe. Nous étions simplement tranquilles et j’aurais adoré que ça ne change jamais, au moins pendant notre lune de miel. Au lieu de ça, dès notre première promenade en extérieur, le sort se chargea de me ramener à la réalité de mon couple. Si j’étais la seule personne qui agitait le cœur de mon mari, lui, il avait sous le coude tout un tas d’admiratrices tenaces et téméraires. L’une d’entre elles l’était plus que les autres d’ailleurs, car elle nous suivit jusqu’au Costa Rica dans son costume de trouble-fête parasitaire. Aucun doute. Il lui allait à merveille. Elle me narguait de ses piques vénéneuses et de ses œillades dégoulinantes sur Mani avant même que je ne l’invite à se joindre à nous. Si je ne l’avais pas fait, elle se serait imaginé que je voyais en elle une menace, ce qui n’était pas tout à fait faux.

C’était une femme expérimentée qui, en soi, avait su le retenir pour plus d’une nuit. Elle devait avoir un truc en plus. Une technique imparable pour le satisfaire. À côté d’elle, je n’étais pas la novice pleine de bonne volonté, j’étais la débutante manquant de compétences qu’on vire quand on est las d’avoir tout essayé pour ne rien en tirer de bon finalement. Il était dès lors hors de question que je la laisse nous abandonner la rage ou la jalousie au ventre tandis qu’elle s’éloignerait le sourire victorieux au coin des lèvres. Ma fierté ne s’en relèverait pas et c’était également lui ouvrir les portes pour me pourrir la vie. Bien sûr, j’aurais préféré pouvoir l’égorger avec mon couteau à steak, lui transpercer la jugulaire, le crever les yeux avec des piques à brochettes. Plus il y aurait de sang, mieux je me sentirais. Devant témoins, ce ne serait pas très malin. Alors, évidemment, je lui proposai de s’asseoir à notre table, je révélai que j’étais enceinte pour me donner l’impression que je gérais parfaitement bien la situation. En réalité, je bouillonnais. J’étais semblable à une cocotte-minute sous pression et prête à exploser d’une minute à l’autre. Que Mani la rabaisse n’était qu’une maigre consolation. Les raisons suscitaient en moi une incommensurable colère à elles seules. Je l’avais épousé. J’avais dit oui. Nous étions en voyage de noces au Costa Rica. Jamais je n’aurais dû me battre, dans tous les sens du terme, comme si nous nous étions rencontrés hier, comme si j’étais l’autre femme, celle qui s’interposa dans leur couple si soudé auparavant. Ça me rendait malade au point que je mangeais à peine. J’en avais des nausées qui, cette fois, n’avaient strictement rien à voir avec ma grossesse.

Elles s’intensifièrent plus encore à notre retour dans la voiture. Ce désastreux dîner n’était-il pas suffisant ? Mani commença par m’ignorer pour ensuite me hurler dessus, comme si c’était mon ex qui avait trouvé le moyen de nous rejoindre. Quelle injustice. « Mes conneries ? » répliquais-je calmement tant j’étais émotionnellement sur les genoux. « Je n’y crois pas ! Ce n’est pas mon ex qui s’est pointé jusqu’au Costa Rica pour interrompre notre voyage de noces avec la volonté ferme de te faire comprendre qu’il était là avant toi et que tu n'es qu’une erreur de parcours. Ahh… c’est vrai qu’avec moi, ça ne risque pas d’arriver. Pratique, hein ? Mais toi, de toutes les putains de gonzesse qui te tournent constamment autour, il a fallu que tu choisisses de baiser la seule putain croisée avec une sangsue qui se fait une destinée de te coller au cul comme un putain de chien errant. Il y en avait une et il a fallu que ça soit pour toi. Elle ne devrait pas être là. Elle devrait être dans le Bronx à l’heure qu’il est, à pleurer sur son sort, pas en pleine reconquête. Je n’en reviens pas que tu sois fâchée après moi et que tu m’accuses d’avoir foutu la merde. Tu crois que ça m’a amusée ? Que j’ai passé une excellente soirée à me demander combien de fois tu as tapé dedans ? J’étais supposée faire quoi ? Lui donner ce qu’elle voulait ? Me mettre en colère pour qu’elle s’imagine que j’ai peur d’elle ? » tempêtais-je sans me laisser démonter par ses pupilles dilatées par la colère tandis que les miennes se ternissaient à vue d’œil. Certes, je me tassais dans mon siège, mais je ne me dégonflai pas. « Plutôt crever que de me rabaisser à lui faire ce plaisir. Et puis, si elle te dérangeait tant que ça, tu n’avais qu’à le faire toi. Qu’est-ce qui t’en empêchait ? Hein ? Qu’est-ce qu’elle fout là, Manuel ? Comment elle a su qu’on serait là ? » Cette soirée partait à vau-l’eau. Jamais ça n’aurait dû arriver ici. Une dispute en pleine lune de miel, était-ce de mauvais augure pour nous ? J’avais le moral dans les chaussettes désormais et la vitesse excessive à laquelle ils conduisaient me terrorisait. Je remerciai le ciel d’être rentrée entière, mais après m’être enfermée dans la chambre où je pleurai tout mon saoul, déçue de la tournure qu’avait pris le repas et de colère. Si je ne me freinais pas, je ferais des plans hasardeux sur la comète concernant notre avenir. J’avais cependant trop mal pour penser rationnellement. Le mieux, c’était de me coucher, de continuer à sangloter si j’en ressentais le besoin, d’enfiler le seul pyjama tue-l-amour que contenait ma valise. C’était stupide, mais c’était une façon de lui faire comprendre à quel point j’étais triste le plus subtilement qui soit dans l’éventualité où il oserait me rejoindre. Je m’endormis le cœur lourd, appréhendant la journée du lendemain, ne sachant pas trop comment me comporter.

J’eus l’agréable surprise d’être réveillée par des baisers et des caresses. D’instinct, parce que je n’étais jamais fâchée très longtemps après mon mari, j’enroulai mes bras autour de son cou, le tirant vers moi pour qu’il s’allonge à mes côtés. « Tu sens la mangue. Tu as mangé une mangue ? » m’enquis-je d’une voix ensommeillée. « Non, tu m’as coupé des mangues ? » J’ouvris les yeux brusquement. « Fallait pas te donner tant de mal. C’est de ma faute, tu sais. Je n’aurais pas dû lui dire de s’asseoir avec nous. Je regrette, bébé, et je regrette de t’avoir dit autant d’horreurs hier soir, comme si c’était de ta faute. Je sais bien que tu n’es pas content qu’elle soit là et je sais aussi que tu as eu une vie avant moi. C’est normal. C’est juste que, elle, elle… » Les résidus de ma frustration de la veille se réveillèrent en même temps que moi, mais elle n’était pas dirigée contre Mani. Je pensais véritablement avoir exagéré en m’en prenant à lui. « N’en parlons plus. Je voulais juste te dire que j’étais désolée d’avoir été aussi injuste avec toi. » Jetant un coup d’œil à mon téléphone, je me décidai à me lever, refusant de gâcher la moindre journée en me reposant plus que de raison alors que nous avions tant de choses à visite et à faire. Je m’accordai une halte dans la salle de bain et, en le rejoignant sur la terrasse, je ne savais pas par où commencer. La table était lourdement achalandée. Elle était digne d’un buffet d’hôtel étoilé. Il s’était donné du mal et j’oubliai toutes mes appréhensions de la veille, considérant qu’il était grand temps que je travaille sur mon rapport aux conflits. Ils ne m’effrayaient pas, mais les conséquences bousculaient mes certitudes à trop l’aimer et ce n’était pas la première fois que je me faisais cette réflexion : notre relation se porterait beaucoup mieux si je cadenassais mes sentiments pour apprendre à les maîtriser. Le problème, c’était que je n’avais aucune idée de la méthode à employer pour arrêter de voir en lui ma raison de vivre au sens premier du terme sans que la démarche ne l’inquiète et le plonge dans l’insécurité. Prendre des distances ? Réduire le rythme de nos ébats ? Me montrer moins disponible ? Cesser de tout lui pardonner ? Me souvenir qu’il manqua d’en baiser une autre tandis que je l’attendais patiemment dans une chambre d’hôtel ? N’aggraverais-je pas l’effet escompté ?

Toutes ces tergiversations m’angoissaient et je maudis Matthew d’avoir semé ce genre de graines dans mon esprit fatigué par la frustration d’être séparée drastiquement de mon époux à notre retour du Salvador. Il me compliquait la vie alors que Mani mettait tout en œuvre pour que ça se passe le mieux possible entre nous. Pour être heureuse, il me suffisait de me laisser porter par le courant, mais pour combien de temps ? À quel moment me blessera-t-il parce que je ne me serais pas méfiée, non pas de lui, mais de l’amplitude de ce que je ressentais ? Était-ce d’ailleurs bon pour y penser maintenant ? Croquer dans une pâtisserie me guérit instantanément de toutes mes inquiétudes. Elles auraient un effet éphémère, mais c’était déjà ça de pris. « Bébé. Hier, comme j’avais du mal à dormir, je me suis demandé où on vivrait en rentrant et je me suis souvenue que j’avais lancé des recherches et que j’avais reçu un mail de mon amie agent immobilier, tu sais, je t’en avais parlé. Enfin, tout ça pour dire que du coup, cette nuit, j’ai regardé ce qu’elle proposait et il y en a une qui m’a tapé dans l’œil. C’est un vrai bijou. Elle est un peu grande et il y a au moins six mois de travaux à prévoir, mais en attendant, on peut toujours vivre à l’appartement. En plus, ça fera de l’emploi. Il faut refaire la toiture, le système de chauffage, l’électricité, changer les châssis… Il faut peut-être… » Son regard vide ne signifiait qu’une chose : « Tu parles trop. Tu m’as perdu. » Et j’en souris, amusée en repensant aux nombres incalculables de fois où, sur une même journée, il m’observait complètement ailleurs. Alors, sans me vexer le moins le moins du monde, je lui tendis mon portable ouvert sur une photo, espérant qu’il l’aime autant que moi, moi qui, en découvrant ce bijou, avait envoyé une tartine à Lyla pour partager mon enthousiasme, mes idées et mes souhaits. En une nuit, je l’avais décorée en songes, canalisant par la même occasion mes angoisses. Était-ce là la clé pour rendre plus saine ma relation avec mon époux ? M’occuper l’esprit ? En soi, trouver un véritable sens à ma vie, un sens autre que celui qu’on attend d’une femme en général ?


***


« Est-ce que la partie censurée est réalisable dans l’eau salée en toute discrétion ou pas du tout ? » plaisantais-je en l’enlaçant, conquise par son compliment. Surprise également. Il avait beau me répéter sans cesse qu’il me trouvait magnifique, je me demandais souvent ce qui lui plaisait tant dans mon physique. J’étais toute petite et potelée. Mon corps avait la forme d’une bouteille de Chianti et ma poitrine ne rendait pas vraiment justice à mon poids réel. C’était pire maintenant qu’elle était gorgée d’hormones. M’habiller était un véritable parcours du combattant. Je n’étais pas de celle qui pouvait tout porter sans avoir l’air d’un sac. Certes, il me décomplexait. À l’embrasser à pleine bouche sans me soucier du qu’en-dira-t-on ou des touristes sur la plage, j’oubliais que je n’étais pas la huitième merveille du monde. Il m’en persuadait, si bien que je soupirai d’agacement lorsque le timbre strident de sa dernière conquête me vrilla le tympan. Je l’ignorai aussi longtemps que possible. À n’obtenir aucune réponse, elle aurait dû se lasser et s’enfuir. Non ! Elle était toujours là. Je me vengeai sur les beignets, les glaces et les friandises des vendeurs ambulants. Je mangeais dans un silence morne que je rompis uniquement quand elle bouscula sa masse graisseuse en courant après Mani. « Tu es con ou tu le fais exprès ? Tu ne vois pas ce qu’elle fait ? Elle n’en a rien à foutre de toi, ce qu’elle veut, c’est Mani. » crachais-je à un Ricky plus bête que je ne l’avais imaginé. « Qu’est-ce que tu fous avec elle ? »

Prostré dans le silence le reste de la journée, je ressassais mes inquiétudes d’hier et d’aujourd’hui. Si elle ne l’avait pas assommé de messages, j’ignore si j’aurais trouvé la force de prononcer un mot. « Pff, ce serait trop beau. Elle ne le fera pas. Les engeances ne se suicident pas… les engeances aiment trop pourrir la vie des autres pour se jeter d’un pont. » Je récupérai dans sa main tendue son téléphone par réflexe, mais je n’y jetai pas le moindre coup d’œil. Je n’avais pas besoin de vérifier la vérité. J’avais confiance en lui. « Tu es bête, mais tu me fais rire. » me détendis-je d’emblée à cette blague qui redora un peu mon ego. « Je te jure que j’opterais bien pour la vidéo si je n’avais pas la certitude qu’elle y voit une bonne raison d’insister encore plus. » expliquais-je en m’asseyant enfin au bord du lit, à bout de nerfs et de force. Nous approchions du cœur du problème que j’exposai en noyant le poisson dans une multitude de mots. « Le délire, ce n’est pas que je me compare elle, c’est que j’ai discuté avec Riccardo pendant qu’elle te tournait autour en jetant des pétales de roses sous tes pieds. Il n’en parle pas forcément en des termes élogieux, mais... je sais au moins ce qui plaît tant chez elle. » Hormis le fait qu’elle était magnifique. « Tout ce que je ne suis pas. Et je préfère ça. J’ai fait tout ce qu’il fallait pour être une femme respectable et si c’était à refaire, je referais pareil. Le problème, ce n’est pas elle, Mani. Je sais que tu veux plus d’elle. Je sais qu’elle ne compte pas et que tu n’as pas l’intention de remettre le couvert. Tu me l’as dit mille fois déjà et j’entends ce que tu me dis. Le problème, c’est moi. Pour le moment, je flatte ton ego, c’est amusant, mais qu’est-ce qui se passera quand ça ne t’excitera plus de me voir rougir ? Quand ça ne te satisfera plus après que j’ai réussi à te convaincre que tu es vraiment quelqu’un de bien avec ou sans moi ? Parce que ça va arriver. Je n’ai pas été élevée pour répondre aux besoins sexuels d’un homme. Je fais de mon mieux, mais si ce n’était pas suffisant ? » Mes doigts s’entortillaient les uns aux autres et je piquai un fard tant j’étais mal à l’aise. C’était le genre de conversation embarrassante que j’aurais souhaité ne jamais avoir à aborder, mais le ver était dans la pomme. Il fallait l’extraire avant qu’elle ne pourrisse. « Je ne te demande pas de me rassurer, je te demande juste de ne pas me prendre par surprise si ça arrivait, parce que ça me détruirait, tu comprends ? J’aimerais juste que tu m’en parles assez tôt pour qu’on trouve une solution ensemble. C’est tout ce que j’attends de toi. » Le téléphone, posé sur ma cuisse, vibra à nouveau. Le message était clair : s’il ne débarquait pas dans la demi-heure, elle sautait du balcon. « Tu crois qu’avec une vidéo, elle se jetterait pour de bon ? Et qu’on en parlera dans la presse locale ? Je ferais encadrer l’article et proposerait qu’on le cite en épitaphe. »


***


La compagnie de Lupe et Paco était si rafraîchissante que je tombai des nues en comprenant parfaitement le sens de sa proposition. Je m’intéressai à l’Espagnol bien avant nos fiançailles. J’avais bénéficié de cours particulier. Je l’entendais partout dans le Bronx où je passais bien plus de temps qu’auparavant. Ça ressemblait tellement à l’Italien que l’apprendre était facile. Certes, je mélangeais certaines expressions un peu trop proches. Mais, rien ne m’échappa pour autant et, je sus à l’instant même où Manuel rit de bon cœur, que ça tournerait au vinaigre si je n’intervenais pas. Ô, pas tout de suite. Il était de mon devoir de permettre à mon époux de rétablir cette vérité absolue : j’étais à lui, rien qu’à lui. Bien sûr, cette démonstration de mâle alpha me fit avaler mon bout de gâteau de travers, mais je n’irais certainement pas le contredire. Pas seulement parce que nous étions mariés, mais j’avais parfois le sentiment que j’étais née pour être avec lui. Que le destin l’avait mis sur ma route, car nous étions destinés à devenir le yin de l’un et le yang de l’autre. « Ouais. J’avais bien compris alors. » répliquais-je à Manuel avant de m’adresser à Lupe. « Vous feriez mieux de partir avant que ça ne dégénère. Je pense que plus personne à cette table n’a quoi que ce soit à ajouter. Ni ce soir, ni demain, ni jamais d’ailleurs. » L’épouse, plus sage, ramassa son sac, mais le médecin chercha à s’expliquer si maladroitement qu’il écopa d’un tel coup de poing que sa tête s’en serait décrochée. Une avalanche de violence l’ensevelit. Lupe me suppliait de faire quelque chose pour empêcher Mani de le tuer et j’oscillai entre l’envie que mon mari l’achève de m’avoir pris pour une putain et celle de l’épargner pour que la fin de ce voyage soit une vraie réussite. Quand Manuel perdait le contrôle, il lui fallait parfois des jours pour revenir et, si je n’étais pas entièrement persuadée que j’étais capable de l’arrêter, j’essayai tout de même, balayant les remerciements de la pétasse qui s’imaginait qu’elle pourrait m’émouvoir d’un revers. Je ne le faisais pas pour elle, mais pour mon époux et moi. Afin d’éviter de recevoir un mauvais coup, je posai ma main sur son avant-bras pour capter son attention alors qu’il s’acharnait à coups de pied sur l’insolent recroquevillé au sol. Nous étions seuls sur cette terrasse, soit personne pour lui venir en aide. Paco s’écrasa comme un pleutre et je tirai cette carte de mon jeu la première, ajoutant que nous étions au-dessus de ça, que je n’autoriserais jamais personne à me toucher à part lui. Qu’au mieux, eux aussi auraient à se contenter d’une vidéo, que dans l’absolu, ce serait une terrible punition. J’ignore ce qui le décida entre mes arguments et mes promesses, mais il finit par les épargner et, dans la voiture, je me glissai entre lui et le volant pour le serrer dans mes bras ou plus si affinités. Ce serait selon sa bonne volonté. Je ne m’offusquerais et n’attendais rien. J’avais de la douceur à distribuer. Rien de plus. Il en fera ce qu’il voudra.


***


Ce n’était pas la maison qui me tapa dans l’œil et que ma précipitation décrit parfaite. À côté de celle qu’on nous offrait, elle n’était plus qu’une masure des bois. Celle-ci, terminée et décorée sous les conseils de Lyla, elle était immense, tout confort, avec du cachet. « Tu as cru que j’allais enfanter une équipe de foot prochainement ? » plaisantais-je inondé par les chambres d’amis ou d’enfants, au choix. « Non, je n’ai pas touché à cette pièce, je me suis qu’elle serait parfaite pour le bébé, mais que je tu voudrais t’en charger toi-même. » L’attention me touchait et j’étreignis ma belle-sœur, aussi émue que moi, pour la remercier tandis que Manuel me hélait de l’étage. « Tu as vu ? Lyla m’a aménagé un studio de danse. Ce n’est pas magique, ça ? Un studio dans notre maison, absolument parfaite, c’est… C’est quoi tout ça ? » m’interrompis-je les yeux écarquillés devant ma chambre à coucher. Des miroirs, une boîte avec écrit « Malice » sur son flanc au marqueur indélébile et d’autres choses dont l’utilité – ou même le côté pratique – m’échappait complètement. « Je n’arrive pas à savoir si c’est flippant ou… » Nous étions loin de la décoration plus romantique que j’avais envisagée. « C’est ton frère qui s’en est chargé et je n’ai pas réussi à le raisonner. » « Ouais. Je veux bien te croire, oui. » Et il était mort de rire, entraînant Manuel avec lui dans ses travers. Je n’étais pas offusquée, j’avais juste l’impression d’être l’idiote du village dont on raille gentiment la candeur. « On est censé faire quoi avec une balançoire au milieu d’une pièce ? » m’enquis-je véritablement curieuse, ce qui accentua l’hilarité générale. « Oh, ça va, c’est bon ! C’est vous qui n’êtes pas drôle sur ce coup-là. » J’étais à deux doigts de croiser les bras et de bouder, mais deux choses m’en empêchèrent. La première : sur une des commodes, le petit canard de couleur rose que m’avait offert Gethin après une démonstration, que Mani prit en photo après s’être faufilé dans ma chambre en pleine nuit et qui alimenta une conversation à Chicago. Un coup de Lyla et de son sens de l’humour ravageur. J’étais conquise. L’autre, ce fut la mélodie de la Cucaracha qui résonna dans toute la maison. Je jetai un regard mi-amusé mi-réprobateur à Lucky. Il désigna son épouse de l’index, en bon pleutre, et j’en ris de plus belle. Cette ambiance, je ne l’échangerais pour rien au monde et je me promis que je ne chercherais plus l’amitié des quidams qui ne peuvent pas nous comprendre. « J’y vais, ça doit être Jez et Gaby. D’ailleurs, fermez cette porte, vous allez-nous la traumatiser, déjà moi, c’est limite. Alors… »

C’était bien l’un de mes frères, mais le dernier d’entre eux que j’espérais trouver sur le pas de ma porte. Achille était persona non grata. Son invitation au mariage n’était qu’un stratagème pour éviter les rumeurs déplaisantes à propos de l’organisation. Par conséquent, je refusai ses félicitations et je n’avais strictement aucune envie de le recevoir. « Maniiii » criais-je pour toute réponse quand il me salua. « Tu ne me fais pas entrer ? C’est plutôt lourd, tu sais. » Il agita le paquet qu’il tenait entre ses mains. Au loin, sa voiture et à l’intérieur, sa femme qui patientait. « Mani va arriver. Qu’est-ce que tu veux ? Tu crois pas que tu en as assez fait pour toute une vie ?» « Le voir. J’ai vu que Lucky était là aussi. Ça tombe bien. » Et son visage s’éclaira en apercevant son nouveau supérieur hiérarchique et mon époux tout de suite moins détendu.
[size=13]« Oh mon Dieu ! Jasper ! »
Mes yeux s’embuèrent de larmes, bien que je sois plus inquiète pour sa fille que de son sort. Tout d’abord, il était mort. Je ne pouvais plus rien faire pour lui. Et, en prime, je m’étais préparée à cette éventualité. Nul ne joue avec Cosa Nostra en toute impunité. Quand Achille me le colla dans les pattes, je me doutais qu’il ne ferait pas long feu à son comportement buté et psychorigide. « Sa fille est avec Antonella dans la voiture. J’ai cru que vous aimeriez décider vous-même de son sort. » Il s’adressait exclusivement à Mani et Lucky. Nous, leurs épouses, n’étions pas invitées à donner notre avis. D’instinct, ma main caressa mon ventre arrondi. Je suppliai mon mari quand son regard croisa le mien. Je n’étais pas certaine que je supporterais qu’il puisse, de concert avec Luciano, exiger l’exécution de cet être innocent. Pas qu'il était un monstre, comme il le pensait, mais parce que c'était ce qu'il convenait de faire pour éviter une vengeance tardive bien des années plus tard. Alors, oui, je le soutiendrais. Je ne le jugerais pas. Je l’aimerais sans doute toujours autant. Je m’en voudrais simplement de ne pas avoir eu assez d’influence sur lui pour sauver cette enfant alors que j’étais une mère en devenir.




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Manuel Herrera
Manuel Herrera
ADMIN A LA MACHETTE MAIS EN DETENTE

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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptySam 1 Oct - 15:40

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei



Quand il se trouvait dans cet état là, il n'était pas utile de chercher à communiquer avec lui, il ne voulait rien entendre et il n'y avait que son autorité suprême qui comptait. L'avertissement donné à Cinzia était une privilège en soi, habituellement, il ne se donnait pas autant de mal et se contentait de frapper quand la coupe était pleine. Dans ces moments-là, il se dégageait de lui quelque chose de terriblement malsain et terrifiant, ses yeux noircissaient et sa mâchoire se contractait. Le simple fait de se comporter comme un être humain lui coûtait terriblement. Elle ne se rendait pas compte du danger, malgré ce qu'il put lui dire. Ses doigt enserrèrent le volant avec plus de force comme s'il était sur le point de l'arracher du tableau de bord alors qu'il sentait une fulgurante envie de l'obliger à la fermer de la pire des façons. Toute son attention et son énergie était focalisée sur lui et la nécessité de remettre la bête dans sa cage pour qu'il n'y ait pas le moindre débordement. Difficile de se raisonner quand sa raison venait de se faire la malle. Il voyait rouge et ne pensait qu'à assouvir son besoin de violence et de sang. « LA FERMER ! TAIS-TOI, MAINTENANT! » hurla-t-il, incapable de converser posément sur cette situation, de lui expliquer ce qu'il lui reprochait, de lui faire comprendre que tout ce qui s'échappait de ses lèvres ne faisait qu'accroître son courroux et que ce n'était pas une bonne chose. C'était trop demander que de passer un bon moment, loin de tout le reste ? D'avoir la paix et de pouvoir donner l'impression qu'il était une personne normale et saine ? Hein ? Plus il sentait sa rage enfler, plus il appuyait sur l'accélérateur et plus il la sentait paniquer à côté de lui et il devait bien admettre que ça le satisfaisait. Il n'était pas question qu'il la laisse discuter quand il avait décréter que la conversation était terminée, pas question qu'il l'autorise à ouvrir un débat sur qui portait le pantalon dans le couple. Si elle avait besoin qu'il dissipe le moindre doute, il se chargerait de ça mais il n'était pas certain qu'elle apprécierait les méthodes. Demain, quand il serait redescendu, il se détesterait de s'être adressé à elle de cette façon, de l'avoir bousculé et d'avoir pensé à lui coller une raclée pour qu'elle se soumette entièrement. Mais il lui en voudrais d'avoir fait fi de ses avertissements, se mettant volontairement en danger pour argumenter alors que ce n'était pas le moment. Elle savait pourtant aussi bien que lui qu'il y avait un moment pour tout et principalement avec lui, qu'ils pouvaient revenir sur tout ce qu'elle voulait tant qu'elle lui permettait de redescendre. Se rendait-elle compte de ce dont il était capable et de combien ça lui coûtait de ne pas réagir quand elle prenait de pareilles libertés? Un jour, il lui ferait du mal parce qu'elle l'y contraindrait et il aurait à vivre avec les conséquences, il aurait à assumer ce qu'il ne voulait pas faire, sous aucun prétexte.


Le lendemain, après une nuit à cogiter et à culpabiliser, il décida de lui présenter des excuses, ne manquant pas de lui rappeler qu'il ne lui demandait jamais de se taire pour avoir raison mais pour son bien et qu'elle devait éviter de discuter quand il se trouvait dans cet état, sous peine de déclencher une catastrophe. Cela sembla leur servir de leçon parce qu'en dépit de l'omniprésence de l'autre salope, leur Lune de Miel se passa dans le plus grand des calmes. Après ses excuses et pendant leur petit-déjeuner, ils parlèrent de cette maison qu'elle lui montra et qu'il trouva sympa mais il eut beaucoup de mal à la visualiser autrement que comme le taudis qu'elle avait l'air d'être. Mais si elle lui plaisait, ça lui était égal le travail qu'il y aurait à faire dedans et l'argent dépensé. Il y avait suffisamment de chambres pour une grandes familles, suffisamment d'espace pour qu'ils puissent tous les deux s'épanouir sans se marcher dessus tout en élevant des enfants qui auraient de la place pour s'amuser. Oui, en y mettant de l'argent et de la bonne volonté, ça ressemblerait à un nid douillet. Il lui donna le feu vert pour qu'elle mette en branle la machine et qu'ils puissent la visiter à leur retour et envisager d'engager les professionnels adéquats pour la remettre en état le plus vite possible. Il n'était pas question que ça traîne trop longtemps, il n'aurait pas l'énergie et le temps nécessaires pour gérer ça par-dessus le marché. Une famille et les affaires, ça faisait déjà beaucoup pour le même homme. Le dernier coup d'éclat de Teresa ternit un peu la bonne ambiance et la sérénité qui s'étaient installées mais il décida de ne pas perdre son calme, Cinzia le faisait assez bien pour deux et il comprenait sa jalousie, bien qu'il ait du mal à entendre pourquoi elle ne lui faisait pas confiance. Franc comme il était, s'il avait encore voulu baiser Terry, il ne se serait pas gêné pour le faire, bien au contraire et il l'aurait assumé, comme tout ce qu'il faisait ou disait. « Hein ? » lâcha-t-il, ne comprenant pas vraiment comment elle en était arrivée là et où elle était allée pêcher des conneries pareilles. Il soupira, sentant que ça allait être le parcours du combattant de mener une conversation dont il ne comprenait pas vraiment les tenants et les aboutissants. Long et tortueux, voilà comment ce serait. « Attends attends... Tu flattes mon ego ? C'est quoi cette connerie, je vais essayer de mettre de côté le fait que ce soit une insulte, pour commencer, parce que je n'ai pas envie de me disputer avec toi mais remets les choses en contexte et essaie de me dire pourquoi, un type comme moi, qui n'avait pas l'intention de se marier avant le prochaine millénaire, épouserait une fille qui se contenter de flatter son ego ? Parce que si c'était mon objectif, c'est elle qui serait à ta place ! Je peux comprendre ta jalousie Cinzia et j'aime assez ça, mais de là à remettre en question ma sincérité et me dire que tu n'as pas confiance en moi, je me demande alors pourquoi tu as accepté de m'épouser... » répliqua-t-il sans la quitter des yeux, se disant que finalement, c'était peut-être mal parti pour éviter un conflit. « T'es à côté si tu crois que le sexe est la seule chose qui m'intéresse avec toi, je pensais que tu l'aurais compris depuis le temps... Tu veux connaître la vraie différence entre elle et toi ? C'est qu'elle, j'allais, je prenais ce que je voulais comme je le voulais sans lui demander son avis ou sans me demander si ça lui plaisait ou pas. Avec toi, c'est une conquête permanente, je m'inquiète de ce que tu ressens, de ce que tu veux, de ce que tu aimes, si j'ai envie de nouveauté, je m'achète une nouvelle voiture et si j'ai envie de fantaisie, je t'en parle, parce que je sais qu'on peut le faire. Tu n'as jamais refusé de discuter de ça, ou de tester de nouvelles choses, au contraire. Le problème c'est que tu veux courir avant de savoir marcher et que tu crois qu'en même pas un an à peine de vie sexuelle, tu es déjà limitée alors que tu crois que tu devrais être une star du X. Ca n'a aucun sens ! Tu viens de débuter, je trouve qu'on s'amuse déjà très bien ! »


Il en était parfaitement conscient en décidant de se consacrer à une seule femme, sans expérience de surcroît. Ce serait plus long et parfois plus compliqué mais il aimait le défi et il aimait l'idée de tout lui apprendre et lui faire découvrir, il n'y avait pas de raison pour qu'il se lasse, bien au contraire, elle lui apprenait la patience et la monogamie alors qu'il lui transmettait son savoir en matière de sexe, ça semblait équitable et jusqu'à présent, il s'était toujours imaginé que ça fonctionnait très bien. Il avait eu tort, il aurait dû se souvenir de ce que Luciano disait : les femmes avaient toujours un problème. On croyait que tout se passait bien mais ce n'était qu'un leurre. « J'ai pas besoin que tu m'invites à faire quoi que ce soit, je suis assez grand pour savoir ce que j'ai à faire et quand ! Putain, j'en reviens pas que tu laisses une salope remettre en question ce qu'on ! C'est si peu solide pour que tu le fasses?J'ai fait des choses qui t'ont peut-être fait perdre un peu confiance mais je ne mérite pas ça, Cinzia ! J'ai l'impression que tu t'attends à ce que je t'abandonne du jour au lendemain, comme si j'étais un salaud de base. » Il était dépité autant que blessé en plus de se sentir particulièrement vulnérable alors qu'il s'épanchait comme une gonzesse. Il aurait sans doute mieux fait de garder tout ça pour lui et d'éviter de partager mais il fallait éviter les problèmes, à tout prix et vu ce qui était mis sur le tapis, c'était urgent. Il n'avait plus envie de rire sur le compte de Teresa, il n'avait plus envie de rire du tout parce qu'il se demandait pourquoi elle remettait en question leur couple de la sorte, pourquoi elle avait l'air d'insinuer qu'il était si fragile que n'importe qui aurait pu le briser en un claquement le doigt. C'était difficile à vivre pour lui, terriblement difficile. Il prenait son couple pour acquis, se disait que s'il existait bien une chose au monde qui ne risquait pas de s'étioler, c'était bien ça, il faisait tout pour, prenant sur lui pour permettre à sa femme d'être la plus heureuse possible, quitte à revenir sur des principes qui lui paraissaient être élémentaires et voilà ce que ça donnait. Son malaise, il le comprenait comme une conséquence de la confiance qu'elle n'avait pas en lui et il se sentait floué, lui qui la voyait comme l'énième merveille du monde et qui donnait tant de lui.


***


La maison était une idée de génie et il était heureux de savoir qu'il n'aurait plus à se préoccuper de ça, Il comptait néanmoins garder l'appartement sous le coude en cas de besoin, on ne savait jamais qui pouvait en avoir besoin et s'il ne serait pas content de retrouver ce lit si elle lui menait la vie dure pour une chose ou pour une autre. C'était toujours mieux que de tenter de faire rentrer ses deux mètres dans un canapé minuscule dont il dépassait de partout. Mais la pièce maîtresse était indéniablement la chambre qui était un appel à la luxure. Il n'était pas vraiment sûr de parvenir à s'y endormir soir après soir, y compris ceux où ils se contenteraient de s'étendre l'un près de l'autre, sans être en ébullition face à cet éventail infini de possibilités. C'était comme si Luciano et Lyla avait été spectateurs de leur petite conversation durant leur Lune de Miel et qu'ils offraient à Cinzia l'opportunité d'ajouter quelques cordes supplémentaires à son arc. Il vint passer son bras autour des épaules de sa femme pour déposer un baiser sur sa tempe. « Je te montrerai comment on s'en sert tout à l'heure, tu verras, ça va changer ta vision des choses. » murmura-t-il à son oreille avant de lui donner une petite tape sur les fesses et de revenir à la boîte à malice qu'il ouvrit pour découvrir tout un tas d'ustensiles qui l'amusèrent. Oui, il y aurait vraiment de nouveaux horizons à visiter dans cet endroit et il était tout excité, comme un gamin le jour de son anniversaire . Comme si son anniversaire c'était tous les jours ! « Il est temps qu'elle apprenne un peu quand même ! » lâcha Mani alors que sa femme disparaissait pour aller ouvrir aux jeunes mariés. « Les gars, vous avez fait un super travail, vous êtes au top ! Restez pour manger ce soir, ok ?! » les complimenta-t-il en serrant son meilleur ami dans ses bras avant d'en faire de même avec sa femme pour les remercier, touché qu'ils aient passé autant de temps rien que pour eux. C'était à ça que l'on reconnaissait ses véritables amis, au temps qu'ils passaient de façon désintéressée, simplement pour vous rendre heureux. « J'arrive ! » répondit-il à la sicilienne en se demandant ce que sa soeur avait encore inventé comme connerie pour faire chier son monde. Il soupira, sortit de la chambre alors que Lyla leur signalait qu'elle allait finir de ranger la salle de bain et d'accrocher ce qui devait l'être. Il descendit l'immense escalier avec nonchalance, comme à l'accoutumée et se figea quand il reconnut celui qui se tenait sur son seuil et qu'il aurait préféré ne jamais revoir. Il lui jeta un regard glacial et ne prit pas la peine de le saluer, s'approchant de sa femme pour l'enlacer et la placer derrière lui, juste au cas où. Comme si Luciano avait senti les problèmes à un millier de kilomètres, il avait suivi son ami puisqu'il se trouva aux côtés du Salvadorien sans que celui-ci n'ait fait attention au fait qu'il descendait à sa suite. « Princesita... PRINCESITA ! » insista-t-il pour qu'elle le regarde enfin. « Tu pourrais aller nous préparer du café, s'il-te-plaît ! » Elle hocha la tête, jeta un dernier regard à ce qu'on balança à leurs pieds et disparut. « Ramasse ça ! » cracha-t-il à l'invité surprise, il ne tenait pas à ce qui que ce soit accouche avant l'heure. Ils s'isolèrent dans son bureau, il offrit son fauteuil à Luciano et prit une chaise pour s'installer près de lui et écouter ce que l'aîné des enfants Gambino avait à dire. Il faisait amende honorable, il voulait se faire pardonner son comportement indigne depuis les fiançailles de Mani et de Cinzia et si Mani aurait préféré lui arracher la langue et lui épingler sur le front mais il savait que pour le bien de ses affaires, il ne pouvait se le permettre.

« Et la gamine ? Je peux la faire disparaître, je n'ai aucun souci avec ça ! » Il avait l'air si détendu, comme si tout lui était dû, comme si tout ça était normal, Mani avait une fille envie de le frapper, encore et encore, jusqu'à faire disparaître cet air suffisant de ses traits. Achille dut comprendre ce qui se passait dans la tête de son beau-frère puisqu'il eut l'air plus normal quand il reprit : « Je sais que tu ne m'aimes pas et je n'ai rien fait pour que ça se passe bien, je suis venu ici pour présenter mes excuses et faire ce que je peux pour arranger la situation.  Ce que j'ai fait était indigne d'un Gambino et injuste vis à vis de toi et de ma soeur. » Ca n'effaçait pas tout pour autant, loin de là. « La gamine n'a rien à voir là-dedans, il faut la laisser en vie et lui trouver une famille qui pourra garder le contrôle sur elle, Ca implique de lui créer un passé de toutes pièces, des parents et un nouveau nom, pour éviter les représailles. » Il n'était jamais si clément mais la petite blondinette avait su parler à son coeur et il refusait de l'éliminer parce que son père était un connard de base. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il l'aurait sans doute adoptée mais il n'était pas certain des conséquences que cela pourrait avoir sur sa famille et il ne voulait pas provoquer des conflits inutiles. « Carolia. Elle veut des enfants depuis toujours, ça l'aiderait à avancer d'avoir quelqu'un d'autre dont elle doit s'occuper. » lança Lucky, pensif. « Ca me va ! » conclut le salvadorien sans quitter Achille des yeux, se demandant ce qui avait provoqué cette prise de conscience et quel en serait le résultat. Pourrait-il sauver sa vie ? Il n'en était pas certain. Etait-il venu jusqu'ici pour qu'on plaise sa cause ? Il en discuterait plus en détail avec Luciano mais il se devait de reconnaître que le geste était symbolique et méritait des remerciements. Bien que dans son système de valeurs, on ne remerciait pas un fils de pute qui faisait amende honorable après vous avoir planté un couteau dans le dos. Néanmoins, le fait qu'il s'agisse d'un fils Gambino changeait la donne et il se devait d'être clément, ne serait-ce que pour sa femme qui avait déjà perdu un frère dans des circonstances tragiques. Mais c'était plus fort que lui, son instinct hurlait à lui en percer les tympans, un homme qui trahit une fois trahira forcément une deuxième fois mais pour Cinzia, il devait aller au-delà de son aversion même s'il se méfierait définitivement de lui. Le reste, sa deuxième famille et compagnie, ça ne le regardait pas, c'était l'affaire de Cosa Nostra, plus la sienne. « Tu n'as qu'à faire entrer ta femme et tes filles, on allait tous commander à manger et nous installer. »


***


Pour parvenir à saisir toute la complexité de son univers et donc toute la complexité de sa personne, elle devait comprendre en voyant de ses propres yeux, elle devait endurer pour saisir les raisons de certaines de ses décisions, attitudes et colères. Il la réveilla à l'aube ce matin-là, il avait lui-même préparé leurs affaires, se contentant de prendre le minimum syndical. Elle avait posé tout un tas de questions auxquelles il ne répondit pas. Ils se retrouvèrent dans un avion les emmenant directement à San Salvador et une fois sur place, il n'y eut pas de comité d'accueil, pas de gardes du corps. Il appela un taxi pour se faire déposer dans le fief de la cliqua de Tiago et fut accueilli par son ami au visage couvert de cicatrices. Il le serra dans ses bras et présenta sa femme qui reçut le même accueil. « On va passer une semaine ou deux ici, ok ?! » « Pas de problèmes mon frère ! » Les choses étaient beaucoup plus stables depuis que les Herrera avaient pris les choses en mains mais ça n'avait pas stoppé les guerres de territoire entre les deux gangs rivaux dans la rue, bien au contraire. C'était justement ce que voulait montrer Mani à sa jeune épouse, ça, la dureté du quotidien et la manière dont les hommes se comportaient avec les femmes. Les choses n'étaient pas aussi simples qu'à New York et tout le monde n'avait pas autant de respect pour les femmes que les hommes d'honneur, bien au contraire. Ici, peu de gens étaient mariés et la plupart de ceux qui arpentaient les rues avec des tatouages à l'effigie d'un gang ou d'un autre étaient des orphelins qui se trouvaient par hasard avec d'autres et fondaient une famille. Paumés de génération en génération, ce qui justifiait cette extrême violence. Ils s'installèrent chez Tiago, partageant la maison entre sa mère, ses frères et soeurs, leurs enfants, les siens et sa petite amie qui avait un magnifique oeil au beurre noir qui signifiait qu'elle avait oublié qui décidait sous ce toit. On leur trouva une place dans la chambre des enfants et Mani le remercia de son hospitalité. Rares étaient les femmes qui allaient sur le terrain de façon effective mais il prit Cinzia avec lui, partout, certain de pouvoir la protéger. Trois jours plus tard, on tuait Mira, une des filles avec qui Cinzia s'entendait le mieux. On l'avait canardée alors qu'elle sortait d'une épicerie et son bébé avait été touché au passage. Sans pitié, ils l'abandonnèrent là, gisant dans son sang et celui de son fils. Elle eut le droit à des funérailles, comme les six autres victimes enterrées ce jour là, tout le monde hurlait et pleurait et formait les signes de ralliement de la MS avec leurs doigts. Cinzia ne fut bientôt plus autorisée à l'accompagner dans les rues mais il lui laissa son arme dont le numéro de série avait été effacé. « Je ne t'ai pas amenée ici pour que te faire pleurer, tu sais, j'avais besoin que tu comprennes la source de tout ça, que tu saches comment c'était pour mieux saisir ce que je fais là-bas. C'est ici que j'ai vécu pendant des années, à lutter pour survivre, ici que ma petite soeur a vécu aussi. Tu devais comprendre comment ça se passe ici, voir par toi-même pour savoir précisément comment je vois les choses et pourquoi je suis parfois si dur avec toi. Cinzia, je vais avoir besoin que tu sois ma partenaire dans la vie et dans le travail mais ça n'aurait pas été possible si nous n'étions pas venus ici. Tu comprends ? » Il embrassa sa main, essuya ses larmes du pouce, « On va aller à LA dès demain, j'ai d'autres choses à te montrer. » La nuit même, alors qu'ils partaient pour l'aéroport, Tiago et trois de ses hommes étaient pris en embuscade. Il accusa la mort de son ami et protecteur d'un long silence qui dura jusqu'à leur arrivée à la cité des anges.

Ils s'installèrent dans un petit appartement sans luxe qui ne payait pas de mine et qui contenait le strict nécessaire pour survivre. Et même si elle avait besoin de se reposer, il la fit se lever dès qu'il fut prêt pour qu'elle se dépêche et le suive après avoir mangé quelque chose rapidement. « C'est ici qu'une partie de notre marchandise est triée après qu'elle ait été transportée du Salvador, de Colombie ou d'ailleurs jusqu'ici. C'est un centre névralgique important. Il y a aussi le port dans le New Jersey mais on achemine pas les mêmes choses et on a dû dénoncer certains de nos containers pour donner un os à ronger aux fédéraux et avoir la paix. La came arrive en gros ici, parfois elle s'arrête au Mexique, on a des centres de tri un peu partout. Ici, c'est le territoire des Bloods, à partir de la rue que je te montre. Ils ont débarqué dans un de nos établissements y a un mois et ont canardé tout le monde. Depuis, c'est la guerre ouverte pour savoir qui va conserver certains marchés. Comme tu peux le deviner, le but c'est que nous conservions le tout et qu'on leur refourgue notre marchandise mais avant, on doit les soumettre. Ce qui veut dire qu'il faut frapper un grand coup. » Il roula un long moment jusqu'à parvenir aux abords de la ville, pour soumettre un  gang, il fallait lui couper la tête. « T'es chez le mec qui chapeaute les Bloods ici, on a buté ceux qui gardaient le fort et sa pétasse, mes hommes l'ont attaché à sa chaise et on va l'envoyer dans une boîte avec un message clair. Comme chez les tiens, nous avons nos propres codes. La langue coupée et enfoncée dans le rectum pour les balances, le corps recouvert de lames pour les traîtres, une balle entre les deux yeux pour les lâches... Ce que Eli ne sait pas, c'est que je sais tout de ce qu'il trafique avec les Bloods dans notre dos, nous enculant au passage de milliers de dollars. On va emmener tout ce beau monde dans un entrepôt et régler ça. Je dois purger mon camp pour le bien commun et supprimer ceux qui risqueraient de nous causer des emmerdes. Tu peux venir avec moi et participer ou je peux te ramener à l'appartement, Cinzia. Comme tu le sens. »

 




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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE

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E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei



Certaines aiment pousser leur compagnon dans leurs derniers retranchements pour vérifier sournoisement et peu sainement l’influence dont elle jouisse sur eux. Pas moi ! C’était un risque que je ne souhaitais pas encourir. C’était, en général, dans les bons moments et par des décisions inattendues de la part de Mani que j’appréciais au mieux ses efforts pour me combler de bonheur. Aussi, préférais-je me taire tandis qu’il se transformait peu à peu en menace. Ivre de rage, son pied était lourd sur l’accélérateur. Quant à moi, moi qui le suppliais de ralentir, j’espérais qu’il se calmerait plus vite qu’à l’habitude. Je n’avais pas envie que notre voyage de noces devienne une histoire sans paroles et je n’aspirais pas non plus qu’il exécute ce contre quoi il me mettait en garde régulièrement, si souvent que je finis par l’intégrer. Certes, l’injustice dont j’étais victime à cause de Teresa me forçait à me défendre, mais elle ne m’autorisait pas à jouer avec le feu. Tout en lui m’inspirait la prudence. Il y avait de la dureté dans son regard, dans ses gestes et dans ses mots et si je détestais m’écraser sous prétexte qu’il m’impressionnait toujours un peu quand il se retrouvait dans cet état, je n’avais pas le droit d’ignorer ma promesse dès lors qu’il me somma de ne plus chatouille les pieds de la bête qui sommeillait en lui. J’étais une femme de paroles et, bien que ça soit compliqué pour moi de ne pas exiger réponse à mon monologue accusateur, je me renfrognai, triste d’avoir provoqué en lui une telle colère, déçue que notre première soirée dans le monde tourne en fiasco et craintive à l’idée qu’il perde le contrôle du véhicule et nous envoie dans le décor. Un accident de voiture, c’était la dernière chose dont nous avions besoin, un peu comme cette dispute ou la présence de son ex pendant notre lune de miel. Nous étions cependant parvenus à nous réconcilier rapidement après cet épisode. Nous avions également fait un pas en avant vers notre déménagement pour une maison plus spacieuse, parfaite pour accueillir une famille. Tout allait si bien. J’aurais dû me douter que ça ne durerait pas. Cette putain me gênait dans tous les sens du terme. Elle réveillait cette possessivité qui s’exprimait surtout au travers de mon manque flagrant d’estime de moi. C’était tout ce qu’il y avait à comprendre à mon comportement. C’était tellement indépendant de lui, de ses erreurs ou de ses maladresses, de la force de ses sentiments ou de ce que je représentais pour lui. Ça n’avait par ailleurs strictement rien à voir avec cette foi aveugle que je nourrissais pour lui. Je ne cherchais même pas à ce qu’il me rassure. J’avais seulement besoin d’être certaine qu’il avait pleinement conscience que je ne reculerais devant aucun sacrifice pour le garder à mes côtés. Sans lui, je serais complètement perdue, anéantie et c’était de loin le plus difficile à gérer.

Mani était une fin en soi à mes yeux. Teresa était plus une menace pour moi que pour nous. En quoi mes angoisses discréditaient ma confiance en lui ? Et de quelle insulte parlait-il ? « Non, je ne fais rien dans le but de flatter ton ego. Je n’ai pas voulu t’insulter. C’est simplement ce que j’ai compris de ce que tu me disais. Je… » m’expliquais-je tant bien que mal, attirée par le vide qui se creusait soudainement entre nous. Mes inquiétudes n’étaient en rien des reproches., uniquement de bonnes intentions destinées à nous protéger de l’ennui. Pourquoi fallait-il donc qu’il remette toujours en cause ma foi en lui ou en nous, m’accusant au passage, comme toujours, de douter de l’authenticité de son amour. « Ce n’est pas ce que j’ai dit. Pourquoi tu penses à ma place ? Tu ne supportes pas quand je le fais, moi. » Ça me crispait. Qu’il soit persuadé d’être de nous deux le plus à même à convenir de ce qui était bien ou non pour moi était déjà un sacrifice. Je m’en accommodais de bonne grâce parce que j’adorais l’idée qu’il veuille autant sur moi. Je me sentais en sécurité partout où j’allais. C’était également la réponse de la bergère au berger. Compte tenu de son ouverture d'esprit à chercher des compromis au lieu de camper sur ses positions les plus instinctives. « Je ne dis pas non plus qu’il n’y a que le sexe qui t’intéresse. » Au contraire, c’est son ex qu’il aurait épousée. Il se montrait clair sur la question et à la manière dont je bouillonnais, ça l’était pour moi aussi, quoique j’étais surtout envahie d’une profonde tristesse. Bien sûr, j’aimais la façon dont il percevait notre relation. Il ressentait le besoin de me conquérir au même titre que le séduire en permanence était important. Peut-être avait-il raison d’ailleurs. Je me mettais la pression toute seule et inutilement, mais était-ce si grave ? Est-ce que j’en faisais trop ? Ça me tuait qu’il prenne les choses sur ce ton. Ce que je redoutais était-il sur le point d’arriver ? Abordions-nous ce stade critique où la communication est parasitée ? Mes mains tremblaient déjà. Je n’avais fait que l’imaginer. Dieu que j’étais pathétique.

« Et, oui, peut-être que j’essaie de mettre la charrue avant les bœufs, mais ça ne t’a jamais traversé l’esprit que, si j’ai peur que ça s’arrête, ça n’a peut-être rien à voir avec la confiance ou avec les sentiments ? Tu te rends compte pourquoi tu te fâches? Parce que je suis inquiète ? Parce que je ne supporte pas que Teresa soit là ? Je ne suis pas jalouse à ce point à cause de ce qui s’est produit et qui est bel et bien réglé pour moi, mais parce que je suis tout simplement heureuse avec toi et que j’ai peur que quelqu’un vienne tout gâcher. Pire encore. Que je gâche tout, moi. Il y a des limites à ce que je peux faire ou supporter. J’ai peur de ce qui se passera quand tu y seras confronté. Et, je ne te parle pas de sexe, là. Je parle de tout ce que je ne suis pas. » Je m’englobai d’un geste ample de la main. J’aurais juré entendre mon cœur se briser dans ma poitrine. « C’est pour ça que j’ai peur que tu m’abandonnes, pas parce que je te prends pour un salaud. J’ai juste peur de ce qui se passera quand tu te rendras compte que tu m’as peut-être surestimée et c’est encore pire quand tu t’en prends à moi parce que j’ai fait un truc que tu ne cautionnes pas. » Comme inviter Teresa à manger avec nous ou emprunter des chemins de traverse pour régler un conflit avec les autres, quels qu’ils soient. « C’est comme ça pour tout, Mani. J’ai peur de te décevoir. J’ai peur que si je laisse la routine s’installer, tu finiras par voir tous mes putains de défauts. Ce qui est visiblement en train de se produire, puisqu’on est même plus capable de se discuter sans que ça tourne en dispute. » constatais-je, mon regard terne jusqu’alors cadenassé au sien qui m’était désormais insoutenable. « Ce n’est pas grave. Laisse tomber. Je ne t’inviterai plus à rien, je vais prendre du recul et tout ira pour le mieux. » conclus-je en haussant les épaules pour ensuite me diriger vers le frigo de la cuisine. J’avais besoin de manger pour compenser ma frustration et, par-dessus tout, me concentrer sur autre chose que cette querelle. Prendre du recul, c’était de cesser de pleurer pour un oui ou pour un non. C’était apprendre à me maîtriser, car j’avais un mauvais pressentiment concernant notre avenir. Qu’adviendrait-il de nous si nous ne nous comprenions plus ou si je ne me sentais plus entendue ?


***

Notre lune de miel s’acheva néanmoins sur des notes bien plus positives. Mani connaissait si bien que j’oubliai ce qui m’agitait jusqu’à ce qu’on rentre à New York. Certes, la maison était majestueuse et somptueusement décorée selon mes goûts. Retrouver les gens que j’aimais me comblait de joie. Mais, les emmerdes ne sont jamais bien loin dans cette ville. La tête de Jasper dessoudée de son corps, sa tête au milieu de mon salon, ça me poursuivait la nuit. Je m’étais attachée à lui au travers de mon affection pour sa gamine. La pauvre enfant était orpheline désormais et la savoir en sécurité auprès de Carolia était une maigre consolation. Un jour viendrait où elle souhaiterait tout apprendre de son histoire. Elle représenterait alors un danger. Était-elle condamnée à mourir ? Sans doute et songer qu’il aurait été préférable de lui ôter la vie aujourd’hui, et non dans quelques années, me collait des sueurs froides. Quel genre de monstres étais-je ? Et quelle mère deviendrais-je si j’étais capable de pensées aussi cruelles. Ça m’empêchait de dormir ou ça me réveillait en pleine nuit. Mes cauchemars s’intensifièrent après l’incendie au cabaret de Luciano. Lyla manqua d’y laisser la peau et l’éventualité que ma meilleure amie puisse m’abandonner me terrorisait. Mes heures impatientes, je les utilisais à fomenter des plans pour aider à Jezabel que Gaby, ma déception du moment, déniait au profit d’une putain. J’accumulais fatigue, angoisse et je refusais de raconter à Mani mes tracas. Pour que dire ? Que je réalisais que son système de protection n’était pas sans faille ? Que nous pouvions tous mourir brutalement, renversés par un chauffard complètement ivre ?

En bon susceptible, il le prendrait mal. Il douerait à nouveau de ma confiance en lui et, ça me mettrait tout bonnement hors de moi. En découdre avec mes inquiétudes, les menaces sournoises de Teresa – je devais reconnaître que les cercueils en papier mâché qu’elle glissait dans ma boîte aux était plutôt réussi —, les emmerdes de mes proches et mon abbattement était bien suffisant. Une accusation supplémentaire de ce goût-là et je m’arrangerai pour élever mes récentes barrières au rang d’infranchissables. Depuis notre retour, je m’employais à relativiser et à transformer ma passion dévorante en amour raisonnable. C’était parfois aussi douloureux qu’une punition, mais le but n’était pas de nous blesser. J’étais attirée par lui comme un aimant, mais je me faisais violence pour notre bien à tous les deux. J’étais persuadée que maîtriser mes sentiments nous éviterait des crises de jalousie, les complications et la tristesse qu’elles engendrent, tout comme cet crainte qu’il se lasse un jour ou l’autre. Je le séduisais encore, mais moins souvent. Quand il rentrait à la maison, je l’accueillais toujours d’une longue étreinte et de baisers profonds, mais je lui rendais moins régulièrement visite au Gato Negro. Je ne cherchais plus son attention en permanence et prenait moins d’initiative sexuelle. Je voguais là où le vent soufflant dans mes voiles me portait, mais dans des moments comme ceux-là, je regrettais de me contenter de l’essentiel en matière de confidences, mais je m’étais sentie tellement ridicule dans la cuisine du Costa Rica en pleine boulimie.

Et au milieu de tout ce merdier, il y avait ma grossesse, qui se déroulait à merveille, et mon bébé plus vivant que jamais maintenant qu’il avait assez de force pour me donner des coups. C’était un petit bonhomme que j’avais bien l’intention d’appeler Manuel, comme son papa, car je l’imaginais en tout point pareil à son père. Beau, intelligent, parfait. Je puisais en lui toute l’énergie nécessaire pour mener mes combats à bien. Mon premier article fit un tabac. De grands quotidiens le publièrent. Je fêtai ça au Gato Negro, avec mon époux et quelques amis en buvant des cocktails de fruits. Ce n’était qu’un début, mais c’était prometteur. Les nouvelles de Jezabel, après sa soirée reconquête, étant plutôt bonnes, je me servis de ces bonheurs comme tremplin pour refouler tout ce qui me tracassait. Je me sentais le cœur plus léger et je retrouvais peu à peu le sommeil. Le succès de mon premier papier virtuel me stimulait. Ma tête grouillait d’idées de sujets à traiter. Et puis, soudainement, alors que ma vie revenait à la normale, mon conjoint me secoua aux petites heures du matin. Il avait préparé nos valises. Nous partions pour le Salvador pour une visite à cette famille qui nous accueillit à bras ouverts. Les filles qui vivaient dans cette bâtisse où Tiago nous fit une place avec plaisir me félicitaient avec enthousiasme pour mon union et pour le bébé comme si nous étions toutes sœurs. En moins d’une heure, j’étais adoptée et familiarisée aux règles de cette assemblée. Quand l’homme ordonne, les femmes obéissent sans discuter, qu’importe qu’elles soient d’accord ou non. C’était un peu partout pareil, y compris chez mon père. Mani tolérait mal mes petites insurrections. M’y plier ne fut pas bien compliqué. La différence, c’était que je n’avais pas souvenir qu’un de mes proches baisse la tête pour cacher un œil au beurre noir. Je remarquai également leur surprise parce que j’accompagnais mon époux au cours de ses expéditions. Pour peu, je n’aurais même pas été étonnée si elle s’était signée. C’était, d’après elle, une preuve de confiance et je compris assez rapidement où elle voulait en venir. Il régnait dans les rues un climat paranoïaque permanent et palpable. Tout le monde était sur le qui-vive. Certains passants longeaient les murs, comme des rats, évitant soigneusement les terrains découverts pour se rendre invisibles. Chacun veillait à être libre de ses mouvements, pas moi, qui avait reçu pour ordre de ne pas m’éloigner, jamais, de suivre mon mari à la trace, comme un chiot qui aurait peur de se perdre. J’observais beaucoup, mais je parlais peu. Ce n’était pas un déplacement habituel. Nous n’étions pas là en touristes.

Ça m’inquiétait tant et si bien que pour nous rassurer, moi et mon enfant, je glissais mes doigts sur mon ventre arrondi, même lorsque j’étais avec les filles à cuisiner en discutant. Elle s’amusait de mes fautes d’Espagnol, de mon accent, mais je ne leur en tenais pas rigueur. Il n’y avait rien de méchant dans leur comportement. Elle prenait soin de moi à leur manière en m’empêchant de prendre un balai ou une serpillière. Je m’occupais donc des plus jeunes à la première occasion et je pouponnais le bébé de Mira avec une émotion certaine. Je les adorais, lui et sa mère. Elle n’était pas seulement charmante, elle avait les yeux qui pétillaient et un air pensif et romantique qu’elle avait su conservé malgré la dureté de son existence. Elle m’obligeait parfois à veiller tard pour lui parler des États-Unis et de New York. Elle rêvait d’y aller et moi, en parfaite petite idiote, je lui promis qu’on organiserait ce voyage. Ce serment m’accable autant que les circonstances de sa mort. Tirée comme un lapin en pleine rue, abandonnée dans une rigole avec son nourrisson sans vie entre les bras, mon cœur s’arrêta en apprenant la nouvelle. Je demeurai muette des heures et l’enterrement fut une épreuve pour laquelle je n’étais psychologiquement pas prête. « Ça va. Ne t’en fais pas pour moi. Ça va passer. C’est juste que... son bébé… » m’interrompis-je pour ne pas pleurer à nouveau. Me calmer avait épuisé toute mon énergie. Une crise de larmes supplémentaires et je serais clouée au lit. J’étais éreintée. J’avais parfois des contractions, mais Mira, avant de s’éteindre, m’avait affirmé que ce n’était pas grave. Elle était trop espacée pour que ça soit vraiment alarmant. Un peu de repos et tout rentrerait dans l’ordre. J’avais cependant l’impression qu’ici, dormir sereinement, c’était un privilège qu’on gagnait rarement. « Bébé. Je te promets que tu n’as pas à t’inquiéter pour moi. » répliquais-je en déposant l’arme qu’il m’avait confiée sur une tablette de fenêtre et en arrêtant sa main que je portai à mes lèvres. « On a bien fait de venir, même si je ne m’attendais pas à ça, c’est très bien comme ça. Alors, ne te mets pas martel en tête et concentre-toi sur ce qui est important. » Je me serrai contre lui et je l’embrassai tendrement. « Je vais préparer nos affaires et fais attention à toi. » Il rentra tard. Je fus incapable de trouver le sommeil. Le lendemain, nous décollâmes si tôt que je m’assoupis dans l’avion, la tête sur son épaule malgré ma peine d’apprendre l’assassinat de Tiago. « On aurait dû rester plus longtemps. Elles vont avoir besoin d’aide. J’aurais pu les aider. » marmonnais-je avant de sombrer.


***

J’aurais bien dormi deux jours d’affilée, mais c’était visiblement un luxe auquel je ne pouvais prétendre. Mani me brusquait du poids de son regard. Je me préparai à la hâte, enfilant les premières fringues qui me tombèrent sous la main et j’avais un repas frugal vite fait bien fait, pestant silencieusement d’être pressée comme un citron. Je m’en serais bien plaint ouvertement, mais Manuel n’était pas serein. Il était même plutôt nerveux et je n’avais strictement aucune envie de me le mettre à dos. J’étais parfaitement consciente qu’il n’était pas obligé de faire ça : m’aider à comprendre qui il était et d’où il venait. Alors, un gobelet de café soudé à la main — j’en emportais partout où nous allions — je l’écoutais attentivement, et sans l’interrompre, m’expliquer les raisons de cette halte à Los Angeles. « Attends, je ne suis pas sûre d’avoir tout compris. » Je faisais preuve d’une énergie que je ne me soupçonnais plus. Ma curiosité était insatiable et inépuisable. « L’idée, ce n’est pas tant de récupérer les marchés, c’est de les faire bosser pour vous. Enfin, vous remplacez leur fournisseur actuel… c’est ça, où je suis à côté ? Parce que, s’ils ont canardé tes hommes et pris d’assaut un de vos établissements… » Je grimaçais. Ça me paraissait dangereux. Couillu ? Pas vraiment. Mani ne manquait pas d’audace. « Lequel d’ailleurs ? Parce que je me dis qu’ils ne l’ont probablement pas choisi par hasard. Je sais que, chez nous, il arrive que mon père organise des “attentats” contre l’organisation. Il prend un petit établissement dont il n’a pas vraiment besoin et hop, il saute. Puis, il fait porter le chapeau à quelqu’un qu’il aurait envie d’approcher sans s’écraser. Pour ne pas avoir d’ennui, tout le monde s’écrase. Il fait mine de pardonner ou de négocier… mais il a un coup d’avance, il récupère ce dont il a besoin derrière. Un jour, un des soldats s’en est vraiment pris à l’honorable société… en essayant de faire porter le chapeau à d’autres types, histoire de dégager la voie avec une guerre, parce qu’il voulait créer sa propre Coscia, ce qui ne pouvait pas se faire sans l’accord de mon père. Enfin, je te raconte tout ça parce que j’essaie de comprendre où tu veux en venir surtout. »

Nous étions stationnés devant une maison typique de LA. Tout y était : le perron, la porte blanche grillagée, la chaise où la mère au foyer s’assoit pour regarder ses gosses jouer. C’était cependant anormalement calme et quelque chose me disait que l’heure n’était pas LE paramètre qui l’expliquait. « Et, évidemment que je vais venir avec toi. Tu plaisantes ? Il n’est pas question que je rentre à la maison. » J’allais oublier, le temps d’une soirée, que j’étais enceinte. Peu importe le spectacle, il me contenterait. « Et puis, j’aime bien être avec toi. Même si je ne participe pas grand-chose et que j’ai l’impression de te créer plus de tracas. Je me dis que si tu le fais, c’est parce que tu sais que j’ai confiance en toi, même si tu dis toujours le contraire. » remarquais-je sur le ton de la confidence. Ce n’était cependant qu’une parenthèse au milieu de toutes ces interrogations. « Donc, en conclusion, tu vas couper une tête pensante qui travaillait étroitement avec un gars qui a essayé de te la faire à l’envers. Donc, je présume que tu as prévu de choisir toi-même qui tu mettras sur le trône au royaume des Bloods s’ils veulent éviter une guerre ouverte. Tu sais déjà qui où tu vas les laisser venir ? Et, tu entends quoi par “participer” ? » La question méritait d’être posée. Il y en avait tant d’autres que je gardais de côté. Tout ça, c’était terriblement excitant. J’aurais beau vivre sous une cloche hermétique ou dans un tour d’ivoire, mes valeurs sont biaisées par rapport à celles du commun des mortels. Future mère ou non, je suis et resterai indirectement une enfant de la pègre peu impressionnable. Mon père m’avait plus que bien élevée finalement, comme s’il avait toujours su que le sang et la violence feraient partie intégrante de mon quotidien et, était-ce si étonnant dans le fond.


***

Après cette altercation avec les amies de Teresa sur le parking du Gato Negro, celle qui se solda par un incendie et par la mort de ses alliées, ses intimidations cessèrent de but en blanc. Elle se planquait. Elle était, à juste titre, persuadée que son heure viendrait et c’était de loin sa seule preuve d’intelligence. S’acharner de cette manière pour une histoire qui n’exista que dans sa tête, c’était stupide. Mani était furieux. Il ne la méprisait plus, il la haïssait du plus profond de son être. C’était tout ce qu’elle avait gagné et, un jour ou l’autre, elle commettrait une erreur qui lui serait fatale. Moi, en attendant que mon mari lui mette la main dessus, je menais ma barque avec sérénité et sans doute trop confiante. Beaucoup trop. Je me baladais dans les rues du Bronx comme si j’étais chez moi. Forte de mes projets, je m’impliquais au maximum dans le quotidien de ses habitants, recueillant leur témoignage, écoutant leur plainte en quête de solutions durables. Mon nouveau cheval de bataille, c’était l’orphelinat. Les mômes s’agglutinaient dans un bâtiment vétuste et insalubre. Il n’y avait pas assez de chambres pour toutes les recevoir tandis que la directrice de l’établissement portait des vêtements griffés sur le dos. Je la soupçonnais de détournements de fonds, mais je n’avais aucune preuve. Même Jez, malgré ses talents, ne parvenait pas à la coincer. Alors, j’envisageai sérieusement de la prendre au piège en organisant un gala de charité où je réunirais le gratin de New York pour les sensibiliser à ma cause. Puis, je signerais un joli petit chèque à cette pétasse et m’occuperai moi-même de superviser les travaux pour qu’elle offre à ses gosses un endroit de vie décent. Leur chance de réussite était minime. Ils avaient le droit de conserver toute leur dignité. C’était la moindre des choses.

« Cette salope me dégoûte, mais à un point. Tu sais ce qu’elle a eu le culot de me dire ? Qu’il n’était pas question qu’elle se présente à ce gala. Tu imagines ? Ce serait une insulte pour tous les gens que j’inviterais. » Ceci étant, je n’en étais pas encore là. Je me débattais toujours pour trouver une salle et un traiteur. « Et tu sais ce qu’elle a ajouté ? Qu’elle ne voyait même pas pourquoi elle me disait tout ça, puisque de toute façon, ça n’aboutirait pas. J’ai eu envie de l’étrangler. » crachais-je à un Mani amusé à l’autre bout du fil. « Mais, ce n’est pas grave. Je vais l’avoir au tournant cette pute. Non seulement je vais le faire et si je dois la tirer par les cheveux pour qu’elle se pointe, je le ferai. Mais, tu crois que tu pourrais me filer un coup de main en insistant auprès de Rodrigo pour qu’il me loue sa salle gratuitement ? Ce type est d’une cupidité inimaginable. Je lui ai proposé de le payer grassement si c’était une réussite, mais il veut rien entendre. Cet enfoiré ne me prend pas au sérieux et je sens que lui aussi, je vais le tuer de mes mains s’il continue à me prendre de haut comme ça. Tu pourrais ? » Évident ! Que me refuserait-il ? Je lui chantai mille fois que je l’aimais et qu’il était génial, lui envoyant une multitude de baisers par combiné interposé. « Ça va toi ? Ta journée ? Pas trop de boulot ? J’en ai encore pour une petite heure, mais après, je peux te rejoindre si tu as besoin d’un coup de main. Je t’appelle quand j’ai fini de toute façon. »

Avant de raccrocher, je lui jurai que je serais prudente et que je ferais attention à moi. J’étais beaucoup moins sujette à la malchance depuis mon mariage. C’était agréable et particulièrement rafraîchissant. Je le devais autant à Manuel qu’à moi qui me montrai plus alerte au monde qui m’entoure. Je ne traversais jamais une rue sans vérifier par deux fois que le danger ne me surprendrait pas. Pourtant, tandis que je m’engageais sur un passage pour piétons, adressant un signe de la main à Maria, la belle-sœur de Lyla, alors que j’étais prête à la rejoindre sur le trottoir d’en face pour l’embrasser chaleureusement, je ne remarquai pas le 4X4 noir aux vitres teintées qui déboucha de nulle part. Il s’élança sans que je ne le voie arriver. Il roulait si vite que je ne réalisai qu’il fonçait droit sur moi qu’il était trop tard. Je cherchai bien à courir vers mon salut, mais ce fut vain. Il me faucha volontairement en plein vol. Ce qui se déroula ensuite ? Je n’en étais pas vraiment certaine. Je crus entendre le bruit de la tôle qui se froisse contre un mur ou une borne incendie et puis, plus rien. Rien d’autre que de la peur durant un court instant avant l’inconscience.





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Manuel Herrera
Manuel Herrera
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E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei



Ce n’était pas une grande nouvelle ou une découverte récente. Les femmes et les hommes parlaient la même langue mais un langage complètement différent. Les mots étaient les mêmes et assemblés de la même façon mais le sens n’était jamais le même. Mani avait beau avoir une patience décuplée avec Cinzia et une compréhension qu’il n’accordait qu’à elle, il arrivait toujours un moment où les intentions de sa femme se perdaient dans les limbes ou dans le puits de l’incompréhension de monsieur Herrera. Il essayait, il essayait vraiment de voir plus loin que le bout de son nez mais quand son ego s’en mêlait, il n’était plus question de se fatiguer. Il avait l’impression qu’elle n’avait de cesse de lui répéter que ce qu’ils avaient ne lui suffisait pas, que ce qu’il affirmait haut et fort n’était pas assez et il se demandait ce qu’il pourrait bien faire de plus pour que ça lui plaise, pour qu’elle se sente en confiance et cesse de douter de ce qu’ils avaient. Tout ça pour quoi ? Une traînée qu’il avait sorti de sa vie dès qu’elle y était entrée ? Il n’avait pas toujours été irréprochable et à vrai dire, sans une mise au point nécessaire sur ses écarts de conduite en matière de coucheries, il n’aurait probablement jamais remis cet aspect de sa vie en question. Mais il l’avait fait ! Certes, cela ne l’empêcha pas de déconner durant leur périple à Los Angeles et il en gardait un souvenir amer. Chaque fois qu’il y pensait, il avait un goût amer dans le fond de la bouche, ça ressemblait à peu de choses près à la saveur de l’échec. La peur était une notion qu’il maîtrisait mal et qu’il apprenait avec elle. S’il avait bien une crainte en dehors de celle que lui inspirait son père et qui relevait de l’instinctif, c’était de la perdre, qu’on la lui enlève ou qu’elle décide d’abandonner la partie. Il allait de soi qu’il ne la laisserait jamais lui filer entre les doigts, encore moins maintenant qu’elle portait son nom et s’il l’autorisa à se remarier s’il lui arrivait de disparaître, il ne voulait plus être là pour voir ou entendre qu’un autre posait les mains sur elle. Non, même si elle le vomissait de toute son âme, il ne lui offrirait jamais la moindre porte de sortie, il l’enchaînerait plus fermement à lui, mu par l’énergie du désespoir, désespéré par qu’il aurait tout foutu par terre. Néanmoins, il y avait une différence entre posséder quelqu’un avec son consentement et tout son amour et contraindre la femme que l’on aime à rester par le chantage, la menace et toute autre méthode susceptible de fonctionner. Sa raison ne tenait déjà qu’à un fil, il n’était pas sûr qu’il se relèverait d’une histoire pareille et malgré tout, il fonçait toujours tête baissée, n’hésitait pas à insister lourdement même quand il était dans le faux, par mauvaise foi ou par incompréhension. Un jour, il l’userait à force de disputes.


« Je ne pense pas à ta place, c’est ce que je comprends de tout ce que tu me dis ! » répliqua-t-il en haussant les épaules, signe qu’il n’y avait pas la moindre manigance de sa part, seulement un flou qu’elle ne permettait pas vraiment d’éclaircir. Tout ça commençait à lui casser les couilles, dire qu’il avait envisagé de passer la soirée à rire et peut-être même à profiter de cet éloignement pour lui accorder la moindre seconde de son temps, heureux de n’avoir que sa femme pour unique priorité. Cela ne serait plus le cas à leur retour en ville et il aurait aimé qu’il n’y ait pas la moindre ombre au tableau lors de leur lune de miel, c’était sans compter leur capacité hors du commun à répandre le chaos. « Arrête de déformer ma réaction, je m’énerve parce que visiblement, j’ai pas compris où tu voulais en venir ! » la coupa-t-il avant qu’elle ne le foute un peu plus en boule alors qu’il tentait encore de discuter. Il l’aimait à en crever, c’en était la preuve formelle, il ne se fatiguait pour personne et encore moins à se justifier encore et encore. « Mais pourquoi tu te prends la tête avec ça, putain Cinzia ?! Quel intérêt d’anticiper des trucs qui n’arriveront jamais ? A part te rendre malade et provoquer une embrouille qui n’a pas lieu d’être ! » Il poussa un long soupir, se prenant le visage entre les mains, se demandant pourquoi il fallait que les femmes soient si compliquées, en tout cas, celles qui en valaient là peine. Elles se prenaient la tête pour des tas de conneries, angoissaient pour des choses qui n’existaient que dans leur imagination fertile et se rendaient malade pour ça. Tout ça n’était que de la supposition pure et simple et malgré tout, ils étaient là, à s’engueuler pour ça. Elle avait besoin d’être rassurée, ce fut comme une illumination et il se redressa et se saisit de ses petites mains délicates pour les serrer dans les siennes. Il la fit asseoir sur le lit près de lui et la regarda droit dans les yeux. « Ca n’arrivera jamais ! Ok ?! Jamais ! Je ne vois que tout ce que tu es et c’est pour ça que je t’ai filé ça ! » Il joua avec sa bague de fiançailles et son alliance avant de poursuivre : « Je ne dis pas qu’on ne s’engueulera jamais, qu’on ne va pas avoir de grosses tensions et se prendre la tête au point que je me retrouve à dormir sur le canapé pendant des jours. Mais toute cette parano, Cinzia, ça, ça va être un vrai problème ! Parce que ça nous pourrir de l’intérieur. Plus que me faire confiance, tu dois nous faire confiance ! » Il était persuadé que son petit discours fonctionnerait et qu’il apporterait un peu d’apaisement mais elle coupa court et il passa sa langue sur ses dents, le tout accompagné d’un petit bruit de succion qui laissait entendre l’étendue de son agacement. « Tu sais quoi, t’as raison, c’est ma faute ! C’est ça, prends du recul ! » Il fonça dans la salle de bain, alluma la chaîne hifi qui se trouvait là pour mettre la musique suffisamment fort pour cesser de penser. Il se plongea dans un bain brûlant qui parvint à le détendre un peu et lorsqu’il émergea, il se glissa dans le lit sans chercher à discuter, si elle était mieux disposer après une nuit de sommeil, elle n’aurait qu’à se charger elle-même de ça, il avait essayé, putain de merde !



***



Le Salvador était une terre pleine de surprises et de beauté mais gorgée de sang et de souffrance, Cinzia eut le déplaisir d’en faire l’expérience et si Mani avait pu s’offrir le luxe de pleurer ses amis, il l’aurait sans doute fait. Combien en avait-il perdu au cours des années ? Combien en avait-il vengés ? Il avait fini par ne plus compter, à quoi bon ? Non, il ne pouvait pleurer Tiago alors qu’on essayait de le doubler, il ne pouvait s’abandonner à la tristesse alors que des fils de pute mettaient en péril ses affaires par égoïsme. Et pourtant, il n’était pas le plus radin des jefes, il faisait de son mieux pour que tout le monde ait le droit à une généreuse part du gâteau mais pour certains, ce n’était jamais assez. « On pourrait les récupérer mais ce serait une guerre incessante, ce sera plus simple de les soumettre. Mais pour ça, faut qu’ils comprennent qu’ils n’ont aucun intérêt à refuser. » Et il n’y avait que la violence à l’état pur qui pouvait les en convaincre. Oh, les gangs étaient passés experts en l’art de faire couler le sang mais personne n’avait encore pu dépasser les cartels et malheureusement pour eux, c’était de là que venait Manuel. Dans quelques années, on parlerait encore de ce qu’il s’apprêtait à faire. « C’était une cible comme une autre, une boîte fréquentée par nos hommes. C’est comme ça que les gangs fonctionnent, ça ne va jamais très loin niveau réflexion mais ça fait beaucoup de dégâts. Eli tenait cette boîte, c’était également une manière comme une autre de donner l’illusion qu’il était lui aussi victime de tout ça, mais les traîtres finissent toujours par commettre une erreur. » Mener une conversation comme celle-là n’était pas nécessairement la chose la plus évidente du monde compte tenu de son état. Il était fébrile et prêt à en découdre et chaque mètre qui le rapprochait de l’endroit où il aurait le plaisir de se venger lui faisait perdre davantage la raison. Il finit par ne plus répondre que par des grognements avant de finalement descendre de voiture et de lui faire signe de le suivre après lui avoir donné une paire de gants en cuir.. On les salua à leur arrivée, il serra quelques mains, donna quelques accolades et grimpa jusqu’à la pièce où se trouvait ce type qui avait un goût pour la déco franchement à chier. Vu son état, on avait déjà dû le faire parler pour lui soutirer un maximum d’informations, désormais, il ne restait que le plus amusant



Il se débarbouilla à la hâte pour rejoindre l’entrepôt, accompagné de Cinzia dont il tenait fermement la main, c’était le fil qui le maintenait à la réalité, l’ancre dont il avait besoin pour ne pas complètement sombrer dans la folie. « Est-ce que j’ai encore du sang sur moi ? » lui demanda-t-il alors qu’il vérifiait sa tenue pour entrer dans cet immense bâtiment où l’attendaient tous les traîtres. Il avait été question de promotion et personne n’en avait douté. Ils avaient décoré l’endroit et prévu des boissons et même des filles. Les putes s’éclipsèrent dès que le jefe rentra dans le bâtiment avec sa femme, il salua tout le monde avec un sourire qui avait l’air si vrai qu’on n’aurait pu soupçonner ce qui arriverait. « Mes frères, aujourd’hui, nous fêtons la fraternité et l’efficacité, sans vous, la MS n’aurait pu s’assurer une telle longévité dans la cité des anges ! Merci à vous ! » lança-t-il alors que son regard inquiétait les plus malins d’entre eux, la bestialité y brillait et laissait peu de doutes quant à l’issue de tout ça.



***



Peut-être qu’elles auraient tiré une autre gueule si Lyla et Jez avaient été de la partie, parce qu’il ne doutait pas un seul instant que ces trois-là contre une bande de connasses n’en feraient qu’une bouchée. Il n’en voulait pas vraiment à Cinzia, il avait enfoncé le couteau dans la plaie pour qu’elle comprenne combien cela pouvait être dangereux pour elle de se balader seule mais l’idée c’était qu’elle puisse aller où elle le souhaitait dans le Bronx sans risquer quoi que ce soit, l’idée c’était qu’elle soit ici chez elle et que personne n’ose l’importuner sous peine d’en payer le prix fort. Maintenant que le message était clair pour tout le monde, il savait qu’il ne tarderait plus à débusquer l’autre salope et il lui ferait payer, sans hésiter. Il aurait dû lui arracher les yeux au Costa Rica, il avait senti cette pulsion l’étreindre et s’était tenu tranquille parce qu’il n’était pas chez lui et qu’il ne voulait pas que sa lune de miel soit sous le signe du sang mais finalement, il se disait qu’il se serait épargné bien des emmerdements. Au fond, n’aurait-il pas mieux fait de la terminer aux prémices de sa relation avec Cinzia ? Probablement et il ne se passait pas un jour sans qu’il ne le regrette. Il avait un sale pressentiment qui lui collait à la peau et qui le poussait à chercher lui-même à lui mettre la main dessus. Parce que Terry n’était pas le genre de fille à avoir un soupçon de jugeote, elle ne se cachait que pour préparer son coup suivant, pensant certaine qu’elle parviendrait à ses fins en faisant preuve de persévérance. S’il avait su ! Il était hors de question de diminuer son escorte, au contraire, il la renforça et fit en sorte qu’elle l’appelle encore plus souvent qu’avant pour être sûr qu’elle allait bien. C’était à son tour de devenir complètement parano, il était inquiet pour sa femme autant que pour leur bébé et il ne voulait laisser aucune place au hasard. Avec cette histoire d’orphelinat, elle dépensait beaucoup d’énergie et s’il essayait tant bien que mal de la faire bosser de chez eux, elle ne tenait pas en place et faisait de nombreux aller-retours entre le Bronx et Manhattan pour tenter de trouver tous les petits secrets de la directrice avec Jezabel. Il comprenait son acharnement mais il aurait aimé qu’elle se ménage un peu. Il lui avait glissé d’en profiter pour se reposer et qu’il la rejoindrait chez eux, ajoutant qu’il l’aimait avant de raccrocher. Oui, ça il en était certain. Il s’en souvenait à la perfection et puis il y avait eu l’appel de Clancy et son monde s’était écroulé. Le reste ? Passé à la trappe !


Il ne se souvenait pas comment il était parvenu jusqu’à l’hôpital, ni pourquoi Jandro et Muñez étaient là. Heureusement, ils l’empêchèrent de frapper sur le médecin qui lui ordonnait de garder ses distances pour qu’ils puissent travailler alors qu’elle était transférée en salle d’opération. Ses mains tremblaient alors qu’il avait l’impression de devenir fou. Complètement fou. Il s’installa sur une chaise de la salle d’attente et resta immobile, dans la même position jusqu’à ce que son cousin rompe le silence. « On raconte déjà qu’on aurait vu Teresa au volant, tout le monde la cherche. » Il bondit, saisissant le géant par le col pour approcher son visage à quelques centimètres du sien, la rage mêlée à la détresse inondait ses traits. « Et pourquoi personne ne l’a trouvée avant, hein ?! » « Ce ne sera pas le cas cette fois ! Je te le promets ! J’ai appelé Luciano et Lyla, ils ne devraient plus tarder ! » Il se réinstalla sur son siège et s’enfonça dans un silence que personne ne parvint à rompre, il n’eut même pas la force de saluer son meilleure ami, perdu en lui-même, se demandant à quoi ressemblerait son monde sans sa femme. Le médecin finit par apparaître, leur annonçant qu’ils ne pourraient pas sauver la mère et le bébé. « Faites tout ce que vous pouvez pour qu’elle reste en vie, vous m’entendez ?! Tout ! » C’était malheureux pour l’enfant mais il avait plus besoin d’elle que d’un gosse, sans elle, il deviendrait fou à lier, sans elle, il ne serait qu’un monstre hors de sa cage et le monde n’avait pas besoin qu’un autre de ces spécimens se balade en liberté. « Mani ! Faut que tu reprennes le dessus parce qu’elle va avoir besoin de toi ! » Cette voix insupportable, il l’aurait reconnue entre mille et il posa un regard noir sur la mexicain, elle avait au moins le mérite de lui faire lever les yeux. « Elle va devoir faire le deuil de son bébé et de son ancienne vie, elle va devoir faire avec les séquelles, elle va avoir besoin de soutien ! T’es la personne sur qui elle va s’appuyer et faudra que tu sois à la hauteur, pour vous deux. Ce ne sera pas facile mais il faut te reprendre et ne rien faire de stupide ! Mani, ne fais rien de stupide ! Ok ?! Reprends le dessus, Mani ! » Elle lui aurait collé une gifle qu’elle aurait sans doute obtenu le même effet. C’était ce dont il avait besoin, il aboya quelques ordres à Jandro et celui-ci s’exécuta alors que Luciano emmenait sa femme dans une autre aile de l’hôpital, le travail avait commencé et ils allaient avoir leur bébé. Une vie fauchée et une autre offerte. Cela ne l’empêcha pas de venir se présenter au petit Ettore et de l’embrasser, de féliciter les parents et de retourner dans la salle d’attente qui était devenue sa nouvelle maison. Lorsqu’elle fut installée dans une chambre, plongée dans le coma, il ne quittait jamais son chevet, dormant dans un fauteuil quand il en avait besoin, tenant à être là quand elle ouvrirait les yeux. Il lui parlait tous les jours, lui racontant ce qu’il piochait à droite et à gauche mais elle était la seule capable de lui soutirer plus de quelques mots. Il ne la quittait que pour aller prier à la chapelle de l’hôpital, demandant à Dieu de lui rendre sa femme, la seule raison qu’il avait de devenir quelqu’un de bien.



Peu importait le temps qu’il faisait, Lyla était également là tous les jours, elle mettait un soin tout particulier à coiffer son amie, veillant à ce qu’on s’occupe d’elle correctement. Elle amenait un bouquet de fleurs différent tous les jours et une nouvelle boîte de ses chocolats préférés. Parfois, elle restait plus longtemps que d’autres mais elle était toujours là, répandant sa bonne humeur ans la chambre pour quelques minutes avant qu’elle ne s’en aille et que le bip sonore des machines ne remplace son babillage. Il avait perdu le fil, perdu le sens de la réalité alors qu’il gérait ses affaires à distance, laissant surtout son cousin décider à sa place. Son père y était pourtant allé de son petit recadrage, insistant sur le fait que ce n’était certainement pas en restant là tous les jours qu’il l’aiderait en quoi que ce soit. Il n’avait pas répliqué ou il aurait sans doute dégueulé toute sa haine et se serait condamné mais Lyla avait raison, Cinzia aurait besoin de lui quand elle serait de retour. Elle ouvrit les yeux alors qu’il était aux toilettes et il se précipita vers elle quand il s’en aperçut, il ameuta l’équipe médicale et après quelques examens de contrôle, il se mit d’accord avec le médecin pour annoncer lui-même la perte du bébé à la sicilienne. « Mon amour… Tu te souviens de ce qu’il s’est passé ? Teresa t’a foncé dessus avec une voiture… Le choc a été violent et comme le médecin le disait, tu as beaucoup de séquelles… Malheureusement, notre fils n’a pas survécu. J’ai fait ce qu’il fallait, il a eu le droit à une cérémonie et il a été enterré. On pourra aller le voir si tu veux, quand tu pourras sortir. Je suis désolé, princesita ! Je vais tout faire pour nous venger. » Et pour noyer sa culpabilité. Il tomba à genoux, sa petite main dans la sienne alors qu’il l’embrassait, il avait besoin de son pardon, il lui était vital.


 




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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyJeu 20 Oct - 22:36

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei



Après avoir dévalorisé la moitié du frigo, j’étais désormais certaine d’une chose. Mani n’était pas seulement patient, il me comprenait. Il prit même la peine de me rassurer sur ce que nous représentions pour lui. Je n’avais rien voulu entendre parce que je j’étais en colère contre Teresa et contre moi également. Je lui accordais trop d’importance, car elle faisait écho à ma peur panique de le perdre. Nager dans le bonheur était une expérience angoissante pour moi. Je n’avais pas été programmée par mes parents pour vivre d’insouciance, d’amour et d’eau fraîche. Le quotidien de mon enfance était rythmé par la paranoïa et par le risque imminent que la famille ne souffre d’un drame douloureux des suites d’un meurtre, d’une arrestation ou d’une condamnation. Dans ces conditions, me laisser emporter par le courant était fastidieux. Pourtant, déçue de l’avoir froissé, je m’employai à honorer ses efforts jusqu’à la fin de notre lune de miel. J’étais bel et bien résolue à prendre du recul et à relativiser les menaces à peine voilées de son ex, mais je le fis moins pour moi que pour nous. Je n’avais pas envie d’insérer moi-même le vert dans la pomme et pour que le fruit ne se gâte pas, j’octroyai à Mani la possibilité de respirer librement, qu’il ne s’inquiète plus de ma prochaine lubie. L’étouffer ne nous mènerait à rien et, étonnamment, ça limitait considérablement les querelles. Je n’en provoquais plus à cause de ma jalousie maladive. Je ne lui cherchais plus des poux pour de faits dont il n’était en rien responsable. Je ne me méfiais plus du sort et de ses coups durs, convaincue que nous nous aimions assez pour tout surmonter ensemble. Ma grossesse et ses inconvénients notables – je ne m’appartenais plus vraiment – m’aidait considérablement à respecter mes nouvelles résolutions. J'adorais être enceinte. Je ne doutais de rien. Je ne gaspillais plus mon temps à envisager le pire et c’était particulièrement plaisant et relaxant surtout. Je regrettai en partie cette escapade au Salvador. La mort de Tiago, Mira et de son bébé me précipitèrent brusquement au bas de mon petit nuage. Imaginer qu’un être innocent puisse perdre la vie aussi brutalement à cause d’une guerre lâche m’accablait et j’y songeai souvent, malgré mon quotidien avec Manuel, qui, quand il avait une idée précise en tête, ressemblait davantage à une course qu’à une promenade de santé. J’étais épuisée, mais nous étions tous les deux, loin de New York, et au cœur de ses responsabilités. Une part de moi supposait que c’était à sa manière d’appuyer son discours sur la confiance mutuelle et qu’en lâchant prise sur mes inquiétudes, je contribuai indirectement à ce qu’il soit plus à l’aise dans notre relation. Quoi de plus normal ? Il ne s’attendait plus à ce qu’une dispute lui saute au visage pour des broutilles. Je me débarrassais de l’image de l’emmerdeuse, enceinte qui accumule les caprices. Ça me convenait mieux. Je n’étais en rien comparable au cliché de la femme lambda qui combat la violence en pleurant, qui rêve de romantisme et qui sème derrière des paillettes et strass. Si ma mère cultiva cette féminité que je portais en bandoulière autour du cou – ou en plein milieu de mon torse selon le point de vue – la majorité l’emporta sur l’éducation de Girolama.

D’après mon frère et mon papa, les filles émotives, les princesses les faibles et les fragiles qui aspirent de la part de leur partenaire d‘être secourue, c’était bon pour l’ego, mais d’un ennui mortel. On m’inculqua la force, sans jamais contredire ma nature. Je devais être capable d’encaisser sans paniquer si, d’aventures, le donjon bien gardé qu’était le domaine Gambino se transformait en champs de bataille. Pour ce faire, mon père usa de méthodes que condamneraient la censure ou les associations pour les droits de l’enfant. Le sang, la torture, les cris de douleur de ses victimes, ça ne pouvait pas m’impressionner. Il tolérait que je pleure, non pas si je tombais en vélo, mais si j’étais contrariée ou froissée par les agissements des tiers. C’était plus sain à ses yeux, car ces sentiments-là, il était en mesure de les façonner selon le principe premier de Cosa Nostra : qui vit se venge. Alors, non, je ne jugeais pas Mani de m’entraîner dans cette sortie punitive au cœur de Los Angeles. Je comprenais son besoin de mettre à terre un ennemi qui tua ses gars, de rétablir l’ordre dans ses rangs, de me mêler directement à toute cette merde, parce que j’avais les reins, qu’il le savait et qu’il avait probablement envie de s'ancrer au sol. Il racontait que j’avais cet effet-là sur lui, que je rappelais son humanité, qu’elle ne le fuie pas ad vitam aeternam au profit de ce qu’il y avait de pire en lui et qui l’effrayait souvent. Je le croyais pour l’avoir constaté à maintes reprises depuis le début de notre histoire. J’avais cependant une vision un peu différente de la situation. De mon point de vue je ne chantais pas de douces berceuses au Cerbère qui se terre en lui. Nous agissions plutôt l’un sur l’autre comme conducteur. J’absorbais un peu de sa rage et je déversais sur lui une pincée d’humanité, juste assez pour qu’il ne trempe pas dans la clémence, mais qu’il garde le contrôle sur la sienne. Je n’y avais jamais réfléchi auparavant, mais la mise à mort de cette famille par décapitation et crucifixion confirmait ma récente théorie. Je ne bronchai pas uniquement parce que ce spectacle m’était coutumier – Caitlin et mon patron étant mes dernières expériences du genre – mais car j’étais exclusivement concentrée sur lui, lui qui me confessa à l’inconnue dans sa chambre, combien il vivait mal ses accès de cruauté. Pas à cause du geste en lui-même, mais par la faute des conséquences sur son avenir et sur ses innombrables qualités. Quel effet cette exécution aura-t-elle sur lui ? Aura-t-il besoin d’alcool ? De douceur ? De soumission ? De sexe ? y avait-il une parole ou une attitude plus adéquates qu’une autre ? Je me posais trop de questions. Je n’avais rien fait de spécial jusque-là, si ce n’est l’aimer et l’accepter tel qu’il était. C’était dans mes cordes. Je n’étais plus bonne qu’à ça de toute façon, et ce, malgré mes diverses tentatives pour être affectivement moins dépendante de lui. Quant à ma main, elle demeura enfermée dans la sienne aussi longtemps qu’il le désirerait.

Devant l’entrepôt où la fête battait son plein, j’effaçais sur sa joue et de mon pouce les restes de du méfait précédent et je l'embrassai sagement , de l’avoir trouvé si beau. Il me charmait d’un regard et je me rappelle m’être fait la réflexion toute décalée, tandis qu’il s’adressait aux futurs cadavres, qu’il y avait de l’élégance dans sa folie contagieuse. J’étais enceinte. Ma place n’était pas vraiment au milieu du danger, mais au chaud dans un appartement à me ronger les sangs. Pourtant, je n’aurais pas souhaité être ailleurs qu’auprès de lui dès lors qu’il m’invitait à débuter les hostilités, non sans m’avoir au préalable alloué un baiser avec cette passion à peine contenue. Il me grisa aussitôt, bien que ce ne fut pas la seule raison à mon excitation. Cette attraction qu’il exerçait sur eux, cette aura qui les paralysaient tous, qui les privaient de toute volonté d’agir avant qu’il ne soit trop tard était aussi, ce droit de vie ou de mort sur ses sujets, comme un roi, comme un dieu vivant, c’était excessivement étourdissant, mais anormalement malsain. Les couples "comme les autres" n’utilisent pas leur temps libre en répandant le sang. En général, quand un homme offre à son épouse le loisir du choix, il parle du film qu’ils iront voir le soir même au cinéma, pas de l’arme qui lancerait le coup d’envoi d’un véritable massacre. Nous étions tous deux, bien que différemment, des enfants du crime. Notre petit bonhomme marcherait certainement sur les traces de son père. Nous étions atypiques et j’assumais. J’assumai de n’avoir ressenti aucune pitié ces gars ou pour Eli, de l’avoir assassiné sans hésiter et sans m’en sentir honteuse, dégueulasse ou anormale. Je ne suis pas de celle qui tue pour le plaisir ou qui arrache une vie pour des broutilles. J’avais cependant mon propre sens des valeurs et des priorités. Mani trônait en tête de liste. Quiconque lui causerait du tort était à abattre sans ambages. Ça me forçait tout de même à me remettre en question sur la cohérence de mes combats personnels. Je rêvai longtemps d’être une femme comme les autres, sans gardes, sans méfiance envers les autorités, sans histoire, sans secrets et sans le poids de l’Omertà pesant sur ses épaules. Or, à la première occasion donnée, je me comportais comme les miens. Alors, en jetant un regard vers Manuel, nos mains plongées dans l’eau claire, je me souviens m’être dit qu’il était bel et bien fait pour moi, parce que c’était un homme, un vrai selon mes critères, qu’il n’avait pas peur de mon père ou de mes frères et que rien ne pouvait l’arrêter. Face à lui, il m’arrivait d'avoir l'impression d'être toute petite, ce qui n’aurait pas été possible avec un type ordinaire. Sur celui-là, j’aurais pris l’ascendant et j’en aurais été malheureuse. Porter la culotte, ça résonnait pas avec mon éducation. Ça m’aurait certainement et amusé un temps, mais j’aurais fini par m’ennuyer pour finalement me sentir atrocement seule devant l’adversité. Manuel, en revanche, il m’inspirait une telle force que je ne doutais pas qu’il serait toujours là pour moi, pour me soutenir et pour réussir où j’échouerais. L’équilibre entre nous était parfaitement respecté.

Mani, il réveillait également en moi un désir difficilement contrôlable. Avant de le rencontrer, j’étais totalement hermétique à ce genre de pulsions purement sexuelles. Je pensais d’ailleurs que ça n’existait que dans les films. La vérité, c’était que j’étais remontée comme une pendule. Je lui sautai littéralement au cou le pied à peine posé dans la voiture. Pour peu – et si nous n'étions que tous les deux – je l’aurais bien déshabillé dans l’entrepôt. Attendre que nous arrivions à l’appartement pour extérioriser ces émotions qui surpassaient toute pudeur et de toute correction était inenvisageable. J'otai mes vêtements entre deux baisers. J’avais beau adoré qu’il m’effeuille lui-même, une petite voix intérieure me répétait que je n’avais pas le temps, pas le temps pour me montrer sage ou raisonnable. Qu’il soit réceptif au point de déboutonner son pantalon ne m’aida pas à ralentir. Si c’était une invitation, je la saisis en me prenant beaucoup moins la tête que la première où je me retrouvai dans une position similaire, dans un autre véhicule et à New York. À l’époque, nous craignions d’être surpris et d’être embarqués au poste pour exhibitionnisme. Ça généra de la frustration et peut-être plus de pression. Aujourd’hui, je n’étais plus à mon coup d’essai et nous étions mariés. Se rincera l’œil qui voudra, je m’en moquais éperdument. J’avais un incendie à éteindre avant d’être consumée comme les corps et l’entrepôt qui nous servait de décor et, cette fois, rien ne m’arrêterait sur ma lancée. Pas même Mani et ses tentatives pour reprendre le dessus. Il aurait tout le loisir de disposer de moi plus tard et de jouer à ses jeux licencieux qui consistaient à me faire languir, donnant en partie, jusqu’à ce que je le supplie. Ça l’amusait. Moi aussi. Mais, ça me rendait complètement folle. Ce fut par ailleurs la seule réponse que j’opposai à son aveu aux allures de compliments. Tu me rends dingue, tout simplement. « Je t’aime », ce n’était pas assez révélateur de ce que je ressentais réellement ou de ce qui nous unissait. Teresa prétendait l’adorer également, mais ce n’était pas elle qu’il surprit en la plaquant contre le mur du hall de l’appartement loué pour cette escapade. Ce n’était pas elle non plus qui portait son enfant ou qui était complice de ses crimes. Non. Elle, elle se morfondait quelque part dans New York, cherchant du réconfort dans ses combines destinées à m’effrayer. Évidemment, c’était des coups dans l’eau. J’étais hermétique à toutes ses manigances désormais téléphonées puisqu’elle était à court d’idées intelligentes. C’était un tort.

J’aurais dû me montrer moins sûre de moi, bien qu’aucune prudence n’aurait pu empêcher l’accident. Celui-là ou un autre, ça n’avait pas d’importance. Les intentions de Terry étaient claires. Elle n’aurait reculé devant rien, persuadée que si je disparaissais définitivement du décor, mon mari accourait dans ses bas pour se consoler de cette perte, dont elle était responsable, mais pour laquelle il la pardonnerait, réalisant qu’elle le débarrassait d’un poids. Sauf que j’étais coriace, pas à l’épreuve de la tôle de carrosserie d’une voiture à pleine vitesse. J’étais vivante. Du moins, était-ce ce que suggérèrent la douleur et l’armada d’infirmières et de médecin qui m’assaillaient de questions et qui vérifiaient mes constantes. « Vous avez eu un grave accident. » Côtes fêlées, fracture ouverte de l’os du fémur qui nécessita une opération, une perforation du poumon, un léger coma sans gravite et sans séquelle en apparences, des examens complémentaires le confirmerait. De la rééducation sur quelques longues semaines (huit maximum) pour remuscler ma jambe, qu’elle puisse à nouveau me porter. De la patience le temps que mes côtes se ressoudent. Un pneumothorax, réglé, soigné chirurgicalement et quelques difficultés à respirer pendant quelques mois. Plus de sport. Un bras cassé et quelques blessures superficielles. Rien d’alarmant finalement. « Vous vous en sortez bien. Ça aurait pu être bien pire. » Ma tête était lourde. Mon cerveau fonctionnait au ralenti. Un geste simple, comme poser ma main sur mon ventre, me réclama une telle énergie que me concentrer sur le résumé de ces derniers jours me demandait un effort considérable. J’avais l’impression de me réveiller après une gueule de bois carabinée qui avait duré dix ans. C’est long quatorze jours. « Mon bébé. Je veux voir mon bébé ? » Le reste ne comptait pas. Je n’étais même pas sûre d’avoir tout bien intégré. Par contre, j'étais vide. Atrocement vide. « Une psychologue viendra vous voir dans la journée, quand vous vous sentirez un peu mieux. On va vous laisser avec votre mari.» Ça ne répondait pas à ma question principale. « Je n’ai pas besoin d’un psy, je veux voir mon bébé, c’est tout. » J’essayai de me redresser, mais une douleur cuisante me vrilla la poitrine. L’air se raréfia dans mes poumons. Je toussai, ce qui n’arrangea rien. « Je repasserai plus tard. » M’informa le docteur qui échangea avec mon mari un regard qui m’inquiéta. J’accrochai le sien et je le trouvai cruellement fatigué. Il allait mal, à cause de moi, car j’étais une catastrophe ambulante et parce qu’il s’apprêtait à me dire quelque chose que j’avais deviné, mais que je refoulais, de peur de craquer alors qu’il n’avait pas besoin de ça.

« Mani…» lançais-je d’une voix pâteuse. J’avais la nausée. Je luttais pour ne pas me rendormir tant j’avais peur de ne plus jamais me réveiller. J’usai pourtant mes dernières forces pour presser sa main qui détenait la mienne. « Vaguement ! Je… » Je m’effondrai, tout simplement. Les larmes coulaient toutes seules. Je me sentais sale, vide, dégoûtée et injuste. J’avais envie de hurler, de jeter tout ce qui me tomberait sous la main, mais je me fis violence pour me contenir un maximum. Je n’avais pas le droit de faire peser sur les épaules de mon époux le poids de ma culpabilité et de ma peine. Mais, je souffrais tellement, tellement. Mon corps si douloureux était ma planche de salut. L'élancement physique, je pouvais la gérer. Celle de mon cœur qui s’est brisé, c’était une autre paire de manches. Je ne savais même pas quoi dire. Si j’ouvrais la bouche, je lui ferais plus de mal que de bien, alors qu’il avait cru bien faire en organisant des funérailles dignes de ce nom pour notre fils et en lui offrant une sépulture. Il en avait sûrement eu besoin pour faire son deuil, mais moi ? Qui m’aiderait à accepter cette perte pénible ? Cette sensation d’avoir été un tombeau pour mon enfant ? Celle de l’avoir abandonné et de n’avoir pu prendre soin de lui ? Et qu’est-ce qu’il me reste maintenant ? À part une chambre en partie prête ? De la layette plein les armoires ? Les photos des échographies ? Les souvenirs d’une grossesse qui n’a pas été menée à terme ? Une cicatrice qui me barrait le bas du ventre à cause de la césarienne, le flanc et la cheville, pour des raisons évoquées plus tôt ? Je n’osais pas regarder. C’était comme s’il n’avait jamais existé, mais que tout avait été échafaudé pour que je n’oublie jamais. Plus j’y pensais, plus je pleurais à chaudes larmes. « Relève-toi, bébé. C’est ma faute. Tout ça, c’est de ma faute. J’aurais dû t’écouter et profiter de mon temps pour me reposer au lieu de me battre contre des moulins à vent comme si j’avais le pouvoir de changer les choses. J’aurais dû rentrer ou mieux, rester à la maison, comme tu me l’avais conseillé. Je savais qu’elle était après moi et je n’aurais jamais dû foutre le feu chez elle. J’ai mis le feu aux poudres. J’ai été imprudente et présomptueuse. Je n’ai pas su protéger notre enfant. J’ai tout fait de travers. Je te demande pardon, Mani. Je t’en supplie, pardonne-moi, parce que si tu veux, je ne vais jamais me relever. Je le sais. Je ne suis pas assez forte pour ça, pas sans toi. Alors, dis-moi tout ce que tu as sur le cœur. Il n’y a pas de bons moments pour ça. Fais-moi des reproches si tu en as besoin, tant que tu me pardonnes après…» J’avais aussi mal que si on m’arrachait le cœur à mains nues. Et Dieu que j’avais peur des conséquences pour l’avenir. Je n’étais pas assez forte pour surmonter cette épreuve, car je le voulais cet enfant. Je le désirais de tout mon être, de toute mon âme, et je prononçai sans doute la supplique la plus incohérente et la plus pathétique qui soit : « Je veux qu’on me rende mon bébé. » C’était sorti d’un coup, comme ça, avant que mes sanglots m’empêchent d’ajouter quoi que ce soit, si ce n’est miséricorde que je n’avais de cesse de réclamer, mon visage caché entre mes mains.

Après cette crise, et parce qu’il était entendu que mon époux ne pourrait ressusciter notre progéniture et qu’il n’était pas question que je rentre chez moi le soir, j’éteins la lumière sur tout ce que j’étais auparavant, même si je le réalisai beaucoup plus tard. J’exigeai de ne recevoir aucune visite – à part celle de mon mari – sous couvert d’un mensonge monté de toutes pièces avec les médecins et les thérapeutes. Je refusai de voir mon filleul, regrettant de blesser ma meilleure amie au passage, mais je me serais écroulée devant ce petit bonhomme en pleine forme. Je me contentais de prendre des nouvelles tous les jours. C’était mieux comme ça et moins dangereux pour ma santé mentale. J’étais également sujette à des colères qui frôlait l’hystérie, ce qui inquiétait le personnel médical au point qu’il le rapporte à un Mani épuisé. Face à  lui, pour le préserver au maximum, je prétendais qu’elles exagéraient et je feignais de me réjouir des victoires de mon corps. Au bout du troisième jour, je pouvais me redresser sans aide dans mon lit. Je fus ensuite autorisée à me déplacer, la béquille sous le bras, jusqu’à mon fauteuil. Ça m’arracha mon premier sourire depuis les faits, mais il était presque surfait. Je parlais peu. Je m’enfonçais souvent ans des silences profonds. C’était similaire à des absences, comme si je me déconnectais de la réalité parce qu’elle m’était insupportable. Un jour, après l’une de ses longues réflexions, j’abordai avec Manuel le chapitre que j’avais savamment évité : la véritable coupable de toute cette merde. « Je ne veux pas seulement qu’elle meure. »lançais-je en serrant son poignet de toutes mes forces, avec la froideur d’une sociopathe et la détresse d’une victime. « Je voudrais qu’elle souffre longtemps, qu’on lui enfonce un pommeau de vitesse au fond de la gorge ou ailleurs, je m’en tape. Je voudrais qu’elle ait peur, qu’elle ait mal et qu’elle se sente impuissante alors qu’elle sent la vie lui échapper un peu plus tous les jours. Je voudrais aussi que tout ce qui pourrait me faire penser à elle disparaisse. Absolument tout. Même ses gosses. Surtout ces gosses. C’est les gamins du Diable. Ses parents. Tout le monde. Je voudrais pouvoir faire comme si elle n’avait jamais existé, tu crois que c’est possible. » Ces gens-là ne m’avaient rien fait directement. C’était immonde de demander un truc pareil, mais j’espérais que ça m’aiderait à retrouver le sommeil. « Tu dois me trouver ignoble. » Je baissai la tête sur mon assiette à laquelle je n'avais pas touché. Je mangeais peu, mais je fis un effort pour rassurer Manuel. J’engouffrai une grosse fourchette de purée, mais avaler fut plus compliqué. Une bouchée, juste une, et j’avais déjà envie de vomir. La vérité, c’était qu’à défaut d'être suicidaire - Dieu m'en garde -  je souhaitais disparaître, que tout le monde m’oublie, si ce n’est le seul soutien qui me faisait du bien au moral. Dès qu’il quittait la pièce, je paniquais à l’idée qu’il lui soit arrivé quelque chose. Tout comme j’avais peur d’affronter mon reflet dans un miroir. J’avais l’air morte et je me sentais mutilée par ces cicatrices le long de ma jambe, sur le flanc et au bas de mon ventre. Je n’aspirais plus qu’aujourd’hui il m’annoncerait que mon agresseur ne me hanterait plus. J’étais convaincue que tout rentrerait dans l’ordre, sauf que les mauvaises nouvelles s’enchaînaient qet que chacune d’entre elles m’assommait de désespoir.

La danse, c’était pour moi terminé. Plus de ballet. Plus d’entraînement. Plus rien. J’étais juste bonne à crocheter des bonnets pour un filleul que je n’avais toujours pas pris dans mes bras. Je ne servais plus à rien et je m’effondrai à nouveau. Après tant d’efforts pour pleurer le moins souvent possible devant mon mari, c’était du gâchis. Je l’alarmais une fois encore. Je le lisais dans ses yeux et ça me détruisait. « Ils disent que je devrais pouvoir sortir la semaine prochaine. C’est bien, non ? J’ai hâte. » expliquais-je en essayant de lui faire croire que c’était des larmes de joie. Mais, Mani était malin. Ce n’était pas un gosse non plus et je me souvins au détail près de la conversation qui suivit cette histoire de cancer du sein dont j’avais été victime. Le tenir à l’écart de ce que je ressentais était une erreur monumentale. C’était lui envoyer le message subtil que je voulais qu’il sorte de ma vie et c’était de loin la dernière chose que je souhaitais.

Deux options s’offraient à moi : soit je lui confiais ma détresse soit je me secouais. À moins qu’un mélange des deux soit possible ? « Ce n’est pas vrai. Enfin, si, j’ai hâte de rentrer, parce que je suis en train de devenir complètement folle, mais je suis morte de trouille. J’ai peur d’être confrontée au regard des autres, parce que si on me regarde avec pitié, je vais avoir envie d’égorger tout le monde. Je reçois des tas de messages, des vœux de bons rétablissements, et toutes des conneries du genre, mais il n’y a personne qui me parle comme si tout était normal et je n’ai pas envie de ça. Je n’ai pas envie qu’on s’approprie ce qui vient de se passer pour qu’on me traite ensuite comme si j’étais une pauvre petite chose meurtrie par la vie, qu’on me regarde en se disant que c’est super injuste, que je ne méritais pas ça. Parce que ce n’est pas vrai. J’ai loupé le coche avec cette pute. Je n’ai pas fait ce que j’aurais dû faire depuis le départ parce que j’ai cru qu’elle arrêterait si je ne répondais pas. C’est comme ça que les gens normaux règlent leur problème d’habitude et… j’ai cru que ce serait le mieux.  Je pourrai plus danser. Le médecin dit que, même si je fais des super progrès et que je devrais arrêter de clopiner d’ici une semaine ou deux, je ne pourrai plus. Il dit aussi que bosser va être compliqué pendant au moins six mois et, ce n’est pas grave dans le fond, je ne sais déjà pas si je vais oser traverser un trottoir sans flipper, mais ça cumulé aux faits qu’il croit plus judicieux d’attendre au moins deux ans avant d’essayer d’avoir un autre enfant et être obligée de venir ici tous les jours pour de la rééducation.. »

Mon menton balançant, j’étais à deux doigts de rempiler pour une nouvelle crise de larmes. « Ne pas pouvoir conduire, éviter les longues distances... À chaque fois qu’on me dit un truc dans ce goût-là, c’est comme si on me disait : hé, ma grande, tu as perdu le contrôle de ta vie, mais ce n’est pas grave, tu respires, tu devrais être contente. Ça me fout en l’air. Je ne suis plus libre de faire ce que j’aime ou de me laisser porter par le courant. Et puis, regarde-moi, je suis ignoble, je ne me ressemble plus. J’ai mal quand je respire. Je dois faire attention à chaque mouvement que je fais pour ne pas réveiller cette putain de douleur dans mes côtes. Je suis gavée d’antidouleurs du matin au soir. Je voudrais bien arrêter de les prendre, mais c’est insupportable si je réduis la quantité. » Je soulevai mon ample pantalon de jogging. Il était sans forme, comme moi. « Elle est immonde et ce n’est pas la seule » Je la dissimulai aussi vite. Je ne voulais pas la voir, savoir était suffisant. « Je crois que, ce que j’essaie de te dire, c’est que je ne sais plus où j’en suis et qui je suis. Elle ne m’a pas seulement pris mon bébé, elle m’a volé ce que j’étais, ce que j’aimais et mon intégrité physique. Heureusement que je t’ai, tu sais, je ne sais pas ce que je deviendrais sans toi. » lui confessais-je en portant sa main à mes lèvres. « Mais, ça va aller. Je vais me reprendre, tu sais. Je suppose qu’il me faut du temps. Non ? Tu ne crois pas ? »


***

Le retour à la maison fut aussi compliqué que je l’envisageai. J’évitais la chambre du bébé. Je m’endormais dans le divan, non pas pour que Manuel me préserve d’avoir à grimper l’escalier – avec une béquille, ce n’était pas évident – mais car à côté de la chambre, il y avait celle que nous avions choisie pour notre enfant, j’étais tentée d’ouvrir la porte et je savais que ça me ferait plus de mal que de bien. Je préférais m'abstenir. Au lieu de ça, je vidai mes commodes de toutes mes robes. Je me commandai des pantalons en ligne. Je n’avais ni envie de sortir ni d’essayer ni de m'observer dans un miroir. Le bon côté des choses, c’était que j’arrivais à nouveau à sourire lorsque la situation s’y prêtait. Ettore ? Je ne l’avais toujours pas vu, pas même en photo. ça me terrorisait. Lyla ? Je lui téléphonais tous les jours, pour m’excuser, mais je ne lui parlais pas vraiment de ce que je ressentais, ce qui la blessait profondément. Au bout d’une semaine à tourner en rond, à cuisiner pour m’occuper les mains, à veiller toute la nuit et à dormir toutes mes matinées, je sus que je ne pourrais pas échapper à une conversation. Le regard de Mani en disait long. Il était fou d’inquiétude, certainement parce qu’il n’aimait pas l’idée que je m’isole, que je me cache, que je me change en partie dans le noir, que je barre les miroirs de la salle de bain, l’air de rien, à l’aide d’une serviette, afin de ne surtout pas croiser les séquelles physiques de mon corps et être forcée de les accepter. « Je vais sortir, je te promets, je vais prendre rendez-vous chez le coiffeur. Il faut juste que tu me laisses un peu de temps, mon ange. Le temps que je me rétablisse complètement. Quand je pourrai marcher sans aide sur des talons. Je te jure qu’à ce moment-là, je vais me montrer. Et puis, de toute façon, je vais quand même devoir le faire, j'ai reçu une convocation des flics. Je suppose qu'ils veulent savoir pourquoi je ne porte pas plainte... Comme si ça serait à quelque chose.»









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Manuel Herrera
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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyLun 24 Oct - 18:04

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei



Son système de protection n'était pas fiable. Malgré les purges internes régulières et la surveillance ainsi que la méfiance constantes, il y avait des ratés. D'abord avec son enlèvement en pleine rue pour terminer interné dans un asile psychiatrique et maintenant, l'accident de Cinzia. Il aurait dû prendre les dispositions qui s'imposaient, ce qu'il avait fait mais visiblement pas assez sérieusement. La culpabilité le dévorait autant que ce sentiment d'échec qui le rendait fou et agitait la bête. Il ne se tenait tranquille uniquement à cause de l'inquiétude qu'il nourrissait pour sa femme et le besoin de savoir qu'elle irait bien mais l'annonce de la mort de l'enfant brisa quelque chose en lui. Son imprudence avait coûté la vie de son fils et risquait d'emporter sa femme. L'amour l'avait rendu stupide et inconséquent, il aurait à répondre de ça, comme du reste. Il se souvenait encore avec exactitude du discours de Luciano concernant les dangers qu'impliquait le fait d'avoir une famille et jamais cela ne se révéla plus vrai que maintenant. Il existait des failles qu'il avait refusé de voir parce qu'il estimait qu'il s'agissait là des brèches permettant à sa femme de respirer un peu, parce qu'il était parfois trop strict et intransigeant, ça n'aurait jamais dû arriver, il n'aurait jamais dû se ramollir de la sorte car si ces failles étaient de belles opportunités pour sa femme, elles étaient surtout des portes grandes ouvertes pour le danger. A la première tentative de Teresa, il aurait dû la descendre, quand il entendit parler de son association avec Achille, il aurait dû lui arracher les ongles un par un et l'éventrer comme une truie pour qu'elle ne soit plus jamais un problème. Au lieu de ça, il lui avait donné l'impression qu'elle pouvait tout se permettre en toute impunité et elle avait foncé tête baissée, voyant ça comme une chance de récupérer ce qui n'avait jamais été à elle. Cependant, elle n'était pas l'unique responsable de la situation, à vrai dire, la responsabilité de tout ça reposait sur les épaules du jefe. Il était celui qui devait palier à la moindre éventualité, celui qui devait éviter un maximum de dangers et principalement à son épouse qui avait besoin d'être protégée. Il avait juré qu'il prendrait soin d'elle, jusqu'à la fin de  leur vie et voilà ce qu'il advenait. Il en avait la nausée, il se méprisait autant qu'il était fou de rage et il aurait beau passer des heures à torturer cette traînée, ça ne lui ramènerait pas son fils. Tout le monde devait prier tout son saoul pour que Cinzia survive, car si elle n'y parvenait pas, rien ni personne ne pourrait préserver l'humanité du sort qu'il lui réservait. Pour le moment, elle tenait bon, il espérait qu'elle ne l'abandonnerait pas, il avait besoin d'elle.



Dans son costume d'un noir d'encre, il se tenait devant le cadeau encore vide et le minuscule cercueil de son fils. Dans son dos, il y avait foule. Il n'avait contacté personne mais la nouvelle s'était répandu comme une traînée de poudre et chacun avait tenu à venir présenter ses condoléances à l'homme qui avait fait tant pour sa communauté et qui, aujourd'hui, avait besoin d'elle. Luciano et Lyla n'étaient pas loin, Ettore et Girolama étaient également là, son cousin, Muñez. Les autres n'étaient que des masses informes et sombres. Sa petite soeur n'était pas là, pourtant, il aurait eu besoin de sa spontanéité et de sa force de caractère pour tenir le coup tandis que le prêtre récitait son sermon. La messe pour le petit Manuel avait été magnifique, des fleurs ne cessaient d'arriver, provenant des quatre coins du Bronx et même d'ailleurs et après le don qu'avait fait le jefe à l'église du quartier, le père Edgardo avait tenu à être là lors de la mise en bière. Il resta digne, presque impassible, quand on enferma son fils dans une boîte, quand on enfonça cette boîte sous terre alors qu'il n'avait même pas eu la chance de respirer une seule fois en-dehors du ventre de sa mère, même pas eu la chance d'essayer, d'échouer et de recommencer. Il posa sa main quelques instants sur ce petit cercueil blanc sur laquelle il posa la seule rose rouge de toutes les fleurs qui seraient posées là et emportées avec lui. Les autres étaient des fleurs en tous genres, multicolores, festives, comme pour lutter contre la morosité de l'instant. Il n'avait pas été à la hauteur de son rôle de père, il avait abandonné sa femme et son fils, il aurait dû se retrouver dans le caveau à sa place. Une paume le sortit de sa rêverie, celle de Luciano qui lui donna l'accolade, il lui proposa de le raccompagner mais il déclina, fonçant à l'hôpital en espérant voir sa belle reprendre connaissance. Il ne dormait plus, incapable de fermer l'oeil et quand il rentrait chez eux, entre le boulot et l'hôpital, il s'enfermait dans son atelier/bureau pour peindre et des dessiner des choses monstrueuses, ce qu'il n'arrivait à exprimer par les larmes ou les cris et qui avait besoin de sortir. L'espace d'une nuit, il peignit trois toiles, toutes plus macabres les unes que les autres avant de se traîner à la douche et de partir suite à l'appel de Jandro pour une nouvelle affaire. Plus sévère que jamais, il ne laissait passer aucune erreur et au moindre soupçon, il exécutait sans se poser de questions. Toute la famille de Teresa avait été raflée et enfermée dans un endroit où il pouvait garder un oeil sur eux et leur faire subir le sort qu'il aurait décidé quand il aurait le recul nécessaire. La coupable n'eut pas autant de chance. Après avoir subi les assauts incessants de tout un tas d'agresseurs différents, ce fut des jours et des jours de torture avant qu'il ne lui permette de fuir, lui ordonnant de courir pour lui foncer dessus en voiture. Il passa et repassa sur son corps en lambeaux avec hargne, n'ayant pas l'impression que ça remplissait le vide que la mort du petit avait creusé mais elle ne serait plus un problème. S'il en avait eu le pouvoir, il aurait accroché les morceaux de son corps à l'entrée du Bronx, comme un avertissement.


Devoir annoncer la vérité à sa femme lui donnait l'impression d'être la faucheuse en personne, il eut mal au coeur quand elle demanda à maintes et maintes reprises à voir le petit mais il tint bon, s'il craquait, quelle raison aurait-elle de tenir bon, hein ? Patiemment, il l'écouta, se disant qu'elle ne pouvait avoir plus tort, c'était son rôle à lui de les protéger, au détriment de sa liberté et de son bonheur parfois, pour qu'elle soit toujours en bonne santé et voilà ce qu'avait donné son laxisme. Il se releva, caressa ses cheveux et déposa un baiser sur son front après avoir posé son séant près d'elle sur le lit. Il porta sa main à ses lèvres, lui offrit un sourire. « Je t'aime, je suis content que tu sois en vie ! » fut tout ce qu'il lui opposa, il n'était pas question de rentrer dans un autre débat avec elle, ni maintenant, ni jamais. Il devrait sûrement parler de la mort du petit Manuel pendant des semaines et puis il ne serait plus question d'aborder le sujet, jamais. Il ne  voudrait plus y penser.  Tout ce dont il devait se concentrer, c'était elle et son rétablissement, ce qui n'était pas une mince affaire. Elle semblait à bout de nerfs et d'énergie, le personnel médical peinait à la maintenir à flots et elle était sujette à des crises de colère d'une rare violence. C'était compréhensible, elle venait de perdre un enfant qu'elle avait porté presque à terme, qui n'aurait pas eu le même genre de réaction ? Il essayait de discuter avec elle, de la faire se confier et vider son sac mais elle affichait sans cesse un sourire de surface, elle voulait lui donner l'impression que tout allait pour le mieux, qu'elle reprenait le contact mais ça ne faisait que l'inquiéter davantage et le sommeil n'était toujours pas de retour. « Elle a eu son compte, quant à ses enfants et ses parents, ils n'attendent plus que toi. Leur sort sera celui que tu as décidé ! Je te trouve juste, c'est ainsi que vont les choses ! On est responsable de ce que font les gens qu'on aime et ceux que l'on met au monde et il hors de question que ses enfants puissent vivre alors qu'elle nous a enlevé le nôtre ! » Il aurait pu se montrer clément, les gamins étaient des amours qu'il avait toujours adoré avoir avec lui mais ils n'étaient pas les siens et ils étaient l'engeance d'une salope de compétition qui avait forcément dû transmettre ses déviances à sa progéniture, ils étaient des dangers potentiels qu'il n'offrirait pas au hasard. Il les sacrifierait sur l'autel de l'éventualité, selon la méthode qu'aura choisi sa femme. Ses larmes le poussèrent à retirer ses chaussures pour se faire une place près d'elle dans son lit, dans ses bras, elle avait toujours l'air si minuscule, si fragile. Il la serra contre lui comme il put pour ne pas a faire souffrir et l'embrassa, se demandant pourquoi elle continuait de lui mentir alors qu'en un regard, il lisait en elle comme un livre ouvert.


« Cinzia, ce qui est arrivé n'est pas ta faute mais la sienne ! Ca, c'est un point non discutable ! Et tu pourrais sans doute avoir le droit à un peu moins de compassion si tu laissais Lyla entrer ici pour te voir ! TU sais très bien que c'est pas son genre et ça te ferait du bien de voir du monde ! Quant au médecin, qu'il aille se faire foutre, qu'est-ce qu'il en sait lui ? Combien de fois ils ont annoncé à des gens que je connais qu'ils allaient crever et ils sont toujours là ! Ils vont mieux que jamais ! Si tu as envie de danser, tu danseras, c'est pas lui qui va en décider, pour qui il se prend, ce connard ?! » Il se garda bien de revenir sur le sujet du boulot, pour le moment, il était inenvisageable qu'elle s'éloigne de lui ou de chez eux, surtout pas pour mener une quelconque carrière professionnelle, sa santé mentale n'y survivrait pas. « L'enfant viendra quand il viendra, on n'est pas pressés et puis la rééducation, ça peut être cool, tu vas voir des gens, tu vas pouvoir récupérer de la mobilité et s'il le faut, je viendrais avec toi à chaque fois ! Je pourrais insulter le kiné pour toi. » lui proposa-t-il avec un large sourire, espérant que ça la convaincrait et qu'il réussirait à lui remonter le moral malgré tout. Elle lui montra sa cicatrice et il se redressa pour y jeter un oeil, elle la recouvrit aussi sec et il s'insurgea. « Hé, mais attends, j'ai pas bien vu, et moi ça m'excite grave les cicatrices ! T'es encore plus belle qu'avant ! Allez, montre-moi ! Allez !! » la taquina-t-il, ne revenant pas sur tout le reste, il n'était pas question de l'encourager là-dedans, sa situation était triste et peu enviable, certes, mais il ne voulait pas qu'elle s'apitoie sur son sort, elle devait se relever et reprendre le cours de sa vie, pour elle comme pour lui, à ce rythme là, il ne tiendrait plus bien longtemps. Il n'y avait qu'avec elle que sa folie la mettait en veilleuse, à l'extérieur, il n'était plus que le monstre qu'il avait toujours craint de devenir. « Oui, je suppose mais ça ira, tu verras, on est des rapides nous, on fait tout super vite et bien ! »



***



Lyla revenait déjà, tous ses cadeaux dans les bras, c'était la deuxième fois que Cinzia lui faisait le coup et Mani désespérait. Quand elle accepterait que sa meilleure amie entre dans la chambre, ce serait un pas de plus vers la guérison. « Alors ?! » « Elle a encore trouvé une excuse bidon, j'ai essayé comme j'ai pu mais y avait pas moyen. Je reviendrai demain... » Il soupira, se passant une main dans les cheveux. « Ca va toi ? Dans ce sac, y a ce que j'ai préparé pour ce soir, je t'en ai amené pour que tu manges un peu, t'as l'air fatigué, faut te reposer, Mani, tu l'aideras pas si t'es à bout de forces. » « Je sais, mais je n'arrive pas à fermer l'oeil, je n'aime pas quand elle est loin de moi. » « Je comprends, si tu as besoin de quoi que ce soit, Mani, on est là ! » Il la prit dans ses bras, la remerciant d'être passé et finit par l'appeler le soir même. « Demain, il faut que tu entres en forçant, Lyla, elle a besoin de toi, je ne pourrais pas l'aider tout seul. Trouve un truc dont t'as le secret ! » « Promis ! Tu fais quoi, là ? » « Rien, pourquoi ?! » « Viens manger à la maison ! Ca fera plaisir à Lucky ! » Pris au piège, il fut incapable de refuser. Un peu nerveux à l'idée de se retrouver à la table de son meilleur ami sans sa femme, il se détendit une fois qu'il fut accueilli avec un verre de whisky et des toasts. Il n'avait pas mangé un vrai repas depuis des jours, se contentant d'avaler ce qui lui passait sous la main et quand il pensait à s'alimenter, tout simplement. Il fut même capable de prendre le petit dans les bras alors que Lyla allait chercher de quoi le changer. Cette soirée lui permit de renouer un peu avec son humanité et termina de le convaincre qu'il fallait doucement mais sûrement remonter la pente, la vie continuerait, avec ou sans eux. Son retour chez eux fut bien moins glorieux qu'il ne l'aurait imaginé. Elle ne passait pas toutes ses journées couchées mais elle avait l'air d'un vrai zombie, tous les miroirs étaient couverts et s'il ne la portait pas jusqu'à leur lit, elle passait la nuit dans le canapé, ce qui le rendait malade. Littéralement. Souvent, après l'avoir installé dans leur lit et couverte, il ne trouvait pas le sommeil et s'enfermait dans son atelier pour le reste de la nuit avant de descendre faire du café pour lui apporter et la réveiller doucement. Ses journées ne commençaient pas avant le début d'après-midi et elle s'était calquée sur son rythme. Pourtant, chaque fois qu'il rentrait et qu'elle était encore éveillée, il lui demandait si elle était sortie, si elle avait vu du monde mais les réponses étaient toujours les mêmes. Il essayait de repasser le plus souvent possible, pour quelques minutes, l'embrasser et repartir, s'assurer qu'elle ne manquait de rien mais sa vitalité d'antan lui manquait. Doucement mais sûrement, il se sentait lâcher prise, son mal-être gonflait, encore et encore, bientôt, il exploserait et il ignorait comment ça se traduirait. « Je ne vois pas en quoi le fauteuil est un problème ! Depuis quand t'as quoi que ce soit à foutre de ce que les gens pensent de toi ? Hein ? Moi je vais te dire ce qu'on va faire, j'ai ma journée, on va monter, je vais t'aider à te préparer et tu vas mettre une superbe robe. Et puis on ira chez le coiffeur, on va même passer dans le salon de la copine de ma soeur, la gringa ! Elle va te maquiller, te faire les ongles et te pomponner et après on ira au comico. »


Ce n'était pas négociable, il l'avait déjà agrippée pour la monter à l'étape et la déposer dans la salle de bain. Ils avaient installés une chaise dans l'immense douche pour qu'elle puisse se laver sans avoir besoin de de l'aide de qui que ce soit mais il tint à ce qu'elle l'appelle pour qu'il lui apporte sa serviette. Il eut le temps de lui faire une petite sélection des robes qu'il préférait et la laissa choisir, il n'était pas question qu'elle mette un de ces pantalons déprimants. « Y a un truc génial qui s'appelle un bas, tu peux mettre ça, je pourrais même te les mettre, j'ai plus l'habitude de les enlever mais bon, faut bien que j'apprenne ! On a qu'à dire que c'est la journée des contraires ! » lâcha-t-il en ricanant en voyant qu'elle était sur le point de céder. Elle arbora sa magnifique robe qui avait l'air de flotter à présent, ils durent vider l'armoire pour en trouver une qui était à sa taille et il fut satisfait quand elle enfila une petite veste par dessus, il la retrouvait enfin. Il lui enfila lui-même ses chaussures. « Ma cendrillon ! » ne put-il s'empêcher de dire, riant comme un gosse alors qu'il lui passait son manteau et qu'il mettait sa propre veste. Il lui en fallait de l'énergie pour coller un sourire sur son visage chaque fois qu'il poussait la porte de chez eux, pour rire et dire des conneries dès qu'ils se retrouvaient tous les deux, parce qu'il ne voulait pas qu'elle soit triste, il voulait qu'elle retrouve sa joie de vivre et qu'elle reprenne du poil de la bête. « J'ai invité Lyla et Jez ce soir, pour une soirée pyjama. J'ai acheté des films et de quoi grignoter pour vous, elles étaient excitées comme des puces, j'ai supposé que Lyla avait prévu de ramener une nouvelle boîte à malice ! J'ai beaucoup de boulot et je dois me rendre à l'autre bout de la ville, je ne sais pas combien de temps ça va prendre, je préfère savoir qu'il y a des gens de confiance pour veiller sur toi. » En réalité, il l'obligeait à voir du monde, parce qu'elle en avait besoin et qu'elle apprécierait dès que les filles seraient là. Sa fausse pudeur, ses conneries de vouloir se couper du monde, ça allait cinq minutes, il était hors de question qu'elle s'emprisonne et se pourrisse la vie à cause de la folie d'une autre. « Ne t'avise pas de les désinviter, Herrera ! Elles aussi, elles ont besoin de souffler ! Vous pouvez même inviter un strip teaseur que j'en ai rien à foutre, tant que vous vous amusez ! Bon, peut-être pas le type huilé et pédé comme un phoque, mais t'as compris l'idée ! Et demain, on commence à faire passer les entretiens pour la femme de ménage, le midi, je t'emmène déjeuner et puis l'après-midi, on ira faire du shopping ! Je ne supporte pas tes pantalons ! Ne le prends pas mal mais quand on a des jambes aussi sexy, faut les montrer !  T'imagines comment ils se sentent tous ? Hein ? De ne plus voir ce qu'ils ratent ?! Non, on ne peut pas leur faire ça ! » Ils n'eurent pas loin à aller pour gagner le nouveau complexe commercial dont il était à l'origine et il ne la quitta pas d'une semelle, jalonnant chaque moment  de boutades et de sourires, ne manquant pas de faire l'imbécile, ramassant des cheveux par terre pour se faire une moustache, puis des rouflaquettes, puis une perruque. Dans le salon d'Amelia, il se mit du vernis rose, prétendant qu'il se préparait psychologiquement si jamais il rentrait plus tôt pour assister à la soirée pyjama, il eut un mal fou à le retirer, surtout qu'il s'en était mis partout mais ce n'était rien à côté de la boîte de paillettes qu'il ouvrit, curieux comme un gosse et qu'il se renversa partout, déclenchant l'hilarité générale. « On dirait bien que je suis prêt pour le remake de Priscilla folle du désert ! »


***


La maison était silencieuse, il était tard, ou tôt, cela dépendait de quel point de vue on se plaçait. Il était face à sa dernière toile, les yeux cernés de noir, signe qu'il ne dormait plus depuis trop longtemps. Ses mains tremblaient mais ce n'était rien à côté du sang qui recouvrait ses mains, jour après jour, comme pour assouvir ce besoin de faire payer au monde entier ce qu'on lui avait volé de son propre fait.  Il n'arrivait plus à enfermer le monstre, il n'arrivait plus à reprendre le dessus et il se battait avec ses vieux démons pour rester maître de sa barque, rien de plus difficile. Il observa sa toile avec désespoir, il peignait sans cesse la même chose sous différentes formes mais il n'y avait plus de couleurs hormis le rouge. Il l'effleura du bout des doigts, retirant la peinture qu'il venait d'appliquer avant de fondre en larmes, les premières depuis qu'on avait fauché sa femme et pris son fils. Il lâcha tout et prit son visage entre ses mains, sanglotant en silence, espérant que la douleur finirait par s'estomper, espérant qu'il parviendrait à aller de l'avant malgré tout. Cela dura ce qui lui parut être une éternité. Puis il agrippa toutes ses oeuvres et les descendit dans le jardin, il constitua un bûcher et l'aspergea avec la bouteille de tequila qu'il tenait fermement avant d'y mettre le feu. Il s'installa là, fumant son joint jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des cendres et il se traîna jusqu'à chez eux pour remplir un seau  d'eau, le verser sur les braises et monter prendre une douche. Il vint se coucher près d'elle peu après, la prenant dans ses bras pour s'endormir vraiment pour la première fois depuis des semaines. Lorsque son téléphone sonna et que la voix de Jandro retentit, il lui conseilla de faire sans lui pour la journée avant de se rendormir. Peut-être que ça signait le début d'un nouveau cycle.


 




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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyMar 1 Nov - 0:37

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei


Il n’était pas fâché après moi à cause de l’accident. Il se m’en voulait pas on plus d’avoir perdu notre bébé. Au contraire, il m’aimait encore, peut-être même plus tant il redouta l’idée de ma disparition. Or, j’étais en vie, c’était l’essentiel. Je me sentais dépossédée de moi et de mon enfant jusqu’alors source d’une joie incommensurable, je respirais mal et j’avais l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur, mais j’étais toujours là, avec cet homme qui, grâce à sa persévérance, dévoila le but de mon existence et, en l’occurrence, de ma survie. L’adorer, le réconforter, jalonner son quotidien de moments simples et heureux, c’était ce pourquoi j’étais venue au monde et je m’en serais rappelée si j’avais été moins concentrée sur ma propre souffrance et sur mes sombres sentiments qui réclamaient vengeance. Or, je me comportais comme une égoïste et chacun en faisait les frais. J’utilisais Mani comme une béquille pour me soutenir durant cette épreuve, si bien que, vidée de toute mon énergie, je cessai de lui offrir des sourires de façade destinés à le rassurer. J’accouchai de mes craintes, de mes appréhensions et de mes déceptions tout de go, afin qu’il m'apaise, l’exigeant inconsciemment, en lui imposant des larmes incontrôlables. J’aurais tant aimé pouvoir l’épargner, sauf que, Carolia elle-même, qui affrontait son destin avec détachement n’aurait pas réagi beaucoup mieux. J’étais cependant aussi fragile qu’un oisillon sortant de sa coquille. Le monde extérieur me terrorisait. J’avais pitié de moi et je prêtais le même genre de considération à tous mes proches. Manuel semblait être le seul de nous deux à se souvenir que j’étais plus solide que je n’en avais l’air dans ce lit d’hôpital. Et puis, ses bras sont devenus mon refuge, par choix, par obligation et par amour.

Il me répétait si souvent que prendre soin de moi ou veiller à mon bien-être était un rôle dont je n’avais pas le droit de le priver que lui confier mes états d’âme était désormais normal et primordial. Au vu des circonstances, de nos premières expériences face à l’adversité en tant que couple et notre relation presque fusionnelle, m’épancher sur son épaule et trouver du réconfort auprès de mari, allongé à mes côtés était de l’ordre du besoin. Je me sentais déjà presque mieux. Ça n’effaçait rien, mais ça rendait ce drame plus insupportable. « Oh, de toute façon, je ne suis pas prête à reprendre mon existence là où je l’ai laissé. » Dieu ne me ramènerait pas mon bébé, mais le blog, un enfant, le ballet, c’était accessoires. Le combat le plus utile, c’était de me reconstruire, tirer un trait définitif sur cette histoire, apprivoiser les conséquences et mes espoirs déchus et embrasser la nouvelle personne qui naîtrait de toute cette merde. Je serais forcée de ressusciter en moi de l’intérêt pour ce que je suis, physiquement et mentalement. « C’est juste que je n’aie pas qu’on me mette des gros stops avant même que j’aie pris la route. C’est frustrant. » lui expliquais-je beaucoup plus calme maintenant qu’il était allongé à mes côtés et que je pouvais me dissimuler dans ses bras, humer son parfum, calquer ma respiration sur la sienne et entendre battre son cœur. Qui mieux que lui pour comprendre la frustration de l’interdit. Il ne l’appréciait pas plus que moi. Il les tolérait, en fonction de qui ils viennent. Mais, les médecins, ils ne savent rien de qui je suis ou de ma force. « Ah ouais ? C’est vrai ? Tu ne dis pas ça pour me faire plaisir ? » je désignais la cicatrice qu’il découvrait malgré mes réticences. « Oh, je suppose que dans ce cas, je devrais apprendre à m’y faire. » conclus-je en l’embrassant à mon tour, confiante, plus que je n’en étais réellement capable.  

De retour à la maison, mon image me déplaisait encore, mais je ne la cachais pas à mon époux, juste à mon œil critique. Bourrée de complexes, je ne m’étais jamais beaucoup aimée. J’appris à me trouver jolie grâce à mon mari, car il paraissait subjugué dès lors qu’il posait le regard sur moi. Alors, s’il me prétendait toujours aussi belle, je le croyais. C’était du baume sur mon cœur, bien que ça ne change pas grand-chose à mon comportement général. Je me prémunissais tout de même de la pitié de mon prochain en vivant en autarcie dans mes quatre murs. Je ne quittais ma demeure que pour me rendre chez le kiné, Mani me servant de bouclier. Sans lui, jamais je n’aurais mis les pieds chez le coiffeur ou chez Amelia. Pour tout avouer, j’avais lâché ça au hasard dans l’espoir de le rassurer sur mon moral, mais il me prit au piège. J’étais à l’arroseur arrosé. Je me retrouvai sous la douche sans avoir eu le temps d’ouvrir la bouche et si je fus tentée de le supplier de ne pas me forcer la main, je me fis violence, pour lui, parce qu’il avait besoin de normalité, de ma joie de vivre, de mon enthousiasme habituel quand nous nous préparions à sortir, en résumé, de la femme dont il était amoureux et qu’il avait épousée. Elle n’était pas loin. Elle sommeillait quelque part au fond de moi, réduite au silence à cause de l'anxiété, mais elle n’était pas morte dans l’accident. Nous le savions tous les deux lui plus que moi et il s’employait à lui chatouiller les pieds. Il m’aidait à m'habillait, me proposait des solutions et me couvait des yeux. Ça me touchait. J’étais sa Cendrillon et il avait tout du Prince Charmant. Alors, avant de partir, mon baiser était reconnaissant et cette fille terrassée par l’angoisse reprit le dessus. Elle se rappela à notre bon souvenir, conquise par les attentions de l’homme de sa vie.

Il se pliait en quatre pour que j’affiche un sourire, il obtint bien plus que ça. « Herrera ! » répétais-je en gloussant comme une dinde, badinant et me dandinant à ses côtés. «Si tu me prends par les sentiments, comment veux-tu que je désinvite qui que ce soit ? Je kiffe tellement quand tu m’appelles comme ça. Ça sonne super bien en plus, tu ne trouves pas ? Hein ? Hein ? » M’aurait-il détrompé que j’aurais feint de bouder. « Blague à part, je serai contente de les voir. Je n’ai plus vu Jez depuis un bout de temps alors que je sais qu’ils sont revenus de leur voyage à cause de moi. » le rassurais-je, la tête baissée sur mes pieds. J’avais causé tellement d’inquiétude autour de moi. « Mais, tu sais, je ne suis pas malheureuse à la maison. Je m’y sens bien. » À l’excepté de quelques pièces que j’évitais soigneusement. « Tu peux partir tranquille, tant que tu rentres à la maison bien sûr. D’ailleurs, qu’est-ce qui va t’occuper aussi loin ? » m’enquis-je avec curiosité, regrettant de ne pouvoir l’accompagner, parce que j’étais un véritable boulet pour le moment. « Une femme de ménage, c’est cool, mais ça donne l’impression que je suis une princesse grave feignante qui n’est pas fichue de s’occuper de sa maison et donc, par extension de son mari. Bon, OK, pour le moment, on ne peut pas dire que je suis du genre super efficace, mais… tu n’as pas peur que ça alimente les ragots ? » Les rumeurs couraient déjà bien assez vite pour qu’on en rajoute une couche. Je crus sentir quelques regards pesants sous mon passage, mais pas à cause d’un décolleté ou d’une robe saillante à, je cite, damner un Saint.

Le reste, j’acceptai bon gré mal gré, me demandant comment essayer des vêtements sans me dégoûter et sans que mes flancs me fassent trop souvenirs. À chaque facétie de Manuel, je soutenais mes côtes, réprimant une grimace, optant pour celle qui exprimait au mieux mon hilarité. J’éclatais de rire, c’était plus fort que moi. J’oubliai que nous n’étions pas seuls au monde, ma cicatrice irritée par le lycra de mes bas et ma peine. Certes, c’était le genre de journée très fatigante que l’absence de mon fauteuil – je préférai souffrir plutôt que d'être comparée à Odair – compliqua légèrement, mais j'étais rassérénée et assez ressemblante à ce que j’étais pour contempler mes traits et ma nouvelle coupe de cheveux dans un miroir. C’était une victoire et je lui en étais reconnaissante. « Tu te souviens, un jour, je t’ai dit qu’après t’avoir rencontré, j’étais décidée à faire partie de ta vie. Mais, si je t’ai épousé, c’est parce que je suis tombée amoureuse de toi à la seconde même où je t’ai vu sur le parking. Quand j’y repense, c’était la honte quand même. Tu te rappelles ? J’étais complètement ivre. J’étais encore cohérente, enfin je crois… mais pas vraiment dans mon état normal. » Je m’en amusai, parce que je ne l’échangerais contre aucune autre rencontre. « Enfin, je pense à ça parce que je me dis que ça n’a fait que grandir depuis, et qu’on a traversé tellement de choses ensemble déjà. Il n’y a pas de raisons pour que ça ne s’arrange pas. » Je lui racontai que les médecins étaient optimistes concernant mes  blessures les plus handicapantes. Bientôt, je n’aurai plus besoin du fauteuil. Les béquilles, au mieux, quand je serais fatiguée. Plus que quelque mois de patience. Et puis, tu sais, c’était ce dont j’avais besoin, cette journée. Je pensais que ce serait plus difficile que ça. » Même le commissariat vite pesé et emballé. En réalité, les semaines suivantes, alors que je respirais moins lourdement et que me déplacer ne m’essoufflait plus comme si j'étais âgée de cent ans, je ne sortais toujours sans mon conjoint. Si je souhaitais m’aérer, je me baladais dans le jardin ou sur le perron, assise sur la balancelle. C’est à cet endroit précis que Jandro me fit de l’ombre de son impressionnante carrure. Il avait à me parler de toute urgence, ce qui était somme toute un miracle. Nous n’échangions, en général, pas plus de deux phrases complètes sur la journée, si bien que j’en déduis qu’il ne m’appréciait pas beaucoup, ce qui par ailleurs me chagrinait. Je lui offris un café, mais il le but à l’extérieur. Aucun gars, hormis mes frères, ne passait la porte de ma maison si j’y étais seule, y compris son cousin. Avec lui, cette précaution n’était certainement pas utile, mais je n'y dérogeais pas pour notre bien à tous les deux. La jalousie de Manuel le rendait dingue et c’était bien de cette folie que le Salvadorien m’entretenait, la cause était seulement différente. D’après lui, il soufflait sur le Bronx un vent de terreur. Il décimait ses hommes pour un détail.

Dans les pupilles de Manuel dansaient les flammes de l’enfer où reposait de moins en moins souvent le Cerbère en lui et il était impératif que je fasse quelque chose, parce que c’était intenable. Il l’était et, s’il n’émettait ouvertement le jugement qui me déclarait en partie responsable, je le compris comme tel. Est-ce que je m’en vexai pour autant ? Non ! J’étais consciente qu’une part de moi affabulait et entendait ce que je redoutais. Je promis que j’essaierai d’en discuter avec lui, de distinguer d’où venait le problème puisque Teresa était morte et que nous ne nous entretenions jamais de notre bébé. Était-ce là la clé ? Était-ce la perte de ce petit être innocent qui le rendait aussi irascible ? Ce ne serait pas étonnant. Il devait souffrir au moins autant que moi et, pour en avoir le cœur net, je cheminai lentement mais sûrement jusqu’à son atelier, histoire de me faire une idée de ce qui lui passait par la tête. Ce n’était pas compliqué. Ses toiles parlaient pour lui. D’habitude, certaines étaient chargées d’espoir, d’autres inspiraient l’inquiétude. Cette fois, elle n’était que rouge cardinal ou sang coagulé. Elles étaient excessivement bien réalisées. Elle serait du plus bel effet dans une galerie ou dans un salon blanc immaculé, mais je n’aimais pas ce qu’elle suggérait. Ce n’était pas la couleur de la passion, mais celle de la violence et de la destruction. Fascinée et horrifiée à la fois, je compris soudainement que, si je n’étais pas responsable de l’accident, je nourrissais sa culpabilité en freinant des deux pieds à accepter la situation. Or, je n’avais strictement aucune envie de céder à Teresa une telle victoire. Quel bénéfice tirerais-je de sa mort si je l’autorisais à nous gâcher ? Serait-elle restée en vie que nous nous en serions presque mieux portés, à condition, bien sûr, que je cesse de m’apitoyer sur mon sort parce que ça ne me ramènerait pas mon bébé. Mes simagrées autour de mes blessures, ce n’était qu’une paire d’œillères pour ne pas voir la vérité en face. Je n’étais pas en deuil de ce que j’avais été, mais de ce qu’on m’avait cruellement volé. Je n’avais pas renoncé à mon enfant et la raison était simple : le pleurer, c’était le maintenir en vie, mais ça ne pouvait plus durer. Mani se rendait malade à cause de la jalousie d’une autre à laquelle je cédais systématiquement l’avantage. Mais, comment m’y prendre pour redresser la barre ? Sortir à nouveau ? Ignorer ce que je ressentais ? Dans l’absolu, me pardonner me semblait à propos. J’y réfléchis longuement, dans mon lit, après avoir été témoin de la détresse de Manuel. Elle me secouait tant et si bien que je n’osais approcher pour le serrer dans mes bras. Je n’étais pas prête à le consoler. Les plaies de mon cœur cicatrisaient à peine. Un rien la rouvrirait et il n’avait décemment nul besoin de mes sanglots qui amplifieraient son sentiment de culpabilité. Du moins, le supposais-je. Je me pressai plutôt contre lui lorsqu’il s’allongea auprès de moi, ce qui était de plus en plus rare. L’insomnie était la plus fidèle de ses amies et, contre celle-ci aussi, j’aurais à me battre.

Le lendemain, forte de mes résolutions, bien que je veillai à ne surtout pas le réveiller prématurément, je fis deux choses qui pourraient paraître anodines pour quiconque, mais qui représentaient un grand pas pour moi. La première consista à découvrir les miroirs et, la seconde, à m’y mirer autant que nécessaire pour me passer l’envie de hurler quand mon regard glissait sur les stigmates de notre mésaventure. Bien sûr, ce fut difficile, mas payant, car à défaut de leur trouver du charme, je leur attribuai une nouvelle fonction bien plus utile. Elles étaient là, sur mon corps, les preuves que j’avais porté un enfant presque à terme. Je n’avais pas rêvé les sensations et mon ventre rond et ce n’était pas l’unique preuve d’ailleurs. Une sépulture honorait sa mémoire et il était grand temps que je souhaite à ce petit bout mort-né de reposer sereinement. Peut-être pas aujourd’hui, mais j’y songeais, c’était un bon début. Je parvins aussi à me coiffer, à enfiler sans bas une robe à ma taille gracieusement offerte par un Mani lassé de mes pantalons difformes et à m’essayer au port du talon. OK ! Ce n’était pas une excellente idée. Mes chevilles n’étaient pas assez fortes encore, mais j’étais capable de me déplacer, en ballerines, sans ces maudites béquilles qui me rappelaient la douleur de mes côtes. Ça se vérifia alors qu’un intrus pressé sonnait à la porte. Je descendis l’escalier le plus vite possible, manquant de chuter à maintes reprises, détestant celui qui perturbait la première étape de ma reconstruction, soit mon frère et son adorable bébé endormi dans son maxi-cosi. J’en blêmis d’être la marraine la plus absente de la création et d’apprendre que Lyla avait disparu. Ça faisait beaucoup à gérer pour moi, surtout que Mani insista pour accompagner Luciano. Je demeurai seule, dépassée, l’enfant ensommeillé à mes pieds et les bras de son sac de change, de biberons et de lait maternel. Sauf qu’en ouvrant les yeux, Ettore ne m’avait pas offert un aussi beau sourire, je l’aurais certainement laissé sur la table basse au milieu du salon, dans son moïse, à l’observer du fauteuil et à prier afin qu’il n’ait pas faim au cours des heures à venir. Au lieu de ça, je craquai devant ses risettes, sa bouche ronde, ses joues roses et ses petites mains qu’il tendait vers moi comme s’il me connaissait depuis toujours. D’instinct, je le détachai, je lui ôtai sa veste et je me présentai, émue à souhait. J’en oubliai en partie que sa mère était portée disparue. Ça me traversait bien l’esprit, mais ce petit bonhomme réclamait beaucoup de mon attention. Quand Manuel rentra, j’étais assise dans le divan, mon filleul tétant son biberon et moi, hypnotisée par sa bouille d’amour. « Alors ? Vous avez des nouvelles ? Vous avez trouvé quelque chose ? » me tracassais-je en déposant Ettore dans son berceau. Je détestais le prendre à brûle pour poing comme ça, mais c’était une urgence. Lyla est ma meilleure amie. Elle est de toutes mes guerres et de toutes mes victoires, mon âme sœur au féminin. J’étais morte d’inquiétude, quoiqu’une part de moi, celle convaincue qu’elle s’en sortirait puisque rien ne résiste à Mani et Lucky réunis, vivait cette mésaventure comme une aubaine. Elle me permettait de faire un bond en avant et lorsqu’elle fut saine et sauve, je fus bien résolue à discuter avec mon mari.

Allongés ensemble dans notre gigantesque divan à regarder un film, je le cajolais avec tendresse quand je lui soufflai à l’oreille mon ressenti sur ces derniers jours. J’étais soulagée pour mon amie et je me sentais mieux. Il devait sans douter, mais je considérais qu’il n’était pas seulement bon à m’entendre me plaindre. « Ces trois jours avec cette petite merveille m’ont fait du bien, tu sais, mais ça m’a fait bizarre. » Je me retournai entre ses bras le plus délicatement possible pour ne pas m’incommoder, soucieuse d’évaluer ses réactions. « Je crois qu’il faut qu’on en parle, tu ne penses pas ? Du bébé, je veux dire, pas d’Ettore, du nôtre. J’ai besoin de savoir. Est-ce que tu l’as vu ? Et l’enterrement ? Comment c’était ? Est-ce que c’était une jolie cérémonie ? Il y avait du monde ? Qui était là ? Je présume que ça devait être émouvant et je n’ai pas envie de te replonger dans ces souvenirs-là, mais je n’y étais pas et j’ai besoin de savoir. » Il était également impératif que j’organise une fête pour remercier tous ces gens qui nous ont soutenus. Le protocole n’exigeait qu’une carte ou un coup de téléphone dès lors  que j’étais plus ou moins sur pied, mais j’avais du temps devant moi. Ça tiendrait lieu de prétexte pour renouer avec mes proches et aider Manuel à revivre des moments simples, qu’il retrouve toute sa bonne humeur. Depuis le soir où il brûla ses toiles, il sortit uniquement à cause du kidnapping de Lyla. À présent, il passait le plus clair de son temps avec moi à la maison. C’était plaisant évidemment. Néanmoins, l’enfoncer dans cette inaction serait égoïste. C’était à moi de prendre le relais maintenant. « J’ai besoin de lui dire au revoir, d’aller sur sa tombe et… d’avancer. » En ça, je pouvais remercie le père Edgardo. Saint parmi la plèbe, il m’avait récemment rendu visite respectueuse au cours de laquelle il m’éclaira sur l’importance de mon bébé aux yeux de Dieu. Le Tout-Puissant se moquait bien qu’il ait vécu ailleurs qu’en moi, il existait, il bougeait, reconnaissait les voix chères à son cœur. Il avait sa place au paradis et c’était mon rôle que de lui permettre de reposer en paix.


***

Une fête surprise et réussie impliquait divers éléments : des complices, un endroit et un buffet qui nous ravirait les papilles. Tout le monde m'aida et ça avançait plutôt bien. Jandro, Lucky, Jez et Lyla se donnèrent la main pour décorer les lieux tandis que ma mère et Rita cuisinèrent. Nous ne serions pas non plus. La salle de réunion du Gato Negro nous suffirait amplement. Halloween était par ailleurs le meilleur des prétextes pour nous rassembler et rire tous ensemble. Le problème, c’était que Mani et moi devrions nous y rendre déguiser, mais comment lui expliquer que j’avais l’intention de me mêler à cette foule que j’évitais depuis un moment déjà. J’étais quasiment réparée. Et, comme la vérité gâcherait tout, j’optai pour une solution que je n’appréciais guère, car elle contenait une part de non-dits qui me ressemblait peu. J’étais majoritairement honnête avec Mani, même si je savais qu’il détesterait ce que je lui avouerais, par exemple, ma nudité au sortir d’un plan d’eau après qu’on m’ait volé mes vêtements. Il l’avait mauvaise, terriblement, si bien que je m’écrasai sans rien ajouter. Je ne cherchai pas à dédramatiser, ne songeant qu’à protéger Quinn en incitant mon mari à la clémence et ne prenant le blâme pour moi. Ce n’était cependant pas comparable. Une surprise nécessitait une part de mensonges et, dans l’absolu, il y avait plus de chance que l’idée de sortir avec moi sans que je rechigne le satisfasse que le contraire. Je reportais sur lui mes propres angoisses, parce que je supportais mes cicatrices, mais je ne les trouvais toujours pas esthétiques. Aussi, attrapais-je le taureau par les cornes en rassemblant des crayons, des fusains, du papier et son matériel de tatouages soigneusement rangés dans son atelier. Je disposai le tout sur la table du salon et, me moquant que ça soit un peu tôt – je souffrirais sans doute le martyre le moment venu – j’étais tellement convaincue que c’était la meilleure solution pour délester ce drame de son caractère tragique, que j’étais exaltée. À mon sens, ça signerait en partie la fin du processus de deuil, comme empaqueter la layette et démonter les meubles de la chambre de notre bébé. « Mon cœur, je viens d’avoir une super idée et j’ai besoin de toi. » l’interpellais depuis la fenêtre de la cuisine. Il s’essayait au jardinage. Ça n’était pas probant à cette période de l’année, mais je l’encourageais au mieux. « Lâche tes outils et viens vite. »

Excitée comme une puce et fière de mon idée, je lui sautai dessus dès qu’il passa le seuil de la porte-fenêtre de la véranda. « Il faut que tu me dessins un truc et que tu me le tatoues, là, sur la cheville. Maintenant, ce serait col. Enfin, maintenant, on se comprend. » C’était un projet qui demanderait du temps, mais nous en avions, autant le mettre à profit. « Alors, ne me demande pas ce que je veux, je ne sais pas, je voudrais juste que ça soit coloré. C’est possible ? Enfin, je te fais confiance, tu transformes en or tout ce que tu touches et c’est exactement ce qu’il me faut. » En toute sincérité, il était préférable qu’il ne refuse pas, car je le tannerais jusqu’à obtenir gain de cause et j’avais de l’imagination à revendre dans ces cas-là. « J’ai tout installé sur la table. » affirmais-je m’asseyant sur une chaise. « Je vais rester près de toi, tu veux bien ? Comme ça, on peut adapter ensemble ce qui te passe par la tête, ce serait notre projet et en plus, je ne serai pas loin si tu as besoin de quoi que ce soit si tu fais une pause. On peut aussi en profiter pour discuter d’Halloween et de nos déguisements. J’ai bien pensé à un truc intimiste façon Adam et Eve, mais je crois que j’ai envie de sortir. Il paraît que Manhattan transforme ses musées en laser-game géant pour l’occasion. On pourrait y aller avec Lucky, Lyla, Jez et Gaby et tous ceux qui souhaiteraient nous accompagner. Qu’est-ce que tu en penses ? Enfin, de tout ça, du tatouage et de la sortie. On pourrait se déguiser en Batman et Robin ou Bonnie et Clyde. César et Cléopâtre ? » Je l’assommais d’informations, comme d’antan. C’était aussi agaçant qu’amusant, mais nous savions surtout que c’était bon signe. Ce n’était plus arrivé depuis une éternité. Or, ça traduisait mon enthousiasme. Ça reflétait ma spontanéité d’hier, la Cinzia qui nous avait manquée, à tous les deux.  





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Manuel Herrera
Manuel Herrera
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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyVen 4 Nov - 23:02

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei



Chaque fois qu'il prenait une décision à sa place ou qu'il mettait en place quelque chose sans prendre la peine de lui demander son avis, il le faisait pour son bien. Ni plus ni moins. Il jugeait que pour le moment, elle n'était pas la mieux placée pour savoir ce dont elle avait besoin et ce qui lui remonterait le moral. Elle traversait sa propre existence comme un fantôme et son rôle à lui était de faire en sorte qu'elle ne gâche pas de belles années en se rendant responsable de ce sur quoi elle n'avait pas la moindre prise. Il ne lui imposait rien qui la ferait souffrir ou qui la rendrait malheureuse, seulement des choses qui l'aideraient à avancer. Voir ceux qu'elle aimait le plus, passer du temps en leur compagnie et pouvoir oublier grâce à des moments empreints de légèreté. C'était exactement ce dont elle avait besoin et il se fichait qu'elle soit contente ou pas, il avait besoin de la voir sourire pour ne pas complètement sombrer et culpabiliser un peu moins en se mettant en tête qu'il était l'unique responsable de toute cette situation merdique. Comment était-il supposé remonter la pente alors que la femme qu'il aimait, son pilier, son phare, dépérissait à vue d'œil. Il ne prétendait pas qu'elle n'avait aucune raison de le faire, la perte d'un enfant était aussi douloureuse que difficile à endurer, il pouvait en témoigner. Il avait beau tenter de faire bonne figure, dès qu'il quittait la maison et sa compagnie, il portait le masque de la violence et de la haine pour que personne ne puisse entrevoir sa souffrance. Elle avait un drôle d'effet sur les gens, principalement ceux qui voyaient l'occasion de se jeter sur un dominant pour prendre sa place. Il était hors de question de leur offrir la moindre opportunité de blesser davantage sa famille. La vie l'avait suffisamment meurtrie, il n'autoriserait plus personne à la traîner plus bas que terre, même si pour ce faire, il devait massacrer la moitié de la ville. Cela ne lui posait pas le moindre souci éthique ou moral. S'il avait conscience de dépasser les bornes ? Non, tout lui semblait justifié, s'il souffrait, le monde entier devait en subir les conséquences. Il faisait le bien depuis qu'il avait les rênes de la MS à NY et qu'est-ce qu'il avait récolté ? Des misères, rien de plus que ça.


« Forcément, t'es née pour porter ce nom-là, tout le monde le sait et si certains l’ignoraient encore, ils en ont désormais la confirmation. Mais je pense qu’on devrait quand même te le tatouer, juste ici… » Il désigna son front du doigt avant d’y déposer un doux baiser. « Juste histoire qu’ils n’oublient pas, tu vois ?! » Elle le pinça et il ricana, même s’il ne plaisantait qu’à moitié. Il trouvait que certains se permettaient un peu trop de libertés, comme la mater alors qu’ils savaient pertinemment qu’elle était sa femme, se permettre de faire certains commentaires. Oh, ils ne vivaient pas assez longtemps pour les faire partager à un trop grand nombre de personnes mais il commençait à trouver ça insupportable, maintenant plus que jamais alors que sa patience ne tenait plus qu’à un fil qu’il coupait et raccommodait au fil de ses états d’âme. « Ils ne sont pas revenus à cause de toi mais pour toi, ça change tout ! Ils peuvent partir en voyage quand ils le souhaitent mais ils estiment que tu es plus importante que tout le reste et je me serais inquiété s’ils ne l’avaient pas fait ! » Et pour être tout à fait honnête, il l’aurait mal pris et ne se serait pas gêné pour donner le fond de sa pensée à sa sœur et à son beau-frère. Mais cela lui semblait impossible. Sa sœur était d’une loyauté sans bornes et elle adorait Cinzia, si elle avait dû rentrer à la nage, elle n’aurait pas hésité une seule seconde. « Oui mais tu ne peux pas y passer toute ta vie, Cinzia ! Tu sais bien que tu n’es pas faite pour rester enfermée et même si j’ai eu du mal à l’accepter, j’ai fini par m’y faire ! » Autrement dit, quand elle serait parfaitement remise, il ne serait plus question de la voir errer comme une âme en peine chez eux, elle devrait bouger et surtout, participer à tous ces plans qu’il avait pour elle et qui seraient beaucoup moins drôles à mettre en place sans son concours. « Pour le moment, rien d’important. Je te dirai tout ce que tu as besoin en temps et en heure. » Façon plus ou moins courtoise de changer de sujet, elle n’était pas en état de gérer autre chose que sa convalescence et il ne voulait la mêler à rien, pas à ça en tout cas. Il passait le plus clair de son temps à récupérer l’argent de la MS, celui qui traînait dans les fonds de tiroir depuis trop longtemps et qui lui permettait d’assouvir son besoin de violence. Il n’épargnait personne et se montrait d’une dureté inébranlable. Ni les larmes, ni les supplications n’avaient raison de sa détermination. « Les ragots de qui ? Qu’est-ce qu’on en a à branler, sérieusement ?! Tu vis avec eux ? T’as eu un accident, tu ne peux pas tout faire, ce n’est pas parce qu’on va prendre quelqu’un pour t’aider un peu qu’on déclare la fin du monde ! Arrête de te soucier des autres, eux ne se soucient pas de toi ! Y a que nous qui comptons, moi et ce que je pense. Et tu veux savoir ce que je pense ? Quelle question con, bien sûr que tu veux savoir ce que je pense ! Alors je vais te le dire, moi, j’ai envie que tu te sentes bien, sereine et reposée, pas que tu trimes dans la maison à forcer alors que tu ne devrais pas. Du coup, comme je vois que tu as l’air convaincue, on va faire passer les entretiens dans la semaine ! » Ce n’était pas sujet à débat, il avait déjà décrété qu’il en serait ainsi. Il n’outrepassait pas ses droits mais veillait à ce qu’elle prenne le temps qu’il fallait pour se remettre sur pieds et l’amour qu’il ressentait pour elle ne se mesurait pas à l’étendue de ce qu’elle pouvait faire chez eux, entre ménage et cuisine. Il mit un point d’honneur à se montrer le plus adorable possible avec elle et à la faire rire par tous les moyens possibles, la couvrant d’attentions et de douceurs qu’elle méritait amplement et qui l’aidaient à repousser tant bien que mal ce monstre qui prenait un peu trop souvent le contrôle de son être.



***



Il dormait si bien, pour la première depuis des semaines d’ailleurs, qu’il n’entendit pas les coups de sonnette frénétiques et que Cinzia dut venir le réveiller pour qu’il revienne à la réalité et réalise qu’il avait enfin réussi à trouver un peu de repos et à vrai dire, c’était pire que lorsqu’il ne fermait pas l’œil de la nuit. Il se sentait vidé. « Bébé, mon frère est là, il a besoin de toi ! » « Lequel ? » bougonna-t-il en se tournant en espérant que ça pourrait attendre une heure ou deux de plus. « Lucky… C’est Lyla, elle a disparu. » Cette fois, il était bien réveillé, il se redressa immédiatement dans son lit et en sortit avec de la vigueur retrouvée, elle sortait de nulle part. Il enfila des vêtements à la hâte et descendit quatre à quatre les marches pour serrer son frère dans ses bras et lui poser quelques questions histoire de comprendre la situation. Elle avait disparu, ses gardes du corps avaient été assommés- il aurait mieux valu qu’ils se fassent buter, cela aurait été plus doux que ce que leur patron leur réservait – et ils n’avaient pas la moindre idée de l’endroit où on l’avait emmenée. Les agresseurs n’avaient rien dit et il ne semblait pas y avoir la moindre piste pour les mener jusqu’à la mexicaine. La panique de Luciano était palpable et il pouvait aisément se mettre à sa place, sachant pertinemment qu’il serait devenu fou dans le cas contraire, il se souvenait avec exactitude de combien il s’était rendu malade lors de l’enlèvement de Cinzia. Ils n’étaient pas encore mariés… Le salvadorien embrassa sa femme, lui rappela qui elle pouvait appeler en cas de besoin et sortit pour briefer son cousin avant de passer un coup de fil à Muñez pour qu’il secoue un peu les gars de la rue et voit s’il ne parvenait pas à décrocher quelques informations. Ils retracèrent l’itinéraire de Lyla et de Victoria, par la force des choses et obtinrent quelques informations de la part d’un commis qui sortait les poubelles du restaurant pas loin quand il avait vu la fourgonnette et les types en descendre. Il affirma avoir entendu parler espagnol. Ce fut une avancée majeure mais il n’y avait rien dans les rues pour le moment. Seulement cette impression qui agitait Mani et qui lui faisait faire le lien entre ce kidnapping et les agissements d’un Javier acharné qui ne faisait aucun cadeau et à juste titre. Dieu seul savait ce qu’il pourrait faire subir au violeur de sa propre fille. Après des heures passées à tourner et à creuser pour déterrer de maigres informations, ils rendirent les armes. Luciano refusa son invitation à manger ou à se reposer chez eux, de peur que ça ait l’air trop suspect et il rentra seul, épuisé et soucieux. Plus les heures s’égrenaient et plus les chances de retrouver Lyla en vie s’amenuisaient mais il se garda bien de partager son opinion avec qui que ce soit, il n’était pas question de heurter Lucky ou même Cinzia, de toute façon, l’époux de la prisonnière devait bien le savoir.


« Non, on a rien trouvé de concret, hormis qu’ils parlaient espagnol et j’ai un sale pressentiment, je me demande si c’est pas la conséquence de ce que Javier est en train de faire. Ou alors c’est un coup monté mais ça me semble un peu trop fait à l’arrache pour que ce soit un truc pensé et organisé par un type hyper intelligent. » Sans s’en apercevoir, il avait lâché des informations capitales qu’il n’aurait dû divulguer à personne mais il était avec une personne de confiance, il pouvait tout lui dire, il était certain qu’elle saurait faire le distinguo entre ce qu’il convenait de partager avec sa meilleure amie et ce qui ne devait absolument pas sortir de ces quatre murs. Il se pencha sur le petit bout de chou qui s’agitait et souriait, s’amusant des grimaces de son oncle, il ne put résister à l’envie de le prendre dans ses bras pour le couvrir de baisers. « Javier veut venger Olivia, il a retrouvé tous les types qui l’ont violée dans cette ruelle, y a des années de ça. Il est en train de les éliminer, les uns après les autres mais il fait ça salement et de façon ostentatoire. Ils sentent que la mort arrive et ils paniquent. Au point d’enlever une Gambino ! Ils ne doivent pas le savoir, sinon ils n’auraient jamais osé. C’est la seule assurance qu’on a qu’elle restera en vie. Mais ils ont pris sa sœur avec elle et pour elle, je crains qu’on ne puisse rien faire… Mais j’aimerais qu’on retrouve Lyla rapidement, j’ai peur que leur bêtise prenne le pas sur leur raison et si elle devait disparaître, je ne préfère pas imaginer comment ça tournerait ! » Parce qu’en ce qui le concernait, il pouvait décrire avec exactitude ce que ça donnerait. De petite information en petite information, ils parvinrent à mettre la main sur le lieu où on la retenait et ce qu’ils trouvèrent n’était pas très reluisant. La période était mal choisie pour ajouter tout ça au reste, comme si l’agression de sa femme n’avait pas mis un coup au moral de tout le monde pour les années à venir. Avec cet enlèvement, la paranoïa était à son comble et New York pouvait être sûre qu’il y aurait des conséquences. De très graves conséquences.



***



Courir dans toute la ville en espérant trouver des infos qui les mèneraient à leur but le fit réfléchir sur la manière dont il menait son existence ces dernières semaines. Il avait besoin d’une pause, de souffler, de se reposer et de faire le point. Chose qu’il ne s’accordait jamais. Il gèrerait un maximum de choses à distance et prendrait le temps de se ressourcer auprès de la seule personne capable de l’y aider. Un vent de soulagement souffla sur le Bronx, le monstre était en cage pour une durée indéterminée, tout le monde était en sursis jusqu’à ce qu’il reprenne du service. Son esprit ne cessant de fonctionner à plein régime, il n’était pas vraiment dans le film que Cinzia avait choisi, il se contentait de caresser son bras avec douceur et à intervalles réguliers. Elle le sortit de ses pensées avec douceur et il lui offrit un sourire. Il était heureux qu’elle ait su tirer profit de ces instants privilégiés avec son filleul. Elle qui n’avait pas trouvé la force de se confronter à lui reconnaissait finalement tout le bien que cela lui apporta. Malheureusement, elle dévia tout naturellement sur le Manuelito et il eut un mal fou à demeurer stoïque alors qu’il ne rêvait que de se lever pour aller s’enfermer dans son atelier. Il prit son temps, écoutant ses questions et se demandant quelles seraient les meilleures réponses à y apporter. Constatant que rien de probant ne lui venait à l’esprit, il opta pour une réponse spontanée. « Non, je ne l’ai pas vu mais ils ont fait une photo, au cas où. La cérémonie était belle, il y avait le père Edgardo, toute la famille et d’autres gens mais j’ai pas vraiment prêté attention à tout ça. Mais Jandro m’a dit qu’il y avait presque autant de monde que pour notre mariage. J’ai tenté de faire ça au mieux, tu sais. Pour lui et pour nous. Je me suis dit que ça nous aiderait. » Il avait été complètement paumé et sans les bons conseils de Lyla, il aurait probablement perdu complètement pied. Il aurait regretté de refuser de récupérer le corps de son fils mais cela aurait sans doute été son premier réflexe. Depuis qu’elle était sortie de l’hôpital, il appréhendait le moment où ils devraient aborder ce sujet excessivement douloureux et périlleux et il crut même qu’ils n’auraient jamais besoin d’en parler. Cependant, chacun faisait son deuil à sa façon et apparemment, elle avait besoin de connaître le moindre détail pour faire son deuil. « Ok, je vais enfiler des vêtements et on va y aller ! » Il lui fallut un temps infini pour trouver quoi mettre, enfiler tout ça et affirmer qu’il était prêt, autant de temps nécessaire pour se préparer psychologiquement à ce qui l’attendait une fois sur place. Il fallut ensuite trouver un fleuriste pour prendre quelque chose à mettre sur sa tombe, bien qu’il ait payé pour que celle-ci soit recouverte de fleurs jusqu’à la fin des temps. Une fois sur place, il eut l’air de traîner les pieds mais une fois devant, il fut comme happé et incapable de bouger ni de parler, elle dut lui prendre les fleurs des mains pour les poser elle-même parmi toutes les autres. Il était revenu quelques fois mais chaque fois, l’évidence le frappait en pleine gueule : son fils, le premier né de sa famille, était mort. Sacrifié sur l’autel de sa vanité. Pourrait-il se le pardonner un jour ? Et Manuelito le lui pardonnerait-il ? La question ne se posait pas pour Cinzia, elle l’aimait tant que la pire des trahisons aurait pu être justifiée par ses soins. Heureusement, sans ça, il aurait sans doute abandonné la partie et lâché les chiens pour ne plus jamais les maintenir enchaînés.



***



Après de longs pourparlers avec lui-même, il en était venu à la conclusion qu’il lui fallait des exutoires un peu plus constructifs que ceux dont il usait habituellement et qui n’étaient faits que de violence et de sang. Le jardinage s’imposa à lui lors d’une balade avec sa femme et sur un coup de tête, il acheta de fleurs et de graines à planter en Automne pour espérer les voir fleurir prochainement. Bien sûr, perfectionniste, il refusait de planter quoi que ce soit dans un trou qu’il n’estimait pas parfait selon les règles et les explications fournies sur internet. Le jardin finit par ressembler à un véritable champ de bataille envahi par des taupes sauvages mais ça l’amusait et pendant ces longues heures passées dehors, il ne pensait à rien et ne gaspillait pas son temps à massacrer des types qui n’avaient pas fait grand-chose de répréhensible hormis se trouver sur sa route le mauvais jour. Cela faisait des heures qu’il se débattait avec cette putain de serre dont le mode d’emploi était en chinois et en polonais et il failli la crame et la démolir à coups de pieds avant de comprendre qu’il avait tenté de la monter à l’envers. Quelle saloperie ! Il était au beau milieu de tout ce merdier quand Cinzia l’appela et qu’il soupira. S’il abandonnait maintenant, cette merde aurait gagné et il ne pouvait la laisser remporter cette victoire sur lui, c’était l’homme contre la machine, l’intelligence contre la stupidité inanimée. On l’appela une deuxième fois et il grogna, retirant ses gants et toisant la bâche en plastique et les bouts de ferraille qu’il devait planter. « On va se revoir, crois-moi bien, salope ! » laissa-t-il échapper, la mâchoire serrée avant de prendre le chemin de la maison et de chercher sa femme des yeux. Elle était là, avec ses crayons, s’attendant à ce qu’il ponde une œuvre d’art en quelques secondes et il eut du mal à faire la transition. Il la fixa un moment sans avoir l’air de comprendre où elle voulait en venir, le temps que l’idée fasse son bonhomme de chemin jusqu’à son cerveau et qu’il imprime enfin. « Ok. » se contenta-t-il de répondre en se saisissant de son carnet et en croquant un toucan avec une rapidité et une précision implacables. Il ajouta les couleurs tandis qu’elle continuait à babiller. « Et si on faisait un truc atypique. Genre des personnages de films, on regardait quoi la dernière fois ? Pulp Fiction, ce serait bien ça, non ? » Il ne se faisait aucun souci, elle trouverait de quoi faire pour qu’ils soient parfaits pour la soirée qu’elle choisirait pour eux et qui serait la meilleure, parce que ça lui ferait plaisir et qu’il aurait la joie de pouvoir passer la soirée à l’extérieur avec elle. Il prit une nouvelle feuille et dessina un perroquet, toujours aussi vite, revoyant ces animaux croisés au Costa Rica ou durant son enfance, il avait toujours adoré les oiseaux, ils lui donnaient cette impression de totale liberté dont il ne put jamais jouir comme il l’aurait souhaité. « Toucan ou perroquet ? » Il n’avait pas encore mis en couleurs le perroquet, sans doute parce que son choix s’était arrêté sur le premier dessin, il lui donnait cette impression de retourner au pays, il avait l’air de s’appeler joie ou bonheur, il serait parfait. « J’ai pas envie d’aller me mêler à tout ce monde à Manhattan, dans le noir. Je ne pourrais pas te voir et veiller sur toi correctement. Regarde ce qui est arrivé à Lyla ! Tu n’as pas entendu parler d’une soirée plus traditionnelle ? Un truc qui m’inquiétera moins ? En ce moment, j’essaie de moins m’inquiéter que d’habitude pour ne pas finir par faire un AVC avant l’âge ! »


La fête battait son plein au Gato Negro et il ignorait ce qu’elle avait oublié de si important dans la salle de réunion pour l’y traîner alors qu’ils allaient être en retard pour celle à laquelle elle voulait à tout prix se rendre. Il soupira mais rendit les armes bien vite et la suivit sans lui lâcher la main. Il fut agréablement surpris de trouver tout le monde dans cette fameuse salle. C’était une fête dans la fête et il adorait l’idée. Il distribua les sourires et les saluts, se trouvant un petit coin près de ses beaux-frères pour discuter avant d’inviter sa femme à danser et de profiter de l’ambiance pour se montrer sous son meilleur jour. Il s’abstint néanmoins de boire, conscient que ce serait de sa responsabilité de les ramener sain et sauf chez eux. Il avait de plus en plus de mal à relâcher la pression, sans doute parce qu’ils n’étaient toujours pas parvenus à se retrouver dans leur moyen de communication le plus efficace. Il n’osait pas vraiment l’approcher pour autre chose que des gestes tendres et platoniques, de crainte de la blesser ou bien de la sentir se crisper. Il ignorait quelle était le délai normal dans ce genre de cas mais il refusait de la brusquer, cependant, il commençait à le ressentir, que ce soit dans son impatience chronique ou sa cruauté comme réponse universelle à toutes les questions qui s’imposaient et se posaient à lui. Une fois chez eux, il s’autorisa un joint qu’il fuma sur la terrasse, se demandant quel serait le bon moment pour mettre le sujet sur le tapis. Ils étaient trop jeunes pour basculer dans l’abstinence pure et dure, peu importait les raisons. Il rentra pour trouver des cocktails sur la table de la cuisine alors qu’elle préparait de quoi en faire d’autres avec minutie. « Princesita, je sais pas trop comment te demander ça alors je vais le faire comme ça me vient, faut pas te sentir blessée ou quoi, parce que je ne pense pas à mal en te disant ça, ok ?! » Il attendit qu’elle acquiesce avant de reprendre : « On doit encore attendre longtemps avant de ravoir une vie sexuelle ? Je sais que ton corps a pas mal subi mais moi, je te trouve toujours aussi belle et il ne se passe pas un jour où je n’ai pas envie de toi, sauf que jusqu’à présent, j’ai dû passer tout ça sous silence parce que tu ne tenais pas une forme olympique mais j’ose pas vraiment approcher, j’ai peur de te faire mal et je me demandais ce qu’avait dit le médecin. Tu vois ?! Et si toi tu te sentais capable de, fin… Après on n’est pas obligés de reprendre comme avant, on peut y aller doucement, tu vois ? Ou pas du tout… Si tu n’en as pas envie, je voulais juste que tu saches que moi, oui mais que si t’es pas prête, bah j’attendrais. Je ne veux pas que tu te mettes la pression, parce que moi je serai toujours là quand tu auras eu le temps nécessaire pour que ça aille mieux… Ok, je vais boire maintenant parce que je tourne en rond et que je deviens ridicule ! » Il avala son cocktail d’une traite et lui tendit son verre pour qu’elle mette la petite sœur. « Super cocktail ! »


 




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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE

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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyVen 11 Nov - 22:33

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei


Évidemment, entre le petit à gérer et la disparition de sa mère, je paniquai. Non seulement je redoutais de ne pas être à la hauteur, mais je me rongeais également les sangs pour sa maman. Lyla n’était pas seulement ma meilleure amie, elle était ma confidente. Je répétais souvent que, si Mani ajoutait du piment à mon existence, sans ma complice, elle perdrait tout de même en saveur. J’attendais donc le retour de mon mari avec une telle impatience que si Ettore ne s’était pas endormi dans mes bras, qu’il n’aurait pas eu le temps de franchir le seul de la porte que je l’aurais inutilement assailli de questions. Je détenais déjà les réponses. Il m’aurait averti s’ils avaient retrouvé ma belle-sœur saine et sauve. Au moins, me livra-t-il quelques détails, ce qui sous-entendait qu’il avait remarqué que je m’adaptais lentement, mais sûrement, à ma nouvelle vie. «Javier ? Javier Canjura ? » m’étonnais-je en dévisageant Manuel comme si je le voyais pour la première fois. « Mais, qu’est-ce qu’il fait qui pourrait avoir une telle incidence sur la vie de mon frère et de Lyla ? C’est sa petite préférée. Ça n’a pas de sens. Jamais il ne pourrait faire quoi que ce soit qui lui causerait du tort. » Ce n’était pas des allégations lancées à la légère, j’avais passé énormément de temps au sein de cette famille, assez pour être certaine qu’elle était sa coqueluche parmi sa fille, non pas qu’il soit un mauvais père, mais parce qu’elle était la plus proche de lui. L’aînée, qui semblait avoir disparu avec elle, tendait à les mépriser et la cadette se prostituait pour une dose. Olivia était un véritable mystère pour moi. Compte tenu de son éducation, ça m’échappait d’ailleurs. J’avais beau ne pas l’apprécier – et c’était un euphémisme – je me demandai souvent ce qui avait bien pu lui arriver pour qu’elle atteigne un tel niveau de déchéance. Je savais à présent et je pus laisser exprimer toute ma surprise. « Oh, mon Dieu, je n’étais pas au courant. Enfin, ma belle-soeur ne m’en a jamais rien dit. » Je ne l’en blâmais. Ce secret, il ne lui appartenait pas. « Tu m’étonnes que Javier veut la venger. » Mon père, à sa place, ne les aurait pas seulement détruits, il les aurait maudits sur sept générations. « Mais, du coup, ça vous fait quand même un début de piste. Ce n’est pas négligeable. » Je déposai ma main sur son genou, me rapprochant de lui pour l’entourer de mes bras. Le tableau était étrange. Lui, distrayant mon filleul que nous adorions, moi qui tentais de nous insuffler de l’espoir. C’était probablement le genre de scène que nous aurions nous-mêmes vécu si le petit Manuel avait survécu. Nous ne pouvions pas revenir en arrière cependant et je devais me montrer vigilante à ne prendre que le positif de cette visite impromptue.

Ce serait si facile de retomber dans mes travers que me concentrer sur Mani et sur ma belle-soeur. J’enrayai le rouage en me arrêtant sur l’essentiel : ma meilleure amie, mon époux et Olivia. C’était horrible de ma part, mais utiliser le malheur des autres pour relativiser mes propres déceptions était efficace. « C’est sur ça qu’il faut se concentrer et ne pas envisager le pire. Pas maintenant. Tout du moins, il faut espérer que ces types réalisent leur erreur de s’en être pris à la famille de mon frère et qu’ils sauront ne pas dépasser les bornes. Ce n’est pas totalement exclu. Regarde-moi ? Quand les Irlandais m’ont séquestrée, il n’y en a pas un qui m’a touchée. Le but, c’était d’envoyer un message. C’est peut-être ce qu’ils veulent, faire comprendre à Javier qu’ils doivent abandonner. Si c’est eux, ils doivent essayer de sauver leur peau, si Lyla a l’opportunité de leur dire qui elle est ou s’il y en a un qui la reconnaît, ils l’épargneront… enfin, ça me semble logique. Personne ne veut d’une guerre avec Cosa Nostra, à moins qu’il soit persuadé qu’elle n’est plus qu’un mythe. » Ce serait une grave erreur. Ils en paieraient le prix fort, mais ce ne serait qu’une maigre compensation comparée au sentiment d’abandon que ma meilleure amie laisserait dans notre vie à tous. « Il faut penser positif. » conseillais-je pour nous convaincre tous les deux, mon visage enfoui dans son cou. « Oui, je sais, de ma part, c’est bizarre, mais c’est la seule façon de ne pas se laisser dépasser par nos propres vies, bébé. Tu devrais te reposer un peu. Tu as l’air épuisé. Je vais te faire couler un bain et te préparer quelque chose à manger. De toute façon, je te rejoindrai dès que le petit sera endormi. Je vais le prendre près de nous si ça ne te dérange pas.» La maison était grande. Le lit-cage de notre bébé n’était pas encore démonté, mais l’installer dans sa chambre était au-dessus de mes forces. Prétendre que je ne pensai pas à mon fils durant ces trois jours où ils cherchèrent ma belle-sœur serait mentir, mais au lieu de creuser plus profondément le vide qu’il avait laissé en moi, j’en déduis qu’il serait plus sain d’en parler. Je saisis la première occasion, regrettant néanmoins de gâcher l’un de ces moments tendres qui m’aidaient à éclore. Certes, j’abordai le sujet le plus délicatement possible afin de ne pas l’alarmer et ne pas réveiller en lui cette souffrance qu’il me dissimulait avec application, pour ne pas entacher mon rétablissement. Sauf que j’étais désormais capable de l’entendre, plus encore qu’il ne parvenait pas à la cacher. Je portai alors sa main à mes lèvres, l’embrassant d’instinct et sans but précis. J’espérais qu’il y trouverait assez de réconfort pour ne rapporter ces souvenirs douloureux que j’obligeais à déterrer.

Il y avait donc une photo. C’était bien ! Peut-être qu’un jour, j’aurai besoin de mettre un visage sur ce petit bonhomme disparu trop tôt, mais qui ne me quitterait jamais. Pas aujourd’hui cependant. Je dodelinai de la tête avec satisfaction en apprenant que le père Edgargo avait célébré la cérémonie, cérémonie qui ne fut pas ignorée par nos proches sous prétexte qu’il n’avait jamais respiré ailleurs qu’en moi. C’était sans doute stupide, mais à mon sens, ça signifiait beaucoup, ça légitimait nos sentiments. « Tu as bien fait. Ça m’aurait fait mal qu’il s’en aille dans l’indifférence générale. » lui assurais-je avant d’exprimer ma volonté suivante. Me recueillir sur la tombe de l’être aimé était indispensable, quoique je ne m’attendais pas vraiment à ce que Manuel m’y invite à la seconde. Je pensais que nous avions le temps. J’avais tout du moins l’intention de le prendre, mais je ne protestai pas, car une part de moi se demandait encore si retarder n’était pas une excuse lâche pour ne jamais aller au bout de mon processus. Or, je ne pouvais pas culpabiliser de rire ou de vivre. Alors, je m’habillai si lentement que mon mari et sans le presser. Sur place, ma seule surprise, c’était l’impact que cette visite eût sur moi. Bien sûr, j’avais les larmes plein les yeux, mais je ne sanglotai pas, parce que Manuel n’était pas en état de me soutenir, qu’il l’avait trop fait et que c’était à mon tour d’ignorer ma peine au profit de la sienne. Je n'aspirais pas à ce qu’il l’exprime aussi librement que moi, mais qu’il ait tout le loisir de lui permettre d’exister. Je me revigorais tandis qu’il était hypnotisé par cette tombe. Son corps ne semblait plus vouloir répondre aux ordres de son cerveau. Je lui pris le bouquet des mains, le déposait sur le marbre et je me pressai contre lui, soulevant son bras pour enrouler les miens autour de sa taille. « J’aurais voulu être là pour t’aider dans cette épreuve, mais tu as fait tout ce qu’il fallait, bébé. Absolument tout. » J’essuyai une larme qui déborda de mes paupières. « Et j’en suis reconnaissante, tu sais. Allez, viens, rentrons. » Je le tirai vers moi, sans lui demander comment il allait. Mal. C’était évident et, contrairement à moi, je n’étais pas certaine qu’il ressentait le besoin ou l’envie d’en parler. Je comprenais. Pour ma part, je ne pouvais rester une minute de plus dans ce cimetière. Une page devait se tourner, aujourd’hui, pour lui comme pour moi et ça commençait par plus de bonne humeur et de rire dans notre quotidien. Dussé-je le noyer de mes idées folles exposées de ce débit rapide qui me caractérisait.

La première consistait à transformer les preuves physiques de cette pénible période qui nous rapprocha davantage que le contraire en chef d’oeuvre. Ça tombait à pic. Je disposais d’un artiste à la maison et je comptais bien user de son talent allégrement, m’amusant de son hébétude et sautillant de joie tandis qu’il s’armait de ses crayons. La vitesse avec laquelle il croquait ses souvenirs m’impressionnait toujours. J’eus à peine le temps de lui proposer de fêter Halloween avec nos amis qu’il entamait déjà un autre dessin. « Mia Wallace et Vincent Vega. Oui. Ça me plaît. » me passionnais-je en applaudissant à deux mains. « Ça ne va pas être difficile pour les costumes en plus. Je m’occupe de ça. J’ai toujours rêvé de m’encanailler avec un John Travolta encore plus beau que l’original. » C’était mon second sous-entendu à propos de notre vie sexuelle totalement inexistante par la force des choses. J’en étais en partie responsable. Je ne le blâmais pas. Néanmoins, mes côtes ne me faisaient presque plus souffrir. Il m’arrivait de clopiner, mais jusqu’à preuve du contraire, faire l’amour avec mon mari ne nécessitait pas de marcher de long en large comme dans un déambulatoire. Mani n’avait jamais caché qu’il était un homme normalement constitué et à la libido parfois démesurée. Nous devions donc nous reprendre avant que l’abstinence réussisse où Teresa échoua : nous éloigner l’un de l’autre. Sauf qu’il ne semblait pas saisir là où je voulais en venir. Une soirée en tête à tête avec pour seul habit une feuille de vigne, c’était pourtant clair. Devais-je envisager une méthode plus directe ? Échafauder un plan de reconquête pour attiser son désir ? En avait-il encore pour moi d’ailleurs ou me trouvait-il un peu trop fragile ?

Aucune de ses hypothèses n’était totalement grotesque, quoique je peinais à intégrer, qu’outre cette fatigue accumulée durant ma convalescence, je puisse avoir perdu à ses yeux tout intérêt. Un petit coup de pouce ne nous ferait pas de mal, mais il n’était pas question de le brusquer. Peut-être n’était-il tout simplement pas prêt… Contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire, les hommes ne sont pas des machines. Ce sont des êtres dotés de sentiments et d’émotions au même titre que leur congénère féminin, et qu’il arrive parfois qu’elle prenne le pas sur le reste. La preuve en était, l’éventualité de nous mêler à la foule l’angoissait, pour ma sécurité. « Très bien. Je trouverai autre chose. Il doit bien y avoir une soirée où on peut danser dans le coin. On sera mieux dans le Bronx. » lui promis-je en traînant ma chaise vers lui, ma main posée sur sa cuisse. « Mais, tu sais, tu n’es pas obligée de t’inquiéter pour moi tout le temps comme ça. Bon, c’est vrai que je kiffe d’être au cœur de tes préoccupations, mais je ne veux pas que ça te rende malade. Je ne veux pas être ce genre d’épouse, mon ange. Alors, du coup, je me dis qu’on pourrait peut-être parler de ma garde rapprochée et de Clancy. Tu l’as bien engagé parce qu’il est passe-partout, pas vrai ? Comme ça, si quelqu’un s’en prenait à moi, il pourrait agir sans que personne ne se doute qu’il est avec moi et donc, les prendre au dépourvu. Du coup, je me suis dit qu’on pourrait peut-être trouver quelqu’un, dans notre entourage, en qui tu as entièrement confiance, qui soit aussi baraqué que Jandro, mais aussi passe-partout que Clancy. Je ne sais pas qui, mais je sais que si ça peut te permettre de ne jamais faire d’AVC, je veux bien que tu mettes à mes trousses tous les gars que tu veux. Et, je choisis celui-là.» Je tapotai ce magnifique Toucan sans m’attarder sur le perroquet, pas seulement parce qu’il n’était pas terminé, mais car le choix de son créateur était déjà arrêté. Inconsciemment, il le mettait en avant et pour moi, c’était suffisant. « Il est magnifique, chaton. Je te remercie et c’est quand tu veux à partir de… » Je mimai le tiqueté d’une trotteuse. « Maintenant. »  


***


Cette fête d’Halloween était une réussite, du moins, à peu de choses près. Mani, qui n’était jamais le dernier à lever le coude auparavant, parût s’amuser autant que nos convives, mais il ne toucha pas un verre, contrairement à moi qui au bout du deuxième, parlait encore plus qu’a l’habitude. Je n’avais jamais été réputée pour tenir l’alcool, mais j’additionnais près d’une année sans une goutte. Alors les effets étaient presque démultipliés. J’étais montée sur ressorts. Renoncer à une invitation pour un jeu de comptoir somme toute stupide, mais néanmoins divertissant – bien que j’avais perdu d’avance – fut presque un déchirement. C’était pour la bonne cause cependant. Il n’était pas question que je m’effondre dès que nous poserions le pied à la maison ou que je termine dans la salle de bain à vomir. J’étais toujours aussi frustrée par l’échec de mes sous-entendus et j’étais décidée à passer la seconde, cette nuit, malgré ce fond d’angoisse qui cherchait à me dissuader en m’inventant des histoires où le désintérêt de mon mari était la conséquence de mon deuil. J’avais été pénible à vivre ces derniers temps. J’en étais bien consciente. Toutefois, il était là, à mes côtés, à se démener pour mon bonheur. Je n’avais pas grand-chose à perdre après tout. Au mieux, je gagnerais une conversation qui m’aiguillera sur le comportement à apporter pour rendre à notre relation ses titres de noblesse. De retour chez nous, je m’attelai donc à la concoction d’un cocktail inédit dont la préparation consistait à vider les fonds de bouteille et à ajouter du sucre au mélange pour qu’il ne soit pas trop indigeste. Ce n’était pas conventionnel, mais c’était diablement divertissant compte tenu de mon état d’ébriété. J’étais également habitée d’une folle envie de vivre, pleinement, pour rattraper ce temps perdu à l’hôpital et ma volonté à me cloîtrer dans ma maison comme si elle n’était qu’un couvent. « Tu sais quoi, mon cœur ? Je me dis qu’on devrait partir un peu tous les deux. Pas longtemps. Juste un week-end.  On ne ferait rien d’autre que se détendre. On a bien besoin non ? Tu aurais envie de partir où ? » lançais-je sans être certaine qu’il m’ait vraiment entendu. Il avait vraisemblablement des choses à dire lui aussi et la gravité de son regard dissipa tous les bienfaits de l’alcool. J’ignorais ce qui l’agitait, mais il marchait sur des œufs. Ça ne lui ressemblait pas. Pas du tout même. Je me préparai au pire en acquiesçant d’un signe de la tête.

Je me souviens m’être imaginé qu’il me renverrait chez mes parents provisoirement, le temps de faire une pause pour définir sans parasite où nous en étions. Je m'inquiétai également qu’il ait revu son jugement sur ma part de responsabilité dans la perte de notre gamin et qu’il m’assigne à résidence sur le domaine Gambino. Bien sûr, ce n’était pas cohérent. M’obliger à quitter la maison, c’était se révéler faible auprès de ses détracteurs. Un homme ne peut inspirer le pouvoir s’il n’est pas en mesure de réussir son mariage. Mon cœur battait pourtant tambour dans ma poitrine, sans doute parce que je ne m’étais toujours pas pardonné la mort de notre enfant et que je redoutais qu’il s’éveille à cette possibilité à cause d’une maladresse, d’une remarque pertinente d’un de nos proches ou tout autre facteur extérieur. Mais non ! Non, ce qu’il espérait, c’était qu’on se retrouve définitivement dans un corps à corps endiablé ou non. Peu importe, tant qu’il se débarrassait de sa frustration et qu’on mettait un point final à cette période de trouble, il serait heureux. Parfait. Nous étions sur la même longueur d’onde et le seul cocktail que j’avais envie de lui servir n’avait qu’un unique ingrédient : la luxure. Je contournai le plan de travail et je l’embrassai à pleine bouche, me cognant à la table pour m’asseoir à califourchon sur ses jambes. « J’ai cru que tu n’y viendrais jamais. Je t’ai envoyé des tas de signaux pourtant. » chuchotais-je contre ses lèvres. J’étais sur le point de déboutonner mon chemisier et puis, évaluant les options qui s’offraient à moi, je me ravisai. De quoi avais-je besoin exactement ? Prendre les rênes ? Non ! Ce qui achèverait de me rassurer, c’était qu’il me désire jusqu’à ce qu’il se mette en mouvement et qu’il oublie toutes ces réticences précédentes.



L’abstinence a ses travers et ses bons côtés. Elle ajouta à cet instant le soupçon de magie qui aurait pu lui manquer. « Un tel talent endormi aussi longtemps, c’est du gâchis. » ricanais-je reposant contre lui, ma tête sur son torse. « Je propose qu’on le laisse s’exprimer. Éteins ton téléphone, mon amour, tu es séquestré jusqu’à ce que j’en ai marre… c’est-à-dire, jusqu’à la fin des temps. » J’étais plus amourachée que jamais et, pour ma part, entièrement satisfaite. C’était par raport à lui que j’étais inquiète. Cette perte d'estime de moi m’avait plus tendue que je ne l’aurais voulu, quoique je m’étais peut-être laissée parasitée par ce que les médecins préconisaient pour ma santé et dont j’avais vaguement touché mot à Manuel à l’hôpital. Pas de grossesse sur le court terme. Pas question de combler la peine en mettant au monde l’enfant sauveur et, ce n’était pas grave en soi, nous n’en avions pas besoin pour continuer à filer une idylle parfaite. Ce qui m’ennuyait, c’était que ça sous-entendait de trouver une méthode de contraception et que j’avais peur que ça résonne mal à l’oreille de Mani. Je n’avais pas envie qu’il s’imagine que ça m’arrangeait bien, parce que je n’avais pas confiance en son dispositif pour ma sécurité ou que je le tenais tant et si bien responsable de la catastrophe qui nous frappe que prendre la pilule était un moyen de me prémunir de son incompétence. J’estimai cependant qu’il n’y avait pas de bonnes façons d’annoncer à son époux que tout ce en quoi je croyais avait volé en éclat. Du point de vue de mon éducation, un bébé au cours de la première année de mariage, c’était presque normal. L’aborder en toute honnêteté, c’était sans doute la clé. « Tout à l’heure, tu m’as demandé ce qu’avaient dit les médecins et, en fait, ils ne disent rien de plus que la dernière fois… Je ne peux pas tomber enceinte, pas avant au moins un an d’après eux, parce que c’est dangereux à cause de la césarienne et de la cicatrice. Du coup, ils m’ont prescrit un contraceptif que je ne suis pas allé chercher encore. Je voulais en discuter avec toi avant. Mais, pas de panique hein, ça ne risque rien pour aujourd’hui. C’est la magie de mon application magique. » Je secouai gaiement mon téléphone, soucieuse de dédramatiser. « Enfin, ce que j’essaie de te dire, c’est que si la décision m’appartenait, jamais je n’aurais pris cette décision moi-même. Je veux qu’on ait des enfants, ensemble, au moins trois et, à mon avis, le plus tôt sera le mieux. Je ne vais pas en rajeunissant. Mais pas si ça doit être dangereux pour ma santé. Je ne veux pas d’une grossesse compliquée. Si je dois tomber enceinte, je veux que ça soit un moment magique. Je veux que tout se passe bien, pour qu’on puisse le partager pleinement et sans prise de tête cette fois. »

Vu son acharnement à me garder en vie et en santé, je ne doutais pas qu’il comprendrait, mais j’insistai en l’enjambant pour m’allonger sur lui. « C’est l’histoire d’une petite année, rien de plus. Et il y a d’autres moyens de contraception. Je ne sais pas lequel choisir. Et je ne veux pas non plus que tu portes ça sur les épaules en nous encombrant de préservatifs. Ça, je ne vais pas le supporter. C’est comme si, on n’avait plus confiance l’un en l’autre. Comme si tu n’avais plus confiance en moi. Ce serait une double punition pour toi comme pour moi. Or, s’il y a bien quelqu’un à qui je remettrais ma vie sans hésiter c’est toi. Je crois même que je l’ai déjà fait. » Je me redressai pour poser mes lèvres sur les siennes et je conclus par un sourire rempli d’espoir et légèrement goguenard. «Je te dis tout ça parce que je ne voulais pas faire ça dans ton dos. » Ça sous-entendrait que ça m’arrangeait alors que ça me désolait.


***


Je ne comptais plus le nombre de fois où je songeai à recueillir un des chiots de refuge du père de Lyla. La vie courrait cependant bien plus vite que moi. Ma grossesse m’empêcha d’aller au bout de mon projet. Mon accident le retarda plus encore, mais je trépignai de joie comme une gosse lorsque ma meilleure amie m’offrit un minuscule Pitt bull qui tenait dans le creux de ma main. Il était magnifiquement adorable et adorablement magnifique. J’étais tellement excitée que je me précipitai au Gato Negro pour le présenter à mon mari. « Regarde-le. Il n’est pas super mignon, franchement. » lançais-je en poussant la porte de son bureau, ignorant Jandro qui cherchait à me prévenir qu’il n’était pas seul. Je ne l’écoutai pas malheureusement et, une chose était certaine, je me sentais con à souhait. Je n’avais plus mis les pieds ici depuis une éternité et j’étais déjà à deux doigts de provoquer une catastrophe. Je ne connaissais pas la nature de cet entretien. Il pouvait être un investisseur potentiel ou un détracteur. Je ne m’excusai donc pas. Je le saluai, pétillante, jouant la carte de la sympathie et je m'éclipsai en mimant des lèvres, à l'intention de Manuel, que j'étais désolée et que je l'attendais dans la pièce à côté avec ma boule de poil. Je n’étais pas venue les mains vides. J’espérais que ça suffirait à ce qu’il ne soit pas trop en colère dans l’éventualité où j’avais gâché quelque chose d’important. « Je suis désolée, bébé. J’étais tellement emballée que j’ai foncé sans réfléchir. Je ne t’ai pas foiré un truc trop important, hein ? Parce que ça me gâcherait le plaisir de te présenter le nouveau venu à la maison. C’est un cadeau de Lyla. » Jusque là, j’envisageais de ce qu’il serait notre chiot, mais ça, c’était avant que l’animal ne grogne dès que Mani se pencha sur lui. « Il va s’y faire. Tu verras. » En réalité, j’étais à côté de mes pompes. Il causa plus de torts que de bonnes choses à mon mari, mais sur l’heure, je l’ignorais encore. « Alors, que dirais-tu si on l’appelait Machete ? Quoi ? C’est un super film. Ou Danny ? Comme ça, il y a Trejo et Danny. C’est cool non ? Vega ? Comme Vincent Vega ? Tu crois qu’il pourrait dormir avec nous ce soir ? Dans le lit avec nous, je veux dire… »  






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Manuel Herrera
Manuel Herrera
ADMIN A LA MACHETTE MAIS EN DETENTE

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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyDim 20 Nov - 0:11

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei



Il réalisa qu’il en avait peut-être trop dit et ouvrit de grands yeux ronds quand elle insista sur le prénom et le nom du père de sa meilleure amie. Il se mordit l’intérieur de la joue et se dit que foutu pour foutu, il pouvait bien se permettre de lui déballer la vérité toute entière, de toute façon, elle n’irait pas voir Lyla pour lui déballer en pleine face qu’elle savait, il pouvait avoir confiance en sa femme, il en était persuadé. « Javier est un mercenaire qui bossait pour le plus offrant. Il a été paramilitaire pour l’armée mexicaine et puis il a fini par proposer ses services aux plus offrants, il bossait surtout pour les cartels et Cosa Nostra. Ses derniers contrats ont tous été passés avec ton père. Je pense que ça a dû jouer sur l’opinion de ton père concernant Lyla, il savait d’où elle venait. Il a de nombreux surnoms mais tous plus flippants les uns que les autres, il est assez mesuré pour traquer des types pendant des semaines ou des mois et peut les massacrer comme un animal. C’est une pointure, ce qui explique qu’on le prenne avec des pincettes mais on ne peut pas tolérer qu’il fasse autant de merde, ça va nous éclabousser, ça commence déjà avec ce putain d’enlèvement. Il ne voulait pas voir les possibles conséquences et à la place de la 18, j’aurais fait en sorte de chopper Olivia et de recommencer. Il n’a pas réfléchi cette fois, ce qui me fait dire qu’il devrait raccrocher. » Elle méritait de connaître tous les détails, de toute façon, elle n’aurait pu comprendre pleinement tout ce qui les occupait sans ce complément d’information. « Ouais mais ton père vous aurez tous mis à l’abri avant. Là, c’est juste agir sur un coup de tête, c’est ridicule ! » Il était furax contre Canjura et s’il ne se reprenait pas, il exigerait une punition exemplaire, il ne pouvait tolérer pareille initiative sur son territoire. N’importe qui aurait été éliminé sans sommation, il avait beaucoup de chance de bénéficier des retombées de sa réputation et de tout le reste. « Oui j’essaie mais je dois me préparer au pire aussi, Princesita, parce que s’ils abîment Lyla, ton frère partira en croisade et je devrais suivre. Pas à cause de notre alliance mais parce qu’il est mon frère et que ce sera mon devoir mais mettre la ville à feu et à sang attirera forcément l’attention. Pourvu que ces abrutis soient moins abrutis que je le pense ! » Il soupira et accepta bien volontiers un bain, il dormirait quelques heures et reprendrait les recherches pour tenter de mettre la main sur la mexicaine le plus rapidement possible. Il ne voulait pas laisser Luciano seul avec son beau-père, il craignait que ça dérape de façon irrémédiable et personne n’avait besoin de ça pour le moment, ce serait une perte de temps et d’énergie. Bercé par les babillements du petit Ettore, il s’endormit à la vitesse de la lumière, ne sentant pas quand il lui agrippait les cheveux ou qu’il lui caressait le visage, il se sentait juste apaisé pour quelques heures. Comme si le vide était comblé.


Il n’en dit et n’en montra rien mais le départ du petit lui fit un pincement au cœur, il l’aurait bien gardé un peu plus longtemps. L’entendre pleurer était aussi réconfortant que sa présence, elle lui rappelait celle qui aurai dû les occuper à temps plein. C’était difficile de ne pas se laisser submerger par la mélancolie dès qu’il avait deux minutes pour y penser et se retrouver sur la tombe fut un coup dur. Il n’aurait pas pu s’en détacher si Cinzia ne l’avait pas poussé à partir. Il était encore trop tôt, il n’avait toujours pas avalé la pilule et serait probablement en deuil pour le restant de ses jours. Ça avait entamé ce qu’il pensait inébranlable. Sa libido. Il désirait toujours sa femme, là n’était pas la question mais il n’était plus obsédé par ce besoin impérieux de la posséder, délimitant son territoire et insistant sur son appartenance. Il avait trop de choses en tête, trop de vilaines choses lui passaient devant les yeux pour qu’il en vienne à user de son exutoire habituel. Il craignait de ne pas être capable d’aller jusqu’au bout, tout simplement parce qu’il n’avait ni le moral, ni la forme et qu’il préférait mettre l’accent sur d’autres choses, comme le fait de prendre soin d’elle, d’essayer de l’aimer correctement et de faire en sorte que sa convalescence soit plus rapide que prévu. Ils avaient une vie de vieux, il aurait sans doute accepté de voir la vérité en face si les circonstances n’avaient pas été si dramatiques. Au fond, il avait peut-être plus de mal à s’en remettre que Cinzia, parce que ça impliquait sa responsabilité et son efficacité à tellement de niveaux différents que lorsqu’il trouvait le moyen de justifier une chose, cent autre s’ajoutaient pour le pointer du doigt et remuer le couteau dans la plaie. Il avait besoin de temps, parce qu’il se retrouvait face à une situation qu’il n’avait pas l’habitude de gérer, lui pour qui rien ni personne n’avait vraiment d’importance, venait d’être bousculé violemment. Il n’aimait que peu d’êtres humains sur cette planète et on avait voulu lui enlever le plus important et celui qu’elle était prête à lui donner en preuve de son amour et de sa dévotion. Pour un type qui passait son temps à s’en battre les couilles, c’était une situation bien rude à encaisser, son petit monde avait été mis à sac et il lui allait le temps de remettre un peu d’ordre et de logique là-dedans, de se débarrasser de sa haine et de sa douleur, et pour ça, le sexe ne pouvait rien, seule la violence lui donnai satisfaction, la violence et son omniprésence auprès de sa femme. Quand le choc serait passé, les choses reviendraient peut-être à la normale. Malheureusement, la simple idée d’aller à une soirée Halloween avec elle le rendait fébrile, il se sentait inquiet avant même d’avoir choisi où aller. Il ne pouvait contrôler l’univers et encore moins l’enfermer chez eux jusqu’à la fin des temps, pourtant, il aurait adoré.


« Je ne suis pas obligé, c’est mon devoir de mari, c’est tout et pour le moment, ta garde rapprochée, c’est moi, si elle ne te plaît plus, c’est une autre question. » Il fit mine d’être vexé à l’idée qu’elle puisse ne pas être contente du temps qu’ils passaient ensemble mais au fond, c’était surtout pour éluder la question qui viendrait inévitablement sur le tapis et qui mettrait en lumière le fait qu’il ne la laissait jamais sortir sans lui et que malgré tout, ils étaient toujours entourés, il avait confiance en lui mais plus ils seraient nombreux, plus facilement ils pourraient enrayer toutes les situations possibles et imaginables. Grâce à Dieu, ce fut une soirée entre gens de confiance et il put se décontracter un petit peu, profitant de la présence de tout le monde et riant de bon cœur sans pour autant s’abandonner complètement, tenant à être aux aguets en cas de pépin. Son désir avait fini par se réveiller peu de temps après qu’il n’ait brûlé la totalité de ses toiles macabres et il lui mit une muselière, attendant de la sentir prête, hermétique à ses sous-entendus qu’il prenait pour des blagues destinées à détendre l’atmosphère, pourtant, dans la voiture, la sentir fébrile à cause de l’alcool fut compliqué à gérer pour lui qui n’avait pas besoin de grand-chose pour s’allumer après des mois de néant niveau sexe. Surtout, il la savait terriblement lubrique sous l’effet de l’alcool et il adorait ses facéties quand elle était dans cet état, elle se permettait tout sans honte et sans ambages, il en aurait volontiers profité s’il n’avait craint un retour de situation glaçant et il préférait leur épargner ça et tenter une discussion un peu gênante qui aurait pu se résumer en peu de mots. J’ai besoin de baiser, est-ce que tu peux et veux. Il avait fait un gros effort pour mettre les formes et ne pas trop la brusquer, il n’était pas question qu’elle s’imaginer que sans ça, il irait voir ailleurs, elle devait simplement entendre l’urgence de la requête. Elle comprit et fondit sur lui, ce qui compliqua son désir de faire ça bien. Il l’aurait volontiers plaqué ventre contre l’établis de la cuisine pour une petite séance mais elle se saisit de sa main et l’entraîna à l’écart pour une danse privée qui eut raison de ses dernières résistances. Il tenta bien de l’attirer à lui pour qu’elle retire tout et en vienne aux faits mais elle le repoussa, préférant tirer sur la corde, lui murmurant des promesses qu’il s’assurerait de lui faire tenir. Dès qu’il la tint entre ses mains, il ne la laissa pas respirer un seul instant, veillant à animer son corps grâce à une arme plus puissante que la torture. Il se montra doux et attentionné, leur première fois fut douce et tendre, il tâtait le terrain et voulait être certain qu’elle ne souffrait pas le martyr. Puis la suivante fut un peu plus mouvementée. Il la sollicita jusqu’à ce qu’ils retrouvent leur rythme de croisière et qu’il commence à avoir mal partout. Comblé et rassasié, il se laissa retomber dans les draps, la prenant dans ses bras avant de s’allumer un joint et de se saisir de la bouteille de téquila pour en vider un peu et se détendre un peu plus, si c’était possible. Le soleil ne tarderait plus à se lever.


« Tu ne vas pas en rajeunissant ? T’es sérieuse ? Tu crois que t’as quel âge ? 45 piges ? Relax, bébé, on aura des enfants quand ce sera le moment, là, tu dois prendre soin de toi et faire attention. Si je dois mettre des capotes, j’en mettrais, personne en mourra et ce n’est pas la fin du monde. J’ai lu que les méthodes contraceptives pouvaient être dangereuses, et que ça pouvait réduire les chances de grossesse aussi, le plus simple serait la capote mais si tu préfères autre chose, on fera comme tu préfères, pour moi, ça ira si ça te convient. » Il lui offrit un sourire alors qu’elle avait l’ait soucieuse, il caressa son visage et embrassa ses lèvres avec douceur. « Querida, je t’aime, je m’en fous du détail, tout ce qui m’importe c’est que tu ailles bien, que tu sois heureuse, si pour ça je dois danser nu sur une barque en flamme, je le ferais. Tant que je t’ai toi, le reste, je m’en tamponne ! »



***



Plus serein, il reprit les affaires avec entrain et il réglait les derniers détails d’une grosse livraison lorsqu’elle surgit sans crier gare, il la présenta et fut heureux qu’elle s’éclipse, il ne pouvait pas perdre le fil et ajouter une erreur supplémentaire à celles que son père lui reprocherait déjà, Dieu seul savait quand tomberait le couperet Rafael mais il pouvait déjà sentir que ça ferait très mal. Une heure plus tard, il la fit entrer alors qu’il se roulait un joint et tentait de se remémorer cet entretien, s’assurant qu’il n’avait rien oublié, une autre erreur et ce serait le goulag. « Non, ne t’en fais pas ! » Il lui passait tout, sans doute trop, depuis son accident, le retour de bâton serait difficile à gérer pour elle parce qu’il arriverait un moment où il serrerait la vis sans possibilité de négociations. Il était parfois si buté que toute discussion était une perte de temps. Il jeta un œil au chien, haussa un sourcil quand elle souligna que c’était un cadeau de Lyla. Ça m’aurait étonné ! » ne put-il s’empêcher de lâcher en se penchant pour regarder cette petite chose qui le prit en grippe dès le début. Il risquait de se prendre des coups de pompe très souvent s’il commençait ainsi, il n’y avait qu’un mâle alpha et il s’appelait Manuel. « Je lui souhaite, sinon, il va retourner à l’envoyeur ! » prévint-il en s’allumant sa cigarette magique tandis que sa femme cherchait un super nom à la nouvelle idée de merde de sa meilleure amie. « T’as qu’à l’appeler Beretta tant que tu y es ! Je ne sais pas, je pensais que les femmes appelaient leurs animaux par des noms mignons, comme bisou ou bien Chanel, tu vois ? Et non, il ne dormira pas avec nous, le pied du lit, par terre, c’est très bien et ne compte pas sur moi pour ramasser, parce que les chiots sont sales, il faut leur apprendre tout, tu te sens prête à faire tout ça ? A le faire courir plusieurs heures par jour ? A jouer avec lui et compagnie ? C’est une charge, il faudra le faire garder dès qu’on ira quelque part, t’es sûre que c’est une bonne idée d’accepter ce cadeau ? Un hamster, ce serait mieux non ?! » Il eut beau tenter en y mettant du cœur, ce ne fut pas concluant et il dut se résoudre à ramener cette chose chez eux et à supporter toute l’animosité qu’il nourrissait pour son maître et qui avait dû lui être insufflée par la mexicaine, il ne voyait que ça. Il lui avait déchiqueté des tas de chaussures, il ne pissait que sur ses fringues et lui grognait dessus dès qu’il approchait Cinzia. Il avait fini par le foutre toute une nuit dehors pour lui apprendre. Il le faisait manger après eux, interdisait à sa femme de lui donner quoi que ce soit à table et imposait des règles strictes. Il avait été clair et catégorique, si le chien continuait à s’en prendre systématiquement à lui, il dégagerait, on ne plaisantait pas avec cette race-là, ils avaient de la force et de la puissance et une mâchoire qui ne pardonnait pas, s’ils se laissaient bouffer, il n’y aurait plus rien à faire. Ce fut lui qui le récupéra au petit matin après une nuit glaciale et pluvieuse, il prit le temps de l’essuyer avec patience et douceur, pour le réchauffer et le réconforter, il le caressa et eut le droit à ses premières léchouilles avant de lui donner à boire. Il mangea le premier et finit par le servir, s’installant près de lui pour manger sa tartine tranquillement. Bien sûr quand Cinzia le surprit, il nia en bloc et insulta le chien avant de monter pour prendre sa douche, il le retrouva devant la porte de la salle de bain en émergeant et lui tapota la tête avant de se préparer. Les choses bougeaient et il fallait être réceptif et efficace.


Il la trouva en pleine séance de repassage quand il rentra en plein milieu de la nuit, elle l’attendait, même si elle le niait toujours en bloc. Il l’embrassa et se laissa tomber dans le canapé, il sentait la cigarette et la transpiration, la soirée avait été agitée. « Je dois aller voir à LA comment ça se passe depuis la purge et puis faire un tour chez le fournisseur en Colombie, je me disais que tu pourrais venir avec moi. C’est pour la semaine prochaine, ça te laissera le temps d’étudier les livrets que je t’ai donné la dernière fois. Mon père est avide de nouveaux marchés, de nouvelles sources de revenus et il m’a dans le collimateur, si je lui rapporte un peu plus de blé, il faut espérer qu’il me lâchera un peu la grappe. Après ça, on a la semaine du quartier dans le Bronx, je vais avoir besoin de toi, pour superviser et participer. On va inaugurer le centre commercial. Tu pourrais faire un article et reprendre un peu le blog, si ça te dit. Mais tu sais, ton frère et moi, on a un beau projet pour Lyla et toi, un truc qui te laisserait du temps pour bosser avec moi et voyager. D’ailleurs… » Il farfouilla dans sa poche et en extirpa une petite pochette qu’il lui tendit, il y avait deux billets d’avion pour le Wyoming histoire de visiter le parc de Yellowstone. « Une fois que tout ça sera passé, toi et moi, on part une semaine. Le sac à puces peut venir parce que personne ne pourrait vouloir garder un casse couilles pareil ! » lança-t-il alors que le chien lui léchait les doigts tandis qu’il le caressait avec langueur, épuisé.




***




« Tu vois, pour le moment, on amène les armes et la drogue par la route avec des voitures, dans des containers et par avion, on en dénonce certains au FBI ou à la DEA pour avoir la paix et pendant ce temps, le triple arrive en toute impunité. On a des zones entières de blanc sur la carte, comme tu peux le voir, parce qu’on occupe pas vraiment le marché américain, c’est un problème et si je sais que je pourrais m’impliquer dans la vente légale dans le Colorado, je ne vois pas comment écouler dans les autres vides. J’ai du retard sur mes objectifs, j’aurais dû m’étendre sur plus de la moitié du pays sur ce laps de temps mais j’ai eu tellement à faire en arrivant ici et puis avec LA… J’ai envoyé des hommes à moi un peu partout et voilà leurs comptes rendus. » Il lui tendit les papiers alors qu’ils étudiaient les cartes des points de stockage et de livraison depuis deux bonnes heures. « Faut que t’apprennes tout ça par cœur, s’il m’arrivait malheur, tu devrais tout connaître et tout brûler pour gérer à ma place. Je vais te présenter tout le monde, je te donnerai quelques indications pour que tu saches à qui tu as à faire. Tu sais, tu pourrais juste vouloir reprendre le journalisme, je comprendrais. Ce que tu faisais dans le Bronx avant l’accident, c’était bien aussi et tu pourrais te limiter à ça, y a pas de pression. Mais y a personne au monde en qui j’ai plus confiance que toi, tu as la tête sur les épaules, tu es intelligente et tu es du milieu, je sais que tu pourrais faire des merveilles. » Il s’enfonça dans son fauteuil et l’observa un moment, la laissant digérer tout ça, il tâtait le terrain, se demandait ce qu’elle désirait vraiment, refusant de projeter ses envies au point qu’elle en fasse les siennes. Lui ne rêvait que de l’avoir le plus possible près de lui mais il craignait de lui couper les ailes et de l’étouffer, à terme, ce serait peut-être plus périlleux qu’autre chose. « Toi, t’as envie de quoi ? J’veux dire vraiment ! Tout ça, c’est ma croix, si tu ne veux pas la porter pour m’aider autrement, ça me va ! Je ne veux pas te forcer à quoi que ce soit ! J’ai envie que tu sois bien, heureuse et si pour ça, je dois te permettre de retourner bosser dans un journal, je le ferais, à contrecoeur et avec une armada de types pour te protéger mais je le ferais. Tu sais, je ne suis pas stupide, je sais bien que tu as besoin de liberté et de quelque chose qui n’appartiendrait qu’à toi, mais faut que tu me dises quoi et comment. Tu comprends ? »


 




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Cinzia Herrera
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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyMer 23 Nov - 14:57

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei


À aucun moment, tandis que je lui proposais de renforcer les rangs de mes gardes du corps par un homme de confiance, je ne songeai à moi par manque de foi en mon mari. Je ne pensais qu’à lui, à son bien-être, à cette envie de le décharger du poids de l’inquiétude dont je le lestais un peu plus chaque jour. Je n’avais pas besoin d’être sa croix porter jusqu’à au mon Golgotha. J’aspirais à lui rendre son autonomie, mais à contrecœur. J’aimais qu’il soit auprès de moi si souvent, car chaque minute à ses côtés m’était plus précieuse qu’un diamant brut. « Si c’était possible, je ne te quitterais jamais, pas même quand tu vas chercher du pain à l’épicerie. Sérieusement, il n’y aurait que de moi, je resterais avec toi sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre. » affirmais-je en roulant des yeux. Il était le seul avec qui je me sentais en parfaite sécurité. J’étais convaincue que si j’avais traversé cette rue à son bras, Teresa n’aurait jamais osé appuyer sur l’accélérateur. Le monde extérieur me paraissait moins hostile dès lors que mon regard accrochait le sien. Or, il l’était. Dans mon univers, le sang, la cruauté, les guerres, les kidnappings et les assassinats sauvages sont comme l’air que je respire : nécessaire et fréquent. Je l’avais toujours sur et vu, à travers les barreaux de ma cage dorée. Ma réponse à cette réalité, c’était d’accepter les pires aspects de ma personnalité, ceux qui me rendaient à part des autres filles de mon âge. Je répliquais à la violence par la violence, ça n’excluait pas que j’avais bien conscience qu’être entourée était la certitude de me maintenir en vie et que mes espoirs n’étaient pas raisonnables. « Mais, on sait très bien que ce n’est pas possible. Je ne veux pas te ralentir. Ce n’est pas mon rôle. J’essaie juste de t’aider comme je peux, c’est tout. » À défaut de lui servir à quelque chose. Un jour, je lui fis une proposition qu’il refusa, certes, mais ça ne signifiait pas que j’abandonnais pour autant l’idée de le soutenir dans ses affaires d'une façon différente qu’en remplissant une baignoire ou en le couvrant de mon amour et de ma douceur. Chaque chose en son temps cependant. Aujourd’hui, l’heure était davantage à la rencontre avec nos pairs, aux remerciements, à nos retrouvailles charnelles et à la vie, tout simplement, telle qu’elle était avant.

Je dépensai beaucoup d’énergie à trouver des costumes, à sortir Lyla de sa coquille et à rassurer Manuel concernant mes projets pour Halloween. Le but, c’était que cette fête organisée sur le pouce soit une franche réussite. Je voulais que nous nous a musions et, surtout, lui rappeler que la vie valait le coup d’être chérie tant que nous étions ensemble et entouré de nos proches. Soucieuse de ressusciter pour de bon, je me montrai sous mon meilleur jour, renouant avec notre jeunesse alors que notre quotidien ressemblait à celui de mes parents, mariés depuis une éternité, que la routine prit le pas sur la passion. J’avais beau ne pas être une fervente adepte de l’alcool, je n’en donnais pourtant à cœur joie, réveillant tout ma lubricité que je peinai à garder sous contrôle. J’envisageai par deux fois – ou un peu plus – de le traîner dans son bureau quelques minutes et, dans la voiture, j’entrepris une fouille minutieuse de la boîte à gants et du vide-poche passager pour m’occuper les mains ailleurs que dans son pantalon. Après ces mois d’abstinence, nous méritions mieux qu’un coup vite fait dans une bagnole, mais ça m’obsédait. J’accueillis donc son invitation avec les honneurs et je m’employai à dissiper les doutes éventuels sur mon propre désir. Il n’était pas question qu’il s’imagine que je me force à cause des prémices d’une conversation qui s’acheva dans la chambre. Je lui répétai que je l’aimais au moins mille fois alors que nous partagions un de ces moments tendres et bénis des dieux et je remerciai mon corps de ne pas nous avoir freinés à grand renfort de caprices. Je n’avais pas besoin qu’il compliqué la lourde tâche, toute proportion gardée, d’avertir mon époux que la contraception serait inévitable. « Ben, oui, quand même. C’est bientôt mon anniversaire et…j’ai parfois l’impression d’avoir fait du sur-place à l’hôpital. Et puis, je sais bien qu’on n’est pas pressé. Je suis persuadée que, de toute façon, ce ne serait pas le bon moment pour moi, mais je pensais que j’avais le temps de voir venir avant de penser à prendre la pilule par exemple. Ça ne m’avait jamais tracassé avant. » Contrairement aux adolescentes de mon âge, qui s’adonnait prématurément – d’après moi – à leur premier ébat. « Je ne m’étais jamais sentie véritablement concernée. Les préservatifs, ça avait du sens avant qu’on ne soit mariés. »

Bien que ça n’empêcha pas l’accident qui finit par résonner en moi comme une formidable nouvelle. Parfois, il m'arrivait de me demander si je n'avais pas collé au Tout-Puissant une furieuse envie de m'apprendre à mésestimer ses cadeaux tandis que je m'interrogeai en découvrant que je portais un enfant et de façon toute légitime, ce que nous avions à apporter à ce dernier s’il devait évoluer en elle dans le plus grand des secrets jusqu’au mariage. « Mais là, ça va me faire une drôle d’impression psychologiquement parlant. » Physiquement aussi, mais il n’avait pas besoin d’un dessin. « Ce n’est pas à toi à porter ça tout seul et puis, faut voir le bon côté des choses avec la pilule, ce sera pas longtemps, donc ça n’aurait pas le temps de dérégler quoi que ce soit, et il paraît que ça fait grossir. Tu voulais que je prenne au moins quinze kilos. » Et plus encore, si on tenait compte de ma récente perte de poids. «Avec un peu de chance, je vais t’enchanter de mes rondeurs…et tu ne pourras plus jamais te passer de mon corps de rêve. » Je n’étais pas convaincue. Je me trouvais toujours trop grosse à mon goût, mais je n’avais pas envie de saper ses tentatives pour dédramatiser en les saupoudrant de mon pessimisme. Néanmoins contrariée par cette impression systématique de ne plus être le cocapitaine de mon navire, je me rembrunis quelque peu. C'était normal de confier la barre à mon compagnon de voyage, mais c’était le seul à jouir de ce privilège. Si je n’avais pas redouté des séquelles irréparables pour nous deux, j’aurais envoyé Mère Médecine se faire foutre. Ceci étant, j’étais tellement touchée par les attentions de mon mari et sa volonté de me rendre heureuse, envers et contre tout, de lui-même, je l’embrassai en retour et je lui souris sincèrement. « Je t’aime aussi, tu sais, et en guise de bonnes fois, je te promets que tu pourras garder tes chaussettes. » Je sombrai sur ce trait d’humour, pressée contre son corps chaud, ma respiration calquée sur la sienne.


***

J’aurais pu rester des jours entiers enfermée dans cette chambre à revisiter un vieux livre indien, mais ses obligations ne l’attendraient pas une éternité de plus. Lyla non plus. Elle avait besoin de soutien et il était de notoriété publique que j’étais la seule à pouvoir l’aider et que je ne troquerais ma place pour rien au monde. Outre ma relation avec Manuel, mon amitié avec la Mexicaine était saine et importante à mes yeux. Je connaissais peu de gens capables de me couvrir d’un cadeau alors qu’ils traversent une mer agitée sur une embarcation branlante. Nous cuisinâmes ensemble, car le sucre et, par extension, la bouffe étaient le remède à tous les maux selon mon point de vue. Puis, quand vint l’heure de respecter son désir de solitude, j'attrapai  mon chiot et des tupperwares pour faire une surprise à mon époux. Certes, elle faillit tourner au vinaigre, mais que ne me concédait-il pas en caprice ces derniers temps ? C’était presque trop et à la limite de l’inquiétant. Il m’avait toujours traité comme une reine, mais il veillait à me garder sous contrôle, histoire que je n’outrepasse pas les limites qu’ils nous imposaient. Elles étaient maigres, mais elles existaient bel et bien. J’ajouterais même qu’elles étaient nécessaires à notre équilibre. Je m’assurais donc à ne jamais dépasser les bornes. Jamais. Sauf peut-être cette journée où je lui présentai le nouveau venu dans la famille. Il n’avait jamais été question d’adopter un animal domestique auparavant. J’y avais bien songé quelques fois, émue par le sort des plus malheureux d’entre eux, mais c’était resté au stade de projet. Cette fois, cependant, il était là, à nos pieds, me tournant autour et grondant sur mon conjoint comme s’il était de trop. « Oh, bébé, ne le prends pas comme ça. Je te jure que ça part de bonnes intentions. Elle s’est sûrement dit que ça me ferait sortir de la maison et que ça la remplirait quand tu n’es pas là. Et, je suis sûre qu’il s’habituera à toi, j’en mets ma main au feu. » Démarche cavalière, mon nouvel ami s’avéra beaucoup plus possessif que pressenti au départ. « Et, depuis quand tu t’intéresses aux femmes qui appellent leur adorable petit toutou. » J’attrapai le précité pour le serrer dans mes bras et l’inonder d’amour. « Câlin ou sucre d’orge ? Les niaiseries, ça n’a jamais été ton truc, ça te tape sur les nerfs.Tout le monde le sait. Enfin, remarque, j’ai bien pensé l’appeler Bavarois, mais ce serait dangereux pour mon estomac. Et, j’ai déjà pensé à tout ça, et, oui, je vais m’en occuper, le sortir, l’adorer, le cajoler et l’éduquer comme il se doit. Mais, je n’ai pas envie que ça soit uniquement mon chien, mon cœur. Je voudrais que ça soit le nôtre. » Je dégainai le regard fatal de l’apitoiement et il baissa instantanément les armes.

« S’il n’est pas à nous deux, il finira forcément dans notre lit. Je vais me laisser attendrir par cette boule de poil si elle pleure au pied du lit, mais je te jure que je m’occuperai de tous les trucs casse-couilles. » Ce qu’elle fit, pour mon plus grand désarroi, car Mani était ferme, bien que plus moi. il ne grimperait pas sur le matelas. « J’ai besoin de ta poigne pour en faire un bon chien. » Je hochai de la tête à plusieurs reprises, l’amadouant jusqu’au prénom à choisir. « Il faut que tu tranches, Machete ou Beretta. Je surkiffe. J’avais bien pensé à Colt, mais ça fait trop western, et ce n’est pas un cheval qu’on m’a offert. » plaisantais-je tellement fière de ma petite blague que j’en ris, en partie toute seule. La présence du nouveau venu ne ravissait par Mani malgré ses yeux humides et trahissant des émotions plus pures que celles qu’on prêterait au premier inconnu et l’espoir qu’ils trouvent un terrain d’entente se dissipait à chaque chaussure abîmée, à chaque grognement, à chaque pied de table rongé et chaque lever de pattes sur les vêtements de Manuel. Il perdait patience, à juste titre, mais il représentait l’autorité pour l’animal au fort caractère. Moi, j'étais l’affection, la douceur, la faiblesse finalement. Je le traitais mieux que certains êtres humains que je croisais dans la rue, tout simplement parce qu’il n’avait en lui aucune once de malveillance. Il cherchait surtout à se creuser une place, maladroitement, bêtement, car c’était exactement ce qu’il était : une bête. J’aurais adoré que Manuel se montre plus indulgent sur sa nature. Je n’aurais pas eu à me tracasser pour mon chien alors qu’il était consigné à l’extérieur, dans cette niche qu’il fugua pour nous attendre devant la porte de la cuisine, sous une pluie battante et en pleurant tout son saoul. Je fus tentée de discuter la décision de Manuel, mais je n’aurais jamais osé. Si je lui donnais le sentiment qu’il comptait plus que lui, il m’obligerait à me séparer de Machete. Sauf qu’il me faisait du bien. Sa présence me rassurait dès lors que Mani travaillait. Je ne me sentais jamais plus seule. Il me forçait à quitter les murs de ma maison. Il était, en réalité, une véritable bénédiction, à condition que l’on ignore le revers de la médaille.

Par chance, il sembla comprendre qui était le patron et je sus qu’il ne dégagerait pas à coup de pompes après les avoir surpris dans un moment de complicité. Mai jura que j’avais mal interprété les faits, et je n’insistai pas, riant sous cape. Il n’était pas le seul à cultiver de faux secrets. J’étais la première à prétendre que j’étais une couche-tard au lieu d’admettre que je ne trouvais le reps que s’il reposait à mes côtés dans le lit conjugal. Je ne le dupais pas, mais il ne relevait jamais. Je crois que, dans le fond, ça lui plaisait d’être accueilli d’un baiser et d’avoir à disposition une oreille attentive pour vider sa tête de tous ses tracas, à chaud. « LA. » grimaçais-je à l’évocation de cette ville chargée de souvenirs tantôt heureux tantôt le contraire, mais surtout marquant pour notre histoire. il n’avait plus quitté New York depuis l’accident et j’appréhendais tellement ce moment que je ne pus cacher ma déception. « Tu n’as jamais songé à acheter un petit pied à terre là-bas ? Vu la fréquence à laquelle tu peux y aller parfois, ça reviendrait presque moins cher que l’hôtel et c’est mieux que de se faire héberger. » Là où grouillaient un paquet de femmes pulpeuses, quoique ça ne soit que la face visible de la lune. En réalité, je ne bougonnais pas, j’avais tout simplement peur d’être seul et qu’il ne me revienne pas. Je détestais ses pérégrinations punitives. J’arrêtais toujours de vivre, surtout lorsque je n’étais pas la bienvenue, ce qui n’était vraisemblablement pas le cas et qui changea considérablement la donne de mon humeur. Tant mieux. Je n’avais pas envie de devenir l’emmerdeuse de service. Ces émotions-là, je les gardais pour moi en général, mais c’était vivace, bien plus que d’antan et beaucoup moins que prochainement si j’en croyais l’invitation sous-entendue. « Venir avec toi, à LA et en Colombie ? » Mes yeux pétillaient désormais. J’étais tout ouïe, si bien que je débranchai le fer à repasser, délaissé plus tôt pour le gratifier d’un baiser à la hauteur de mon enthousiasme « Avec plaisir. Je m’occuperai des valises et j’ai déjà regardé aux livres. Ça fait un bail maintenant. En fait, j’y ai regardé au Salvador. » Lorsque je fus assignée à résidence, aurais-je ajouté pour plus de précision. « Si j’ai bien compris, il y a les bilans comptables qui te permettent de déterminer ce que tu peux blanchir du capital de l’autre carnet. Mais, d’après ce que j’ai vu, ça m’a l’air déjà super serré déjà, tu vas devoir t’étendre encore. Tu penses à ouvrir une autre boîte dans New York ou tu as une autre idée ? » La même qui, peut-être, me concernait directement.

Je brûlais de tout savoir, mais surprise par les enveloppes et leur contenu, je retardai mes questions au profit de la reconnaissance. Je la manifestai en bondissant sur lui, mon chien sursauta, lui aussi, mais il referma tout de même ses bras autour de moi. « J’adore l’idée. Il paraît que c’est magnifique en plus. J’ai hâte. J’aime voyager. Je trouve qu’on ne le fait pas assez souvent d’ailleurs. La prochaine fois, c’est moi qui essayerai de te surprendre…» promis-je en parsemant son visage d’une multitude de baisers. Transporté par mon effusion de l’allégresse, Machete sautillait, son os à ronger entre les dents. Je lui transmis mon plaisir qu’il puisse nous accompagner. C’était peu de chose, comparée au reste, mais ça signifiait qu’il était définitivement adopté. C’était la cerise sur le gâteau. Tirant mon époux jusqu’à la cuisine pour lui réchauffer une assiette, et parce que j’étais bien plus calme, je jugeai bon de revenir sur le sujet principal : ses intentions. Je commençais doucement à m’ennuyer, je n’étais dès lors pas contre une proposition, mon blog ne m’inspirant plus réellement, sauf si ça promouvait l’un de ses investissements. « Je t’écrirai un article avec plaisir pour le centre commercial. J’ai perdu pas mal de lecteurs et sans doute un peu en crédibilité, mais je verrai avec Jez si elle ne peut pas élargir le public cible au maximum. Je te ferai lire le premier jet, tu me diras ce que tu en penses, parce que j’ai peur d’être rouillée. » grimaçais-je en déposant ses couverts en face de lui. « Et pour la semaine du quartier, Maria est justement passée cet après-midi pour m’en parler. Elle n’a pas mal d’idées. Elle aimerait bien que je le donne un coup de main. J’ai dit que je verrais avec toi, mais je ne peux pas me permettre de refuser. Mais, ce n’est pas le plus important. C’est toi, ce beau projet pour Lyla et moi ? » Étonnant d’ailleurs. Ça sous-entendait une chose : Luciano était dans le coup. « Allez, en quelques mots, je vois bien que tu es KO, mais je ne vais pas pouvoir dormir si tu ne me dis pas ce que c’est. Tu en as trop dit ou pas assez. » Je trépignais d’impatience et de curiosité. Un peu de défi ne nous ferait que du bien et s’il était de ceux à relever ensemble, je n’en serais que plus heureuse.


***


Concentrée sur la carte que j’avais sous les yeux, je l’écoutais pieusement m’expliquer les détails de son trafic, ses procédés pour abuser les flics et ses inquiétudes par rapport à tous ces objectifs qu’ils s’étaient fixés et qu’il n’avait pas encore atteints. Il y avait sur des zones entières dénué de couleur, de traits ou d'annotations. De mon point de vue, le travail abattu sur ces dernières années forçait l’admiration, mais Manuel était un ambitieux. Il avait besoin de plus. « Pourquoi tu ne commences pas par là ? » Je désignai Chicago de l’index. « Tu y as de fameuses entrées. Il suffirait de demander à mon frère de t’organiser une rencontre avec le parrain là-bas. À mon avis, ça ne devrait pas être compliqué pour lui et je suis persuadée qu’il te recevra en personne en plus. Je sais aussi que Cosa Nostra est super étendue sur la Nouvelle Orléans et à Las Vegas aussi. Bon, je sais que c’est assez éparpillé par rapport à ta carte, mais ils ont leur contact. Si l’organisation se limitait à ces seules villes, mon père n’en serait pas là. Ça vaut peut-être le coup d’aller voir ce qu’ils ont à offrir. Il n’y a pas de mal à profiter de ce mariage. Non ? Peut-être qu’ils ont besoin d’investisseurs et que ce sont ces mêmes investissements qui vont te permettre de blanchir ce que tu amasseras là-bas, parce qu’écouler de la marchandise, c’est bien, mais si le blé est gelé, ça n’aurait pas grand intérêt.» soupirais-je en me rappelant ces longues journées à l’hôpital, où cogiter était mon passe-temps préféré. Je ne l’avais pas toujours consacré à l’apitoiement. Un jour, alors que je me baladais dans les couloirs, je me souviens m’être fait la réflexion que sans les privilèges des ambulanciers sur le Code de la route, New York se dépeuplerait, mais ce n’était pas les seuls à jouir de telles faveurs. « Et pour envoyer la marchandise là-bas, et le faire en toute impunité, j’ai une idée, mais il faut que tu me jures que tu ne te moqueras pas de moi si elle est mauvaise. » Je patientai jusqu’à ce qu’il promette avant de me lancer, me redressant sur ma chaise. « On voit beaucoup de choses et on entend beaucoup de choses quand on est à l’hôpital aussi longtemps que moi. Et, tu sais qui n’est jamais emmerdé par les flics ? Les ambulanciers et les agences privées de transports de greffon. Ils ne le sont jamais. Par extension, tu sais aussi que les gardiens dans les agences de gardiennage ne sont jamais arrêtés et que c’est pareil pour le transport de fonds aussi. Ça fait des tas de possibilités, des tas de clients légaux, des déplacements d’un état à l’autre et pas d’emmerdes. En pratique, je ne sais pas du tout quels sont les accès à la profession, tout ça, mais… Jez peut te trouver assez vite à mon avis. »

J’éludai volontairement l’allusion à une catastrophe que je refusais d’envisager ou d’apprivoiser. Mon cœur palpita à ses  mots. Il s’attendrit sous le poids de ses compliments également et, les yeux humides, je me levai pour aller nous chercher de quoi grignoter, histoire de cacher mon émotion. « Si j’ai bien compris, tu es en train de me proposer de travailler avec toi à temps plein, c’est ça ? » Je considérai la question sans l’interrompre, mais en réalité, ma décision était prise depuis longtemps. Il convenait simplement de l’en convaincre, non pas pour gagner ma place, mais pour qu’il soit parfaitement conscient qu’il n’était pas mon choix par défaut. Non. Il était mon premier choix. « J’ai reçu une proposition d’emploi. Une chaîne télé privée qui cherche un journaliste d’investigation pour une émission à la con qui traite de sujets bateaux et stéréotypés. En gros, c’est le même boulot qu’aux Times, sauf que mes recherches resteraient au stade de premier jet puisqu’il n’y a pas de publication, mais j’ai refusé. Je ne t’en ai pas parlé, parce que je ne voulais pas que tu croies que ça m’intéresse et que je disais non pour toi ou parce que j’ai peur. La vérité, c’est que ce métier-là, il est fait pour les fouilles-merdes et je ne sais que trop ce qu’on récolte quand on la remue avec un bâton. Avec ce blog, j’ai le droit de choisir si j’ai envie de me mettre en danger ou pas. Et, c’est vrai que j’ai peur, mais pas quand je suis avec toi. Et, tu es là. Ce que je faisais pour le Bronx, c’est juste le prolongement de ce que tu y fais déjà. Ce n’est pas incompatible avec le reste, c’est même nécessaire. Je te l’ai dit, je n’ai pas choisi cette voix-là parce que j’aimais ça, mais parce que ça plaisait à mon père et que c’était la seule solution pour rester du « milieu. » Tu me crois capable de faire des merveilles ? Hé bien, c’est parfait. On va les faire ensemble, alors, parce qu’il n’est pas question que je sois ailleurs que près de toi si tu me fais de la place dans tout ton monde. C’est ça que je veux… » affirmais-je avec une telle détermination que j’oubliai des paramètres de taille. Qu’arriverait-il si je le décevais ? Si je commettais une erreur conséquente ? Si ma poisse légendaire nous rattrapait ? « Alors ? On va faire quelque chose de mon nom de jeune fille tous les deux ou pas ? Parce que j’ai d’autres arguments, tu sais. Juste là. Sous mon T-shirt et je peux l’enlever. Ce n’est pas aussi cavalier que danser nu et en chaussettes sur une barque en flamme, mais chacun ses atouts. »  


***


J’étais du genre malin, du moins, était-ce l’image que mon époux et que mes proches me renvoyaient de moi. Sauf que je n’étais pas à l’après d’une négligence. Quand je proposai à Manuel de s’ouvrir à mon frère et avec ma famille afin qu’elle ne serve pas uniquement les projets matrimoniaux de son père et le désir du mien de distribuer sa marchandise en utilisant les réseaux de mon mari, j’omis qu’à l’instant même où je m’impliquais dans ces affaires, j’aurais à jouer les hôtes parfaits avec Gaby. Non, moi, naïvement, je pensais que ça se discuterait entre eux, ce qui était somme toute possible et envisageable. En quoi l'harmonie avec mon jumeau influencerait-elle ses décisions ? En quoi était-elle obligatoire ? Notre conflit ne le ralentirait pas. Je savais de source sûre qu’il rêvait de s’émanciper de son besoin de reconnaissance chez les Gabmnio. Il pouvait très bien commencer par moi, moi qui lui étais tellement en colère envers son comportement que l’idée de lui sourire me paraissait insurmontable. Je n’avais eu de cesse de louanger sa bonne nature et en traitant Jez comme le deux de trèfle – carte misérable – il m’avait fait passé pour une imbécile, comme précédemment, lorsqu’il se plaignit à mon conjoint de mes manœuvres bien intentionnées. Les bras croisés en signe d’opposition et le regard sombre, je me fermai littéralement à toutes discussions susceptibles de me faire changer d’avis. Je ne le servirai pas comme s'il était un pacha, quitte à me disputer avec Manuel. « N’importe qui, mais pas lui. Tu veux inviter un de tes associés ? Je mettrai les petits plats dans les grands. Tu veux recevoir un investisseur, je flatterai sa femme pour qu’elle m’adore. Je serai aussi docile que tu le souhaiteras, mais pas Gaby. Surtout que je ne vois pas en quoi c’est nécessaire. C’est ton beau-frère. » remarquais-je lucide sur la volonté de mon époux.Il ne le faisait pas tant pour lui. Ses affaires, c’était son faire-valoir pour me convaincre malgré moi de renouer avec mon jumeau. « Je vois bien ce que tu fais, mais je n’ai pas envie de faire d’efforts avec lui. Il est trop fier et c’est lui qui a voulu ça en pleurant dans tes jupes à cause du blog. Il ne s’est pas tracassé de moi du moment où il l’a fait ? Il a pensé qu’à lui et sa fierté qui lui fait faire que des conneries. Il ne mérite pas ta sœur, il ne mérite pas non plus que je me prosterne à ses pieds. Il veut réparer ses conneries, il n’a qu’à apprendre à dire pardon, comme tout le monde, de m’avoir pris pour son ennemie. » surenchéris-je, revêche, sachant très bien que j’agacerais mon interlocuteur. « Non, mais c’est la meilleure, il me fait de la peine et c’est moi qui devrais m’écraser ? C’est la meilleure, ça. »






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Manuel Herrera
Manuel Herrera
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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyLun 28 Nov - 23:15

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei



Lui aussi, si on lui donnait le choix, il aurait aimé l’avoir tout le temps avec lui. Déjà parce qu’il pouvait contrôler à qui elle accordait du temps et par là comprenez, trop de temps. Mais aussi parce qu’il aurait pu garder un œil sur ceux qui lui adressaient la parole et étaient sur le point de se faire une place dans sa vie et son cœur. Ca le rendait malade, lui et sa jalousie, il ne pouvait tolérer qu’elle s’ouvre aux autres parce qu’il avait l’impression d’en pâtir inévitablement. Il aurait fallu que le monde de Cinzia ne tourne qu’autour de lui et rien que de lui, qu’elle ne pense qu’à lui à chaque seconde que Dieu faisait. Il le lui rendait bien d’ailleurs, ce qui n’arrangeait clairement pas les affaires de son père et qui avait plutôt tendance à ralentir les siennes si les choses ne tournaient pas bien rond entre eux. Il savait, depuis le temps, que la MS était sa première femme et amante et qu’il aurait dû se focaliser uniquement sur elle et rien que sur elle mais depuis que sa femme était entrée dans sa vie, les choses étaient clairement différentes. Non, bosser ensemble 24 heures sur 24 aurait été un mauvais calcul, il peinerait à se concentrer et ce qui devait lui prendre peu de temps prendrait un temps infini parce qu’il aurait à cœur de lui expliquer, de la préserver ou bien de corriger un abruti qui aurait osé laisser traîner ses yeux sur elle un peu trop longtemps. Pour le bien de la MS et sa vie, il valait mieux qu’ils ne passent pas le plus clair de leur temps tous les deux, même s’il aurait adoré ça et que sur papier, ça semblait être l’idée du siècle, il ne pensait pas vraiment au fait que c’était la possibilité de multiplier les disputes et peut-être également de la mettre un peu plus en danger. « Je crois surtout que ce serait risqué même si l’idée me plaît bien. Je crois qu’il faut être raisonnable et puis, ce serait le meilleur moyen pour toi de te lasser vitesse grand V de moi ! Je n’aurais plus rien d’intéressant à te raconter, tu saurais déjà tout et toutes mes surprises passeraient à la trappe, tu imagines ! » Et cela rendrait l’abstinence encore plus insupportable qu’elle ne l’était déjà. Heureusement, Halloween vint apporter un vent de fraîcheur et amena dans ses valises la seule et unique solution qui les soulagea tous les deux et permit au salvadorien de remettre un peu ses idées en place. Si le sexe n’était plus une priorité comme par le passé, il en avait tout de même besoin pour y voir clair et ne pas prendre des décisions sous le coup de l’agacement, de la frustration ou d’un quelconque autre sentiment négatif.


« Bébé, tu fais des montagnes de détails. Tu n’as pas perdu de temps, tu te retapais et la pilule, c’est pour une courte période, si jamais on choisit cette option, juste le temps que ton corps se retape complètement et que tu prennes soin de toi ! » Il relativisait parce qu’elle avait un don certain pour l’exagération et qu’il voulait remettre l’église au milieu du village pour qu’elle ne se laisse surtout pas gagner par la panique. « Y a pas de problèmes, Cinzia, c’est qu’un bout de plastique et c’est encore ce qu’il y a de plus sûr. Moi ça ne me pose pas de soucis, ça ne devrait pas t’en poser, qu’est-ce qu’on s’en tape, ça ne nous empêchera pas de nous amuser, si ?! » Lui lança-t-il en haussant un sourcil en attendant qu’elle infirme ou confirme. « Attend, attends, la pilule fait grossir ?! » Ouais, il avait bien envie qu’elle se remplume un peu, pas qu’il ne la trouvait pas à son goût, bien au contraire mais plus y avait de matière et plus il appréciait, c’était vachement plus drôle pour s’agripper ! Il examina la proposition avec sérieux. « Je ne peux déjà pas m’en passer mais avec encore plus de toi, comment je vais faire pour sortir d’ici et aller bosser ? » Il éclata de rire alors que le regard de sa femme pétillait d’amour et qu’elle semblait avoir entendu le plus beau compliment du monde, il adorait la voir comme ça, ses paupières papillonnant an elle était ravie. Il prit sa main et l’embrassa avant d’entrecroiser leurs doigts. « Peut-être que pour plus de sécurité, on devrait tout simplement faire les deux, je n’ai pas envie que tu mettes ta santé en danger et il paraît que la pilule n’est pas si fiable que ça, j’avais lu ça au début où on couchait ensemble, histoire de savoir ce que tu pourrais prendre, tout ça. Fallait bien que je me renseigne, ça n’avait pas l’air de t’alarmer ! » se défendit-il pour la taquiner. Ils ne s’en étaient pas trop mal sortis jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte à l’aube de leurs noces, il aurait préféré que ça arrive plus tard et Dieu l’avait sûrement puni pour son ingratitude. Il préférait ne pas y penser, ils passaient un bon moment et il ne voulait pas le teinter de tristesse ou bien mettre de la distance entre eux, ils méritaient bien mieux comme retrouvailles. Il décida de s’occuper la tête et les mains de la seule façon amusante pour le reste de la nuit.



***



L’horreur avait désormais la forme d’une boule de poils insupportable qu’il aurait volontiers balancée à l’autre bout de la ville d’un bon coup de pompe. Encore une idée fabuleuse de la grande Lyla, elle aurait mieux fait de se préoccuper de son mari et de ce qu’il pensait de son attitude chez ses parents, ça lui aurait laissé moins de temps pour inventer une nouvelle manière de lui pourrir la vie. Il fallut nommer ce fléau Machete et composer avec parce qu’il était, bien évidemment, inenvisageable pour sa femme de le retourner à l’envoyeur. Il finit par s’y habituer, comme s’il était atteint du syndrome de Stockholm et il fallait bien qu’il aime sa femme pour endurer pareille torture. Il n’avait rien contre les animaux mais les préférait chez les autres. Lui n’avait pas envie que ce soit leur chien ou le chien de la maison, si ça avait été celui de Lyla, ça aurait même été parfait. Ce qu’il refusait d’admettre pour ne pas perdre la face, c’était qu’il avait fini par s’y attacher, même si c’était le chien le plus casse couilles de la création, il avait de bons côtés et il adorait l’application qu’il mettait à veiller sur sa femme. On pouvait au moins lui reconnaître cette utilité. C’était cependant un souci en plus pour leurs déplacements et ça l’emmerdait, il aurait préféré ne pas avoir à s’en soucier, car il avait prévu de bouger dans les mois à venir, emmenant sa femme avec lui pour avoir le cœur plus léger et il ne pourrait abandonner le clébard à qui que ce soit, ce qui signifiait un lot de problèmes. « Je n’y avais jamais pensé mais en effet, on profitera d’être sur place pour voir les prix et ce qu’on pourrait se prendre, j’aime pas trop les hôtels, ça nous permettrait de se sentir un peu plus chez nous là-bas, t’as toujours des idées géniales, qu’est-ce que je ferais sans toi, hein ? » S’il la flattait suffisamment, il aurait peut-être droit à un massage des pieds ou à un truc plus sexuel qui lui irait tout aussi bien. Il fut ravi qu’elle s’intéresse suffisamment à ce qu’il faisait, pour tout étudier sans avoir besoin qu’il ne fasse pression sur elle, il l’aurait mal vécu et aurait fini par avorter son idée d’en faire sa partenaire privilégiée de ses affaires. C’était déjà une grande première, personne ne mêlait jamais sa femme à quoi que ce soit pour éviter les emmerdes ou sans doute par peur qu’elle ne soit meilleure et obtienne tous les suffrages avant de les évincer. Pour sa part, il croyait dur comme fer aux talents de sa femme mais il savait qu’elle ne ferait jamais rien pour l’humilier ou le blesser, tout comme il était bien conscient qu’il ne pourrait lui donner tout le pouvoir qu’elle méritait. Cela passerait mal et ce serait le meilleur moyen de la mettre en danger, personne ne devrait jamais apprendre à quel degré elle était impliquée dans ses affaires et jusqu’à quel point, bien qu’il n’hésiterait jamais à venir prendre conseil auprès d’elle. « Non, j’aimerais écouler ma marchandise illicite dans d’autres villes et d’autres états, pourquoi pas tout cacher sous une chaîne de boîte de nuit Gato Negro ou bien créer une chaîne de restaurants, je ne sais pas encore, mais il faut que j’amène quelque chose de nouveau et de gros sur le tapis, si je veux que mon père ait l’impression qu’on progresse et que je ne fais pas du surplace, il croit déjà que je suis incapable de nous protéger… Il faut que je rattrape la situation ! »


Rafael n’avait fait aucun mystère sur ce qui arrivait à ceux qui le décevaient. Fils ou pas, il n’y aurait pas d’exceptions. « Rouillée ? Alors que t’es encore capable de m’assommer de mots ?! J’en doute et je suis certain que ce sera parfait, le bagout, t’as ça dans le sang et parfois, j’aimerais bien que ce soit possible de te mettre en mute, même si je t’aime, hein ! » Il éclata de rire, profitant des effets de sa petite taquinerie du soir, ce qui ne manquait jamais de faire mouche, elle était sa première fan et son meilleur public, il fallait bien le dire, sans doute parce que c’était le seul, forcément. « J’aimerais que tu y participes, ça montrera que tu fais vraiment partie de la communauté et ils ont besoin d’idées pour rendre ça exceptionnel, comme tu sais si bien le faire. Tu pourrais inviter ma sœur à aider, ça l’occupera un peu et ça lui évitera de casser les couilles à son mari pour faire des trucs qui ne sont plus dignes d’elle. Il va finir par contacter le service après-vente si elle continue, on a pas idée d’être une femme aussi chiante, enfin y a chiante cool et chiante chiante, toi t’es une chiante cool, siiii, je te jure ! Mais pourquoi tu me frappes, c’était un compliment ?! Aiiiiiiie ! AU SECOURS ! Je suis un homme battu ! A L’AIDE ! » Ce fut Machete qui vint à la rescousse, jouant les chiens médiateurs et se mettant entre ses deux maîtres, léchant le visage de Cinzia et fouettant celui de Mani avec sa queue qu’il agitait frénétiquement, cela les fit rire de longues minutes avant qu’elle ne revienne à la charge avec cette histoire de projet secret pour Lyla et elle. Il ne pourrait éluder la question, il en avait bien conscience et usa ce qu’il lui restait d’énergie. « Avec Lucky, on bosse depuis quelques temps sur la possibilité que vous repreniez la boîte de call girls de Carolia. Elle manque de temps et d’envie, du coup, elle se contenterait de vous former et ce serait votre business à vous, votre façon de contribuer à nos affaires. Lucky pensait l’offrir à Lyla mais on s’est dit que vous permettre de bosser ensemble vous ferait plaisir. Vous ne vous voyez plus aussi souvent qu’avant et même si, ensemble, vous êtes pénibles au possible, vous êtes capables de déplacer des montagnes. Lucky attend que Lyla soit prête, alors fais comme si tu ne savais rien, une fois que ce sera sur les rails, je t’y emmènerai pour que tu puisses te faire une idée et te mettre dans le bain. Si ça ne te plaît pas, on peut bosser à autre chose mais ce sont des putes de luxe, on n’est pas dans le truc dégueulasse et vulgaire, je pense que ça pourrait vous amuser. Vous qui adorez les réunions de jouets en plastique ! J’ai tendance à penser qu’on ne fait pas mieux que le vrai ! »



***




Plus les jours passaient et plus il était obsédé par ses plans de conquête et par sa volonté de prouver à son père qu’il méritait sa place. Il désirait plus que tout son admiration, son approbation et sa fierté et ce n’était pas gagné, pas avec les gros manquements de ces dernières semaines en termes de sécurité. Son père était intransigeant sur la question et n’avait rien laissé passer, s’il s’inquiéta de la santé de sa belle-fille, il l’était tout autant des méthodes de gestion de son fils et il ne tarderait pas à lui faire payer son incompétence, Mani espérait seulement obtenir un délai en lui prouvant qu’il n’était pas qu’une cause perdue. « Je voulais faire ça seul mais tu as raison, ce sera plus facile et plus intelligent de commencer avec l’appui d’un allié. Je vais passer un coup de fil à ton frère et lui proposer de s’occuper de toute cette partie de mon business à Chicago et pourquoi pas ailleurs. Il est hyper compétent, il sait ce qu’il fait, j’ai presque autant confiance en lui qu’en Lucky, à qui il faudra aussi que j’en parle, va savoir s’il ne voudrait pas mettre des billes aussi. » Et pour des questions de respect également, il n’était pas question de le vexer en l’amenant à penser qu’il essayait de le remplacer par son frère ou bien de le doubler, peu importait la façon, il ne ferait jamais une chose pareille à son meilleur ami et frère. Jamais. Plutôt que crever. « Pourquoi je me moquerais ? Allez, dis-moi tout, princesita ! » Il était excité comme un gamin, c’était l’effet que les affaires avaient sur lui, même s’il traitait toujours tout ça avec beaucoup de professionnalisme et de sérieux. Il ouvrit de grands yeux et son sourire s’épanouit sur ses lèvres avant qu’il n’embrasse les mains de sa femme. « Si tu n’existais pas, il faudrait t’inventer, je te jure ! J’amènerai tout ça à ton frère, parce que faire bosser ma sœur, il a du mal avec l’idée mais je peux déjà tester à petite échelle et voir ce que ça donne, racheter une agence privée qui fait faillite et charger les camions et voitures sans que ça se sache ! Je vais tester à la frontière mexicaine pour commencer, je vais voir ce qu’il y a à racheter là-bas, faudra peut-être descendre au Nouveau Mexique aussi ! Oh putain, bébé, si tu n’étais pas ma femme, je t’épouserais ! » Il griffonna quelques inscriptions qui faisaient sens pour lui et entoura le dernier mot, se disant qu’ils avaient du pain sur la planche. Il déchanta un peu quand elle lui parla de cette offre d’emploi alors qu’il venait de confirmer son désir de la faire travailler à multiplier les intérêts et les bénéfices de la famille Herrera à laquelle elle appartenait désormais.


« Vraiment bébé ? Sans regret ? Je sais que tu es douée avec les mots et pour déterrer de sacrés trucs, je ne veux pas avoir l’impression de te priver d’un truc dans lequel tu t’épanouis. Je sais que je t’ai obligée à arrêter mais ton patron était malsain, c’était ça mon plus gros problème bien que je t’avoue préférer le format du blog parce que je n’ai pas à m’inquiéter d’où tu es et dans quelle merde tu vas te mettre. Je crois vraiment que tous les deux, on peut faire des merveilles et j’ai besoin de te super idées, tu penses et voient des choses que je n’envisage même pas, crois-moi, j’ai besoin d’idées nouvelles et j’ai l’impression qu’elles sont toutes dans ta tête. » Il lui caressa la joue du pouce après avoir déposé sa main là. Il vint chercher ses lèvres pour lui dérober un baiser qui dura un peu plus longtemps que prévu. Chaque fois qu’il pensait connaître sa femme dans le moindre détail, elle le surprenait pour le meilleur et il retombait amoureux. Aurait-il pu trouver mieux ? Certainement pas ! Il ricana et l’embrassa une autre fois, brièvement. « Tous les autres étaient convaincants, on va pouvoir commencer à se mettre au travail, et tu vas pouvoir continuer à me filer de bons tuyaux ! Mais avec ce qu’on a déjà, on risque d’être occupés pas mal de temps. » Il ne pensait pas si bien dire. Entre ses rendez-vous réguliers avec Gaby pour le mettre au parfum et lui demander ce qu’il voulait en contrepartie, ceux avec Lucky pour le mettre au courant et lui proposer de participer à moindre échelle ainsi que la semaine du Bronx qui prenait beaucoup de temps à Cinzia et à lui qui venait jeter un œil pour s’assurer que tout irait pour le mieux et leur montrer qu’il prenait à cœur tout ce qui se passait dans le quartier, ils n’avaient plus une minute à eux. Il vit dans leurs projets de renouveau pour la MS, l’occasion idéale de réconcilier les jumeaux après un coup de fil explicite de sa petite sœur. « Il est malheureux, tu sais. » « Je sais et elle n’apprécie pas plus la situation mais elle lui en veut, j’ai déjà tenté. » « Ouais, c’est de ma faute, j’en ai bien conscience et c’est pour ça que j’essaie d’arranger la situation. Si tu lui disais, elle t’écoute toujours. » « Pas pour son frère, si tu veux qu’elle lui pardonne, je vais devoir ruser, je ne sais pas encore comment mais je vais trouver. C’est trop con de se faire la gueule pour des choses pareilles ! » « Merci Mani ! » « De rien, niña ! Tâche de ne pas trop nous l’énerver avant, ok ?! » Elle ricana et lui dit au revoir, il n’était pas sûr de ce qu’elle ferait de ce conseil mais ça lui faisait un peu peur. Mieux valait ne surtout pas y penser.


« Beau-frère ou pas, c’est mon associé, tu lui dois le respect et putain, c’est ton frère, ton frère jumeau, tu peux pas le traiter comme ça jusqu’à la fin des temps ! Merde, Cinzia ! C’est la famille ! S’il lui arrivait un truc demain, tu t’en voudrais à mort d’être fâché avec lui, surtout pour des trucs qui concernent son couple ! Moi, je ne supporterais pas d’avoir Jez à dos parce qu’elle a pris ta défense, je prendrais sur moi et j’irai m’excuser ! » tenta-t-il, ne se rendant pas vraiment compte qu’il desservait le camp qu’il défendait mais c’était bien essayé. Il le faisait autant pour sa sœur que pour sa femme, elle avait besoin de Gaby, même si ça lui faisait mal au cœur de l’admettre, elle avait autant besoin de cette famille là que de lui, comme il avait besoin de Luciano et de Jezabel pour se sentir bien. « Il traversait une phase difficile avec Jez, il l’a fait par rapport à ça, je dois t’énumérer nos phases difficiles ? Ton frère a la vie dure depuis qu’on l’a obligé à venir ici, il a besoin de soutien, pas qu’on fasse son procès. T’as la clémence sélective je trouve ça dommage ! Ma sœur a aussi sa part de responsabilité, il n’a pas été tout seul à tout faire foirer ! Et ça ne nous regarde pas mais oui, il devrait s’excuser et il pourrait le faire si tu lui ouvrais la porte ! Cinzia, pour une fois, s’il-te-plaît, ne fais pas ta tête de mule ! » Il leva les yeux au ciel, comprenant que ce serait difficile et sa seule technique fut de les enfermer dans la cuisine pour qu’ils puissent discuter en tête à tête. Il avait veillé à se prendre une assiette de bouffe, pour ne pas mourir de faim. Il resta là, installé sur sa chaise, attendant qu’ils s’expliquent ou se battent mais qu’il se passe quelque chose. « Je n’ouvrirais que quand vous aurez fait la paix ! » les informa-t-il quand on cogna contre la porte. « Vous êtes réconciliés ? » s’enquit-il en enfournant une nouvelle cuillérée.



***



Il y avait un gros sac dans le hall de l’entrée et Gaby parlait à l’étage. Gaby ? Il gravit les escaliers pour trouver son beau-frère devant la porte de sa chambre, en train de parlementer avec une porte close et sa sœur de l’autre côté. « Bébé, qu’est-ce qui se passe ici, putain ? » Ca faisait un drôle d’effet quand on rentrait du boulot d’avoir l’impression de se retrouver en plein milieu d’une bataille rangée. « Elle a fait quoi encore comme connerie ? » murmura-t-il à l’adresse de Gabriele qui semblait à bout de nerfs et de forces. « Elle est venue se réfugier ici, on a eu un différend. » « De quel genre ? » « Pas de déménagement ! » Mani haussa les épaules et posa une main amicale sur son épaule. « Les filles, je vais commander indien, mais ce sera en bas que ça se passera mais sachez que je ne compte pas dormir sur le canapé, je n’ai rien fait, j’aimerais profiter de mon lit et de ma femme mais y a d’autres chambres si Jez veut faire sa petite crise en toute tranquillité ! Merci de votre attention ! » Il fit signe à Gaby de le suivre pour qu’il puisse souffler un peu, lui assurant qu’elle ne s’envolerait pas et qu’il devait lui faire croire qu’il lâchait la partie pour mieux réattaquer derrière. Il n’y eut que Cinzia qui descendit et Mani proposa au jeune marié de monter la part de la gamine, peut-être que l’appel de l’estomac serait suffisamment fort pour qu’elle lui ouvre. « C’est quoi ce merdier, Cin ?! » lâcha-t-il enfin quand ils se retrouvèrent seuls. « T’aurais dû m’appeler et me prévenir, t’imagines la merde dans laquelle ça pourrait me mettre avec ton frère ? Et bordel, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Elle a bu ? Et pourquoi elle a ramené sa vie ici ? Elle ne peut pas s’installer ici, elle est mariée, qu’elle le veuille ou non et s’il décidait de la faire rentrer en la tirant par les cheveux, je n’y pourrais rien ! Moi, je le ferais avec une têtue pareille ! Putain, quand va-t-elle comprendre que si elle ne fait pas d’efforts, il n’en fera aucun ?! Elle me fatigue ! J’ai fait ce que j’ai pu pour la prévenir et la préparer pourtant ! »



 




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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE

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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyJeu 8 Déc - 22:04

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei


Avant Mani, je segmentais mes relations en diverses catégories dont le critère principal était la confiance et, lorsqu’il s’agissait de la gent masculine, ça ne dépassait jamais le stade de la camaraderie distante. Nul ne répondait à mes exigences ou je n’aurais pas attendu de le rencontrer pour apprendre à adorer ou, plus simplement, ce que signifiait : se fier à l’autre, tout partager de mon intimité et dévoiler mes forces et mes faiblesses sans m’encombrer de pudeur. Non. Je me serais livrée au premier coup de cœur bien avant qu’il ne s’impose dans ma vie et dans mes habitudes, déterminé à tenir les rôles d’ami, d’amant et de mari. Il était sans conteste la plus belle chose qui me soit arrivée au cours de ma courte existence. Traverser la suite ma main dans la sienne, c’était une chance et un honneur. Contrairement à lui, jee ne craignais pas vraiment, contrairement à lui, que son omniprésence dans mon quotidien me lasse d’une quelconque manière. C’était tout bonnement impossible, car il dépassait largement ces attentes nées dans ma petite enfance et qui subsistèrent au temps qui passe. En revanche, je redoutais souvent que l’inverse nous surprenne. Ma nature de malchanceuse et d’anxieuse exigeait qu’il déploie des trésors de persévérance pour me protéger ou pour me rassurer, en particulier lorsque je provoquais une tempête dans un verre d’eau. Des tas de couple recourent à la contraception. Qu’importe les raisons, ce n’était ni rare ni grave, mais dans ma bouche, faute à mon éducation et à cette ligne de conduite que je traçai pour moi il y a longtemps et dont je ne déviai jamais, ça sonnait comme une véritable catastrophe. Il lui en fallut de la patience pour me refroidir la tête. Je transférais sur lui mes propres frustrations puisqu’à choisir, j’aurais bravé l’interdit, mais il en allait de ma santé physique et de son équilibre. Je refusais d’être à nouveau confrontée à sa détresse quand je me réveillai. Ses traits étaient tirés de fatigue et d’inquiétude. Plus jamais je ne serais la source d’un tel désarroi. Je m’en étais fait la promesse, alors je cessai de discuter. Nous optâmes pour une méthode radicale : la pilule cumulée aux préservatifs, ceux-là même qui me posaient un problème de conscience. Ce « bout de plastique », comme il le nommait, c’était bon pour les amants illégitimes. De mon point de vue, nous méritions mieux que ça, mais outre la prise de poids présumée qui suffit à le convaincre qu’avaler une bonne dose d’hormones ne pourrait pas me faire grand tort, il voulait prendre sa part, pour me soutenir, pour m’éviter d’avoir à porter seul le poids de ce détail néanmoins dérangeant. Face à ce genre d’attitude, mon cœur emballé plus tôt par quelques compliments palpita plus fort, plus encore dès lors que nous nous abandonnâmes l’un à l’autre. Existait-il meilleur remède à l’angoisse que d’être révérée une nuit entière par l’homme que l’on chérissait ? Un homme prêt à nous céder bien des caprices ?

Je n’en formulais pas souvent et j’étais tentée de penser : heureusement pour Mani. Le dernier en date n’était autre qu’un chiot adorable, mais incroyablement possessif. Il détestait mon époux et accumulait les bêtises dans l’unique but de lui pourrir la vie. Il ne s’attaquait qu’à ses chaussures et à ses fringues, forçant Manuel à raffermir sa poigne pour le mater. Ils finirent par s’apprécier mutuellement. Je n’étais plus la seule à recevoir son affection. Si Machete ne me quittait jamais, il réservait à son maître une fête digne du chien qu’il était dès lors qu’il passait la porte de la maison. Quant à moi, je n’étais plus seule à l’attendre, ce qui comblait un peu le vide que je creusais autour de moi et que seuls quelques initiés étaient autorisés à franchir. Ceci étant, rien d’étonnant à ce que je le préfère à New York avec moi, qu’au bout du monde, à moins d’être invitée à faire le voyage. J’en fus tout de suite plus à l’aise, assez pour me plier en quatre pour répondre à tous ses besoins, les yeux pétillants pour ce doux compliment. « La même chose, mais tout serait moins drôle. » affirmais-je en lui offrant un baiser. « Je regarderai sur internet ce que propose les agents immobiliers, je ferai une petite sélection que je te soumettrai. Comme ça, il n’y aura plus qu’à prendre rendez-vous le moment venu. » J’étais en joie et je l’étouffai d’abord. J’aimais Los Angeles… Posséder un pied-à-terre dans cette ville me plaisait au même titre que la tournure que prenait cette conversation. Je m’intéressais à tout ce qui concernait mon mari de près ou de loin, que ce soit confié à travers des mots ou des carnets remis précédemment. Je considérais qu’il n’avait pas atterri entre mes mains par hasard, raison pour laquelle je m’y penchai sérieusement. Je ne m’étais pas trompée et je fus même particulièrement fière de ma démarche et du commentaire qui en découla. « Tu veux franchiser le Gato Negro ? » m’enquis-je tandis que je l’incitais à se débarrasser de ses chaussures et de sa veste de costume. Plus tard, je lui ferai couler un bon bain bien chaud, dès qu’il aurait avalé quelque chose de consistant. « C’est un bon filon légal, mais pour blanchir de l’argent, c’est pas un peu risque ? Une chaîne, ça veut dire une société, donc tu pain béni pour remonter jusqu’à nous. » Pronom personnel employé sciemment. Ne formions-nous pas une équipe qui ne demande qu’à élargir son champ de compétences « Si, jamais il y a une faille dans le système, ils auront vite fait de s’intéresser à la première antenne du genre. Peut-être qu’il faut autant de petites sociétés-écran que d’activités différentes. » Je haussai les épaules, signe que ce n’était qu’une supposition. Mani, c’était un homme d’affaires aguerris et, moi, une simple journaliste dotée d’assez de curiosité et de discrétion pour apprendre des conversations entre mon père et mes frères qui oubliaient facilement ma présence dans une pièce.

Une journaliste ou ce qu’il en reste. Je n’avais plus ouvert la page de mon blog depuis des lustres. C’était, à peu de chose près, la fréquence à laquelle je tentai d’écrire un papier. Je manquais de motivation et d’entrain pour ce métier qui s’imposa à moi naturellement, mais pour servir d’autres intérêts que mon ambition. Je remettais même en question ce talent que me prêtaient les professionnels du métier et je doutais sincèrement que me remettre en selle y changerait quoi que ce soit. Et si l’article qu’il me commandait était nul ? Et si rien ne me venait ? Et si personne ne me lisait malgré le génie de ma belle-sœur ? C’était autant de détail qui m’angoissait, mais que Mani renversa de ses railleries qui m’amusaient. Je me défendis d’un coup de coussin, la mine faussement irritée et ça se clôtura en jeux de mains auxquels le chien participa gaiement et en éclats de rire. C’était le genre de moment complice qui ravivait toute la flamme de mon amour pour lui et je l’embrassai, juste avant que nous nous relevions pour rejoindre la cuisine. Je commençai par lui exposer toutes mes idées concernant la semaine du quartier et j’enchaînai sur son projet qui me laissa interdite : « Attends, tu es en train de me dire que Carolia raccroche et que Lucky et toi, vous avez pensé à Lyla et moi pour reprendre l’affaire ? » réclamais-je confirmation, ma cuillère en bois dans une main et un couvercle dans l’autre, le geste suspendu et le regard écarquillé d’effarement me donnait des airs d’ahurie. Je ne savais pas très bien ce qu’ils attendaient de nous, mais ce n’était pas tant ce qui me comblait. Outre le fait qu’il me fasse confiance, il ouvrait grand les portes à mon amitié pour Lyla. Jamais, même dans mes rêves les plus fous, je n’imaginai possible qu’il témoigne autant de respect pour cette complicité qui titillait sa possessivité et sa peur panique que nous nous entraînions l’une l’autre dans des emmerdes. J’en étais à court de mots pour lui manifester cet intense sentiment d’allégresse qui fit grimper des larmes à mes yeux. « Je t’aime, tu sais. Je n’ai pas de mots pour te dire à quel point. » confessais-je en déposant mes ustensiles de cuisine pour l’enlacer et l’embrasser avec un ferveur telle que la multitude de questions qui m’assaillait me parut secondaire. Je le remerciai de l’unique manière plus révélatrice que de longs discours. Je lui témoignai ma gratitude charnellement, passionnément, dans cette cuisine. « Tu sais quand Lyla sera au courant ? Qu’on puisse en discuter ensemble ? Et, tu m’y emmènes quand ? » m’enquis-je en me rhabillant, déçue de dépendre de la bonne volonté de Luciano, car c’était la condition sine qua non à la mise en place de ce projet. Il ne me restait plus qu’à prier pour qu’une tragédie ne nous ralentisse pas. J’avais donné…

Je choisis une robe d’une sobriété incomparable, soucieuse de me distinguer des employées de ce bar à champagne au nom grotesque. C’était la première modification à apporter, en plus de la déco vieillotte et décatie. Quitte à me jeter dans cette aventure, autant en relever la réputation et le standing. Ma tête grouillait déjà d’idées dont j’aurais bien fait part à mon mari, mais l’œillade insistante d’une pute au visage familier m’irrita. Elle le dévisageait et je me raidis instantanément. Le faciès de cette Cristal était figé dans ma mémoire pour des siècles et qu’il ne la remarque pas fut une maigre consolation. C’était presque logique de la retrouver là. Travailler en association avec la Catalina était malin. Ça permettait d’échanger les filles et de proposer plus de diversité à la clientèle. Je ne m’en sentais pas moins humiliée pour autant puisque j’étais forcée de ravaler ma colère. Si elle s’exprimait, j’abandonnerais tout sur un coup de tête et sans possibilité de revenir en arrière. Il n’était pas question qu’il traduise mon mal comme mon prétexte pour refuser son offre. Bien sûr, je n’étais jamais fâchée bien longtemps contre Manuel, surtout quand je lui trouvais des circonstances atténuantes. Les affaires sont les affaires et il ne la remarqua pas vraiment. De plus, il m’impliquait tellement dans sa vie en général que je fis fi de cette blessure dont il n’avait même pas conscience. Tout ça suffisait à endormir ma frustration et mon ressentiment. Pour combien de temps ? Je l’ignorais. Mais, mon époux prenait la peine de m’écouter, de s’enquérir de mon avis, de ne pas sourire avec condescendance à l’évocation d’une idée qui me paraissait idiote et même d’en tenir compte avec excitation. Sa passion pour les causes qu’il jugeait juste le sublimait tellement. Je le trouvais beau à en crever quand il s’enthousiasmait comme un gamin devant un train électrique. Il était aussi malin, attentionné envers moi et scrupuleux envers es affaires. Son ambition était comparable à l’affection débordante dont il me couvait : sans limite. J’en tombais amoureuse tous les jours, ce soir plus vite encore. Il était mon facilitateur de joie de vivre, le booster de mon estime de moi.

« Oui, enfin, je te proposais surtout d’utiliser ses contacts, pas mettre sa tête dans tes affaires. Il est compétent, je ne doute pas de ça. » Plus que je ne l’étais moi-même. « Il est aussi très intelligent, mais je le sens pas. Il y a un truc qui ne va pas chez lui pour le moment. Et je ne dis pas seulement ça parce que je suis fâchée après lui, je le sais parce que…. je le sens, en moi, c’est difficile à expliquer. » Je baissai la tête, embêtée de décrire un portrait si peu flatteur de mon allié de toujours. J’étais lié plus solidement à lui qu’à n’importe quel autre de mes frères et c’était justement pour cette raison que j’étais en droit de me permettre cette mise en garde, tout comme Manuel était en droit de savoir que je n’acceptais pas seulement d’être sa partenaire par manque de merles, mais parce que je le choisissais lui, au mépris d’une offre d’emploi juteuse, dans mes cordes, mais qui ne correspondait plus à mes lubies d’antan. Il y a une différence notoire entre s’enchaîner les pieds et les poings à son mari et être gardée prisonnière par sa famille. Mani, il respectait mes désirs. Mon père les étouffait. Me battre pour exister n’était plus à l’ordre du jour désormais. « Je ne l’ai pas dit pour que tu essaies de me convaincre, mais par honnêteté et parce que j’ai jugé que c’était opportun de le faire. Tu ne m’as pas obligé à arrêter, je l’ai fait parce que je l’ai bien voulu. » Il y était pour quelque chose, fatalement, mais si ma carrière avait été plus importante que lui, je me serais battue au péril de mes fiançailles. « S’il y a des trucs à déterrer, je le ferai, mais pour toi, et par extension, pour nous. » Difficile de m’empêcher de le toucher après un tel baiser. « Sans regret donc et si tu as besoin de quoi que ce soit, il te suffit de demander. D’ailleurs, on commence par quoi ? » A part un dîner avec mon frère, aurais-je dû préciser. Le sujet tomba sur le tapis sans crier gare alors que, les jours passant, je crus sincèrement que ce n’était pas à l’ordre du jour. « C’est ce que je dis, je suis sa sœur, il n’a qu’à prendre sur lui et me présenter des excuses, parce que ça va bien au-delà de son couple, c’est un tout. » Que je n’arrivais pas à expliquer clairement. « Tu le ferais pour Jez, toi, tu viens de le dire, pourquoi le ne le ferait pas pour moi ? Pourquoi c’est moi qui dois m’écraser ? » m’insurgeais-je vexée qu’il minimise ce que je ressentais et qu’il m’accuse d’être partiale. « Ah oui, la clémence sélective ? Moi ? Tu n’es pas sérieux j’espère ? Parce qu’au lieu d’énumérer tous nos passages à vide, je peux te rappeler toutes les fois où tu as bénéficié de ma ‘clémence sélective’. Pourquoi est-ce que tu lui permets de foutre la merde entre nous ? Et pourquoi il faut que tu prennes toujours sa défense. Toujours ? » crachais-je terriblement désolée qu’il exige que je fasse fi de la peine que Gaby me causait à travers Jezabel et mon mariage. Autant dire que je vécus mal, très mal, que Mani provoque une conversation dont je n’avais strictement pas envie.

Enfermée dans ma cuisine avec le silence assourdissant de mon frère, je tambourinai à la porte à m’en faire mal, mais en vain. Je jurai tous les saints que je me vengerai, surtout que j’essayai vraiment d’amorcer avec mon frère une discussion, mais elle tourna à la confrontation. Il me servit les conneries habituelles pour ne pas admettre qu’autre chose se cachait derrière ses problèmes de couple. Et moi, bien sûr, je finis par lâcher du lest me contenant de ses explications fumeuses et lui présentant moi-même des excuses qui m’écorchèrent les lèvres, pas tant parce qu’elle manquait de sincérité, mais parce qu’il m’accablait de reproches concernant ma relation avec sa femme. Il m’accusait de la pervertir par rapport au sexe et sa sécurité, mais je n’étais coupable que du premier fait, pour leur bien en plus. Il crachait dans la soupe, mais je ne tentai pas vraiment de me défendre. A quoi bon ? Nous étions aussi têtus l’un que l’autre, mais lui, il n’y avait personne pour le contraindre à quoi que ce soit. Quand nous fûmes enfin autorisés à quitter la pièce, j’avais les joues et les yeux rouges. Mon cœur courait un marathon dans ma poitrine, sans doute parce que je l’avais couru moi-même, un du genre sans ligne d’arrivée. J’éclatai en sanglot aussitôt qu’un Gaby fier de lui quitta la maison. « Non, laisse-moi tranquille. » pestais-je contre Manuel. « Tu n’as aucune idée de ce qu’il peut être con humainement parlant et des horreurs qui peuvent sortir de sa bouche sur une minute. Tu crois le connaître, parce que tu connais Luciano, mais on est à des kilomètres de ce qu’est Lucky. Maintenant, à moins qu’il y ait autre chose que tu veuilles m’obliger à faire, comme présenter mes plus plates excuses à la face du monde pour le tsunami à Haïti ou les tremblements de terre en Italie, je sors. J’ai des courses à faire. » Je ramassais déjà ma veste, mon sac et mes clés de voiture, les mains tremblant de nervosité.


***


Le bon sens aurait voulu que j’invite ma belle-sœur à rentrer chez elle, mais je l’invitai chez nous, pour son bien et sans arrière-pensée, si ce n’est que je n’étais pas certaine que je pouvais me fier à mon jumeau pour ne pas faire des boulettes plus grosses que lui. J’étais convaincue qu’il ne lèverait jamais la main sur elle auparavant, mais il n’était plus l’homme que j’avais connu. Non ! Il était devenu imprévisible et particulièrement lâche. Je l’aimais toujours, mais il n’était pas question que je livre Jez en pâture à sa mauvaise foi et à sa maladresse. Le récit de leur récent problème amplifia cette colère que je gardais en sourdine depuis que j’avais croisé Cristal. Je ne faisais pas un transfert, non, je souris lorsque Manuel souligna qu’il n’était pas question que nous nous séparions pour la nuit. Je descendis pour manger avec lui alors que j’aurais volontiers éviter mon frère – que je fus ravie de voir s’éclipser -  pour picorer dans les plats, hésitant à me servir une assiette. Je n’étais même pas capable de m’asseoir tant j’étais excédée. « Le merdier de Gaby, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? C’est presque devenu une habitude maintenant. » chuchotais-je afin que l’accusé ne m’attende pas. « Je ne t’ai pas appelé parce que tu m’aurais dit de la ramener. Elle rentrait au Salvador et je la préférais ici plutôt que là bas. Elle ne serait jamais revenue et elle est mariée. Et, non, elle n’a pas bu. Pourquoi tu pars du principe que c’est forcément de sa faute ? La prochaine étape, c’est quoi ? Que ça ne me regarde pas ? J’essaie juste de les aider. Tu aurais voulu que je fasse quoi ? Que je la laisse partir ? Que je la laisse le regarder en baiser une autre dans l’appart voisin ? La seule personne qui aurait eu besoin d’être préparé à ce mariage, c’est lui, pas elle. Mais, fatalement, c’est toujours de notre faute. » Il nous mettait leur maîtresse sous le nez, mais on devait fermer notre gueule ou alors, ils nous accusaient de ne pas faire d’efforts. Une paire de couilles bien réelles ne justifiait pas tout. « Il ne la fera pas sortir d’ici en la tirant par les cheveux. Je ne le laisserai pas faire. C’est trop facile. C’est un menteur, un lâche, un putain d’ingrat et un égoïste. Il me fait honte et je refuse d’être associée à ce qu’il fait parce que c’est mon frère.  C’est bon ! ça m’a coupé l’appétit. Tu te souviendras de ton conseil, il y a des tas d’autres chambres dans la maison et ton amie Cristal qui t’attend aussi. Je ne sais pas où, mais tu ne devrais pas avoir trop de mal à la trouve si elle n’est pas là par hasard. » Et ça, par contre, c’était un putain de transfert !  


***


Je frappai à la porte pour m’annoncer, mais je la poussai sans attendre d’invitation formelle. « Je peux entrer ? Je n’aime pas dormir sans toi. » le priais-je, rouge de honte d’avoir été aussi odieuse et penaude comme une gosse prise en défaut. « Tu es fâché. Je le comprends, j’ai dépassé les bornes et je m’en excuse, tu sais. J’essaie simplement de faire du mieux que je peux pour la protéger. Je te l’avais promis, Mani. Je suis peut-être maladroite, je le reconnais, mais… » J’avançai de quelques pas, espérant qu’il se tourne vers moi et qu’il me tende la main. « Je ne le reconnais pas, Mani. C’est plus mon frère. Avant d’être à New York, il était doux, bienveillant et respectueux. Il était du genre fidèle et loyal, mais il n’a plus rien à voir avec ça. Je m’inquiète pour lui et il refuse de me dire ce qui ne va pas et je ne sais plus quoi faire. J’essaie de protéger tout le monde, de ne pas les juger non plus, mais ça sert à rien. Il fait toujours de la merde et elle en souffre. Elle est jeune et elle est vraiment amoureuse de lui. Lui, je ne sais pas et je n’arrive pas à savoir, du coup, je ne lui suis d’aucune aide. De toute façon, il la refuse et c’est ça qui me fait mal. Il m’accuse de comploter contre lui, de la débaucher en lui mettant des idées farfelues à propos de leur vie sexuelle et d’autres conneries du genre, mais je n’ai rien fait de tout ça et ça me fait mal au cœur qu’il puisse le penser, qu’il puisse se dire que je suis comme ça... ça me fait mal au cœur, mais je te jure que j’essaie seulement de les aider, même si je sais que tu as raison, que ça ne me regarde pas et que je devrais arrêter de m’en mêler. » Je baissai la tête, désolée que nous nous disputions à nouveau à cause des autres. « Je lui en veux aussi d’être à l’origine de disputes entre toi et moi. Je déteste ça. Tu ne veux pas me dire un truc ? Ou juste me laisser dormir avec toi ? Demain, je conseillerai à Jez de rentrer avec mon frère. » La mort dans l’âme, mais j’avais beau l’aimer du fond du cœur, je ne supportais pas être en froid avec mon mari ou générer en lui des colères monstrueuses. « Et je ne m’en mêlerai plus jamais. Plus jamais, je te le promets… » A moins d’y être sollicitée pour jouer les médiateurs, ce qui arriva forcément.

Toute cette histoire me laissa un goût amer en travers de la gorge, Lizzie faisant davantage écho à Cristal qu’à Teresa. Il n’avait plus posé les mains sur la sacrifiée après m’avoir rencontrée, ce qui n’était pas le cas de la putain que je renvoyai à Los Angeles séance tenante, me disputant avec la Catalina au passage. Il n’était pas question qu’elle traîne dans mes pattes. Son contrat avec Carolia ? Je m’en foutais comme de ma première chemise. La vie était trop courte pour se pourrir la vie avec des intruses  mal intentionnées – je ne supportais pas sa manière de me narguer, si bien qu’elle écopa d’une raclée à laquelle Lyla participa joyeusement – Je l’appris à mes dépens et le décès de Victoria ne me le rappela durement. Je ne la portais pas dans mon cœur, mais je savais que ma meilleure amie en souffrait. J’avais moi-même rencontré des difficultés à faire mon deuil après le décès de Fedele. Ce fut encore plus compliqué pour celui de mon enfant. J’étais donc bien décidé à vivre pleinement, à profiter des joies et de mon bonheur avant la roue du destin du destin ne me rattrape et ne m’écrase. Lyla, malgré son petit, n’était pas loin de suivre le même raisonnement que le mien. Nous étions satisfaites de l’avancement des rénovations et nous invitions tous les jours de nouvelles raisons de faire la fête au Gato Negro. C’était notre fief, celui qui nous éviterait des ennuis. Le schéma était toujours le même. Nous buvions un – plusieurs – verre (s) dans le quartier VIP à la table de Mani. Je dansais avec l’un, avec l’autre ou sur notre banquette quand il y avait trop de monde et nous discutions du plaisir d’être à nouveau tous réunions dès que Luciano nous rejoignait. Parfois, Lyla et moi fomentions des plans d’entremetteuse pour Munez et Carolia ou Jandro et la petite brunette qui lui faisait de l’œil de week-end en week-end. C’était bon enfant. Une routine destinée à en enrayer une autre, à démontrer au Diable que nous étions in-arrêtable, à souffler un vent de légèreté sur notre quotidien. Santi nous invitait régulièrement à ses soirées folles, mais je déclinais toujours. Je n’étais pas certaine que Mani le tolérerait et je n’avais pas envie de nous mettre tous dans la position de celle qui demande et de celui qui refuse. Ça déboucherait forcément sur de la déception et de la frustration. Toutefois, un soir, alors que je n’arrivais pas à le joindre et que le lieu proposé ne pourrait en rien chatouiller la jalousie de Mani – il n’est aucune menace dans un bar d’homosexuel – j’adressai à mon mari un message pour l’informer du lieu où il pourrait me trouver. Je n’avais pas réussi à le joindre et j’étais convaincue que ça ne poserait pas de problème. Pour la testostérone sur la piste, Lyla et moi n’étions que des curiosités finalement.




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Manuel Herrera
Manuel Herrera
ADMIN A LA MACHETTE MAIS EN DETENTE

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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyLun 12 Déc - 23:37

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei


C’était nouveau pour lui, de pouvoir se livrer complètement à quelqu’un concernant ses affaires, sans craindre des fuites ou une quelconque trahison. En fait, c’était nouveau d’avoir une confiance pleine et entière en une autre personne que lui-même. Il aimait tellement Cinzia que parfois, il craignait que ça ne dure pas, qu’il s’imaginait que ça pouvait s’arrêter demain et il devenait insupportable pour ne pas dire intenable. Il n’était pas aussi possessif et jaloux par hasard, bien au contraire. Mais il avait toujours cette peur panique que cette confiance soit abîmée d’une manière ou d’une autre, alors il la voyait parler un peu trop à quelqu’un et il se sentait menacé, il craignait que leur bel équilibre vole en éclats. Sans parler du fait qu’il avait besoin d’être son soleil, en permanence. S’il entrait dans une pièce, il avait besoin qu’elle ne voie que lui et qu’elle respire au même rythme que lui. Il se fichait que la première morue venue soit bouche-bée par son charisme ou bien par son éloquence, tout ce qui le préoccupait, c’était capter l’attention de sa femme et il faisait tout son possible pour qu’elle reste focalisée sur lui. Il avait fallu éloigner Lyla pour que ça aille mieux, elle avait bien failli lui voler la vedette et il vivait toujours très mal ces moments de complicité entre elles mais il prenait sur lui. Parce que ça rendait Cinzia heureuse, parce qu’en dépit de leur relation un peu difficile, la mexicaine était quelqu’un de bien et qu’elle n’avait jamais manqué de jouer les avocates du diable pour le sortir de la merde. Il lui devait un paquet de réconciliations facilitées et rien que pour ça, il pouvait concéder à leur accorder un peu plus de moments ensemble. Elles ne faisaient rien de mal et elle n’était pas un danger, parce que comme sa grande amie, dès que son époux franchissait le seuil de la porte, il n’y en avait que pour lui. Quand elles n’avaient pas été séparées trop longtemps et qu’elles étaient trop préoccupées à glousser et à blablater de façon ininterrompue. Dans ces cas-là, il prenait Lucky à part et lui offrait un verre pour discuter affaires et leur permettre de se retrouver. Quand les filles étaient ensemble, c’était l’occasion parfaite pour profiter d’un peu de temps entre hommes et de planifier des choses. Comme des vacances tous ensemble. Partir rien qu’avec sa femme état au programme mais il était certain que ça lui ferait plaisir de partir en groupe, il hésitait à inviter sa sœur et Gabriele, ne sachant pas très bien où ils en étaient et s’il serait capable de supporter de les voir se déchirer et de se confronter à la douleur de sa petite sœur. Il n’était pas parfait et il pouvait même agir comme le roi des connards très souvent, il veillait à blesser son épouse le moins possible et d’autant plus quand il pensait à sa cadette et à ce qu’elle traversait. Elle aurait mérité que les choses soient faciles pour elle, elle l’avait durement gagné.


« Tu parles de soumission et j’imagine une tenue de soubrette, tu crois qu’on pourrait caser ça quelque part ? » proposa-t-il avec un petit sourire en coin, se disant qu’il était hors de question d’être celui qu’on attacherait au lit, il n’était pas encore prêt pour ça, déjà que pour certaines positions où elle avait le dessus, il s’y faisait à peine. Chaque chose en son temps. « Non, je pense qu’il faut un business adapté à chaque ville. Je pourrais en ouvrir partout où il y a une grande communauté latino mais pas ailleurs. Je devrais m’adapter mais c’est pas un problème pour moi. Je compte trouver diverses façons d’écouler autant de pognon mais il faut que j’élargisse mon champ d’action, les profits augmentent mais je peine de plus en plus à blanchir tout ça. Je crois que je suis un peu dépassé par mon propre succès, j’avais imaginé que ça me prendrait un peu plus de temps que ça. Mais si on arrive à obtenir la banque avec ton frère, ce sera la méthode idéale. » Il avait bien l’intention de mettre le plus de distance entre lui et ces potentielles preuves et il aurait aimé user des talents de sa sœur mais ça semblait grandement compromis. « Oui et justement, puisque tu m’aimes, j’aimerais bien que tu me le montres un peu, attends que je regarde en-dessous de ton t-shirt ! » Il tira sur le col de son vêtement et y jeta un petit coup d’œil, se disant que c’était bien triste de les emprisonner là-dedans. « Pas vraiment, je pense que Lucky va lui en parler bientôt, quand ils auront brisé la glace, c’est la Sibérie entre eux. Je suppose que c’est ce qui arrive quand on n’a pas le sexe pour se réconcilier. » Il avait toujours le nez dans son décolleté et finit par l’attirer contre lui, pour trouver une meilleure façon de mettre ce temps et cette soirée à profit. Le bain pourrait attendre.




***




Il avait envie de tendre la main à Gabriele, parce que son propre père semblait avoir oublié qu’il avait un nouveau beau-fils et qu’il aurait pu lui offrir un peu plus que de l’indifférence. Leur mariage avait été une vaste blague et il aurait souhaité en être avisé plus tôt pour offrir à son petit joyau, quelque chose de bien plus beau, au lieu de ça, il comptait offrir le monde à son jeune époux, ne serait-ce que pour lui permettre de se sentir un peu plus à l’aise à New York. Il avait ouvert une boîte avec Luciano, pourquoi ne pas demander à Gabriele de s’occuper d’en ouvrir une à Chicago pour lui. Pour eux ! Ils étaient de la même famille à présent ! Il ignorait ce qui n’allait pas chez son beau-frère mais il pouvait le sentir, mais il se garda bien de le partager avec sa femme, ne tenant pas à alimenter sa rancœur, il n’était pas question de rentrer là-dedans. « Être marié de force, ça a de quoi foutre en rogne, bébé, je crois qu’il lui faut du temps pour savoir comment composer avec tout ça ! » Il lui trouvait des excuses même si ça lui avait coûté d’aller le trouver chez sa putain et d’en repartir sans le traîner par la peau du cul jusque chez lui, là où se trouvait sa putain de place. Il lui en avait fallu, de la volonté, pour conserver de l’objectivité alors que sa petite sœur se détruisait sciemment, tout simplement parce qu’on lui prenait tout sans rien lui offrir. Pieds et poings liés, cette situation, ce mariage, tout ça le frustrait ! « Un tout ? Je ne comprends pas, qu’est-ce que tu entends par là ? » demanda-t-il en faisant une grimace due à l’incompréhension, sa sœur avait la même quand elle essayait de déchiffrer ce qui se disait autour d’elle en anglais. « Ce n’est pas t’écraser, c’est être moins bête que lui ! Il est fier et têtu, ça ne veut pas dire qu’il ne regrette pas ! » Et c’était probablement le nœud du problème avec sa sœur, s’il ne laissait pas sa fierté de côté avec sa femme, il n’y avait pas de raison de le faire avec qui que ce soit d’autre, ça semblait logique. Pourtant, ce n’était pas la bonne façon de garder une femme et de s’assurer qu’elle serait toujours d’accord avec ce qu’on déciderait. « Oh, parce qu’il est question de moi maintenant ?! N’essaie de pas de détourner la conversation pour ne pas avoir à discuter avec ton frère ! S’il est mon partenaire d’affaires, il sera là souvent et il est hors de question que tu tires la gueule et que tu laisses échapper des piques, parce que ça va me foutre en rogne et qu’on va s’engueuler ! Mais je vois que c’est déjà ce que tu cherches ! » Il soupira, se pinça l’arête du nez et souffla un bon coup pour faire redescendre la pression. « Bébé, je ne prends pas toujours sa défense, j’essaie de te faire voir les choses d’une autre perspective. Tu es parfois tellement bornée que c’est difficile de te montrer ce qui est bon pour toi. Le nombre de fois où je ravale ma fierté pour me faire pardonner par les gens que j’aime, si tu savais ! Même s’ils ont tort et moi raison, c’est moins important que la nécessité de les avoir dans ma vie ! » Ce n’était pas tout à fait vrai et il s’arrangeait surtout pour faire culpabiliser les autres pour qu’ils s’excusent mais était-ce bien nécessaire de renter dans le détail, elle avait compris l’idée, non ?



Il crut bien faire en les enfermant dans la cuisine, il espérait que Gaby aurait un sursaut de bon sens, parce qu’il avait autant besoin de Cinzia que le contraire. Ses conseils avisés ne lui feraient pas de mal et ainsi, il serait sûr que Jez serait entre de bonnes mains. La voir sortir en trombe et en larmes fut une surprise et il n’eut pas le temps de demander quoi que ce soit à son beau-frère, il quittait déjà la maison. Il posa son assiette et suivit sa femme, prêt à se confondre en excuses, le but de la manœuvre n’avait pas été de la blesser, loin de là. « Je te demande pardon, je ne voulais pas que ça se termine par des larmes… » avoua-t-il, penaud, il n’avait jamais envisagé cette éventualité. Il la rattrapa et lui fit défaire sa veste avant de la prendre dans ses bras pour embrasser sa tempe. « Je pensais que ça lui ouvrirait les yeux et lui ferait entendre raison. Je ne t’oblige jamais à rien que je ne pense être pour ton bien. Tu as besoin de ton jumeau, comme il a besoin de lui mais il est pire qu’une mule. Je vais trouver une solution, je m’occuperai de ça. Si tu veux aller faire des courses, on y va tous les deux, ça me permettra de trouver tout un tas de façons de me faire pardonner. Parce que si tu m’en veux beaucoup, je vais devoir me plier en quatre pour te faire plaisir. Et j’ai entendu dire que tu avais vu une super paire de chaussures, en rupture de stock mais que j’ai trouvé et que j’ai fait venir de Miami ! »



***




Prendre le parti de Gaby ce n’était pas une façon de jouer la solidarité masculine mais une manière comme une autre de le pousser à se confier à lui. Il fallait qu’il vide son sac et qu’il parle de ce qui n’allait pas pour pouvoir être conseillé et guidé avant que Jezabel ne pète un câble et fasse la pire des conneries. Si elle avait osé franchir les frontières du Salvador, leur père se serait fait un plaisir de l’accueillir et de la renvoyer à la case départ. Elle n’avait aucune porte de sortie et si Gaby finissait par décider de divorcer, il n’aurait aucun remord à la descendre pour avoir désobéi et lui avoir fait honte. Il voulait à tout prix éviter ça et prendre le parti des filles n’était pas le bon calcul. Le jeune marié se sentirait acculé et accusé à tort et dans la précipitation, il ferait les mauvais choix. Il était dur avec Jez, il était même certain qu’elle lui en voudrait à mort mais il ne fallait pas qu’elle puisse croire qu’il la soutenait d’une façon ou d’une autre, ce serait la fin des haricots et il n’aurait plus la possibilité de faire de l’ingérence dans son couple grâce à de judicieux conseils. Cinzia finit par le rejoindre et il espéra pouvoir la raisonner et la pousser à trouver une solution afin que Jez arrête de jouer au jeu du silence. Elle lui faisait penser à ces gamins qui retiennent leur respiration pour montrer le mécontentement, sauf que sa manière de le faire, c’était de se taire pour une durée indéterminée et elle était douée pour ça, un peu trop. « Au Salvador, mon père lui aurait mis la main dessus et se serai assuré qu’elle rentre ! Il sait toujours tout ! Elle est complètement malade ! Putain de merde ! Il aurait le droit de lui foutre une raclée pour ce qu’elle vient de faire ! » Autrement dit, elle lui offrait de bonnes raisons de la violenter et de la recadrer méchamment et il détestait ça. Elle n’avait rien retenu de ce qu’il avait mis un temps fou à lui expliquer. « Wow, wow, wow ! On va se calmer, Girl Power, ok ?! Tu passes ton temps à prendre sa défense alors qu’elle te donne les détails qu’elle veut bien, tu ne sais pas ce qu’il s’est passé précisément, moi, ce que je vois, c’est qu’il est ici et qu’il essaie d’arrondir les angles, sans se montrer vindicatif ou violent, il a l’air d’être secoué, il mérite bien qu’elle l’écoute et tente d’arranger les choses ! » Il ne supportait pas de se retrouver dans cette position, que tout ça se passe sous son toit et qu’il doive fermer les yeux. Il fallait que ça se règle vite et qu’ils rentrent chez eux, pour sa santé mentale et ses nerfs. « Ca ne nous regarde pas ! Tu n’aimerais pas qu’on vienne foutre le nez dans nos affaires, ce serait bien qu’il règle ça vite et bien et qu’ils retournent chez eux, alors si tu as une formule magique pour que ma sœur arrête de faire sa tête de con, c’est le moment de la sortir de ton chapeau ! Sinon on en a pour des mois ! La dernière fois qu’elle a arrêté de me parler, ça a duré six mois ! SIX PUTAIN DE MOIS ! Je ne veux pas me retrouver à Sarajevo à chaque fois que je rentre du boulot ! »  



Il était sur le point d’ajouter qu’ils n’avaient pas de preuve qu’il s’envoyait encore sa pute, même s’il aurait adoré lui rendre une petite visite pour lui refaire le portrait, il refoula ce sentiment et voulut se focaliser sur l’essentiel mais Cinzia le coupa net. Il reposa la fourchette pleine qu’il allait apporter à sa bouche et lui lança un regard noir. « Ah ouais, c’est comme ça que tu veux la jouer, Cinzia ?! Si on pardonne, on oublie et on ne revient pas sur le sujet ! Sinon, c’est pas la peine de dire que tu pardonnes si c’est pour ressortir le dossier dès que je ne suis pas d’accord avec toi ou que je te dis que tu fais de la merde ! Alors ouais, je vais aller dans une autre chambre, j’en ai rien à foutre ! Tu sais ce que tu devrais faire ? Prendre ma sœur et Lyla et puis louer un putain d’appartement pour vivre entre vous, entre gonzesses parfaites qui n’ont jamais rien à se reprocher tellement elles sont parfaites ! Ca vous permettra de parler de la manière dont t’as craché sur ma demande en mariage, de ton patron qui te matait et combien ça te plaisait vu le temps que tu es restée ! Tu pourras même parler de combien je suis un enfoiré, parce que c’est ça ta spécialité, non ? Partir du principe que parce qu’on a une bite, on est forcément coupable ! Tu sais quoi, t’aurais dû te marier à Lyla, t’aurais eu tout le soutien du monde ! Putain de merde ! » Il se leva et balança sa chaise dans le décor avant de prendre la bouffe et de faire pareil avec pour finalement attraper sa veste et retourner de là où il venait. Gaby l’apostropha mais il lui grogna qu’il devait aller bosser et qu’il manquait de temps. Il fit son tour, récupéra un peu de son pognon et organisa son prochain voyage à LA pour rentrer au petit matin, toujours contrarié. Elle avait ramené le passé sur la table et on ne pouvait pas dire que c’était très agréable. Il fonça prendre une douche et se choisit une chambre au hasard pour tenter de se reposer un peu. Il eut à peine éteint la lumière qu’on poussait la porte. « Tu fais comme tu le sens ! » répliqua-t-il sans se retourner ou allumer pour la regarder dans les yeux. Il était couché, dos à la porte. Il la laissa déblatérer sans en perdre une miette mais ne prit pas la peine de répondre, il sentait qu’il ne sortirait que du fiel de ses lèvres, tant il était remonté. « Si t’as envie de dormir là, tu peux. » Autrement dit, il ne comptait pas faire que ce soit si facile, pas après la saloperie qu’elle lui avait balancée. Il avait cru voir arriver la fin de son couple après sa connerie, il avait fait son possible pour se faire pardonner et il crut bêtement que c’était derrière eux, lui qui se tuait à tenter de lui rendre la vie plus douce, tout ça pour quoi ? Qu’au moindre pépin, elle lui jette à la gueule ? Comme s’il n’était qu’un moins que rien parce qu’il était sorti des clous une putain de fois ?!



Elle se glissa dans le lit et il ne lui offrit que son dos et refusa de prononcer un mot de plus. Il se leva de bonne heure le lendemain, à vrai dire, il n’avait pas fermé l’œil de la nuit et il choppa Gaby au vol, lui proposant de l’accompagner pour chercher le petit-déjeuner et avoir une discussion entre hommes qui ne leur ferait pas de mal. Il était temps de savoir ce qu’il voulait, ce qu’il ressentait et où il se situait dans ce mariage imposé. Il eut beaucoup de mal à redescendre pour le coup de Cristal et sans cette histoire de médiation, il aurait continué sur sa lancée mais la salve de reproches que sa sœur envoya dans les dents du pauvre sicilien qui n’était pas prêt pour ça, lui donna envie de régler cette histoire dès que Cinzia eut fini de consoler la petite à qui on venait de proposer le divorce alors que Gabriele avait fait ce qu’il maîtrisait le mieux : la fuite. « Tu ne peux pas la protéger de son mari, tu n’as pas ce pouvoir. » l’aborda-t-il quand elle entra dans la cuisine alors qu’il sirotait son café entre deux mauvaises herbes, ça l’aidait à réfléchir. « Ton frère est dans une mauvaise passe et comme tout homme, il ne sait pas comment l’exprimer, son seul exutoire c’est son attitude, ce comportement détestable avec tout le monde. Il se sent à découvert et il fait ce qu’il peut pour se créer des points de repère mais c’est pas facile pour lui. Quand on déraille, vous êtes en première ligne, malheureusement, pour supporter notre mauvaise humeur et ramasser les pots cassés. Si tu ajoutes à ça le fait qu’il a du mal à parler de ce qu’il ressent et qu’il ne sait absolument pas comment gérer leur relation, ça donne ça ! T’as vu la gueule qu’il tirait quand il a proposé le divorce ? J’ai cru qu’il allait vomir ! Ou pleurer, je ne sais pas ! Cinzia, on ne peut que leur proposer des solutions et tenter de tempérer les choses mais ils doivent trouver leur voie sans nous. Ma sœur n’a pas besoin que tu la protèges, seulement que tu l’écoutes et la conseille. » Il inspira une grande goulée d’air et se dit que c’était peut-être le moment de s’épancher un peu. « Je n’aime pas ce qu’il fait avec elle, ni comment il la traite. Je pense que tout ça, il l’a provoqué, parce qu’il n’a jamais vraiment cherché ce qui la rendrait heureuse, pourquoi il l’aurait fait ? Il est malheureux comme les pierres, alors si elle avait le malheur d’être bien, il l’aurait détesté. Mais je ne lui en veux pas, même si je lui aurais bien cassé les dents pour le coup de cette pute ! Je crois qu’il l’aime sincèrement et que tout ça, c’est dur à gérer pour lui, autant que pour elle. Ma sœur est plus fragile qu’elle ne le croit et elle n’a plus rien, tout prend des proportions démesurées, sans parler du fait qu’il la muselle… Pas de bagarres, pas de meurtre, pas de ceci, pas de cela, elle ne sait plus qui elle est et lui non plus, deux paumés ensemble, ça donne forcément tout ça. Je ne te dis pas ça pour que tu montes au créneau contre lui, je te dis ça parce que ce n’est pas en l’accablant qu’on les aidera. Il a besoin de conseils et qu’elle s’en aille, ça lui a mis un tel coup de massue qu’il va être prêt à écouter ! C’est ton moment, il va avoir besoin de toi, plus que jamais, plus qu’elle ! »  Il trempa ses lèvres dans son café, la fixant en se demandant si elle comprendrait où il voulait en venir, il ne lui cachait que peu de choses et il n’avait pas aimé qu’ils se disputent parce qu’elle croyait dur comme fer qu’il défendait le coupable.


« Si ma sœur rentre au Salvador divorcée, mon père va la descendre après l’avoir offerte à ses hommes pour un petit peu d’amusement. Elle n’a pas envie de divorcer, pas plus que Gaby et faut trouver une solution pour qu’ils se rabibochent. Jez a assez donné, il est temps que Gaby se bouge le cul pour jouer les jolis cœurs, je lui ai donné tout ce dont il avait besoin mais pour ça, il faudrait un truc si énorme qu’il n’aurait plus le choix ! Tout le monde leur en a fait baver, ils méritent d’être heureux et Dieu me pardonne mais je ne pourrais supporter de le voir avec une autre alors qu’elle sera morte parce qu’il n’aura pas voulu se bouger ! Ca partira en couille et ça, on ne peut pas se le permettre ! » Il ne se cachait plus de son opinion sur la question et se disait qu’en offrant le fond de sa pensée sans filtre, Cinzia aurait des idées à lui soumettre. « Elle mérite qu’il se casse le cul pour elle, qui fasse écrire son prénom dans le ciel avec un putain d’avion, qu’il lui écrive des poèmes et toutes ses conneries ! Ma sœur a toujours été rejetée partout, sauf dans la rue, elle mérite qu’il l’aime comme si c’était Dieu le père en personne ! Je compte m’en assurer et ce serait plus facile si on arrêtait de s’engueuler pour des conneries, parce que tu as toujours de supers idées ! » Il faisait un pas vers elle, il ne voulait pas faire partie de la team des connards bornés.

 




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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE

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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptySam 17 Déc - 23:16

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei


J’avais lu quelque part sur internet ou ailleurs que l’une des conditions à un amour qui fonctionne, c’était de rire ensemble, et Mani et moi, la remplissions à merveille. Sans prétention aucune, je l’amusais souvent grâce à mes excès, mes lubies, mon tempérament spontané et ma naïveté toute relative. Quant à moi, j’étais sensible à son humour, peu importe le sujet, qu’il s’agisse d’un costume de soubrette ou qu’il me qualifie d’emmerdeuse. Ça tenait à peu de choses : ma confiance en notre amour, le sien en l’occurrence, et à celle qu’il me témoignait. Mani n’a pour moi que très peu de secrets. J’étais bien plus à ses yeux que la fille à conquérir à tout prix avant le mariage ou l’épouse acquise qui partagera sa vie quoiqu’il arrive. J’étais sa partenaire à la maison, celle qui bâtit autant que possible autour de lui une forteresse d’ouates et de tendresse. C’était en tout point ce dont j’avais besoin pour être heureuse : du respect, de l’affection, de la douceur et du désir mutuels. Je pouvais bien l’autoriser à me railler sans bouder ou sans tirer la tronche. Je n’en réclamais jamais davantage, bien qu'être enfin utile me démange quelquefois. Avant mon accident, je l’accompagnais dans sa démarche à redorer le blason du Bronx avec les moyens à ma disposition. Je rédigeais alors un article qui encensait ses actions, un coup de main dans l’un de ses projets pour rendre la vie de sa communauté toujours plus décente. Certains de mes chevaux de bataille s’écroulèrent au combat en même temps que moi, mais je n’avais pas prévu de les abandonner pour autant et définitivement. Je m’étais promis qu’une fois remise sur pied et mon couple à nouveau équilibré, je retournerais chercher des noises à la pétasse de l’orphelinat, par nécessité et par fierté également. Cette dernière chantait partout que j’avais lâché prise faute de preuves et de détermination, ce qui m’était tout bonnement insupportable. Elle ne jetait pas seulement le discrédit sur ma petite personne, elle s’attaquait à mon nom d’épouse, si bien qu’il m’arrivait de m’inquiéter des répercussions, si tant est qu’il y en ait ou qu’il puisse y en avoir. Rien n’était moins sûr, mais ça donnait un sens différent à ma vie, étant donné que je ne savais pas trop vers quelle fonction diriger ma reconversion professionnelle. Je ne rêvais plus d’une carrière journalistique dans une presse réputée, ça ne signifiait pas pour autant que me cloîtrer chez moi me satisfaisait à moyen terme. Sur le plus court, ça me convenait plutôt bien, car j’étais psychologiquement fragile que j’avais besoin de me sentir en sécurité. Maintenant que j'étais plus forte, il fallait à tout prix compenser la perte de mon bébé qui creusait un vide considérable à la main – nous avions tant fantasmé son arrivée – et celle de ma passion principale : la danse.  

Le crochet, c’est cool, mais ça n’a rien du défi salvateur qui nécessite de repousser ses limites. Ça ne m’aidait pas à me sentir vivante non plus et c’était bien en dessous de mes compétences. Heureusement, Mani le savait et il n’avait strictement aucune intention de planquer dans le fond d’un tiroir mes spécificités, à l’image de ce que Gaby faisait subir à sa petite sœur. C’était ma chance à moi. Je la mesurais déjà durant ma convalescence, mais me propose de travailler avec lui, m’offrir un bar à gérer avec ma meilleure amie, c’était tellement énorme. Je ne m’y attendais pas – ou plus – à cause de mon coma et de sa peur oppressante de me perdre. Un homme de sa trempe et, qui plus est, amoureux, est forcément frileux à l’idée d’exposer la prunelle de ses yeux à un quelconque danger. Le danger ! De nos jours, il pouvait surgir de nulle part et arriver de partout. J’en avais moi-même fait les frais et il était hors de question que Jezabel subisse le même sort. Qui sait quand Lizzie s’en prendra à ma belle-sœur sournoisement, consciente qu’elle ne pourrait gagner une attaque de front ? Je crois sincèrement qu’au moment où je récupérai ma la gamine sur le pas de ma porte, j’espérais plus de mon frère qu’un : je ne t’obligerai pas à revenir. Ça m’avait mis dans une colère monumentale, car à mon oreille, ça criait un truc comme «bon  débarras, je suis là pour les autres, pas pour moi » et non comme un « que vais-je devenir sans toi ? » J’aurais presque préféré – et je dis bien presque – qu’il me bouscule pour grimper l’escalier quatre à quatre et les dévaler en sens inverse en empoignant sa femme par les cheveux ou par la peau des fesses.  Ô, bien sûr, je m’en offusquerais, je l’incendierais du regard, le pyromane. Je tenterais même de faire rempart de mon corps et je lui en voudrais. Je lui en voudrais comme à Manuel, lorsqu’il me récupéra dans une chambre d’hôpital en me tirant par le bras si fort que j’en gardai la trace. Ça ne durait jamais longtemps cependant. Je finissais toujours par admettre mes torts et Jezabel en avait un. Quitter son appartement, quand on est une femme mariée, c’est une insulte envers son conjoint, c’est cracher sur un sacrement de l’Église et défier Dieu d’un pied de nez. Pourtant, je m’obstinais à tenir tête à Manuel dans la cuisine pour au moins trois raisons distinctes, mais interdépendantes.

Il y avait cette pression qu’il faisait peser sur mes épaules afin que je me réconcilie avec mon frère. Sa manigance était passée au bleu parce que ça partait d’une bonne intention, qu’il en était sincèrement désolé, d’autant plus que j'y gagnai plus de mal que de bien. La paire de pompes qui m’avait tapée dans l’œil, c’était le bonus consolatoire. Je n’étais pas vénale. M’aurait-il égoïstement et volontairement blessée à travers cette confrontation que je les aurais refusées. Ensuite, je ne comprenais pas pourquoi il dépeignait un si noir tableau de sa petite sœur qui s’épuisait pour son couple et qu’il ne pointait jamais du doigt les erreurs de son mari. Ça me frustrait et me mettait hors de moi. Ça ne lui ressemblait pas, à Mani. Il était un homme avisé, intelligent et juste tant que la jalousie n’entrait pas en ligne de compte. Cette fois, ce n’était pas le cas. J’étais concernée par choix et indirectement surtout. Aucun type ne menaçait notre harmonie. Pourquoi refusait-il d’admettre que coller sa putain dans les pattes de Jez était répugnant ? Pourquoi ? « ça vaut mieux que de prendre la défense de Gaby alors que tu ne sais rien du tout, puisqu’il ne te dit rien, macho Man. Et qu’il soit là ne fait que me confirmer qu’il a tout à se reprocher. TOUT ! À quoi ça sert de venir jusqu’ici, si c’est pour faire de la figuration et lui dire qu’elle peut rester ? Sérieusement ? Sois objectif et n’essaie pas de me faire croire que si c’était moi, à la place de ta sœur, si j’étais partie, tu ne serais pas venu me chercher en me foutant des coups de pied au cul jusqu’à ce que je rentre, que tu sois coupable ou non. IL est là, mais il lui dit qu’il ne veut pas qu’elle revienne. Il s’attendait à quoi ? Qu’elle lui ouvre les bras et qu’elle le défroque ? Moi, tout ce que je vois, c’est que la seule chose qui se secoue chez Gabriele, c’est sa bite qu’il aimerait bien enfoncer dans le fond de la gorge de Lizzie, avec le consentement de ta sœur et que c’est la seule raison pour laquelle il est là. » persiflais-je alors que la dernière des raisons qui bridait mon objectivité faisait injustement écho à Lizzie : Cristal.

Ah ça, c’était loin d’être une formule magique pour aider mon frère. Elle était plutôt du genre à foutre la merde à la première allusion. Elle s’échappa un rien trop rapidement de mes lèvres. L’avoir croisée dans le bar dont j’avais la charge et une autre fois au Gato Negro, ça m’avait fait tellement de mal que j’en demeurai stoïque. Elle balayerait le plancher aussi vite qu’elle n’était venue, j’en faisais la promesse. En attendant, ça me laissait un goût amer. Mes mots dépassèrent ma pensée et le retour de manivelle m’excéda au plus haut point. « Oh, mais j’ai pardonné, mais je ne pensais pas que ça vous donnait une bonne raison de nous les foutres sous le nez en toute tranquillité. Tu sais l’impression que ça me donne ? On a juste l’impression qu’on se fout de notre gueule, mais ça ne compte pas ça. Ben non, on vous a pardonné, donc on doit tout supporter parce que vous avez une bite alors fatalement, ça vous donne tous les droits. Comment, j’ai pu oublier ça… » tempêtais-je la bouche remplie de sarcasmes.

« Et, tu as raison, je vais faire ça. Je vais me barrer pour aller vivre avec mes amies. Ça vaudra toujours mieux que de supporter votre mauvaise foi et votre putain de solidarité masculine. » Ceci étant, il aurait pu me retourner le reproche, mais ça aurait été déplacé. Je ne cautionnais pas les comportements de mes frères, mais j’oeuvrais toujours dans leur sens, pour le bien de leur couple. Et qu’est-ce que j’y gagnais ? Une dispute avec mon compagnon qui me ressortait encore cette vieille histoire de demande en mariage, comme si c’était comparable avec son incartade. Même mon patron ne faisait pas le poids. Nul doute que ça l’avait blessé dans son ego cependant. Le refus, il n’y était pas habitué, mais ça n’en était pas un. « Putain, mais ce n’est pas vrai. Tu es encore avec ça ? Je n’ai pas dit non. » vociférais-je en frappant du poing sur la table. « Et quand bien même, tu t’en es contenté, non ? Tu as disparu, comme à chaque fois, sans te soucier de ce que je ressentais. Je te trouve culotté de me balancer ça, comme ça, alors que ça ressemblait plus à une supposition qu’à une certitude. Tu t’attendais à quoi ? Que je me prosterne à tes pieds en te remerciant d’avoir pensé à moi entre deux coups de fil et trois messages auxquels tu ne répondais même pas, comme si j’étais insignifiante ? Tu es gonflé, y compris pour le Times…Tu me…. » Je n’eus pas le temps de surenchérir qu’il retourna la cuisine, me coupant l’herbe sous le pied et me tétanisant au passage. Qu’il balance une chaise ou la bouffe, ça n’arrivait pas souvent, mais ça me faisait toujours un drôle d’effet, celui d’être contrainte au silence de peur que ça ne dégénère. Il détruisait pour ne pas faire de moi sa cible numéro un, j’en étais convaincue, et à chaque fois, je baissais les yeux et je me recroquevillais sur moi-même au mépris de ma vanité. Ce soir-là, cependant, bien que je garde mes distances, je lui criai qu’il avait raison, qu’il ferait mieux de fuir et que je lui déconseillais d’espérer que je rampe à ses pieds parce je ne le ferai jamais. « JAMAIS ! » répétais-je tandis qu’il claquait la porte d'entrée derrière lui.

Ça dura le temps de ranger, d’envoyer mon frère à la gare pour le premier train en direction d’Auschwitz et de tenter vainement de consoler Jez et de l’influence pour qu’elle discute avec son mari. Après, je maudis le mien de m’avoir laissé pataugeai dans cette merde en changeant les draps de toutes les chambres qui seraient toutes investies pour la nuit et je guettai le retour de mon époux et son pas dans l’escalier si, d’aventures, je m’assoupissais. Ça n’arriva pas. Je l’entendis traverser le palier par deux fois sans jamais s’arrêter devant ma porte. Quand je fus plus calme – je pleurais à chaudes larmes dans mon oreiller, épuisée par toute cette pression et cette agitation dans ma demeure d’habitude sereine – j’y suis allée, ramper pour discuter et régler ce conflit. Rien n’y fit. Je reçus quelques mots à peine et il m’ignora jusqu’au jour de cette médiation qui, contre toute attente, me débarrassa de l’angoisse par rapport à mon couple. Il n’aida pas vraiment celui au bord de la rupture évidemment. C’était une déception, mais égoïstement, je n’étais abattue qu’à cause de leur sort, car Manuel n’avança rien de terrible à mon propos. Nous n’allions pas mal, ce n’était qu’un petit désaccord, l’heure où je lui taperais sur le système n’était pas encore venue. Dès lors, dans la cuisine, nerveusement à bout de souffle de n’avoir ramassé qu’une demande de divorce en défaveur de Jezabel – soit tout le contraire de ce que j’espérais – je relevai la tête de la machine à café pour me concentrer sur mon époux et sur son désir d’effacer notre ardoise. Nous avions à discuter et il était temps que nous usions le peu d’énergie qui nous restait pour réparer les dégâts causés par la dernière conversation en date. Aussi peu importants sont-ils finalement, ils attestaient tout de même de vieilles douleurs tant pour lui que pour moi qu’un rien ravivait. « Je sais, mais je t’ai promis que je veillerais sur elle et à chaque fois qu’il lui fait du mal, j’ai l’impression d’échouer et de me désavouer. Elle s’est retrouvée à l’hôpital à cause de lui, alors, OK, il ne lui a peut-être pas mis la bouteille entre les mains, mais c’est tout comme. Jez est quelqu’un d’entier, comme Lyla, comme toi et comme moi aussi et moi, je sais que si tu ne m’aimais plus, j’arrêterais de vivre. Alors, je ne peux peut-être pas la protéger de lui ça, je sais que tu as raison, mais si je peux la protéger d’elle-même, alors, je ne lâcherai pas l’affaire. » À moins qu’il l’exige pour le bien de notre couple ou pour que nul ne m’accuse de me rendre coupable d’ingérence. « Je m’inquiète pour elle. J’essaie de me dire que tout va finir par s’arranger, mais je crois que je commence tout doucement à ne plus y croire. » lui expliquais-je, soulagé qu’il lève le voile sur le fond de sa pensée. Enfin. L’Église retrouvait sa place au milieu du village et je me redressai pour de bon. « Cette mauvaise passe, c’était à ça que je faisais allusion quand je t’ai dit que je lui en voulais pour un tout. » Nous étions au bord de la dispute à l’époque, il n’obtint jamais de réponse à sa question, mais il était temps d’éclaircir le fond de ma pensée.

« Il fait du mal à tout le monde, parce qu’il est malheureux. Si j’ai le malheur d’ouvrir la bouche, il vient te voir en te disant que je lui ai manqué de respect, ce qui n’est pas toujours le cas. Je ne compte pas le nombre de fois où on s’est disputés à cause de lui. Mais, que je lui serve de punching-ball, c’est une chose. Qu’il croie que je mets des idées farfelues dans la tête de sa femme ou qu’il me voit comme une dépravée, ce n’est pas grave non plus. Fondamentalement, je m’en tape, mais qu’il essaie de l’entraîner dans sa chute alors qu’elle essaie vraiment de se construire quelque chose ici, pour lui, principalement, c’est dégueulasse. J’ai tellement honte de lui, si tu savais. Et alors, cette proposition de divorce, c’est le summum. Je sais bien que je pourrais me montrer plus indulgente, mais ce n’est pas facile pour moi. Je n’arrive pas à comprendre comment il peut en arriver là alors que ce n’est pas ce qu’il veut… Comment veux-tu que j’arrive à persuader Jez de s’accrocher s’il fait des trucs pareils ? Je suis pas une magicienne. Ça, je ne peux pas faire. Mes conseils, elle n’en a plus rien à foutre. Rien ne fonctionne avec lui. Il est d’un froid polaire. Peut-être que tu aurais dû… lui casser les dents après avoir été chez sa putain ! ça lui aurait peut-être remis les idées en place. C’est peut-être ce qui lui manque… bien que ça n’aurait probablement rien arrangé. » soupirais-je en me laissant tomber sur une chaise, une tasse de café dans la main et une boîte de biscuits dans l’autre. « Je vais… je vais aller le voir pour discuter avec lui. Je vais essayer de lui ouvrir les yeux. J’irai sans animosité, juste avec mon cœur. » Mon affection pour mon jumeau n’était pas assez profondément enfouie pour que sa peine ne me touche pas. Ça ne devrait pas être trop difficile.

« Et, j’ai une idée… pour qu’il se réveille. Ce n’est pas sans risque, mais ça pourrait marcher si tu m’aides un peu… Il faut qu’elle rentre au Salvador. En tout cas, il faut qu’il croie qu’elle. Elle lui laissera une lettre où elle l’invite à lui adresser les papiers du divorce chez ton père. De son côté, il ne faut pas qu’il sache qu’elle risque sa peau si ton père l’apprend. Là où tu pourrais intervenir, si tu es d’accord, c’est qu’il faudrait qu’il soit persuadé qu’elle ne risque rien à rentrer en utilisant son manque de confiance en lui contre lui. C’était un petit mariage, un mariage sans grande importance, si elle n’est pas heureuse avec lui, ils divorcent c’est sa décision et elle n’offensera personne. Encore moins mon père, puisqu’Ettore se fout de lui. C’est cruel, mais il faut qu’il se mette une bonne fois dans la tête qu’il n’y a qu’elle qui croit en lui. Il grimpera dans la première bagnole pour la récupérer. Elle n’aura même pas le temps de décoller. Il flippera tellement qu’il lui videra tout ce qu’il y a dans son cœur. J’en mets ma main au feu… Il y a deux problèmes que j’ai envisagés. Le premier, c’est la circulation. S’il n’arrivait pas, il faudrait que ton père croie que c’est parce qu’ils ont dû prendre des avions séparés, peut-être en leur annonçant qu’ils sont arrivés ensemble ?  Et, le second, c’est qu’en rentrant, si mon père se réveille pas pour lui proposer quelque chose, on risque de rempiler pour une situation identique parce qu’il ne sera pas plus heureux, mais j’espère que j’aurais pu apprendre à Jezabel à réagir autrement. J’espère… Alors, qu’est-ce que tu en dis ? » m’enquis-je avec appréhension. Le plan n’était pas parfait, il nécessitait des ajustements, mais mon mari était malin, il comblerait les trous sans aucun problème. C’était même étonnant qu’il n’ait pas saisi ce qui motiva mes reproches par rapport à LA.

C’était derrière nous depuis si longtemps sans que je brandisse l’erreur comme l’étendard de la guerre, je n’aurais pas été surprise qu’il enquête auprès de mon entourage le plus proche. Dans le doute, je profitai d’une allusion pour me justifier. « Je t’ai pardonné, tu sais. C’est parce qu’elle est en ville que j’ai eu cette réaction-là et je t’en voulais pas au départ. L’idée que tu sois derrière tout ça ne m’avait pas traversé l’esprit avant que la pute de mon frère réapparaisse et que tu prennes sa défense. Je me suis laissé influencer par l’ambiance à la maison. Ça m’a heurté, mais je sais que tu n’as rien à voir là-dedans et je regrette d’avoir été injuste avec toi. Tu m’en veux beaucoup ? » Je m’étais levée de ma chaise afin de le rejoindre et me creuser une place au cœur de ses bras s’il en manifestait l’envie ou le besoin. « Pour la demande en mariage aussi ? Parce que je te jure que ce n’était pas un refus. Je n’ai pas compris pourquoi et j’ai été surprise, c’est tout. La veille, il y a cinq gonzesses qui sortaient de ta chambre. Je t’ai sauté dessus au petit matin et Lyla était dévastée à cause de ce qu’elle avait fait. J’ai eu peur, mais je n’ai pas voulu te rejeter. J’ai attendu pendant des jours que tu donnes signe de vie après, justement parce que je ne t’ai pas dit non. Je te le promets. » Émue, je saisis sa main et je jouai avec son alliance. « Et ça ne me plaisait pas, le jeu de mon boss je n’avais même pas remarqué avant qu’il t’attaque de front, parce que je ne vois que toi. C’est vrai aujourd’hui et ça l’est depuis qu’on s’est rencontré. Pourquoi tu crois que j’ai débarqué chez toi à l’improviste un matin ? Parce que je peux te garantir que ce n’était pas pour le plaisir de manger des Canoli. J’en avais mangé un dans la voiture pour me donner du courage. » ricanais-je embarrassée et les joues rouges. C’était l’un de ses beaux souvenirs qui me gênait encore. « J’ai soudoyé les hommes de mon frère pour dégoter ton adresse. Alors, tu vois, mon patron, c’était le cadet de mes soucis. »

Je renvoyai la putain de Los Angeles d’où elle venait avec l’aide de Lyla, me disputant avec la Catalina au passage. Il n’était pas question qu’elle traîne dans mes pattes. Son contrat avec Carolia ? Je m’en foutais comme de ma première petite culotte. La vie était trop courte pour se pourrir l'existence avec des intruses mal intentionnées, je l’appris à mes dépens et la mort de Victoria me le rappela durement. Je ne la portais pas dans mon cœur, mais je savais que ma meilleure amie en souffrait. J’avais moi-même rencontré des difficultés à faire mon deuil après le décès de Fedele. Ce fut encore plus compliqué pour celui de mon enfant. J’étais donc bien décidée à vivre pleinement, à profiter des joies et de mon bonheur avant que la roue du destin ne me rattrape et ne m’écrase. Mani m’encourageait. Lyla, malgré son petit, n’était pas loin de suivre le même raisonnement que le mien. Nous étions satisfaites de l’avancement des rénovations et nous inventions tous les jours de nouvelles excuses pour faire la fête au Gato Negro. C’était notre fief, celui qui nous éviterait des ennuis. Le schéma était toujours le même. Nous buvions un – plusieurs – verre (s) dans le quartier VIP à la table de Mani. Je dansais avec l’un, avec l’autre ou sur notre banquette quand il y avait trop de monde et nous discutions du plaisir d’être à nouveau tous réunions dès que Luciano nous rejoignait. Parfois, ma meilleure amie et moi fomentions des plans d’entremetteuse pour Munez et Carolia ou Jandro et la petite brunette qui lui faisait de l’œil de week-end en week-end. C’était bon enfant. Une routine destinée à en enrayer une autre, à démontrer au Diable que nous étions inarrêtables, à souffler un vent de légèreté sur notre quotidien. Santi nous invitait régulièrement à ses soirées folles, mais je déclinais toujours. Je n’étais pas certaine que Mani le tolérerait et je n’avais pas envie de nous mettre tous les deux dans la position de celle qui demande et de celui qui refuse. Ça déboucherait forcément sur de la déception et de la frustration. Toutefois, un soir, alors que je n’arrivais pas à le joindre et que le lieu proposé ne pourrait en rien chatouiller la jalousie de Mani – il n’est aucune menace dans un bar d’homosexuel – j’adressai à mon mari un message pour l’informer du lieu où il pourrait me trouver et j’étais convaincue que ça ne poserait pas de problème. Pour la testostérone sur la piste, Lyla et moi n’étions que des curiosités finalement.





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Manuel Herrera
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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyDim 1 Jan - 21:40

 



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Sostanza dei giorni miei


Il adorait leurs disputes. De manière générale. Celles qu’il provoquait volontairement pour la faire réagir ou bouder, pour la secouer ou bien juste l’emmerder, comme un gosse qui ne sait pas comment user du trop-plein de temps libre à sa disposition et qui décidait de l’employer à ennuyer le monde entier et surtout ses proches. Parfois, ils se disputaient parce qu’ils ne partageaient pas la même vision des choses sur un point et ils se déchiraient jusqu’à trouver un consensus, sous l’impulsion de l’un ou de l’autre. Car contrairement à ce que l’on aurait pu se figurer, il ne faisait pas moins d’efforts qu’elle pour faire en sorte que tout se passe pour le mieux entre eux et que l’entente soit la meilleure possible. Les meilleures disputes étaient celles qui duraient le moins longtemps possible ou bien celles qu’il maîtrisait de bout en bout. Il n’y avait rien de plus facile que de disparaître pendant des jours sans donner la moindre nouvelle pour la rendre folle et qu’elle finisse par se ranger à son opinion. Il n’agissait de la sorte que lorsqu’elle ne lui laissait aucune autre possibilité mais il n’aimait pas vraiment s’y résoudre, du moins, il aurait fallu l’obliger à l’admettre sous la torture, ce qui n’aurait pas été chose aisée. Mais dans tout cet amas d’amour et de passion, il y avait un type de disputes qu’il ne supportait pas et qui avaient le don de le foutre en rogne pour une durée indéterminée, c’étaient celles provoquées par un élément extérieur à leur quotidien ou à leur couple ainsi qu’à leurs problèmes, il s’agissait souvent d’une personne qui trouvait le moyen de venir foutre la merde entre eux et ça donnait l’impression à Manuel de devoir ramasser les pots cassés. Il y eut Lyla et à présent, c’était sa sœur et son époux. Il aurait aimé avoir suffisamment de patience et de calme pour expliquer à sa femme pourquoi il essayait de remettre l’église au milieu du village et de l’obliger à prendre du recul par rapport à la situation mais il y avait comme un blocage, parce qu’elle l’attaquait bassement et qu’il n’était pas capable de répondre à ce genre d’attaques autrement que par de la mauvaise foi et beaucoup de violence verbale quand il ne perdait pas totalement le contrôle de sa personne. Il s’en voudrait sans doute d’avoir proféré des saloperies quand viendrait le moment de faire le bilan et de penser à tout ça, du moins si elle ne trouvait pas le moyen de faire pire que lui et de complètement le braquer. Mani partait du principe qu’il n’y avait pas de mal à présenter ses excuses à sa femme et à tenter de se rabibocher, justement parce qu’elle était la personne la plus proche de lui au monde et qu’il pouvait mettre sa fierté de côté, parfois, juste pour elle. Mais il y avait des limites.


Si elle avait pu lire dans ses pensées et se rendre compte combien ça lui coûtait de prendre le parti de son frère, elle n’aurait sans doute pas balancé tout ça avec autant d’aplomb. « Il se contente de faire ce que toi et moi on lui a demandé, de bien traiter Jez ! Tu aurais préféré qu’il débarque ici, te bouscule et la récupère en la traînant par les cheveux après lui avoir collé une raclée ?! Ca aurait été assez impliqué pour toi ? Le fait qu’il soit là prouve qu’il ne s’en branle pas et qu’on va peut-être pouvoir faire quelque chose, arrête de gaspiller ton temps à te farcir la tête de conneries et commence à ouvrir les yeux ! » Lui lança-t-il, cinglant. Il ne supportait pas quand elle se targuait de tout savoir et de lire dans la tête d’autrui, jumeau ou pas, il y avait forcément des choses qui lui échappaient, sinon, Jez et Gaby n’en seraient jamais arrivés là, elle aurait pu éviter le pire mais ça n’avait pas été le cas parce que l’ancien petit prince de Chicago l’avait sorti de sa vie aussi vite que possible. Sa remarque sur l’entrejambe de Gaby et son envie de s’emboîter avec sa pétasse aurait pu le faire rire en d’autres circonstances mais il préféra s’en offusquer alors qu’ils entamaient une partie d’échec familière, celle d’une dispute de merde qui ne se terminerait pas très bien et dont il faudrait sortir vainqueur ou au moins, la tête haute. « Peut-être que si tu avais arrêté de lui casser les couilles, t’aurais pu arranger les choses au lieu de nous pondre des suppositions délirantes ! Tu t’entends parler ? On dirait une putain de poissonnière ! De toute façon, aucun homme ne s’emmerderait à courir après sa femme si son seul but, c’était de pouvoir la tromper à tour de bras, il en profiterait, au contraire ! »  Et comme pour le punir de sa dernière remarque, elle ramena sur le tapis un bon gros vieux dossier qui le mit hors de lui. Elle avait de la chance qu’il l’aime autant et que ce soit si fort qu’il ne parvienne jamais à vraiment l’occulter ou elle se serait mangé une bonne baffe dans la gueule pour avoir osé utiliser ça. « Je te conseille de faire attention à ce que tu laisses sortir de ta bouche, femme ! » Il la dominait de toute sa hauteur alors que ses yeux lançaient des éclairs et qu’il luttait contre le monstre en lui pour ne surtout pas lui donner les rênes. « Ouais, fais ça ! » Ce n’était aucunement un encouragement mais un défi. Qu’elle ose, empaqueter ses affaires et embarquer sa sœur avec elle dans un endroit où elles vivraient sans lui et accessoirement sans homme, il s’arrangerait pour leur donner lui-même une correction, celle qu’elles méritaient. Elle termina en beauté en faisant de l’humour sur sa demande en mariage et elle mit le feu aux poudres pour de bon. Il démolit tout sur son passage, fou de rage et animé par une pulsion de violence qu’il aurait pu éteindre de la pire de façon, d’autant plus qu’elle mettait de l’huile sur le feu en piquant le cul de la bête avec une fourche. Un peu plus et ça se serait mal terminé. Il s’en serait voulu toute sa vie mais ça aurait eu le mérite de la faire taire pour de bon. Il veilla à ne jamais poser les yeux sur elle et s’obligea à partir, sinon, Dieu seul savait comment ça aurait pu finir.


Il ne revint pas vers elle cette fois, il en avait gros sur la patate et trouvait minable qu’elle se soit servi de sa plus grosse erreur pour tenter de lui faire fermer sa gueule et qu’elle vienne lui présenter des excuses ne changea rien. Il lui en voulait et pour le moment, il n’avait pas envie de discuter avec elle et encore moins de lui ouvrir la porte pour le moindre rapprochement. Il lui faudrait le temps de se calmer et de laisser retomber la pression. La médiation remit un peu les choses en perspective et s’il était toujours fâché, il était capable de mettre ça de côté pour tenter de se comporter comme un adulte, ce qui n’était pas une mince affaire le concernant. Il devait jouer aux grands depuis son plus jeune âge pour les affaires et la MS, il fallait bien qu’il s’autorise à être un petit con irrévérencieux et immature quelque part ou bien il serait devenu fou. De toute façon, il ne maîtrisait pas assez le domaine des relations amoureuses pour faire autrement. Il était jeune, venait de se marier après sa première relation sérieuse, il fallait probablement lui laisser un peu de temps. « Non, plutôt que de travailler sur les conséquences, tu dois lui apprendre à grandir et à être une femme. Même si on ne le dit pas, on sait que c’est dur pour vous et que vous devez endurer pas mal et serrer les dents, c’est ce qu’elle doit apprendre à faire. Ou alors, elle va finir par se foutre en l’air. Elle ne croit pas en Dieu, tu sais et avec son hospitalisation, je me suis rendue compte qu’elle était trop fragile. Un rien et elle va passer de l’autre côté, Cinzia et ça, moi, je ne pourrais pas vivre avec. Mais qu’est-ce que tu veux que je lui dise ? Elle va croire que je fais ce que je peux pour faciliter la vie à ton frère. » Il était dépassé, autant par les changements de sa sœur que par ces évidences. Il avait toujours pris sa sœur pour un roc, une personne inébranlable à l’humour grinçant qui se fichait de tout et de tout le monde, tout avait l’air de glisser sur elle. Mais elle cachait bien son jeu. Ce petit bout de femme suscitait son admiration, il avait besoin qu’elle aille bien, s’il perdait sa petite sœur, il ne répondrait plus de rien. « Il faut que ça s’arrange ou on va la perdre. » Il était sérieux et pourtant, le défaitisme ne faisait pas vraiment partie de ses habitudes mais il y avait une détresse presque palpable chez Jezabel depuis son arrivée à New York et elle n’avait fait que s’amplifier au fil des mois, comment Gaby avait pu passer à côté de ça ? A cause de sa propre tristesse ? C’était ça le mariage ! Mettre de côté sa peine pour user de son temps à soigner celle de l’autre, parce que l’autre finirait forcément par en faire de même. Du moins, c’était supposé être ainsi dans tous les couples, malheureusement, on les avait collés là-dedans en attendant qu’ils trouvent seuls les réponses, deux gamins aussi paumés l’un que l’autre, ça ne pouvait se solder que par des catastrophes. Il avait cette sale impression qu’un cataclysme était imminent et que quoi qu’il fasse, il ne pourrait l’éviter. Il se sentait nerveux et la proposition de divorce d’un Gaby dépité n’avait pas réellement arrangé les choses.


« Il croit que c’est ce qu’elle, elle veut. Ou du moins, il tente de lui prouver quelque chose en faisant ça, sans doute qu’il se tape de l’opinion des autres. Je n’aurais pas été étonné qu’il lui propose de divorcer et de vivre ensemble. Je ne crois pas qu’il se fiche d’elle, je me dis qu’ils sont perdus tous les deux et qu’ils ne savent pas quoi faire ou quoi dire. Il a tellement de colère en lui, il l’entretient depuis une éternité et elle n’est pas dirigée contre Jez mais elle en fait les frais par la force des choses. Je crois qu’il ne se rend pas vraiment compte de la chance qu’ils ont d’avoir réussi à tomber amoureux l’un de l’autre malgré le contexte, il lui faudrait un électrochoc. Comme l’hôpital… Si ma sœur avait été moins à la masse, tout aurait sans doute pu prendre fin après ça. Elle est têtue et intransigeante, elle s’attend à des miracles en se disant que si elle pense tout ça très fort, ça va finir par résonner dans sa tête à lui… Plutôt que de lui en parler… Tellement de temps de perdu ! » Il soupira, se sentant épuisé par toute cette situation et par tout ce que ça brassait comme mauvaises ondes, pour lui et Cinzia. Il écouta attentivement sa proposition, y réfléchit avec intérêt, restant silencieux tandis qu’il pesait le pour et le contre, se demandant si ce n’était pas un peu trop extrême et si les risques n’étaient pas trop élevés. « Faut voir avec elle, si elle a envie de faire ça. Je m’occuperais de mon père s’il le faut mais quand ils reviendront, je mettrai en place notre partenariat, ça l’obligera à passer beaucoup de temps à Chicago et ça permettra sans doute que ton père ouvre les yeux. Quant à ma sœur, il va falloir que tu utilises tout le temps que tu auras avec elle pour faire en sorte qu’elle sache quoi faire et à quel moment, pour éviter que ce genre de situation de crise recommence, parce qu’il a beau être patient, je ne suis pas sûr que la prochaine fois, elle s’épargne une raclée et je ne pourrais que le comprendre… » Et on ne faisait pas plus têtue que Jezabel quand on utilisait la violence pour tenter de la faire plier. Cela pouvait être différent avec lui, parce qu’elle en était amoureuse et qu’elle serait probablement capable de lui pardonner, quoi qu’il fasse ou bien ce serait pire, justement à cause de ses sentiments. Il ne fallait pas penser au pire, surtout pas ! « Ca a l’air d’être une bonne idée, tu devrais aller au restaurant pour papoter un peu avec ton frère, je vais m’occuper de ma sœur. » Il fallait s’en remettre à la volonté divine, il espérait que malgré le scepticisme de sa petite sœur, le Tout Puissant se penchera sur le sort de la gamine, elle le méritait. « Qui est en ville ? » reprit-il, ne comprenant pas vraiment de qui elle parlait précisément. Il écarquilla les yeux quand elle lui dit qu’elle l’avait cru coupable du retour de la pute dont il n’avait qu’un vague souvenir, comme s’il était assez débile pour la faire venir en provenance directe de Los Angeles. « Donc tu ne me croyais pas quand je te disais qu’elle ne comptait pas ? Comment t’as pu me croire capable d’un truc pareil ! » Parce qu’il avait bien des défauts mais quand il présentait des excuses, il le faisait sincèrement. Il avait cru la fin de son couple arriver et il avait fait tout son possible pour éviter le pire, il aurait aimé que ce soit suffisant pour effacer les doutes de sa femme. « Je ne sais pas, si je t’en veux, je sais juste que je suis dégoûté que tu me croies capable de faire un truc comme ça. » Manière comme une autre d’essayer de lui faire entendre qu’il était blessé. Pourtant, il la laissa venir se nicher dans ses bras, n’ayant pas le cœur de la repousser. « Ne t’en fais pas pour ce que j’ai dit quand on se disputait, ce sont des conneries oubliées, j’en ai parlé seulement parce que tu as remis les vieux dossiers sur la table, je ne voulais pas être en reste. » admit-il sans honte, la serrant un peu contre lui, déposant un baiser sur le sommet de son crâne.



***



Oui, il l’avait encouragée à sortir plus et profiter de la vie, parce qu’il ne tenait pas à ce qu’elle passe son temps entre le bar à champagne et leur maison, vivant comme une vieille avant l’heure, s’obstinant à jouer les casanières parce que c’était ce qu’on attendait d’elle après la mort de leur enfant. Elle avait besoin de rire, de s’amuser et de profiter de la vie. Il lui avait fait comprendre de son mieux et une fois qu’elle fut en route, elle s’avéra difficile à arrêter. Et au début, il devait bien admettre que c’était agréable. Il s’occupait de ses affaires et puis la rejoignait pour partager un verre ou deux avec elle et Lyla, il dansait avec sa femme et profitait souvent de la présence de Luciano, ayant l’impression qu’ils en étaient de nouveau aux prémices de leur relation, ça l’amusait toujours et il organisait parfois lui-même ces soirées. Un restaurant, un pub ou un bar puis ils atterrissaient dans une boîte de nuit lui appartenant. La danse et l’alcool, le combo gagnant pour une nuit passionnée. Parfois, ils enchaînaient les soirées et utilisaient leur nuit à s’aimer jusqu’à oublier le reste du monde. Cela ne dura qu’un temps, cependant. Les changements apportés à l’affaire que Mani et Lucky leur confia furent bénéfiques et le succès fut au rendez-vous. Il eut même le plaisir de pouvoir venir voir en avant-première tous ces changements. Elle devait passer beaucoup plus de temps là-bas et si elle essayait de rentrer dîner en sa compagnie, ce n’était qu’en coup de vent, si bien qu’elle profitait d’un jour de congés pour cuisiner pour le reste de la semaine et tout congeler. Il n’y voyait pas d’inconvénient, il ne savait pas faire à manger correctement de toute façon mais il avait un mal fou à supporter son absence. Le peu de fois où elle ne pouvait absolument pas se libérer pour partager un repas avec lui, il ne mangeait pas ou passait chez un traiteur au hasard pour s’inviter et manger avec elle malgré tout. Il ne pouvait lui en vouloir d’avoir fait précisément ce pour quoi il avait accepté de la nommer à ce poste, ça aurait été injuste. Pourtant, il se sentait lésé et délaissé et ça avait tendance à le faire agir comme le roi des abrutis. Il serrait les dents, se disant qu’elle finirait bien par s’apercevoir qu’il y avait un problème et qu’il fallait absolument lever le pied mais soit elle le faisait exprès, soit, elle ne voyait rien mais l’une ou l’autre des possibilités, c’était tout aussi vexant. Il ne voulait pas qu’elle arrête de travailler pour la simple et bonne raison qu’elle était pleinement heureuse dès qu’elle s’activait dans un but précis mais il se sentait sur le point de devenir fou et mieux valait éviter une catastrophe en lui imposant une discussion durant laquelle il devrait sévir et imposer des consignes strictes. Il ne s’était pas marié pour passer plus de temps seul qu’avec sa femme, sinon, à quoi bon s’encombrer d’une alliance ?


Une super nouvelle, il avait une super nouvelle et il rentra, enthousiaste au possible pour la lui annoncer, il avait même acheté une bouteille et des pâtisseries pour l’occasion mais la maison était plongée dans le noir et il sentit une colère sourde s’insinuer dans ses tripes. Par acquis de conscience, il fit le tour de la maison pour s’assurer qu’elle ne dormait pas et quand il eut confirmation qu’une fois de plus, elle désertait le domicile conjugal, il envoya la bouteille dans le mur, essaya de l’appeler, en vain avant de tomber sur son message l’informant qu’elle se trouvait à Manhattan, dans un bar, avec Lyla et son frère. Il passa un coup de fil à son meilleur ami, pour lui toucher deux mots de ces sorties qui lui tapaient sur le système, parce qu’il n’était pas convié et aussi parce qu’il fallait un temps pour tout et que sortir autant n’était bon pour personne. Il traversa la ville aussi vite que possible avec les limitations de vitesse et cette putain de circulation. Une fois sur place, il eut du mal à entrer dans le bar tant il était plein et ce fut pire de tenter de mettre la main sur sa femme mais quand il y parvint, il l’agrippa par le bras et sans lui offrir la possibilité de dire au revoir à tout le monde, il ramassa sa veste, son sac à main et son téléphone qui traînait sur la table pour l’emmener à l’extérieur et la relâcher que lorsqu’ils furent loin de l’agitation. « On rentre ! » se contenta-t-il de l’informer alors qu’elle n’avait pas l’air ravir de la méthode employée et encore moins du programme de la soirée. « Ne discute pas, avance ! » reprit-il, c’était un avertissement qu’elle ferait mieux d’entendre si elle ne voulait pas plus de problèmes que ceux qui se profilaient à l’horizon. Elle eut un mot plus haut que l’autre et ce fut l’explosion. « TU TE FOUS DE MA GUEULE ? Je suis obligé de venir te chercher parce que tu n’es jamais chez nous, tu passes en coup de vent, j’ai l’impression d’être célibataire parce qu’on ne se voit jamais et tu te permets de gueuler et de ne pas être contente ? Je ne me suis pas marié pour vivre comme avant et rentrer dans une maison vide, soir après soir ! C’est ça, le problème avec les bonnes femmes, on vous donne le doigt et il vous faut le bras tout entier, résultat, on se fait entuber en beauté !  Vous ne savez pas vous modérer et forcément, faut qu’on passe pour les mauvais de l’histoire ! COMME PAR HASARD ! »



***




« Je peux savoir c’est quoi l’histoire avec Muñez ? » Il venait de la coincer dans la cuisine, plongeant son regard sans le sien, en bon gros jaloux possessif qui se respecte, il ne comprenait pas ce que son bras droit glandait sur le lieu de travail de sa femme et il était certain que ça n’avait pas le moindre lien avec le fait que sa sœur bossait là-bas, il pouvait le voir à son regard de débile et son petit sourire qui laissait penser qu’il y avait une bonne femme là-dessous et mieux valait que ce ne soit pas la sienne. Sinon, même Dieu ne pourrait pas les aider. « Pourquoi il passe presque tous les jours à ton boulot ? » Il lui jeta un autre regard suspicieux, même si une part de lui, la plus rationnelle, ne voulait et ne pouvait y croire, il était ce qu’on faisait de mieux, pourquoi aller chercher ailleurs quand on avait le must ? « Ma sœur a appelé y a cinq minutes, elle ne viendra pas… » En ce moment, chaque fois qu’il était question du mariage arrangé de Bianca, elle décommandait sans aucune forme de procès et sans même prendre la peine de trouver une excuse valable, comme une personne normale. Non, elle disait haut et fort qu’elle n’avait pas envie mais pas pourquoi. Même s’il en avait une vague idée.



 




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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE

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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyDim 22 Jan - 0:15

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei


Une poissonnière ? Moi ? Mais quel culot ! Certes, mon vocabulaire manquait de raffinement. Ce point-là, je le lui accordais. Mais, sa mauvaise foi en était autant responsable que le comportement de Gabriele qu’il cautionnait. Ils m’agaçaient tellement que j’en devenais vulgaire et surtout mauvaise. La piqûre de rappel sur le fait d’adultère de mon mari fut la réplique cinglante de trop. J’étais persuadée que certaines disputes avaient un rôle à jouer dans un couple. Elles étaient saines pour ce qu’elles apportaient en compromissions, en ajustements et en réconciliations, mais celle que nous étions en train de vivre, celle où Mani me surplombait de sa hauteur et de sa colère, elle n’avait rien d’autre à m’offrir que de la frustration. Mon mea culpa n’obtint aucun suffrage, mais le temps fit son œuvre. Il s’ouvrit à moi après la demande de divorce de Gabriele, conséquence directe de l’échec de la médiation. Il ne condamnait pas Gaby au même titre que moi, mais mon mari relevait enfin l’impact de son comportement sur celui de sa sœur. Elle nous inquiétait tous les deux et, alors que j’étais prête à abandonner, Mani me reboosta. Je n’étais plus seule pour sauver ces autres qui nous tiennent à cœur, nous serions au moins deux à veiller sur Jezabel, sur son excessivité et sur ses addictions, au moins deux à tenter d’entrer dans le crâne de mon jumeau qu’il marchait complètement à côté de ses pompes. Nous posions le même regard sur les faits et ça changeait littéralement la donne pour moi.

« Tu sais, je me montre dure avec Gaby, mais il n’était pas là quand j’ai retrouvé Jez gisant dans… enfin, chez elle, sans lui, complètement inanimée. » Il baisait sans doute sa putain tandis que moi, la belle-sœur, je m’évertuais à préserver la dignité de la petite en attendant que l’ambulance arrive. Elle baignait dans son vomi, ses vêtements dégageaient une odeur pestilentielle, et je lui lavai le visage et je la changeai pour la débarrasser des relents d’alcool régurgité. La jeune femme nature que Gaby épousa n’existait plus, ne se ressemblait plus. Elle n’était plus qu’une boule de chagrin. « Lui apprendre à être une femme.» répétais-je sans rien ajouter, l’air méditatif et me demandant comment agir sans provoquer de catastrophe. « Et je fais ça comment sans me mettre Gaby à dos ? Il est persuadé que je me mêle de son couple pour lui nuire, alors que pas du tout. J’ai toujours essayé de les aider. Je ne crois pas qu’il cherche à lui faire du mal, je crois qu’il essaie de se prouver et de prouver à tout le monde qu’il est capable de réussir son mariage tout seul, même s’il a été organisé de toutes pièces. A chaque fois que j’approche, il sort les crocs.» Je n’ajoutai rien de plus, préférant hocher de la tête, me fiant à l’avis de mon époux. Le plus important, c’était d’apprendre à sa petite sœur à endosser le rôle dans lequel la société la cantonnait, qu’elle se fonde dans la masse. Le mien, c’était de lui expliquer que sommer avec impatience Gabriele de lui offrir des opportunités pour avancer dans ce monde qui lui était inconnu ne ferait que retarder l’échéance. Mani n’avait peut-être pas tort après tout. Mon jumeau avait peut-être prononcé cette demande de divorce non pas comme une sentence, mais parce qu’il espérait que cette solution conviendrait davantage à sa femme qu’à lui-même. Et, s’il avait besoin d’un électrochoc, j’avais peut-être ce qu’il fallait en stock et je saisis la perche tendue pour exposer mon plan machiavélique le plus clairement possible.

Bien sûr, ça paraissait complètement dingue comme idée, mais je la proposai dans toute son imperfection, sans honte et sans craindre qu’elle soit rejetée. Il n’en existait aucune autre de toute façon. « Je crois que oui, que c’est ce dont elle a besoin. Elle aura peur qu’il ne vienne pas, c’est une partie de poker, mais moi je suis convaincue qu’il se jettera à ses pieds. J’en mettrais ma main au feu. » Je donnerais tout ce que j’avais sans inquiétude. « Elle a besoin d’être certaine qu’il l’aime autant qu’elle… Elle le fera. » affirmais-je en croquant dans un biscuit tandis qu’il me confiait ces projets qui impliquaient mon frère. Il n’en livra pas grand-chose, mais ce n’était pas l’essentiel sur le moment. Nous avions à régler les quelques propos qui nous opposaient. Au contraire, il nous rattraperait encore et toujours et, si je n’étais pas enchantée à l’idée de lui raconter comment je m’étais laissée influencée par Gaby et Lizzie, par la tension à la maison et par mon désir irrépressible de protéger ma belle-sœur envers et contre tous, y compris son mari, je crachai le morceau, penaude et quinaude, craintive comme un animal domestiqué et honteux d’avoir pissé sur le tapis du salon. Je l’avais blessé, ça m’était insupportable et je me défendis de la vérité : « Je ne le croyais pas au départ, mon cœur. Je ne le crois toujours pas, mais ça m’a fait mal de la voir là et je me suis laissée emportée par mon imagination quand j’ai appris que Lizzie était de retour, juste à côté de chez eux. Je me suis fait peur toute seule. C’était stupide, je sais bien, parce que je sais que tu m’aimes plus que tout et je sais aussi que je suis la seule, mais… ça m’empêche pas de flipper à l’idée que quelqu’un me prenne tout ce que j’ai. » A commencer par lui. Mon monde tournait autour de Manuel. Si le destin me l’arrachait d’une quelconque manière, je ne m’en relèverais pas. Je ne m’en vantais pas. Je n’en parlais jamais qu’à Lyla, car c’était complètement fou et surtout effrayant. Ce n’était pas l’image que j’avais envie de renvoyer à Manuel, bien au contraire. Quelles soient positives ou non, il y aurait des conséquences qui me terrorisaient. « Je ne voulais pas te faire de la peine. J’étais en colère et tout ce que j’ai vu, c’est que tu défendais mon frère. Je n’aurais pas dû m’emporter, revenir avec de vieux dossiers et me mettre autant de conneries en tête.» conclus-je en me pressant aussi fort que possible contre lui. J’en profitai jusqu’à ce que je ramasse mes affaires pour une virée à Manhattan. J’avais à parler à mon frère.


***


En toute sincérité, j’ignorais si je sortais aussi souvent parce que Mani m’y encouragea ou parce que je digérais si mal le mariage arrangé de Bianca qu’une sourde et insidieuse colère s’exprimait à travers des réflexes inédits de noceuses, mais ça dérangeait mon mari. Je n’étais ni dupe ni stupide. A chaque fois qu’il se pointait au bar que Lyla et moi gérions ensemble les bras chargés d’un sac de nourriture, je devinais le message subtil suivant : j’aimerais que tu sois là plus souvent. Evidemment, mon attitude était inconsciente. Au contraire, je n’aurais jamais accepté l’invitation de Santi. Le soir où Manuel me récupéra dans cette boîte gay, je l’aurais dépensé au Gato Negro par habitude. Je ne me serais pas non plus offusquée que mo mari me tire par le bras, ramassant lui-même mes affaires, en me hurlant des ordres comme si j’étais son chien. Un chien ! J’avais déjà usé de cette comparaison hasardeuse et sa réponse avait été explicite. Il commandait et j’obéissais, principalement lorsqu’il était ivre de rage, comme aujourd’hui. J’avais été informée et, parce que sa poigne sur mon bras me rappelait celle du jour de ma visite à l’hôpital – querelle qui manqua de me coûter mon mariage – j’étais déchirée entre la nécessité de me taire et l’urgence de rétablir la vérité. J’auras dû opter pour la première option. Oui ! Pour éviter une catastrophe, me terrer dans le silence, serrer les poings, ravaler ma bile et imprimer pour plus tard le fond de mes revendications, c’était le mieux que j’avais à faire. Mais non ! Je le provoquai sans le vouloir en lui demandant pourquoi nous ne pouvions pas rester, ensemble, avec Lyla, en attendant que Luciano nous rejoigne. Je le provoquai en traînant la patte derrière lui, ce qu’il prêtait à l’insubordination étant donné la manière dont il hurla.

Qu’avais-je dit de si effroyable ? Qu’y avait-il de fou à nous imaginer faire la fête avec le frère de ma meilleure amie ? Qu’y avait-il de si insultant à lui répéter inlassablement que j’étais une grande fille, que je n’avais pas besoin qu’il me tire derrière lui comme un boulet, que j’étais capable de marcher sans aide ? Peut-être était-ce mon reproche quant à sa brusquerie et la honte dont il me couvrit à m’arracher de mon fauteuil comme si j’étais une gamine. Sans doute, car il m’accusa à mi-mot d’être une putain d’égoïste, ingrate, capricieuse et perpétuellement insatisfaite. « Je ne gueulais pas, Manuel. Je te dis juste les choses, mais c’est bon, je me tais. De toute façon, qu’est-ce que j’ai à dire, moi ? Je reste à la maison, ça ne te va pas. Tu m’encourages à sortir, alors, je le fais, mais ça ne te convient toujours pas. Pourquoi tu ne m’écris pas sur un post-it la liste de ce que je peux dire et de ce que je peux faire ? Hein ? Pourquoi ? Parce qu’à mon avis, l’espace sera suffisant pour noter ce à quoi j’ai droit. C’est comme pour Bianca. Il suffit de noter un nom sur un bout de papier et le tour est joué. Ce que nous, les femmes, on en pense, tout le monde s’en fout. » crachais-je en le suivant néanmoins, le pas plus alerte que précédemment tant j’étais furieuse. « C’est peut-être ça qui t’aurait convenu, finalement. Tu n’aurais rien eu à regretter comme ça… et ta femme ne t’aurait pas déçue en plus, parce que c’est ce que tu es en train de dire. Que je te déçois et que tu regrettes, puisque de toute façon, tu vis toujours comme un célibataire, parce que je fais ce que TU m’as demandé. Et, bien, tu vas voir ce que c’est qu’être célibataire. Je sors le piquet de grève. » Je mimai le geste du protestataire qui plante son calicot au milieu d’une place publique. Mon lieu stratégique et mon drapeau étaient imaginaires, mais lourds de symboliques, tout comme mes bras croisés sur ma poitrine, signe que je ne piperais plus mot.

Je le trouvais trop injuste pour tergiverser. Il ne me reprochait pas seulement mon absence, mais mes plus belles intentions. Chaque jour, je donnais le meilleur de moi-même, pour nous, mais ce n’était jamais suffisant. Jamais. Il n’était donc pas utile qu’il me recommande de la fermer. Je n’avais pas besoin d’entendre qu’il était grand temps que je me méfie de ce qui sort de ma bouche et donc, par extension, de son impulsivité. C’était sa partition favorite et je me l’épargnais, loin d’imaginer qu’il assumerait une vieille vengeance. D’antan, il aimait disparaître, prétextant qu’il nous protégeait tous les deux, mais ce n’était plus arrivé depuis notre mariage. J’étais dès lors sereine lorsqu’il claqua la porte. J’étais convaincue qu’il reviendrait plus tard dans la nuit, après une virée de quelques heures, les heures utile à nourrir ma culpabilité qui décupla avec la perte tragique de notre bébé. Je m’en sentais responsable au point de demander pardon pieusement à la moindre occasion, quand Manuel ne me devançait pas. Il n’était pas le dernier à accepter ses torts au profit de notre complicité. En général, mon mari rendait à César ce qui appartenait à César, mais pas ce soir. Il ne reparut pas aux petites heures du matin, comme à l’accoutumée. Je n’eus pas le loisir d’en appeler à ses sentiments pour m’inviter dans ses draps ou au creux de ses bras : il demeura absent. Je l’appelai au moins dix fois, mais il ne répondit jamais. Je devais être trop inquiète pour Morphée, car il me négligea. Je comblai mes minutes impatientes en grignotant devant la télévision. Ça dura toute la nuit et, au petit matin, le cœur rempli d’angoisse, je contactai Matthew afin qu’il interroge ses amis pompiers, secouristes ou infirmiers sur les interventions de la nuit. J’avais peur qu’il soit arrivé quelque chose de grave et qu’on ignore mon existence à cause d’un téléphone éteint. J’épluchai le service de renseignements en ligne et je téléphonai à tous les hôpitaux de New York. J’étendis mes recherches dans un rayon de 20 kilomètres et, bredouille, je l’élargis aux Etats voisins. Mes mains tremblaient entre chaque coup de fil et gagnée par la lassitude, je sanglotai comme une enfant perdue dans un grand magasin. Muñez et Jandro évitaient mes appels puisqu’ils ne me rappelaient jamais. Tout le monde m’abandonnait, à part Lyla qui, pour une fois, n’était pas en position de me réconforter. Son mari lui jouait la même partition, à la différence près qu’elle était assignée à résidence. Je l’étais sans doute. Aurais-je poussé cette porte pour vaquer à d’autres occupations que cette longue et interminable attente qu’on m’aurait arrêtée du mauvais côté de la barrière. Mais, qu’importe ? Les pièces du puzzle s’emboitaient les unes aux autres à présent. Mon mari allait bien. Il était même en bonne santé. Il me boycottait. Il ne désirait ni m’entendre ni me voir…

Je tirai cette conclusion au terme de vingt-quatre heures supplémentaires sans la moindre nouvelle et j’en dépéris. Je me faisais l’effet d’une marionnette à fil qui demeure inerte si personne ne tire les ficelles. J’étais pathétique, dénuée de toute volonté et de toute motivation. Je ne décrochais mon portable que si le numéro m’était inconnu, le cœur rempli de l’espoir bête que mon époux me prenne en pitié. Les autres, je les ignorais. Je ne mangeais plus non plus. Les gâteaux et autres paquets de chips gisaient autour de moi, mais je n’y touchais pas. Je ne m’animais que pour pleurer jusqu’à ce que mes larmes soient taries. Je me lavais uniquement pour me débarrasser de la sueur générée par mes cauchemars quand j’avais le malheur de m’assoupir. Dans mes songes, il me narguait toujours avec l’ombre d’une Teresa ou d’une Cristal et ça me foutait les jetons. J’avais peur qu’il me trompe, bien que, compte tenu de mes menaces d’abstinence, j’étais déjà prête à mettre tout en œuvre pour oublier et pardonner. J’étais résolue à m’y employer autant que possible puisque le plus dramatique,  à mon sens, serait qu’il me quitte définitivement, qu’il pousse la porte non pas pour me retrouver, fier de m’avoir donné une bonne leçon, mais pour récupérer ses petites affaires ou me répudier. J’en tremblais de tout mon être. Je m’éteignais à vue d’œil, mais j’en étais le seul témoin. Personne ne me rendait visite. Personne. J’étais insignifiante pour le reste du monde. Je ne comptais véritablement que pour mon mari. Je m’agrippais de toutes mes forces aux souvenirs de mon mariage pour ne pas péter les plombs et tout détruire dans cette maison. Trois jours, c’était bien plus long que ma convalescence. C’était trop long. J’étais une épave quand il reparut, fier comme un paon et frais comme un gardon. A côté, j’étais aussi sombre que mes réponses à ma seule question : qu’avais-je fait de si grave ? Qu’avais-je fait pour mériter pareille punition ? Perdre un enfant, son enfant. Qu’il m’en tienne rigueur m’empêcha souvent de respirer librement. Je m’étais raisonnée uniquement grâce à lui, parce qu’il me tint la main durant cette épreuve. Nous avions traversé le désert ensemble, mais il s’était finalement réveillé pour accepter la vérité. C’était un des explications chuchotées par mon désespoir et par ma colère envers moi d’être aussi ridicule et fragile. Une parmi tant d’autres. La vanité me força à me redresser, mais je n’étais pas bien vaillante. « Est-ce que tu as l’intention de repartir ? C’est quoi la suite de ton programme ? » m’enquis-je avec un calme de façade. En réalité, je manquais simplement d’énergie pour exprimer une autre émotion. Je n’aurais d’ailleurs su définir si j’étais contente qu’il soit là. Heureuse qu’il se porte bien ? Aucun doute, mais le reste, c’était le flou intégral, noyé dans l’océan d’angoisse qui m’envahissait encore.

« C’était quoi le programme d’ailleurs ? Que je me prépare au divorce ? C’est pour ça que tu m’as abandonnée ? Ou, c’est à cause du bébé ? Tu m’en veux ? Tu t’es dit que c’était de ma faute parce que je ne sais pas quand je dois rester chez moi ? Et quand tu m’as dit qu’il fallait que je bouge, que je vois du monde et que je sorte un peu plus, c’était un piège et je suis tombée dedans ? Pareil pour le boulot ? Qu’est-ce que j’étais supposée faire ? » Le menton balançant et les mains tremblantes, je me levai pour m’animer un peu, ressuscitant le peu d’entrain qu’il me restait. « Ou alors, c’est parce que j’ai dit que je sortais le piquet de grève ? Parce que je ne le pensais pas. Je n’aurais pas fait ça. C’était des paroles en l’air, je ne l’aurais pas fait.» Ou pas plus d’un jour ou deux, trois grand maximum, le même délai qu’il jugea acceptable pour courir les chemins. « Je sais déjà que tu étais avec Lucky, mais tu étais où ? J’ai le droit de savoir ce qui t’a occupé l’esprit au point de ne pas répondre à mes messages ou à mes appels ? Je ne t’ai pas suppliée assez bien pour que tu te rappelles que j’existe ? Qu’est-ce que tu as oublié d’autres durant ces trois jours ? » Le sous-entendu était tel que je fondis en larmes, me surprenant moi-même, je me pensais asséchées. « Je veux pas que tu me quittes. Je me ferai toute petite, mais il faut pas que tu me quittes. Tu regrettes peut-être, mais j’ai fait de mon mieux. Si la leçon, c’était que je dois t’attendre, j’ai compris. Tu as gagné. » Quoi qu’il se passe à l’avenir, je ferai sagement et chastement. « Si tu as faim, il y a du chinois dans le frigo, j’y ai pas touché, sinon, tu peux commander ce qui te fais plaisir. » Je me fis violence pour ne pas lui proposer de lui préparer quelque chose par habitude, car il ne le méritait pas cette fois. Au même titre que j’estimais n’avoir rien fait pour qu’il me traite avec si peu de déférence. J’étais lamentable et je crois que, dans le fond, je lui en voulais beaucoup. J’imaginai souvent ce moment où il se pointerait, la bouche en cœur ou avec des fleurs. Je m’étais supposée rassurée et sujette à lui sauter dans les bras, sauf que je n’étais plus certaine de pouvoir lui pardonner d’avoir fait de moi une dépendante affective. Je me dégoutais et tout ce dont j’avais besoin, c’était d’une douche, d’un bain, d’être loin, si d’aventures, il empaquetait ses affaires. Tout plutôt que d’être le témoin décoiffé, exténué, libéré de toute sa dignité, de la fin.


***

Habituellement, sa jalousie m’amusait beaucoup. Je la vivais comme la preuve d’un amour grandissant et sans faille. Je m’en flattais comme une adolescente qui tombe amoureuse pour la première fois. Aujourd’hui, alors que je repris difficilement la route vers le bar uniquement pour ne pas abandonner Lyla, alors que je réduisais mon emploi du temps sur place à une heure par jour – et pas tous les jours – je la trouvais détestable. J’étais toujours blessée par son attitude. Je n’en parlais jamais spontanément, mais ça n’empêchait pas la plaie de saigner. C’était loin d’être cicatrisé et ça se ressentait chaque jour un peu plus sur notre vie de couple. Notre vie sexuelle en souffrait également. J’étais bien moins expressive, pour ne pas dire effroyablement silencieuse, et sans me forcer. Je ne me vengeais pas, je manquais simplement de confiance. Je n’avais reçu aucun détail sur son escapade et le doute planait encore : m’avait-il trompée ? Avais-je le droit de poser la question aussi franchement ? Une simple allusion provoquait une dispute sans ordre du jour. Il se vexait pour une connerie et ça me laissait un arrière-goût amer. Pour moi, c’était synonyme d’aveu. S’il n’avait rien à se reprocher, pour quelles raisons s’offusquer sans que j’aie besoin de trancher le vif du sujet ? Pourquoi ne pas en discuter ouvertement ? Pourquoi ne pas me rassurer grâce à la vérité ? Je n’avais aucune preuve pour le condamner. Je m’employais à ranimer ma foi en lui, mais l’incertitude m’était intolérable. Lui adresser un sourire était compliqué, à moins bien sûr, qu’il soit jubilatoire. « Je ne sais pas. Je peux savoir ce que tu as fait avec mon frère ? » lançais-je avec défiance tandis qu’il me retenait prisonnière de notre cuisine. « Il ne passe pas presque tous les jours, il passe tous les jours. » Je chipotais au risque de l’agacer, mais qu’aurait-il pu faire de pire que de me fuir de toute façon ?

J’avais eu un avant-goût de ce que serait mon quotidien s’il me quittait. Ce fut pénible, mais je m’étais jurée qu’il ne me tuerait plus jamais à petits feux. « Mais, il n’est pas là pour moi si c’est ça qui t’inquiète. Il n’est pas passé quand tu étais je ne sais où précisément, ce que tu faisais et avec qui. C’est un bon disciple. Il a juste des vues sur Carolia et, au départ, Lyla et moi voulions forcer un peu les choses pour qu’elle nous foute la paix. Maintenant, c’est juste parce qu’on pense qu’ils vont bien ensemble. On se dit aussi qu’avec un peu de chance, on pourra éviter à quelqu’un un mariage arrangé. C’est pour ça que ta sœur ne vient pas, mais je suppose que tu t’en doutais. Gabriele ne viendra pas non plus à mon avis, parce qu’il ne l’abandonnera pas,  même pas pour une soirée, toute seule, chez eux. Il a déjà essayé, il sait que c’est pas un bon plan. » Et je regrettais amèrement que mon mari ne se serve pas de leur histoire pour réprimer toute envie de me planter un coup de poignard dans le cœur. « Maintenant que tu sais tout, je peux aller arroser mon rôti ? J’ai pas envie qu’il soit sec. J’aimerais que ce diner soit une réussite… C’est important pour moi. Ce sont mes nouvelles priorités. Devenir une bonne petite femme d’intérieur, bien comme il faut et, à ce propos, j’ai viré la femme de ménage. On en aura plus besoin. » J’avais veillé à ne pas me montrer désagréable. J’usais de mon ton le plus serein, le plus coutumier. La différence, c’était qu’il était dénué de tout enthousiasme et que je ne clôturai pas ce semblant de conversation par un baiser passionné, comme c’était souvent le cas, avant, dès lors qu’il affirmait mon appartenance. Sa possessivité si rafraîchissante était largement supplantée par l’autorité et ça me rendait tout bonnement malheureuse, ni plus, ni moins. Pas de quoi de sourire, effectivement.






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Manuel Herrera
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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptySam 28 Jan - 0:02

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei


Au fil du temps, ils avaient fini par créer de nouvelles habitudes, des habitudes qui lui plaisaient bien plus que celles qu’il avait par le passé et qui n’étaient faites que de solitude et de silence. Il aimait rentrer manger avec elle, poser les pieds sous la table et se faire servir, décompressant un peu, il lui racontait sa journée et elle parlait de la sienne et puis il débarrassait, essuyait la vaisselle ou mettait en route la machine qui le faisait tout aussi bien et puis il pouvait passer encore un peu de temps avec elle avant de repartir. Les nouveaux horaires de sa femme ne le permettaient pas mais ils auraient clairement pu s’organiser autrement pour que ce soit possible si elle n’avait pas mis un point d’honneur à sortir tous les jours. Qu’elle sorte, il pouvait s’y faire. Rentrer une fois par semaine dans une maison vide, il l’aurait eu mauvaise mais il aurait pu se faire une raison, se dire que c’était pour le bien-être de Cinzia et pour qu’elle se fasse de nouvelles amies, voit du monde et passe du bon temps en-dehors de sa zone de confort. Il faisait confiance à sa garde rapprochée et à son bon sens ainsi qu’à celui de sa meilleure amie pour que les choses ne dégénèrent pas et ne mêlent aucun homme. Mais là, tous les soirs, il y avait de l’abus. Peu importait qu’elle se trouve au Gato Negro où Au Cheval Blanc à l’autre bout du pays, elle n’était pas chez eux alors qu’elle aurait pu l’être et il avait l’impression qu’on le prenait pour un con. Il se montrait compréhensif et large d’esprit et voilà comment on le remerciait ? Il essayait de tout son cœur de ne pas être un vieux réactionnaire qui cantonnait sa femme aux tâches domestiques et elle se foutait de sa gueule ! Il y avait de quoi avoir envie de péter une durite, de tout lui reprendre et de lui montrer combien il était bon pour elle. Combien d’autres femmes pouvaient se targuer d’avoir autant qu’elle ? Combien de siciliennes ? Carolia n’était pas le bon exemple, elle avait seulement eu la chance d’être mariée au moins couillu des fils Gambino et de tout faire à travers son prisme pour justifier son indépendance mais un coup pareil n’aurait jamais pu fonctionner avec Achille, Lucky ou même Andy. Il restait plutôt ouvert d’esprit et ça leur avait valu tout un tas de problèmes dont l’accident avec Teresa qui avait manqué de la lui enlever pour toujours et dont il peinait à se remettre. Son manque de jugeote et de sévérité était la cause de la majorité de leur malheur et il était grand temps de revenir sur certaines de ses promesses pour la maintenir en sécurité, la protéger des autres mais surtout de lui. Il se sentait un peu trop proche du point de rupture et ce n’était pas une bonne chose. Allez savoir ce dont il serait capable dans cet état… Il ne voulait pas lui faire de mal et il aurait aimé se cantonner à cette idée si elle avait su voir quelles étaient les limites. C’était pourtant si simple mais visiblement trop lui en demander !


C’était également ce qu’il aimait chez elle, qu’elle lui tienne tête même dans ce genre de moment où il n’était plus vraiment aux commandes mais que le monstre qui dormait en lui s’occupait de tout. Il aimait ça après coup, quand la colère n’était plus qu’un vague souvenir et que seule la passion demeurait, certainement pas quand il attendait elle du regret, du silence et des excuses ! Elle ne comprenait pas qu’il flirtait perpétuellement avec les limites de sa personnalité, il nageait très souvent en eaux troubles et qu’il avait besoin de sa constance à elle pour espérer ne pas sombrer. Fallait-il qu’il lui fasse un putain de Powerpoint sur la question pour qu’elle imprime enfin ? Ils ne formaient pas un couple normal et ne pouvaient fonctionner comme les autres. Toutes les histoires de ne pas contrôler l’autre et de ne pas l’étouffer, c’était de la connerie, de la pure connerie. Les femmes ne pouvaient décider de tout pour elles-mêmes, elles étaient bien trop dans l’émotionnel et dans l’exagération pour le faire correctement, la preuve. LA PREUVE ! « Ne commence pas à te faire passer pour une victime, Cinzia ! NE COMMENCE PAS ! Je fais tout ce que je peux pour toi, TOUT ! Mais t’es incapable de ne pas abuser ! Sinon je n’aurais pas eu besoin de me pointer jusqu’ici ! » cracha-t-il alors qu’elle renchérissait avec Bianca. Il pila net au feu rouge et se tourna vers elle, furibond. « Tu veux que je sorte les violons ? Je n’ai pas à me justifier auprès de qui que ce soit de ce que j’ai fait pour éviter le pire à ta nièce, et surtout pas auprès de toi ! A ta place, je me rendrais compte de la chance que j’ai de ne pas avoir dû épouser quelqu’un qu’on aurait choisi pour moi et je la ramènerais moins avant qu’il en ait suffisamment marre de moi pour m’abandonner à la prochaine intersection ! » Il redémarra et fonça, sa conduite était nerveuse et loin d’être rassurante, comme chaque fois qu’il était dans cet état et qu’il se retrouvait au volant. « NE ME PRENDS PAS POUR UN CON, BORDEL DE MERDE ! Je ne t’ai jamais dit de te traîner le cul soir après soir sans être là pour moi, je t’ai dit ça ? QUAND JE T’AI DIT CA ? HEIN ? Je t’ai conseillé de prendre l’air, de te changer les idées mais jamais de le faire tous les soirs ! T’as aucun respect pour moi, sinon tu n’aurais jamais fait une chose pareille et madame se permet d’être offusquée que je vienne la récupérer ! J’ai l’impression que tu te fous tellement de ma gueule ! Oh et tu voudrais me punir par-dessus le marché ? Sors tout ce que tu veux, je m’en bats les couilles ! » Il n’en avait rien à foutre qu’elle sorte le piquet de grève, il n’avait pas envie de la toucher, pas pour autre chose que la recadrer et s’il ne l’avait pas aimé autant, il lui aurait peut-être offert une petite piqûre de rappel sur la hiérarchie de leur couple et qui avait le fin mot de n’importe quelle histoire. Au lieu de ça, il la largue chez eux et finit par mettre les voiles pour plusieurs jours avec son meilleur ami. Le but était simple, décompresser et prendre du recul mais surtout, leur donner une putain de leçon.





Il aurait aimé être capable de se moquer éperdument de ce qu’il avait laissé derrière lui mais ce ne fut pas possible et les formes des filles des divers clubs de Chicago ne l’amusèrent que quelques heures avant que la dure réalité ne le rattrape de plein fouet et ne l’amène à se dire qu’il aurait préféré être avec elle plutôt que loin et sans possibilité de discuter. Mais s’il laissait passer un coup pareil, il ne préférait pas imaginer ce qu’elle se permettrait par la suite et il fallait à tout prix éviter qu’elle mette en péril sa position et remette en question son autorité. Se confronter à la relation de Jez et Gaby qui semblaient désormais filer le parfait amour n’arrangeait pas vraiment les choses. Il n’arrivait à penser qu’au fait qu’il détestait le fait de s’endormir seul et qu’il aurait pu faire venir toutes les putes du monde dans sa chambre, ça n’aurait pas changé cet état de fait. En partant, il était tellement fou de rage qu’il envisagea sérieusement de reprendre ses bonnes vieilles habitudes pour la punir à la hauteur de l’affront qu’elle lui avait fait. Après tout, puisqu’elle n’avait pas besoin de lui et qu’elle était une vraie femme moderne, pourquoi se priverait-il d’aller chercher le réconfort dont il avait besoin auprès de personnes capables de lui en apporter ? Parce qu’il n’avait pas envie de tout foutre en l’air et que ça ne l’intéressait pas vraiment. Il n’y avait pas de mal à regarder mais toucher ? Pour quoi faire ? Avoir une pâle copie de ce qui l’attendait chez lui ? Ça n’avait pas le moindre sens et même si Luciano avait eu pour ambition de s’envoyer le plus de putes possible, il n’aurait pas suivi, il voulait éviter de se mettre en tort, pas maintenant alors qu’il avait l’impression qu’il gagnait et qu’il avait clairement fait passer son point de vue et qu’elle arrêterait de discuter quand il essayait de lui faire passer un message, même violemment. Il pouvait être large et ouvert, il pouvait être un mari moderne à condition qu’elle ne lui donne pas l’impression de se foutre de sa gueule. C’était si difficile que ça à comprendre ? 




***




S’il s’était attendu à autre chose en débarquant chez eux ? Clairement ! Il aurait aimé qu’elle arrive en pleurant et le serre dans ses bras, qu’elle lui présente directement des excuses et qu’elle se montre honnête et objective par rapport à la merde qu’elle avait foutu. Le simple fait de savoir qu’elle n’avait pas eu l’audace de se rendre au travail sans qu’il n’ait eu besoin de l’enfermer remplissait son cœur d’espoir. Son petit doigt lui disait que ce serait bien plus laborieux pour son meilleur ami qui devait lui aussi régler le problème. Il était beaucoup plus ardu de négocier et d’obtenir gain de cause quand on avait également sa part de responsabilité dans une situation de couple assez délicate. Il tablait sur ses réconciliations rapides et efficaces, il lui pardonnerait tout ce pour quoi elle s’excuserait et il pourrait même envisager de lui ramener des fleurs et ses pâtisseries préférées, peut-être même qu’il l’emmènerait au restaurant pour un petit repas en amoureux, il avait besoin de la retrouver et de passer du temps avec elle mais il était hors de question qu’il fasse le premier pas. Quand elle se leva et se traîna jusqu’à lui, il pouvait déjà entendre ses excuses et il lui opposa un sourire qui se voulait modeste mais il ne pouvait s’empêcher d’être fier comme un paon. Tous ses espoirs furent déçus dès qu’elle ouvrit la bouche et son sourire se transforma en un rictus. C’était donc comme ça ! Elle n’avait rien appris, rien retenu et ne comptait pas lui présenter des excuses et admettre que tout ça, c’était de sa faute. La seule chose qui l’intéressait, c’était son emploi du temps. Peut-être qu’elle avait apprécié chaque putain de seconde de son absence, au moins, pendant ce temps, elle n’avait pas eu à le supporter plus que nécessaire. Il se fichait de son air débraillé ou de l’impression qu’elle n’avait pas pris une douche depuis une éternité, ça ne voulait strictement rien dire ! Vexé comme un pou, il lui fallut prendre sur lui pour ne surtout pas que la situation dégénère. « Ça fait des semaines que mon programme ne t’intéresse pas, t’as qu’à continuer sur ta lancée, Cinzia, ça avait l’air de plutôt bien te convenir ! » répliqua-t-il sans même la regarder alors qu’il crochait sa veste au porte-manteau. Il ne lui avait même pas un peu manqué, elle n’avait même pas vu la différence. Il aurait sans doute mieux fait de disparaître pendant des semaines, elle aurait peut-être commencé à s’alarmer au bout de trois mois sans nouvelles. « Chez nous, on ne divorce pas ! » lâcha-t-il, cela tomba comme un couperet ou une putain de sentence, comme si elle était prisonnière de sa condition pour le restant de ses jours, qu’elle puisse le faire passer une fois de plus pour le salaud de l’histoire, ça le rendait malade. « Au lieu de délirer sur des conneries comme tu l’as fait pendant mon absence, t’aurais mieux fait de te demander pourquoi t’es allée trop loin ! C’est comme ça que tu me vois ? Comme un sale connard ? Je n’ai jamais considéré que la mort du petit Mani était de ta faute ! Pour quel genre de raclure est-ce que tu me prends, putain ? Je ne piège personne, j’essaie de te donner ce que tu veux, putain, mais ça ne te semble jamais assez et tu tires sur la corde, comme ça, je suis obligé d’intervenir et tu peux te la jouer victime de service. Bouhou je suis coupable de tous les maux du monde ! Redescends, tu n’es pas le nombril du monde ! »



Il était révolté, fou de rage et forcément, il était excessif et particulièrement méchant. Il détestait le tableau qu’elle dressait de lui et il ne supportait pas qu’à chaque fois qu’elle prenait la parole, il avait l’impression d’être un véritable tyran. Lui qui se cassait le cul à faire son maximum pour son bonheur, tout ça pour ça ? Quelque part, au fond de lui, ça lui faisait de la peine mais il étouffait tout ça avec beaucoup de colère, c’était tellement plus facile. « Oui, parce que tu dérailles et j’aurais dû être puni pour ça ? Pour faire tout ce que je peux pour toi ? Et qui s’est occupé de l’agence pendant ces jours où t’es restée ici, hein ? QUI ? » C’était bien le cadet de ses soucis mais il cherchait surtout à l’accabler de reproches et lui montrer tous ses torts et forcément, s’il fallait en passer par là, il ne reculait devant rien. Comme un animal blessé, il usait de tout ce qu’il avait à sa portée pour se défendre et ce n’était pas bien glorieux. « Tu me fliques maintenant ? Elle est où la confiance que tu es supposée avoir en moi ? Je n’avais pas envie de te parler et je suis en train de me dire que j’aurais peut-être mieux fait de ne pas rentrer non plus, vu ce que tu me sers ! » Il ne donna aucune explication sur ses occupations durant son absence, sa façon de la punir et c’était si absurde. Ce sujet revenait sans cesse sur le tapis, il se sentait dénigré chaque fois qu’elle le sous-entendait, comme s’il était incapable de se tenir tranquille et de se souvenir qu’il était un homme marié ! Elle recommençait, encore et encore, même si elle savait pertinemment que ça le blessait. Il lui jeta un regard noir, toujours furieux. « Je n’ai jamais eu l’intention de te quitter et tout ça n’était pas un jeu que je voulais gagner ! Si c’est ça, l’image que t’as de moi, alors on a un sacré problème. » Il la dévisagea un moment avant d’agripper son sac, il n’y aurait pas de réconciliations torrides pour le moment, il pouvait ranger ses habits de dieu grec pour une autre occasion. « Tu m’as coupé l’appétit, je vais aller prendre une douche ! »



***






Il ne comptait plus ses tentatives de dialoguer qui se soldèrent par une autre dispute ou bien par un monologue qui ne lui plaisait pas plus mais putain, on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas essayer. L’ambiance n’était pas au beau fixe entre et ça le rongeait. Il avait cru que le souci était réglé quand il la prit dans ses bras et qu’il l’embrassa, ayant l’impression qu’elle était réactive jusqu’à ce qu’il passe à l’étape suivante et qu’elle se montre aussi réactive qu’une morte. Cela eut le don de le faire débander aussi sec et de le calmer définitivement. Il méritait mieux que ça ! Mieux que d’être traité comme un putain de coupable alors qu’il avait l’impression d’être le dindon de la farce. « Mais reconnais au moins que tu as ta part de responsabilité dans tout ça, putain ! Tu ne peux pas me dire que c’est moi qui t’ai assuré que tu pouvais sortir ! Je ne t’ai jamais dit de sortir autant ! Ça semblait pourtant logique et depuis le début de toute cette histoire, tu me fais porter le chapeau et tu me punis, comme si y avait que moi qui avait merdé ! Tu te rends compte de ce que tu nous fais ? Et moi, j’essaie de discuter avec toi et de régler le problème et tu me laisses dans le flou ! » Autant parler à un mur, ça aurait plus d’effet. Elle refusa de répondre et récolta ce qu’elle avait semé. « Faudra pas t’étonner qu’un jour je ne rentre plus pour trouver du réconfort auprès de quelqu’un qui ne me verra pas comme un monstre ! Ne t’en fais pas, ce jour-là, je te l’écrirais sur un post-it, comme le concept a l’air de te plaire ! » Elle s’éveilla enfin pour lui balancer tout ce qui traînait là et comme ils étaient dans leur chambre, il eut le loisir de se prendre les bouteilles de parfums et autres lotions en pleine gueule avant qu’elle ne le vise avec sa brosse entre les deux yeux et qu’il ne puisse esquiver. « T’es vraiment malade ! T’aurais pu me crever un œil, putain ! Tu te rends compte de ce que je dois dire pour que tu réagisses, mais putain, PARLE MOI ! »



***



« T’as l’air de tout savoir mieux que moi, Interpol, je ne vois pas pourquoi je me fatiguerais à te faire un rapport ! Alors, qu’est-ce que j’ai fait en me barrant avec ton frère, dis-moi tout, vends-moi du rêve ! » Il commençait à en avoir par-dessus la tête de ses insinuations et de ses constants soupçons. Lucky avait peut-être raison, quitte à être suspecté, autant que ce soit pour une putain de bonne raison et pas alors qu’on s’était tenu à carreau, envahi par un élan de romantisme qu’elle avait tué dans l’œuf dès qu’il s’était retrouvé face à elle. Parler des visites incessantes de Muñez c’était une façon comme une autre de lui opposer quelque chose quand elle dérapait et reprenait sa bonne vieille rengaine de la tromperie. Heureusement qu’il s’était contenté de se faire sucer, qu’est-ce que ça aurait bien pu donner s’il avait retourné quelques putains pour se détendre un peu après une journée harassante de négociations. Il donna un violent coup de poing dans la porte de la cuisine, formant un magnifique impact alors que ses doigts étaient endoloris. « JE NE SUIS POUR RIEN DANS CE PUTAIN DE MARIAGE ! » beugla-t-il parce qu’elle avait l’air d’un vieux disque rayé et qu’elle avait épuisé toute sa bonne volonté en même temps que sa patience. Ses sous-entendus le fatiguaient autant que ses accusations à peine voilées et il n’était plus question de ramper à ses pieds pour lui prouver qu’il était clean, il avait déjà présenté des excuses et fait de son mieux pour tenter d’amorcer une amélioration dans leurs rapports depuis son retour, il était hors de question de se casser le cul plus que ça alors que son seul objectif avait l’air d’être de tout foutre en l’air. Elle ouvrit sa grande gueule une fois de plus, une fois de trop et la réaction fut immédiate. Sa grande main s’enroula autour de sa gorge et il la fit reculer de toute sa force, l’écrasant de son imposante stature avant de la plaquer contre le frigo et de la soulever. Ses pieds ne touchaient plus terre et il la toisait, prêt au pire alors qu’elle l’avait, une fois de plus, poussé à bout. Il aurait pu lui coller une raclée et l’abandonner sur le sol de la cuisine mais une once de conscience refit surface, juste assez longtemps pour qu’il la laisse retomber et qu’il ouvre lui-même le four, se saisisse du plat qu’il envoya valser dans la porte-fenêtre, projetant de la sauce partout et brisant le carreau alors qu’il avait les mains brûlées, elles ne tarderaient pas à se recouvrir de cloques. Il essayait tellement fort depuis des jours, il voulait tellement que ça aille mieux, qu’elle retourne travailler et qu’elle comprenne qu’il ne voulait pas la priver de liberté mais qu’elle garde assez de temps pour lui, pour eux, qu’il était épuisé et démuni. « Va te faire foutre avec ton putain de rôti ! T’appelleras tout le monde pour annuler ! » Il quitta la maison en claquant violemment la porte et il ne reparut que tard dans la nuit. Ca le démangea de ramasser ses affaires pour aller s’installer ailleurs mais il prit sur lui, fonça à la douche, les mains bandées. Une fois fait, il fouilla dans l’un des placards du couloir pour prendre une couverture et un oreiller et s’installa dans une chambre d’ami. Quand il défit les bandages qui recouvrait ses mains, il se dit qu’il aurait sans doute mieux fait d’aller à l’hôpital, au moins pour être sûr. Il n’était plus vraiment en colère, il se sentait complètement démuni et à court de solution mais surtout épuisé. Il n’avait pas besoin de ce genre d’ambiance quand il franchissait le seul de la maison, pas avec le genre de vie qu’il menait. Il grommela quelques jurons tandis qu’il appliquait une crème sur ses paumes et qu’il tentait de remettre de nouvelles bandes par-dessus les compresses.


***


Il était nerveux, il ne parlait et ne souriait quasiment pas d’ailleurs, alors que cette grande soirée était en l’honneur de son cousin et de sa future femme, ça le foutait en l’air et il n’avait pas spécialement envie de participer à tout ça. Il s’en voulait d’avoir fait ce cadeau empoisonné à Jandro et il ne pouvait se réjouir pour personne dans l’état actuel des choses entre lui et sa femme. Assis sur un banc de la terrasse, emmitouflé dans son manteau, il fumait un joint bien chargé, à l’écart de l’agitation. Avait-il déjà été aussi malheureux ? Il n’en avait pas le souvenir. Aimer, c’était ça, intense et beau quand tout allait bien et un puits sans fond quand ça déraillait. Il n’était plus capable de gérer la situation, il avait perdu son mojo, qu’adviendrait-il de son couple désormais ?

 




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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyMar 31 Jan - 23:28

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei


Il faisait erreur. Je ne me moquais de lui. Je ne le prenais pas non plus pour un con et j’avais pour lui un respect infini. J’étais parfaitement consciente de tous les efforts qu’il fournissait pour que je sois heureuse et de ma chance d’avoir pu choisir l’homme qui me tiendrait la main tout au long de mon existence. Et c’était en partie ce qui me tourmentait. Je n’avais rien de plus que Bianca. J’étais née Gambino, tout comme elle, à la différence que mon père est un Don droit et loyal. Ce n’était pas le cas du sien. Achille était un gars retors affamé de pouvoir. Il ne reculait devant aucun affront pour atteindre ses objectifs. Mani et moi avions été ses victimes favorites. C’était normal que nous obtenions réparations. Indirectement, les torts causés étaient immenses et irréparables. Mais, pourquoi la gamine devait-elle en faire les frais ? Pourquoi ? C’était injuste et ça réveillait en moi les affres de la culpabilité. Avant la mort de mon frère, je ne souffrais pas autant de ce mal humain. Je légitimais mes faits et gestes en n’outrepassant jamais mes droits et en veillant à rester la plus droite possible dans mes baskets. En confiant mes clés à Fedele, j’appris qu’un geste banal était en mesure de provoquer un désastre et ça se vérifia avec la mort de mon petit garçon.

Souvent, je crus mourir de chagrin, assommée par le poids de ma responsabilité. Je m’en voulais d’avoir survécu à l’accident au point d’oublier ma folle envie de vivre pleinement. Il n’y avait pas un jour où je ne pensais pas à mon petit bonhomme, bien que grâce à Manuel, j’allais beaucoup mieux. Je renouais avec ma joie de vivre, trait caractéristique de ma personnalité haute en couleur. Ce n’était pas bien méchant finalement. C’était également éphémère. Il m’arrivait souvent de me perdre dans mes pensées et de m’accrocher à deux mains à mon époux, l’aimant démesurément. Mes sentiments à son égard, c’était ce que j’avais de plus solide. Les sorties entre copines, c’était une façon comme une autre de répondre à cette impression désagréable d’être une ingrate à m’arrêter sur ce qui était mort en moi au détriment de ce qui célébrait la vie. C’était également une solution facile pour ignorer ma colère par rapport au mariage de Bianca. J’avais beau savoir que Manuel ne l’avait pas exigé, qu’il y prenait part malgré lui, qu’il détestait cette idée autant que moi, ça ne changeait pas grand-chose. J’en étais malheureuse et je m’anesthésiais comme je le pouvais, encouragée précédemment par un époux qui paraissait bien moins enchanté par sa propre idée.

Il était furieux et je me braquai à toute conversation. Elle serait stérile quoi que je fasse ou quoi je dise. Il était offusqué, peut-être blessé, comme moi, parce qu’il me menaçait de m’abandonner sur le bas-côté de la route puisqu’il se sentait célibataire. Je n’aimais ni cette éventualité ni le sous-entendu qu’il supposait et qui se vérifia. Disparaître, c’était la punition la plus terrible qui soit à mes yeux. Je ne supportais pas qu’il me laisse sans nouvelle, parce qu’il me manquait si fort que j’arrêtais de respirer. Je ne vivais plus, je survivais. A chaque fois que ça arrivait, je me sentais minable et pathétique. J’étais prête à demande pardon pour tout et surtout pour rien. Toute cette culpabilité contre laquelle je luttais de toutes mes forces remporta cette bataille en me couvrant de honte, celle d’être aussi pitoyable, celle d’être impuissante pour venir en aide à Bianca, celle d’être incapable de me secourir moi-même, celle d’avoir causé la mort de Fedele pour mes intérêts personnels, celles de n’avoir su protéger mon bébé, celle de ne pas avoir été une bonne épouse et d’avoir négligé mon mari.

Chaque pensée du genre m’administrait une claque d’une telle violence que j’en pleurai jusqu’à être vidée de toutes larmes, priant pour qu’il ne m’ait pas abandonné lui aussi. Qu’étais-je supposée faire sans lui ? Qu’étais-je censée devenir ? ça me terrifiait et peut-être l’étais-je un peu trop pour lui déclamer ce qui me brûlait les lèvres lorsqu’il rentra enfin. Je ne lui soufflai pas à l’oreille qu’il me manquait. Je n’étais pas fière de moi. J’essayais de limiter les dégâts de son départ sur mon égo et sur mon cœur. Je me sentais en insécurité et j’avais besoin d’être rassurée. Et, qu’ai-je récupéré ? Des reproches, encore et toujours. Il m’accablait de ne pas être parfaite. Il soulignait que je n’étais pas à la hauteur. Je fus forcée de mordre l’intérieur des joues pour ne pas éclater en sanglots, et encore, ça ne dura pas très longtemps. J’avais envie de lui dire qu’il se trompait, que j’étais et serais toujours intéressée par ce qui occupait ses journées. J’avais envie de lui rapporter que je n’avais, moi non plus, aucune envie de divorcer, bien au contraire, mais que ce serait intenable d’être victime de son indifférence. Il n’était ni un connard ni un monstre à mes yeux. Je ne l’accusais pas de penser du mal de moi, je tentais de comprendre jusqu’où son escapade l’avait menée en réflexion. Je verbalisais mes craintes les plus profondes, les angoisses qui m’empêchent d’avoir une pleine et entière confiance en moi. C’était la nature même de mon monologue.

De son point de vue, il devait puer de reproches, mais que je sois foudroyée sur place, ce n’était ce qu’il convenait de comprendre ou de retenir. Un mot de sa part, un mot rassurant et je ramperais à ses pieds pour me confondre en excuses. Il m’en coupa tout envie cependant et je me jurai que plus jamais je ne lui confierais ce que je ressentais. Ça n’avait pas la moindre importance à ses yeux. Il entendait, ramassait le tout, secouait dans un shaker et me le renvoyait au visage en insistant sur mes erreurs, mon imperfection, sa déception. Il me qualifiait de victime perpétuelle et illégitime, mais il ne faisait pas mieux que moi. Il n’écoutait que sa propre colère. Il s’enfermait dans sa rancœur, me jugeait dégueulasse et clôturait la conversation sans oublier de m’enfoncer la tête dans l’eau. C’était ça, ma condition ? Était-ce le prix à payer pour ses concessions ? Me taire et me satisfaire de ses certitudes ? Lui faire confiance aveuglément et ne pas avoir mal quand il m’oublie trois jours durant ? Quand il m’abandonne au même titre que mes frères ? Je ne partageais plus rien avec Lucky ou Andy. Eddy était mort. Gaby me repoussait. Je n’avais plus que Lyla, qui insupportait Manuel et mon mari qui me repoussait ouvertement sans se soucier de ce que je ressentais. Je payais chèrement d’avoir souffert d’impuissance et d’avoir eu du mal à accepter le mariage de ma nièce et, tandis qu’il grimpait à l’étage, je m’effondrai dans le divan jusqu’à l’épuisement.

Je me réveillai à maintes reprises cette nuit-là et elle ne m’apporta ni réconfort ni bon conseil. Je me terrai sous une carapace d’argile. Je n’étais plus que silence et abnégation. Je ne me battais plus, je me laissais porter par le courant violent attendant une accalmie. Bien sûr, percer l’abcès nous aurait servi davantage, mais je n’en avais pas la force, pas tant parce que j’étais fâchée après lui, mais parce que j’interprétais toutes ces tentatives comme de la compassion. J’avais pitié de moi, pourquoi serait-ce différent pour lui ? Pourquoi m’en réjouir ? J’avais besoin de son amour, de ses baisers fiévreux de désir, de ses caresses tendres qui me rendaient unique à ses yeux et aux miens, par la force des choses. C’était pénible pour moi, à cause de l’image que reflétait les miroirs et parce que je m’éteignais comme une bougie privée d’oxygène. Il était le mien, ma seule raison de vivre et je ne comptais plus le nombre de fois où je m’arrêtais avec la ferme intention de le supplier de me pardonner et oµ je renonçais de peur d’être rejetée. Mon reste de fierté n’y survivrait pas et il m’aidait à tenir le coup, à ne pas tout gâcher. Aussi, usais-je d’autres moyens pour faire amende honorable. Je me cloîtrais à la maison, je cuisinais beaucoup, je crochetais et je nettoyais. L’agence, je la gérais aussi discrètement que possible par mail et par téléphone. C’était moins efficace, mais je complétais les horaires des filles dont j’avais la charge. Je faisais en partie ma part. Je n’aimais pas mentir, mais qu’arriverait-il s’il le visait comme un affront ? J’exagérais sans doute. Je ne savais simplement plus à quel saint me vouer. Je redoutais tant de prononcer un mot de trop que je me contentais du strict minimum, même dans l’intimité, ce qui paraissait l’agacer au plus haut point. J’étais perdue et plus craintive que jamais.

Ce petit jeu aurait pu durer longtemps encore s’il ne m’avait pas traité de malade. Or, sans cette menace d’adultère, jamais je n’aurais pas transformé ma brosse à cheveux en projectiles. Il se servait de ce qui me terrorisait jour après jour contre moi pour me mettre à genou et il exigeait que je lui parle ? Mais, de quoi ? Et pour quoi faire surtout ? Il se foutait de ce qui me tourmentait. Ce n’était pas assez important pour qu’il m’apaise et me serre dans ses bras. Quel intérêt à tendre le bâton pour me battre ? Déçue et affligé, je fronçai les sourcils et je combattis de toutes mes forces mon menton qui balançait avec l’énergie du désespoir. Je quittai la chambre sans demander mon reste. J’avais mon compte d’horreurs à mon actif. Comment pouvait-il se montrer aussi hermétique à mes efforts ? Cette vie de femme recluse ne me convenait pas. Je le faisais pour lui, mais une fois encore, ce n’était pas suffisant. La preuve étant, engoncé dans son manteau de jalousie, il soupçonnait son bras gauche d’être assez con pour me faire du gringue et moi, sa femme, d’y être sensible. Et c’était moi qui me foutais de sa gueule ? Moi, qui manquais de confiance en lui ? C’était l’hôpital qui s’amusait sur le dos de la charité et, cette fois, il n’était plus question que je m’écrase.

Je me défendis comme je pus, le provoquant un peu pour donner le change. Je m’étais montrée bien trop fragile déjà. A ce rythme, je serais entièrement recouverte des ronces de la honte. S’il l’avait bien vécu, son séjour loin de moi, il était temps de rendre à notre relation son équité. Grave erreur. Je ne fus peut-être pas aussi soft que je l’imaginais ou que je l’aurais voulu, car il eût tôt fait de me saisir par la gorge, sa grande paluche la serrant tropi fort, tandis qu’il m’acculait contre la porte du frigo. Réflexe humain. Je l’attrapai à deux mains par le poignet, le suppliant du regard de me lâcher, mais il me souleva du sol et, privée d’air, je manquai d’énergie tant j’avais peur de mourir, ici, dans ma cuisine, de son fait, parce que j’avais exagéré. Je l’aurais bien remercié quand il me rendit ma liberté, mais j’étais prise d’une quinte de toux et je tombai à genoux. Je me massais le cou alors que l’air me brûlait comme ses doigts qui extirpaient de mon four mon plat à rôti. Il vola à travers la pièce, brisa une vitre de la porte-fenêtre. L’espace de quelques secondes, je songeai à me lever pour le retenir, mais je me rappelai du nombre de fois où il me conseilla de ne surtout pas le chercher lorsqu’il était dans cet état. Alors, je ne bougeai pas. Je pleurai beaucoup, mais je ne l’appelai pas. Je vérifiai dans un miroir qu’il ne m’avait pas marquée, j’appliquai de la crème pour éviter les ecchymoses et j’enfilai un col roulé. Je n’avais pas envie qu’il soit nez à nez avec ce qu’il redoutait tant dans sa personnalité. Il n’avait jamais eu envie d'en arriver là. Je devais l’admettre, je l’y avais contraint par bêtise.

Alors, je l’attendis patiemment bien décidée à réparer les dégâts que j’avais causés et comme à l’habitude, je guettai son pas dans la maison. Plus l’heure avançait, plus je craignais qu’il ne rentre pas, jamais cette fois. Je fus heureuse de l’entendre et inquiète qu’il me chasse. Qu’à cela ne tienne, il était temps que je me bouge, que j’accepte la réalité telle qu’elle était. J’étais affectivement dépendante de lui et ça ne s’arrangerait pas avec le temps. Assumer nous serait bien plus bénéfique que cette mascarade destinée à me montrer plus forte que le bœuf parce que je ne digérais pas qu’il puisse détenir mon bonheur, ma vie et mon destin entre ses mains. C’était pas exactement ça le mariage. Non. Des tas d’épouses savent pertinemment qu’elles souffriraient du décès de leur conjoint. Moi j’étais certaine que je préférais mourir que d’être sans lui. Était-ce seulement de sa faute si j’avais choisi qu’il soit mon seul et unique point de repère solide après la mort du petit Manuel ? Lui faire payer, c’était idiot et ignoble de ma part. J’envoyai valser mes appréhensions à la con et je le rejoignis dans la chambre sans m’annoncer. Il jurait en essayant de refaire ses pansements. Je m’approchai, les bras chargés mon bac à pharmacie et je m’assis à côté de lui « Laisse, je vais m’en occuper. » Je jetai un coup d’œil à ses mains, je les embrassai l’une après l’autre et je lui demandai s’il ne préférait pas faire un saut jusqu’à l’hôpital. « On peut peut-être demander à Sam de passer, il nous dira quoi faire. Tu préférerais attendre demain ? » m’enquis-je tout ce qu’il y avait de plus penaud, m’employant le plus doucement et le plus délicatement du monde à bander ses blessures. « Tu sais, je crois qu’il faudrait peut-être mieux laisser respirer un peu. Quoique, si c’est grave, l’air pourrait infecter les plaies. Je ne sais pas. Tu as fort fort mal ? »

Je me doutais que c‘était douloureux, mais j’essayais d’évaluer si je faisais bien de ne pas insister pour appeler au minimum un médecin. « Je suis désolée de t’avoir fait sortir de tes gonds tout à l’heure. J’ai dépassé les bornes une fois de plus. » Je n’étais pas encore arrivée au quart de ce que j’avais à lui confesser que mon cœur s’emballait déjà et que mes yeux s’emplissaient de larmes. Je respirai donc un grand coup en terminant son pansement. « Je n’aurais jamais dû sortir autant. J’étais en colère à cause de Bianca. C’était une façon de me calmer. Que tu m’y encourages ne justifie pas que je le fasse autant et de cette façon-là. Ça ne se reproduira plus. J’aurais mieux fait de parler de ce que je ressentais au lieu de faire n’importe quoi. » Pour m'occuper, j'entrepris de lui ôter ses chaussures et je l'aidai à se déshabiller, soucieuse de lui être utile et de souligner ô combien j'étais authentique « Je ne voulais pas te faire du mal parce que je te vois pas comme un connard, un monstre ou que sais-je encore. Je sais tout ce que tu fais pour moi. J’en mesure ma chance tous les jours. Je n’ai donc aucune excuse pour justifier ce que j’ai fait. Mais, je t’en présente quand même. J’aurais dû le faire plus tôt, je le sais bien, mais j’ai eu tellement peur que tu me quittes et tu m’as tellement manqué sur ces trois jours. Ça a été horrible. J’ai pas su comment le gérer. Je pensais que quand nous serions mariés, j’arriverais à mieux gérer tes disparitions. Je sais que tu t'en vas parce que je te fous tellement à bout que tu préfères me fuir, mais ça me tue, Mani. Le gérer, c'est au-dessus de mes forces. J’ai une peur panique que tu m’abandonnes et c’est pas de ta faute, c’est de la mienne. Je sais que tu m’aimes, j’ai confiance en toi et en nous, mais c’est plus fort que moi. Si tu n’es pas dans le coin, je perds les pédales. Ça allait mieux, mais depuis… » Je ne citai pas l’événement. Aucun couteau ne devait être retourné dans une plaie ce soir.

« Enfin, c’est pas le plus important. Ce qui compte, c’est que je t’ai assommé de questions alors que j’avais juste envie que tu me serres très fort dans tes bras. C’était stupide de ma part. Tu as le droit de ne pas me dire ce que tu as fait à Chicago si tu n’en as pas envie et je n’ai pas le droit d’insister autant. Je ne le ferai plus. Je ne te poserai plus la question, parce que je sais… pas dans le détail, mais je suis sûre de l’essentiel. » Ce n’était que la moitié de la vérité. J’en tremblais toujours, mais ce n’était pas de sa faute. Mon estime de moi était au plus bas, mais j’en étais la seule responsable. Je n’avais pas pu prendre de distance comme je me l’étais promis. Je m’étais lancée dans ma relation à corps perdu au point que parfois, lorsque je suis plus fragile, tout m’effraie. Étais-je cependant en droit de le lui faire payer mes faiblesses et mes sensibleries ? « Est-ce que tu retrouverais ta place dans notre lit si je te le demandais super gentiment ? » Je me penchai sur lui pour lui dérober un baiser chaste. « J’ai froid sans toi et puis, tu me manques tellement, Mani. J’aimerais juste que tu me gardes près de toi. Tu viens ? » soufflais-je tout contre ses lèvres, les caressant de les miennes, mes bras déjà enroulés autour de son cou. « Je te demande pardon, Manuel. » conclus-je en espérant qu’il percevrait ma sincérité et qu’il ne me laisserait pas ruminer seule dans mon coin toutes mes erreurs.


***

J’espérais du fond du cœur que cette discussion pleine de bons sentiments nous permettrait de reprendre notre vie à deux là où nous l’avions laissée, sauf que mon mari semblait porter sur ses épaules le poids du monde et s’il n’appréciait pas plus que moi le futur mariage de Bianca, je doutais que ça soit la seule raison. J’avais par ailleurs une vague idée de ce qui le perturbait à ce point. Il n’avait jamais caché qu’il n’avait aucune intention de me faire du mal ou même de lever la main sur moi. Je présumais donc qu’il tolérait à peine son élan de violence qui n’était pas grand-chose finalement. Il ne m’avait pas tabassée comme un homme. Il s’était arrêté avant que je sois définitivement traumatisée par un geste d’une inouïe brusquerie. C’était à hauteur de ma provocation. Je lui avais cherché des poux. J’assumais. Ça s’arrêtait là. Bien sûr, je ne niais pas que le caractère soudain du geste me surprit et m’effraya. Je ne prétendrais pas non plus que, quelque fois, je ne savais plus trop si j’étais autorisée à ouvrir la bouche ou s’il convenait mieux de me taire. Je tâtais le terrain comme si nous venions de nous rencontrer et cette idée fit son petit bonhomme de chemin plutôt positivement finalement.

Quand nous étions un jeune couple, nous nous surprenions si souvent. Les petites attentions pleuvaient. Alors, je m’enfermai dans la cuisine toute l’après-midi pour lui préparer son plat préféré que j’emballai dans des Tupperware. Il avait précisé le matin même qu’il avait beaucoup de boulot, qu’il n’était pas certain d’être rentré à temps pour dîner avec moi. Dans ce cas, n’était-il pas logique que j’aille à lui les bras chargés de bons petits plats dans une tenue des plus suggestives ? Je n’avais trouvé aucun autre remède efficace à nos disputes que des retrouvailles charnellement intenses. Le surprendre pourrait peut-être nous aider. J’enfilai une robe saillante et près du corps, mais en arrivant sur place, il était absent. Je patientai dans son bureau autant que nécessaire, assise dans son immense fauteuil de ministre. A mesure que le temps passait, j’enlevais un vêtement – et je n’en avais pas beaucoup – pas tant parce que j’avais trop chaud, mais surtout pour gagner du temps. Quelle chance d’avoir perçu sa voix dans le couloir du Gato Negro. S’il était en grande conversation, ça signifiait qu’il n’était pas seul. J’enfilai mes frusques à la hâte sans avoir le temps de remettre ma petite culotte de dentelles rouge vif. Il ouvrit la porte, mais c’est Sam qui entra. Je le saluai avec cet air constipé de la gamine prise la main dans le sac à voler des bonbons dans une épicerie. « Je vais m’en aller. J’étais passée t’apporter ça. » Je désignai mon plat qui ne devait plus être très chaud à l'heure qu'il était. « Je pensais pas que tu serais accompagné. On  se voit tout à l’heure. »lui murmurais-je les bras enroulés autour de sa nuque. Je lui offris un baiser plein de promesses pour la nuit et je glissai discrètement mon sous-vêtement dans la poche de son veston. « A tout à l’heure mon amour. Essaie de ne pas trop traîner. » J’adressai à Sam un signe de la main, j'ajoutai quelques conseils nécessaire à réchauffer mes préparations et je m’éclipsai, terriblement déçue. Si je m’étais endormie, lasse de l’attendre, il ne prit même pas la peine de me réveiller et je ne savais qu’en penser. J’avais sans doute fait fausse route en me persuadant que tout allait ou irait mieux entre nous. Mais, si mes excuses ne lui suffisaient pas, qu’étais-je supposée faire de plus ?

Je m’interrogeai souvent, me renfermant à nouveau sur moi-même, mais uniquement pour lui cette fois. Je ne me vengeais ni ne le punissais, je veillais à ne pas le brusquer et à le laisser avancer à son rythme. Il était le seul à pouvoir décider quand il ne me tirerait plus la tête. Sauf qu’à le voir là, à travers la vitre de la cuisine de mes parents, tout seul, dans le froid, assis sur un des bancs du jardin privatisé, mon cœur se serra d’affliction. « Je t’ai fait un café. Je me suis dis que tu devais être gelé. » lui lançais-je en grelottant sous mon manteau plus coquet que chaud. « Tu t’inquiètes pour tes mains ? Parce que je trouve que ça va déjà beaucoup mieux. » Sa réponse fut si laconique qu’elle me força à m’asseoir à ses côtés. Dans un geste machinal, je glissai mon bras sous le sien, je m’y accrochai et je me pelotonnai contre lui. « Tu vas attraper la crève à rester dehors par un froid pareil. Tu n’as pas envie d’être là, c’est ça ? Parce qu’on peut rentrer, tu sais. On n’est pas obligé de faire semblant. On peut dire que je me sens pas bien, que je couve quelque chose si ça t’arrange. Tout le monde se dira que je suis emmerdeuse de première et personne ne t’accusera comme ça, tu veux ? » Il ne brilla pas par son éloquence et je poussai un long soupir de dépit. « Parle-moi, s’il te plait. Dis-moi ce qui te chagrine à ce point. J’aime pas te sentir inquiet comme ça et je sais plus ce que je dois faire ou dire pour que tu ne m’en veuilles plus. Je m’en veux, tu sais. J’étais sincère quand je t’ai présenté mes excuses, mais je peux les répéter encore si ça peut te faire du bien. J’ai déconné, je le sais. Je pensais que… » ça serait suffisant, que ça l’aiderait à aller mieux d’entendre à quel point j’avais honte de moi à tout point de vue. « Je ferai tout ce que tu voudras pour que tu te sentes mieux, Mani, mais dis-moi quelque chose. Même si c’est pour m’envoyer chier. Si tu as envie d’être seul, je peux le comprendre. Je respecterai, mais ça me rend dingue de te voir comme ça par ma faute. » Aussi malheureux, me gardais-je de préciser. Je sentis néanmoins son regard se poser sur moi et il me parut tellement impénétrable que je m’en mordis la lèvre, le soutenant tout de même. « Je voudrais que tout redevienne comme avant. C’est tout ce que je demande. Si c’est possible, bien sûr. »





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Manuel Herrera
Manuel Herrera
ADMIN A LA MACHETTE MAIS EN DETENTE

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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyJeu 9 Fév - 19:33

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei


Il se connaissait suffisamment pour savoir quelles étaient ses limites et pour mettre les barrières nécessaires pour qu’aucun malheur n’arrive. Il ne pouvait passer son temps à compter sur Jandro pour l’empêcher d’être le monstre qu’il était. Ca, c’était pour le commun des mortels mais avec sa femme, à cause de l’intensité des sentiments, les choses pouvaient facilement dégénérer et prendre des proportions inimaginables en un temps record. Il n’avait pas véritablement le temps de réaliser ce qu’il était en train de faire qu’il le faisait déjà. Grâce à Dieu, il avait toujours un regain de raison et de bon sens, sinon, comment la laisserait il ? Dans quel était l’abandonnerait-il ? Fuyant ses responsabilités et ses craintes les plus profondes, non pas par lâcheté mais parce qu’il culpabilisait au point d’en avoir le souffle coupé. Les menaces explicites qui jalonnaient ses pires disputes avec sa femme n’étaient pas des paroles en l’air pour lui faire peur et qu’elle la boucle histoire de lui assurer une victoire facile mais pour la préserver de lui et du monstre qu’il était. Chaque fois qu’un débordement quelconque arrivait, il se demandait s’il avait bien fait de l’épouser et de faire de cette existence abominable la sienne. Elle méritait mieux que ça, mieux que lui et il ne supportait pas l’idée qu’il puisse contribuer à son malheur. Quel mari aimant son épouse la menaçait de lui coller une raclée ? Un malade, comme son propre père, un enfoiré, comme ceux qu’il croisait parfois dans la rue et qui croyaient déborder de virilité en levant la main sur une femme. Il n’avait jamais eu de problème à corriger tout individu qu’il trouvait à côté de la plaque, indépendamment de leur sexe mais il refusait de faire du mal à la seule personne qui voyait au-delà des apparences et qui savait maintenir en état son humanité et ce qu’il y avait de meilleur en lui. Mais il n’était qu’une cause perdue, la preuve, elle ne parvenait plus vraiment à garder les choses sous contrôle et il avait l’impression qu’elle n’aurait bientôt plus suffisamment d’énergie, de patience et d’amour pour endurer ça et il ne lui jetait pas la pierre, il l’entendait. Après le coup de la cuisine, il se demanda sérieusement s’il ne devait pas lui proposer le divorce, pour sa sécurité et son bien-être, pour son bonheur aussi. Parce qu’il finirait par la tuer, il n’y avait pas de remède miracle pour tuer le monstre qui vivait en lui depuis sa naissance. Il n’y avait pas d’échappatoire au mal qui sommeillait en son être et qui devait s’exprimer d’une façon ou d’une autre. Un mariage équilibré et sain n’avait rien de tout ce qu’il lui faisait endurer, jour après jour. Il n’était qu’un criminel comme les autres, un type à qui on avait imposé une vie pour laquelle il avait fini par se forger une personnalité nécessaire pour survivre dans un milieu pareil. Cinzia pouvait supporter beaucoup mais ça ne signifiait pas qu’il était en droit d’en rajouter une couche. Elle méritait tellement mieux que ce genre de vie.



Même la douleur de ses mains qui était lancinante et presque insupportable ne lui permit pas d’éteindre sa culpabilité. Il se dégoûtait de ne pas avoir su garder le monstre en laisse pour rester aux commandes. Il pouvait bien se chercher toutes les excuses du monde, ça ne changeait rien. Il avait honte ce qui le rendait plus belliqueux et intransigeant qu’à l’accoutumée. Elle n’avait eu de cesse de le repousser et de l’accuser, elle l’avait poussé à bout et amené jusque dans ses retranchements mais il aurait pu se contenter de démolir la cuisine et se tirer, au lieu de ça, il l’avait agrippé comme si elle n’était rien de plus qu’une poupée de chiffon et il se souvenait avec exactitude de ce qu’il avait ressenti. Il se sentait tout puissant et exalté. Il avait la satisfaction de l’entendre se taire, pour une fois et il lui avait fallu pas mal de volonté pour ne pas aggraver son cas, parce qu’il avait eu envie de lui faire mal, suffisamment pour qu’elle se rappelle de sa place et des risques à le provoquer. Désormais calme mais pas pour autant apaisé, il se trouvait répugnant. Aucune dispute ne se réglait comme ça, pas entre eux. Depuis le début de leur relation, il avait été capable de prendre sur lui et de faire la part des choses et il aurait pu voir ça comme de sacrées victoires capables d’atténuer ce sentiment d’échec mais à son sens, il n’y avait que les échecs qui comptaient et leur gravité. Celui-ci était plus grave que toutes ses réussites. Le sang ne fit que faire gonfler la confiance de la bête et il fallut la faire taire à grands renforts d’alcool et de cannabis. Il n’était plus en état de parler, c’était toujours le cas quand la rage et la colère prenaient le pas sur le reste. Il s’isola au studio porno dans un bureau loin de tout et de tout le monde, histoire de renfermer le monstre dans sa cage et de reprendre le dessus. Une bouteille de téquila et pas mal de joints plus tard, il avait l’impression d’être plus calme. Il appela son cousin pour lui demander de venir le chercher et le déposer, il ne se faisait pas confiance. Allez savoir ce qu’il aurait pu faire avec un volant entre les mains maintenant qu’il se souvenait que sa femme ne divorcerait pas et qu’il lui rendrait davantage service en claquant. Elle aurait la paix et tout le loisir de se trouver quelqu’un de mieux, de plus correct. Les raisons pour lesquelles il ne voulait s’engager avec personne lui revinrent en mémoire sur le chemin vers chez lui, il y pensait avec amertume. Tant qu’il n’y avait que lui qui comptait, le mal qu’il pouvait faire aux autres comptait bien moins que son propre bonheur et son petit confort mais maintenant, il n’avait plus le luxe de porter des œillères et de se convaincre que c’était le problème et la faute des autres.



Ses mains étaient dans un état pitoyable et il avait refusé d’entendre les bons conseils de son cousin, il estimait mériter de souffrir et que c’était un bien moindre mal comparé à ce qu’il faisait enduré à Cinzia. Prendre une douche et se servir à nouveau de ses paumes fut un calvaire mais il serra les dents et se répéta qu’il n’avait qu’à remercier sa stupidité au même titre que sa folie pour un tel handicap. Dans un état second, il manqua de tomber dans la salle de bain, se rattrapant de justesse au lavabo, faisant saigner ses paumes et transformant la salle de bain en scène de crime. Il épongea comme il put avec sa serviette et ce qu’il avait sous la main et finit par abandonné, constatant qu’il remettait du sang là où il venait d’essuyer. Assis sur le lit de la chambre d’ami, en galère, il hésita à sortir deux taies d’oreiller qu’il remplirait de coton et qu’il collerait sur ses mains pour avoir le loisir de dormir, enfin. Elle le fit sursauter en s’installant près de lui, il lui aurait probablement dit de se tenir le plus loin possible de lui s’il en avait eu la force. « Non. » souffla-t-il en guise de réponse aux questions qu’elle voulait, il ne comprenait pas ce qu’il avait fait pour mériter autant de douceur et de considération. Elle aurait mieux fait de ranger toutes ses affaires dans des sacs poubelles pour les poser sur le perron et l’empêcher de rentrer. Bien sûr, elle devait avoir peur qu’il devienne complètement fou et qui lui vienne l’idée de foutre le feu à la maison. Il aurait pu, il était assez mauvais pour ça. Mais il ne méritait pas qu’elle s’occupe de lui, non, ça il en était certain. Elle se mit à lui présenter des excuses, comme si c’était comme ça que ça devait se passer. Il la violentait et elle s’excusait ? Dans quel monde ça se produisait ? Il la stoppa alors qu’elle tentait de le mettre à l’aise et de le dorloter comme si ça s’imposait, comme si c’était dans la logique des choses alors qu’il n’était qu’un putain de malade. « Ne fais pas ça, Cinzia, s’il-te-plaît ! » dit-il doucement. Il avait une folle envie de la serrer dans ses bras et de l’embrasser pour se redonner confiance et récupérer un peu d’humanité qui lui faisait défaut ces derniers temps. Il avait envie de ses mains sur lui et de ses cheveux chatouillant sa peau alors qu’ils se reconnecteraient de la meilleure des façons. Mais c’était trop facile ! Ca ne l’empêcherait pas de récidiver et il refusait de se faciliter la tâche. Il devait être puni et principalement parce qu’il avait fait du mal à la seule personne qui le rendait meilleur. Il fallait vraiment être atteint ! Il eut un pincement au cœur en déroulant ses bras autour de sa nuque mais c’était essentiel. « Ce n’est pas ta faute si je suis ce que je suis ! » Il soutint son regard et reprit : « Tu n’as pas à t’excuser ! » Il embrassa son front et finit par se lever après avoir pressé doucement sa main. « Je vais aller à l’hôpital. » conclut-il en fouillant dans l’armoire pour récupérer des vêtements et mettre les voiles. Ce soir, c’était au-dessus de ses forces, il ne pouvait ni se reposer près d’elle comme s’il méritait une récompense, ni la repousser comme si elle était coupable. Mieux valait qu’il fasse ce qu’il y avait de plus intelligent à faire.



***



Il finit par rentrer des urgences en milieu de journée et il grimpa jusqu’à leur chambre pour s’y étendre et tenter de se reposer un peu. Il ne fut plus question de la chambre d’amis, il ne tenait pas à lui faire plus de mal que ce qu’il avait déjà fait mais il ne se sentait pas capable de faire mieux que des baisers sur le front, quelques caresses innocentes et autres baisers sur ses mains. Le reste passait à la trappe. Il se couchait à l’extrême opposée du lit après avoir embrassé son front sagement et il ne se passait rien. Sa libido en avait pris un sacré coup et il compensait par une violence excessive et un besoin de sang qui dépassait l’entendement. Autrefois, il aurait probablement pensé à aller en voir une autre pour chercher ce qu’il n’y avait pas chez lui mais pour quoi faire ? Il n’était pas capable d’aimer correctement sa propre femme, à quoi bon tenter de se disperser pour que le constat demeure le même ? Ca ne l’intéressait pas, aucune autre ne l’intéressait, elles ne détenaient aucune réponse à ses questions et aucune solution à ses problèmes. Elle faisait de son mieux pour empêcher le navire de leur mariage de sombrer et elle le faisait bien mais lui ne mettait rien en place pour y répondre favorablement. Quel homme digne de ce nom laissait sa femme l’attendre chez eux, sans culotte ? Autrefois, certainement pas lui ! Mais ce jour-là, il retarda l’heure de son retour parce qu’il savait que ça solderait par un dialogue de sourd ou par une panne, tout simplement. La tristesse qui l’habitait ne lui offrait aucun instant de répit et contrôlait tout son être, également sa colère et c’était tout ce qui comptait, tout ce qui importait. Dans cet état, il ne pourrait lui faire aucun mal. Il était comme éteint et elle devait s’imaginer le pire mais qu’aurait-il pu faire de mieux que de tenter de la protéger de lui et de tout ce qu’il véhiculait de mauvais ? Hein ? N’était-ce pas une belle preuve d’amour ? Il ignorait où tout ça les mènerait et il n’était pas vraiment en état de mener une conversation sur le mariage avec le cousin mais il avait bien fallu lui présenter la situation et lui faire comprendre qu’il n’avait pas vraiment le choix.



« J’ai un truc à te dire et je vais essayer de le faire correctement mais me coupe pas, ok ?! » Le barbu hocha la tête, fronçant les sourcils, soudain excessivement sérieux. Il lui exposa les faits et la situation dans les moindres détails, parce qu’il méritait de connaître toute la vérité et dans quoi il se retrouvait embrigadé. Il fit silence quelques minutes avant de répondre. « Et elle, elle le prend comment ? » « Elle est terrifiée, c’est une gamine comme Jez. Si on avait dit à niña qu’on la mariait à un type fait sur notre modèle, je suis pas sûr qu’elle aurait réagi autrement. » Jandro sembla pensif. « Je suis désolé, frère, j’aurais préféré t’épargner ça… » « Non, c’est un honneur pour moi. J’veux dire, une Gambino et faire ça pour la MS et pour toi ! Et puis tu le fais pour la petite et ça me plaît de faire ça pour elle aussi. Je ne sais pas si je ressemblerais un jour à ce qu’elle attendait mais je vais essayer de la traiter aussi bien que j’aimerais qu’on traite Jez. » C’était précisément pour ça qu’il avait opté pour son cousin, parce qu’il savait qu’en plus d’être un homme intelligent et respectueux – bien plus qu’il ne le serait jamais, d’ailleurs – il était doux derrière son apparence de guerrier. Il ne faisait aucun cadeau à leurs ennemis mais les femmes avaient toujours été sa plus grande faiblesse, il était incapable de le maltraiter, incapable de leur faire le moindre mal, même quand elles lui manquaient de respect ou se jouaient de lui. Il haussait les épaules et se disait qu’il en trouverait bien une autre. « Elle sortait avec un type de sa promo à l’université, faudra que tu en discutes un peu avec elle. En fait, je te conseille de faire comme Gaby et de passer un peu de temps avec elle, d’apprendre à la connaître et qu’elle te connaisse aussi, qu’elle voie que tu n’es pas ce que tu renvoies. » « Tu me conseilles quoi, pour le type en question ? » « Pour le moment, c’est pas un danger, de toute façon, je le garde à l’œil mais à mon avis, il va bientôt recevoir une exceptionnelle bourse d’étude pour aller en Europe, il ne sera plus qu’un vague souvenir ! » « Et elle, ses études ? » « A toi de voir ! » « Je ne peux pas la priver de tout, j’ai pas envie d’une femme au foyer, je vais me faire chier. Je vais négocier ça avec elle, vu son âge, je vais devoir faire ça finement pour pas qu’elle s’imagine que c’est de la faiblesse mais je me dis que ça aurait pu être pire, que j’aurais pu avoir la place de Gaby ! » plaisanta-t-il, parvenant à faire sourire le jefe. Ils passèrent une bonne partie de la journée à brasser toutes les questions importantes et à savoir ce qui serait le mieux pour elle comme pour lui, il lui promit de lui rapporter toutes les informations qu’il pourrait sur les goûts de la gamine grâce aux filles et ce fut concluant. Jandro gagnait des points en se montrant avenant et sympathique et en prouvant qu’il ne comptait pas faire d’elle sa prisonnière, du moins pas si elle ne l’y obligeait pas.



***



« Merci ! » lui dit-t-il en se saisissant de la tasse pour en boire une gorgée tandis qu’elle venait se blottir contre lui et qu’il ne savait pas vraiment comment gérer la situation. Ca commençait à durer et il ne semblait y avoir aucune solution, aucune issue. Il se mettait des barrières, par crainte d’aggraver les choses et de lui faire encore plus de mal et c’était la dernière chose au monde qu’il souhaitait. « Non, mes mains, ça va ! » répondit-il simplement en bloquant son joint au coin de ses lèvres, tendant la tasse à sa femme pour se lever et retirer son manteau qu’il déposa sur ses épaules. Son gros pull et lui allaient pouvoir survivre. Il récupéra son café et se réinstalla, l’air de rien. « Non, merci, ça va. C’est mon cousin, je dois être là ! » Ces derniers temps, leurs conversations étaient relativement limitées et ils échangeaient sur des choses anodines mais il finissait par ne plus répondre que par oui et non, se sentant incapable de faire une chose aussi simple que celle-là. Il l’écouta sans en perdre une miette et finit même par poser ses prunelles sur elle mais rien ne vint, rien. Il la laissa terminer et finit par déposer ses lèvres sur son front. « Je ne t’en veux pas, d’accord ? On parlera, promis ! Mais c’est pas le moment, ni le lieu ! Allez, viens, tu vas finir par tomber malade ! » Il prit sur lui les deux heures suivantes, touchant à peine à son assiette et puis, quand les premiers convives mirent les voiles, il fit signe à Cinzia qu’il était temps de rentrer. Il serra son cousin dans ses bras et le félicita, déposa un baiser sur la main de Bianca et rejoignit la sicilienne dans le couloir pour l’aider à enfiler son manteau. Il lui ouvrit la portière de la voiture et finit par grimper à son tour. Il y avait de la route pour regagner le Bronx et il commençait à neige, ce qui doublerait probablement le temps pour rentrer. Il se pencha vers la banquette arrière pour lui donner un plaid qui traînait là, histoire qu’elle n’ait pas froid. Il lui opposa un sourire furtif avant de démarrer. Il laissa s’écouler dix bonnes minutes avant de se lancer dans la bataille.


« Je ne t’en veux pas, c’est à moi que j’en veux et je n’arrive pas à aller au-delà. D’habitude j’arrive à m’arrêter mais pas cette fois. Ca donnera quoi la prochaine ? Je vais te frapper jusqu’à t’envoyer à l’hôpital ? Si je fais ça, Cinzia, je vais pas le supporter ! J’ai pensé à te proposer le divorce pour que tu puisses t’éloigner le plus possible de moi. Je ne suis pas qu’un monstre, je suis un danger pour toi. Tu comprends ce que j’essaie de te dire ? Tu dois en tenir compte et réfléchir à la possibilité de partir loin de moi… » Il serrait le volant à intervalles réguliers, sentant son cœur se briser alors qu’il l’imaginait loin de lui mais avait-il encore le choix ? Son bonheur était primordial, bien plus que le sien, bien plus que sa santé mentale et le reste. Elle devait rentrer chez ses parents, elle devait trouver une solution pour le sortir de sa vie parce qu’attendre de lui qu’il fasse une chose pareille, c’était trop lui demander. « Je ne mérite rien de ce que tu me donnes et de ce que tu fais pour moi. Je ne peux pas te faire ça et gâcher toute ta vie parce que je ne suis qu’un connard. J’ai essayé d’être meilleur, parce que tu m’y aidais et parce que j’avais envie de le faire pour toi mais je me rends compte que c’est trop tard, qu’il n’y a plus rien à sauver. Si on fait le bilan, j’ai été à chier ! A cause de moi, tu t’es fait kidnapper, tu as failli mourir et tu as perdu notre enfant. Je te rends plus malheureuse que je n’arrive à t’apporter de belles choses et c’était pas comme ça que je voyais les choses mais y a… y a comme un truc qui va pas chez moi ! Un truc qui ne peut pas être réparé. » La neige tombait de plus en plus et il avait de plus en plus de mal à distinguer la route mais faisait de son mieux, ils devaient rentrer, vraiment ? « J’étais  tellement en colère contre toi, je t’en voulais de m’abandonner alors que tu as tellement de raisons de le faire ! Mais quand tu me laisses, c’est moi qui deviens fou ! Et si je suis un type dégueulasse, me tenir pour responsable du mariage de Bianca que j’ai tout fait pour faire annuler, ça m’a fait un mal de chien ! Presque autant que le fait que tu puisses penser que je ressens le moindre intérêt pour d’autres femmes ! Tout ça me fait penser que même toi, tu n’arrives plus à oublier que je suis un sale type et que c’est peut-être le moment d’arrêter les frais… »



***



Cette escapade dans le froid ne lui réussit pas, il attrapa un truc qui le cloua au lit le lendemain. Il tenta bien de se lever pour reprendre le cours de sa journée mais la fièvre et la douleur dans son corps l’en empêchèrent. Il échoua sur le canapé, attrapa un vase pour vomir dedans et finit par remonter directement dans la chambre, un seau sous le bras pour éviter les accidents. Il ne se souvenait pas avoir déjà été malade au Salvador, ce pays le rendait fou, ses températures aussi. Il comptait rester là, dans sa grotte, à attendre que ça passe en espérant que ça ne le ferait pas crever puisque tout ce qu’il avalait était revomi mais c’était sans compter la bienveillance de la femme qui partageait sa vie. Après avoir fait venir le médecin, elle mit un point d’honneur à faire en sorte qu’il ne manque de rien. « T’es pas obligée de faire ça, je vais bien ! » lui glissa-t-il alors qu’il se tenait contre le mur, essayant de trouver la force d’atteindre les toilettes. Il se retenait depuis des heures, la vessie pleine.

 




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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyDim 19 Fév - 16:17

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei


En poussant la porte de la chambre d’ami, je ne lui présentais pas des excuses pour le manipuler ou pour le duper d’une quelconque manière. J’étais d’une sincérité à toute épreuve, car j’avais assez confiance en lui pour saisir que son accès de violence était la conséquence directe de mon insolence. Dans la cuisine, je dépassai les bornes à titiller sa jalousie, à douter de sa fidélité et à jouer les petites femmes d’intérieur, méprisant au passage tous ses efforts pour chasser l’homme des cavernes en lui. J’étais privilégiée depuis mon mariage. J’étais injuste avec mon époux et donc bien mal placée pour lui en vouloir de ne pas avoir tout simplement haussé le ton cette fois. Bien sûr, je m’étais sentie toute petite, réduite à rien, coincée entre l’envie de me venger et celle de creuser un trou pour m’y cacher, à la merci de la clémence de mon mari, de son amour. N’aurait-il nourri à mon égard que du mépris qu’il m’aurait écrasée comme un vulgaire insecte en y prenant plaisir. Il brillait étrangement dans ses yeux, assez que pour m’effrayer, mais pas longtemps finalement. J’étais plus inquiéte par l’état de ses paumes et par l’impact de notre dispute sur son moral et notre couple. Combien de fois ne m’avait-il pas averti qu’il était susceptible de lever la main sur moi si, d’aventures, je le poussais à bout ? Autant que je lui répétai que je souffrirais moins à ramasser une bonne gifle - ou bien pire – que d’être jetée ou abandonnée. Ce fut exactement l’impression qu’il me laissa tandis qu’il ôtait mes bras de sa nuque, qu’il refusait mon baiser, qu’il s’enfuyait tout simplement. Je l’avertis bien que je l’accompagnerais après avoir enfilé un vêtement décent. Il partit avant moi et sans m’attendre. Je n’étais plus la bienvenue à ses côtés. Je n’avais plus le droit de le soutenir, d’être pardonnée ou de rattraper mes conneries. J’en sursautai en entendant la porte ‘entrée claquer alors que j’enfilais un jeans. Mes épaules s’alourdirent et mon cœur s’emballa. Ce baiser sur mon front m’avait fait un drôle d’effet, tout comme son laconisme. Sur l’heure, il m’assommait. Quelle erreur avais-je bien pu commettre ? M’inquiéter pour lui ? Chercher à nous réconcilier ? Réclamer son pardon ? M’offusquer que sa seule attention tendre soit du même acabit que l’on réserve à une amie ? Me tourmenter parce que ma tentative de discussion tourna court ? Souffrir de me sentir rejetée et peu à ma place ? Pleurer d’être ainsi reléguée au rang de problème et non plus de l’épouse dévouée qui l’aurait accompagné voir un médecin ? Était-ce une nouvelle punition ? Quel enseignement étais-je censé tirer de son comportement ? Que j’avais tout gâcher entre nous et que ramper à ses pieds ne suffirait pas à nous rabibocher puisqu’il n’avait décemment plus besoin de moi ?  Et s'il ne m’aimait plus, tout simplement ?

Plus le tableau peint par mon imagination s’habillait de noir, plus je peinais à contenir mes larmes. La source n’était pas tarie visiblement et, si j’étais bien consciente que ça ne m’apporterait rien de penser en lieu et place de l’intéressé, je ne réussissais ni à me calmer ni à chasser ce pessimisme qui me dévorait toute crue. En suspens entre la salle de bain et mon lit, je maintenais fermement mon pantalon dans une main et mon cœur dans l’autre afin qu’il ne e se brise pas sous la violence de ce coup de massue, de ce retour de manivelle. J’essayais de comprendre, de me raisonner surtout. J’ignore combien de temps je demeurais en petites culottes au milieu de la pièce à chercher en moi l’énergie pour agir et pour m’empêcher de dramatiser. En revanche, je sais qu’après avoir tenté de le joindre à maintes reprises, je déposai les armes jusqu’au lendemain matin. Ne vaut-il pas mieux se laisser emporter par un le tsunami de chagrin et d’incompréhension sans trop se battre, histoire d’engranger assez de force pour affronter le jour suivant ? Il est loin, encore… et quelquefois porteur de lumière, de bonnes nouvelles, d’espoir et de renouveau. L’hypothèse m’aida à trouver le sommeil, mais au petit matin, rien ne changea. Les réponses de mon mari se résumaient à deux adverbes – plus ou moins – et l’ambiance avoisinait le zéro.

Toutes mes appréhensions s’en ravivèrent et j’en vins à redouter son retour et à hésiter entre cueillir un baiser ou me contenter de ce qu’il m’offrait, soit pas grand-chose. J’étais à deux doigts de céder à toute ma paranoïa. Je tenais droit à m’agripper à ce qu'il n’avait pas déserté le foyer familial et qu’il n’était toujours pas de question de divorce. C’était une bonne chose bien que je perde courage à chaque fois qu’il s’allongeait près de moi, dans le lit conjugal, sans me prendre dans ses bras et sans m’embrasser vraiment. Ma confiance en moi s’étiolait à grands pas et ma foi en mon couple empruntait le même chemin. J’étais lasse d’attendre un geste de sa part et dépitée que les miens n’aboutissent à rien. Je ne le brusquais pas, forte d’un vieux conseil qui présumait que le temps l’apaisait, toujours, mais c’était long. Trop long. Trop pour ma patience et mon bon sens. Je n’étais même plus certaine que la colère soit la réelle cause du fossé qu’il creusait entre nous. Alors, tous les jours, sans exception, j’amorçais d’une banalité ce que j’espérais transformer en discussion utile et salutaire. C’était vain et mon imagination allait bon train. Elle roulait à vive allure et la panique me submergea le soir des fiançailles de Bianca. Je l’implorai de mettre un terme au supplice de son silence. Je lui jurai ma sincérité, réitéré mes excuses, et qu’est-ce que je ramassai ? Les restes fumants de mon égo qu’il incendia en me chassant sous couvert de galanterie. Sa prévenance ne suffisait pas à panser mes blessures. Les plaies s’infectaient. Je hochai donc de la tête, le suivit à l’intérieur et j’obéis aux moindres de ses ordres sans rechigner, protester ou même lui sourire. Je grimpai dans la voiture telle un robot, le regard éteint et regrettant de n’avoir confié toute la vérité à ma meilleure amie. Elle avait toujours un bon conseil à dispenser. Ça m’aurait peut-être évité de pédaler dans la semoule tandis qu’il se rappelait, dans la voiture, que je n’étais pas un meuble ou un objet de décoration dans sa vie, mais bien un être doté d’émotions, émotions qu’il malmena de ses explications.

Avait-il seulement conscience que sa proposition m’était plus pénible et plus douloureuse que ses doigts enroulés autour de mon cou ? Que cette folie qui luisait alors dans son regard ? Que la peur soudaine de mourir qui pesa sur mon estomac ? Il me tuait à petit feu depuis des semaines et il venait tout bonnement de m’achever à envisager l’impensable. Partir, nous séparer, c’était impossible. Qu’il y songe était plus insultant qu’une injure, plus humiliant que toutes ces fois où il décida, non pas pour nous deux, mais pour moi, comme si j’étais une gosse ayant à peine atteint l’âge de raison. Rares étaient les fois où il m’offensait d’ailleurs en agissant de la sorte, sans doute parce que ça n’avait jamais été si insolente. Il n’avait jamais eu l’audace de me souffler à l'oreille une idée aussi saugrenue. M’éloigner de lui, pour mon bien, c’était la phrase plus idiote que je l’avais jamais entendu prononcer. J’étais furieuse et je cédai à une pulsion hystérique qui, compte tenu de la météo, aurait pu nous tuer tous les deux : je tirai vivement le frein à main. La voiture fit une embardée. Manuel rattrapa le véhicule, mais préféra s’arrêter sur le bas-côté de la route. C’était le mieux à faire. Je n’en avais pas terminé. Je lui décochai un coup de poing d’une violence inouïe. Comme je me fis mal – mes phalanges craquèrent – je troquai mes mains pour mon sac. Je martelai son torse à plusieurs reprises, hurlant ma rage comme ces femmes que je me méprise parfois et auquel je ressemble de temps à autre. « Si tu veux te débarrasser de moi, tu ferais tout aussi bien de le dire clairement. Pourquoi tu ne pars pas toi ? » crachais-je en sachant pertinemment que mon discours serait décousu. Tout ça ne nous mènerait pas vers la réconciliation, mais je ne pouvais pas garder en moi toute cette souffrance. Ça nous détruirait à long terme, si tant est qu’il ne me quitte pas, bien entendu. « Après tout, on a manqué d'avoir un accident par ma faute, là. Je t’ai balancé une brosse à cheveux, j’ai failli te crever un œil. Je suis un danger pour toi, alors pourquoi tu ne te casses pas au lieu de me demander de le faire ? Hein ? » Déçue de ne pas être en mesure de lui faire mal à hauteur de ma propre douleur, je finis par cesser de le battre comme un fer.

« Jamais je ne me barrerai, Manuel, et une des raisons, c’est que je n’ai pas peur de toi. Ça te surprend hein ? Tu m’étonnes. Le monde entier tremble à tes pieds, mais pas moi. Je continuerai à te dire ce que je pense quand je le pense et comme je le pense. Donc, si tout ça est une manœuvre pour que je te promette de fermer ma gueule, c’est raté. Sérieusement, si c’est ça que tu voulais, on ne serait pas mariés toi et moi et je refuse qu’on s’embrigade dans une routine qui va nous foutre en l’air. Je refuse d’être malheureuse parce que j’aurai des choses à dire que je tairai pour pas que tu me cognes. Tu veux le faire ? Et bien, fais-le, qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Tu m’envoies à l’hôpital ? Ce sera triste, je t’en voudrai beaucoup, mais ça s’arrangera si TU le veux. Et là, je n’ai pas l’impression que c’est ce que tu veuilles et ça me tue. C’est ça qui me tue, Manuel. Je te l’ai déjà dit cent fois au moins, mais tu ne veux pas l’entendre. Et c’est moi qui n’ai pas confiance en toi ? C’est facile de m’en accuser tout le temps, mais je constate que tu doutes de moi toi aussi. Si tu ne doutais pas, tu ne me parlerais pas comme ça, parce que tu saurais. Tu saurais que c’est quand tu mets de la distance entre nous que tu me fais le plus de mal. Bien plus que ce qui s’est passé dans la cuisine. Ça, je peux gérer. Je sais comment le faire, mais tu ne veux pas l’entendre. Pourquoi ? Parce que j’ai l’air d’une idiote ? Que tu me prends pour une idiote ? Tu crois que personne n’a jamais levé les mains sur moi ? Tu crois que mon père ne m’a jamais mis une danse avec une telle hargne que j’ai cru que j’allais crever ? Tu crois que Chill ne m’a jamais cognée comme si j’étais un homme parce que je lui avais manqué de respect ? Pourtant, je les aime, encore, même Chill. Mais je ne les aimerai jamais autant que toi, Mani. Alors, si tu veux vraiment qu’on se sépare, très bien, tu n’as qu’un mot à dire, mais tu ferais tout aussi bien de me tuer le premier, Mani. Qu’est-ce que tu veux que je fasse sans toi ? Qu’est-ce que tu crois que je vais devenir ? Je serais toujours plus malheureuse sans toi qu’avec toi. C’est comme ça. Ce n’est pas moi qui décide. Je ne peux pas envisager qu’un autre que toi me regarde, me désire, me touche même. Ce serait au-dessus de mes forces. C’est en m’éloignant de toi que tu vas me gâcher la vie. C’est en continuant à croire que tu es responsable de tout ce qui m’est arrivé que tu vas nous foutre en l'air. Tout ça, ce n’est rien comparé à ce que je serais prête à faire pour toi. Rien du tout. Ça fait partie de notre histoire, c’est malheureux, mais ça nous a rendus plus forts. Enfin, je pensais que ça nous avait rendus plus forts. »  

Alors que je réalisais soudainement que je tremblais de tout mon être et de toute mon âme, je nourris pour mon mari une profonde rancœur mêlée à une infinie tendresse amoureuse. Je lui en voulais de m’humilier encore, comme cette fois où je rampai pour qu’il se serve puisque je consentais à lui offrir un cadeau unique et à mes yeux, d’une valeur inestimable. Je l'adorais d’autant plus que ces intentions étaient louables. Il cherchait à me protéger, mais j’étais une grande fille, non ? « J’ai toujours su à quoi m’attendre avec toi. Je le savais avant même que tu me fasses ta demande en mariage et au moment où j’ai dit oui, j’ai assumé tes défauts et tes qualités. Surtout tes qualités. Ce n’est pas suffisant ? » m’enquis-je sans la moindre trace de colère cette fois. « Peut-être que je ne te dis pas assez tout le bien que je pense de toi et peut-être que c’est un tort, mais je pensais pas que j’aurais à te supplier pour pas que tu me jettes ou que tu me pousses à te quitter après tout le monde que tu t’es donné pour que j’arrête de m’inquiéter pour un oui ou pour un non, pour que je prenne confiance en moi. C’est comme si tu me disais que j’avais échoué, que je n’étais pas celle qu’il te fallait, que je n'ai pas ce qu’il faut pour que tu reconnaisses que tu es quelqu’un de bien et d’humain. C’est comme si tu me disais que j’étais nulle et que j’avais raison de le croire parce que tout peut s’arrêter demain. Et tu peux me voir comme une égoïste si ça te chante. Tu peux même penser que je ne suis pas à la hauteur, mais c'est pas une raison valable pour me demander de partir. C’est trop tard maintenant. Tu ne peux pas claquer des doigts pour que j’arrête de t’aimer. C’était bien essayé, mais c’est raté. Il faut essayer autre chose. J’y suis, j’y reste Manuel. Tu pourras bien me ramener chez mes parents si ça te chante, tu n’aurais pas le temps de dire ouf que je serai devant la porte de MA maison, près de toi, sauf si tu peux me regarder droit dans les yeux pour me dire que toi, tu ne m’aimes plus, par exemple. Tu peux faire ça ? » Ma voix n’était plus qu’un trémolo désormais. Mon menton balançait et je me mordis la joue pour contenir mes larmes, rassemblant toutes mes forces pour ne pas baisser les yeux. « Regarde-moi, bébé, dis-moi que c’est ce que tu veux toi, pas ce que tu crois bon pour moi, mais ce que tu veux vraiment. Je n’abandonnerai pas pour autant, mais je saurai ce que je dois faire au moins. C’est toujours mieux que d’être dans le flou total à ne pas savoir quoi penser. »


***


D’aussi loin que je me souvienne, il n’était jamais tombé malade. Manuel paraissait immunisé contre les pathologies humaines ce qui m’amusait toujours. Je le voyais un peu comme un demi-dieu à cause de cette aura rassurante à mes yeux et inquiétante pour les autres qui se dégageaient de lui. Aujourd’hui, j’étais surtout tracassée par sa mine défaite et par cette fièvre qui le clouait au lit. Après la visite du médecin, je lui préparai un bouillon pour l’aider à reprendre des forces quand je l'entendis se lever à l'étage. Je jugeai bon de grimper l’escalier quatre à quatre pour le soutenir et ainsi éviter qu’il se brise un os à cause d’une mauvaise chute. L’accueil fut identique à tous les précédents dès que je veillais à tenir mon rôle, histoire de lui rappeler qu’il avait besoin moi, que j’étais à ma place dans mon mariage et que je n’en espérais aucune autre : il me renvoya dans mes buts en prétextant la pleine forme. « Tu m’as tout l’air d’aller bien. Il y a un temps pour dire des conneries et temps pour retrouver son bon sens et il est tant que tu passes à la vitesse supérieure, Pulcino mio, parce que je vais être obligée de me fâcher et tu n’as pas envie que je me fâche. » lui assurais-je avec un sourire quoiqu’un soupçon d’agacement résonnait dans mon timbre. « Je suis en train de te concocter quelque chose de super léger que tu ne devrais pas rendre normalement. Bon, ce ne sera pas super palpitant gustativement parlant, mais ça devrait éviter que tu dépérisses et que tu sèches. »  avançais-je en lui servant de béquilles jusqu’à la salle de bain. Il bougonnait, loin d’être ravi que les rôles soient inversés – tout du moins je l'imaginais – et je m’en vexai.

« Tu vas arrêter ton cinéma de babtou fragile, oui ? C’est si difficile que ça pour toi de me voir comme ta femme et non pas comme ta victime ? Parce que de mon point de vue, ça a assez duré. Quand j’étais au plus mal, tu m’as lavée, tu as soigné mes blessures, tu m’as porté jusqu’à mon lit quand je ne savais pas marcher et quand j’ai voulu te remercier, tu m’as dit que c’était normal. Rien chez moi ne t’a jamais dégouté, même pas mes cicatrices » Que je trouvais toujours aussi ignobles visuellement, mais que j’apprivoisais surtout grâce à lui. « Pourquoi l’inverse ne serait-il pas vrai ? Hein ? Je commence doucement à perdre patience et à me demander si tu ne te cherches pas des excuses pour continuer à me garder le plus loin de toi possible. J’en ai marre que tu me donnes l’impression d’être bête, imparfaite ou pas à la hauteur. Alors, tu vas poser ta main sur mon épaule, comme ça. » J’initiai le mouvement moi-même, car à ce rythme, il finirait par se pisser dessus, dans le meilleur des cas. « Et tu vas me laisser te conduire jusqu’à cette putain de toilettes et accepter que je m’occupe de toi, parce que je te garantis que je serai encore là quand tu ne seras plus qu’un vieux grabataire et que moi je serai toujours aussi belle. » Je ponctuai par un clin d’œil, parce que j’étais froissée, oui, mais pas en colère. Il n’avait pas besoin que je m’acharne avec humeur sur lui.

« Il va falloir que tu t’y fasses. Je sais, je peux et je veux prendre soin de toi. C’est entendu ? » Plus ou moins, mais nous avancions, c’était déjà ça. « Tu sais. » commençais-je alors que j’avais eu le temps de descendre, de lui ramener une assiette de riz et de remonter durant son escapade aux toilettes. « Je n’ai jamais considéré que tu étais coupable de quoi que ce soit, pas parce que je t’aime, mais parce que c’est vrai. Alors, OK, j’ai toujours peur que tu me trompes, mais ce n’est pas parce que je te vois comme un sale type, c’est juste que j’ai peur de te perdre surtout. J’ai peur de ne pas pouvoir te pardonner. » C’était un mensonge. J’en serais capable, mais il n’était pas obligé d’en être informé. « Quant à Bianca, je sais que tu ne voulais pas de ce mariage.  Je le sais bien, mais c’était plus facile de t’en vouloir à toi, parce que je savais que je finirais par te pardonner ce dont tu ne pouvais pas être tenu pour responsable, ce qui n’aurait pas été le cas d’autres et ce qui aurait donc tout compliqué pour tout le monde. Tu sais, mon ange, toi et moi, c’est ce que j’ai de plus important. C’est ce qui compte le plus à mes yeux. Mon mariage, c’est ma plus belle réussite. Ne me l’enlève, Mani. » conclus-je en finissant de l’installer dans son lit, un plateau-repas frugal à sa disposition et un doux baiser sur le front avant de m’éclipser. Le téléphone sonnait, ce qui n’était pas rare, mais ce qui agissait toujours sur moi comme la clochette de Pavlov.


***


J’aimais avoir Ettore à la maison. Il était plein de vie et de joie. Ce petit être magique était un facilitateur de bonheur, mais pas cette fois. Je détestais les raisons de sa présence ici. Elle me laissait un goût amer. Il était là parce qu’une mauvaise nouvelle nous frappait de plein fouet et il m’était bien difficile de me réjouir d’être sa baby-sitter dans ce ces circonstances. Le départ de Lyla n’était pas comme les autres, il n’était pas de ces décollages pour des vacances en tête à tête dont le but serait de permettre aux heureux parents de se retrouver. Il supposait danger et, dans le pire des cas, il serait un aller simple. Je refusais d’y penser, mais c’était plus fort que moi. Ma lutte acharnée pour rester optimiste m’épuisa, si bien qu’une fois ce petit bonhomme endormi, je m’armai du babyphone et je courus du salon vers ma chambre pour chercher du réconfort auprès de mon mari toujours alité. Physiquement, il allait déjà mieux. Psychologiquement, ce n’était pas encore la grande forme. J’hésitai donc devant la porte, soucieuse et craintive, car s’il me refusait ses bras quand j’en avais besoin, je le vivrais si mal que je déposerais heaume et épée à ses pieds. À mon sens, ça signifierait que j’avais définitivement échoué, que mon influence n’aurait pas suffi pour lui permettre d’accepter la plus belle part de sa personnalité au profit de la plus animale, celle qu’il considérait malgré moi comme une finalité en soit. Je n’avais de cesse de lui répéter depuis des jours qu’il était bon, généreux, gentil, attentionné et tendre. Je lui rappelais à chaque occasion que je l’aimais éperdument, qu’il était mon unique besoin, qu’il détenait mon bonheur entre ses mains et que je n’étais jamais déçue, jamais, pas même après sa démonstration d’autorité violente dans la cuisine. Qu’aurais-je pu faire de plus ? J’étais en bout de course.

Je me relevai de toutes les récentes épreuves de ma petite existence grâce à lui. S’il me repoussait, où trouverais-je la force d’avancer ? Cette quête d’amour et de réconfort sonnait dès lors comme un dernier acte et je pénétrai dans la chambre en proie à une inquiétude démesurée pour Lyla et pour nous également. « Ettore est à la maison. » lui chuchotais-je en cheminant vers mon côté du lit. « Il fait sa sieste. Tu as besoin de quelque chose avant que je vienne m’allonger près de toi. Je me sens… pas en super forme. Je ne suis pas malade, hein, je suis juste… » Mes yeux s’emplirent de larmes et je n’attendis pas vraiment qu’il me réponde pour me glisser sous les draps et me presser contre lui. « Tu as pas envie d’ouvrir les bras et de me serrer contre toi si fort que j’aurais l’impression d’étouffer ? » le priais-je en me creusant une petite place au plus près de son corps chaud. « Lyla… elle vient de partir. Elle est rappelée pour une mission en Syrie. Elle part dans pas longtemps et on ne sait pas quand elle va rentrer. Je… je ne sais pas comment je vais affronter la peine de mon frère et la mienne toute seule… Je ne peux pas faire un truc comme ça sans toi. C’est grâce à toi que je tiens debout, Mani.» Il ferait ce qu’il voudrait de cet aveu de faiblesse : me voir comme une lâche, comme un être fragile ou comme une enfant si ça lui chantait. Je m’en moquais éperdument. J’estimais ne pas à avoir honte de la vérité nue. Au diable donc les conséquences…  








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Manuel Herrera
Manuel Herrera
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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyDim 26 Fév - 23:51

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei

Il ne doutait pas du fait qu’il lui faisait du mal en mettant de la distance entre eux autant qu’en l’assommant de silence mais à son sens, c’était beaucoup moins violent que ce qu’il avait déjà pu faire dans la cuisine et ce qu’il serait susceptible de reproduire si elle le lui permettait. Il était probablement trop égoïste pour l’entendre, focalisé sur ce qu’il ressentait et sur l’image que cet événement lui renvoyait de lui-même. Mais c’était plus fort que lui. Il se souvenait en être tombé amoureux parce qu’en se trouvant à ses côtés quand tout s’accélérait et qu’il se sentait perdre pied, elle arrivait à le ramener à la vie et à un soupçon d’humanité. Il ne se pardonnait pas de la faire souffrir alors qu’elle était son phare dans un océan de folie. Ca devait lui semblait injuste et elle lui en voulait probablement énormément mais il veillait simplement à la protéger de son mieux, c’était son rôle et il avait suffisamment failli à sa mission comme ça. Il lui collait tout un tas de types pour lui sauver la vie en cas de besoin alors qu’il était le plus gros danger qui planait au-dessus de sa tête, si ce n’était pas de l’ironie, il ne savait pas ce que c’était. Il lui fallut du temps pour mettre de l’ordre dans ses pensées et trouver le courage d’affronter leurs problèmes, lui qui reculait l’échéance systématiquement, contournant le problème par une jolie pirouette. Mais il se doutait que ça ne pourrait durer éternellement et qu’il faudrait tout mettre sur la table, au risque que ça mette un point final à leur histoire. Quoi qu’il se dise et quoi qu’il arrive, il ne se pardonnerait jamais son geste. Il y avait bien des choses qu’il estimait légitimes, cependant, pas celles de ce goût-là. Lever la main sur une femme était une chose avec laquelle il était à l’aise. S’il fallait recadrer quelqu’un et la lui faire fermer, ça pouvait être nécessaire mais lever la main sur son point de repère, c’était un aveu de faiblesse et il ne le supportait pas. Elle ne méritait pas ça, pas plus que son indifférence et le degré zéro d’intimité qu’il leur imposait. Dire que ça aurait pu être si simple et réglé depuis son retour de Chicago. Dire qu’il aurait pu tenter de la rassurer au lieu de jouer le coq de service. Il fallait toujours qu’il en fasse des tonnes et voilà ce que ça avait donné.


Elle lui offrit sur un plateau l’occasion parfaite de discuter de tout. Dans cette voiture, sur cette route verglacée tandis que la neige tombait à gros flocons, aucun d’eux ne pourrait mettre les voiles et se défiler, surtout pas lui. C’était le moment idéal pour aborder tout ce qui dysfonctionnait et lui offrir une grande porte de sortie. Il ne la maintiendrait pas prisonnière contre son gré. Avec lui, elle était plus souvent malheureuse que le contraire, pourquoi la torturer plus longtemps ? Parce qu’il l’aimait ? Parce qu’il n’était qu’un putain d’égoïste qui faisait passer son bien-être et son bonheur avant le sien ? Jamais de la vie ! Il était persuadé qu’elle sauterait sur l’occasion pour accepter et se défaire de ses liens et de ses obligations vis-à-vis de lui, qu’elle serait soulagée de mettre un terme à tout ça, parce qu’il ne savait ni la protéger, ni l’aimait correctement et qu’un monstre n’était fait que pour la solitude et certainement pas la vie de famille. Peut-être que Dieu leur avait pris leur enfant parce qu’il savait tout ça, il savait qu’un monstre ne saurait que faire souffrir sa famille et qu’il n’en méritait aucune. Pourtant, il ne vit pas venir la réponse d’une violence sans nom. Elle tira le frein à main et il crut qu’ils allaient mourir, il fit de son mieux pour rattraper le coup, le cœur battant à tout rompre alors que sa vie défilait devant ses yeux. Il arrêta la voiture et s’apprêtait à lui dire qu’elle était cinglée mais elle se mit à le frapper vivement et il fut contraint de lui saisir les poignets pour qu’elle arrête. « ARRETE ! » vociféra-t-il, sentant la bête gronder en lui alors que sa patience se faisait la malle tandis qu’elle avait l’air d’une démente. Il n’y avait peut-être pas que lui qui était habité par un animal enchaîné. « Je n’ai aucune raison de partir ! AUCUNE ! Hormis de protéger de moi ! C’est ça que tu veux ? Que je me barre parce que tu n’as pas le courage de le faire ?! Tu attends quoi ? Que je sois sur le point de te tuer ? Pour voir qu’il y a un truc qui ne tourne pas rond chez moi ? » Elle était complètement malade ! COMPLETEMENT ! N’importe quelle femme avec un peu de jugeote aurait pris ses jambes à son cou depuis bien longtemps mais pas elle. Non, elle se lança dans un putain de monologue qui lui colla le tournis. Elle parlait trop, beaucoup trop, il peinait à suivre et il finit par la relâcher, secouant la tête avec désespoir alors que le peu qu’il saisissait lui donnait des airs de folle furieuse. « Tu ne sais pas ce que tu dis ! T’es à côté de tes pompes et putain, je préférerais crever que d’être comme ton taré de frère ! Va te faire foutre de me comparer à lui ! » La conversation était terminée. TER MI NEE ! Mais elle en rajouta une couche, le perdant dans un nouveau flot de mots qu’il avait du mal à saisir, il n’était pas en état d’enregistrer et sa conclusion n’obtins qu’un : « Tu me fais chier ! Je rentre à pieds ! » Il ne voulait rien, il essayait de l’aider et voilà ce qu’il récupérait ! Plus de doutes et de questions ! Cette conclusion ne lui plut pas, elle descendit de voiture et lui balança sa chaussure avec laquelle elle le loupa avant de l’atteindre à la tête avec l’autre.


Il était un bâton de dynamite qui ne demandait qu’à être allumé, un filet d’essence qu’on dit effleurer d’une flammèche et elle venait de le faire. Il s’arrêta net, fit volte-face et revint sur ses pas avec de grandes enjambées et grâce à Dieu ou à un quelconque ange-gardien qui veillait sur les deux abrutis qu’ils étaient, il s’étala de tout son long sur le macadam verglacé, s’ouvrant la tête. Sur le dos, il eut le loisir de réfléchir au sens de la vie et de se calmer aussi sec. Elle accourut, paniquée et l’aida à se relever et l’informa qu’il saignait. Il voulut reprendre la route malgré tout mais ils finirent par se mettre d’accord pour que Jandro et Muñez viennent les chercher et les ramènent chez eux. Ils firent un détour par l’hôpital, encore, pour s’assurer qu’il n’avait rien et ils rentrèrent, visiblement plus calmes tous les deux. Compte tenu de la présence des deux énergumènes et amis de Mani, ils ne purent reprendre leur conversation là où ils l’avaient laissée et une fois chez eux, ils avaient l’air trop épuisés pour revenir dessus. Il prit le parti d’aller se coucher et elle finit par le rejoindre. Il ne dormait toujours pas, ayant l’impression d’être passé sous un bus. Il se saisit de sa main qu’il porta à ses lèvres et lui lança : « Je ne veux pas vraiment divorcer, je voulais juste te laisser la possibilité de le faire si tu en avais envie ! Bonne nuit ! » Et quelle nuit ! Elle fut animée par la douleur qu’il fit de son mieux pour encaisser mais ce genre de douleur insidieuse lui était insupportable. Il crut mourir un millier de fois et finit par courir jusqu’aux toilettes pour y vomir tout ce qu’il avait en stock. Il se dit que ça devait venir de sa chute. Il était mal tombé, il en payait le prix. Il tremblait de froid, se sentait faible et toute l’énergie qu’il mit à lutter contre ça n’aida en rien. Dès que le jour fut levé, il tenta de se secouer et de faire quelque chose de sa peau mais ce fut plus compliqué que prévu. Il ne put qu’enfiler des vêtements, lui qui dormait toujours nu et qui avait perpétuellement chaud. Que lui arrivait-il ? Était-il sur le point de mourir ? Avait-il contracté une maladie incurable ? Il avait lu tout un tas de conneries sur ce qu’on pouvait attraper en traînant dans un hôpital. Putain, pourquoi maintenant ? Et pourquoi lui ? Une balle dans la tête serait bien plus efficace. Et tellement moins douloureuse. Oui, il allait crever comme un putain de raté, dans son lit, maigre comme un clou et le teint cireux. C’était une mort indigne de lui.



Forcément, quand elle proposa d’appeler le médecin, il fit non de la tête, feignant d’aller parfaitement bien. « Non, pas besoin, ça va passer ! » Elle n’écouta rien et le fit venir malgré tout. Il n’était pas assez doué pour voir que c’était incurable, il pencha pour une grippe avec un petit sourire narquois alors qu’il souffrait le martyr et lui disait qu’il avait l’impression de mourir. Il connaissait son corps, ça devait être grave. Il se fit la promesse de ne plus jamais faire appel aux services de ce gros con. Il lui fallut une sacrée volonté pour s’extirper du lit dans le but d’aller pisser. Il se faisait l’effet d’un vieillard et il devait se tenir aux murs pour avancer sans craindre de tomber alors que la tête lui tournait à cause de la fièvre. Sa femme débaroula, inquiète et son ego en prit un sacré coup. Il bomba le torse et fit mine que tout aller bien, même si ce petit effort faillit le tuer sur place. « Je vais bien, je vais pisser, juste pisser, j’ai pas besoin d’aide. Tu ne vas pas me la tenir non plus ! » Non, parce qu’il avait l’intention de s’asseoir sur la cuvette pour cette fois. Il passa son bras autour de lui et il capitula, il se traîna aux toilettes en râlant avant qu’elle ne perde patience. « Arrête de crier comme ça, j’ai un putain de mal de crâne et tu me fatigues ! J’ai juste pas envie qu’on m’escorte pour aller pisser, j’ai pas le droit ?! C’est pas dans ce sens là que ça doit aller, c’est moi qui dois prendre soin de toi, pas le contraire ! Je ne suis jamais malade ! » conclut-il, sa voix laissant transparaître une pointe de désespoir alors qu’elle refusait d’entendre raison. Il capitula, incapable de trouver l’énergie suffisante pour lutter contre la volonté de fer de la sicilienne. Elle profitait de sa faiblesse, la peste ! Elle le ramena à son lit et il s’y étendit en se demandant si c’était pire allongé ou debout. Putain, combien de temps toute cette merde allait durer ? « Pourquoi tu veux parler de tout ça alors que je suis en train de mourir ? Tu devrais plutôt appeler le notaire et mon père, que tout le monde vienne me voir avant qu’il ne soit trop tard. Parce que je vais crever ! J’ai mal partout ! Je passe ma vie à vomir ! » Et il avait même vomi par terre sans pouvoir courir jusqu’aux toilettes. Il avait voulu nettoyer lui-même mais elle le recoucha et lui amena un seau pour que ça ne se reproduise plus. Il touchait à peine à ce qu’elle cuisinait parce que l’odeur lui soulevait le cœur. Ouais, il ne tarderait plus à rendre l’âme, il pouvait le sentir. Ouais, la fin était proche.


Son instinct l’avait abandonné, au fil des jours, il se remettait doucement, reprenant des forces et se sentant de mieux. Il arrivait même à manger sans tout vomir et c’était une vraie victoire. Il se reposait les trois quarts du temps, essayant de récupérer un peu. Il ne sortit de sa torpeur que lorsqu’il entendit le son de sa voix. « Ettore ? » l’interrogea-t-il en émergeant un peu. « Non, je n’ai besoin de rien. Pourquoi le petit est là ? Ils se sont disputés ? J’ai dû te refiler ma merde ! » Elle se coucha près de lui et il l’entendit renifler, finissant par ouvrir les bras pour la serrer contre lui maintenant que ce n’était plus une torture de l’avoir contre lui à cause des courbatures. « Elle quoi ? » Cette fois, il était bien réveillé et son cerveau fonctionnait à plein régime. Il hésita à tendre le bras pour appeler son meilleur ami et tenter de lui proposer des solutions mais il avait l’impression que ce serait inutile. Il se promit néanmoins de lui passer un coup de fil pour tenter de lui offrir un peu de réconfort. « Qui a dit que tu serais seule ? » reprit-il, passant une main dans ses cheveux. « Princesita, tu ne dois pas m’offrir la moindre possibilité de te faire du mal, pas autant pour toi que pour moi ! Parce que je ne peux pas me pardonner l’idée de te blesser. Tu comprends ? Après je me rends compte que je ne te mérite pas, que je ne mérite pas ton amour pour moi et je m’éloigne de toi et je deviens fou. » Il finit par la serrer un peu plus contre lui. « Tu m’as manqué… Je sais que je ne suis pas facile et que je te donne du fil à retordre, je suis désolé. » Il ne l’embrassait pas, ayant l’impression d’être toujours contagieux. « Même si je ne le dis pas, tu ne devrais pas oublier que je t’aime et quoi que je fasse ou décide, je le fais pour ça. Je ne veux pas devenir le plus gros risque de ta vie ! Si ton père ou tes frères peuvent vivre avec l’idée de te blesser, moi pas ! Ce n’est pas comme ça que ça doit se passer quand on se marie. Ca peut se passer avec le reste du monde, ça ne compte pas mais pas avec toi ! J’ai juré devant Dieu que je te protègerai quoi qu’il m’en coûte, je ne peux pas manquer à une promesse pareille ! » Ces quelques jours de maladie et leur dernière dispute lui permirent de revoir sa copie. Fort heureusement, aussi bien pour elle que pour lui. Qu’aurait-il pu bien faire sans elle ? « On va devoir être là pour ton frère et pour le petit, je ne sens pas cette histoire, pas du tout ! Je ne me sens pas encore hyper vaillant pas dans quelques jours, ça ira mieux, je m’occuperai de ça ! »



***



Dès qu’il fut en état, il profita que Lyla avait récupéré son fils pour bloquer sa marraine dans un coin et efface des semaines d’abstinence. Il aurait pu s’en vouloir de passer une journée entière à se prélasser dans la luxure s’il n’avait pas eu la certitude qu’ils le méritaient autant que Lucky et Lyla méritaient d’être en famille avant qu’elle ne s’envole vers d’autres horizons. S’ils allaient mieux, il serait davantage en état de gérer son meilleur ami et sa peine. Il n’était pas vraiment prêt à se la recevoir en pleine gueule et s’il essayait de veiller sur lui, Lucky passait beaucoup de temps seul. Parfois, Manuel arrivait à s’incruster pour être certain qu’il ne ferait rien de stupide mais d’autres fois, le sicilien partait si vite qu’il n’avait pas le temps de le suivre. Les semaines passaient et sa femme ne donnait pas de nouvelles et il dépérissait. Il avait un mal fou à s’occuper de son fils et à s’intéresser à ce qu’il faisait, préoccupé par l’idée qu’il puisse être arrivé quelque chose à la femme de sa vie. Il mangeait peu et parlait peu, de manière générale. Ce soir-là, quand il monta se coucher avec le petit, Mani l’observa un long moment, le suivant jusqu’au bas des escaliers, se demandant s’il devait le forcer à se livrer un peu. « Si elle n’appelle pas bientôt, il va péter une durite ! » lança-t-il à Cinzia en l’aidant à essuyer la vaisselle. « Je ne sais pas si on trouvera une solution avant un moment pour la faire rentrer sans qu’elle ne risque la peine de mort. Elle pourrait être réformée pour syndrome post-traumatique… Ton frère essaie de trouver des solutions mais il n’est plus que l’ombre de lui-même et je ne sais pas si je me sentirais mieux si tu étais loin de moi et que je ne pouvais rien faire ! Il me fait mal au cœur, je ne sais pas quoi faire pour l’aider ! On devrait l’emmener ailleurs pour le weekend ! On a qu’à aller à Miami, tu en penses quoi ? Ca lui changerait les idées, on aura internet, si jamais elle appelle ! »



***



Quand Lyla donna des nouvelles, toute la maisonnée sembla s’animer d’espoir et de bonne humeur, ce qui fit chaud au cœur du salvadorien malgré un sale pressentiment qui lui collait aux tripes mais dont il ne parla pas pour ne gâcher la joie de personne. Mais ce ne fut pas une surprise d’apprendre qu’elle était portée disparue. Il avait ramassé Luciano à la petite cuillère et sa sœur n’était pas dans un meilleur état. « Bébé ? » Elle pleurait à chaudes larmes en serrant contre elle un pull que Lyla lui avait offert alors que le petit dormait à l’étage. Il avait été agité toute la journée, comme s’il savait ce qui se tramait et qu’il tentait d’exprimer sa détresse. Il l’entendit pleurer à nouveau et monta à la hâte pour le récupérer et le serrer dans ses bras. « Ca va aller, niño ! Tout va bien aller, maman est une survivante, elle va revenir, tu verras ! » Il s’installa près de Cinzia, la prit dans ses bras pour un câlin collectif. « Elle est encore en vie ! Tu connais ta casse couilles de meilleure amie ! T’as cru qu’un voyage en Syrie pourrait la tuer ? T’es quand même pas sérieuse ? C’est une sorte de guerrière cette gonzesse ! Et putain, elle a survécu à la vie en ménage avec ton frère, elle peut survivre à tout ! » Il essayait de faire de l’humour pour qu’elle ne panique pas et parce qu’il n’arrivait pas à se faire à l’idée qu’elle puisse ne plus être de ce monde. « Ton frère va vouloir aller sur place, c’est ce que je ferais à sa place ! J’aimerais aller avec lui mais je ne peux pas te laisser seule ici avec Ettore, je dois vous protéger, vous avez besoin de moi. Le père du petit n’est pas en état de gérer et moi je dois m’en charger pour lui ! Mais regarde au fond de ton cœur et demande-toi si tu ne l’aurais pas senti si elle était vraiment morte ! Cinzia, s’il y a de l’espoir au fond de toi, c’est qu’elle est encore là, quelque part, à lutter ! Elle a un bébé et un mari à la maison, elle va pas laisser ça, pas après avoir rêvé de ça pendant des années ! » Il devait garder la tête froide et mettre le plus de distance entre lui et la situation pour être le plus utile possible à tout le monde. Le petit Ettore essuya les larmes de sa tante avant de lui faire un câlin en posant sa tête contre celle de Cinzia ce qui fit rire Mani. « Regarde le, lui, le charmeur de ces dames. Bien le fils de son père ! »




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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
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MessageA te che hai preso la mia vita  EmptyDim 12 Mar - 22:56

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei


Que je babille au point de noyer Manuel dans un océan de mots était habituel. Il m’avait rencontrée et aimée comme ça, bavarde comme une pie et enthousiaste telle une enfant. À moins de devenir muette, il y avait peu de chance pour que je sois moins fatigante avec le temps. Je ne me formalisais même plus quand il cessait de l’écouter, mais pas dans cette voiture où il se livrait en explications tant attendues. Je ne bavardais pour ne rien dire cette fois. Je me défendais de son idée ignoblissime de me pousser au divorce. Je le suppliais, maladroitement sans doute, de ne pas me quitter, de recouvrer la raison finalement. Que récoltais-je ? Du mépris et des reproches tandis qu’il sortait de l’auto sans prêter le moindre crédit à mon réquisitoire. Comment ne pas réagir avec violence ? Comment ne pas l’agresser en lui balançant mes chaussures, ne visant pas spécialement sa tête, mais tapant dans le mile au deuxième essai ? Son départ était pour moi l’aveu d’une rupture. Je me sentais désoeuvrée et, comme si ce n’était pas suffisant, j’ajoutai à mon désarroi la culpabilité d’une chute et d’une blessure à la tête. J’avais honte de moi, si bien que j’hésitai à le rejoindre après qu’il soit monté se coucher. La conversation avortée par ses soins, j’ignorais toujours s’il voulait encore de moi à ses côtés et pour l’éternité. Je redoutais qu’il me rejette, mais je pris mon courage à deux mains, soucieuse d’être fixée sur mon sort et de peser le pour et le contre à ourdir un plan machiavélique pour lui rappeler ô combien nous nous aimions, pour qu’ils se souviennent de toutes mes qualités, celles qui lui intimèrent le désir impérieux de m’épouser, quoi qu’il arrive. Mon cœur battait drôlement vite quand je me faxai sous les draps le plus discrètement possible. Il craignait une réaction qui l’anéantirait, mais il retrouva son allure de croisière aux premiers mots de son geôlier. Mani ne souhaitait pas vraiment divorcer. Il n’était pas question de m’abandonner. Il l’admit malgré l’épuisement et je respirai plus librement. Je me tournai aussitôt vers lui et nouai mes jambes aux siennes. « Je n’ai pas besoin d’une porte de sortie. Je suis là où je dois et où j’ai envie d’être. Faut pas que tu l’oublies. Jamais. Repose-toi mon cœur. On rediscutera de tout ça demain. » conclus-je en lui dérobant un baiser. J’étais gorgée d’espoir en m’endormant. J’étais pressée d’être que la nuit s'achève qu’on règle ce conflit une bonne fois pour toutes. Il me faudrait attendre. Sa santé en décida autrement.

Je m’employai autant que faire se peut à prendre soin de lui, mais ce ne fut pas une mince affaire. Je n’avais pas souvenir d’avoir été une convalescente aussi pénible et têtue que mon mari. Il jouait les superhéros, les hommes invincibles face à la maladie alors qu’il était épinglé sur son front qu’il n’était pas la robustesse même. Pourquoi Diable s’obstinait-il donc à refuser mon aide ? Elle était gratuite et, par-dessus tout, normale. Agacée par ses simagrées, je perdis patience à une vitesse fulgurante et je l’écrasai d’un sermon qu’il feignit d’ignorer. « Ne m’empêchez pas d’être votre femme, monsieur Herrera. C’est mon rôle d’être là. Et, je ne crie pas, je remets les choses à leur place. Moi aussi, j’ai signé pour prendre soin de toi pour le meilleur et pour le pire. Tu as l’air d’avoir oublié alors je fais en sorte de te le rappeler. » lui opposais-je en le forçant à s’appuyer sur moi. J’avais tant à lui dire encore que, si le moment était mal choisi, j’en assumerais pleinement les conséquences sans sourciller. Je le connaissais assez que participer à une conversation, pour Manuel, ne signifiait pas qu’il était plus attentif. Il entendait tout, précisément lorsqu’il s’agissait de moi. « Je ne veux pas parler de ça, j'aimerais juste que tu m’écoutes, c’est tout, encore plus si tu vas mourir. Il y a quelqu’un d’autre que tu souhaiterait que j’appelle avant que tu passes l’arme à gauche ? Tu veux que je fasse venir un croque-mort avec des catalogues, que tu puisses choisir ton cercueil peut-être ? » ironisais-je en levant les yeux au ciel. Ce n’était pas du mépris, mais de l’absurde, autant qu’il ne l’était lui-même à cause de la fièvre. « Personne ne va mourir, tu as juste une grippe, un truc d’humain quoi. Je sais que c’est difficile pour toi, mais je te jure, on s’en sort habituellement, à moins d’être très vieux ou très jeunes. » Je le taquinais plus que je ne me moquais. Mon ton et mon sourire me trahissaient. « Et tu en guériras encore plus vite si tu me laisses m’occuper de toi. Ta survie, j’en fais mon affaire, tu vas voir. »  J’embrassai son front et je le bordai avec affection. J’aimais trop Manuel pour mon bien, je l’adorais tellement qu’il arriverait presque à me tracasser sur ses chances de rétablissement. J’aurais donné tout ce que je possédais pour qu’il soit moins souffrant et qu’il me rassure en me permettant de me reposer auprès de lui sans qu’un mètre de distance ne nous sépare. Il s’y opposait de peur d’être contagieux et j’abdiquai, la mort dans l’âme.

J’étais seule pour entendre la terrible nouvelle de la bouche de Lyla. Elle partait pour la série. C’était une catastrophe, mais je m’employai à ne rien dramatiser en présence de mon filleul. Sa bonne humeur me maintenait à flot, mais je succombai à l’inquiétude à l’heure de sa sieste. J’avais besoin de Manuel. J’avais besoin de sa force et de son optimisme. Bien sûr, j’exécrais de le réveiller alors que le repos était le meilleur des remèdes. Néanmoins, j’étais à bout de souffle et j’allais aussi délicatement possible., maîtrisant mes larmes de chagrin au mieux pour ne pas l’alarmer d’emblée. Je préférai réclamer ma place auprès de lui, pleurant à voix basse et enroulant un bras autour de son torse. « Personne ne l’a dit, mais je me sens impuissante, je crois. Je ressens des tas de trucs que je ne sais pas comment gérer. » admis-je d’une toute petite voix et loin d’être préparée à entamer cette mise au point pourtant nécessaire. « Si tu fais allusion à ce qui s’est passé dans la cuisine, je te jure que ce n’est pas grave. Je ne t’en ai pas voulu, pas même trente secondes. Je sais que j’ai déconné. Tu as réagi brusquement parce que je t’ai fait du mal. Je sais aussi que je devrais apprendre à me taire que j’en vois que tu es grave en colère. » Sous-entendu, aveuglé par la rage. « Mais, je le fais pas exprès, c’est plus fort que moi. Je suis tellement blessée que j’ai envie que tu aies mal comme moi. C’est pour ça que je ressors les vieux dossiers, mais c’est con de ma part. Si tu arrives à m'atteindre psychologiquement parlant, c’est parce que, moi aussi, je t’aime. Si je n’en avais rien à foutre, ce serait pire pour nous. Alors, si jamais un jour ça devait se transformer en bagarre… » Car je ne subirais pas sans me défendre « Si tu n’arrives pas à éviter ce que tu doutes, je veux que tu me crois quand je te dis que je suis consciente d'avoir contribué à ce qui se passera peut-être jamais et que tu n’auras pas besoin de t’en sentir coupable, pas tout seul en tout cas. Je n'ai pas envie que tu te penses que tu es un monstre pour autant ou que tu es un danger pour moi. Le danger qui me menace, c’est moi et ma manie d’appuyer là où ça fait mal au pire des moments parce que je suis excessive. » Et, je l’avais prévenu avant nos fiançailles. Je n’avais pas menti sur la marchandise.

« Je voudrais que tu sois plus à l’aise avec ça, parce que je te jure sur ce que j’ai de plus cher que je vais faire des efforts. Des vrais, mais seulement si tu arrêtes de dire que tu ne mérites pas. C’est faux. On s’est bien trouvé. On se facilite la vie autant qu’on ne la complique parfois. Regarde-moi, bébé, je suis la reine des emmerdeuses, je n’ai pas beaucoup de limites, je suis assommante, bornée et je ne mesure pas toujours le danger. Et puis, je suis violente aussi. Je te frappe avec mon sac, mes chaussures, ma brosse à cheveux et parfois avec mes poings, bien que j’évite de peur de me casser les doigts. Tu pourrais appeler SOS conjoint battu que je finirais au poste de police. » ricanais-je en lui proposant de l’encoder dans son téléphone. « Je ne suis pas un cadeau non plus. Moi, ce que je pense, c’est qu’on était tout simplement fait l’un pour l’autre. Tous les jours je me dis que je suis une putain de chanceuse que tu sois patient avec moi. » Non ! Je ne me flagellais pas. J’étais juste lucide sur ce que j’étais. Je reconnaissais mes bons et mes mauvais côtés. « Tu m’as manqué aussi. Tu me manques encore pour tout t’avouer. » lui confessais-je peu à peu gagnée par le sommeil. Je dormais mal ces derniers temps. « On s’occupera de tout ça tous les deux. Quand tu es avec moi, tout est beaucoup plus facile. On ne peut pas faire grand-chose pour le moment, à part veiller sur Ettore pour les deux jours à venir. » Je respirai profondément afin de me libérer de cette angoisse naissante. Ce ne fut pas très efficace. Je ne pleurais plus, mais un mauvais pressentiment m’habitait tout de même. Il était jumelé à l’inquiétude de me retrouver avec un bébé à la maison, tous les jours, sur une longue période, trop longue pour nous tous. « Lucky ne saura jamais gérer le petit tout seul avec son train de vie. J’aime bien quand il est avec nous, mais ça me fait toujours un peu bizarre.. » Je ne précisai pas le fond de ma pensée. Ce n’était pas nécessaire, il avait compris. « Parfois, je me dis que je devrais peut-être envisager de faire un bilan de santé complet. » Ma voix n’était plus qu’un chuchotement. Apaisée, la fatigue me rattrapa et je finis par m’endormir. Trente minutes, j’étais debout, réveillée par un Ettore affamé, mais plus forte pour affronter la suite maintenant que notre querelle était rangée dans un placard. Certes, il demeurait à le fermer à double tour en retrouvailles licencieuses, mais ce n’était qu’une question de temps, question réglée par un Mani sur pied qui me surprit dans la buanderie et qui nous enferma dans la chambre une journée entière.

Je n’avais décidément pas besoin de grand-chose pour être heureuse : de lui, majoritairement, et de mes proches en bonne santé à mes côtés. Aussi, le bât blessa-t-il. Ma meilleure amie me manquait tous les jours. Je ne m’en plaignais jamais par égard  envers mon frère, mais je souffrais de ses silences en silence. Le soutien de mon mari était indispensable à un autre et je le respectais tant et si bien que je ne puisais jamais d’énergie dans le stock épuisable de mon époux en m’apitoyant sur mon sort. « Il est tant pour tout le monde qu’elle en donne, oui. Je suis passée chez ses parents pour leur montrer le petit, Javier a pris les dix kilos que Rita a perdus. Quant à Ettore, il pleure de plus en plus souvent. Je redoute le moment des photos du soir. Il me faut une demi-heure pour le calmer, mais je dois le faire. Je suis obligée. C’est son fils, pas le mien. » Nerveuse, je lâchai un verre, il se brisa à mes pieds et je me coupai en ramassant les morceaux. J’en pestai, courroucée par ma maladresse tandis que Manuel jaugeait déjà de l’importance de la blessure. « Ça va, c’est superficiel . Je suis fatiguée. Je fais plein de conneries du genre. Je ne sais pas si partir pour Miami nous reposera, mais si tu arrives à convaincre Lucky, je crois que ça nous ferait le plus grand bien à tous. On a besoin de se changer les idées et Ettore a besoin de son père. Ce serait bien qu’il s’en occupe un peu de temps en temps, que je puisse lâcher prise. Je l’adore, c’est mon filleul, mais je ne peux pas l’aimer trop. » Je m’excusais de toute interprétation vaseuse, car la vérité, c’était qu’il nourrissait surtout ma peine de ne pas être une mère accomplie et la frustration d’être empêchée de le devenir. Je luttais tous les jours contre les souvenirs heureux et extraordinaires de ma grossesse qui se traduisait par le sentiment d’être incomplète.

J’attendais beaucoup de notre escapade, sauf que Lucky ne quittait pas la chambre. Il s’accordait le droit légitime de mettre sa vie en parenthèse, ce qui lui était interdit à New York, pour surveiller le PC. Il me faisait autant mal au cœur que son fils. Pour s’épanouir, il avait besoin d’activité, pas de rester dans les bras d’un père qui piétine ou dans un parc avec encore et toujours les mêmes jouets. Mani et moi prîmes donc la responsabilité de le sortir le temps d’une balade qui me délia la langue. Une dame âgée s’émerveilla devant ce gamin rieur qui lui tendait les bras. Sous le charme, elle nous félicita et je n’eus pas le cœur d’avouer qu’il n’était pas à nous. « Je sais bien que ce n’est pas correct et que c’est malsain, qu’elle serait déçue, mais je ne pensais pas à mal. Je ne voulais pas commencer à rentrer dans les détails.» confessais-je la tête penchée sur le sac de langes. Affronter le regard de Manuel, s’il était désapprobateur, me tuerait. « Et puis, j’ai le droit à ça tout le temps. On me dit qu’il me ressemble, qu’il est beau, qu’il est bien élevé et… puis, je dis que ce n’est pas à moi et on me demande si j’ai des enfants. Je ne sais jamais quoi répondre. » Je posai instinctivement ma main sur mon ventre comme à l’époque où, moi aussi, j’attendais un bébé. « Je pensais que j’avais fait mon deuil, mais je me suis trompée et… là, quand on me dit qu'Ettore me ressemble, je peux pas m'empêcher de me demander si mon fils m'aurait ressembler aussi. » Je mordis l’intérieur des lèvres pour ne pas éclater en sanglots, mais les larmes roulaient toutes seules sur mes joues. « Ce que j’essaie de dire c’est que je voudrais un bébé, Mani. Un enfant rien qu’à nous, pas un que j’aurais l’impression de voler à ma meilleure amie, trahissant sa confiance au passage. » Je levai un œil dans sa direction, mais pas longtemps. J’avais tellement honte de moi. Tellement. « Mais, seulement si tu te sens prêt, je ne veux pas te forcer la main... »  


***


J’avais intégré depuis longtemps que Dieu ne s’encombre d’aucun scrupule à reprendre ce qu’il nous offre, et ce, sans raison logique. Manuel pourrait disparaître demain, emporté par les risques de sa vie tumultueuse et ça me terrorisait plus encore que d’envisager la mort de ma meilleure amie. Je veillais dès lors à ne jamais m’attarder sur une hypothèse ou l’autre. Je m’efforçais plutôt de briller comme un soleil, comme si rien ne pouvait m’atteindre, comme si j’étais plus confiance que n’importe qui, comme si la présence d’Ettore ne me déstabilisait pas au quotidien, comme si ce n’était pas une épreuve de l’aimer comme mon propre fils disparu.  Le masque était assurément beau, mais le plâtre de mon sourire figé était friable. Il se décomposa tel un morceau de carton sous une pluie torrentielle quand ma mère, éplorée au téléphone, me confia les tenants et les aboutissants d’une discussion entre Luciano et deux soldats en uniforme. Lyla avait disparu. Sous le choc, je ne prononçai qu’un oui ou un nom de temps à autre. Je raccrochai et je grimpai à l’étage, mue par une force mécanique dénuée de volonté propre. Dans la salle de bain, le pull que je portais la veille et qu’elle m’avait offert m’agressa aussitôt. Était-ce tout ce qu’il me resterait de notre amitié à présent ? Quelques cadeaux, une myriade de souvenirs et de la culpabilité ? Non. C’était beaucoup trop injuste. Je m’occupais d’Ettore aussi bien que je le pouvais et sans mauvaise intention. Je n’avais jamais souhaité prendre sa place. Lui montrer des photos, lui parler de sa maman tous les jours, je le faisais dans l’unique but de préserver son équilibre. Je m’aidais également, mais était-ce grave au point que Dieu me punisse pour ce transfert au point de me priver de ma complice ? Comment étais-je présumée vivre avec un tel poids sur les épaules ? Qu’allais-je devenir sans elle ? Sans mon soutien féminin ? Sans mon binôme ? Sans mon âme sœur amicale ?  

Aujourd’hui, j’apprenais que le mal n’appelle pas moins la mort que le bien. J’intégrais qu’on pouvait payer pour les erreurs des autres également. Les miennes en l’occurrence. Alors, le morceau de tissu serré contre mon cœur, je fondis en larmes, appuyé contre le carrelage froid et la tête prise en étau entre mes genoux. « Je ne sais pas. Je n'en sais rien du tout. » répondis-je à mon époux qui me débusqua en suivant les gémissements plaintifs comme des petits cailloux. « Je ne sens rien à part de la peur. Je suis morte de trouille, bébé. Et si j’avais eu tellement peur de perdre Ettore que j’avais provoqué le truc ? J’ai prié tous les jours pour qu’elles reviennent, mais si ça n’avait pas été suffisant ? Si je n’y avais pas mis assez de cœur. Et si… et si elle était morte ? » Je m’accrochais à son avant-bras avec la force du désespoir, l’implorant de trouver les mots pour me rassurer. Ettore pleurait et Manuel revint auprès de moi pour une étreinte familiale normalement réconfortante. Elle m’ancra à nouveau au sol. « Je n’ai pas envie d’être égoïste. Si tu sens que ta place est avec mon frère, ne t’occupe pas de moi. Je vais me reprendre, je vais… » J’essuyai mes larmes d’un revers de la main et embrassai celle d’Ettore qui me consolait à sa manière. « Je ne suis pas vraiment toute seule. Je peux demander à ta sœur de venir vivre avec moi. Gaby va l’accompagner… parce que tu as raison. Elle n’est pas morte. Elle est en vie. Je ne suis pas sûre de ce que je ressens, mais je sais que je ne peux pas croire qu’elle ne soit plus de ce monde. Je ne le croirai que si je le vois de mes yeux. Quoique tu décides, je te soutiendrai. Je ne veux pas que tu te sentes coupable de quoi que ce soit par rapport à mon frère. » Mais je n’avais aucune envie de boucler ses valises. « Même si c’est vrai que je préfèrerais que tu restes avec moi… Mais, si tu crois que c’est ce que tu dois faire, est-ce que tu pourrais… confier cet adorable petit garçon à sa grand-mère. » J’éclatai à nouveau en sanglots. C’était tout bonnement incontrôlable. « Je ne veux pas que Lyla se doute que c’est difficile pour moi de me séparer de lui ou qu’elle sache que je suis une putain de détraquée. Je ne veux pas la décevoir, elle aura besoin de moi quand elle rentrera. » De moi, saine d’esprit, et il y avait des limites qu’il était impératif que je redessine pour être à la hauteur. « Tu pourrais faire ça pour moi et me laisser deux minutes toute seule avec lui ? » J’avais des excuses à lui présenter.


***


J’amorçai le projet à deux reprises en usant de sous-entendu et en me montrant aussi claire possible. Je n’avais pourtant rien précipité en évitant de reparler trop vite de mon désir d’être mère. Je n’avais pas envie de lui mettre la pression. Je souhaitais qu’il prenne le temps d’y réfléchir, mais le trou béant creusé plutôt à cause de la folie de Teresa s’agrandissait de jour en jour. Je nous organisai donc une petite soirée en tête à tête à la maison. À l’extérieur, je n’aurais sans doute pas osé aborder le sujet qui me brûlait les lèvres. Chez moi, je serais plus à l’aise, quoique je ne fis pas pour autant les choses à moitié. Je cuisinai la journée entière. La table était superbement dressée. Quant à moi, je revêtis une jolie robe qui épousait mes courbes, des talons aiguilles, des sous-vêtements absents. En résumé, le genre de bijou de haute couture qu’elle ne portera jamais que dans ses murs. « Tu aimes ? » Je fis un tour sur moi-même, fière de ma trouvaille. « J’ai mis du cœur à l’ouvrage. Je crois que tout sera super bon. Je me suis dit que ça faisait un moment qu’on ne s’était pas retrouvé tous les deux.  J’ai essayé de marquer le coup. » Je lui sautai au cou pour l’embrasser et je le tirai vers la salle à manger. « J'avais aussi envie de me faire pardonner d’avoir été si difficile, avec Ettore, tout ça… Je me suis dit que si tu voulais en reparler, ce serait mieux de le faire devant ton plat préféré… »





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