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SCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO
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Luciano Gambino
Luciano Gambino
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La cruauté est essentielle si l’on veut conserver le pouvoir. Sans elle, on apparaît faible et les adversaires en profitent. Comme les chiens : celui qui aboie le plus fort devient le chef de meute. [Saviano]

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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyJeu 19 Nov - 0:16





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft La bambola


Quand je savais ma mère seule dans sa grande maison, il n’était pas rare que je lui consacre un peu de mon temps libre pour partager avec elle un café. C’était le minimum que je puisse faire pour cette femme qui m’aimait démesurément et que j’avais considérablement déçue en refusant de choix le chemin qu’elle traçait pour moi dans ses rêves les plus fous. Elle m’imaginait plus homme de loi qu’homme d’honneur, probablement parce que je me décidai tard, hésitant entre la voie du crime et celle de l’honnêteté. Elle crut qu’elle put me sauver de l’influence de mon père, qu’elle réussirait là où elle avait échoué pour chacun de mes frères, mais ses illusions volèrent en éclats alors que j’abandonnais l’école, incapable de détourner mon regard de Cosa Nostra. Elle prétendait que je n’avais fait aucun effort pour changer mon destin et sur ce point, elle avait raison, sauf que nul n’en était vraiment maître. Dieu propose et les brebis disposent. Je ne regrette rien, sauf quand je pensais à elle et à son sourire éteint une fois les siens hors de sa maison. Sur d’autres sujets, en revanche, elle se montrait butée au point de m’agacer. J’étais tellement lasse de lui répéter que non, je n’avais pas l’intention de me lier à quelqu'un et de faire ma vie avec une Sicilienne bien sous tout rapport. Construire ma propre famille était probablement le dernier de mes projets maintenant que le mariage n’est plus une obligation pour les hommes d’honneur de mon statut. Alors, pourquoi le ferais-je ? Pourquoi prendrais-je le risque de m’attacher à une jolie plante qui deviendrait mon talon d’Achille ? Si mes ennemis souhaitaient me briser, c’était là qu’ils frapperaient. Il me détruirait en me privant de ce que j’aurais de plus précieux. Cette opportunité, je refusais de leur offrir sur un plateau d’argent. Et quand bien même, aucune des pétasses ayant traversé mon existence ne s’est jamais montrée à la hauteur de mes exigences. Elles n’ont jamais éveillé en moi d’autre intérêt que la réponse facile à un besoin primaire.

Les femmes, elles sont toutes les mêmes, de belles salopes, sauf ma mère et ma sœur, aussi irritantes ou oppressantes puissent-elles être, à commencer par la première. Je venais à peine de me poser dans la cuisine qu’elle me sermonnait déjà sur ce même thème et j’en soupirai de lassitude. « Tu as réfléchi à ce que je t’ai dit, Luciano ? Tu ne peux pas vivre sans attache toute ta vie. Un homme n’est pas un homme s’il n’a pas des responsabilités familiales. » affirma-t-elle en usant encore et toujours de son stratagème habituel pour que vibre ma corde sensible. Ç’aurait pu fonctionner si j’avais eu un quelconque doute sur qui j'étais. Sur l’heure, elle brassait plutôt du vent. « J’ai une famille et elle me demande bien assez de temps comme ça. » Vexée, Girolama prit un malin plaisir à me rappeler qu’elle était surtout celle de mon père avant de laisser planer un lourd silence qui attira mon attention. Elle était bavarde, ma mère. Je levai donc la tête vers elle pour deviner, à son air grave, que la suite serait forcément désagréable. « Les gens parlent, Luciano. On ne te voit jamais plus avec une femme. » Les causes étaient simples. J’avais grandi. Ma valeur ne se mesurait plus au nombre de gonzesses que je tirais et ma fierté avait mal digéré le reproche de mon oncle sur mes manières à l’appuntamento. Il souligna à nouveau le mot d’ordre de l’organisation – autrement dit, la discrétion – et j’avais appliqué au pied de la lettre. « Tu veux savoir ce qui se raconte ? » « Non ! Merci » répliquais-je sèchement. Ça ne m’intéressait pas, mais elle appuya tout de même sur le détonateur. « Que tu aimes les hommes, et que c’est ça que tu confesses à l’Église.» Elle me fit l’effet d’un coup de massue, mais je me gardai bien de l’exprimer différemment que par cette question capitale : « c’est ce que tu crois ? » Comme elle ne répondit rien, je considérai qu’elle partageait l’opinion publique. Je claquai donc la porte derrière moi, bien déterminé à ne plus remettre les pieds dans cette maison tant que je n’obtiendrai pas des excuses sincères.

Les jours suivants, je refusais d’en discuter avec mon père ou d'entendre ma mère au téléphone. Je ne changeai rien à mon mode de vie de débauché mené en toute discrétion. Le jour du seigneur, je mangeais seul, chez moi, sans prétendre d’autres prétextes que la vérité. Même Cinzia n’arriva pas à me persuader qu’il s’agissait d’une maladresse, que maman n’avait jamais voulu me blesser. Je demeurais sourd à toutes formes d’explications jusqu’à ce que la cadette le prenne par les sentiments. Ce dimanche-là, il fêterait l’anniversaire de leur Nonna. Pour l’occasion, Cinzia avait invité son amie Lyla, celle dont elle parlait souvent, mais que je n’avais jamais rencontrée. J’étais curieux pourtant, curieux comme peut l’être un frère qui couvre sa sœur quand elle sort avec la jeune femme en question. Ce défaut n’était rien à côté de ma mauvaise tête. « Tu ne peux pas faire ça à Nonna. Elle est vieille. Elle veut sa famille avec elle. Si tu n’es pas là, elle va être tellement déçue. Que Dieu la garde, mais on ne sait pas si elle sera toujours là demain. Tu pourrais le regretter. » ponctua-t-elle en activant son arme secrète : la culpabilité. Si j’avais été capable de refuser quelque chose à ma petite protégée, je n’en serais pas là. « C’est bon ! Je serai là. Mais, je ne veux pas qu’elle me parle. » Elle hocha de la tête avec un enthousiasme qui ne la quittait pas du reste de la semaine. Elle l’affichait toujours par un sourire radieux lorsqu’elle se substitua à Girolama pour m’accueillir. Elle, je ne la saluai pas. Je ne la regardai pas, ne l’embrassai pas. Je me contentai d’un simple signe du menton pour ne pas m’attirer les foudres d’Achille et de mon père quand il le lui répèterait. « Où est papa ? » m’enquis-je auprès de ma grand-mère après avoir supporté ces manifestations d'affection qu’elle me réservait à chaque rencontre. « Il est dans son bureau avec la copine de Maruzella. » La précitée réagit au quart de tour, car elle me tira à sa suite, pressée de me présenter celle qu’elle appelait déjà sa meilleure amie. « C’est la deuxième fois qu’elle vient, et à chaque fois, il se sent obligé de lui montrer sa collection d’armes et de couteaux. Je crois qu’il l’aime beaucoup. Toi aussi, tu vas l’aimer, tu verras, tu n’auras plus peur de me laisser sortir avec elle dans le dos de papa. » Elle chuchota la fin de sa phrase pour ne pas être bêtement démasquée. « Je n’ai pas peur.» lui répliquais-je aussi laconiquement que mon attitude froide devant la dénommée Lyla.

Je me contentai de la courtoisie de rigueur, la dévisageant comme si son visage de poupée pourrait m’en apprendre assez sur elle pour me forger une opinion. N’était-ce pas de cette manière que les choses se déroulaient habituellement ? La réaction des représentantes de la gent féminine pour une œillade appuyée en disait bien plus long que tous les discours en général. Pas cette fois. Je l’estimais trop belle pour ne pas représenter un danger pour ma sœur, mais l’entrain qu’elle animait chez mon père m’obligeait à revoir mon jugement malgré moi. Ettore était tout sauf un imbécile. La nature humaine n’avait aucun secret pour lui et son instinct ne le trompait jamais. S’il se laissa enjôler avec une telle rapidité, une bonne raison se cachait fatalement derrière. Alors, juste avant le dessert, je rejoignis la jeune invitée au jardin sous l’impulsion d’une Cinzia me reprochant d’être le type le plus désagréable de cette foutue planète. « Alors comme ça, c’est toi la fille qui emmène ma sœur à des démonstrations de sex-toys chez un pote homo ? » tentais-je avec une once d’humour qui avait plus de chance de tomber à plat que de faire mouche. « Elle parle souvent de toi. En fait, elle n’a que ton prénom à la bouche. Elle a même réussi à éveiller ma curiosité. » Récupérant mon paquet de cigarettes dans le fond de ma poche, j’en allumai une machinalement avant de m’asseoir auprès d'elle sur le perron et de le lui tendre, au cas où. « Tu dois avoir l’impression d’être tombée dans une maison de fous, mais ils ne sont pas méchants. Un peu bruyants, mais plutôt agréables. » Je jetai un coup d’œil par-dessus mon épaule pour les observer à travers la porte vitrée. Ils riaient tous à gorge déployée, heureux de vivre et d’être ensemble. À côté, j’avais des allures de vilain petit canard alors qu’à l’accoutumée, je ne suis pas le dernier à festoyer avec autant passion. Je tirais simplement la gueule. « J’espère que personne ne t’attend, parce que je ne sais pas si on t’a prévenu, mais ça ne fait que commencer. »





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Lyla Gambino
Lyla Gambino
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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyJeu 19 Nov - 12:06





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft El gringo gruñón


Plus qu’une partenaire de soirée, Cinzia était devenue un élément indispensable dans mon quotidien. Dès que j’avais un peu de temps, je lui passais un coup de fil pour savoir si elle voulait le passer avec moi et il ne se passait pas une seule semaine sans qu’elle passe à la caserne pour partager un repas en ma compagnie. J’avais déjà balisé tout autour d’elle pour qu’aucun de mes collègues ne s’octroie le droit de venir la draguer comme un gros porc sous peine de se manger mon poing en pleine gueule. Je bossais là-bas depuis deux ans, à tout casser, mais il ne leur fallut pas bien longtemps pour me cerner et comprendre que si j’étais prête à rendre service dès qu’on me le demandait, il valait mieux éviter de me chercher si on ne voulait pas finir par appeler sa mère en pleurant. Je n’avais pas la force des nombreux pompiers de la caserne mais j’avais des arguments de taille qui terminaient toujours de convaincre les plus obstinés. Dire qu’aucun d’entre eux ne me tentait serait mentir. Ils étaient plus séduisants les uns que les autres, certains d’une drôlerie à couper le souffle, d’autre avaient un corps à se damner mais j’avais donné avec les jolis cœurs, je préférais me focaliser sur l’essentiel, sur ces choses qui ne décevaient jamais. Je me plongeais à corps perdu dans mon boulot et dans mes amitiés autant que dans le sauvetage de ma famille, du moins dans celui des membres qui en avaient besoin. Parce que même si je n’étais remerciée que par de l’ingratitude, ça ne me blessait pas, c’était ma famille, ce genre de comportement semblait normal à leur égard, nous partagions le même sang, le même cœur et les mêmes valeurs. Et parce que Cinzia devint bien vite une nouvelle sœur, je ne tardai pas à la ramener chez moi pour lui présenter les miens et notre minuscule appartement dans le fin fond de South Bronx. Il n’y avait que trois chambres, c’était à se demander comment nous avions fait pour nous entasser à 10 dans pareil endroit et pourtant, nous n’avions jamais été malheureux. Mais je ne me voilais pas la face, je savais pourquoi mes frères aînés étaient rentrés dans la MS, pourquoi mes parents multipliaient les emplois et les avaient laissé faire, reconnaissant malgré eux qu’ils ne pouvaient pas subvenir à tous nos besoins malgré leurs efforts désespérés. Je ne les jugeais pas et mes frères non plus, c’était un point commun à tous les Canjura, nous faisions ce que nous avions à faire pour le bien de notre famille, sans se plaindre et sans considérer qu’il s’agissait d’un sacrifice, c’était dans la logique des choses, rien de plus, rien de moins. Ce fut dans ce joli bazar que fut accueillie Cinzia, ma mère, heureuse que je sois parvenue à me lier d’amitié avec une nouvelle personne, ce qui était rare depuis mon retour, mit les petits plats dans les grands et nous cuisina ces spécialités que j’affectionnais tant, garnissant la table où nous nous installâmes.

Il y avait tout le monde, mes frères, mes sœurs, leurs enfants et leurs femmes, il fallait parfois s’asseoir par terre ou bien se caler entre deux meubles mais on riait, mon père jouait quelques notes à la guitare ou bien on lançait la chaîne, parce qu’une réunion de famille sans musique n’avait pas le moindre sens. On parlait fort, on riait fort et on se disputait, parfois aussi, se moquant bien de nous donner en spectacle devant témoins. Ce fut sans doute pour ça que Cinzia eut moins de mal à me faire venir chez elle et à me présenter aux siens. Son père ressemblait beaucoup au mien et je n’eus aucun mal à bien m’entendre avec lui, encore moins quand nous parlâmes d’armes et de ce qui était le plus agréable à utiliser en la matière. Bien sûr, leur maison était loin de l’appartement miteux dans lequel j’avais grandi mais elle ne manquait pas de convivialité et de chaleur. Je ne l’enviais pas, au contraire, j’étais heureuse que la pauvreté ne soit qu’une notion lointaine pour ma nouvelle amie, on ne souhaitait ça à personne. Je n’avais pas dormi depuis plus de 24 heures quand je débarquai chez eux dans des vêtements que je n’avais pas l’habitude de porter, histoire de ne pas avoir l’air débraillé après ma garde, ma tête suffisait. J’eus à peine franchi la porte que je fus accueillie chaleureusement, j’embrassai tout le monde, essayai de papoter avec madame Gambino jusqu’à ce que son mari ne me ravisse pour que nous allions rediscuter quelques minutes. Je fus même présentée à l’un des frères de Cinzia que je n’avais jamais vu, je lui tendis la main et tentai de me montrer agréable et polie mais il mit à mal toutes mes tentatives de lancer la conversation et je finis par abandonner pour discuter avec sa sœur et ses autres frères qui étaient bien moins froids avec moi. Il était le seul à me faire me sentir comme une étrangère ici, faisant s’envoler mon bien-être et poindre un peu d’angoisse derrière tout ça. Une pause cigarette s’imposa bien vite, j’aurais volontiers roulé un joint si je m’étais trouvée chez moi. Je sursautai en entendant la porte-fenêtre s’ouvrir dans mon dos et me tournai légèrement pour voir à qui j’avais à faire. Je retins un soupir, me demandant si j’allais avoir le droit à son comportement du reste de la soirée et contre toute attente, il blagua pour tenter de détendre l’atmosphère et récolta un sourire en coin. « Ouep, et il n’est pas trop tard pour que j’appelle Gethin et qu’il te trouve un petit quelque chose à toi aussi. Je sens que t’es déçu de ne pas avoir été convié et puis ça pourrait te détendre un peu. » répliquai-je sur le même ton, mon sourire s’élargissant. Je lui taxai une cigarette en murmurant un merci et en l’allumant, il m’en fallait bien deux pour tenter de combattre les prémices d’une éventuelle crise. « Et pourtant, ce n’est que moi. » Je ricanai en tirant une taffe avant d’ajouter : « Mais elle me parle souvent de toi aussi, elle t’admire beaucoup, ça me rappelle un peu la relation que j’ai avec l’un de mes frères. C’est pour ça que j’apprécie autant ta sœur, c’est pas seulement une personne géniale, elle comprend aussi l’importance de la famille, c’est de plus en plus rare. » dis-je avec un peu plus de sérieux. Tomber sur Cinzia avait été une bénédiction, pas une seule fois je l’avais entendu râler quand je ne pouvais pas venir parce que je devais conduire ma mère pour des courses ou bien quand je faisais un détour par chez ma sœur pour lui amener des médicaments pour un neveu avant d’aller en soirée.


« Pas vraiment, c’est pareil chez moi, j’ai l’impression d’être dans ma propre famille, c’est sûrement l’effet Cinzia et tout le bien qu’elle a dit de moi. » plaisantai-je en me disant qu’ils seraient sans doute tous déçus en découvrant que je n’étais pas aussi extraordinaire qu’elle semblait vouloir le faire croire à tout le monde. « Il paraît que je dors ici, j’ai tout mon temps. J’espère seulement que ce n’est pas ma présence qui te met dans cet état-là, les fêtes de famille, ce n’est pas vraiment le moment pour inviter des inconnus à sa table. » Il fallait encore une fois que je tente de me justifier et de m’excuser d’être là, c’était maladif chez moi mais je ne supportais pas l’idée d’être de trop. « Et à quoi tu occupes ta vie, Luciano, quand tu ne t’intéresses pas aux réunions de sextoys ? » m’enquis-je avec un réel intérêt pour les proches de mon amie. Son salaire ne m’intéressait pas plus que le prix de ses fringues, c’était pour faire la conversation et me montrer agréable. « Ton père a une sacrée collection d’armes, je suis impressionnée ! La plupart, je n’avais fait qu’en voir en photos. »





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Elle m’avait d’emblée donné cette impression d’être à sa place au milieu de cette joyeuse tablée. Elle riait avec tout le monde, se montrait patiente envers ma Nonna parfois difficile à comprendre ou envers mon père et son obsession pour ses armes. Elle fut la première à se lever à la suite de ma mère pour l’aider à débarrasser, animant toutes les autres femmes jusqu’alors confortablement installées. Elle remportait tous les suffrages et moi, je me demandais à quel moment elle commettrait l’impair qui refroidirait l’assemblée. Les Siciliens sont des êtres susceptibles par nature. Il ne leur faut jamais grand-chose pour se vexer et revoir négativement leur jugement. Rien n’est immuable pour les étrangers à cette famille, mais Lyla semblait gagner leur cœur de chacun d’entre eux sans la moindre difficulté. J’étais le seul qui ne paraissait pas bluffer par sa bonhomie et ses bonnes manières. J’étais froid comme un glaçon, je la regardais à peine et je l’écoutais d’une oreille distraite. Pas à cause d’elle. Non. Je rêvais simplement d’être ailleurs et à chaque coup d’œil à mon téléphone s’accompagnait d’une prière pour qu’il sonne entre mes doigts, que je puisse prétexter une urgence pour m’éclipser. Ces jeux de faux-semblants pour ne pas inquiéter la reine mère le jour de son anniversaire me fatiguaient. J’étais blessé au plus profond de mon être. Ma mère m’insupportait. C’était tout ce sur quoi j’étais capable de me concentrer réellement. J’étais assis au milieu des miens, mais à des kilomètres, ce que ma sœur refusa de comprendre alors qu’elle me reprochait de mettre son amie mal à l’aise. Quelle stupide idée. Mon comportement n’avait l’air d’influence l’étrangère aussi à l’aise qu’un poisson dans son bocal. Elle était autant indifférente à ma présence que le contraire, mais je fis tout de même un effort le temps d’une cigarette. C’était le mieux que je pouvais faire puisque je n’avais pas la vocation de fréquenter autrement qu’à l’occasion celle qui traîne une jeune vierge à une conférence sur le thème du sexe. Ce genre d’agissements, à mes yeux, en disait plus long qu’une banale conversation lors d’un repas familial. Elle ressemblait à toutes les autres, elle le dissimulait simplement et à la perfection derrière sa politesse et ses bonnes manières.

C’était l’image que je m’étais construite sans la connaître et sans l’avoir jamais rencontrée. Il ne me fallait rien de plus qu’un récit pour me forger une opinion ferme et généralement définitive. Cette fois, pourtant, l’enthousiasme de ma sœur me poussa à moins de rigidité alors que Lyla répliquait avec esprit à mes boutades sur arrière-fond de gravité. Elle m’arracha un sourire un peu plus franc, peut-être le premier depuis le début de la soirée si on omettait ceux destinés à la Nonna. « Que toi… c’est déjà pas mal. En général, personne ne résiste plus d’un quart d’heure à mon père. Il dévisage, dévoile sa collection d’armes avec son sourire de psychopathe et tout le monde se trouve des excuses pour prendre la fuite. En général, on ne les revoit pas. Toi, tu as l’air d’être une habituée, ce qui ne peut vouloir dire que deux choses : soit tu es aussi psychopathe que lui, soit ma sœur compte vraiment beaucoup pour toi. » Ce qui signifiait, dans mon langage, que je n’avais pas de raisons valables pour me méfier d’elle. Elle le confirmait d’ailleurs. Je retrouvais chacune des qualités que je prêtais à la Cinzia dans sa bouche et ce fut plus efficace que toutes les démonstrations de politesse. « L’attachement à la famille est une valeur importante pour nous. Elle l’est bien plus que d’autres qui semblent pourtant normaux pour monsieur et madame tout le monde. Elle est très attachée à la sienne, elle admire chacun d’entre nous comme nous l’admirons. C’est plus une fatalité qu’une réalité. Maintenant qu’elle t’a adoptée, je pense que tu vas avoir du mal à te débarrasser d’elle. » Si elle n’était qu’une distraction amusante sur le moment aux yeux de Lyla, Cinzia en souffrirait énormément. J’avais passé une bonne partie de son adolescence à essuyer les larmes causées par de soi-disant amies qui se lassait d’elle quand elle réalisait qu’elle n’avait pas le droit de sortir aussi librement que les autres filles de son âge. Je lui appris à se montrer la plus forte possible, mais la sensibilité lui colle à la peau. C’était probablement ce qu’il y avait de plus beau en elle. « En fait, tu vas avoir du mal à te débarrasser d’eux tous surtout. » constatais-je agacé par l’attitude de ma mère qui nous épiait depuis la fenêtre de la cuisine. Sur ces cinq minutes écoulées, elle souleva son rideau par trois fois, me privant de toute envie d’être sympathique. « De toi à moi, et sans aucune prétention, je suis la dernière personne de cette famille à être plus ou moins saine d’esprit. Si j’étais toi, je fuirais avant qu’il ne soit trop tard. » Je rassemblais tout ce qu’il me restait en aménité pour lui sourire. « Tu vois, c’est ça qui m’agace. Ce qu’elle fait là. » Je désignai d’un signe de tête le voile frémissant. « Ta présence ne me gêne pas du tout. C’est toujours mieux de pouvoir mettre un visage sur un nom, surtout quand il est agréable à regarder. Je n’avais pas l’intention de te mettre à l’aise.» Je la gratifiai d’un clin d’œil, je jetai mon mégot de cigarette au loin. « Oh. Rien d’exceptionnel. Je tiens un bar » Forme non péjorative pour désigner un cabaret. « Et j’aide mon père au casino de temps à autre. J’y bossais avant, puis j’ai eu envie de monter ma propre affaire. Ça marche pas trop mal, c’est encore le principal. Et toi ? Ma sœur m’a dit que tu étais secouriste, c’est ça ? Ce n’est pas trop compliqué comme boulot ? » Je me gardai d’ajouter le « pour une femme » qui me rangerait directement dans la case des machos. « Les horaires doivent être lourds.» conclus-je sans avoir le loisir d’entendre une quelconque réponse. On nous rappela à l’ordre pour manger le gâteau soigneusement préparé par la maîtresse de maison. « Ce sera pour plus tard. Tu es là toute la nuit visiblement, on trouvera bien un moment pour en reparler. » lui glissais-je en chemin vers le salon. Je veillai à ne pas trop l’approcher pour éviter à ma mère de fomenter des plans de mariage, mais chaque occasion était bonne pour lui adresser un sourire ou un clin d’œil. Lyla était charmante, sa compagnie agréable, quelque chose me plaisait en elle, quelque chose de difficile à déterminer, mais qui suffit à me retarder l’heure de mon départ. J’acceptai même de m’isoler à la cuisine pour discuter avec Girolama pendant qu’Achille sortait la mandoline, la guitare et les vieilles chansons du pays. La soirée se terminait doucement et contre toute attente, j’étais toujours là. « Hey, vous n’avez pas envie d’aller boire un verre ? » proposais-je à Gaby, Andy, Cinzia et son amie qui ne la quittait pas en jetant un coup d’œil à ma montre. « Vu l’heure, je ne dis pas qu’on doit se taper Manhattan, mais on trouvera bien un endroit sympa où boire un verre. Ça vous tente ? » Gaby déclina. Andy hésita longuement, mais il était attendu au casino pour remplacer le capo-regime d’Achille. Les filles, par contre, elles étaient au taquet. Surtout pour Cinzia qui me donnait l’impression de lui offrir l’Eldorado. « Très bien. Je vous attends. Je sors la voiture. »

Nous nous arrêtâmes dans un de ces "lounge" tenus par un Sicilien qui a bien réussi grâce au soutien de mon père. Nous en fûmes d’ailleurs accueillis par le patron comme il se devait, car il nous octroya la table la plus tranquille. Ce n’était pas l’endroit le plus branché du coin, ce n’était pas non plus le plus luxueux, mais l’ambiance y était agréable. Le gérant s’assurait toujours qu’aucun pilier de comptoir n’importune la sérénité des clients de passages. Malheureusement, ce soir-là, un match de foot important se jouait à l’autre bout du globe et deux équipes de supporters, en plus d’être bruyants, se jetaient quelque regard haineux. Il me gâchait le plaisir du moment, car tous mes sens étaient en alertes. Aucun d’entre eux n’échappait à ma surveillance. J’avais même rappelé mes gardes du corps, toujours très discrets, qu’ils se joignent à nous incognito au cas où une bagarre générale n’éclate. J’étais incapable de prendre réellement part à la conversation tant j’étais aux aguets. Je déconnectai à  l’instant où ma sœur quitta la table pour se rendre aux toilettes. "Tu as pas envie d'aller voir après elle, s'il te plait ? " m'enquis-je auprès de Lyla sur le ton du service. J’avais un mauvais pressentiment et, malheureusement, il s’avéra juste.





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Lyla Gambino
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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptySam 21 Nov - 15:40





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ft El gringo gruñón


Me sociabiliser avec des inconnus n’était pas forcément mon point fort depuis mon retour du désert mais je n’avais pas l’impression d’avoir à faire face à des inconnus chaque fois que je me rendais chez mon amie. Ils avaient tous quelque chose de l’un des membres de ma propre famille, si bien que je me sentais en sécurité et que cette angoisse qui m’accompagnait partout et tout le temps disparaissait dès que je franchissais le seuil de leur maison. Il n’y avait que l’inconnue des Gambino qui me laissait un arrière-goût d’angoisse. J’avais l’impression de passer un test sous le feu de son regard, comme si je mentais sur ce que j’affichais aux yeux des siens, comme s’il essayait de discerner ce que je dissimulais avant de le dévoiler au reste du monde avec un sourire triomphal. S’il n’avait pas cherché à briser la glace en venant entamer la conversation, je n’aurais sans doute jamais cherché à lui faire la conversation. Il n’était pas question que je me dispute avec le frère de Cinzia sous le toit de ses parents pour des pacotilles comme ma présence à une célébration à laquelle je n’aurais jamais dû participer. Contre toute attente, il se montra sympathique et presque détendu, me rassurant sur le fait qu’il n’avait rien après moi. Dire qu’il me foutait la frousse aurait été exagéré, je n’avais pas peur de grand-chose ou de grand-monde, surtout pas quand j’aurais dû mais il se dégageait quelque chose d’inquiétant de sa personne et quelque chose me disait que je ne voulais pas découvrir ce que c’était. « C’est sans doute les deux ! » avouai-je avec un sourire mais de la sincérité dans le regard et le fond de la voix. Cinzia était importante pour moi parce qu’elle rendait ma vie beaucoup plus douce et drôle. Sans elle, j’aurais sans doute beaucoup moins ri. Elle était pétillante et avait un brin de candeur qui me manquait parfois quand je posais mon regard blasé sur le monde. Elle était une bouffée de fraîcheur et de gentillesse. Elle me ressemblait tellement, tant parfois que j’avais l’impression qu’il s’agissait de ma troisième sœur. Etre en sa compagnie c’était ne pas avoir à se justifier de tout et de rien, simplement profiter et se jeter des regards complices parce que les mots n’avaient pas le moindre intérêt. Dire qu’il m’avait fallu attendre aussi longtemps pour partager une réelle relation d’amitié avec une autre femme. « C’est elle qui va avoir du mal à se débarrasser de moi, tu veux dire. Quand elle aura eu sa dose de moi, ça va devenir compliqué pour elle. » plaisantai-je même si j’étais certaine que ce jour arriverait. Quand elle serait lassée de mes crises, de mes incertitudes et de mes moments de flou complet. J’étais plus un boulet qu’une bénédiction en tant qu’amie. Je ris à sa plaisanterie sur la santé mentale de sa famille, ce genre de commentaire ne signifiait qu’une seule chose : il n’eut jamais le droit à une immersion au sein de la famille Canjura.

Je lui aurais bien répliqué quelque chose sur ma propre folie mais il me désigna sa mère qui nous épiait du menton. J’eus une folle envie d’aller me justifier auprès d’elle, je ne voulais pas qu’elle s’imagine que j’étais ce genre de personne. J’avais tout sauf besoin de me trouver un type pour passer le temps. J’avais assez donné. « Ne reste pas fâché avec ta mère, on en a qu’une. Elles sont pénibles parce que c’est leur rôle mais on a toujours besoin d’elles. » lui conseillai-je en prenant des pincettes, ne souhaitant pas vraiment me mêler de ce qui ne me regardait pas mais je croisais tellement de gens qui regrettaient de s’être fâché avec les gens qu’ils aimaient et qui ne cessaient de le ressasser quand celle-ci disparaissait brutalement. « Mais je me mêle de ce qui ne me regarde pas, désolée. En tout cas, ne t’en fais pas, tout va bien pour moi. » J’étais prête à entretenir la conversation et à lui demander de quel genre de bar il s’agissait et pourquoi pas de lui toucher deux ou trois mots sur mon métier mais nous rentrâmes avant que j’en ai eu l’occasion et je suivis le mouvement. Lui aussi faisait la conversation par politesse, il était plus sage de ne pas le gonfler avec mes histoires. Le reste de la soirée, je la passai avec Cinzia à papoter de tout et de rien, à rire à gorge déployée et à apprendre à mieux connaître sa famille. Sa grand-mère me rappelant la mienne, encore au Mexique avant qu’elle ne vienne pour son arrivée fracassante et reste plusieurs mois avec nous. Ces mois-là étaient mes favoris, ceux où les plats traditionnels étaient cuisinés tous les jours et où chaque journée avait du sens. La maison familiale se vidait petit à petit et la proposition de poursuivre la soirée ailleurs fut faite par un Luciano qui semblait un peu moins tendu qu’à son arrivée. C’était une sortie non prévue, je sentais déjà l’angoisse monter mais je ne pus qu’être contaminée par l’enthousiasme d’une Cinzia rayonnante et j’acquiesçai en m’installant à l’arrière de la voiture, tentant de me convaincre que tout se passerait bien. Nous n’irions pas en plein cœur de New York, il n’y aurait pas grand-monde et je ne ferais pas de crise. M’en persuader était compliqué mais je n’eus de cesse de me le répéter jusqu’à ce que nous entrions et fassions face à la horde de fans de foot présents et surtout bruyants. Muette comme une carpe, je n’ouvris la bouche que pour dire que je prendrais bien un coca et je rentrai dans ma coquille à nouveau, me concentrant pour éviter de me faire honte. Les poings serrés sur mes cuisses, je sentais le stress monter par vague. Je ne sortis de ma concentration que lorsque Luciano m’interpella  pour que je me rende aux toilettes et m’assure que sa sœur allait bien. J’hochai la tête et lui confiai mon sac.

Ces crises, je les traînais depuis mon retour d’Afghanistan et je n’avais pas beaucoup de prise sur elles et encore moins le moindre contrôle, elles surgissaient d’un coup et je devais faire face à un torrent d’émotions qui me dépassait. Le souci, c’était que ça me rendait à vif et particulièrement agressive. Trouver un type barrant le passage de Cinzia ne m’aida pas vraiment à faire le point sur mes émotions. « Qu’est-ce qui se passe ? » Le dit type était visiblement alcoolisé, il se tourna lentement vers moi et me sourit comme un débile profond. « On discutait, tranquillement. » « Dégage, elle veut passer ! » répliquai-je sèchement. « Ohhhhh ça va, on s’amuse ! Mais si t’es jalouse, il peut y en avoir pour toi aussi. » Il se pencha vers moi, comme pour m’embrasser, ayant laissé ses bras lourds sur moi et la réponse fut sans appel, mon front s’écrasa sur son nez et le craquement attira l’attention de ses copains au bar. « Va rejoindre ton frère, Cinzia. » tentai-je, sachant pertinemment qu’elle ne m’abandonnerait pas là, au milieu de tous ces types qui avaient l’air remonté. « Alors rerentre dans les toilettes le temps que je trouve une solution ! » L’autre gémissait à mes pieds, se tenant le nez et me soutira un sourire victorieux. Je fis signe aux autres de me rejoindre, l’invitation était claire, il y en aurait pour tout le monde. Rien de pire que des types alcoolisés, pas plus con en tout cas. Je distribuai les coups et j’en reçus un sacré paquet avant que nous ne soyons plus que trois debout, Cinzia, son frère et moi. Les autres étaient amochés et l’alcool aidant, il ne fallut pas grand-chose pour les envoyer au tapis et les y garder. « Si tous vos repas de famille se terminent comme ça, je viendrais plus souvent. »  lâchai-je avant de rire aux éclats. Cela avait eu au moins le mérite de repousser mon angoisse qui allait crescendo.


***


« Y a une soirée spéciale au Gato Negro la semaine prochaine, on aura qu’à y aller tous ensemble, non ? » proposai-je aux gars et à Cinzia. Nous étions tous les quatre, Cinzia, Luciano, Muñez et moi attablés dans ce restaurant qui ne payait pas de mine et qui servait pourtant la meilleure nourriture indienne de la ville. Cinzia avait proposé l’idée de tous sortir ensemble et il n’avait pas fallu que je prie beaucoup mon frère pour qu’il se joigne à nous. Ce soir, nous devions aller à l’inauguration d’un bar à la mode et j’espérais que nous terminerions par de la danse. Fallait fêter comme il se devait le fait que je n’avais pas dormi depuis deux jours. « Déguisé en personnage de film, ça va être marrant. Tu y bosses toi ? » « Pas si je demande à participer. Tu viendras Luciano ? » s’enquit mon frère comme si sa présence dépendait de celle de son nouvel ami avec qui il avait tout un tas de points communs. Il prétendit vouloir y réfléchir avant de se lever et de sortir pour fumer une cigarette, je le suivis en enfilant mon manteau et mon écharpe. « Tu sais, si tu ne viens pas, Cinzia non plus et j’aurais aimé qu’elle soit là. Tu penses que tu pourrais te libérer et convaincre ton père qu’elle peut venir ? Si tu es là, ça ne craint pas, tu vois ? Mais si tu ne veux pas prendre cette responsabilité, je comprendrais. Mais sortir un peu lui ferait du bien. Elle adore danser, moi aussi, on dansera toutes les deux. Mon frère connait bien l’endroit, il y travaille, y aura aucun problème. »






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Luciano Gambino
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La cruauté est essentielle si l’on veut conserver le pouvoir. Sans elle, on apparaît faible et les adversaires en profitent. Comme les chiens : celui qui aboie le plus fort devient le chef de meute. [Saviano]

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mentre lei che non capiva disse bravo  
ft La bambola


Vu la froideur de mon accueil, je m’étais naturellement imaginé qu’elle se serait braquée face à mon regain soudain sympathie, mais contre toute attente, elle se montra aussi agréable que je pouvais l’être. La mayonnaise prenait. Ma cadette serait ravie. Et moi, je constatai avec un soupçon de méfiance que Lyla était tout sauf la petite idiote que je m’étais figurée. Les filles intelligentes sont dangereuses par définition. Elles ont des prédispositions à la manipulation et savent exactement où appuyer pour se être appréciée. La preuve étant, en peignant si joliment le portrait de ma sœur, la Mexicaine faisait parler mon cœur de frère. J’avais participé à son éducation et la Cinzia était devenue mon joyau. Lorsqu’elle était malheureuse, je souffrais avec elle au point de tout organiser pour laver son orgueil d’un affront. J’en aurais repoussé les limites du raisonnable, quitte à prendre des risques inconsidérés et à me priver du peu d’humanité qu’il me restait. Ce n’était un secret pour personne. Un regard suffisait pour constater ô combien ce bout de femme comptait pour moi. Rien d’étonnant à ce que je persiste à me méfier de la malignité éventuelle de cette fille jusqu’à ce qu’elle le commette cet impair, celui que j’aurais volontiers interprété comme une attaque de front si j’avais été dans l’un de mes mauvais jours. Par chance pour elle – et probablement parce qu’elle réalisa d’elle-même que son conseil concernant ma mère relevait de l’ordre du privé – je ne m’en offusquai pas vraiment. Elle ne s’en rendait sans doute pas compte, mais ce genre de maladresse parlait plus que toute son obligeance envers ma famille. Elle la rendait plus spontanée, donc beaucoup plus authentique. Assez pour que je réprime cette envie de la recadrer d’une réplique acerbe. « Tu sais ce qu’on dit, si on ne se dispute pas avec les gens qu’on aime, c’est qu’on ne les aime pas vraiment. » conclus-je en repérant Andrea et ses grands signes à travers la porte vitrée de la véranda. Nous étions attendus pour le gâteau alors que, je devais bien l’admettre, j’étais curieux d’en apprendre un peu plus sur elle, histoire de mieux connaître celle à qui je confiais ma sœur quand nous mentions à mon père. Qu’importe, je supposai que les occasions de discuter avec elle deviendraient monnaie courante. Puisqu’elle participait à cet anniversaire. Le message de la Maruzella était clair : cette fille appartenait à la famille désormais et nous avions tout intérêt à l’adopter si nous ne voulions pas subir sa mauvaise tête.

Et quoi de plus facile ? Elle riait de tout avec enthousiasme et s’apprivoisait la folie de nos fêtes comme si elles étaient siennes. Chez moi, à la table de mes parents, elle incarnait la joie de vivre et la bonne humeur. Pourtant, une fois dans ce bar lounge où je les traînai faute de mieux, elle s’éteignit comme une étoile en fin de vie. Ses sourires s’affadirent, sa conversation s’amenuisa et n’étant pas beaucoup plus bavard qu’elle, nous n’entendions que les babillages de ma sœur. Ça m’intriguait, vraiment. Au milieu de ma paranoïa dans ces lieux trop peu sécurisants à mon goût, je me demandais véritablement ce qui justifiait son mutisme. Je n’aurais pas hésité à la question un minimum et avec subtilité si la Cinzia ne s’était pas éclipsée. Je n’étais plus qu’à cette absence trop longue pour ma patience. J’envoyai Lyla à sa recherche et je le regrettai aussi sec en apercevant un de ses connards s’approcher dangereusement de la scène des WC. Ce type agit sur moi comme un détonateur, car je quittai mon siège sans trop réfléchir, bondissant dans le tas pour me frayer un passage vers les filles. Les coups pleuvaient, les supporters tombaient, ça ressemblait à une bagarre générale de bandes dessinées. Certains finissaient la tête explosée contre le bar. D’autres succombaient à une agression par tabouret, et je reconnaissais bien là les méthodes radicales de ma cadette. Ils chutaient comme des mouches au pied de mes hommes d’honneur qui ne bronchèrent pas, sous mon ordre. J’étais soucieux de ne rien révéler de notre réelle identité. Ça ne la regardait pas, du mois pas encore. « Non. En général, on boit un dernier verre et on fume une cigarette avant de rentrer chacun chez soi, mais je te l’accorde, celle-ci était plutôt sympa.» lui répliquais-je en rajustant ma chemise dans mon pantalon et défroissant les faux plis de ma veste. Je fis moins le malin en me retournant sur mes deux partenaires. La première s’en était sortie sans trop de dommages, si ce n’est l’une ou l’autre phalanges du poing écorchées. La seconde, en revanche, s’était légèrement ouvert la lèvre. « Fais voir ? » lui dis-je en récupérant son menton entre mes doigts pour vérifier l’ampleur des dégâts. Ce n’était rien de grave. « Si tu as besoin que j’aille expliquer à ta famille comment un repas dans la mienne a pu déboucher sur ce genre de blessures, j’irai m’expliquer. Désolé que ça se soit passé comme ça. Vraiment. » Je fis un signe de tête à ma sœur et lui lançai mes clés. « Montez dans la voiture, je vais arriver. » Le patron, prostré, s’avança vers moi de son air penaud, comme s’il était responsable et je ne souhaitais pas que notre convive assiste à un tel spectacle. Il méritait mieux que de s’aplatir devant moi pour m’entendre le rassurer en glissant quelques billets dans sa poche pour les dommages et lui promettre que mes hommes – toujours discrets – se chargeraient de tout nettoyer pour nous. Ça me dura cinq grosses minutes au cours desquels garder mon sérieux s’avéra plus compliqué qu’à l’habitude. Alors, en pénétrant dans la voiture, je succombai à une forme d’hilarité contagieuse. « Dieu que ça fait du bien. » conclus-je en redémarrant le moteur . Nous en avions assez fait pour cette nuit.

Petit à petit, Lyla prenant de plus en plus de place dans notre famille, je m’autorisai à me montrer sous mon jour le meilleur, me joignant souvent à ma benjamine pour  boire un verre en compagnie de la Mexicaine et de Munez. Il ne m’était pas totalement étranger. Je le rencontrais régulièrement sur son lieu de travail, mais plus nous nous fréquentions en dehors, plus il approchait davantage du bon pote que de l’employé de boîte bossant pour Manuel Herrera. Il était autant mon associé que mon ami et, si passer une soirée au Gato Negro n’était jamais un supplice pour moi. Je m’y sentais plutôt bien. Le spectacle de ces filles se déhanchant sur des rythmes endiablés était réjouissant pour mes pupilles envieuses. Toutes sortes d’idées graveleuses me traversaient l’esprit quand mes yeux avides s’appesantissait lourdement sur la croupe des plus pulpeuses d’entre elles et la simple éventualité qu’un autre homme pose sur ma sœur le même genre de regard me rebutait au plus haut point, sans quoi aurais-je dit oui  sans hésiter. J’avais été convié par Mani, l’invitation était acceptée depuis un moment, mais je prétextai un agenda trop chargé avant de prendre congé, le temps d’une cigarette, histoire d’y réfléchir sans être parasité par la mine suppliante de Lyla. Elle aussi, elle était attachante par biais des aspects, principalement ceux qui me rappelaient l’objet de mon inquiétude. « Je te vois venir, mais j’ai vraiment autre chose de prévu, Lyla. J’ai une affaire à faire tourner et je ne peux pas me libérer comme je veux. Ce serait beaucoup trop facile. » lui mentis-je sans aucun scrupule. « Je connais l’endroit moi aussi et crois-moi, les hommes là-bas s’y rendent surtout pour se rincer l’œil sur le dos des filles comme vous qui aiment danser. » L'expression qui habillait ses traits étaient indescriptible, mais je sus par avance qu’elle avait d’ores et déjà gagné. Alors, pour ne pas m’avouer vaincu trop facilement, je cherchai à la déstabiliser avec mes moyens. « Tu sais qu’à la façon dont tu insistes, on pourrait se demander si tu le fais pour qu’elle soit là ou parce que tu meurs d’envie que moi j’y sois ? » lançais-je l’œil pétillant de malice. «  Il suffirait de le demander clairement, je pourrais accepter. Je pourrais même consentir à ce que ma sœur t’accompagne si ça peut te donner bonne conscience.»  


***


« Cinzia, j’apprécie beaucoup Lyla. Je pense vraiment que c’est l'amie qu'il te fallait, mais sors-toi tout de suite cette idée de la tête, parce que ça n’arrivera pas. Ce n’est pas mon genre. Elle est trop mince. Trop lunatique et... pas pour moi, c'est tout ! » crachais-je à ma sœur qui me suivait à la trace dans chaque pièce de la maison de nos parents. « Très bien. Si ce n’est pas ton genre, c’est encore mieux. Elle a pas besoin d’un gars comme toi dans les pattes. Elle a juste besoin qu’on l’aide à redorer un peu son blason. Son mec a été véritable salopard avec elle. Je ne peux pas te raconter parce que c’était une confidence, mais crois-moi, tu aurais envie de lui casser la gueule. Il la prend pour une conne encore aujourd’hui. Ce serait bien qu’il la voit avec quelqu’un, qu’il ait plus l’impression qu’elle l’attend toujours, tu vois ? » Pas exactement. J’avais cessé de l’écouter au bout de la troisième phrase. Qu’est-ce qu’elle entendait par : un gars comme moi ? D’où elle tenait ce genre d’informations d’ailleurs ? En avait-elle discuté avec Lyla ? Lui avait-elle confié le même genre de tirades qu’à moi ? Cinzia jouait-elle les entremetteuses ? Était-ce, pour elle aussi, une façon de se convaincre que je n’ai rien de tentant ? Sans aucun doute. Je ne connaissais pas une fille qui ne se damnerait pas pour que je pose les yeux sur elle. Il n’y avait aucune raison à ce qu’elle représente l’exception, si ce n’est ce côté sympathique que je ne dévoilais pas souvent. « Dis-moi, Maruzella, qu’est-ce que tu essaies de me dire là ? Je lui plais pas ? Elle t’a dit ça ? » Elle ouvrit la bouche à plusieurs reprises, hésitant et cherchant à comprendre le but de ma question. Puis, elle m'assura sans ménagement, et un peu acerbe, que je n'étais certainement pas le centre de leur monde. « Je veux juste savoir si tu veux bien la sortir un peu, mais sans dire que ça vient de moi. Ce week-end serait l’idéal. » Je soupirai lourdement, fatigué par ses conneries, par sa naïveté et par sa façon de me mener par le bout du nez pour des peccadilles. « Oui, oui, ça va… » Heureuse, elle se pendit à mon cou, m'embrassant sur la joue avec reconnaissance. Cette excessivité était épuisante parfois et son laconisme encore plus. ça voulait dire quoi : « Fais ça bien, parce qu’elle va se montrer frileuse ? »  J’estimais avoir le droit à des explications. Je la suivis jusqu’à la salle de bain, mais je n'obtins aucune réponse claire. Elle me claqua la porte et nous laissèrent, ma frustration d'avoir à prendre des pincettes pour rencarder une fille sans l’avoir vraiment choisi et moi, sur le pas de la porte.

Il était hors de question que je lui téléphone pour l’inviter. J’étais déterminé à attendre de la trouver chez nous par hasard, ce qui ne tarda pas. Elle rencontrait mon père le soir même pour discuter d’un projet dont je n’avais pas eu vent et qui ne m’intéressait pas vraiment. Je supposais qu’elle savait à quoi s’en tenir, que son assurance était surfaite et destinée à l’empêcher de se démonter devant le monstre qu’était Ettore, mais je m’étais trompé. Je dévorai une assiette de pâtes quand elle apparut dans la cuisine. « Oh putain ! Tu tires une de ces tronches.» C’était un mélange d’incompréhension et de satisfaction. Ça ne pouvait signifier qu’une chose : il avait gagné, mais elle l'ignorait encore pour l'instant. Elle s'en doutait, simplement.. « Je ne sais pas ce que tu lui voulais, mais quoi que ça puisse être, je te l’aurais bien dit que ce n’était pas une bonne idée. Personne ici n’est jamais parvenu à obtenir de mon père ce qu’il attend précisément. C’est presque devenu un jeu pour lui. Je te l’aurais bien dit si tu m’avais demandé mon avis...D’ailleurs,  j'avais un truc à te demander moi aussi. Tu as prévu quelque chose ce week-end ? Parce que je me disais qu'on pourrait peut-être bouger un peu, toi et moi. À mon avis, tu en avais besoin avant, et là c’est encore pire. » Malgré les avertissements de ma sœur, je n’arrivais pas à imaginer qu’elle puisse refuser. J’y allai donc franchement… Peut-être même un peu trop.
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Lyla Gambino
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ft El gringo gruñón


Un rien était capable d’allumer mon courroux et de me transformer en furie. Un rien… Alors quand on s’en prenait à mes proches, on s’exposait à de terribles représailles. J’avais peu de patience en temps normal mais je n’en possédais pas une once quand on se montrait insultant et offensant avec mes amies et d’autant plus quand c’était Cinzia. J’ignorais pourquoi, elle suscitait chez moi ce besoin compulsif de la protéger et de la materner. Je le savais bien, pourtant, qu’elle était parfaitement capable de se protéger toute seule et de se défendre comme une grande fille élevée parmi des garçons mais c’était plus fort que moi. Je crus vraiment, au moment où je l’affirmai, qu’elle rentrerait dans ces toilettes pour me laisser en découdre avec ces connards. Je compris l’étendue de mon erreur lorsqu’elle se saisit d’un tabouret et qu’elle le brandit comme une arme, un sourire illumina mon visage, c’était comme si on venait de me donner l’autorisation de lâcher les chiens et je m’en donnais un cœur joie. C’était toujours plus drôle de se battre avec des hommes plutôt qu’avec des femmes, il n’était pas question de crêpage de chignon ou de griffures, seulement de coups, des vrais. Bien entendu, on ne s’en sortait pas indemnes mais je n’encaissais pas trop mal quand on ne cognait pas dans mes points faibles et qu’on me laissait le temps de me mouvoir pour asséner mes attaques éclairs. C’était la clé pour les petits gabarits comme le mien. Je ne pouvais pas vraiment compter sur ma force ou mon côté impressionnant, je n’avais que ma rapidité et ma technique pour palier à la force brute de mes adversaires. J’étais à bout de souffle lorsque j’eus donné la dernière droite et je ne sentais plus vraiment mes mains mais je me sentais mieux, comme si tous ces types incarnaient mon angoisse et que je pouvais enfin lui donner la leçon qu’elle méritait. Je jubilais, envahie par une euphorie qui ne durerait pas, je le savais. Le retour de manivelle, je me le prendrais en pleine gueule et je sentais déjà la crise de compétition poindre. Je me saisis de sa main pour la défaire lentement de mon visage, je n’avais pas besoin qu’on s’inquiète de moi comme si j’étais une chose fragile, je savais me défendre toute seule. « Ils ont l’habitude, ce n’est pas comme si c’était la première fois, t’en fais pas pour ça et ne sois pas désolé. Vraiment ! » Je lui offris un clin d’œil et agrippai le bras de Cinzia pour l’entraîner dans la voiture, espérant que l’air frais me ferait du bien, ce fut le cas mais il réveilla mon envie d’un joint que je roulai à la hâte dans la voiture et que je rangeai dans ma poche pour le fumer plus tard, pas sûre qu’il serait d’accord pour que je fume à l’arrière de sa caisse de luxe et je ne voulais pas gâcher l’hilarité générale.

Je n’aurais jamais imaginé qu’il se grefferait au duo détonant que nous formions avec Cinzia et que par la même occasion, il entraînerait mon frère à sa suite. Nous étions un petit groupe animé et drôle mais il valait mieux nous avoir en photo qu’en vrai. Nous étions bruyants et agités et nous ne manquions jamais une occasion de nous retrouver tous ensemble pour boire quelques verres et profiter de la vie new-yorkaise. Je savais que de la présence de Luciano dépendait celle de sa sœur et j’insistais toujours pour qu’elle l’invite, ce qui nous évitait de mentir à ses frères et à son père et donc de risquer de la mettre dans une sale situation. Certes, ça limitait beaucoup nos possibilités et notre liberté de mouvement mais je préférais cette option à celle du mensonge, je ne pouvais prendre la responsabilité d’une chose pareille sur mes épaules, principalement depuis la fois où j’avais été rappelée en urgence et où elle avait finie raide bourrée sur le parking du Gato Negro. Ca avait fait l’objet d’une longue discussion avec Muñez et il n’avait pas manqué de souligner qu’il avait bien remarqué que son chef avait jeté son dévolu sur la gamine et qu’il s’en était probablement fallu de peu avant qu’il ne lui retire sa robe. Cinzia était innocente mais pas stupide, je ne la pensais pas capable de retirer sa culotte pour le premier connard venu et surtout pas pour un fils de pute tel qu’Herrera. Je ne me retrouvais à lui rendre service que pour empêcher à mes frères de crever dans leur sang, mais certainement pas pour sa reconnaissance ou son pognon qui puait le viol et la drogue. C’était le genre de type qui se parait de beaux atours pour dissimuler le monstre qu’il était et j’avais un don pour les voir, ceux-là. Si Luciano pouvait se mettre entre ces deux-là, je ne pouvais qu’applaudir des deux mains et je refusais d’embarquer Cinzia au Gato Negro pour la jeter dans les filets de ce beau parleur qui se croyait irrésistible. « Je comprends, je pensais juste que ça te tenait à cœur de faire plaisir à ta sœur, parfois. Je me suis trompée. » répliquai-je en soutenant son regard sans ciller. Il jouait les types ultra-préoccupés quand ça l’arrangeait. J’avais appris à déchiffrer certains de ses comportements à force de le côtoyer. « Personne ne nous regarde vraiment, tout le monde s’en tape et encore plus quand on est déguisé ! » Pour une fois que j’essayais de faire les choses de la bon façon, il fallait que l’on me pousse à préférer l’option la moins louable, c’était quand même dingue ! Je me décomposai, heureuse de ne pas avoir à souffrir de ça avec mes frères. Je n’aurais pas supporté d’être sans cesse fliquée, d’avoir à demander la permission pour tout et surtout de rendre des comptes. Cette simple idée m’était insupportable. Il me prit au dépourvu avec sa réplique, j’ouvris des yeux ronds, le fixai avec incrédulité avant d’éclater d’un rire franc. « Bien sûr, je ne rêve que de toi, nuit après nuit, Luciano ! » Je lui donnai une tape sur l’épaule comme je l’aurais fait avec mes autres potes, au comble de l’hilarité. « Tant qu’elle peut venir, tu peux te raconter les histoires que tu veux. Je pourrais même faire semblant d’être ta cavalière pour que les autres filles me jalousent et mettent le paquet pour t’avoir. Les latinas aiment le défi ! Tu n’auras pas assez d’une vie pour me remercier après ça ! » lâchai-je avec sérieux avant de lui faire signe qu’il était temps de rejoindre les autres à l’intérieur. Je n’avais jamais envisagé le frère de mon amie, d’abord pour une question de respect mais aussi parce que je connaissais ce genre de types, trop bien à mon goût. Il valait mieux être leur amie que leur gonzesse.


***


« Pourquoi tu ne rappelles pas Carlos, il est vraiment mignon ! » « Pas besoin, j’ai tout ce qu’il me faut dans ma vie. » « Pas de mari, pas d’enfants… Je pensais que tu voulais fonder une famille, ça ne se fait pas sans un homme. » « Pas tout de suite. Je ne suis pas prête. » « Et Ruben continue à se pavaner comme un paon en pensant que c’est parce que tu serais prête à te jeter à ses pieds pour qu’il te reprenne. C’est pas possible, ça, Lyla ! » « Qu’il croit ce qu’il veut, j’en ai rien à foutre ! » « Pour une fille qui n’en a rien à foutre, tu as l’air à chaque fois gêné dès qu’il est là et qu’il vient te saluer. » « Parce que je le suis. Ecoute, Cinzia, je t’adore mais je ne veux pas m’encombrer d’un mec, émotionnellement, je ne suis pas prête. Je me remets tout juste de mes fiançailles ratées et la baise sans engagement, trop peu pour moi. J’ai essayé, ça ne me convient pas du tout. » Fort heureusement, elle fut plus intéressée par les détails de ma vie sexuelle en Afghanistan que sur ce que j’avais encore à dire sur l’épisode Ruben et tant mieux, ce fut presque plus facile pour moi de parler de ces péchés commis à l’autre bout du monde alors que je croyais que j’allais mourir demain que de parler de cet enfoiré qui m’avait prise pour la reine des connes et m’avait obligée à avorter. J’avais parlé de ça une seule fois à Cinzia, lui donnant le détail pour que nous n’ayons plus jamais à aborder ce sujet mais malheureusement, il revenait régulièrement sur le tapis. Elle ne comprenait pas comment j’avais pu le laisser s’en tirer à si bon compte. Et parce qu’elle était une amie dévouée, je crus bon de tenter de convaincre son père que vivre sous le même toit, elle et moi, serait bénéfique à tout le monde et sans pour autant virer à la débauche. Il ne comprit pas très bien mon point de vue, malheureusement et je me retrouvai, dépitée, à devoir annoncer à Cinzia que nos projets devaient être revus. Entendant du bruit dans la cuisine, je me dirigeai là-bas en espérant la trouver mais je tombai sur un Lucky affamé. « Te fous pas de ma gueule, j’étais partie pour gagner, je me demande encore comment j’ai fait pour me faire dépasser si facilement. » Je me passai les mains sur le visage, essayant de relativiser mais j’avais sans doute promis l’impossible trop vite à Cinzia. « J’aurais au moins essayé ! » Je soupirai, me posant sur une des chaises de la cuisine, me demandant quand la fille de la maison arriverait pour entendre la mauvaise nouvelle, préoccupée par les modalités de cet accord et comment j’allais pouvoir faire gober ça à ma famille quand il lâcha ce qui me fit l’effet d’une claque. Je tournai ma tête vers lui et après une seconde de silence, j’éclatai de rire. Il était doué pour me dérider en un temps record, malgré lui. « Ta sœur est comprise dans l’équation ? Parce que dit comme ça, ça ressemble à un rendez-vous… » Je ris à nouveau, pensant qu’il allait dissiper tout doute mais son visage et l’expression qui s’y afficha me détrompèrent.

« Ah, c’était une invitation ?! Ah… Oh ! J’ai l’air désespéré à ce point ? » repris-je avec humour pour essayer de détendre l’atmosphère. « Je te remercie vraiment, mais je ne sors avec personne et surtout pas avec le frère de ma meilleure amie, sauf, si tu considères cette sortie comme une sortie entre potes. Ouais, on peut aller voir un match, picoler et vomir dans le même caniveau, ça me va. » Je crus qu’il allait abandonner, sans doute parce que je ne lui rendais pas la tâche évidente mais il dissipa tout malentendu et m’assura que c’était simplement une sortie entre connaissances, sans malentendu et qu’il aimerait bien m’emmener danser au Gato Negro. Danser au Gato Negro ? Je l’avais entendu râler quand il avait dû se déplacer sur une piste pour deux, trois pas, ça ne pouvait pas venir de lui. Je m’arrangerais plus tard avec sa sœur. Je tins bon pourtant et le remerciai de sa proposition avant de mettre les voiles, décontenancée. Le samedi suivant, il était en bas de chez moi, endimanché et insistant pour que je l’accompagne. Je n’eus pas le cœur de le planter là. Je lui proposai de monter et ma mère eut l’impression que c’était déjà Noël, je regrettai amèrement d’avoir été bien élevée. Je filai prendre une douche, j’enfilai une robe près du corps, me maquillai à peine mais agrémentai le tout de quelques bijoux et de chaussures à talons avant de le rejoindre et de le pousser vers la sortie avant que ma mère ne parle de mariage. « Désolée, elle a du mal à comprendre la notion d’amitié homme/femme. Par contre, je t'avoue que j'aime pas trop avoir l'impression qu'on me force la main. Je ne t'ai pas dit non par hasard mais parce que j’ai pas envie d’avoir à donner des explications à tout le monde alors que je ne fréquente personne. Ma mère est déjà en train de réserver le traiteur pour le mariage, elle croit que je suis gouine alors tu penses ! J’aurais sans doute moins d’emmerdes avec une gonzesse. » Je ris tout en grimpant dans sa voiture, tentant de me raisonner alors que cette visite non prévue m’angoissait et m’avait mise dans un état difficile à gérer. J’espérais simplement que ce ne serait pas plein de tous les gens que je connaissais. Comme par hasard, c’était quand on ne voulait voir personne qu’ils étaient tous là, à répondre présent. Ils vinrent tous me saluer, fixant mon acolyte avec intérêt et curiosité, je ne leur offris aucune explication, pas la moindre ! « Putain, c’était vraiment une idée de merde en fait. Je vais devoir trouver une explication et j’en ai aucune qui ne me fasse pas passer pour une salope ou pour une pauvre fille. Je sais que tu fais ça pour ta sœur, parce qu’elle a pitié de moi mais la prochaine fois, t’auras qu’à lui dire qu’on est sortis et on ne fera rien, t’as pas à t’imposer ç-… » Mon regard accrocha une silhouette familière et je voulus détourner les yeux avant qu’il ne me voie mais ce fut trop tard. Son regard s’attarda sur la place à côté de moi et ses sourcils se froncèrent tandis qu’il fendait la foule pour venir me saluer. Niveau d’alerte maximal, l’angoisse m’aurait presque étouffé. « Bonsoir Lyla, comment tu vas ? » « J’allais mieux avant que tu ne te trouves en face de moi, Ruben ! » Il reluquait mon accompagnateur de haut en bas avec un brin de mépris. « Tu ne me présentes pas ? » « Pourquoi, je devrais ? » « Je ne sais pas, on a quand même failli se marier, ce n’est pas rien ! Il t’a fallu quoi ? L’armée puis un sacré paquet d’années pour t’en remettre, il a peut-être besoin d’être informé. » Mon cœur battait à tout rompre, j’étais muette et je sentais mes lèvres s’engourdir, signe qu’une crise était proche. Machinalement, je me saisis de la main de Luciano pour tenter d’y puiser un peu de courage pour me lever et partir, je n’avais rien à opposer à ce trou du cul. Absolument rien. Et je refusais de fondre en larmes sous ses yeux.






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Luciano Gambino
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La cruauté est essentielle si l’on veut conserver le pouvoir. Sans elle, on apparaît faible et les adversaires en profitent. Comme les chiens : celui qui aboie le plus fort devient le chef de meute. [Saviano]

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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyVen 27 Nov - 22:37





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft La bambola


Avant que la Cinzia n’ait l’excellente idée de froisser mon égo de narcissique assumé, je voyais surtout en Lyla la bonne copine avec laquelle on plaisante sur tout et surtout sur rien, celle que l’on taquine sans arrière-pensée, mais parce qu’elle mousse si rapidement que ça en devient amusant. Je n’avais par ailleurs jamais cherché à saisir certaines de ses réactions. Quand elle repoussa délicatement ma main, dans ce bar où une rixe éclata, alors que je vérifiai simplement que sa mère ne succomberait pas à une crise cardiaque en la retrouvant le lendemain matin, je ne souhaitais pas vraiment à comprendre ce qui du geste ou de mon inquiétude la dérangea le plus. Je supposai seulement qu’elle était sculptée dans le même bois que ma sœur, qu’elle jouait les femmes fortes faussement émancipées pour se convaincre qu’elle en est la digne représentante. En général, ça les rassure davantage que d’accepter qu’elles restent fragiles par définition. De mon point de vue, c’était pathétique, touchant, mais également révélateur de son comportement aux moindres de mes sous-entendus concernant un hypothétique attrait entre nous. Elle le traduisait comme une sollicitation grave à tourner en dérision par mauvaise foi. Elle riait alors plus fort, trop fort pour être aussi indifférente qu’elle voulait bien le faire croire. Évidemment, je ne la contrariais pas. Ça n’avait aucun intérêt, surtout qu’au final, ça m'importait peu. Pourtant, durant cette fin d’après-midi dans la cuisine de mes parents, son hilarité me vexa sincèrement. Qu’y avait-il de drôle dans mon invitation ? Elle était franche et sans détour. J’aurais pu y mettre plus de formes, quitte à l'embarrasser, mais fort des conseils de ma sœur, j’avais tout fait pour qu’elle ne ressemble à pas la proposition romantique du type impressionné par sa beauté. « Pourquoi, il faut être désespérée pour avoir envie de sortir avec moi ? » crachais-je contrarié en ramassant mon assiette pour la ranger dans le lave-vaisselle. « Je ne t’ai pas demandé de me lancer ta petite culotte au visage, je te propose d’aller boire un verre et de t’emmener danser. » Il s’en fallut de peu pour que je l’assomme d’une remarque aussi désobligeante que sa réaction, mais je retins de justesse, reconnaissant le pas de ma cadette dans le salon. « Je ne vois pas ce que cette idée a de si drôle. » Elle n’en démordait pas pourtant. Elle ne viendrait pas et pour réprimer ce besoin oppressant de la recadrer de quelques mots acérés, j’avalai un verre d’eau sans rien ajouter. Qu’est-ce qu’elle s’imaginait ? Qu’elle allait s’en tirer à si bon compte ? Personne ne me dit non ! Je n’avais pas souvenir que ça soit déjà arrivé. Moins encore lorsque je suis réellement dénué de la volonté farouche de la coucher dans mon lit. Au contraire, j’étais plutôt animé de celle de rendre service à ma petite soeur, même si elle ne le méritait pas vraiment. Une chose était certaine, on ne m’y reprendrait plus avant longtemps.

Jamais je ne me serais pointé chez ses parents si la Cinzia n’avait pas tant insisté. C’était presque prémonitoire vu ce que Lyla exigea en cabrioles avant d’accepter. Je la soupçonnais même d’avoir cédé pour réduire sa mère au silence. Elle me posait mille questions à la minute, m’autorisant à peine à y répondre. Si je ne l’avais pas arrêtée poliment, elle m’aurait réchauffé une assiette par hospitalité. Elle me rappelait tellement Girolama que je fus pris d’une vague d’affection pour cette dame haute en couleur. Elle me mettait plus à l’aise que sa fille. L’attente parut moins longue et les manipulations de la Cinzia revêtaient beaucoup moins d’importance. J’aurais presque réussi à croire que j’étais content d’être là si Lyla ne s’employait pas à m’assommer d’affronts répétés. Je remarquai à peine qu’elle était radieuse dans sa tenue de soirée tant elle m’offusquait et une fois dehors, je ne pipai mot pour lui offrir tout l’espace nécessaire à dégeler l’atmosphère qu’elle refroidissait  volontairement. « Moi non plus, je n’aime pas qu’on me force la main et pourtant, je suis là. Et je t’assure que ce n’est faute d’avoir cherché une fille désespérée à pendre à mon bras.» lui répliquais-je enfin, d’abord mauvais puis plus délicat alors que je commençais doucement à percevoir le nœud du problème. Elle subissait la pression parentale, ce qui nous offrait un point commun. « Écoute Lyla, je n’ai pas envie de me disputer avec toi et là, ça me semble plutôt mal parti. Tu n’avais rien de prévu et moi non plus, donc, je suis venu te chercher. À la tête que tu tires, j’ai l’impression que je t’emmène au bagne. Tout ça à cause de ce qu’on pourrait penser de toi ? » Je quittai des yeux le rétroviseur pour le poser sur elle un instant, histoire de jauger de sa réaction. Elle paraissait tellement préoccupée par sa réputation que je me radoucis. « Et si on se contentait d’essayer de passer une bonne soirée sans se prendre la tête ? Je te promets que je te tiendrai les cheveux pendant que tu vomiras dans un caniveau et si ça ne va vraiment pas, on rentrera. On finira la soirée avec ma sœur. » À condition qu’elle soit à la maison comme elle me l’avait annoncé. Je n’étais plus sûr de rien la concernant. Elle mentait de plus en plus et n’hésita pas à semer sa garde, me causant à elle seule plus de tracas que Caitlyn.  

Nous avions à peine posé le pied sur le fief de Manuel que nos connaissances respectives vinrent nous saluer tour à tour. Personne ne nous interrogeait directement, mais certains – à commencer ces gens qui partagent son quotidien – nous observaient en quête d’un geste ou d’une attention qui assouvira leur soif de savoir. Personnellement, je m’en moquais éperdument, mais pas elle. Plus nous avancions, plus elle se contractait. Elle avait cruellement besoin d’un verre et contrairement à l’habitude, je l’accompagnai en nous choisissant une table. « Expliquer quoi, Lyla ? Pourquoi tu devrais expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit ? Tu es une grande fille, non ? Tu es majeure et vaccinée aussi. Toute cette pression que tu te mets, ça te rend insultante. En quoi est-ce que sortir avec moi fait de toi une salope ou une pauvre fille ? Qu’est-ce que je dois comprendre ? Que je suis un pauvre type ? Que je ne serais pas assez bien pour toi ? » C’était mal me connaître. Je ne m’affichai pas souvent en public avec la première pétasse venue et j’aurais aimé qu’elle en ait conscience. Ça m’aurait évité d’avoir à la secouer pour qu’elle me témoigne un peu plus de respect. « Je ne sais pas qui tu es et ce que tu as pu te faire pour avoir si peu d’estime pour toi, mais peut-être que si tu arrêtais de te justifier pour un oui ou pou un autre, les autres n’attendraient pas à ce que tu le fasses systématiquement. » Je m’enfonçai dans ma banquette, la dévisageant sans méchanceté, mais soucieux de comprendre pour quelles raisons elle s’obstinait à rendre ce moment si pénible. « Tu sais, on pourrait vraiment passer une bonen soirée si tu y mettais du sien. » Cette conclusion sonnait comme la fin des hostilités. J’allais mettre un terme à son supplice puisque ma présence l’insupportait, mais un personnage au teint mat, grand, beau gars, l’air conquérant et peu tracassé par la notion de respect envers son prochain. Le pauvre. Il ne savait pas qui il tentait d’humilier. Sa seule chance, c’était de compter parmi les hommes de Mani et qu’il n’était pas envisageable que je diminue ses rangs pour une question d’honneur, sans quoi, je l’aurais abattu sur-le-champ. Au lieu de ça, je tournai la tête vers Lyla, surpris qu’elle me prenne la main après son comportement précédent. Peut-être y cherchait-elle un peu de soutien. Peut-être même qu’elle voulait donner le change pour ne plus l’être, cette pauvre fille à laquelle elle se réduit souvent. Je n’en avais aucune idée, mais ce n’était pas le problème. Ce type était le mec à abattre aux yeux de ma sœur. Il était la seule raison de ma présence ici finalement. Elle se montra évasive sur bien des plans, mais pas celui-là. Ces arguments, une fois cumulés, réveillèrent la pire part de moi.

Alors qu’il s’apprêtait à ouvrir la bouche pour cracher un peu plus de venin – il ne se taira pas tant qu’il n’aura pas été au bout de son travail de sape -  je me redressai pour planter mon couteau dans le dos de sa main. Son cri était un mélange de rage ou de douleur et moi, j’affichai ce sourire cruel qui levait tous les doutes possibles sur ma personnalité. Je surenchéris d’un coup de tête bien calibré, juste à l’arête de son nez, il en fut sonné, et j’en profitai pour le contraindre à s’asseoir sur la seule chaise vide à la table. À croire qu’elle l’attendait. « À qui veux-tu présenter des excuses en premier ? À ton ex pour tout ce que tu lui as fait ou à moi d’avoir osé me prendre pour un con ? » Il répondit par un gémissement et non content de sa souffrance, je remuai littéralement l’opinel dans la plaie. « Tu disais, je ne t’ai pas bien entendu ? » Il les bafouilla à contrecœur, conscient que je n’aurais pas hésité à les lui arracher alors que le monde nous ignorait complètement. « Tu vois quand tu veux ! » m’exclamais-je penché vers lui pour lui tapoter la joue avec condescendance avant de l’assommer pour de bon cette fois plus pour son bien que pour le mien. S’il se sentait pousser des ailes de revanchard, je l’aurais tué. Aussi, sans mots dire, récupérais-je mon couteau et entrainais-je Lyla à ma suite le plus loin possible de ma proie.

J’étais d’un calme olympien en grimpant dans la voiture, mais ce n’était qu’un leurre. J’étais hors de moi. Ce fils de pute avait la tête dure et je n’avais pas maîtrisé ma force. Mes phalanges craquèrent sous le choc et mu par un réflexe, je secouai ma main engourdie pour la réveiller un peu. De plus, comme si ça n’était pas suffisant pour cette nuit, je fus pris d’une migraine, ce qui ne pouvait signifier qu’une chose : ma cruauté avait faim de sang, de sexe et de violence. Comment avais-je pu permettre à ce connard de bousculer ces principes auxquels je m’accroche fermement pour répondre aux impératifs des hommes d’honneur ? Comment ? Il n’était qu’une sous-merde, un enfoiré qui me renvoyait en plein visage mon attitude avec l’Irlandaise. La seule différence, c’est qu’elle est davantage la victime de mon père que la mienne. Avec elle, c’est aussi inacceptable que tolérable. Ce n’était qu’une question de point de vue. Je me prenais au jeu parce qu’elle revêtait à merveille le rôle de l’antidépresseur et je ne me donnais pas une heure pour l’appeler et m’inviter dans ses draps. Le temps de traverser la ville par deux fois pour ramener Lyla à ma sœur et retrouver Manhattan. En attendant, je respirai une bonne fois pour ne pas repousser Lyla avec trop de conviction si, par malheur, elle tentait un geste anodin dans ma direction. Elle me connaissait si peu, la pauvre. Elle n’avait aucune idée de la folie dissimulée derrière cette quiétude plus inquiétante qu’un cri ou qu’un coup de pied dans une carrosserie. Pour l’éviter, je m’adonnai à ce que je faisais de mieux et sans me forcer : laisser parler ma colère sans hausser le ton, mais avec agitation, n’aspirant qu’à me montrer désagréable. « Tu es vraiment une drôle de fille toi. Tu t’étonnes que ta mère te prenne pour une lesbienne, tu crois que les autres te jugent en permanence et tu as même réussi à te persuader que ma sœur avait pitié de toi. Et tout ça à cause de ce genre de type ? Une raclure qui se prend de haut parce qu’il fait partie de ce que vous appeler un gang ?  » Je secouai la tête, indigné, mais sans trace de mépris. J’ignorais tout de l’amour et de ses chagrins. Dans l’absolu, je ne pouvais pas comprendre, mais me montrer odieux m’aidait à gérer ce qui m’animait, à commencer cette volonté de récupérer ce qu’il pense acquis et qui l’est certainement : son ex. C’était malsain, indigne de moi et peut-être même d’elle, mais ça résonnait tant et si bien à mes tempes qu’il ne faudrait pas grand-chose pour que ça prenne des allures d’obsession ou de nécessité. « Où elle est la fille qui s’est battue contre une bande de gars allumés et complètement saouls parce qu’on avait manqué de respect à ma sœur ? Parce que là, moi, tout ce que je vois, c’est la pauvre fille de tout à l’heure. Celle qui aimerait bien qu’on la respecte, mais qui s’écrase devant son ex parce qu’elle refuse de suturer la plaie. »





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Lyla Gambino
Lyla Gambino
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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptySam 28 Nov - 19:58





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft El gringo gruñón


« Non, il faut être désespéré pour avoir envie de sortir avec moi. C’était ce que j’entendais par-là, Luciano, ne va pas t’imaginer que je me montrais méprisante. C’est pas du tout mon genre et encore moins avec les gens que j’apprécie.» Je ne me serais pas permise, déjà parce qu’il était le frère de ma meilleur ami et que l’insulter lui, c’était, d’une façon ou d’une autre, servir la même chose à Cinzia et à sa famille mais aussi parce qu’il avait trouvé le moyen de se faire une place dans mon quotidien et j’étais toujours contente de savoir qu’il se joindrait à nous pour la soirée. Quand il ne se vexait pas pour un rien, il avait beaucoup d’humour et on passait de très bonnes soirées à trois ou à quatre, selon les invitations qui étaient lancées. Notre sport favori restait de cracher notre venin sur les gens qui nous entouraient, quand je ne gratifiais pas l’assemblée de blagues d’un goût douteux et qu’il rebondissait dessus avec esprit. « Rien, rien du tout, je pensais seulement que tu aimais passer tes samedis soirs autrement. » expliquai-je en haussant les épaules, essayant de détendre l’atmosphère en me montrant plus claire, il n’était pas question qu’il se sente insulté alors que tout ça était tourné contre moi et certainement pas contre lui. Tous mes efforts ne servirent à rien et encore moins mes explications sur le pourquoi je refusais de sortir avec lui. Ca n’avait rien à voir avec lui mais tout avec moi et mes principes et cette image que je refusais de renvoyer. C’était sans doute stupide de donner autant d’importance à l’opinion des autres mais j’estimais que certaines choses étaient préférables à d’autres. Tant qu’on ne me voyait avec personne, Ruben passait pour le connard de l’histoire. Pieux mensonge, je passais simplement pour la débile incapable de tourner la page, ni plus ni moins. Et ce qui me gênait vraiment, c’était toute la pression sociale qu’engendrerait un rendez-vous galant à la vue de tous. Toutes ces questions que l’on me poserait sans que je n’aie la moindre réponse à opposer. Ma mère me mettait déjà assez de poids sur les épaules, il n’était pas question que je rajoute celles des gens que je connaissais depuis que j’étais gamine, des amis, des connaissances et de toute la communauté. Je n’étais pas prête non plus, je préférais tourner en dérision l’intérêt dont je faisais l’objet, sincère ou pas, c’était plus facile à vivre pour moi, ça plutôt que d’arriver à l’énième rendez-vous et devoir annoncer la couleur pour finalement me faire plaquer et avoir l’impression de m’être une nouvelle fois investie dans le vent. Toutes mes amies s’y mettaient, les unes après les autres, pour me trouver l’homme idéal et j’éconduisais tous leurs prétendants, je compris bien vite que Cinzia avait poussé son frère à m’inviter parce qu’elle voulait avant tout me rendre service mais malheureusement pour elle, c’était tout le contraire, sans parler du fait que je m’étais retrouvée à vexer monsieur sans le vouloir.

J’eus l’espoir qu’il serait passé à autre chose entre temps, je compris que ce n’était pas le cas dès que je refermai la portière de la voiture. La soirée allait être longue, très longue. Dieu qu’il avait de la chance d’être de la même famille que Cinzia où il aurait eu le droit à un excès de mauvaise humeur dans sa face pour toute réponse. « Je t’ai déjà dit que c’était pas contre toi Luciano mais que je ne comprenais pas pourquoi tu désirais perdre ton temps à passer une soirée avec moi qui suis ce que je suis. » répliquai-je sans pour autant le regarder, fixant ce qu’il y avait dehors, me demandant si je ne ferais pas mieux de descendre de voiture et de rentrer chez moi mais je voyais ma mère à la fenêtre, nous observer. J’entendais déjà ce qui sortirait de sa bouche si j’osais remonter sans même passer une heure ailleurs. Tout plutôt que ça, même si je devais m’excuser. « Je suis vraiment désolée, je ne voulais pas me montrer désagréable, c’est juste que ça m’angoisse, tu comprends ? Je ne vois personne depuis… » Je me rendis compte de ce qui allait sortir de ma bouche et je le retins de justesse. « Un paquet de temps, alors je dois dire qu’un simple rendez-vous, même amical, ça fait remonter pas mal de choses à la surface. » Les mains tremblantes, je m’allumai une cigarette et je tirai dessus comme une damnée, entrouvrant la fenêtre et jetant un dernier regard au dragon Canjura. « Ok, on va faire comme ça. » Grâce à Dieu, j’avais pris mes médicaments avant même d’aller prendre ma douche, pour éviter qu’une crise d’angoisse me fauche en pleine danse et d’avoir à expliquer pourquoi j’étais encore plus atteinte que prévue. Il devait se demander dans quel guêpier sa sœur l’avait fourré et je ne pouvais pas lui jeter la pierre, il méritait mieux qu’un samedi soir avec madame bizarre. Sans même le vouloir, je le poussais dans ses retranchements et me retrouvais face à une situation ingérable, je lui lançai un regard désespéré et finis par baisser les yeux, doutant sérieusement de ma capacité à trouver les mots qui parviendraient à le convaincre que je ne pensais pas le quart de ce qu’il comprenait de mes propos. Mon cœur commençait à battre la chamade, j’avais de moins en moins de facilité à respirer et je sentais mes extrémités s’engourdir. Je n’eus pas l’occasion de bafouiller de nouvelles excuses puisqu’on m’offrir sur un plateau l’occasion de me montrer agressive et de repousser ma crise d’angoisse pour un temps. Ce qu’il advint par la suite était aussi inattendu que jubilatoire. Ruben se fit remettre à sa place comme je me retenais de le faire depuis bien trop longtemps et je dus serrer les poings et la mâchoire pour ne pas en rajouter une couche. Je me contentai d’un sourire victorieux en me levant, sourire dont il ne put pas profiter, pas plus que ce cul d’enfer que me faisait cette robe tandis que je quittais la boîte sur les pas de mon cavalier d’un soir. J’exultais et je m’empêchai de justesse de lui sauter au cou pour le serrer dans mes bras et le remercier.

J’aurais dû, ça lui aurait évité de trouver de bonnes raisons de me coller une haine de tous les diables. Je pris le parti de me rouler un joint alors qu’il déversait son venin et qu’un millier de saloperies me montaient aux lèvres. « Finalement, j’aurais même pas dansé ! » lâchai-je après de longues minutes de silence, lui tendant le joint que j’avais allumé et déjà bien entamé. « Si tu m’avais laissé en placer une au lieu de me juger, j’aurais pu te remercier pour ce que tu as fait et m’excuser encore une fois que ce soit toi qui ai dû te charger de ça ! » J’insistai pour qu’il me prenne ma cigarette magique des mains et tire un peu dessus pour calmer ses nerfs et m’épargner une autre salve de saloperies. « J’ai failli me marier avec lui, j’ai passé quatre ans de ma vie à tout lui donner et du jour au lendemain, il m’abandonne, enceinte et aux portes de l’église. Tu crois qu’il se passe une seule journée sans que je n’aie envie de le tuer ? Je ne pense qu’à ça, à lui casser la gueule, à lui et à ma pute de cousine et puis je me dis que si j’avais l’intention de l’épouser, il y avait une raison, une raison valable que je dois respecter en me montrant plus intelligente que ça. Dieu m’a déjà punie pour avoir enfreint les règles, j’aimerais éviter de m’attirer à nouveau son courroux. Ce qui explique aussi que je ne veuille pas sortir avec qui que ce soit, je limite les risques. » Il me rendit ce qui m’appartenait et je soupirai en m’en saisissant. « Ouais, on s’en tape en fait de mes histoires… La soirée n’est pas finie, je n’ai pas dansé et je n’ai pas vomi mes tripes dans le premier caniveau venu, alors si tu ne m’en veux pas trop d’être maladroite, j’aimerais me faire pardonner en t’invitant à picoler jusqu’à plus soif ! Mais avant je vais enfiler le pantalon que j’ai dans mon sac parce que je  commence à avoir sacrément froid aux miches et que si on fait la tournée des bars et que je ne tiens plus debout, ça m’évitera de m’humilier davantage. » Aussitôt dit aussitôt fait. Comment je me retrouvai dans le lit de Cinzia, en pyjama ? Je ne le savais pas, pas plus que je me souvenais des lieux visités la veille mais j’avais une gueule de bois terrible.


***


Dans la cuisine de ses parents où nous venions de partager un dîner pour fêter notre emménagement, je l’interpellai alors qu’il rentrait du jardin où il avait été fumer. « J’ai des places pour le match de baseball de la semaine prochaine et comme j’aimerais m’excuser pour la soirée de la dernière fois. Alors soit je te les donne pour que tu n’y ailles pas avec une pauvre fille qui aimerait qu’on la respecte ou bien, tu viens avec moi et je te montre que je sais m’amuser et rire sans me mettre à être insultante. Si, si, je te jure ! Allez, je te gaverai de bière et de hot-dogs ! » Je lui donnai un coup de coude et lui offrit un large sourire, j’avais l’impression que notre dernière soirée nous avait rapprochés, même si j’avais eu une folle envie de l’étrangler pour avoir été désagréable, je supposais que c’était à juste titre, mon frère m’aurait sûrement servi le même discours. J’allais lui offrir une blague de mon cru quand sa mère déboula, s’arrêta net et nous fixa d’un drôle d’air. Je déposai les places dans la paume de Lucky. « Elles sont à toi, fais en ce que tu veux. » J’offris un sourire à Girolama et je m’arrangeai pour ne pas me retrouver seule avec elle de toute la soirée.








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Luciano Gambino
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La cruauté est essentielle si l’on veut conserver le pouvoir. Sans elle, on apparaît faible et les adversaires en profitent. Comme les chiens : celui qui aboie le plus fort devient le chef de meute. [Saviano]

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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyMer 2 Déc - 0:34





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft La bambola


En toute sincérité, je n’avais que faire de ses explications qui me secouaient moins qu’une brise légère au printemps. J’étais têtu et de mauvaise foi. Certains s’accordaient même à dire et à penser que je suis plus susceptible que tous les Siciliens réunis, mais je n’étais pas tout à fait d’accord. J’estimais simplement que le respect que je méritais ne donnait matière à aucune négociation. Je ne transigeais jamais. Lyla pouvait se justifier autant qu’elle le désirait d’avoir confirmé les considérations précédentes de ma cadette, je demeurai sourd, froid, presque distant. Mes pupilles cadenassées aux siennes puaient le mépris. Mon silence se voulait aussi insultant que son rire et ses refus intempestifs. Tout ce dont la jeune Mexicaine écopa, finalement, fut un haussement de sourcils significatifs avant de quitter la cuisine pour fumer une cigarette sur le perron. La conversation s’achevait ici, mais pas l’entreprise en elle-même. Je n’avais pas seulement promis à ma sœur que j’aiderais Lyla à se changer les idées, j’étais également persuadé que si l’amitié était la seule à l’animer, elle n’avait aucune raison valable de m’éconduire. Le « non » plus de sens pour moi. L’adverse se biffa de mon dictionnaire par l’action du temps et par expérience. Avec de solides arguments, et qu’importe leur forme ou leur nature, tout le monde finit par se laisser convaincre. Le mien, pour cette fois, fut d’ignorer sa désapprobation et d’aller la débusquer dans tanière sans préavis. Mauvais plan. La nuit débuta mal, parce que j’étais toujours froissé et qu’elle ne supportait pas que je puisse me servir au mépris de ses envies. Il me fallut beaucoup de bonté pour désamorcer la dispute qui s’annonçait, mais qui finalement, en cachait une plus sournoise encore. Ni cris ni hurlements. Pas de combat de titans non plus. Je crachais mon venin à mesure que Lyla accumulait les maladresses et estimant que j’avais mieux à faire que perdre mon temps à lui entrer dans le crâne des évidences, je me décidai à mettre un terme à ce simulacre de soirée entre potes. Je m’apprêtais à me lever quand son ex – nul besoin d’être devin pour s’en douter – me révéla en partie ce qui l’agitait tant. Elle ne se dissimulait pas seulement des autres de leur jugement, mais de lui également. Cet enfoiré me démontra de la plus lâche des manières tout le pouvoir qu’il détenait toujours sur elle. Ce qu’il lui avait fait ? Ça ne me préoccupait pas. La cause, en revanche, me paraissait lipide comme de l’eau de roche. Elle l’aimait, ce fanfaron gigotant sur sa chaise pour une malheureuse lame plantée dans sa main, couinant comme une gonzesse, se débattant non pas pour son honneur, mais pour sauver sa misérable petite vie de merde. Elle l'adorait au point de lui permettre de la blesser encore, comme si c’était normal. Je me souviens m’être demandé ce qu’elle avait bien pu lui trouver quand moi, si j’en crois ma sœur et son entêtement à partager un moment d’amitié avec moi en tête à tête, je ne serais visiblement pas assez bien pour elle. Qu’avait-il de plus que moi ? Rien. Pourtant, il m’avait mis à bout de nerfs. Si je ne me calmais pas d’urgence, Lyla paierait le prix fort puisque à défaut d’être totalement responsable de mon élan impulsif et de mon inaptitude à le maîtriser comme il se doit. C’était entièrement de sa faute à elle et ses airs de ne pas y toucher, sa condescendance et cette souffrance si tangible maintenant que j’étais confronté à la nature de son problème. Lorsque nous étions tous ensemble, ce clown triste avait-il seulement déjà ri avec authenticité ? Je n’étais plus sûr de rien, mais comme j’étais en droit de lui reprocher ‘avoir autant de portes à Ruben pour la tuer à petit feu, je ne me gênai pas pour lui sous-entendre ô combien je doutais de tout la concernant : sa sincérité, son humour ou sa joie de vivre.

Par chance, ce qui se déroula dans la boîte de Manuel n’était qu’un échantillon des horreurs que j'étais susceptible de commettre quand la plus sombre part de ma personnalité se réveillait. Sans cela, je n’aurais pas trouvé assez de bon sens pour ne pas abattre Ruben d’une balle entre les deux yeux. Sans cela, j’aurais ramené Lyla pour avoir recours à mes pansements habituels, si d’aventures, je n’avais pas tenté de profiter de sa fragilité pour lui sauter littéralement dessus. Sans cela, j’aurais été incapable de distinguer la reconnaissance et l’honnête qui teintent son discours. Sans cela, tirer sur le joint d’herbe roulé plus tôt n’aurait eu aucun effet sur moi. « Je ne te juge pas, je constate, c’est tout. » commentais-je après une première latte. Elle l’avait chargé et je la remerciai d’un signe de la tête. Ce n’était pas aussi amusant que mes rituels, mais je ne doutais pas que ce serait efficace. La preuve, je l’écoutais avec une attention presque pieuse, écarquillant les yeux d’effarement en me demandant lequel, parmi les faits, était le plus dramatique : que sa famille lui ait planté un couteau dans le dos, qu’il l’ait abandonné la veille de leur mariage ou qu’il l’ait fait alors qu’elle portait son enfant. J’étais à court de mots intelligents pour partager mon sentiment. Je ne savais pas faire ce genre de chose. Je lui rendis ce qui lui appartenait, elle en avait plus besoin que moi désormais. « La seule raison valable que j’entends, c’est que tu étais jeune, donc stupide. On fait n’importe quoi quand on est ado. » conclus-je en soupirant, conscient que je m’étais montré trop dur avec elle, mais plutôt crever que de l’admettre. Tandis que le froid du dehors s’infiltrant par le carreau commençait à nous engourdir – ma colère y compris – et que nous achevions sa cigarette magique, j’en allumai une traditionnelle en tentant d’évaluer mes priorités : accepter de prolonger cette soirée pour raviver ses couleurs ou la ramener, comme je l’avais prévu en quittant le Gato Negro. Puis, reconsidérant son histoire, je songeai que lui tenir rancune pour ses fautes de goût et pour sa sensibilité était peut-être cher payé. Les pièces du puzzle s’assemblant peu à peu, je me surpris à penser qu’elle méritait mieux que ça. Peut-être était-elle vraiment différente des autres, plus à l’image de ma sœur ou de ce qu’était ma mère avant elle : des femmes respectables, des filles vertueuses. En cet instant, je n’étais pas assez lucide pour saisir que l’envisager comme tel, c’était ouvrir la fenêtre d’une porte pourtant bien close, où je me serais montré plus prudent. Au lieu de ça, je lui pardonnai tous ses faux pas. Je lui cherchai même avec brio des circonstances atténuantes. Elle était maladroite parce qu’elle s’était enfermée dans des principes désuets, mais pour le moins honorable. Dans ces conditions, tout homme tentant de l’approcher revêt les traits d'un prédateur ou représente un risque potentiel. C’était du gâchis. Je me fis cette réflexion en découvrant ses jambes nues pendant qu’elle se changeait là, à l’arrière de la voiture, s’offrant à mes prunelles curieuses accrochées au rétroviseur, comme si c’était normal, comme si cette fois, elle avait bien assimilé que je ne lui conterais pas fleurette avec pour seul dessein de lui arracher sa petite culotte avec mes dents. Bien sûr, le chasseur en moi vit défiler devant ses yeux mille idées toutes plus salaces les unes que les autres. Le mafieux, que j’aspirais à devenir pleinement, leva pourtant le drapeau blanc. Le même geste, trois minutes plus tôt, et j’aurais fondu sur elle pour la dévorer. Depuis, elle grimpa de dix degrés sur l’échelle de mon estime, car les filles comme elles sont rares. Lorsqu’on a la chance d’en rencontrer une, on l’épouse ou on la protège tel un ami bienveillant en attendant son heure dans l’ombre, l’heure où on se lancera dans une aventure plus grande que nous. Et moi, loin d’être prêt pour la première, je m’attachai à la seconde avec application ce qui fut tout, sauf une mince affaire.

La raclée de Ruben l’avait vraisemblablement mise en joie. Elle était remontée sur ressort et riait pour rien, sans retenue, m’entraînant avec elle sans que je m’en rende réellement compte. Chaque vacherie balancée sur le dos d’un client quelconque donnait lieu à un verre et chaque commande s’accompagnait d’un jeu ou d’un concours à la con. Bien éméchés, nous provoquâmes des bagarres auxquelles nous prenions part un moment avant de nous enfuir pour recommencer le même manège ailleurs. On fumait beaucoup, sans doute beaucoup trop. Il ne faisait aucun doute que, le lendemain, l’impression de m’être éloigné de mes objectifs me tiraillerait, mais je ne m’étais plus senti aussi vivant depuis mon intronisation. J’eus envie de l’embrasser une fois ou l’autre, juste pour le fun jusqu’à me souvenir qu’elle valait mieux qu’un baiser sans saveur mu par l’amusement. Cela expliqua certainement ce que me poussa à la retenir de se déhancher sur un zinc façon coyote girls tant elle était ivre. Cela justifia également que j ne la méjuge pas alors que je lui tenais les cheveux pour l’aider à déverser le contenu de son estomac dans la dignité. Il était tôt quand je la ramenai auprès de ma sœur. Pourtant, par réflexe ou par habitude, je téléphonai à Caitlyn pour me réfugier chez elle. La colère se dissimulait toujours en moi, là, quelque part dans mes tripes, à se débattre pour se libérer des verrous qui la maintenaient prisonnière. L’herbe, l’alcool et les rires n’avaient jamais été des remèdes suffisants pour me guérir. Jamais. Je m’adonnai donc à ce que je faisais de mieux : jouir de plaisirs coupables et me jouer de la naïveté d’une pauvre fille pour obéir à Ettore et me sentir enfin en symbiose totale avec ce que je devais être, mais ce que je n’étais pas : honorable.

Nous n’avions jamais reparlé de cette soirée, pas plus que nous réitérâmes nos exploits par manque de temps ou d’envie. Elle était rangée dans la case des bons souvenirs auxquels on repense avec le sourire de temps à autre. Personnellement, il n’était plus question que je l’invite et je doutais sincèrement qu’elle s’y colle. Les blessures causées par son ex n’étaient pas pansées. Lyla se justifiait toujours autant, ce qui plaisait énormément à mon père et à son besoin d’avoir les pleins pouvoirs sur les gens qui l’apprécient, mais qui m’agaçaient prodigieusement. Bien entendu, je n’avais pas la prétention de croire que notre discussion à couteaux tirés la pousserait à reprendre le contrôle sur son destin pour le mener comme elle l’entendait et non pour préserver les apparences. Mais, dès qu’elle ouvrait la bouche pour s’expliquer sans qu’on le lui demande, j’avais envie de lui enfoncer une serviette dans le fond de la gorge, qu’elle se taise définitivement et commence enfin à y réfléchir. Elle avait de quoi s’enorgueillir d’elle-même, mais elle s’arrêtait perpétuellement sur une malheureuse erreur de jeunesse. C’était d’une tristesse pathétique, d’autant qu’elle n’envoyait pas les beaux signaux. Comment espérait-elle trouver un bon parti qui lui passera la corde au cou si elle se ferme comme une huître devant un compliment, devant une question banale ou une simple constatation ? Je ne comprenais pas. Alors, quand elle paraissait dans mone sillage, je m’amusais à la flatter avec, au coin des lèvres, un sourire charmeur. Sa réaction était toujours la même, presque indescriptible. Dès lors, qu’elle ne fût pas ma surprise quand elle déposa entre mes doigts des tickets pour un match de football. « J’ai l’air si désespéré que ça ? » l’imitais-je avant d’en rire. « Il n’y a que deux places, ce qui veut dire que tu n’as pas prévu d’inviter ma sœur. Tu sais que ça ressemble à un rendez-vous dit comme ça ? » Je me penchai vers elle et le lui chuchotai comme s’il s’agissait d’un secret honteux à ne partager sous aucun prétexte et encore moins avec ma mère qui nous observait. Pour moi, qui ne l’avais pas entendue approcher, ça n’avait aucune espèce d’importance. Lyla, en revanche, elle se décomposa sur place. Elle fuit à toutes jambes pour la table familiale où l'attendait la Cinzia. Croiser le regard de Girolama était un supplice et ça m’amusa. Elle se comportait davantage comme la coupable de ce dont on l'accuse, mais qui crie son innocence que de la victime d’une erreur judiciaire. Sans doute en aurais-je joué un peu si sa démarche ne m’avait pas tant touché. Je patientai donc de me retrouver seul avec elle pour la houspiller comme il se doit. « Je te cherchais. » lui glissais-je alors que ma sœur venait de l’abandonner au salon pour quelques minutes. « J’ai des places pour le match de baseball de la semaine prochaine. Ça te dirait de te gaver de bières et de hot-dogs ? »  


***

Il y avait un avantage certain à semer le Bronx. A des kilomètres de chez elle, Lyla était moins susceptible de rencontrer une connaissance qui la mettrait mal à l’aise, ce qui sous-entendait que nous passerions fatalement un bon moment. Loin de ses soucis de considération, cette fille était un boute-en-train qui me réconciliait avec mon penchant pour l’humour et la franche rigolade. J’abordai donc notre soirée avec sérénité jusqu’à ce que le sort se joue de nous. Nous nous installions à peine dans les gradins quand les sièges voisins furent investis par une latino au fessier d’enfer qui manifesta avec excessivité sa joie de retrouver sur place une vieille copine de son quartier. Elle était en liesse, piaillant comme une pie, posant trop de questions inutiles, mais le plus irritant, à mon sens, c’était de sentir Lyla se raidir à mes côtés. Elle alla même jusqu’à bafouiller quand vint l’heure de me présenter à la curieuse tout excitée à l’idée de prendre Lyla en flagrant délit d’infidélité envers ses souvenirs. Il me fallut beaucoup de patience et de bon sentiment pour ne pas me lever et la planter là pour souligner que, visiblement, nos mères respectives n’étaient pas les seuls à rencontrer des difficultés à définir la notion d’amitié entre un homme et une femme. Je ne pouvais pas la blâmer. Je ne connaissais pas non plus, mais contrairement à la Mexicaine, j’étais assez bien dans ma peau et dans ma tête pour ne pas m'en inquiéter. Au lieu de ça, une fois la frustration passée, je m’autorisai à détromper cette explication bancale en m’arrangeant pour frôler ma cavalière à la première occasion. Les gestes étaient ambigus et à chaque fois que je m’adressais à elle, je réduisais la distance entre nous. Quiconque nous observerait de l’extérieur s’imaginerait que nous étions un couple qui s’ignore encore. La preuve étant, à la mi-temps, le régisseur de cette saleté de lovecam dût nous trouver touchant et je remerciai le hasard de nous afficher sur grand écran aux yeux de tous. C’était exactement ce dont j’avais besoin, non pour l’attirer dans mes filets, mais pour illustrer mes préceptes sur la justification intempestive. J’en haussai les épaules, feignant d’être désolé alors que je jubilais et, sans crier gare, son menton pris entre mes doigts, je l’embrassai avec une telle passion que notre voisine en demeura bouche-bée de stupéfaction un long moment. « Maintenant, tu pourrais être obligée de donner des explications. Avant, ce n’était pas nécessaire… » conclus-je l’air satisfait, conquérant et pas tout à fait indifférent à ce baiser au goût de trop peu. Je lui soupçonnai cependant un geste malheureux pour son intégrité ou pour sa vie et je bloquai ses mains sans brusquerie, mais fermement. « Allez, arrête ça, Lyla. Sois honnête avec toi pour changer et admets que tu en mourrais d'envie.»







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Lyla Gambino
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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyJeu 3 Déc - 22:24





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft El gringo gruñón


J’aurais voulu trouver les mots pour expliquer que Ruben n’était pas une erreur de jeunesse mais mon premier amour et qu’il aurait dû rester le seul mais je finis par fermer la bouche et expirer profondément. Je passais déjà pour une conne quand je prenais la peine d’expliquer pourquoi je refusais les rencards que l’on me proposait, il n’était pas question d’avoir l’air d’être encore amoureuse de ce connard. J’avais toujours imaginé que celui à qui j’offrirais ma virginité serait le seul et l’unique, que je pourrais m’unir à lui et ne plus me poser de questions. Au lieu de ça, mes plans avaient été chamboulés par l’inconstance d’un Ruben qui n’était pas fichu de garder sa queue au chaud et qui, depuis son mariage, passait le plus clair de son temps à papillonner plutôt qu’à s’occuper de sa famille. Dire que c’était le genre de vie à laquelle je m’étais préparée sans le savoir, ça me donnait la nausée rien que d’y penser. J’avais besoin d’exorciser tout ça et de boire jusqu’à oublier le désastre de cette soirée. Mon joint fini, j’étais déjà beaucoup moins sur la défensive et après quelques verres, beaucoup plus encline à plaisanter et à passer une bonne soirée. Je ne me souvenais pas de grand-chose, seulement de quelques éclats de rire avec un Luciano qui avait su mettre sa mauvaise tête au placard pour se montrer drôle et spirituel. Il ne me fit pas regretter le fait de l’avoir suivi même si je détestais que l’on me force la main. J’aurais loupé une bonne partir de rigolade si je l’avais envoyé se faire foutre et j’étais heureuse d’avoir pris sur moi pour sortir, ça ne m’avait pas fait de mal et hormis une cuite, j’avais gagné un nouvel ami. Il me fallut un peu de temps pour trouver comment le remercier pour sa prise de position au Gato Negro mais la solution finit par s’imposer à moi d’elle-même avec ces places tombées du ciel. Je n’imaginais pas qu’il accepterait et pour essayer de faire passer mon angoisse, j’usais de l’humour et cela sembla gagnant puisqu’il accepta mon invitation. Le plus compliqué fut de faire comprendre à sa sœur que je ne l’excluais pas mais que je souhaitais seulement remercier son frère pour l’immense service qu’il m’avait rendu et que je m’occuperais de la remercier prochainement, elle aussi. J’ajoutai que je m’entendais bien avec Lucky et que me rapprocher de lui serait la meilleure des façons d’obtenir de lui des autorisations pour les sorties à venir de la Cinzia. Cet argument termina de la consoler et elle me souhaita bonne chance pour ne surtout pas vexer son frère, parce qu’il était spécialiste en la matière et qu’il ne fallait jamais grand-chose pour que son caractère de merde gâche une bonne soirée. Marcher sur des œufs ne m’enchantait pas et je décidai d’y aller sans me prendre la tête, ce serait une bonne soirée sans le moindre accrochage et j’étais sûre que nous rentrerions satisfaits tous les deux.

Si je m’étais attendue à ça ! Lovecam de mes deux ! A partir du moment où Lorna s’était installée près de nous, il joua les séducteurs, me faisant trépigner de rage autant que de frustration. M’effleurer et me tenter alors qu’il n’était pas intéressé et que j’étais abstinente, c’était un plan à la con. Je ne comptais pas craquer pour ses beaux yeux, je ne comptais pas lui donner une quelconque satisfaction et surtout pas alors que je m’étais imaginée que nous étions désormais amis. Mais le pire arriva quand la lovecam fut braquée sur nous et qu’il se sentit obligé d’agripper mon menton pour m’embrasser contre mon gré. Je n’eus pas le temps de réagir et quand il me relâcha enfin, j’étais à bout de souffle et dans un état second. Ce fut tout ce dont ma colère avait besoin pour s’éveiller et prendre le dessus. Il se serait probablement mangé une baffe s’il ne m’avait pas bloqué les poignets. Je plissai les yeux, animée par mon courroux et je le toisai avec mépris. « T’es qu’un connard, Luciano ! » crachai-je pour qu’il soit le seul à m’entendre avant de me défaire brutalement de sa prise et de m’installer sur le bord de mon siège, le plus loin possible de lui. Les bras croisés, la rage accrochée au cœur, je ne vis rien du match, ruminant, incapable d’avaler quoi que ce soit et finissant par envoyer Lorna se faire foutre avant que le coup de sifflet final arrive et que je sois autorisée à sortir de cet enfer. Il m’avait semblé être une bonne idée de le laisser m’amener ici, si j’avais su, je l’aurais rejoint, j’aurais au moins pu rentrer chez moi et le planter ici, comme le connard qu’il était. Il tenta de relancer la conversation, comme si de rien était et je ne pris pas la peine de répondre, fixant ma fenêtre sans le regarder, espérant qu’il n’y ait personne sur la route pour ne pas avoir à le supporter trop longtemps. Lorsqu’il perdit patience face à mon silence, j’explosai. « Pour qui tu te prends, franchement ? POUR QUI ? Ça te fait marrer de te foutre de la gueule des principes des autres ? Hein ? Et de les obliger à faire ce que TU as décidé ? Si ça te fait rire, t’es bien le seul ! Je suppose que c’est la seule raison pour laquelle tu as accepté mon invitation, pour te foutre de ma gueule, à moi, la fille désespérée et pathétique ! C’est justement à cause de gars comme toi qu’on décide de ne plus sortir avec personne ! » Il me gratifia d’une réplique cinglante de son cru et au feu rouge, j’ouvris la portière pour descendre, sans regarder où je me trouvais. « Va te faire foutre ! » lançai-je en lui montrant mon majeur et en claquant la porte. Je ne rentrai chez Cinzia et moi que deux bonnes heures plus tard, le temps de trouver une âme charitable pour venir me récupérer, tout ça après avoir dû me calmer pour être capable d’attraper mon téléphone et de chercher dans mon répertoire.

***

Il me fallut des jours pour me calmer. Pas uniquement à cause de son geste malheureux mais parce que j’avais un peu trop apprécié l’instant. A mon sens, ce n’était que la conséquence logique de plusieurs années sans rapports et sans la moindre geste tendre échangé avec un homme. Ça n’avait rien à voir avec lui, lui que j’avais considéré comme mon ami, peut-être à tort. Néanmoins, j’avais besoin d’en avoir le cœur net. Je déboulai chez lui un matin, après ma garde, avec des croissants et du café pour que nous ayons une discussion. Il eut du mal à ouvrir la porte mais il finit par le faire, ce fut tout aussi compliqué pour lui de me faire rentrer chez lui, je dus lui certifier que je ne voulais pas me battre, seulement parler. « Ecoute, je suis désolée de m’être emportée l’autre soir, tu as dû remarquer que j’avais du mal quand on m’imposait quelque chose. Et ce soir-là, je n’ai pas compris pourquoi tu as fait ça, je ne comprends toujours pas. On s’entend bien pourtant, toi et moi, non ?? Pourquoi tout compliquer ? C’était peut-être seulement pour m’aider ou bien pour rigoler mais pour moi, Luciano, tout a toujours beaucoup de sens et ce genre d’amusement, ça me fait plus de mal qu’autre chose. » Je bus une gorgée de mon thé, espérant qu’il m’offrirait des explications et que nous pourrions envisager de sortir à nouveau ensemble, en groupe ou seuls, la vérité c’était que sa compagnie était appréciable. « J’aime bien quand on sort et que tu es là, tu me fais beaucoup rire, ce n’est pas pareil sans toi et l’idée qu’on soit fâchés me déplaît. »

***

Quelques explications ne suffirent pas à effacer ce baiser dont Girolama voulut parler avec moi et à qui je ne pus offrir aucune explication valable, malheureusement. Nous étions à nouveau amis mais je prenais désormais la peine d’enfiler un pantalon quand il débarquer à l’improviste, je ne me changeais plus sous son nez en me disant que ce n’était pas grave parce que nous étions amis. Il passait souvent pour des soirées film, on sortait en groupe au Gato Negro et parfois, quand on rentrait ivres morts de soirée, il dormait dans la même pièce que nous mais je partageais mon lit avec sa sœur, certaine qu’il n’y aurait aucun débordement dans ces conditions. Parfois, dans un état d’ébriété avancé, je vantais ses mérites et le complimentais, lui disant qu’il était un type génial et que j’adorais l’avoir comme ami avant de le serrer dans mes bras. Il était le préposé au soutien de mes cheveux dès que je vomissais et je lui servais de béquille quand il titubait un peu, souvent plus ivre que lui. Il nous arrivait de nous retrouver à la salle de boxe pour un entraînement qui tournait souvent à la rigolade parce que j’accumulais les coups bas ou les bêtises pour le faire rire. Mais ce soir-là, il était occupé ailleurs, il avait annulé notre virée dans les bars de la ville. Un peu déçue, je me dis que je trouverais probablement d’autres partenaires de beuverie d’ici là, j’étais en communication avec mon frère quand j’aperçus Ruben adossé à sa voiture devant la caserne. Il avait sorti son costume le plus chic, comme pour montrer que lui aussi était classe et qu’il était encore à la hauteur, en vérité, ses efforts le rendaient pitoyable, autant que le bandage à sa main. La configuration de l’endroit ne m’offrait pas le luxe de lui tourner le dos, j’étais obligée de passer devant lui, ce que je fis, la tête haute et sans un regard pour ce dégénéré mais il me rattrapa, se saisit de mon bras et m’obligea à m’arrêter et à lui faire face pour écouter les mêmes sempiternelles conneries. « Poussin, regarde-moi ! Ecoute, je me suis comporté comme un con, j’aimerais qu’on essaie d’arranger les choses. Je vais la quitter, je veux qu’on se remette ensemble. » J’éclatai de rire. Il n’avait jamais été pathétique à ce point, avant, il exigeait et faisait tout pour obtenir, il ne suppliait pas. « Et la laisser avec tes trois gosses ? Ou bien tu penses pouvoir me faire écarter à nouveau les cuisses et te targuer d’être le seul capable de cet exploit ? C’est fini, cette époque-là ! » « Tu veux dire depuis que tu as décidé de te faire baiser par des gringos ? Tu caches bien ton jeu ! T’es comme les autres, une pute à gringos ! Les gringos pleins de fric, c’est ton truc, pas vrai ?! » « Tu oublies les gringos pleins de fric loyaux et avec de la dignité, autant de choses qui te font défaut Ruben, pas trop dur de vivre en étant un raté ! La seule chose qui te rendait meilleur, c’était moi, depuis t’es au fond du puits et t’es pas près d’en sortir ! » La gifle partit avant que je ne la sente s’abattre sur ma joue. Il m’entailla la lèvre avec son alliance et je lui administrai un coup de genou dans les burnes pour le remercier alors qu’il se pliait en deux et me menaçait d’abattre sur moi les dix plaies d’Egypte. Après avoir parcouru deux pâtés de maison à pied, je me rendis compte que j’étais bouleversée et surtout je me rendis compte qu’une part de moi avait été tentée d’accepter sa proposition. J’appelai Cinzia pour qu’elle me console mais après être tombée trois fois sur son répondeur, je fixai mon téléphone avec désespoir et Dieu m’envoya un signe. « Allô. » répondis-je en reniflant bruyamment. « Ma soirée a finalement été écourtée, je te récupère dans une heure et on va boire ? » « Je ne me sens pas très bien, je vais rentrer et me coucher. » Au terme d’une conversation téléphonique qui ressemblait à un interrogatoire, il finit par décider de venir me récupérer là où je me trouvais pour me déposer en personne. Finalement, une fois sur place, l’endroit étant vide parce que Cinzia gardait les enfants d’Andréa, il s’installa dans le canapé et je lançai un film pour tenter de me changer les idées, j’avais refusé de lui dire quoi que ce soit. Mais là, la tête sur ses genoux, je ressentais le besoin de me livrer un peu. « Ruben s’est pointé à la caserne, il était venu me proposer de nous remettre ensemble et de quitter sa femme… Je me suis dit que tu avais raison, que c’était débile d’avoir cherché à me préserver pendant autant d’années, tout le monde croit seulement que je l’attends toujours. J’ai l’air de la reine des connes ! Je me sens tellement stupide de ne pas être capable de passer à autre chose parce que je suis toujours blessée par ce qu’il a fait. Les choses n’auraient jamais dû se passer comme ça, j’aurais dû en connaître un seul. Chaque fois que je le vois, je me rappelle que j’ai déçu mes parents mais aussi tous ces espoirs que j’avais pour moi et ma vie. » Je me remis à pleurer en silence, inondant son pantalon de mes larmes. Je les essuyai d’un revers de la main. « Tu parles d’une soirée fun, je suis vraiment désolée Lucky, si tu préfères t’en aller et profiter de la soirée, je ne t’en voudrais pas ! »







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Luciano Gambino
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La cruauté est essentielle si l’on veut conserver le pouvoir. Sans elle, on apparaît faible et les adversaires en profitent. Comme les chiens : celui qui aboie le plus fort devient le chef de meute. [Saviano]

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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyDim 6 Déc - 16:44





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft La bambola


J’aurais pu me contenter d’un baiser sur le front à l’image d’un frère alors que les caméras étaient braquées sur nous. Mais, quelle consolation en aurais-je tiré ? Dès que je me retrouvais en société avec cette fille, elle agissait comme si j’étais un pestiféré, un tribut honteux dont elle hérita contre son gré pour ne pas vexer ma sœur ou ma famille. Je pouvais me montrer gentil, plaisant et agréable, mais ça se méritait. Mon amitié n’était pas un bien périssable que l’on consomme à grand renfort d’insultes. Or, c’était exactement ce qu’elle était en train de faire en me manquant de respect devant témoin. Plus elle m’injuriait, plus l’envie d’être indulgent s’amenuisait, d’autant que me remercier pour cette petite leçon convenait davantage que sa mauvaise tête. Je lui apprenais, selon mes méthodes, que se justifier était l’apanage des faibles. Mais elle n’y entendait rien. Existait-il seulement femme plus bornée sur cette terre que la Mexicaine ? Elle surpassait ma mère, la Cinzia, et de loin par-dessus le marché. Je la trouvais presque ingrate alors que sans ce baiser, elle aurait continué à se tasser face à l’interrogatoire de Lorna. Au lieu de ça, elle l’envoya chier comme il se doit et avec une telle détermination que j’en jubilai au point de la saluer après l’avoir savamment ignorée toute la soirée. Rien ne semblait pouvoir effacer mon sourire de satisfaction. Rien, sauf la ténacité de ma cavalière à éconduire chacune de mes tentatives pour dédramatiser la situation. « C’est ça que tu penses de moi ? » finis-je par demander effaré par le portrait qu’elle peignait de moi pour des pécadilles. Un putain de baiser sans aucune implication sentimentale et dépourvu de toute volonté de lui nuire. Que devrais-je dire, moi, alors qu’elle se balade en petites culottes à la première occasion ? Qu’elle se change sous mes yeux en oubliant que je reste avant tout un homme ? Qu’elle serine, à chaque fois qu’elle est bourrée, que je suis un gars si génial qu’elle se salirait les mains si quelqu’une s’essayait à me blesser ? Elle exagérait, m’exaspérait et une horreur plus tard, puisqu’elle manifestait l’envie de s’enfuir, je débloquai l’anti-car-jacking pour lui souhaiter bon vent. Je n’eus pas le moindre scrupule à l’abandonner sur le bord de la route. Je n’étais pas vexé cette fois, j’étais complètement hors de moi. Un inconnu paya pour ça. Caitlyn également. J’avais prévu de la rejoindre, mais je lui posai un lapin jusqu’au lendemain. Je n’avais pas besoin d’être, pour ce soir, le genre d’hommes qu’avait décrits Lyla. Pas même pour mon père.

Les jours suivants, prendre parti de son silence s’avéra plutôt facile compte tenu de ma colère. J’avais la rancune tenace, et qu’importe l’estime que je nourrissais pour elle, je cultivais mes sentiments les plus négatifs à mesure que le temps passait.  Je la croisais de temps à autre à l’entrée de l’appartement, elle, qui ramassait le courrier et moi l’oreille vissée à mon téléphone. Il arrivait qu’aucun interlocuteur ne puisse me répondre, car ce n’était qu’un leurre. D’autres fois, j’étais vraiment agité par une conversation houleuse dans mon patois. Dans un cas comme dans l’autre, je souhaitais seulement éviter qu’elle trouve opportun de provoquer une discussion. Je grimpais l’escalier quatre à quatre pour ne pas me retrouver seul dans l’ascenseur avec elle et, une fois dans mes murs, je m’employais à m’occuper l’esprit, quand je ne repartais comme j’étais venu pour me perdre entre les cuisses d’une femme moins compliquées. Elles, elles étaient en droit de s’offusquer par mon absence de douceur. Pas elle qui, contre toute attente, était parvenue à gagner mon respect au mépris de mes préjugés sur les compagnes du Diable. Finalement, j’acceptai de bonne grâce que ce qui me dérangeant le plus, c’était ce sentiment d’injustice qui accompagnait son comportement. Dès lors, lorsqu'elle frappa chez moi avec sous le bras de quoi prendre un copieux petit déjeuner, il s’en fallut de peu pour que je referme la porte séance tenante. Je n’avais ni le cœur ni la force de me battre avec celle. Ma nuit fût trop agitée et je détestais être sorti de mon lit sans préavis.

Sans cette nuance propre à la sérénité dans le fond de son timbre, je l’aurais certainement laissée sur le seuil. En attendant, je l’autorisai à entrer, non sans lui manifester mon mécontentement en refusant d’enfiler quoi que ce soit par-dessus mon survêtement. Je m’installai à la table de ma cuisine en torse nu, sans lui adresser l’ombre d’un regard ou un quelconque mot supplémentaire que ce « merci » pour l’attention. C’est elle qui souhaitait discuter et il y avait tout intérêt à ce qu’elle enclenche la vitesse supérieure, car je n’avais pas toute ma journée. « Tu es là pour quoi exactement ? Pour t’excuser de m’insulter dès que tu es sobre ou pour que je me justifie ? Parce que, si c’est ça, tu perds ton temps. Tu peux repartir d’où tu viens.  Je ne sais pas si tu réalises bien ce que tu m’as dit. Que j’étais le genre de gars à prendre un malin plaisir à me foutre de la gueule des filles de principe. » soupirais-je à lui mentir en partie. Cette réalité existait pour Caitlyn. Certes, pas pour la Mexicaine, mais était-ce moins grave pour autant ? « ça, ça veut juste dire que tu ne me connais pas et que tu n’as pas cherché à mieux me connaître non plus. Tu n’as même pas été fichue de dire à ta vieille morue de copine qui j’étais. Et tu sais pourquoi ? Parce que ça veut aussi dire que toi et moi, on n’est pas amis, juste de bons potes de beuveries. Des comme moi, tu peux en trouver à la pelle. Alors, cherche. Et, quand tu auras trouvé, rappelle-toi que si tu veux le garder, il ne faut pas tout compliquer. Parce que c’est toi qui fais ça. »

Un soupçon de mauvaise foi plus tard, je finis par lever les yeux vers elle avant qu’elle ne tourne les talons définitivement. Je me montrais désagréable, mais dans le fond, je n’avais aucune envie de mettre un terme à ce qui nous lie. Je n’en savais pas plus qu’elle sur la nature exacte de notre relation, mais quelle importance ? On s’amusait bien. C’était encore le principal. « Écoute, je ne l’ai pas fait pour te blesser ou t’obliger ou je ne sais quelle idée saugrenue tu as bien pu te foutre dans le crâne. Je l’ai fait parce que tu te sentais coupable d’être là, avec moi, par rapport à cause de Lorna et de ce qu’elle pourrait raconter à ton ex. Il compte encore et je comprends. Je pense même que tu es toujours amoureuse de lui et je respecte ça. Mais, c’est terminé. Tu n’as plus à agir comme si vous étiez toujours un couple et ça, j’ai dû mal à le tolérer. Pas pour toi. Tu fais ce que tu veux, mais pour moi. À force de t’excuser de vivre malgré lui alors qu’il ne se préoccupe de toi que pour te garder sous le talon de sa botte, c’est moi que tu insultes par ton comportement. Et c’est moi que tu traites de connard. Mais, c’est lui qui s’est foutu de ta gueule. Tu essaies de l’impacter le moins possible à cause de ce que tu fais, comme si tu devais lui rendre des comptes. Mais, moi, je ne pense pas être obligé de supporter que tu fasses comme si j’étais de trop. » éclaircis-je après l’avoir retenue par la main. « C’était un baiser sans importance. Comme une vengeance si tu préfères. Ça te va comme ça ? » Tirant sur son poignet, je la ramenai vers moi sans douceur pour entourer son épaule de mon bras. Je ne lui donnais pas l’accolade, je la houspillais comme je le faisais avec mes neveux par exemple. « Allez, change de tête. Je retire ce que j’ai dit tout à l’heure. Je dormais bien, tu m’as sorti de mon lit et j’ai le réveil difficile. Et pis, moi aussi, j’aime bien ta compagnie. D’ailleurs, pour terminer d’enterrer la hache de guerre, je te propose de bouger ce soir ? J’ai rien de prévu. On ira dans le New Jersey. C’est mort, mais ça pourra peut-être nous éviter de nous disputer cette fois. » En réalité, j’étais conscient que je ne réagissais pas avec autant de véhémence si elle ne me touchait pas un minimum, mais je me contentais de la version où elle était un bon pote, comme un mec, avec un corps désirablement exquis, mais que j’évite de trop regarder, pour ne pas me souvenir que je n’y ai jamais cru, à cette foutue amitié entre un homme et une femme.

Nous nous bâtissions autant de beaux moments que d’habitudes entre la salle de sport et ces soirées de libre – et elles étaient rares – où je me pointais chez mes voisines pour m’empiffrer de pop corn devant un film d’action. Nous avions perdu d’autres par contre. Je n’avais plus le loisir de la contempler discrètement lorsqu’elle se changeait sous mes yeux. D’une certaine façon, ça m’arrangeait bien. Je ne pensais plus aussi lubriquement depuis qu’elle me priva de ce petit plaisir coupable. D’un autre côté ça signait la fin d’une époque où il n’y avait entre nous aucune ambigüité. C’était pourtant distrayant avant qu’elle ne le réalise. Elle se méfiait de moi, à raison, et j’en arrivai lentement à la conclusion que ce baiser lui avait sans doute un peu trop plus. Devinait-elle sa chance d’avoir pu gagner mon respect ? Sans cela, j’aurais sauté sur l’occasion pour la mettre mal à l’aise, la séduire, la mener doucement jusqu’au bord du précipice, pour la repousser au moment fatidique, principalement pour ne pas m’attirer les foudres de ma sœur. Sur l’heure, je continuai à me satisfaire de sa présence sans chercher d'explications. À quoi bon nommer ce qui m’agitait quand sa voix, au téléphone, était moins ronde de joie ? Il n’était pas forcément plus utile de trouver une raison à mon interrogatoire alors que je prenais déjà la route vers la caserne pour la récupérer à proximité. Une vague de colère me surprit en découvrant sa lèvre entaillée, mais c’était les risques du métier. J’examinai, sans la toucher, mais je ne la questionnai pas. Si elle avait besoin, elle raconterait d’elle-même. Il n’était pas rare qu’elle se laisse aller à quelques confidences, certainement parce qu’elle savait que je ne lui sortirais aucune tirade philosophique pour relativiser ce qui la tourmente. Je l’écoutais, jaugeais de l’importance de sa révélation et clôturais ses confessions par un peu d’humour si elle n'était pas trop grave.

Ce soir-là, en revanche, la simple évocation de Ruben et de son arrogance ralluma l’incendie en sommeil dans mon estomac. J’avais un contentieux avec lui. Il m’avait fallu beaucoup d’efforts pour arracher de mon esprit malade que la meilleure façon de me venger de lui n’était pas la mort ou la souffrance physique, mais bien de lui ravir ce que son égo avait de plus précieux : son ex. Ma raison ne cessait de me répéter que c’était une fausse bonne idée, mais ça commençait doucement à m’entêter et je ne connaissais qu’un seul moyen de me faire passer cette envie qui gâcherait tout. « Je rêve où tu es en train de me dire que pendant un moment, tu t’es dit que ce serait une bonne idée de rempiler pour te racheter du mal que tu as fait autour de toi ? » m’enquis-je interloqué, l’obligeant à se redresser pour ne pas seulement entendre, mais juger de son honnêteté les yeux dans les yeux. « Tu lui as offert ta virginité, il s’est torché le cul avec et quoi ? Tu aurais dû te transformer en putain parce que tu t’es plantée ? ça, ça aurait été ridicule et ça aurait déçu tes parents. Pas de te réconcilier avec tes principes. » commençais-je avant de reconstituer le fil de cette soirée. « C’est lui qui t’a fait ça, Lyla ? » Aurait-elle souhaité me mentir que l’intensité et la menace sous-jacente de mon regard l’en auraient empêchée. Elle ne dit rien et baissa la tête. « Tu as honte en plus ? Tu crois que lui il a honte ? » Elle n’ajouta rien de plus. « C’est bien ce qui me semblait. Dans ce cas, on va lui apprendre ce que c’est que la honte. » Agacé, je lui intimai d’enfiler une veste. On sortait.

Ruben n’était pas certainement pas le type le plus discret du Bronx. Je savais de source sûre qu’il se pavanait souvent là où traînaient les filles les plus faciles à lever lorsqu’il ne baladait pas sa carcasse au Gato Negro pour attirer vainement l’attention de son boss. Mani avait du mépris pour cet homme, ce qui arrangeait plutôt bien. Mes projets n’offenseraient pas mon associé. Je tournai donc un peu dans le quartier avant de les apercevoir, lui et sa clique. Il se prenait pour les rois du monde, mais il ne m’effrayait pas le moins du monde. Il me suffirait de me présenter avec politesse pour qu’il détale comme des lapins. En attendant, je m'adressai à la Mexicaine pour lui faire part de mes impressions et recueillir les siennes. « Je suppose qu’il est inutile de te préciser qu’il n’aurait pas fait mieux avec toi. Je prêcherais une convaincue, mais de toi à moi, tu ne crois pas que ça, ça aurait tué ta mère ? Que ça n’aurait pas déçu tes frères ? Tu crois qu’elle a quel âge ? » Je n'espérais pas vraiment de réponse pour descendre de voiture et récupérer dans mon coffre quelques outils utiles à mon entreprise : une scie égoïne et un coup de poing américain. Il me faudrait au moins ça pour l’assommer d’un seul coup. J’avais d’expérience que sous ses airs de mauviette, sa constitution le rendait coriace. J’approchai lentement, sûr de moi, Lyla sur mes talons sans doute par esprit de contradiction alors que je l’intimais gentiment à rester au chaud. Elle n’avait pas besoin de voir, seulement de savoir, mais je n’étais personne pour la contraindre à obéir. Juste un fou qui prend faits et causes pour elle, sans raison apparente, ce qui en soit, était plus étonnant que normal me concernant. Ses petits copains dépourvus de couilles chuchotèrent sous mon passage, mais d’aucuns n’osèrent bouger d’un pouce quand je tapotai l’épaule de la demoiselle pour l’inviter à prendre congé sous l’œil stupéfait de ma proie. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser. Il se redressa avec arrogance, bien décidé à frapper le premier cette fois, mais il était trop prévisible pour moi. Trouver une parade fut si évident qu’il me priva de la joie de me gorger de cette fierté d’avoir remporté un vrai combat. « Si tu veux te faire plaisir, c’est le moment, c’est l’instant. Je te conseille de viser juste là. Si tu frappes fort, tu pourrais même le castrer. » poussais-je Lyla alors que je retenais son ex au sol, ma semelle écrasant son visage sur le macadam.

J’étais tellement aveuglé par ma colère et par l’excitation que je ne remarquai même pas que nous étions seuls. Au contraire, aurais-je accéléré la cadence de peur qu’une âme charitable s’invente une quelconque pitié pour l’homme gisant à terre et n’appelle les flics. Là, en l’occurrence, je pris le temps de mettre en scène ma vengeance. Il était conscient comme peut l’être un gars bourré incapable de se mouvoir librement et donc, de se défende. Je lui enfonçai un mouchoir au fond de la gorge pour la tranquillité de mes tympans et je le traînai jusqu’à ce que ces mains pendent dans l’escalier. J’hésitai entre l’une ou l’autre, mais au terme de quelques secondes, j’optai pour la droite. S’il hurla, je ne l’entendis pas vraiment. Par contre, le tirant par les cheveux pour qu’il relève la tête et regarde droit dans les yeux l’intouchable, je le menaçai de ce calme olympien qui attestait que j’étais sérieux. « Tu la frappes encore, je te coupe l'autre main. Tu la regardes, je t’arrache les yeux et je les fais bouffer à son chien. Tu l’approches encore, je te coupe les jambes et si tu essaies de prendre de force ce qu’elle t’a donné par amour, je te fais bouffer tes couilles. Cette fois, et cette fois seulement, implore là du regard pour qu’elle décide de t’emmener aux urgences. Sans quoi, tu te videras de ton sang dans le coffre de ma voiture jusqu’à crever. »  Il gémit, au bord du malaise. Il n’y aurait eu que de moi, il n’aurait pas survécu, mais je n’étais pas là pour moi finalement. « Son sort est entre tes mains. Alors, qu’est-ce qu’on fait ? » Ce choix lui revenait de plein droit. Je ne la jugerais pas, quoiqu’elle décide, et à condition qu’elle en fasse autant pour moi.








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Lyla Gambino
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mentre lei che non capiva disse bravo  
ft El gringo gruñón


Me retrouver là, du miel plein la bouche, ça me coûtait. Parce que je ne prenais jamais la peine de m’excuser, du moins qu’avec peu de gens et il fallait vraiment mériter mon respect et ma considération pour obtenir de vraies excuses de ma part qui, quand on y regardait de plus près, n’en étaient jamais vraiment. Parce que je tournais si bien les choses que j’arrivais à me dédouaner de pas mal de responsabilités en quelques mots. Chaque fois que je me demandais pourquoi ça me tenait à cœur de rester ami avec Luciano, je me trouvais face à une question sans réponse franche. J’aimais sa compagnie et nous avions pas mal en commun mais nous ne nous connaissions pas tant que ça, sinon nous ne nous serions jamais disputés pour de pareilles conneries et il n’aurait jamais osé m’embrasser, pour rire ou pas, il aurait compris que c’était perdu d’avance. Mais il y avait d’autres fois qui contrebalançaient. Celles où je n’avais pas besoin de parler, un regard suffisait et il ne me posait pas de question ou haussait les épaules et me resservait un autre verre tout en me racontant une blague dégueulasse qui me faisait exploser de rire jusqu’à ce qu’en pleure. Il ne m’obligeait jamais à arrêter de jurer, à me comporter comme une femme ou à boire moins, il ne se la jouait pas père la morale, il se contentait d’être de bonne compagnie et de rentrer dans mon jeu, de rire avec moi et d’être une épaule sur laquelle m’appuyer quand j’étais trop ivre. Même quand nous ne fêtions rien, nous trouvions le moyen de nous comporter comme deux gosses. Cinzia avait failli m’arracher les yeux après une bataille de nourriture qui avait commencé par du popcorn et s’était terminée par du ketchup, de la moutarde et beaucoup de chocolat et de chantilly. J’avais gagné mais il était trop fier pour l’admettre. J’aurais aimé que cette conversation soit aussi simple que nos soirées détente mais visiblement, il ne comptait pas me rendre la tâche facile. Dire que c’était lui qui m’avait embrassé et que j’étais celle qui venait s’excuser, on croyait rêver ! Le fait qu’il soit à moitié nu n’arrangeait rien. Si j’étais très sûre de moi au début, je finissais par m’embrouiller dans mes idées et dans mes mots. Je me dis que fixer son nez ou ses cheveux serait moins compliqué pour moi. En théorie seulement, j’avais beau fixer mon attention sur une partie de sa personne, je ne pouvais m’empêcher de voir le reste et d’apprécier. Ça faisait bien trop longtemps que je n’avais pas eu de rapports, je le sentais dans ce genre de moments, j’avais vraiment l’air désespéré. « Parce que toi, tu ne m’as pas insulté peut-être ? Humilié par-dessus le marché ? Lucky, ne me met pas toujours tout sur le dos, surtout pas quand je me pointe pour essayer d’arranger les choses alors que tu as foutu le bordel ! Je ne sais pas si tu réalises bien ce que TU m’as fait ! Ouvre les yeux, tu n’es pas tout seul ! » Son égocentrisme me sortait par les trous de nez et rendait déplaisant tout ce qu’il y avait de plus séduisant en lui. « Ah, on n’est pas amis alors… » répétai-je, l’air mauvais, en hochant la tête comme pour dire que c’était bien de penser comme ça après tout le mal que je me donnais, et que ça allait forcément se payer. « Ouais, je vais faire comme ça, t’as raison ! Je me suis assez donné de mal comme ça ! » Je récupérai mon thé, lui laissai le reste et me levai, prête à mettre les voiles avant d’être assez en colère pour tout balancer.

Je ne m’attendais plus à rien de sa part, une fois de plus, je revenais au point de départ, à e moment où je me disais qu’il n’en existait pas un seul pour rattraper l’autre et où je me demandais si ça ne valait pas mieux d’arrêter de chercher à me lier avec l’un des représentants de la gent masculine qui ne soit pas de famille. Et pourtant, il me saisit la main et m’amena à lui faire fae avec une douceur qui ne lui ressemblait pas, j’avais toujours les sourcils froncés et l’air désagréable, je ne le quittais pas des yeux, prête à lui bondir dessus s’il me cherchait. « C’est toi qui me connait mal, Luciano ! Je ne suis plus amoureuse, j’essaie simplement de faire en sorte que rien ne soit raconté sur mon compte et déformé. Ma mère va forcément finir par l’entendre et je ne veux pas qu’elle s’imagine des choses ! Personne ne croit à mes histoires d’abstinence, et la moindre excuse est bonne pour balancer des saloperies. C’est moi que je préserve, ma famille aussi et toi également. Tu n’es pas de trop, Luciano, t’es mon ami ! Mais ce genre d’explication ça ne convainc jamais personne et t’as rien arrangé en m’embrassant ! T’en connais beaucoup qui croient ça possible, qu’un homme et une femme puisse s’entendre aussi bien que toi et moi de façon totalement platonique ? Sans parler du fait que t’es pas latino, et là ils s’en donnent tous à cœur joie. Je n’ai pas envie de me retrouver à devoir jouer des poings pour me faire entendre, je reste sous le radar et je me fais discrète, parce que c’est plus facile pour moi. » Les rumeurs, c’étaient de véritables saloperies et elles vous collaient à la peau un sacré paquet de temps dans le Bronx, je ne voulais pas revivre ça et si j’avais fini par me faire à celles qui relataient une partie de ma vie, je ne voulais pas en susciter de nouvelles. « Ne me refais plus un truc pareil, ok ?! » lui dis-je en le menaçant de mon index, me retenant d’ajouter, sans mon autorisation, parce que je ne voyais clairement pas quelle mouche pourrait me piquer pour que je sois d’accord avec ça. « Allez, viens par ici Grincheux ! » ajoutai-je en ouvrant les bras pour finir par le serrer contre moi, ça ne dura que quelques secondes mais ce fut suffisant, plus et ça aurait été une erreur. « Ils ont ouvert un nouveau bar dans le Bronx avec de l’alcool d’Amérique du Sud, je serai trop bourrée pour me disputer ! J’espère que tu auras retrouvé ton t-shirt entre temps. » Je lui donnai un petit coup de coude en riant. Cette invitation, c’était pour lui montrer qu’il n’avait pas de raisons de croire que j’avais honte de lui, pas le moins du monde et même si j’allais y aller avec angoisse, je pouvais le faire au nom de notre amitié.


***


Cette sortie dans Le Bronx fit des émules, sinon, pour quelle autre raison aurais-je eu le droit à ce déballage ostentatoire de sentiments et de bonne volonté de la part de mon ex ? Jusqu’à lors, il pouvait s’imaginer que j’avais ramené le premier type du coin pour le rendre jaloux mais plus maintenant qu’une partie de nos connaissances en commun m’avaient croisée à divers endroits avec la même personne. Ça voulait dire que je refaisais ma vie et que je ne lui étais plus dévouée, corps et âme, qu’il ne serait plus le seul et qu’il fallait sauver les apparences. Ça se termina mal et me retourna suffisamment pour que je me demande si ce ne serait pas plus facile de revenir avec lui et d’essayer d’arranger les choses pour ne pas me salir à nouveau en écartant les cuisses pour un autre. Je me mis une claque mentale, me disant que rien ne serait comme avant et qu’avant, ça avait toujours été de la merde, j’avais seulement refusé de le voir avant qu’il n’assume sa tromperie. Il m’avait salie, moi, je n’avais jamais rien fait sans amour et sans implication, je ne devais pas le laisser me chambouler, il en était hors de question, je lui interdisais à cet enfoiré !  Que Luciano vise si juste en une phrase me serra le cœur, c’était parfois si compliqué de parler avec lui mais quand il le fallait, il savait écouter et dire ce qu’il convenait de dire. C’était justement pour ça que je ne voulais pas le perdre, parce qu’il m’aidait à y voir plus clair quand c’était le fouillis dans ma tête. « Je sais bien que tu as raison, mais une fois encore, il fout la merde ! » répondis-je, me disant que j’étais franchement peu crédible et qu’il aurait mieux fait de se tirer maintenant, parce que j’étais pitoyable. J’essuyai mes yeux à la hâte, essayant de reprendre contenance et de me calmer. Je me retrouvai dans sa voiture avant d’avoir pu réaliser ce qui était en train de se passer, ma honte et mes regrets se muèrent bientôt en rage à mesure que celle de mon ami gonflait. Je savais bien que j’aurais eu le droit au même genre de traitement, que j’aurais amèrement regretté, encore plus que maintenant, d’avoir tout offert à un connard de son espèce. Luciano était le coup de fouet qu’il me fallait depuis des années, l’impulsion pour tourner la page définitivement. Un truc de Gambino, sûrement ! Dès que nous le trouvâmes, je descendis avec lui, ne manquant pas une miette du spectacle jouissif qu’il m’offrait, affichant un sourire en coin plus que satisfait. « Mais avec joie, cher ami. » répliquai-je, je fis une petite révérence avant d’envoyer mon pied sur le visage plaqué au sol, pour finalement taper entre ses deux jambes, une fois, puis une autre, puis encore une autre avant que je ne lui démolisse quelques côtes d’un violent coup de talon. Une colère glaciale ma ravageait les tripes et il me fallut beaucoup de volonté pour m’arrêter là et reculer après que mon compagnon de misère ait posé sa lourde main sur mon épaule. J’assistai à toute la scène, sans détourner le regard une seule fois alors qu’il m’implorait. En appeler à ma raison après m’avoir salie, c’était vraiment être à court d’options. Si j’avais eu à choisir, cela n’aurait pas été ce que j’aurais coupé en premier.

Le discours de Gambino me transcenda tellement que je manquai de le pousser contre le premier mur venu pour trouver une manière de le féliciter. Entre ce sang, toute cette violence et ma colère, j’étais montée sur ressorts et plus tout à fait moi-même. « On le fout dans le coffre et on va picoler pour fêter ça ! Tu sais quoi, je pense même qu’on va aller danser, ouais, c’est une très bonne option. » Ca m’aidait toujours à faire redescendre toute la tension sexuelle qui menaçait d’exploser en temps normal et qui était à son paroxysme, ce soir. Nous le casâmes dans le coffre dans trop de mal, nous couvrant de sang et plaisantant comme si aucune main n’avait été découpée en pleine rue. Lorsque les derniers immeubles du Bronx disparurent et qu’il n’y eut plus que terrains vagues et usines désaffectées, je lui demandai de s’arrêter alors que j’étais intenable depuis que nous étions remontées en voiture, m’empêchant de poser mes mains sur lui, cette fois, ce fut moi toute entière qui m’installai sur lui, mes fesses coincées contre le volant et mes lèvres contre les siennes alors que mes mains s’agrippaient fermement à lui. Je regrettai de porter constamment des jeans, ça ne facilitait pas les choses du tout pour lui mais moi, j’avais déjà glissé ma main dans son pantalon, m’amusant à le tourmenter, me disant qu’il finirait peut-être par me balancer sur la banquette arrière pour que nous puissions en finir. J’étais à bout de souffle et le désir me consumait avec une telle force que je le dévorais littéralement, lui murmurant à l’oreille tout ce que j’adorerais qu’il me fasse. Quand il m’enjoignit de passer derrière, je me dis que nous allions enfin pouvoir mettre un terme à tout ça, je retirai mon pantalon et l’accueillit entre mes bras alors qu’il était tout près de me donner ce que je réclamais à tort et à travers depuis que j’avais eu le malheur de lui sauter dessus mais son téléphone sonna et s’il résista à l’appel du devoir le temps d’un langoureux baiser, il finit tout de même par décrocher. Il redevint sérieux en un battement de cils, seules ses joues rouges traduisaient son émoi et je me dis qu’il valait mieux que je remette mon pantalon, même si j’aurais pu exiger qu’on en finisse. Ce coup de téléphone me permit au moins de renouer avec ma raison et de me dire que ça tombait à pic, sans ça, j’aurais regretté, sans ça, je m’en serais voulue. Il referma son pantalon dès qu’il eut raccroché et se réinstalla derrière le volant avant que je ne reprenne ma place, sans prononcer le moindre mot pour finalement lâcher : « Si ça t’arrange, tu peux me jeter quelque part, je vais me débrouiller pour rentrer. » Il grogna, ce qui signifiait qu’il allait me ramener et que je n’avais pas le choix. Tant mieux, me lâcher dans la nature dans un état pareil, c’était dangereux. Une fois que nous fûmes devant la grille, il s’arrêta et je lui dis de ne pas aller plus loin, que je pouvais marcher, comme une grande. « Bonne soirée. » commençai-je, me demandant si je devais l’embrasser ou lui serrer la main ou bien lui balancer un coup de poing sur l’épaule. J’optai pour un baiser sur la joue. « N’oublie pas que tu as un colis dans le coffre et fais attention à toi, Grincheux ! » Je descendis de voiture et fermai la portière avant de frapper à la vitre qu’il baissa : « Je voulais juste te dire merci, tire pas cette tête ! » Mon sourire disparut dès que j’eus le dos tourné et une fois que je fus chez moi, je me demandai quelle mouche m’avait piquée. Avoir un ami c’était trop dangereux pour moi, surtout quand le dit ami n’était pas gay et furieusement sexy.



***


Nous prîmes le parti de ne pas en reparler et de faire semblant de rien, moi du moins. Même si j’évitais de trop boire en sa compagnie et que je ne lui sautais plus au cou pour le dispenser de câlins à foison comme avant, ça me manquait mais j’avais peur que ça dérape. Pas de sa faute, il s’était toujours parfaitement tenu mais moi, j’étais une cocotte-minute sous pression et un rien pouvait me faire exploser, je préférais éviter les problèmes et les quiproquos, j’en avais assez fait comme ça. Préoccupée par ma vie privée, je ne m’attendais pas à ce que ma vie professionnelle me rattrape et me donne un tel coup de massue derrière la tête. Trouver une famille massacrée par son chef, du bébé au chien en passant par la femme et le détacher de la poutre à laquelle il s’était pendu m’acheva et on me donna une semaine de récupération parce que je n’étais plus capable de poser une perfusion correctement. J’eus une terrible envie d’appeler Luciano mais je m’abstins, me disant que c’est ce que j’aurais fait si nous étions un couple, nous étions amis, ce n’était pas sa merde mais la mienne. J’appelai mon frère qui se débrouilla pour passer me récupérer et me déposer chez moi. Il s’installa près de moi dans le canapé, essuya mes larmes et me consola de son mieux, il dut même dormir près de moi pour que je sois capable de fermer les yeux, rassurée. Mais lorsque je m’éveillai, il n’était plus là mais il y avait une sorte de réunion qui se tenait dans la cuisine. Je saluai tout le monde d’un signe de tête, je me servis à boire et je retournai dans ma chambre d’où je ne bougeai pas les jours suivants, malgré les propositions alléchantes d’une Cinzia enjouée qui faisait de son mieux. « On part pour Chicago demain et tu viens avec nous, Lyla banana ! Ma sœur te l’a proposé gentiment mais il est hors de question que tu restes ici toute seule. Si tu ne veux pas que je remplisse ta valise de bouteilles de téquila, je te conseille de lever ton cul de là et de la faire toi-même. » lâcha Lucky en ouvrant mon armoire pour en sortir ma valise et la poser sur mon lit. « Ne m’oblige pas à faire une danse du ventre ! » Un fin sourire étira mes lèvres blêmes et je me levai pour aller prendre une douche et faire ma valise.  J’avais l’air si absente que Cinzia se dit qu’un rencard organisé avec son frère Gaby ne pourrait que me faire du bien. Il était la bonhommie incarnée et trouverait le moyen de me requinquer. J’enfilai un pantalon noir et un haut qui me donnait l’air habillé mais je n’étais pas d’humeur à mettre le paquet, j’y allais moins pour rencontrer quelqu’un que pour faire plaisir à Cinzia qui avait fait de son mieux pour me remonter le moral, entre shopping et sorties en tous genres, je dus faire de mon mieux pour lâcher prise, pour ne pas la vexer ou lui faire de la peine. Nous avions rendez-vous au bar de l’hôtel, je m’installai, commandai un cocktail que je sirotai en me disant que j’allais me prendre un lapin en plus du reste et que ça ne me faisait ni chaud ni froid, je n’aurais qu’à sortir pour acheter des saloperies dont me goinfrer devant la télé. Une main se posa dans mon dos et j’eus une folle envie de péter le bras auquel elle appartenait avant qu’un parfum familier ne m’arrête. « T’es de sortie à ce que je vois ! » lançai-je avec un brin d’amusement. « Alors, c’est quoi ton programme ? Fais-moi rêver pendant que je vais me retrouver au restaurant avec un parfait inconnu et essayer d’avoir l’air sympathique. »






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Luciano Gambino
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La cruauté est essentielle si l’on veut conserver le pouvoir. Sans elle, on apparaît faible et les adversaires en profitent. Comme les chiens : celui qui aboie le plus fort devient le chef de meute. [Saviano]

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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyJeu 10 Déc - 1:33





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft La bambola


J’avais d’abord pensé qu’en plus d’être têtue, elle partageait mon goût pour la mauvaise foi. Puis, un peu éberlué devant ses explications, je remarquai qu’elle n’exagérait absolument rien. Elle s’était vraiment sentie brimée par mon geste et ça, j’avais un mal fou à le saisir. Outre ma popularité, je n’accordais à ce baiser que l’importance décidée par ce besoin de laver mon égo de l’impression d’être son parasite, pas de la blesser aussi profondément. Pourtant, il y avait avantages à trouver son agaçante réaction, celle qui m’obligeait à me justifier : je ne m’étais pas trompé sur elle. La Mexicaine ne jouait pas les saintes-nitouches, elle croyait en ses principes et se donnaient les moyens de se respecter. Pour moi, cela signifiait surtout que je ne perdais pas mon temps à apprendre l’estime envers le sexe faible et à tenter vainement de lui entrer dans le crâne qu’elle se faisait des montages avec peu de choses. Qu’est-ce qu’une rumeur, si ce n’est un instrument dont on use selon ses envies ? Pourquoi ne s’en amusait-elle pas puisqu’elle en faisait l’objet si souvent ? Peut-être qu’à défaut de manquer de finesse, elle les subit assez régulièrement pour les envisager comme une fatalité. C’était un tort, un tort à réparer de toute urgence. Acceptant son invitation dans le Bronx, je consentis à ne plus jamais lui dérober un baiser, évitant toutefois de le lui promettre pour ne pas alourdir mon CV déjà bien chargé. Je transformai également ce bar en nouveau terrain de jeu avec sa complicité. Je ne donnais pas trente minutes pour que le Bronx l’envoie au couvent. Dans moins d’une semaine, cette information se répandrait comme une traînée de poudre de sa famille à la caserne et ça se vérifia quand la Cinzia, les yeux ronds et des arguments pleins la bouche, tenta de l’en dissuader alors que nous mations tranquillement une série à la mode. Elle déclencha notre hilarité et, vexée, elle s’enferma dans sa chambre pour ne plus en sortir. Je soupçonnais une tout autre raison à sa mine décomposée de ces derniers temps, mais préférant ne pas savoir, je la laissai seule comme elle semblait le réclamer. Je questionnai simplement Lyla avec une certaine inquiétude, au cas où elle se sentira l’âme d’une confidence que ma sœur ne lui pardonnerait sans doute pas. Évidemment, elle ne dévoila rien de leur secret, ce qui lui fit gagner quelques points supplémentaires et comme à chaque fois que sa loyauté m’impressionnait, notre complicité se renforçait.

J’étais là de plus en plus souvent, ravi qu’elle ne se balade plus à moitié nue parce que ça réveillait ce qu’il y avait de plus dangereux en moi envers chaque femme. Ne pas la regarder comme une proie potentielle pour mes instincts sexuels était un véritable exploit. La fréquenter, en revanche, c’était d’une facilité aussi déconcertante que cette envie de la protéger d’elle-même comme des autres. Autant je pouvais la trouver intelligente, autant, par moment,  il m’arrivait de me demander si elle ne devenait pas complètement idiote. Sérieusement, comment pouvait-elle sous-entendre qu’elle songea réellement à retrouver les chemins qui mènent à son ex ?  Et comment la croire lorsqu’elle prétend ne plus l’aimer ? Pour moi, ça manquait d’un soupçon de détermination et d’une fameuse louche de cohérence pour être crédible. « Il n’a pas foutu la merde tout seul, Lyla. Moi, de ce que je vois, tu lui donnes pas mal d’opportunités pour le faire. » répliquais-je sans la ménager, fou de rage à l’idée qu’il ait osé poser la main sur elle. Cette simple raison suffisait largement à ce que je prenne le taureau par les cornes avec ou sans son consentement. Il était hors de question qu’elle s’enchaîne à ce genre de mecs. C’était une telle ordure qu’il arriverait presque à me convaincre qu’elle serait bien plus heureuse avec un type comme moi sans que je n’aie à changer quoi que ce soit à mes habitudes. Alors, je l’embarquai avec moi pour une expédition punitive à laquelle elle prit part bien volontiers. Chaque coup atteignant sa tête, ses côtes ou ses couilles brisait l’un des maillons de cette chaîne qu’elle traîne à ses pieds depuis près de dix ans et plus elle se sentait libérée, plus elle cognait. Elle aurait pu le tuer si je ne l’avais pas arrêtée. Pour ma part, je n’en avais pas fini avec lui et pour la suite, je voulais certes assommé, mais conscient de ce que j’allais lui faire et surtout lui dire. Je lui sciai à la main avec la précision d’un boucher sous les yeux d’une Lyla à l’estomac bien accroché. Moi, en plus de m’amuser beaucoup, j’espérais que son deuil s’achèverait définitivement après cet épisode.

Aujourd’hui, je lui confiais toute ma folie. C’était probablement le plus cadeau que je pouvais lui faire et en lui réservant les pleins pouvoirs sur le sort de ce pauvre type, je priai le ciel qu’elle s’en montre digne. Au contraire, elle m’insulterait et signerait certainement la fin de cette étrange complicité. Par chance, cette fille était aussi imprévisible que je pouvais l’être, car elle m’aida à embarquer le corps sans trembler un seul instant. « Non, non. On ne va pas danser. Crois-moi, ça vaut mieux. Et puis, regarde-nous. » Je désignai son jeans d’un signe de la tête. « Qui va nous laisser entrer dans cet état-là ? Franchement ? En rentrant, fais-moi plaisir. Brûle tes fringues. » Si elle était guillerette, j'étais anormalement grave. La violence de la scène activa le mode automatique de l’homme d’honneur. Je n’étais plus l’ami ou le frère de la meilleure copine. J’étais soldat de Cosa Nostra. Bientôt, cet état laisserait place à un autre qui s’approchait plus de l’animal. Alors, pour la prémunir de tout acte malheureux, je me concentrai sur la route, me répétant que je ne pouvais pas la toucher. À quoi bon l’avoir défait de l’emprise de ce gars-là pour lui coller dans les pattes un pervers narcissique doublé d’un psychopathe ? Lyla, elle méritait quelqu'un sans histoire, un type avec lequel elle sera en sécurité. Nous étions de bons potes et nous devions le rester, qu’importe son cran, son physique et cette tension qui émanait d’elle. Évidemment, son programme était tentant, mais raisonnable, j'empruntai la direction de Staten Island, le mieux pour elle comme pour moi, sauf qu’elle ne me laissa pas le temps de monter sur l’autoroute qu’elle me sautait littéralement dessus. La première seconde, alors que coincée par le volant de ma voiture, son corps se pressait contre le mien, je demeurai perplexe, me demandant si je trouverais la force de la repousser pour son propre bien. Moi, je savais parfaitement où se situerait mon plaisir. J’abandonnai donc la partie sans même avoir essayé de lui résister et je reculai mon siège pour permettre à ses menottes de s'amuser avec l’objet de son désir. Mon égo se louangeait de la voir m’appartenir sans que je n’aie à forcer le destin d’une quelconque manière. De plus, cette attraction malsaine s’était installée entre nous depuis un moment déjà, du moins pour moi. Me tromper, c’était une façon de me convaincre que je pouvais atteindre les buts que je m’étais fixés : faire honneur à mon père en me comportant comme un véritable Sicilien. Je n’étais pourtant pas un saint. Je ne pouvais pas renoncer à tout ce que j’étais du jour ou lendemain, bien moins encore si Ruben flattait mon oreille d’une plainte douloureuse et jalouse du coffre de la voiture. Elle arracha le verrou fragile de mes instincts les plus primaires et j’avançai mes premiers pions, la prenant au mot puisqu’elle semblait décidée.

Ses confessions et sa respiration saccadée étaient un appel à la luxure. Ni une ni deux, je la renversai sur la banquette arrière de cette brusquerie qui caractérisait mon état d’esprit et ma convoitise. Sur l’heure, nous n’avions que faire de la douceur. Nous parions seulement au plus urgent en nous débarrassant de nos pantalons respectifs. Je ne cherchai même pas à discuter lorsqu’elle m’empêcha de lui enlever son T-shirt. Dans l’absolu, ce n’était pas tant sa nudité qui m’intéressait ce soir-là, mais ce qui se cachait derrière sa petite culotte. Je tenais fermement l’élastique entre mes doigts quand mon téléphone sonna et, si la mélodie résonnant dans l’habitacle ne m’avait pas averti que ce coup de fil émanait d'Ettore, j’aurais tiré d’un coup sec pour prendre ce qu’elle m’offrait sans rechigner. On n’ignorait pas mon père cependant, pas même lorsqu’on est à bout de souffle, les joues rouges, le cœur palpitant et une trique à assommer un flic. Si j’avais été un gentleman, je me serais excusé pour sa frustration qui faisait sans doute écho à la mienne, mais je m’abstins au profit d’un silence morne et d’un grognement pour toute réponse à l’une de ses stupides idées, la deuxième pour aujourd'hui d’ailleurs. La saluer n’aura jamais été aussi difficile, ne sachant pas comment me comporter avec elle. Je me réfugiais donc chez Caitlyn, comme d’habitude, qu’elle me soulage d’au moins un problème. Le suivant, en ce qui me concernait, il n’existait déjà plus, car il était hors de question que nous en reparlions.

Cette résolution fut plus compliquée à tenir que je ne l’avais imaginé et on ne pouvait pas vraiment que Mani m’aidait beaucoup. Si ce n’est ces projets pour la première soirée, il n’arrivait pas à comprendre quelles diableries me poussaient à jouer les bons potes après ce qui s’était passé entre Lyla et moi. Là où il se trouvait, en revanche, c’était les intentions louables qu’il me prêtait. Pour moi, je n’avais aucune raison de me fatiguer à essayer d’obtenir ce qui viendrait tôt ou tard. Avant que ma sœur n’organise un rencard entre mon cadet et ma nouvelle obsession, je m’étais même figuré que le Père Noël viderait sa hotte au pied de ma cheminée bien avant l’heure. Quelle désillusion. La Cinzia y tenait tant qu’elle rallia les deux protagonistes à sa cause. Moi, convaincu du contraire, je m’employai à contrarier ses plans et les leurs. Jugeant inutile de mentir à mon frère qui, visiblement soulagé et affichant un large sourire, me taquina sur de probables sentiments à l’égard du bijou qui l’attendait déjà au bar de l’hôtel, mais je le détrompai avec une telle détermination qu’il n’insista pas. Me caser était la dernière chose dont j’avais envie et pour tant de raisons que je finis par appréhender ma solitude comme un avantage. J’étais intouchable. Quant à Lyla, elle ne risquait pas grand-chose. Si tant est que notre relation soit mésestimée, en vivant sur le domaine, elle jouissait d’autant de protection que ma sœur. C’était quasiment un membre de la famille, sauf que nous ne partagions pas le même sang et qu’il n’y avait rien de mal à l’imaginer complètement nue, ce qui arrivait de plus ou souvent, sans justifier le moindre sentiment. Je me le répétais en boucle, insistant sur ma chance d’être un homme, en approchant du bar où elle s’était installée. Je la contemplai un court instant, me demandant pourquoi j’étais là finalement : pour terminer ce qu’elle commença ou soigner la jalousie intimée par son rendez-vous avec Gaby ? Difficile à dire, et comme me poser autant de questions ne m’avaient jamais rien apporté de bon, je préférai l’aborder avec nonchalance, laissant le destin décidé pour nous. « Oh, Gaby n’est pas tout à fait un inconnu. Tu l’as déjà rencontré et puis on est tous un peu pareils dans la famille. » lui répliquais-je en m'asseyant à ses cotés avant d’interpeller un serveur pour commander la même chose que la demoiselle. « Maintenant, si ça te pèse vraiment, on peut aussi s’enfuir tous les deux. » Je chuchotais pour me donner des airs de conspirateur. « On se trouve un bar paumé à l’autre bout de la ville, on boit, on danse, on provoque une bagarre et puis on se barre. La routine quoi. Ou alors, je peux t’emmener au restaurant à la place de mon frère, on rentre ici, on se choisit une table de jeu, on dépouille quelques requins pleins de frics en buvant de la centerba. Maintenant, si tu tiens vraiment à ce rencard, je peux aussi te laisser découvrir toute seule à quel point mon frère est chiant comparé à moi, mais je sens que mes projets te tentent. » Entre sa loyauté envers ma sœur et ses bonnes manières, elle était un peu perdue. J’insistai donc un peu, lui proposant le prétexte parfait à servir à la Cinzia pour finalement admettre que Gabriele s’excusait, mais qu’il ne pourrait pas venir. « Comme je n’avais justement rien de prévu, j’ai sauté sur l’occasion. Je t’épargnerai juste le restaurant. Pour le reste, tout me va, surtout jouer, mais quand on aura fini nos verres. » Elle le siffla en un temps record, je l’imitai sans demander mon reste et nous partîmes à la conquête du casino.

Roulettes. Table de poker ou de black jack. Machines à sous. Nous participâmes à tout, justifiant le nombre incalculable de verres que nous avalions par une défaite ou un coup de chance. Parfois, parce que j’avais grandi dans ce genre de milieu, je lui expliquis les techniques des croupiers pour manipuler le destin. Elle, elle m’écoutait avec un intérêt sincère qui me toucha bien plus qu’une tape sur le bras ou d’une accolade pour nous féliciter d'avoir choisir la bonne couleur ou le bon numéro. Elle était fascinante, Lyla, curieuse de tout et si elle demeurait fragilisée par les affres de son métier, elle se battait contre sa morosité pour profiter de la soirée. Je n’en attendais pas moins d’elle personnellement et si l’alcool y était pour beaucoup – elle commençait déjà à tituber – je n’étais moi-même plus en état de réfléchir en toute cohérence. Quand le hasard remplit nos poches de plus de jetons que nous pouvions en transporter, je la serrai contre moi, en liesse, anormalement attiré par ses lèvres charnues. Ici, personne ne pourrait la surprendre. Elle était à l’abri des rumeurs et des commérages. Je tentai donc une approche pour ne rien lui voler et contre toute attente, sa bouche réduisit à néant le peu de distance qui la séparait de la mienne. C’était pas la solution. Sobres, nous aurions été en mesure de presser le bouton "off" pour arrêter la machine en marche. Nous ne l’étions plus depuis longtemps cependant. Je la tirai à ma suite jusqu’à l’ascenseur qui nous ramènerait à sa chambre. Nous venions à peine de passer la porte que je fondais déjà sur elle, cherchant dans ses réactions de quoi m’empêcher de la faire mienne tout de suite, contre la paroi froide et métallique de l’élévateur. Malheureusement, il ne renvoyait aucun des signaux utiles à me  calmer et il me fallut une sacrée dose de self-control pour me ralentir. Même saoul, je savais qu’elle méritait mieux qu’un coït sauvage dans ce lieu si impersonnel. Ça, c’était bon pour les putains, pas pour les filles de sa trempe. Certes, je n’étais pas certain que j’arriverais à me montrer particulièrement tendre si elle continuait à balader ses ses mains un peu partout sur mon corps, en particulier ces endroits les plus sensibles. Toutefois, m'opposant à ce que j’attendais exactement d’un ébat en plusieurs rounds à étendre tout au long de la nuit, je me repris pour la conduire jusqu’à son lit. Ce fut un véritable parcours du combattant. Je me cognai au chambranle de la porte, je trébuchai, elle glissa d’entre mes bras sur le matelas, hilare, et je la trouvai tellement divine que faire les choses bien devint une espèce de nécessité. En général, je donnais moins que je ne recevais. Je n’usais jamais de mes doigts ou de ma langue que pour nourrir mon égo du compliment d’un gémissant. Pas cette fois. Elle fut le cœur même de mes priorités, mais ce ne fut pas une mince affaire. Enlever son haut me réclama tant de ruse que je n’osai pas vraiment insister quand elle me refusa le menu plaisir de perdre ma tête entre ses cuisses. J’y reviendrais cependant, plus tard, au terme d’un premier orgasme, sa curiosité titillée au point que dire non lui sera impossible. Avant, je m’employai à la rassurer sur ce qui la gêne tant sous ses vêtements. Moi, ces cicatrices, c’étaient le cadet de mes soucis. Au contraire, je les trouvais plutôt excitants et je ne m’embarrassai pas de sa pudeur pour le lui révéler. Elle, mal à l’aise, ou pour répondre à ses vieilles habitudes, elle renversa la situation, ce qui m'arrangea sur le moment. Elle me rendait complètement fou et je lui donnais exactement ce que nous étions venus chercher dans cette chambre.

Si j’étais satisfait ? Pas tout à fait. Si j’avais eu envie d’une gâterie par la première venue pour ensuite la sauter en guise de remerciements, j’aurais participé à la petite sauterie Mani bien volontiers. Les filles levées si aisément n’étaient pas aussi farouches. Forcément, allongé à côté d’elle qui peinait à se remettre de ses émotions, je nageais dans une fange de frustration et d’incompréhension. En général, les femmes rechignaient davantage à s’occuper de leur homme, mais n’avaient aucune gêne à prendre leur plaisir là où il se trouvait. J’étais complètement perdu. Alors, profitant de ses émois, je parsemai son corps de baisers en commençant par les zones sages et sensibles , comme son cou ou sa poitrine. Je comptais bien atteindre mon objectif et j’y croyais de tout mon cœur tant elle se montrait réceptive. Et pourtant, contre toute attente, elle me repoussa à nouveau. Une fois. Deux fois. Trois fois. Jusqu’à ce que l’idée de l’y contraindre me traverse l’esprit. Je ne pouvais pas lui faire ça. Le lendemain, quand elle se souviendrait, elle en mourrait de honte. Perdant patience et aidé surtout par l’ébriété, j’optai pour une autre approche. « Tu sais qu’en général, c’est le contraire qui se produit. » lui chuchotais-je à l’oreille tandis que mes doigts cheminaient lentement le long de sa cuisse. « Si tu veux, je peux te faire une description détaillée de tout ce que ça de bien pour te mettre l'eau à la bouche, mais seulement si ça peut t'aider. Je tiens les informations de source sûre, tu peux me faire confiance. Ou alors, tu me dis d’où vient le problème, que je puisse trouver un moyen d’y remédier. » Il y avait tout intérêt à ce que ses arguments soient convaincants, car je ne lâcherais pas l’affaire. Jamais. « Tu sais ce que qui va se passer si tu résistes ? On va être tellement frustré que tu vas y penser tout le temps. Moi aussi d’ailleurs. Sérieusement, on n’est plus à ça près en plus. Alors, quitte à céder, autant assumer pleinement » Je lui jurai que si ça ne lui convenait pas, j’abandonnerai l’entreprise et qu’on en reparlerait plus, mais si elle se montra tentée, j’étais toujours loin du compte. « Je ne suis pas en train de jouer, là. Je ne sais pas ce qui se passe et je n’ai pas envie d’y penser pour le moment. Alors, fais-moi plaisir, mets ton cerveau en pause et laisse-toi aller. Tu veux bien ?»

Plus tard, quand je serai trop épuisé, mais que le sommeil nous boudera tous les deux, je lui demanderai d’où elle tient ces cicatrices. J’amènerai le sujet avec douceur avant de lui compter l’histoire des miennes si elle l’intéressait. Je comprendrai également à quel point je me sens bien avec elle et ô combien je me suis trompé en considérant notre complicité comme un degré d’intimité normal en amitié. Je le lui dirai, que je ne sais pas exactement ce que je cherche, mais que j’ai la sensation que je ne peux pas la laisser me fuir, sous aucun prétexte, parce que j’ai le sentiment qu’elle est faite pour moi, parce que parfois, j'ai l'impression d'en être amoureux et que d'autres, je me persuade de confondre cette noble émotion avec l'affection. Je lui confesserai absolument tout ce que cache mon cœur, un verre à la main, ivre mort pour feindre d’avoir oublié dès le lendemain matin. Cette aventure-là, elle était trop grande pour moi, trop énorme, je n’étais pas prêt, mais je ne préférais pas y penser, ni maintenant, ni jamais.





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Lyla Gambino
Lyla Gambino
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mentre lei che non capiva disse bravo  
ft El gringo gruñón


J’étais douée pour omettre ce qui me posait un problème, pour fermer les écoutilles en faisant mine de ne rien voir ou entendre. Ça me faisait passer pour une fille hautaine aux yeux des autres mais c’était une manière comme une autre de me préserver. J’étais à fleur de peau en temps normal, il ne me fallait pas grand-chose pour me mettre à pleurer ou bien devenir folle de rage, je cherchais donc à me préserver un maximum de ce qui me paraissait être insignifiant ou, au contraire, insurmontable d’un point de vue émotionnel. Il y avait des choses que je préférais prendre à la légère par instinct de conservation. Si je commençais à me prendre la tête sur les raisons qui m’avaient poussée à sauter sur Luciano dans cette voiture ou bien encore sur le plaisir qu’avait pu me procurer le fait de le voir découper la main de Ruben sans que la moindre once d’humanité ou de conscience n’interfère, je le savais, j’étais bonne pour des semaines de crises d’angoisse et je préférais m’épargner ça. Il était hors de question que je me retrouve enfermée chez moi, malade à crever et que je retombe dans mes anciens travers parce que je refusais de mettre de côté ce qui devait l’être. Je ne pouvais pas m’appesantir sur des détails, je ne pouvais pas me fatiguer pour des choses qui ne comptaient que pour moi et dont le reste du monde se fichait éperdument. Je devais faire la part des choses pour mon propre bien. Ok, j’avais failli coucher avec Luciano. Soit, ce n’était pas la peine d’en faire des caisses, c’était arrivé après une situation bien particulière, l’adrénaline avait joué un rôle important dans tout ça et j’étais certaine qu’on pourrait en rire comme deux cons d’ici peu, autour d’un verre voire de plusieurs, parce que c’était ridicule. Je repoussai tout ce qui me faisait me demander s’il me plaisait ou non, si nous étions réellement amis et ce que je pourrais bien faire si, par hasard, la prochaine fois nous n’étions pas interrompus. La réponse était claire : il n’y aurait pas de prochaine fois. Il n’y avait aucune chance au monde pour que le hasard et la destinée réunissent les mêmes conditions émotionnelles et physiques pour que quelque chose d’aussi bizarre se reproduise, c’était une certitude. Nous étions amis, j’étais claire avec ça et capable de m’en tenir à ça. Je n’avais pas besoin de plus. Bien sûr, ce serait mentir que d’affirmer que le sexe ne me manquait pas mais je ne voulais pas de ce genre de coït là, ça en perdrait en intérêt et en saveur. Mais surtout, ça n’en valait pas la peine si c’était pour le perdre, lui et son amitié. Je l’estimais bien trop pour faire passer une nécessité somme toute relative à ce que nous partagions en tant qu’amis. Il me fallut mettre tout ça au clair une seule petite fois et je me sentis mieux, même si j’évitais soigneusement les situations à risque, presque instinctivement. Ça non plus, je n’avais aucune envie de revenir dessus. Les gens se rendaient-ils compte de combien ils pouvaient se faciliter la vie et simplement de surcroît ? Probablement pas ! Notre dernière sortie ensemble fut calme, nous avions partagé quelques verres dans un bar près de la caserne, de façon totalement raisonnable, après ma garde et il m’avait ramené sans que rien n’arrive, ce qui me conforta dans l’idée que ça avait été l’histoire d’une fois. Pourtant, il demeurait une pointe de culpabilité, quelque part, bien enfouie en moi. J’avais l’impression d’être une amie à chier vis-à-vis de Cinzia et je me fis la promesse de lui raconter tout maintenant que j’avais la certitude que mon amitié avec son frère n’était pas une mascarade.

Je choisis mal mon moment ainsi que la façon de le dire mais il fallait que je me débarrasse de ça, si ça pouvait m’aider à me sentir un peu mieux. Après ce que j’avais vu et ce qui me hantait, il n’était pas question que je garde du superflus sur ma conscience. Je ne me sentis pas vraiment mieux en me préparant pour ce dîner avec Gabriele mais j’avais au moins l’impression d’avoir été à la hauteur de l’amour qu’elle me portait. Si j’avais pu, j’aurais annulé cette soirée, au lieu de ça, je traînai les pieds jusqu’au bar de l’hôtel, me disant que j’allais probablement me ridiculiser ou bien l’ennuyer jusqu’à le tuer à coup de répliques soporifiques. Je n’étais pas douée pour les rencards de manière générale et encore moins pour ceux qui étaient arrangés. J’avais l’impression que lui, comme moi, s’était senti obligé d’accepter pour Cinzia et que ce serait d’autant plus catastrophique. Je tentai d’éteindre mon début d’angoisse par de l’alcool, ça marchait, habituellement. « Si je fais ça, ta sœur va me tuer ! » murmurai-je en retour avec un sourire en coin. « Et je ne tiens pas à m’attirer ses foudres, j’en ai assez fait pour aujourd’hui. » ajoutai-je en évitant soigneusement de préciser que ses idées me plaisaient toutes énormément. Néanmoins, j’avais été bien élevée et si je vivais très mal qu’on me pose un lapin, il était hors de question que je fasse subir ça à qui que ce soit d’autre et surtout pas à un membre de la famille Gambino. Ils avaient été bons et généreux avec moi, la moindre des choses c’était de me montrer respectueuse et reconnaissante. « ‘Tain, t’es con, tu ne pouvais pas commencer par-là ?! » m’exaspérai-je en levant les yeux au ciel. Lui et sa façon de présenter les choses, il était parfois si fatiguant. Je savais bien qu’il en avait fait exprès, sans doute une sorte de test pour voir à qui allait ma loyauté, pour s’assurer que je le préférais à son frère ou bien pour voir si j’étais une amie en carton ou non. Luciano était un type assez narcissique et bizarre pour trouver un intérêt quelconque à ce genre de petit jeu. Ça m’amusait souvent, surtout quand ça ne s’étalait pas en longueur. « Pas grave, on ira manger des burgers quand on en aura marre des gros pleins de fric, ok ? » Je terminai mon verre à la hâte et le suivis au casino, me demandant si mes compétences en strip poker me seraient d’une quelconque utilité ici. Cette simple idée me redonna le sourire, autant que les cocktails que je m’enfilai, les uns à la suite des autres. Je raflai la mise à la table de poker, lui donnant un coup de fesse pour exprimer ma joie avant de danser et de boire un autre verre. Je fis moins la maligne à la table de black jack et à la roulette, je l’écoutai attentivement, même si ça me demanda beaucoup plus d’énergie que d’habitude compte tenu de mon taux d’alcoolémie qui ne cessait de grimper. J’eus un mal fou à comprendre comment nous étions passés du casino à l’ascenseur, collés l’un à l’autre, essayant de terminer ce que nous avions entamé – et plutôt bien – dans sa bagnole garée dans un trou paumé, des semaines plus tôt. Là, maintenant, je ne voyais plus aucune excuse pour me défiler. Je pouvais remercier l’alcool et ses effets. A jeun, j’aurais été capable de trouver les meilleures excuses du monde, je n’aurais jamais franchi la distance qui nous séparait pour l’embrasser et j’aurais mis un point d’honneur à l’abandonner là pour regagner ma chambre, seule. Mais avec trois grammes dans chaque œil, j’avais la morale d’une libertine en rut et tout ce qui pouvait se faire nu me paraissait être l’idée du siècle. Demain, ça allait faire mal, très mal. Une petite voix, à peine audible, tenta de me rappeler à l’ordre mais elle la ferma définitivement quand je débouclai la ceinture de mon acolyte, agenouillée face à lui dans cet ascenseur qui n’allait pas tarder à s’ouvrir sur de potentiels spectateurs et il n’y avait rien qui me préoccupait moins que ça, là, maintenant, alors que j’espérais lui offrir un souvenir impérissable des ascenseurs de Chicago.

Je le sentis fébrile après ça, tant et si bien qu’il m’agrippa pour me conduire à mon lit, se cognant et manquant de tomber à maintes reprises, ce qui me fit éclater de rire. Mue par de vieux réflexe, je décidai de prendre les rênes factices de cet échange, tout pourvu qu’un autre incident de t-shirt n’ait pas lieu. Il s’en était fallu de peu pour que je dessaoule aussi sec quand il parlementa pour me le retirer et s’il n’avait pas insisté sur le fait que ce qui se cachait en-dessous lui plaisait, s’y attardant sans même une grimace de dégoût, nous serions probablement restés tous les deux sur notre faim. Encore essoufflée par l’effort et immobilisée par la satisfaction, j’étais simplement contente. Ma frustration m’avait foutu la paix pour cette nuit, je ne me sentais plus prise au piège par mes choix et l’alcool me permit de garder la culpabilité à distance. Il entamait le round 2 alors que je me remettais à peine du premier, mes souvenirs de ce genre d’instants étaient lointains et ne me semblaient pas aussi agréables que ses lèvres sur ma peau. Il semblait posséder le don extraordinaire de réveiller chaque endroit qu’il embrassait. J’étais parfaitement détendue et ouverte à toutes les possibilités jusqu’à qu’il dépasse ma limite et que je doive le repousser doucement mais fermement, plusieurs fois. La panique refit surface, pulsant dans mes tripes et se diffusant vitesse grand V alors que je cherchais déjà une possible porte de sortie. « Y a pas de problème ! » répliquai-je un peu trop brusquement pour que ça sonne vrai. Il était la tentation personnifié, qu’il me chuchote tout ça à l’oreille rendait toute réflexion compliquée. Oui, pourquoi je ne le laisserais pas faire, hein ? Pourquoi ? Parce que c’était dégueulasse ! Parce que j’étais paniquée et que je ne voulais pas le faire ! « Je ne peux pas. » lâchai-je enfin, la main sur les yeux pour ne pas avoir à croiser son regard qui me jugerait forcément. « Ça me panique ! Je n’ai jamais fait ça, tu comprends ? Il… On m’a tellement répété que c’était malsain et dégradant pour un homme de faire ça et que celles qui les autorisaient étaient des traînées, j’ai fini par l’intégrer. Et même si je sais que c’est faux, je n’arrive pas à me l’enlever de la tête. On peut faire sans ? » J’ouvris mes doigts pour le regarder et jauger sa réaction, ce qui le fit sourire, il retira mes paumes de mon visage et m’embrassa, me serrant contre lui, ce dont j’avais réellement besoin. Tout ça était déjà suffisamment compliqué à gérer comme ça, alcool ou pas, alors s’il me balançait que j’étais ridicule à la gueule, j’allais probablement crever de honte sur place. Il me dispensa de quelques mots réconfortants, ne cherchant pas à me forcer à quoi que ce soit, m’expliquant simplement que je me trompais sur toute la ligne et que si je voulais garder les yeux fermés, je pouvais. Il m’assura que si je détestais, il s’arrêterait immédiatement et ne m’obligerait pas. J’hésitai longuement, sentant mon cœur tambouriner dans ma poitrine, signe que j’étais inquiète. Je cédai, Dieu seul sut comment, sans doute parce qu’il m’offrit un baiser qui aurait pu allumer tout Time Square en pleine panne électrique. Ce fut une véritable révélation. Moi qui pensais avoir tout exploré en matière de sexe et de plaisir, j’eus le droit à une remise à niveau nécessaire qui me scia les jambes et me cassa la voix après des vocalises digne d’une chanteuse d’opéra. Ce fut après mon deuxième ou mon troisième orgasme – j’avais perdu le fil après un moment – que je compris que j’étais foutue. Il venait de m’offrir plus que n’importe quel autre homme avant lui et j’allais en redemander, ce qui signifiait ni plus ni moins qu’il avait un magnifique point de pression sur moi. Tant que j’étais la seule à le savoir, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

***

Je venais de commander de quoi manger et boire à nouveau au room service et ce sans bouger de mon lit, profitant de la chaleur qui émanait de son corps pour me réchauffer un peu et me consoler des derniers événements difficiles que j’avais traversés. Sa bouche s’attarda sur mon épaule bouffée par les flammes et je fus heureuse d’être dos à lui pour qu’il ne puisse pas lire ce qu’il y avait dans mes prunelles. « Co… » « Afghanistan. Une embuscade dans le désert. Je n’étais pas soldat, seulement infirmière. Je suis la seule rescapée. Faut croire que j’ai toujours eu beaucoup de chance ! » ironisai-je en me tournant vers lui. « J’étais inconsciente, j’ai rien senti. Mais ça… » Je désignai les entailles sur son torse et ses bras. « Ça ressemble à des coups de couteau et à des impacts de balles, c’est le cas ? » Je cherchai son regard, essayant de lui faire comprendre qu’il pouvait avoir confiance. Je soignais mes frères depuis un paquet d’années, je me doutais bien, à ses réactions et à son comportement en général qu’il n’était pas enfant de chœur et ça m’allait parfaitement, ce n’était pas mon cas non plus. Je ne pus m’endormir que parce qu’il me fit des déclarations qui me remuèrent, m’assurant que tout ça n’avait pas été la conséquence d’un désir malsain, à l’image de celui qu’il nourrissait pour toutes les autres femmes d’après Cinzia. Je ne me pensais pas si exceptionnelle que ça mais je me dis que nos semaines d’amitié avaient sans doute aidé et j’eus l’esprit un peu plus en paix. Je me réveillai la bouche pâteuse avec une terrible soif et juchée sur quelqu’un. Juchée sur … ? Mon cœur se mit à battre tellement fort que je crus que j’allais le vomir, j’en oubliai presque ma gueule de bois et mon début de migraine alors que je me levais du lit et que mon pied écrasa un objet gluant non identifié. J’allumai la lampe et découvrit le champ de bataille, la moquette était couverte de capotes usagées. « Oh putain ! Putain, putain, putain, putain, putain putain… » murmurai-je, ne sachant pas si je devais ramasser mes affaires tout de suite ou bien le réveiller et demander des explications. J’allais aller en enfer, j’allais payer le prix fort parce que j’étais intenable quand je buvais. Ce serait bien fait ! Je passai dans la salle de bain, me jetai un regard mauvais dans le miroir et fonçai sous la douche pour me défaire de l’odeur de la perversion. Sous l’eau brûlante, j’avais l’impression d’avoir recouvré un peu mon calme jusqu’à ce qu’un courant d’air ne me fasse frissonner que je sente sa présence dans mon dos. « J’avais terminé. » marmonnai-je sans oser me tourner et le regarder, je tentai de le contourner sans le toucher mais il me plaqua contre la paroi de la douche et ce fut le blackout. Je résistai de toutes mes forces, de tout mon cœur mais je ne pouvais rien contre ça, je n’étais qu’une simple femme. Je ne manquerais pas de l’expliquer au prêtre quand je me retrouverais dans le confessionnal et il fallait que ce soit bientôt. Puisque je n’étais pas capable de me tenir, il faudrait que je prenne des décisions drastiques !

Il me libéra de la cabine de douche alors que je ne tenais plus vraiment sur mes jambes et que j’avais presque oublié mon prénom. Les mains tremblantes, je décidai de m’habiller dans la chambre puis de nettoyer toutes les preuves de nos méfaits. Essayant de ne pas penser à ce que représentaient les cadavres de capotes sur le sol. J’ouvris la fenêtre en grand, tentai de tout remettre en ordre et de trouver une solution. Je ne pouvais pas quitter cette chambre comme ça, ça ferait plus de mal que de bien. « J’ai besoin de savoir comment tu vois ça. » lançai-je tout de go quand il émergea de la salle de bain. « J’ai apprécié tout ce qu’on a fait, sans doute trop parce que ça me rend malade de penser à la punition à laquelle je vais avoir droit pour avoir fait ça hors mariage, une fois encore. Je tiens beaucoup à toi, Lucky, mais ça… Ça ne pourra pas arriver à nouveau, pas comme ça en tout cas. » Je lui tournais le dos parce que j’avais une peur panique de l’emprise qu’il avait déjà sur moi et du désir qu’il était capable de susciter en se contentant de me sourire ou de m’effleurer. « Qu’est-ce que tu attends de moi ? » Difficile d’obtenir des réponses acceptables de la part d’un homme comme lui, je m’y étais attendue mais pas à ce que ça ne réveille le cheval fou en moi. Paniquée, consciente que j’avais fauté et que j’étais visiblement la seule à en porter l’entière responsabilité, je me mis à la recherche de Cinzia. Une confession, une pilule du lendemain et des promesses plus tard, je me retrouvai dans l’avion avec eux tous, incapable de penser correctement. J’étais venue pour me sentir mieux et je revenais avec plus de problèmes qu’avant. Ma solution fut de travailler plus, je prenais toutes les gardes qu’on me proposait, je dormais souvent chez Santi et j’essayais d’aider Cinzia à régler son problème salvadorien quand je n’étais pas occupée à essayer de la dérider un peu. Jusqu’à présent, j’avais trouvé assez d’excuses valables pour ne pas me retrouver à la table des Gambino. Avec un programme aussi chargé et mes visites quotidiennes au père Edgardo, je trouvais malgré tout le temps de penser à Luciano et je devais faire face à l’envier de l’appeler ou de lui envoyer un message. Je le fis d’ailleurs, lui envoyant un message où j’admettais qu’il me manquait et que j’étais désolée d’avoir tout gâché. Je n’obtins jamais de réponse et ce fut pire encore que d’être dans l’expectative.

***

« Venez, suivez-moi, elle est là ! » L’épicier me fit signe, pointant du doigt une femme élégante que je connaissais bien. « Girolama ! C’est Lyla, je vais m’occuper de vous, ça va aller, restez avec moi ! » Je lui administrai les soins nécessaires, je restai avec elle à l’arrière de l’ambulance alors que l’on traversait les rues de la ville à vive allure, je lui tenais la main et lui murmurais des paroles rassurantes tout en insistant sur le fait que son heure n’était arrivée et qu’il était hors de question qu’elle s’en aille comme ça. Je l’accompagnai aussi loin que je pus, me rendant compte que j’avais les joues pleines de larmes quand mon partenaire passa son bras autour de mes épaules pour finalement me prendre dans ses bras. « Je vais prévenir le boss que tu vas prendre ta journée, ok ? » « Merci ! » Je fis les cent pas un moment pour mettre mes idées au clair avant de prendre mon téléphone et de contacter le chef de famille. « Ettore, c’est Lyla, bonjour. Je vous appelle parce que Girolama a été conduite à l’hôpital. On ne sait pas exactement ce qu’elle a, je me suis occupée d’elle jusqu’à ce que les médecins la prennent en charge. Il faut que vous veniez… Oui, à Brooklyn…Je vous attends là. » Je raccrochai alors que Gabe me rejoignait, embêté. « Le chef me demande qui est cette dame pour toi ? » « Ma belle-mère. » « T’es mariée ? » « A Vegas, depuis six mois mais ce sera notre petit secret à nous trois, ok ? » Mentir avec aplomb c’était ma spécialité, surtout pour des conneries pareilles. Je me fichais de ce qu’il pourrait se raconter sur mon compte, j’avais besoin de rester là et d’avoir l’impression de veiller sur elle comme sur ma propre mère. Je tentai de joindre Cinzia, sans succès et après un moment d’hésitation, j’appelai mon frère pour lui demander le numéro d’Herrera. Il me demanda si j’étais, moi aussi, tombée amoureuse du salvadorien, je le coupai net d’une remarque cinglante et il me le donna sans rien ajouter, je lui expliquerais plus tard, pour l’heure, je savais que Cinzia aurait besoin de réconfort et même si ça me tuait de l’admettre, personne n’arrivait à lui remonter le moral comme l’autre malade. Ettore fut le premier sur place et je vins à sa rencontre, le prenant dans mes bras comme s’il avait été mon propre père, ayant l’impression que j’avais besoin d’autant de réconfort que lui. Je lui racontai toute l’histoire et lui offris mon diagnostique tout en l’invitant à se présenter à l’accueil pour voir s’il ne pouvait pas voir sa femme. La salle d’attente finit par se remplir. Les enfants arrivèrent les uns après les autres et quand ce fut le tour de Cinzia, je m’accrochai à elle avec force pour qu’elle ne se sente pas seule ou trop démunie. Je ne l’abandonnai que pour quelques minutes, le temps d’aller aux toilettes et de récupérer de quoi manger et boire mais ma place était prise par un Manuel qui prenait son rôle très au sérieux. Je rebroussai chemin, me disant que je n’avais peut-être rien à faire ici, j’étais toujours en tenue et si je négociais avec le chef, je pourrais sans doute reprendre ma journée et faire la nuit pour compenser. Je me sentais impuissante et inutile ici.








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Luciano Gambino
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La cruauté est essentielle si l’on veut conserver le pouvoir. Sans elle, on apparaît faible et les adversaires en profitent. Comme les chiens : celui qui aboie le plus fort devient le chef de meute. [Saviano]

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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyJeu 17 Déc - 1:58





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft La bambola


Je ne l’attendais pas vraiment là, à genoux dans un ascenseur pour m’offrir un tel cadeau, mais avec ou sans alcool, maintenant qu’elle annonçait la couleur de cette longue nuit, la repousser pour la préserver d’éventuels regrets était au-dessus de mes forces. Est-ce que ça entachait l’image que j’avais d’elle ? Je savais d’expérience qu’il existait une différence notoire entre les puritaines, les trainées, les saintes-nitouches et les femmes vertueuses. Les premières sont d’un ennui à pleurer, les secondes oublient de se respecter, les troisièmes sont des princesses qui exigent qu’on s’aplatisse à leur pied une seconde pour s’allonger l'heure suivante. Quant aux dernières, ivres ou non, elles ne s’impliquaient jamais autant que par sentiment. J’avais malgré moi catalogué Lyla dans cette catégorie et si je n’avais pas été trop imbibé de centerba ou trop concentré sur moi-même, je lui aurais précisé qu’elle n’était pas obligée, que je pouvais m’en passer, que c’était préférable parce que je n’entendais pas être aimé et renvoyer la pareille. La relever pour limiter les dégâts sur son moral, c’est ce que m’aurait dicté ma correction si elle avait existé. On n’arrête pas une femme qui nous embarque dans le train du plaisir avec une telle avidité cependant. Sur un fou ou un homo qui s’ignore se priverait de ces réjouissances, le même fou qui l’aurait laissé mener la danse. Évidemment, qu’elle prenne les commandes était agréable, mais si je l’y autorisais, je pourrais dire adieu aux bonheurs de la contempler dans son plus simple appareil et à celui moins égoïste d’adoucir un minimum ce qui arriverait fatalement le lendemain matin. Envahie par les remords soit elle chercherait des explications, soit elle me fuirait à jamais. Il n’existait aucune autre possibilité. Elle parviendrait à me détester à me juger seul coupable de la fin de notre amitié. Je n’essaierais pas de l’en détromper si ça pouvait l’aider à affronter son reflet dans un miroir et si derrière, je peux surtout nourri mon égo de la certitude qu’elle y pense encore, non sans gêne, mais avec ce sourire satisfait qu’elle haïra plus que moi. Quitte à sortir de sa vie, autant le faire en grandes pompes, autant la détruire pour tous le type qui la partageront à ma place. J’aspirais à ce que nous devenions, cet instant et moi, des incontournables, une constante dans son quotidien, un point de comparaison imparable qui dénueraient ces futurs prétendants de tout intérêt. Était-ce pour qu’elle revienne et me pardonne mon geste ? Peut-être. Je n’en étais pas vraiment sûr et je n’avais pas les idées assez claires pour y réfléchir sérieusement. Le premier round bien avancé, j’étais uniquement focalisé sur elle, ses gémissements sonores et sa respiration saccadée qui haletait des « encore ». À l’entame du second, je n’étais plus obsédé que par une seule envie : qu’elle lâche pleinement prise et m’accorde le privilège d’une première fois coquine.

Certes, j’ignorais comment l’aborder, alors qu’elle se complaisait dans les bienfaits de la jouissance, devait était sans doute un peu lâche. Mais, quoi de plus efficace que chuchoter des promesses suaves et mielleuses à l’oreille d’une femme dans son état pour titiller sa curiosité ? Pour moi, c’était l’assurance qu’elle succombe tôt ou tard, qu’importe sa réticence et ses arguments qui ne tiennent à rien. Le plus complexe, pour un homme doté d’une aptitude fort limitée en matière de communication, c’était de trouver les mots pour biaiser ses jugements irrationnels et bâtis de toute pièce par la société et surtout par son ex. Elle n’eut pas besoin de prononcer son nom pour que je le devine. Un « il » me suffit et s’il n’était pas question que je gâche tout en l’invitant à nous rejoindre d’une quelconque manière, je me permis de lui faire remarquer qu’il pourrait être bon de reconsidérer à la baisse la valeur de ce minable conseilleur. Pour la rassurer, je la câlinai sagement. Je surenchéris de quelques baisers, tendres, passionnés et finalement plus osés, sans qu’elle ne s’y oppose cette fois. Je lui avais offert l’opportunité de renoncer avant et de m’interrompre pendant. Elle ne le fit jamais. Au contraire, elle manifestait son plaisir sans honte et moi, intérieurement, je me doutais à peine que je ne sortirais pas totalement indemne de cette nuit trop intense pour ne pas en redemander. J’en aurais eu davantage conscience si mes révélations n’avaient pas été précédées par les siennes. Une survivante de l’armée. Une infirmière qui enterra tous ses compagnons d’aventures. Elle forçait le respect. « Ahhh, je comprends mieux maintenant pourquoi tu n’as pas détourné les yeux l’autre soir. Moi qui m’attendais à devoir te consoler, je m’étais bien dit que ce n’était pas normal, mais je n’ai pas posé de questions. Ça m’arrangeait bien comme ça, je ne suis pas doué pour ça. » Personne ne m’avait appris et ça ne coulait pas dans mes veines comme dans celle de Gaby ou de la Cinzia. Nous nous tournions tous vers elle quand nous souffrions d’une quelconque manière. Elle, elle se réfugiait dans les bras du petit dernier par habitude. « Tu as dû en voir pas mal là-bas. Personne n’en sort vraiment indemne. Je t’avoue que je suis impressionné. » Les soldats comptaient leur lot d’estropiés et de blessé par balles.

Rien d’étonnant donc à ce qu’elle reconnaisse les cicatrices de tels impacts. Mais que lui répondre alors qu’elle caresse du bout des doigts quelques preuves de ma vie de gangster ? La vérité m’est interdite, mais le silence serait injurieux quand elle me livre ses traumatismes un à un, au fur et à mesure, sans que j’aie à lui poser la moindre question. « C’est vrai. Sauf pour celle-là. Ça, c’est juste une appendicectomie.» C’était une blague stupide, mais elle avait au moins eu le mérite de me faire rire et de me permettre de gagner du temps. Je voyais bien dans le fond de ses yeux qu’elle aspirait à plus de réciprocité dans cet échange. J’hésitai donc un peu, aussi peu que me l'autorisait l’alcool, pour ensuite me lancer. « Pour le reste, je te rappelle que mon père est un passionné d’armes et que je ne suis pas en reste en matière de couteau. » Je réalisai soudainement que même si j’avais espéré être entièrement sincère avec elle, je n’aurais rien pu lui révéler. Pas seulement parce que j’étais formaté au silence, mais parce que je ne voulais pas m’endormir chaque soir en m'inquiétant de l'éventualité où, par vengeance, elle cracherait le morceau à un de ses petits copains en uniforme qui fréquente la caserne. « Disons simplement qu’on a tous nos combats et nos causes à défendre ». Je conclus par un baiser pour qu’elle renoue avec ses envies primaires et oublie celle qui tendrait à me faire parler. Ce fut une parfaite réussite, mais pour la première fois depuis le début de cette mascarade, car j'étais à deux doigts de lever le voile sur un pan de ma personnalité, je me demandai si je ne nous gâchais pas, si je n'abimais pas tout ce que nous avions de plus que quiconque. Mais pourquoi ? Pour quelles raisons ? Par caprice ? En raison d’un sentiment ? Lequel ? Avais-je seulement besoin de le savoir ? Durant cette soirée, elle n’avait pas seulement flatté mon égo par tant de réceptivité, elle me bousculait au plus profond de moi-même et j’eus la mauvaise idée de le lui confier, ce qui m’exploserait fatalement au visage à un moment ou un autre. Mais quand ? Je me questionnais toujours tandis qu’elle s’endormait à mes côtés paisiblement. Je l’avais accueillie au creux de mes bras assez machinalement, parce que ça m’apparut plus que normal, mais ça l’était si peu.

La dernière fois où je reposai dans le même lit qu’une femme sans envisager de m’enfuir remontait à jamais. Je n’avais jamais jugé ce genre d’épilogue particulièrement utile, mais je devais reconnaître qu’il balayait agréablement le sentiment de solitude qui m’accompagne et ce fut d’autant plus vrai au petit matin. En ouvrant les yeux, j’eus la désagréable surprise de constater qu’en plus d’une sérieuse gueule de bois, j’étais seul entre les draps. L’espace d’un instant, je me figurais qu’elle s’était enfouie – ce qui m’aurait d’ailleurs rendu particulièrement mauvais – avant de percevoir du bruit dans la salle de bain. J’esquissai un sourire satisfait qui, en posant le pied au sol, s’élargit devant le spectacle. Mes fringues traînaient au milieu d’une kyrielle de préservatifs usagés, la chambre puait le sexe à plein nez, l’eau qui s’écoule dans la pièce d'à côté : le combo parfait pour me rappeler et réveiller ce qui m’agita la nuit précédente. Je la rejoignis sans attendre l’invitation qui n’arriverait jamais. Elle avait dessaoulé maintenant. Statistiquement, j’avais plus de chance d’être jeté, mais ces réactions me prouvèrent le contraire. Je sus que la balance penchait en ma faveur à son besoin presque compulsif de prévenir qu’elle me cédait la place quand fuir aurait été plus à propos, à ses yeux qui se baissèrent tandis que je m’approchais, à ses mains qu’elle n’utilise pas comme barrage, mais qu’elles emploient à ranger maladroitement sa trousse de toilette. Je l’effleurais à peine et elle frémissait. Son corps parlait pour elle et le mien répliqua plus vite que la raison. En la retenant prisonnière contre la cabine de douche, je la privais de l’excuse parfaite pour adoucir son geste, car elle était parfaitement consciente de ce qu’elle faisait à présent. Elle l’était bien plus que moi et elle me le certifia après avoir recouvré tous ses esprits. S’affairant à nettoyer les preuves de nos ébats, signe distinctif de la femme honteuse, elle me gifla d’une question pressentie pour laquelle je n’avais pourtant préparé aucune réponse valable. « Comment je vois quoi ?» dis-je simplement en feignant d’être plus bête qu’à l’accoutumée. Pour gagner du temps, j’allumai une cigarette récupérée dans la poche de ma veste déposée sur le lit refait. Tout ce mal qu’elle se donnait pour oublier, c’était comparable à tenir absolument à en discuter avec moi : inutile. Je n’étais pas près de lui offrir les explications qu’elle espérait, mais il avait fallu qu’elle insiste trop lourdement à mon goût. « On ne peut pas discuter de tout ça une autre fois ? Je meurs de soif et je crève la dalle aussi. » Je songeai bien à m’habiller à la hâte pour m’enfuir avant que ça devienne trop compliqué à gérer, mais c’était déjà trop tard. « J’attends que tu aies fini, que je puisse aller me changer et bouffer un truc. Voilà ce que j’attends. » Cette conclusion, elle alluma son regard de détresse ou de panique, mais je ne trouvai pas assez de bonté en moi pour la retenir. Je n’avais rien d’autre à lui donner que de folles nuits sans engagement, mais l’amitié agrémentée ne l’intéressait pas. La laisser partir fut probablement ma seule décision généreuse depuis la veille. Dommage qu’elle n’en ait pas conscience. Vraiment. Elle se serait évité bien des tourments.


***

Parce qu’il m’arrivait de penser à elle un peu trop souvent pour mon bien, je m’arrangeai pour rentrer chez moi le moins possible. Je rendais visite à la Cinzia et à ma mère, mais je ne m’attardais pas, de peur que l’imprévu m’oblige à la croiser. Elle me donnait tant et si bien l’impression d’être un étranger sur le domaine familial que je crus tenir un bon moyen d’apprendre à la déteste, mais ce fût vain. Je me maudissais seulement lui accorder autant de place. Si j’étais incapable de me réaffirmer dans notre immeuble, c’était pas pure lâcheté. Je ne souhaitais pas constater de mes yeux ce que me répétait ma sœur à longueur de journée. Lyla allait mal et je ne m’en réjouissais pas. J’avais voulu la lier à moi, pas la blesser. J’étais en train de détruire cette fille pour un crime simple : s’être laissé bercer par l’illusion de notre amitié. C’était odieux. Alors, pour m’empêcher de penser, je m’adonnai à ce que je faisais le mieux sans avoir à réfléchir. Putains, sexes, jeux, alcool, je brûlais la chandelle par les deux bouts, inquiétant ma mère plus que de raison. Mes cernes tiraient mes traits et les siens. Elle dormait peu, craignant mon inconstance, si bien qu’à l’heure où l’on m’avertit qu’elle avait été victime d’un AVC, la culpabilité m’étreignit si violemment qu’elle s’imposa d’elle-même pour justifier ma lâcheté. Je ne fuyais pas pour ne pas assumer ce que j’avais fait, mais uniquement ce que je ressentais, car c’était moi le fautif. J’étais responsable des maux supportés par ces femmes qui m’aiment à leur manière et Lyla en faisait partie bien malgré elle. Certes, l’envisager amoureuse de moi était présomptueux, mais c’était la seule raison à son message resté sans réponse. Je lui manquais, l’inverse était vrai, mais qu’aurais-je bien pu lui rétorquer ? Que ce serait plus facile à gérer si elle s’encanaillait ?  Lui conseiller d’appliquer mes méthodes pour ne plus la rêver nue entre mes bras ? J’aurais aggravé mon cas de mensonges qui l’auraient fait souffrir. Un jour, sans doute, trouverais-je la force de l’aborder pour lui donner de sincères et laconiques explications, à moins qu’il soit préférable que je m’abstienne tant que je n’aurais pas fait le tri dans mes sentiments. Je n’avais aucune idée de ce qu’il convenait de faire pour adoucir sa peine, ce qui signifiait que mes tentatives échoueraient lamentablement. Elle comptait pour moi, c’était indéniable, mais était-elle assez importante à mes yeux pour que je malmène mon égo ? Prendre le temps d’y réfléchir encore, c’était l'unique option viable compte tenu de l’état de ma mère. Les médecins étaient optimistes, mais elle devrait passer sur le billard. Il n’y avait aucune certitude quant aux séquelles éventuelles. Me demander de penser avec cohérence maintenant, c’était risquer de perdre les pédales. Je chassai donc Lyla bon an mal an de mon esprit pour me concentrer sur l’essentiel – ma famille -  jusqu’à ce que je tombe nez à nez avec elle dans un couloir.

Évidemment, on m’avait averti du rôle qu’elle avait joué pour Girolama, mais pourquoi serait-elle restée ?  Mani étant présent, elle n’avait plus vraiment à soutenir ma sœur. Seule l’enfant têtue s’acharnait à ne pas voir ce que tout le monde avait compris les concernant. Était-ce identique pour Lyla et moi ? M’étais-je avancé vers elle par reconnaissance ou pour d’autres raisons plus obscures ? « Toi aussi. Je veux dire, tu me manques aussi.» la surpris-je juste avant qu’elle ne s’engouffre dans un ascenseur. Elle me dévisagea, ébahie et j’en déduis qu’elle était disposée à discuter un peu. « Mon père m’a dit que c’est toi qui avais amené ma mère ici et qui l’avais prévenu. Je suppose que tu as eu droit à une salve de remerciements et d’embrassades chaleureux et reconnaissants, mais je suppose que tu ne m’en voudras pas si je me contente d’un merci. » Elle haussa les épaules et je m’approchai lentement. « Et d’un café peut-être. » Je lui tendis celui que j’étais allé chercher un peu plus tôt, mais que je n’avais pas encore entamé. J’étais pathétique et avant de me dégonfler, je me jetai dans l’arène sans armure. « J’aimerais bien pouvoir te dire qu’il suffit de tout oublier et de recommencer là où on s’était arrêté avant Chicago, mais ce n’est pas possible. Je le sais bien, mais ça ne veut pas dire que je regrette pour autant. J’ai apprécié chaque moment que j’ai passé avec toi là-bas et si c’était à refaire, je referais la même chose. Je n’ai pas refusé de répondre à tes questions parce que je te méprisais, mais parce que je ne savais pas quoi en dire. Je n’ai jamais eu envie de me caser, Lyla et c’était la seule réponse qui aurait pu t’aider à te sentir mieux. Je n’ai pas voulu te mentir et je ne veux pas le faire maintenant non plus. Je ne sais plus trop où j’en suis, parce que je ne voulais pas te blesser. C’était même la dernière chose que je voulais et ça, je regrette. Je regrette de t’avoir fait autant de mal. Alors, forcément, je me dis que maintenant, la seule chose dont j’ai besoin, c’est que tu me laisses un peu de temps pour réfléchir à tout ça, à ce que je ressens, à ce que je suis prêt à faire ou pas. Tu n’es pas obligée, bien sûr, mais tu me l’as dit. Je te manque Lyla et si ça ne doit jamais plus être comme avant, je me dis qu’on pourrait essayer de s’accorder sur un compromis le temps que j’y vois un peu plus clair. Qu’est-ce que tu en penses ? » Jamais je ne m’étais dévoilé avec autant d’authenticité avant ça et l’égoïste en moi jugea l’expérience comme désagréable. Je me sentais mis à nu alors qu’elle était en droit de me rire au nez. Nul doute que ma vanité ne s’en relèverait pas et je remerciai le ciel d’être seul avec elle dans ce couloir impersonnel.


***


Nous passâmes les semaines suivantes à recoller les morceaux de notre complicité, mais ce n’était pas une mince affaire. Ne pas la dévorer toute entière réclamait un effort surhumain. Alors, pour me défaire de l’envie, je la houspillais un peu pour qu'elle confesse etre amoureuse de moi, qu’elle me facilite inconsciemment les choses. Elle n’avait pas l’air de le réaliser, mais il m’arrivait parfois de me demander si je ne l’aimais pas autant que le contraire aurait pu être vrai. Dans ces cas-là, je la balayais de mes pensées, prenant la poudre d’escampette pour me réfugier ailleurs où mes coups de reins n’étaient pas considérés comme un cadeau empoisonné. N’importe quelle putain qui passait sous mon nez faisait l’affaire. Caitlyn. Par contre, je la rencontrais de moins en moins souvent. Je ne la voyais jamais que pour entretenir mes mensonges, sa passion et ses émotions. Cette mission confiée par mon père ne pouvait être abandonnée pour une histoire de sentiment indéfinissable. Je pourrais dire adieu à mon titre et à ma vie également. Malheureusement, la petite Irlandaise finit par se lasser de mes allées et venues de plus en plus rares. Pour elle qui souffrait d’un manque cruel d’estime d’elle-même, ça ne pouvait signifier qu’une chose : j’allais la quitter. Elle devenait de plus en plus oppressante. Le mot « mariage » sortait de sa bouche à chaque phrase et pour éteindre sa méfiance, je nous organisai un tête à tête d’un romantisme à faire pâlir de jalousie une femme de marin. Dîner aux chandelles dans un restaurant huppé bien à l’écart du tumulte de la ville. Bouquet de roses rouges. Un cadeau caché dans un écrin. Je distribuais les baisers et d’attentions comme sa main prisonnière de la mienne au vu de tous pour qu’il ne plane aucun doute sur ce que nous étions l’un pour l’autre. Pour mon père, un pantin. Pour moi, une pauvre fille. Pour elle, l’amante désirée. Dans l’ensemble, la soirée n’était pas tout à fait désagréable. J’avais bien travaillé mon rôle, assez que pour être à l’aise comme un acteur de cinéma, mais sans caméra. Elle était lassante pourtant. Elle n’avait jamais à la bouche que les mêmes sujets de discussion. Elle ressassait ses reproches également et moi, je ne l’écoutais pas vraiment. Elle ne m’était familière que par la force de l’habitude et ne m’intéressait vraiment qu’une fois nue dans son lit, prête à me recevoir. À une époque, elle pouvait se montrer savoureuse. C’était de moins en moins vrai depuis celle que j'aurais juré avoir aperçu par la fenêtre.

Je crus d’abord être devenu complètement fou et puis le puzzle s’emboîta de lui-même. J’avais prêté peu de cas au malaise de l’homme assis à quelques tables de la mienne. Je ne connais pas l’altruisme. À présent qu’une équipe de secouriste se pressait sur les lieux et que j’étais confronté au trait blême de Lyla, je réalisai que j’aurais dû partir pour garder un tour d’avance sur le hasard et le destin. C’était trop tard désormais et avant qu’elle n’ait eu le temps de réagir, je hochai négativement de la tête. « Ça ne va pas, mon chat ? » Mon chat. L’envie de lui enfoncer la serviette dans le fond de la gorge me plut instantanément, comme à chaque fois qu’elle m’infligeait le supplice d’un sobriquet aussi ridicule, mais ça n’avait rien d’impératif. Ce qui l’était, c’était de rattraper la situation avec la Mexicaine qui s’enfuit en ambulance. Ce coup-là, elle ne me le pardonnerait pas, à moins que je dépose enfin mes couilles sur la table pour mettre au clair notre relation. Mais, étais-je seulement  prêt ? En rentrant chez moi, le mieux que je pus faire, c’est de tenter de mener une conversation avec elle, mais Cinzia me claqua la porte au nez pour ne plus jamais ouvrir. Je grimpai donc quatre à quatre les escaliers pour attendre le lendemain bien à l’abri dans mon lit, mais j’eus la désagréable surprise de découvrir mon mur et ma porte bariolés de dessins sans forme, d’insultes ou de menaces. Elle était furax, refusait de me parler ou même que je l’approche. Je comprenais, mais je n’avais pas dit mon dernier mot.

La boîte de Mani au cœur de Brooklyn s'inaugurait bientôt. Il inviterait Cinzia et elle, pour repousser l’heure d'accepter la demande de Mani – ce que j’avais du mal à saisir d’ailleurs – elle supplierait son amie de l’accompagner. Il ne me resterait plus qu’à patienter jusqu'à trouver le bon créneau pour contraindre ladite amie de m’accorder audience. Ce ne serait pas évident, mais j’envahis la place en mode conquérant, dans l'expectative et rongeant mon frein, à l’image du patron. « J’y travaille .j’y travaille. » lui répliquais-je avec conviction tandis que sur la piste, la situation dégénérait. Je bondis de ma banquette, rassuré qu’un videur intervienne pour éloigner les enfoirés de ma petite sœur et de l'unique femme sur cette putain de planète qui me donnerait envie de m’excuser avec des mots simples. La seule qui semblait vouloir me fuir plus que cet homme au teint mat, dégarni et avec des airs de grand seigneur. Je la rattrapai de justesse sur le parking alors qu’elle s’apprêtait à monter dans sa voiture et je n’avais nul besoin d’être devin pour comprendre qu’elle aurait adoré me gratifier d’un coup de boule bien senti. « Allez, crache ton venin. » l’invitais-je en lâchant son bras, mais en refermant sa portière. « Dis-moi tout ce que tu as sur le cœur. Frappe-moi si ça peut te soulager. Et puis, après, tu m’écouteras t’expliquer que ce n’est pas exactement ce que tu crois. Cette fille, ce n’est pas ma gonzesse, Lyla. C’est bien plus compliqué que ça. »






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Lyla Gambino
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mentre lei che non capiva disse bravo  
ft El gringo gruñón


Parler de la guerre ou parler de la mienne, c’était une chose que je ne faisais que lorsque je me sentais en confiance, et encore. Je préférais garder ça pour moi, parce que les gens normaux, les civils, n’étaient pas habilités à comprendre que la grandeur ne cachait que détresse et dénuement les plus complets. Je ne leur jetais pas la pierre, je refusais simplement de partager ce que j’avais vécu parce que je ne supportais pas les questions sur le sujet et encore moins d’y repenser. Alors, que j’aborde moi-même le sujet en essayant de prendre un air dégagé, c’était une petite révolution qui s’expliquait par ce qui le liait à moi. Nous avions passé pas mal de soirées ensemble, parfois, je l’avais senti plus tendu et mal à l’aise que d’autres et j’avais fait de mon mieux pour lui remonter le moral, il n’avait jamais lâché que des bribes d’informations, des mots par-ci par-là mais j’avais tout pris pour trouver une façon de lui faire oublier ce qui le tourmentait. Il me rappelait mes frères, par bien des aspects, toujours à faire bonne figure et à affirmer que tout allait bien, surtout quand tout partait en couille, parce qu’ils étaient des hommes et qu’un homme devait rester debout, toujours prêt à offrir son épaule aux autres, les faibles. Parler, c’était un truc de gonzesse et ça n’aidait en rien, pourquoi se faire chier avec ça alors ? Pour en tirer quoi que ce soit dans ces moments-là, il  fallait savoir faire semblant et y aller subtilement. Tout le monde nous voyait comme deux potes de beuveries mais je me rendais compte que nous avions beaucoup partagé, même au détour de plusieurs verres et de quelques vomis dans différents caniveaux de la ville. Nous passions nos soirées à plaisanter et à dire du mal des autres mais aussi à parler. Je n’avais jamais autant parlé avec un homme qui ne soit pas de ma propre famille, ça m’avait toujours paru impossible, probablement parce que mes conversations avec Ruben s’étaient toujours limitées à peu de choses, on ne pouvait pas vraiment le qualifier de philosophe et parler n’était pas ce qu’il voulait le plus quand il se retrouvait en ma compagnie. Luciano avait été capable de me prouver qu’on pouvait passer du temps avec un homme sans que ça ne tourne forcément autour du sexe, même si, cette nuit n’était pas forcément le meilleur exemple à donner. Je m’étais fait avoir, comme s’il m’avait pris à revers et qu’au moment où je réalisai que j’étais prise au piège, il était déjà trop tard. Je ne voulais pas penser à ça pour le moment ou j’allais ramasser mes affaires et le fuir, parce que j’avais décrété que je ne voulais pas m’engager dans quoi que ce soit, surtout pas dans quelque chose qui m’obligerait à faire usage de ces sentiments que je gardais enfouis pour mon propre bien. Je me sentais simplement bien, j’étais dans un cocon de sécurité et de confiance, je comptais en profiter jusqu’à ce que la réalité me rappelle à l’ordre.

« On ne peut pas être doué pour tenir les cheveux des gens qui vomissent et les consoler par-dessus le marché, il faut choisir un peu ses spécialités, sinon on devient trop parfait et ça devient dur pour les autres. » le taquinai-je en ricanant, heureuse de trouver la parade pour ne surtout pas avoir à raconter ce que j’avais vu là-bas, c’était au-dessus de mes forces. Il enchaîna sur une autre blague, visiblement mal à l’aise à l’idée d’entrer trop dans le détail de ses propres secrets et je respectai ce qu’il acceptait de m’en dire. Je n’étais pas stupide, tous mes frères étaient membres de la MS13  et j’avais l’impression d’avoir le même genre de personne dans mes draps, il n’y avait que le nom de l’organisation qui changeait. Je le laissai esquiver la conversation de la meilleure des façons, ne me souciant pas de quoi serait fait demain, sachant que je risquais fort de déchanter. L’alcool aurait bon dos, aussi bien pour lui que pour moi, parce qu’il m’éviterait d’assumer le fait que je m’étais beaucoup trop impliquée depuis le début de toute cette histoire et que je m’étais moi-même précipitée dans le guet-apens. J’aurais aimé me rassurer, j’aurais voulu qu’il trouve les mots aussi facilement qu’il avait été capable de me désinhiber la nuit dernière, c’était trop espérer de sa part. J’aurais aimé être capable de me mettre en colère et de le considérer comme responsable de la situation mais ça aurait été faire preuve de mauvaise foi et jouer la carte de la facilité. Je préférai la fuite et je me réfugiai auprès de la seule personne qui pouvait m’apporter un peu de réconfort dans un moment aussi douloureux. Je n’étais même pas certaine de complètement regretter ce que j’avais fait, ça n’avait fait qu’allumer la mèche pour que ce fatras de sentiments que je nourrissais pour lui me saute au visage. Je ne m’étais pas fait avoir par l’enveloppe, même s’il était loin d’être moche et repoussant, mais c’était sa personnalité et ce qu’il était dans son ensemble qui m’avait plu. Son humour, sa patience, son côté excessif et son caractère de merde, tout ça m’amusait et je m’étais laissée séduire comme une débutante. Jamais je n’aurais couché avec dans le cas contraire, jamais je ne lui aurais offert cette partie de moi que je comptais réserver à mon futur époux, celui qui ne m’abandonnerait pas à la veille de nos noces pour des raisons obscures. Je m’en voulais d’avoir cédé si facilement, de ne pas avoir su flairer le danger et d’être si stupide pour m’éprendre du premier gars qui m’accordait un minimum d’intérêt teinté de respect. C’était tout simplement pitoyable ! Il ne fallait visiblement pas grand-chose pour me faire écarter les cuisses. J’étais une honte pour ma famille, une honte pour l’éducation que j’avais reçue et une amie à chier pour Cinzia qui devait ramasser mes conneries au lieu de profiter de son weekend avec sa famille.


***


Ma visite au père Edgardo, en rentrant, se fit dans son bureau et pas dans le confessionnal. En larmes, je lui avouai ce que j’avais fait et combien je me dégoûtais et il tenta de me consoler en me rappelant que Dieu n’était pas que punition et malédiction mais amour et pardon. Il me serra dans ses bras, me dit que je n’étais pas faite pour les ordres sinon je ne me serais pas éprise d’un homme mais de Dieu. « Ma fille, les hommes ont besoin de plus de temps que les femmes pour prendre la pleine mesure de ce qui les anime, sois patiente et accroche-toi à tes principes et à ce que tu es. Tu n’auras besoin de rien faire, il viendra à toi de lui-même. » Forte de ses conseils et de cette manière active de me déculpabiliser, je rentrai chez moi un peu plus sereine et l’état de Cinzia m’obligeait à prendre sur moi et à me faire une raison. J’avais joué à la putain de base, il ne me restait plus qu’à assumer et à la boucler, par la même occasion. Ce n’était pas la fin du monde et si Dieu me pardonnait, je pouvais bien me pardonner aussi. Il y avait plus urgent que pleurnicher sur son sort, le boulot m’attendait, la vie m’attendait et ma meilleure amie aussi. Essayant de tout gérer, j’avais tout un tas de raisons parfaitement bien trouvées pour ne jamais être à l’appartement ou aux repas de famille des Gambino. Dans un moment d’égarement, entre plusieurs verres partagés avec mon frère et ma cousine, j’envoyai ce message malheureux resté sans réponse et qui m’obséda par la suite. J’étais peut-être moins cool que je l’imaginais à propos de ça. Plus le temps passait et plus je me disais que je m’étais inventée toute une histoire un peu plus reluisante que la simple vérité, j’avais sauté sur l’occasion de me faire sauter parce que j’étais dans une période de disette depuis un moment et qu’il m’avait fallu peu de choses pour que je m’allume. A mesure que les jours défilaient, mon estime de moi s’amenuisait en même temps que mon espoir. Je m’en voulus d’avoir négligé les Gambino et leurs invitations répétées quand Girolama se retrouva à l’hôpital pour son AVC. J’aurais peut-être pu entrevoir des signes de ça, j’aurais pu essayer de l’aider et l’obliger à consulter avant, au lieu de ça, je me retrouvais là, les bras ballants, à essayer de consoler tout le monde et de les rassurer alors que j’étais définitivement celle qui avait le plus besoin de réconfort. J’optai pour jouer les préposées au ravitaillement. Je me demandais encore si je ne ferais pas mieux de reprendre le travail quand on m’interpella, me faisant sursauter.

Je me tournai pour lui faire face, sentant que mon cœur s’affolait sans raison. T’es foutue, ma fille ! se mit à clignoter dans ma tête en lettres rouges.  « Vraiment ? » ne pus-je m’empêcher de rétorquer, le regard brillant et avec beaucoup trop d’espoir dans la voix. Je me fustigeais intérieurement, la dernière fois qu’il m’avait donné autant de raisons d’y croire, je m’étais cassée les dents au petit matin. « Merci c’est bien, j’veux dire, je ne l’ai pas fait pour ça, mais de rien. » Je haussai les épaules, fuyant son regard, fixant ce café qu’il me proposait. « J’aime pas trop le café. » dis-je enfin, trouvant le courage d’affronter son regard. Mais j’avais l’impression que ça ne l’intéressait pas vraiment, alors qu’il cherchait une façon d’amorcer ce qui lui brûlait les lèvres. Il mit quelques secondes mais finit par lâcher le morceau, ne faisant qu’accroître toute la tendresse que je pouvais nourrir pour lui. Que je me sentais bête ! Fort heureusement, il ne pouvait pas lire dans ma tête ou mes sentiments, il voyait simplement que j’étais devenue rouge pivoine et que, de ce fait, j’avais l’air encore plus stupide qu’à l’accoutumée. C’était tellement plus simple quand nous allions boire et vomir ensemble ! Tellement ! Je regardai autour de nous, voulant m’assurer qu’il n’y avait pas un Gambino qui traînait dans les parages, même si je ne doutais pas qu’ils étaient déjà tous au courant du baiser dans la salle du casino. Je franchis la distance qui nous séparait et je le serrai dans mes bras, parce que j’en avais besoin pour savoir si j’étais prête à attendre qu’il se décide. Mais le père Edgardo avait raison, il était revenu vers moi, ça ne pouvait être que positif. N’est-ce pas ? Je déposai un baiser sur sa joue, refusant de lui poser un ultimatum ou de lui imposer une réponse toute faite qui serait la mienne et pas la sienne. « Prends le temps qu’il te faut, je vais attendre. A ce moment-là, on pourra discuter de tout ça parce que c’est pas plus facile pour moi, Lucky… Je n’ai jamais prévu de me recaser un jour, en fait. Je… C’est… Tout ça, je me le suis pris en pleine face aussi… » Andy débarqua à ce moment-là, sourire aux lèvres même si j’avais remis de la distance entre son frère et moi, j’avais l’impression qu’il connaissait l’histoire toute entière au regard qu’il me jeta et ça me mit mal à l’aise. « Je dois retourner bosser, je repasserai après ma garde. Je t’appellerai, Luciano. » Nous nous appelâmes et nous nous vîmes plus souvent, pour manger ensemble, pour discuter, pour regarder un film ou même aller boire un verre modérément mais de façon totalement platonique. Nous évitions soigneusement de nous toucher ou de nous effleurer pour autre chose que se dire bonjour ou au revoir. Nous pûmes approfondir une relation déjà bien établie et j’eus l’impression, lors de notre dernier tête à tête, qu’il était prêt à se décider, je l’avais senti fébrile alors qu’on était installé au bar en train de jouer à notre jeu favori : critiquer les autres. Je lui avais donné un coup de fesse alors qu’il venait de me tuer de rire avec sa dernière réplique, il m’avait jeté un regard fiévreux et je n’avais pas osé le regarder de tout le reste de la soirée. Je ne pouvais pas mettre à nouveau la charrue avant les bœufs. J’attendais un signe de sa part, n’importe quoi, pourvu que je n’aie pas l’impression qu’il comptait me faire jouer à ce jeu encore une éternité, je n’étais pas taillée pour tenir sur la longueur.

Je compris pourquoi il n’avait pas bougé d’un iota et je me souvins de tout ce que m’avait pondu Cinzia pour me réconforter quand je déboulai dans un restaurant pour m’occuper d’un gros type qui faisait une attaque. Ce fut en cherchant des témoins de la scène que mon regard s’attarda sur une table et tomba sur celui qui m’avait affirmé qu’il avait besoin de temps pour penser, sans doute aussi pour baiser. Je lui jetai un regard inexpressif et je fis mon travail sans jamais plus regarder dans sa direction alors que je sentais la colère m’étouffer. Du temps pour réfléchir ! Je ne pus m’empêcher de me marrer comme une conne avec beaucoup de cynisme alors que mon collègue n’osait pas poser de questions, j’étais trop furibonde. Il ne s’affichait avec personne, sauf celle qui comptait, du moins quand il n’y en avait pas plusieurs. J’avais le sentiment d’avoir été trahie et pourtant, je lui avais tout expliqué de mon mariage avorté, de Ruben et de ses manigances et il avait malgré tout osé me faire ça, après m’avoir affirmé que la dernière chose qu’il désirait c’était me blesser ! Enfoiré ! Petite merde ! Je ne me gênai pas pour refaire son mur et sa porte d’entrée et je ne le fuyais plus, je refusais simplement de le regarder et de lui répondre quand il avait le malheur de s’adresser à moi quand il arrivait qu’on se croise chez ses parents ou ailleurs. L’avancée certaine de Cinzia dans sa vie sentimentale parvint à me remonter le moral quand je ne pensais pas au fait qu’elle s’entichait du roi des connards. Nous fûmes invitées à l’inauguration de sa dernière boîte de nuit et je déclinai immédiatement, affirmant à Cinzia que si elle voulait y aller, je pouvais proposer à Maria mais que je n’irai pas, pour ma santé mentale. Si c’était pour voir son frère jouer les jolis cœurs avec ses autres poules, ça ne tournerait pas bien. Je fus surprise de retrouver Herrera devant la caserne un beau matin pour me faire la morale et me dire que si je n’étais pas foutue de satisfaire correctement un mec, ce n’était pas une raison pour gâcher le plaisir des autres. Je devais arrêter de chialer sur mon sort. Après lui avoir balancé à la gueule qu’il ne méritait pas ce qu’il convoitait, je lui tournai le dos en lui disant que j’amènerai Cinzia. Je ne pus pleurer toutes les larmes de mon corps sur le chemin du retour, un de mes collègues pompier me ramenait chez moi, comme c’était le cas depuis deux semaines, parce que je n’avais pas trouvé le temps et l’envie de mettre les mains dans ma voiture. J’avais assez pleuré pour Lucky, je m’étais suffisamment montrée conciliante. Il était temps de repasser à la bonne vieille méthode du refoulement et de l’indifférence. Je ne pouvais laisser entrer personne dans ma bulle. Personne.

Assise sur le bout de la banquette, près de Cinzia, j’avais le regard rivé sur la piste, je n’avais salué personne et j’avais fait comme si Luciano n’existait pas, le simple fait de le voir me donnait un pincement au cœur, je préférais m’épargner ça. Cinzia, incapable de se focaliser sur Mani, ne me lâchait pas d’une semelle, me chuchotant des paroles réconfortantes à l’oreille avant de me proposer d’aller danser. J’avais surtout envie de rentrer chez moi ! « Ecoute, cette danse et je rentre, ok ? Ton frère te ramènera ! » « Alors je rentre aussi ! » « Non, non, non ! Profite de ta soirée avec Herrera, ok ? » Elle hésita et je la saisis par le poignet pour l’attirer à moi et la serrer dans mes bras en l’obligeant à dire oui. Je n’avais pas l’impression de danser d’une façon si provocante que ça, pas plus que je n’avais l’impression d’envoyer des ondes qui disaient que nous étions open mais quand deux types vinrent se coller à nous, je les repoussai doucement, récoltant une main au cul, je me tournai vers lui pour le pousser du plat des mains. « Dégage ! Je ne suis pas intéressée ! » Et tandis que j’avais le dos tourné, son comparse, un grand dégingandé voire cadavérique qui empestait la frite à des kilomètres à la ronde, se permit d’embrasser Cinzia qui, ni une, ni deux, empoigna le plateau de la serveuse qui passait et lui en colla un grand coup en travers de la gueule. J’éclatai de rire, prête à lui déclarer mon amour éternel quand le méditerranéen voulut jouer au caïd, s’approchant de mon amie, menaçant et il récolta mon plus beau coup de boule. Je profitai de la présence du videur et de Manuel pour prendre la fuite avant qu’on ne me demande des comptes. J’étais presque arrivée à ma voiture, presque en mesure de rentrer chez moi et d’essayer de me calmer un peu, parce que maintenant que j’avais entamé un échange pareil, je trépignais à l’idée de distribuer les coups et mieux valait que je me calme chez moi, avec un peu de musique et beaucoup de bouffe ou quelques abdos. Une main m’agrippa et je soupirai, c’eut été trop beau qu’on me foute la paix. Il m’obligea à lui faire face et ferma même la portière de ma voiture, je soupirai, levant les yeux au ciel. « C’est ça, cracher mon venin, comme si c’était de ma faute ! » Je croisai les bras, essayant de ne pas noter qu’il était beau comme un Dieu dans sa chemise et qu’il avait mis plus d’eau de toilette que nécessaire, pour essayer de m’endormir, sans doute. « Ce que j’ai sur le cœur ? Pour quoi faire ? Depuis quand ça t’intéresse ? Tu ne veux pas te caser, du moins pas avec une seule personne, Luciano et tu préfères réfléchir, au restaurant, avec une autre ! J’espère au moins que ça t’a permis de bien réfléchir ! » répliquai-je avec un calme sorti de nulle part, c’était le calme avant la tempête. « Tu n’avais qu’à dire que tu n’étais pas intéressé et ça s’arrêtait là. La plus bête de l’histoire, c’est moi, c’est tout ! Tu peux alléger ta conscience, je prends la responsabilité de tout ça ! » dis-je en faisant de grands gestes, toujours d’une sérénité inquiétante. « Il est exactement minuit et demi, je te laisse cinq minutes pour parler, si veux parler, je t’écoute, après ça, je rentrerai chez moi, parce que je suis fatiguée et que j’ai froid. »

Il hésita, sûrement balancé entre l’envie de m’envoyer me faire foutre et celle d’arranger les choses, pour quoi, je n’en savais rien.  Il me répéta qu’elle n’était pas sa petite amie et qu’il n’en avait rien à foutre d’elle. Je le coupai pour lui demander qui elle était, alors et il me répliqua laconiquement par le mot ordre. Je n’aurais jamais le détail en le demandant et de toute façon, ça ne m’intéressait pas, je savais l’essentiel, cette fille était un ordre de plus haut, il n’avait pas le choix. « Est-ce que tu tiens à elle quand même ? » Il secoua la tête à la négative, ce qui me retira un poids de la poitrine mais je tentai de rester la plus impassible du monde. « Est-ce que tu es enfin fixé sur ce que tu veux ? Tu as assez réfléchi ? » ironisai-je et il s’approcha, sans doute trop, prêt à m’embrasser et je passai ma main gauche entre nous, désignant mon annulaire. « Tu vois une bague ici ? De fiançailles ou une alliance ? Non hein ? Je ne reproduirais plus les mêmes erreurs, Luciano, je ne peux pas me rendre malade comme ça comme je l’ai déjà fait. » Je voulus grimper dans ma voiture pour rentrer mais il fit signe à un de ses amis pour qu’il prenne la mienne et insista pour me raccompagner lui-même, espérant sans doute que je changerais d’avis en route, ça n’arriva pas et ce ne fut pas la chose la plus facile du monde.


***


« Alors, grincheux, on se promène ? » lâchai-je à sa fenêtre alors qu’il tirait une tête de six pieds de long et qu’il puait le cramé. Il m’avait annoncé qu’il était devant la caserne par un coup de fil, sa voix m’inquiéta suffisamment pour que je me décide à venir le rejoindre alors que je ne savais pas vraiment où nous en étions. « Ça ne va pas, chou ? » Je lui caressai la joue et vins chercher sa main pour la presser dans la mienne. Ses explications étaient évasives et brèves, ce fut suffisant pour que je décide à quitter ma garde. « Ne pars pas sans moi, hein ! J’en ai pour dix minutes ! Promets que tu ne pars pas sans moi ! Ouaiiis, je préfère ça ! » Je plaisantais mais je n’en menais pas large, d’habitude c’était lui le bout en train du binôme. Nous passâmes faire quelques courses une fois que je pus me débarrasser de mes obligations professionnelles et une fois arrivés chez lui, je l’obligeai à mettre la main à la pâte, essayant de rendre le tout plus drôle, d’en faire un jeu pour le dérider un peu. « Ca, c’est de la vraie nourriture mexicaine, hombre, après y avoir goûté, tu ne pourras plus en manger d’autre. Je dis ça, je dis rien, je remarque juste que tu ne m’as toujours pas offert de bague et cette tranche d’oignon n’est pas éternelle et si tu veux profiter de mes tacos pour toujours! » Je lui montrai ma main et je battis des cils comme une princesse, éclatant de rire. Je préférais faire de l’humour sur la question plutôt que de retomber dans une discussion sérieuse dont nous n’avions pas besoin, ni lui, ni moi. Je le pris dans mes bras, le serrant contre moi pour tenter de lui soutirer un sourire. « Si tu me fais un vrai sourire, je pourrais envisager de t’embrasser. » Il s’exécuta et je déposai un chaste baiser sur ses lèvres, il tenta d’en avoir plus mais je le stoppai avec douceur. « Dis donc, jeune homme, ce n’est pas encore Noël, un bisou ce n’est pas deux. Mais si tu continues de sourire, peut-être que je pourrais envisager de te faire un nouveau cadeau. » Nous flirtâmes ainsi quelques minutes avant que je ne me remette à cuisiner, chantonnant tandis que je veillais sur mes préparations avec l’attention d’une jeune mère. La soirée fut paisible, il se retrouva la tête posée sur mes genoux après avoir engouffré tout ce que j’avais préparé, nous ne parlâmes d'aucun sujet brûlant mais j'eus l'impression que ça lui faisait du bien. Lorsque sonna l'heure de partir, il me demanda de rester et m'attira avec lui sans arrière-pensée, visiblement, mais les miennes me tinrent éveillée une partie de la nuit. Je descendis récupérer un pyjama convenable et ma brosse à dents, histoire de prendre le temps de me calmer et d'éviter de dormir avec ses vêtements, près de lui et de me laisser submerger par ce que je ressentais. Les jours suivants, tout redevint à la normale, comme ça l’était depuis deux putain de semaines. J’étais dans l’expectative et il laissait le chantier en cours, comme ça, sans rien essayer de concrétiser. Je me sentais désemparée et perdue et après avoir passé une énième nuit à retourner ça dans tous les sens, je finis par aller frapper à sa porte une nuit, je venais de l’entendre rentrer et j’étais lasse d’attendre qu’il se décide. Je frappai comme j’avais l’habitude de le faire, je poussai la porte, il n’avait même pas encore enlevé sa veste. « On ne va pas continuer à se regarder dans le blanc des yeux, à attendre que Dieu nous envoie un signe, Luciano ! » Je défis les bretelles de nuisette qui tomba à mes pieds. « Je suis amoureuse de toi et maintenant, on fait quoi ? »








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La cruauté est essentielle si l’on veut conserver le pouvoir. Sans elle, on apparaît faible et les adversaires en profitent. Comme les chiens : celui qui aboie le plus fort devient le chef de meute. [Saviano]

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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyDim 27 Déc - 1:10





Mi diceva sono tua, ma di pietra io restai.  
ft La bambola


Dans le couloir de cet hôpital où elle amena ma mère un peu plus tôt, j’aurais pu regretter cette confidence si elle l’avait éconduite avec colère ou avec mépris, mais Lyla était la bonté incarnée. Elle me serra dans ses bras avec une telle tendresse que les miens se refermèrent autour d’elle presque machinalement. Je me moquais bien qu’on nous surprenne. Je ne songeais qu’à tout ce qu’elle avait pu me manquer ces dernières semaines. Ça commença par des détails comme un clin d’œil complice pendant un repas chez les Gambino tandis qu’Ettore lui promettait un tête-à-tête avec l’une de ses nouvelles armes de sa collection. Puis, petit à petit, et sans que je ne comprenne vraiment comment, je constatai sans plaisir que j’étais parfois happé par des souvenirs qui rendaient l’instant présent plus faces qu’il n’aurait dû l’être. Ce pouvait être une vieille blague, un rire, Chicago. Ça finit par m’obséder et son message ne fit qu’accentuer le mal de son absence. J’embrassai sa tempe pour la remercier de sa patience. Bien sûr, ses lèvres m’attireraient dès que je plongerais mon regard dans ses yeux clairs. Soulever délicatement son menton me tentait d’ailleurs, mais je la blesserais encore et j’avais déjà causé assez de ravages sur son moral. Elle aurait été en droit de m’en vouloir, de me repousser, de me jeter quelques injures au visage, des insultes que j’aurais méritées. Je réprimai donc tout besoin d’abuser de sa grandeur d’âme par un geste prometteur à son sens tandis que je me débats toujours avec mes sentiments. Elle me plait, c’est une certitude. Lyla, elle recèle toutes les qualités qu’un type comme moi chercherait dans le sexe opposé, s’il tenait pour ambition d’en trouver une. Je n’attendais pas mon heure, moi. Me passer la corde au cou, c’était prendre des risques et faire fi de mon mode de vie, ma vie d’égoïste. Étais-je prêt pour pareils sacrifices ? Alors qu’elle disparaissait dans l’ascenseur, probablement intimidée par le sourire défait et malsain d’Andrea, je doutais de ma sincérité, mésestimant mon soulagement. Puis, témoin de l’affection de mon père pour son épouse, je me surpris à l’envier. Il était capable de tuer ses ennemis à mains nues, de le dépecer, de l’enterrer vivant, de lui arracher un organe sans anesthésie, mais face à cette femme qu’il aimait de tout son cœur, il était un Homme comme les autres, peut-être même meilleurs, juste quelqu’un de bien. Quelqu’un qui ne craint pas d’adorer et donc de décevoir. Quelqu’un pour qui la famille est le centre des priorités. Quelqu’un qui ne redoute pas d’assumer sa faiblesse si elle donne un sens à son existence. Et la mienne ? À quoi se résume-t-elle ? Je ne tenais à rien ni à personne, si ce n’est Gambino et Cosa Nostra, sans que je n’aie rien de beau ou de noble à leur apporter. Était-ce ce dont parlait Manuel ? Ce besoin de rendre grâce aux instants simples ?

Plus nous en partagions, plus les contours de la pertinente remarque de mon ami se précisaient, sans que je ne l’accepte réellement. Après tout, la situation était confortable. Lyla, qui ne revint jamais sur la question, semblait s’y accommoder sans trop de difficulté et moi, un peu lâche, je chassais de mon cœur ou de ma tête tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un sentiment. Les admettre, c’était déposer entre ses mains une arme contre moi. C’était me jeter tout entier dans une fosse à purin, car l'amour blesse autant qu’il ne détruit. Il s’accompagne de déception et, parfois, de trahison. Il ment également. Il se présente comme éternel, mais supplanté par la routine, il meurt un jour ou l’autre. Les couples comme celui de mes parents sont rares. Si je n’avais eu la chance de côtoyer leur affection d’aussi près, j’aurais juré qu’ils n’étaient plus que le simulacre de ce qu’ils avaient été jadis. La seule émotion à laquelle je prêtais un soupçon de nécessité, c’était ce désir inavouable qui s’agitait en moi dès qu’elle me touchait. Qu’importe la manière, le résultat était systématiquement identique. Je la dévorais des yeux, la tête pleine d’images chargées de volupté, elle baissait les siens et je la ramenais dans les cinq minutes pour éviter le carnage d’une caresse dangereuse ou d’une conversation malvenue tant que je n’aurais rien de probant à lui certifier. J’avais besoin de temps, parce que je ne m’appliquais pas vraiment à examiner ce que mon cœur dissimulait, ce que j’aurais dû faire au lieu de laisser le sort prendre les choses en main. Caitlyn n’était plus un secret désormais. Elle apprit son existence de la plus détestable des façons et la punition ne tarda pas à tomber. Elle ne m’ignorait pas, elle me dédaignait. Elle se pavanait sur le domaine ou chez mes parents, mangeant à leur table en toute sérénité et, si par malheur, j’osais m’adresser à elle pour lui demander de me passer le sel, elle faisait mine de ne pas avoir entendu. Elle était imitée par la Cinzia, habituellement si serviable et, l’un dans l’autre, je n’étais pas vraiment surpris.

Depuis que ma petite sœur avait malencontreusement eu vent de mon simulacre de relation avec l’Irlandaise, elle déniait ma présence et faisait barrage de son corps pour m’empêcher d’approcher Lyla. C’était comme ça depuis son incursion dans mon appartement. Elle était tellement furieuse, qu’il s’en était fallu de peu pour qu’elle ne me saute pas à la gorge en m’injuriant et en exigeant des explications que je n’avais pas le droit de lui fournir. Ettore avait été formel au départ de cette mission. Personne, hormis Achille et Fedele, ne devait connaître les tenants et les aboutissants de ce piège subtil. Je ne le questionnai pas, car ce n’était ni mon rôle ni primordial. J’étais sans attache et j'espérais le rester pour les siècles et les siècles. Amen. Aujourd’hui, je la maudissais ma dévotion à mon père et à ses affaires, et ce, pour deux raisons. La première émanait de cette frustration de perdre ma cadette un peu plus chaque jour. Entre son affection pour Mani et ce parti prix pour son amie, elle posait sur moi des pupilles ombrageuses qui en disaient long sur l’état de notre relation. La seconde, elle concernant exclusivement Lyla et cette peur inconsidérée qu’elle s’obstine à mettre tant de distance entre elles et la vérité. Je ne demandais pas grand-chose, pourtant. Pas plus de quelques minutes pour lui révéler évasivement que cette fille-là ne comptait pas. À chaque fois que je pensais tenir une belle opportunité de m’entretenir avec elle, elle quittait la pièce ou s’arrangeait pour ne jamais se retrouver seule avec moi dans une même pièce. Maintenant que l’envie de construire quelque chose avec elle se précisait, il fallait qu’elle me frustre au point de m’obliger à la manipuler pour qu’elle m’écoute enfin. J’avais en tête une multitude de plans. La surprendre sur son lieu de travail par exemple, mais je ne me rabaisserai pas à ce qu’avait fait Ruben avant moi. La soirée d’ouverture de la boîte de Manuel était sans aucun doute la meilleure option. Ma sœur occupée ailleurs, les possibilités pour Lyla de m’échapper s’amenuisaient. C’était une occasion en or que deux fils de putes avaient bien failli gâcher. L’objet de mon désir profitait du tumulte pour se faire la malle et Dieu seul sait les emmerdes que ces deux connards se seraient attirées si je n’avais pas été en mesure de la rattraper. « Évidemment. De qui d’autre ? C’est toi qui refuses de m’écouter. » persiflais-je vexé qu’elle juge sans même avoir pris le temps de creuser la question qui nous préoccupe. Elle s’était préparée à un coup fourré. Elle s’y attendait tant qu’après qu’elle en détenait la preuve que je n’étais pas seulement le profil type de l’enfoiré de base, que j’en étais simplement un, comme tous les autres, elle n’en démordait pas.

Au fond, ça devait l’arranger. J’aurais pu essayer de la laisser tranquille, mais quelque chose à l’intérieur de moi ne supportait pas l’idée qu’elle puisse m’en vouloir pour de mauvaises raisons. «Tu dis vouloir la vérité, mais c’est des conneries. Tout ce qui t’intéresse, c’est ce qui te rassure ou te facilite la vie. Si c’était ce que tu voulais, une relation bien rangée, il ne fallait pas nous laisser nous embrigader là-dedans. Je ne suis pas un gars rangé, Lyla, mais ça ne veut pas dire que je mens pour autant. » Je n’avais jamais cherché à la tromper et je n’avais rien promis, si ce n’est une réponse en temps utiles. « Trois minutes. Je n’ai pas besoin de plus. Après, tu feras ce que tu veux.» J’ignore pourquoi elle céda, mais en ce qui me concernait, je détestais autant la manière de dire que de faire. Les mains croisées sur sa poitrine, elle se fermait à toutes possibilités d’arranger les choses. Aurait-elle prétendu le contraire, qu’une fois de plus, son corps parlait pour elle. Moi, alors qu’elle présentait cette audience comme un privilège, j’oscillai entre l’envie de l’envoyer se faire foutre et celle de désavouer enfin ma relation supposée entre Caitlyn et moi. La balance pencha par aisance du mauvais côté, mais tandis qu’une remarque cinglante d’Andy me revenait en mémoire – si tu n’arrêtes pas de jouer au con, tu vas finir par la perdre – j’ouvris la bouche pour une phrase construite simplement, mais prononcer le mot « ordre » constituait déjà un risque qui pourrait me coûter énormément. Je m’étais d’ailleurs senti obligé de jeter quelques coups d’œil autour de moi pour vérifier qu’aucune oreille indiscrète ne nous surprendrait. « Rien n’est sérieux entre elle et moi. Il n’y a pas d’elle et moi d’ailleurs. C’est une mascarade à laquelle elle croit dur comme fer. Ça n’existe que pour elle, et moi, je n’ai pas le choix. » jugeais-je utile d’ajouter, craignant tout de même qu’elle s’essaie à la philosophie. Personne n’est libre de décider seul dans mon monde. Elle pourrait le comprendre d’elle-même, c’était à sa portée. Ma main n’était pas entièrement dévoilée, mais elle détenait entre les siennes quelques beaux atouts pour remporter la victoire sur une partie de mes secrets. Les autres, ils ne concernent que mon cœur et ses émois et j’étais incapable d’exprimer. Quant à mon approche, elle la brima en jouant des doigts sous mes yeux ébahis. « Tu ne serais pas en train de me demander en mariage, par hasard ? » la taquinais-je soulagé qu’elle ne s’insurge pas au milieu du parking pour mon ingérence. Ma veste sur ses épaules et mon bras enroulé autour d'elle, mais sans aucune ambigüité, je la poussais doucement jusqu’à ma voiture sans intention délictueuse pour ses principes. Je souhaitais seulement renouer avec elle de la manière qui lui convenait le mieux et si revivre l’expérience avortée d’il y a quelques mois, aurait achevé de me rassurer sur notre avenir, je n’en espérais pas tant. A contrario, je profitai de nos silences pour envoyer un message à Manuel – il fallait bien organiser le retour de ma sœur – et pour répondre à la question éludée plus tôt. « Un jour, je te raconterai tout. Dès que je peux. » conclus-je alors que nous prenions la route de Staten Island.

Si j’avais conscience que je m’approcherais de cette promesse dans les jours suivants ? Pas tout à fait, mais dans l’absolu, je n’étais pas vraiment surpris. Au Mexique, Mani souligna l’avantage d’avoir autour de soi quelqu’un sur qui on peut compter, quelqu’un qui nous donne ce sentiment d’exister autrement que par nos actes, quelqu’un qui nous écoute, qui nous aide à porter nos fardeaux, quelqu’un qui est là, tout simplement, dans les pires moments comme dans les bons. Je le dévisageai, les yeux ronds, heureux qu’il se sente assez à l’aise avec l’inconnue qu’était la Cinzia, mais aussi persuadé, avant ce soir-là, que je n’étais pas vraiment concerné. En réalité, j’étais assez doué pour me mentir au quotidien. La vie que je menais n’avait rien de glorieux. Je ne possédais rien pour m’enorgueillir, rien qui ne m’appartienne vraiment, si ce n’est les membres de cette extrafamille. Cette cause unique que nous servions au mépris de nous-mêmes forgeait de belles complicités. Nous étions tous frères. Alors, l’après-midi où mon père m’imposa d’assassiner les Bagnarra, mon cœur s’alourdit du poids de l’injustice. Les crimes dont on accusait l’ainée n’étaient nullement convaincants. Les motifs étaient minces. Flirter avec le fils d’un flic ne sous-entendait pas forcément qu’elle bavait. Auraient-ils couché ensemble, j’aurais saisi la manœuvre, mais là, la gamine tenait les cuisses bien serrées. Un homme comme moi sent ces choses-là et je les fréquentais si souvent. Malheureusement, je n’étais personne pour barrer la route de la Cupolà et j’obéis. Je leur offris une morte rapide et sans douleur, déguisant par la suite mes actes en accident domestique. Une fuite de gaz est si vite arrivée… Délesté de toutes preuves physiques, je priai  pour mon salut avec dévotion, mais ça ne suffisait pas à me racheter une conscience. Me griller les neurones dans l’alcool ne m’aida pas à oublier non plus. Rendu coupable d’un fratricide, les émotions qui m’agitaient étaient à des kilomètres de la folie douce de la toute-puissance. J’avais besoin de compagnie, besoin de me souvenir que j’étais un fils, un frère, un humain. Ma sœur ignora mes coups de téléphone et ma mère malade, je me sentais irrésistiblement seul et le probable mariage de Manuel et la Cinzia prit enfin tout son sens. Peut-être était-il temps de me poser. Peut-être. Aussi, appelais-je Lyla au beau milieu de sa soirée de boulot. Ma voiture m’avait guidé jusqu’à la caserne un peu malgré moi. Mes tentatives précédentes étaient des leurres. J’avais envie d’être avec Lyla et la réciproque devait être vraie, car elle me sacrifia la fin de sa garde sans se préoccuper que ces heures-là, la gratitude exigerait qu’elle les rembourse au double.

De retour au bercail, alors qu’elle me préparait à manger, elle se démenait pour me dérider et, si je n’étais pas très réceptif, je finis par lever ma tête jusqu’ici bien cachée dans mes bras croisés à la table de la cuisine. J’essayai bien de lui sourire, mais ça n’aboutit à rien. J’étais tendu, mais la secouriste ne se démonta pas pour autant. Une seconde demande en mariage et un peu de tendresse me firent grimacer quelque chose de ressemblant. J’en gagnai un sobre baiser qui alluma en moi cette appétence de plus en plus difficile à réprimer. Je dus enfoncer mes mains dans le fond de mes poches pour ne pas la déshabiller et l’asseoir sur le plan de travail. J’en grognai tandis que ma bouche cherchait la sienne désespérément. « Passe-moi une rondelle d’oignon qu’on en finisse. » chuchotais-je alors contre ses lèvres, conscient que ça sonnait comme une promesse. J’étais grave, bien plus que je ne l’aurais voulu. Je serais tombé à genoux à ses pieds pour lui passer la bague au doigt si c’était aussi facile. Ça ne l’était pas, pas le moins du monde, mais qu’en savait-elle ? « J’ai tellement de choses à régler avant, Lyla. » soupirais-je avec amertume. « Si tu savais tout, tu n’essaierais pas de savoir où nous en sommes, tu prendrais tes jambes à ton cou et tu me renverrais dans mes buts. Tu pourrais même me remercier de ne pas saisir toutes les perches que tu me tends, ce qui n’est pas évident pour moi.» Caitlyn, que je n’avais pas songé à la rejoindre ce soir était de celle-là. Elle s’en doutait et je regrettai d’avoir trop parlé à l’instant même où elle quitta mes bras pour retrouver ses préparations. Moi, je réinvestis le tabouret, pensif, envisageant sérieusement d’accompagner mes promesses de vérités pour lui témoigner ma bonne foi. « Donne-moi l’opportunité de faire les choses bien. Vraiment bien. S’il te plait ? » la priais-je surpris qu’elle se contente de déposer une assiette pleine devant moi quand elle aurait pu me la balancer au visage. J’en déduis que cette conversation-là, elle n’en voulait pas plus que moi. Je n’étais pas prêt pour des confidences et elle, n’avait visiblement aucune envie de les entendre. Nous mangeâmes comme si de rien n’était avant de nous installer dans le divan pour échanger sur des banalités. Rien d’important si ce n’est cette supplique : « Reste avec moi cette nuit. Je n’ai pas envie de rester seul. » Elle céda, me volant au passage encore un peu de ma raison. Je savais qu’elle me manquerait au petit matin et que ça s’aggraverait les jours suivants, mais faire machine arrière n’était plus permis, trouver des solutions fortement compromis, alors je laissai notre relation en l’état, non par lâcheté, mais pour la préserver au maximum de moi et de mon milieu.

Je ne m’attendais pas à ce qu’elle attrape les cornes du taureau quelques semaines. Au contraire, j’aurais peut-être mis un terme à notre pseudo-amitié. Elle était amoureuse de moi, ça ne faisait aucun doute, mais c’était réparable. Les chagrins de ce genre, ils se soignent d’une façon ou d’un autre, surtout pour les femmes comme Lyla. C’était déjà trop tard cependant. Elle débarqua dans une nuisette affriolante qui épousait ses formes à la perfection. Elle était magnifique, captivante au point qu’enlever ma veste me demanda plus de concentration. J’envisageai bien de lui répondre, mais son vêtement glissa sur son corps nu et briser mes instincts les plus primaires exigea trop d’énergie en une fois. Je m’agrippai à la chaise de la salle à manger, la serrant si fort que mes phalanges blanchirent. Il n'était pas de question que je la regarde, pas question que je la laisse approcher non plus. « Rhabille-toi, s’il te plait. Tu n’as pas envie de faire ça, crois-moi. » la priais-je au bord de la rupture nerveuse et comme elle hésita, j’usai des restes de mon bon sens pour la couvrir moi-même d’un plaid récupéré  à la hâte. Ses joues rouges témoignaient de son malaise et je l’embrassai sans démesure. « Il faut qu’on discute, Lyla. Il faut vraiment qu’on le fasse. C’est aussi difficile pour moi que pour toi. Allez, viens. » La tenant fermement par la main qu’elle s’ôte de l’esprit toute volonté de fuir, je l’assis dans mon fauteuil, luttant pour chasser les idées salaces initiées par cette proximité. J’en reculai un peu, pour rendre l’exercice moins compliqué. « Je ne peux pas me débarrasser de Caitlyn comme ça. J’aimerais, mais je ne peux pas, parce que ça ne dépend pas de moi. Mon père n’est pas simplement un homme d’affaires. Pas plus eu moi ou mes frères. C’est une espèce de bienfaiteur pour les gens qui le côtoient, mais il y a une autre réalité à ça. Que t’intègres aussi bien dans ma famille, tu ne le dois pas seulement à ta personnalité, tu le dois aussi à tes frères et à  leur relation. Je vais te donner un exemple, pour que tu comprennes mieux. » Il y en avait à la pelle, mais j’optai pour celui qui la touchait le plus : ma sœur. « La Maruzella est comme une prisonnière dans cette famille. Tu es d’accord avec moi ? » Elle hocha la tête et je poursuivis. « Et pourtant, tu as sans doute remarqué que personne a l’air de s’opposer à son mariage avec Mani. C’est surprenant, mais c’est parce qu’il est plus qu’un ami de la famille, c’est un associé. Il fait affaire avec mon père et lui donner la main de sa fille unique, c’est une façon de souder les liens. Et c’est vrai dans les deux sens à mon avis. » précisais-je sans pour autant douter de la sincérité de Manuel envers ma cadette.

« Et comme souvent, dans mon milieu, quand un lien se crée, c’est toujours au détriment d’un autre et c’est là que Caitlyn intervient. Ce n’est pas n’importe qui. Je ne joue pas avec elle parce que je trouve ça drôle de détruire une gamine. Cette fille, c’est l’assurance de mon père. Elle ne sait rien de moi et je sais tout d’elle, car en cas de pépin, on la sortira du jeu, comme une épingle pour éviter le pire. » Une guerre sanglante, des attentats contre notre famille ou contre la MS… Les exemples étaient légion, mais je les tus pour ne pas l’alarmer. « Il n’y aurait que de moi, je t’épouserais sur le champ et je le pense, tu sais. Sauf que je ne peux pas. Je ne peux pas t’offrir une bague de fiançailles que tu ne pourras porter qu’une fois de temps en temps, quand ce sera possible et le temps que les choses se règlent. Je ne peux pas non plus continuer à la voir, à jouer les amoureux transis et à la sauter pendant que tu m’attendras ici, parce que ça va te faire du mal, ça va m’en faire aussi. Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose non plus. Te lier à moi, c’est prendre des risques. J’en prends en te confiant tout ça d’ailleurs. Si ça sort d’ici, ce sera dramatique pour toi et moi. Mais, j’étais obligé de te dire tout ça parce que si tu es amoureuse de moi, moi, j’ai confiance en toi Lyla. Tout ça, je pourrais le faire à n’importe quelle fille, mais pas à toi… tu es à part. Tu es une femme respectable qui mérite d’être respectée. » confessais-je en saisissant sa main. Un courant électrique me traversa le corps et je la lâchai aussitôt. « Ça me coute de te dire ça parce que là, j’ai surtout très envie de toi et d’être avec toi, tu n’as pas idée comme ce serait plus facile de t’arracher ce plaid tout de suite et de rester enfermer avec toi pendant trois jours, au moins, mais si je fais ça et que je ne trouve pas de solutions, tu vas m’en vouloir d’avoir fait de toi l’autre femme aux yeux de tous alors qu’il n’y a que toi qui compte de la bonne façon, mais que ce n’est pas du tout l’impression que ça va donner. Tu comprends ? »  


***

Je n’étais pas le petit ami idéal. J’étais souvent absent et les Irlandais étant de plus en plus insistants dans leur manière d’exprimer leur volonté de reprendre nos affaires où nous les avions laissés, j’étais contraint de couver Caitlyn comme si elle était la femme de ma vie, la seule qui comptait, celle qui arrivait à réveiller mon cœur endormit depuis longtemps. C’était pourtant de plus en plus compliqué. Avant la Mexicaine, je m’étais surpris à apprécier certains des moments passés avec la jolie rousse, principalement au lit, parce qu’elle était façonnée pour mon propre plaisir. Aujourd’hui, alors que Lyla m’obsédait chaque minute, ça devenait presque une épreuve pour ma frustration. Je refusais de toucher Lyla tant que ce ne serait pas réglé, pour elle, pour ses principes, mais c’était passablement difficile pour ma santé mentale. Notre relation platonique m’affamait sans qu’aucune autre fille ne parvienne à me rassasier. J'étais mauvais et irascible, principalement envers ma victime qui ne savait plus quoi inventer pour m’arracher un sourire ou un geste plus tendre. J’avais toujours pris grand soin à la couvrir régulièrement de douceurs, mais je n’en étais plus capable. Ça la rendait aussi méfiante que je n’étais agacé par ses appels intempestifs. Elle me téléphonait tous les quarts d’heures et puisque couper mon portable ne m’était pas autorisé, il vibrait à longueur de journée. En soi, lorsque j’étais seul, c’était embêtant, mais facile à gérer, mais quand j’étais avec Lyla, c’était beaucoup moins évident. Quelques messages ne suffisaient pas à Caitlyn, elle se lançait dans des conversations qui m’imposaient de lui répondre le plus souvent possible sous peine d’être interrompu à chaque seconde.

Patiente, la secouriste fit d’abord semblant de ne pas entendre ou de ne pas voir. Une après-midi en dehors de New York – il valait mieux ne prendre aucun risque – elle finit par se lasser sans que j’en sois vraiment stupéfait. Elle ne dit rien, mais elle soupirait, déçue, triste, amère surtout. Je ne désirais qu’elle. Parfois, je me demandais si je n’étais pas aussi amoureux d’elle que le contraire. Mais je la cachais pour le bien de tous, ce qui ne rendait pas vraiment honneur à notre relation. Pour qu'elle me pardonne, je l’emmenai dans un restaurant du New Jersey, un truc réputé pour la décontraction du patron et pour son génie créatif derrière les fourneaux. Nous eûmes à peine le temps de passer commande que mon téléphone vibra dans ma poche pour la septième fois, au minimum. « Je suis désolée. J’arrive. Prends-moi ce que tu veux, je n’en ai pas pour longtemps. » m’excusais-je en quittant la table. Rien ne se déroulait jamais comme je l’avais prévu. Rien. Et s’il subsistait le moindre doute, les traits défaits de Lyla les ôtèrent dès que je me rassis en face d’elle. « Elle sent qu’il se passe quelque chose. Elle inventerait n’importe quoi pour attirer mon attention, c’est bon, elle est calmée maintenant. Je suis tout à toi… tu m’as commandé quoi ?» J’entrelaçai mes doigts aux siens à tâtons pour jauger de la température. Elle était froide et c’était normal. J’étais lucide sur ce qu’elle pouvait ressentir. Je n’étais moi-même pas très en phase avec la situation et ces sentiments envahissants que je nourrissais pour elle. « Lyla, je te jure que je cherche une solution, mais je dois faire attention, je ne peux pas penser qu’à moi. Tu le sais, ça ? »









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Lyla Gambino
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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyMar 29 Déc - 16:48





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft El gringo gruñón


J’ignorais où je trouvais tant de sérénité et de sagesse pour tenir en place. Sans doute parce que j’attendais les informations que Cinzia était supposée glaner pour mettre la main sur cette salope de rouquine et faire disparaître tout ce qui pouvait y avoir de désirable chez elle. Mais avec le recul, je devais admettre qu’elle n’était responsable de rien, toute la responsabilité de cette merde reposait sur les épaules de Luciano. Il mentait comme il respirait et avait décidé de jouer les jolis cœurs, comme des tas d’autres mecs avant lui, pour avoir l’impression d’exister, pour se sentir important et plébiscité par toutes les détentrices de vagin de la ville. J’avais cru que nous partagions quelque chose de différent, sinon je ne lui aurais jamais permis de prendre le temps de réfléchir, je ne lui aurais jamais pardonné l’épisode de la chambre d’hôtel où il fit semblant de ne pas comprendre ce que je lui demandais et de ne pas voir ma détresse alors qu’une simple phrase aurait suffi à m’apaiser. Moi, j’avais toujours cherché à le rassurer et à lui laisser suffisamment d’espace pour que les choses se fassent de la meilleure des façons, parce que la transition de l’amitié à une relation suivie était compliquée, le virage étant serré et ne sachant trop comment le négocier, je m’étais dit que ce serait profitable à nous deux. Mais je ne m’étais pas attendue à ce qu’il profite de tout ce temps pour l’occuper à courtiser tout ce qui passait à sa portée. Après la colère qui ne dura que quelques heures, une journée tout au plus, je me sentis envahie d’une immense tristesse et d’une lassitude sans nom. J’avais fait confiance à un charlatan, un autre et je m’interrogeais encore sur le bien-fondé de l’abstinence. J’avais eu la preuve formelle qu’il fallait que je me tienne tranquille et que j’arrête d’offrir à des sales types ce que j’avais de plus précieux. Je n’étais pas un trophée, je méritais mieux qu’une nuit torride qu’on classait dans les bons souvenirs avec une femme sans visage et sans nom. J’avais provoqué tout ça, j’étais aussi coupable que lui, parce que je l’avais laissé me charmer, me pousser à l’apprécier et à le voir autrement que comme un danger potentiel, résultat, aveuglée par l’estime et le respect que je nourrissais pour lui, je n’avais pas vu revenir le retour de bâton. Cinzia n’avait pas cessé de m’avertir et j’avais voulu lui aire gober que je gérais parfaitement la situation. Je le croyais, dur comme fer, j’en étais convaincue, jusqu’à ce que je réalise que je ressentais bien plus que de l’amitié pour lui et que je regrette qu’il ne m’ait jamais emmenée dîner dans ce genre d’endroit. Nous n’avions pas basé notre relation sur le romantisme et les fioritures, seulement sur l’ébriété, la rigolade et les soirées qui ressemblaient à des troisièmes mi-temps. J’étais visiblement celle qu’on se tapait dans les vestiaires puant la sueur d’une salle de sport, pas celle que l’on emmenait au restaurant et que l’on baladait à son bras avec fierté. Ce fut ça, le plus difficile à avaler. A quel moment étais-je devenue ce genre de femme ? A quel moment avais-je fini par perdre tout le respect que j’avais pour moi ? Le couvent ne pourrait que sauver mon âme, certainement pas m’offrir de la dignité, ce qui me faisait cruellement défaut. L’ignorer n’était pas uniquement une façon de le punir, c’était ma manière de me préserver. Il fallait que j’aime Cinzia de tout mon cœur pour me pointer dans cette putain de boîte histoire qu’elle puisse vivre son propre bonheur au détriment de ma santé mentale.

Je regrettai amèrement mon altruisme au moment même où son frère me rattrapa pour me jeter ma soi-disant culpabilité au visage. « Ne me prends pas pour une conne, Lucky ! » répliquai-je en le toisant. Sa mauvaise foi me donnait envie de le pousser et de monter dans ma voiture pour rentrer chez moi, rassembler mes affaires et faire un retour fracassant chez mes parents. Je n’avais eu de cesse d’écouter ses conneries, de prendre sur moi pour que les choses se déroulent le mieux possible et pour seul remerciement, il me servait des reproches. Il devait blaguer ! « Je veux la vérité avant que je ne la découvre par la force des choses. Tu la dévoiles quand ça t’arrange et que tu es acculé alors tes leçons, tu peux bien te les garder ! » repris-je en faisant de mon mieux pour ne surtout pas tomber dans la colère, ça ne changerait rien et j’allais encore passer une nuit agitée. J’avais besoin de dormir si je voulais être en pleine forme pour ma garde du lendemain. Ce que je voulais, c’était rentrer, ne pas l’entendre, parce que j’étais persuadée qu’il trouverait une façon ou une autre de se servir de la vérité pour se couvrir, il la malmènerait, comme il ne cessait de me malmener depuis le début de cette histoire. J’aurais dû refuser l’aide de Cinzia ! Pourtant, je ne bougeai pas, écoutant ses excuses et sentant cette furieuse envie de le croire et de lui offrir la chance de se racheter. Je me dégoûtais. Au plus profond de moi, une furie se déchaînait et m’arrachait les tripes à coups de serres, révoltée par mon attitude indigne de moi, indigne de mon expérience et de tout ce que j’avais subi par la faute de Ruben. C’était si facile pour lui, il n’avait qu’à me regarder dans les yeux avec une apparente sincérité et me déballer des faits à demi-mots, mal à l’aise et je gobais tout. Cette petite voix, celle de l’oiseau de mauvais augure me signifia que je ne tarderais pas à le regretter mais mon cœur l’étouffa d’amour. J’aurais aimé être capable de lui en vouloir, de lui jeter ma rancune au visage et de me débarrasser de lui et de tout ce qu’il suscitait en moi, mais je ne m’en sentais pas la force. Que j’ai du mal à l’admettre ne changeait rien aux faits, j’adorais passer du temps avec lui et il ne me fallait pas grand-chose pour être satisfaite. Tant que j’étais sûre qu’il m’appartenait, il pouvait bien faire croire à n’importe quelle bécasse qu’ils étaient ensemble, ça ne comptait pas. J’espérais seulement ne pas être une autre bécasse dont il se jouait. Toute la nuit, je me demandai si ce n’était pas exactement le même genre de discours qu’il offrait à ses autres prétendantes pour les endormir et mieux les ronger, petit à petit, les rendant folle d’amour pour les manipuler et les traîner plus bas que terre. Je ne savais rien faire dans la mesure et l’émotion que je gérais le plus mal, c’était la paranoïa. Je subis quelques crises d’angoisse mémorable que j’enrayai de médicaments et d’un peu d’alcool en espérant que ça ne recommencerait pas. S’il ne s’était pas pointé, la mine défaire et visiblement en détresse, j’aurais fini par mettre un terme à cette mascarade, parce j’avais l’impression de ne pas pouvoir lui faire confiance. Cependant, est-ce qu’un type au plus bas, en plein moment de faiblesse et avec une volonté farouche de montrer à la face du monde qu’il était indestructible, irait chez n’importe qui pour chercher du réconfort ? Oui, la réponse était oui quand ça ne concernait que l’aspect charnel de la question mais il n’était pas venu pour m’arracher mes vêtements, seulement pour rompre la solitude. Il aurait pu me raconter tous les mensonges de la création pour m’obliger à rester à ses côtés mais sa présence près de moi, ce soir-là, en disait plus que des milliers de mots. « Tu crois que les gens se poseront des questions, devant l’autel, avec cette odeur d’oignons partout ? » m’enquis-je avec un sourire, ricanant contre ses lèvres pour lui donner un énième baiser, le serrant contre moi, profitant de ce moment qui risquait de ne pas se reproduire de sitôt. Je remis en place son col, m’agrippant au tissu de sa chemise pour l’obliger à me regarder dans les yeux. « Si t’essaie de me faire peur, ça ne marche pas ! Maintenant que je suis là, je ne compte pas mettre les voiles, faut t’y faire, grincheux. » Je l’embrassai une dernière fois et repris mes préparations culinaires, essayant de ne pas penser au temps que tout ça prendrait pour se régulariser, cette simple idée me fatiguait. « Tu peux avoir le temps dont tu as besoin. » murmurai-je en déposant mes lèvres sur le sommet de son crâne. Au petit matin, je lui préparai son petit-déjeuner, me disant que s’il se réveillait près de moi, j’aurais un mal fou à me raisonner, j’avais déjà passé la nuit sur les rotules, il n’était pas question d’ajouter de la frustration à la frustration. Assise face à lui, ne sachant trop de quoi parler, on m’appela pour un remplacement et jamais je ne bénis plus le ciel qu’à ce moment-là, sans doute parce que j’avais déjà envisagé un millier de façons de me servir de sa cuisine et ce n’était pas pour faire un brunch.

***

Ma frustration était devenue ma meilleure alliée au fil des ans, j’avais fini par me faire à sa présence, dans un coin de ma tête et de mon cœur mais désormais, elle prenait de plus en plus de place, me secouant dans tous les sens et se faisant obsédante. Je n’étais plus capable de penser correctement. Ce n’était pas qu’une question physique, j’avais besoin de points de repère, d’être rassurée et d’avoir l’impression que je n’étais pas seule à être embarquée là-dedans. Il était toujours plus en retrait, plus mesuré sur la situation et ça me rendait malade alors que je me consumais littéralement d’amour à côté. Peut-être que si je lui donnais ce dont nous avions tous les deux besoins, les choses couleraient de source et j’arrêterais d’entendre chanter la voix de la perdition dans mon esprit. Quand il avait ses lèvres sur ma peau, j’étais certaine que ses sentiments étaient identiques aux miens. Je crus faire mouche en retirant mon seul vêtement, parce que je ne voulais pas avoir une conversation philosophique sur mes sentiments, c’était bien trop compliqué pour moi, j’avais seulement besoin de profiter de l’instant. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me ramène si brutalement à la réalité. Je me sentis ridicule et si honteuse que le feu me monta aux joues. Mon alarme interne hurlait et je voulus ramasser la nuisette pour repartir d’où je venais, au lieu de ça, il me couvrit d’un plaid, m’y emprisonnant et m’embrassa pour tenter de dissiper tout malentendu mais je ne me sentais pas moins con pour autant. Discu quoi ? Putain ! Pourquoi avait-il une furieuse envie de parler quand je ne pensais plus avec ma tête ? POURQUOI ? Je me laissai entraîner dans le salon, je m’installai dans le canapé et fixai mes jambes, il ne fallait surtout pas que je le regarde, surtout pas. Je l’écoutais attentivement, je savais déjà ce qu’il me disait là, du moins je m’en doutais. Leur nom m’était vaguement familier et ils se comportaient comme ma propre famille, à une échelle différente, je n’avais jamais creusé parce que ça ne me regardait pas et que ça n’avait jamais été mon genre. Jamais. Je retins seulement que j’étais si bien acceptée surtout grâce à mes frères et je ne pus m’empêcher de me sentir blessée mais je ne relevai pas, à quoi bon ? Il m’expliqua qu’il s’occupait de cette fille de très près pour la garder à portée en cas d’emmerdes, était-ce aussi ce qu’il faisait avec moi ? La question méritait d’être posée mais je doutais que mes frères soient assez importants pour… Muñez l’était… Non, je choisis de repousser cette éventualité, loin, très loin. Plus il avançait et plus j’avais l’impression qu’il était davantage en train de rompre que de chercher une véritable solution à notre problème, autant dire que je me sentais d’autant plus débile sous mon plaid, à poil. Les larmes me montèrent aux yeux, j’essayais de mettre mes idées au clair mais terrassée par la honte et la peine, je n’arrivais plus à distinguer la vérité de la version catastrophe. « Est-ce que ça veut dire que tu veux qu’on arrête de se voir ? » m’enquis-je, la voix tremblante et le regard toujours fixé sur mes mains, posées soigneusement sur mes cuisses. « Parce que tu décides tout seul de trouver une solution mais tu ne me demandes pas mon avis. TU décides de ce qui serait le mieux mais à quel moment tu m’as posé la question, pour savoir ce qui me plaisait le mieux ? » Je levai enfin un regard furibond sur lui dans lequel perlaient mes larmes. « Laisse-moi choisir où je veux être ! Je me fiche de savoir de quoi ça aura l’air pour les autres, tant que toi et moi, on sait. Laisse-moi être là pour toi, d’accord ? Les solutions, ça se trouve à deux, pas tout seul. » Je me saisis de ses mains que je serrai dans les miennes, essayant de me convaincre que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Entre le perdre ou subir la douleur de le partager, fictivement ou pas, je préférais la deuxième solution. « Tu peux déjà te rassurer, je ne dirai rien, à personne. Comment tu veux qu’on fasse ? Qu’est-ce que tu veux qu’on évite de faire ? Lucky, je ne vais pas attendre comme une âme en peine que cette fille se décide à être utile. Je ne vais pas regarder tout ça se passer et me dire qu’un jour, peut-être, on pourra être ensemble. J’ai envie d’être avec toi, peu importe la façon. T’occupes pas du reste, je gère ! »

***

Je m’étais surestimée dans ma capacité à supporter toute cette merde. Je lui offrais toujours le masque de la bonne humeur, du sourire et de la gaudriole mais ça me rendait malade. J’étais d’une jalousie maladive et même si je savais l’essentiel, être maintenue dans l’obscurité me rendait malade, autant que de le voir en-dehors de New York ou bien à huit-clos, comme si nous faisions quelque chose de mal et de répréhensible. Ajoutez à cela que nous devions nous contenter de rapports purement platoniques et je commençais à devenir folle. J’avais en tête une soirée films, Cinzia était près de moi et lui se trouvait de l’autre côté. Tout se passait bien jusqu’à la scène d’amour plus qu’explicite. Vu mon état, un rien et je m’enflammai, je finis par me lever et par m’enfermer dans ma chambre, prétextant une migraine violente et tenace. Je savais bien qu’il essayait de se montrer agréable et respectueux, qu’il agissait ainsi pour me préserver mais j’avais l’impression que cette rouquine au prénom insipide me piquait tout ce qui m’appartenait. Elle avait le droit à la légitimité, à la lumière, aux sorties, aux paillettes et au sexe. Moi ? Les sentiments mais on ne pouvait pas dire que ça satisfaisait son homme, surtout pas quand ça venait d’un type comme Luciano, aussi doué pour dire ce qu’il ressentait que pour parler de problèmes prémenstruels. Ca se limitait à peu de choses, des baisers chastes, un effleurement, un baiser sur la main et des doigts entrecroisés, le reste, on évitait, la dernière fois que nous avions commencé à aller au-delà de ces limites, je m’étais retrouvée sans t-shirt ni soutien-gorge, installée sur une commode alors qu’il avait un regain de conscience et reculait de dix pas. Si j’avais été la seule dans l’équation, si je n’avais pas eu peur de le perdre au profit de l’autre connasse, je ne me serais pas sentie lésée ou frustrée, j’aurais adoré profiter de ces moments à deux faits de tendresse et de douceur. Là, j’avais l’impression que c’étaient des caresses pour m’endormir et me maintenir à ma place. Nous faisions couple, elle était là, tout le temps. Pour chialer sur son sort, pour se plaindre, pour réclamer de l’amour comme une putain pathétique et j’avais de plus en plus envie de partir à sa recherche pour la tuer de mes mains. Je tentai bien de les ignorer mais je fus bien vite lassée et malheureuse de ne pas pouvoir profiter pleinement du temps que nous avions tous les deux parce qu’à cette morue, il lui fallait tout, tout de suite, comme toutes les catins richardes. Je crus qu’elle lâcherait l’affaire au restaurant, pour me permettre de profiter un peu de l’instant et de penser à autre chose, je rêvais tout debout. Il se leva, me laissa une fois de plus commander à sa place, quand il ne se levait pas pour revenir manger froid ou m’embrasser le front avant de partir précipitamment, même si j’avais passé ma journée à cuisiner. C’était elle, l’autre femme, elle qui l’appelait sans cesse pour se rassurer et qui me pourrissait la vie avec application en me volant tous mes beaux instants. Je prenais sur moi, putain que je prenais sur moi pour être agréable et ne pas le pousser vers elle mais ma patience était mise à rude épreuve. « Rien, je n’ai rien commandé, Lucky, parce que je suis fatiguée d’avoir l’impression de sortir avec un fantôme, le peu de fois où on peut sortir sans risquer d’être vus tous les deux. » dis-je d’une voix épuisée. « Je sais. » soupirai-je. « Je sais aussi que ce n’est pas de ta faute et que c’est cette situation qui me rend malade. J’ai l’impression qu’elle tire toujours un peu plus sur la corde. C’est parce que je ne peux pas, sinon, crois-moi bien qu’elle ne serait plus là pour geindre au téléphone ! » Je me gardais de me comparer à elle, de lui demander laquelle de nous deux il préférait pour ceci ou cela, ça n’aurait fait que me blesser et jouer ce jeu c’était risquer de lui faire perdre patience à lui aussi. Je décalai ma chaise pour me pencher suffisamment pour atteindre ses lèvres. Pas de baiser pieux cette fois mais quelque chose qui sonnait comme une promesse. « On va commander à emporter. » Il ouvrit la bouche pour demander un complément d’information ou peut-être émettre une protestation mais je l’embrassai à nouveau.

Le restaurant ne faisait rien à emporter en temps normal, Luciano parvint à négocier pour une exception, me tannant dès que nous nous retrouvâmes dans la voiture pour savoir ce que j’avais en tête. Il croyait que j’étais fâchée, que je refusais de discuter et que je voulais rentrer à New York, au lieu de ça, je le fis arrêter dans un hôtel classique, ce n’était pas le grand luxe et ça suffirait pour que j’ai l’impression de reprendre la main dans cette situation merdique. Il m’opposa tout un tas de raisons pour justifier du fait que ce n’était pas une bonne idée mais quand je commençai mon petit cinéma, il avait un peu plus de mal à les formuler et sa résistance s’évapora totalement quand nous nous retrouvâmes dans une chambre. En conquérante, je comptais reprendre ce qui m’appartenait et je sortis le grand jeu. Lovée contre lui, je jouais avec une mèche de ses cheveux, me sentant un peu plus légère, d’autant plus chaque fois qu’il réaffirmait sa prise sur moi. « Mon petit cœur… Je sais, que tu ne racontes rien pour ne pas me faire de peine mais c’est pire. J’essaie d’être toujours agréable et souriante par rapport à la situation et je suis désolée que ce ne soit pas toujours le cas. Mais j’ai besoin que tu me racontes tout ce qu’il se passe avec elle, parce que lorsque j’imagine… Putain… Quand j’imagine… Ce n’est pas bon du tout de me laisser dans le flou. Si on ne se dit pas tout, notre binôme ne fonctionnera pas correctement. » Je cherchais une réponse dans son regard mais je n’y trouvais rien qui me rassure, je préférai cesser de le fixer, me serrant contre lui, m’imprégnant de son odeur. « Je sais qu’attendre le mariage aurait été mieux, Lucky, mais j’ai besoin de sentir que tu es à moi et la distance qu’on doit mettre entre nous pour ne pas céder, ça ne m’aide pas. Mes principes, ils sont moins importants que toi. Je veux que tu te sentes bien avec moi. » confiai-je, me disant que je parlais sans doute trop et que j’aurais mieux fait de me contenter de tout le reste mais j’avais besoin qu’il me nourrisse de paroles réconfortantes, parce que j’étais en position de totale insécurité. Tant et si bien que les semaines qui suivirent, il eut le droit à des visites d’un genre particulier. J’essayais de ne pas le faire trop souvent, parce que mes principes en souffraient mais je savais que ça nous faisait du bien à tous les deux de s’abandonner de la seule manière qui nous libérait momentanément. Mon jeu favori était de le rendre fou quand elle l’appelait pour se plaindre, encore. C’était ma vengeance sur la situation.

***

J’avais passé Noël en famille et j’avais bien failli accepter de passer le nouvel an en leur compagnie quand mon compagnon m’avait contactée pour me parler de cette soirée avec sa sœur et Mani. Je lui demandai un nombre incalculable de fois s’il était certain qu’il serait là pour la soirée, que l’autre chieuse ne nous harcèlerait pas et il me promit que ce ne serait que des messages, qu’il avait préparé le terrain. Méfiante, je fus agréablement surprise. Elle n’appela pas de tout le repas et je sentais la pression dans mes épaules diminuer, petit à petit alors que j’avais l’impression que c’était l’invasion de papillons dans mon ventre. Nous flirtâmes comme des adolescents, je bus plus que d’habitude, j’étais euphorique quand nous pénétrâmes dans la boîte de Mani, ça redescendit aussitôt quand il décrocha son téléphone, la mine soucieuse et qu’il ne reparut que vingt minutes plus tard. Elle menaçait de se suicider. C’était moi qui allais la suicider si elle continuait. MOI ! Il avait promis ! Combien de soirées avortées ? Combien de rendez-vous jetés aux orties ? Trop ! Je n’étais plus d’humeur festive et je finis par prendre congés, dix minutes seulement après qu’il soit parti. J’envisageai de rejoindre les miens mais j’étais de trop mauvaise humeur pour m’y rendre, je ne voulais pas leur gâcher la fête. Au lieu de ça, j’atterris dans un bar, puis dans un autre, provoquant bagarre après bagarre jusqu’à ce que je tombe sur plus fort que moi. Le temps de reprendre connaissance et les flics étaient déjà là, m’embarquant pour ivresse sur la voie publique et violence avérée. Il s’en fallut de peu pour que outrage à agent ne soit pas ajouté à la liste. Peterson était de la partie et je lui avais sauvé la mise assez de fois pour qu’il m’épargne ça. Mon appel, j’hésitai longuement à le passer mais je me dis que je pourrais toujours trouver une autre alternative, au besoin. Ma caution, je lui pissais dessus. « C’est moi et comme par hasard tu ne réponds pas ! Si seulement tu pouvais répondre aussi vite que quand elle te siffle ! Je suis au poste de police, je me suis fait arrêter. J’espère que c’était bien, de l’empêcher de se suicider, tout ça ! Ma soirée à moi était à chier à cause de ceux qui ne tiennent pas leurs promesses ! » Je raccrochai, fière de moi, encore trop ivre pour réaliser que je venais de niquer mon seul appel pour me comporter comme une connasse. J’avais mal à la gueule, ma pommette était enflée et j’avais un oeuf de pigeon sur l’arcade ainsi que l’œil au beurre noir. Quelle merveilleuse nouvelle année ! J’aurais mieux fait d’appeler mon frère !

***

« Te marier ? » Il venait de m’annoncer ça, agité comme jamais et je me rassis aussi sec, mon œil commençant à clignoter dangereusement, signe qu’un plomb venait de sauter. « Avec elle ? » Je pris une grande inspiration pour cacher le bruit de mon cœur qui se brisait en mille morceaux. « Mazeltov ! Moi j’ai encore des trucs à faire, là-bas, alors je vais y aller, ok ? Félicitations ! » Je lui pris la main pour la serrer chaleureusement avant de tourner les talons et de chercher où aller me cacher pour les siècles à venir.







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Luciano Gambino
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La cruauté est essentielle si l’on veut conserver le pouvoir. Sans elle, on apparaît faible et les adversaires en profitent. Comme les chiens : celui qui aboie le plus fort devient le chef de meute. [Saviano]

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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyLun 4 Jan - 13:48





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft La bambola


La patience dont elle faisait preuve à mon égard me stupéfiait. À l’hôpital, sur un parking à Brooklyn, dans mon appartement quand sa seule présence suffisait à me maintenir en équilibre, elle me réservait toujours la même réponse : « prends ton temps. » Si je n’avais pas été sincère avec elle, je l’aurais prise au mot sans le moindre scrupule, la balançant entre mensonges et promesses pour mon unique plaisir. Je n’étais plus à l’après de ça. Ma technique était rôdée, je la façonnais comme un artisan depuis des années. Caitlyn était certainement la pièce maîtresse de ma collection et si j’avais à trouver un point commun entre la Mexicaine et cette dernière, c’était l’intensité de leurs sentiments. Les miens, en revanche, n’étaient dirigés que vers Lyla, ce qui rendait la situation difficile pour moi. Je n’avais aucune envie de lui jouer de la flute de pan. Je la voulais avec moi, tout le temps, dussé-je l’épouser pour la rassurer sur mon authenticité et pour me satisfaire de la voir m’appartenir éternellement. Je n’en avais tout simplement pas le droit, pas pour le moment et j’avais beau essayer de la pousser vers la sortie pour son bien – c’était probablement mon seul acte purement altruiste depuis des lustres –, mais elle n’y entendait rien. Elle savait que c’était le mieux, mais elle avait décidé que sa place était à mes côtés. Elle l’avait choisi malgré mes explications floues, mes silences et ma mauvaise foi. J’étais un spécialiste en la matière, mais elle semblait ne jamais m’en tenir rigueur, du moins, jamais pleinement. Elle méritait plus d’égards, bien plus que ceux que mes instincts primaires me dictèrent lorsqu’elle se déshabilla sous mes yeux sur le pas de ma porte. La couvrir et l’embrasser pour éviter qu’elle se sente trop mal, faire preuve d’une telle grandeur d’âme, ce fut difficile et frustrant. Je n’en tirais aucune satisfaction, mais avais-je seulement le droit d’emprunter d’autres chemins que celui de la vérité ? Si je ne la lui livrais pas définitivement, je finirais par la perdre. Je ne voulais pas de cette douloureuse expérience. Accepter que j’étais moi aussi tombé amoureux d’elle était déjà bien assez compliqué pour mon cœur en berne depuis toujours. Je me lançai dans la bataille des mots les poings fermés pour ne pas oublier mon courage et sans m’attarder sur son embarras de peur d’y trouver une bonne excuse pour renoncer. Peut-être aurais-je mieux fait de la contempler en exposant cette réalité lourde à encaisser. Sans doute aurais-je opté pour la même explication, mais en version censurée. Elle semblait persuadée que je la larguais comme une mal propre. Notre histoire aurait-elle effectivement commencé que ça ne me serait pas venu à l’esprit. Il n’y avait donc rien à briser, juste à bâtir, mais sur des bases que j’espérais saines. « Non, ne pleure pas. Je t’ai dit que je n’étais pas doué pour consoler. » tentais-je tout de même en essuyant du pouce une larme qui roulait sur sa joue. « Je ne suis pas en train de te dire que je veux que tu sortes de ma vie et je ne suis pas en train de prendre une décision pour toi. Je te donne juste toutes les informations dont tu as besoin pour justifie que tu m’aies accordé autant de temps et que tu décides en toute connaissance de cause si tu le feras encore ou non. » Pour une fois que j’essayais de faire les choses bien, je n’en garderai certainement pas un souvenir impérissable. N’était-elle pas censée m’envoyer sur les roses et me dire d’aller me faire foutre ? N’aurait-elle pas dû préciser que la vie à côté d’un gangster, pour la connaître en partie, elle n’en voulait ni pour elle ni pour sa pire ennemie ?

Elle me déstabilisait une fois de plus. J’en serais demeuré coi d’ébahissement si elle n’avait pas déjà démontré d’une force de caractère étonnante. Elle était si fragile par bien des aspects que j’avais tendance à oublier qu’elle n’encaissait pas trop mal la réalité la plus sournoise finalement. « Il n’y a pas de solutions, Lyla. À part la patience, il n’y en absolument aucune. Et, de toi à moi, je ne suis pas convaincue que tenir le second rôle dans ma vie aux yeux des autres te fera vraiment du bien. Ne te méprends pas, si tu me dis que tu tiendras le coup et que tu t’en fous, je ne vais certainement pas m’en plaindre, je pense que tu l’as compris.» Je n’aurais pu me montrer plus clair sur la question. « Mais, moi, je n’ai pas oublié les scènes que tu m’as faites pour un baiser, parce que tu avais peur qu’on pense que nous formions un couple ou qu’on couchait ensemble. Je ne veux pas que tu finisses par m’en vouloir ou par me détester et tu sais très bien que c’est un risque » Risque dont elle avait que faire désormais. Moi qui pensais avoir dépensé vainement mon énergie à lui entrer dans le crâne que la rumeur était son alliée et que se justifier était la particularité des coupables. Aujourd’hui, j’en étais la preuve vivante, mais ça comptait peu pour elle. Quand d’autres fuiraient à toutes jambes, elle s’empara de mes mains et les serra aussi fort qu’elle ne paraissait convaincue. Je la dévisageai de longues secondes sans trouver quoi lui répondre, mon pouce caressant le dos de ses menottes tremblantes. Puis, face à cette détresse qui faisait écho à la mienne – nous étions décidément de plus en plus conscients que nous séparer nous ferait plus de mal que de bien, et ce qu’importe la façon dont nous devions mener notre histoire – je finis par embrasser chacun de ses doigts, les uns après les autres, pour ensuite l’attirer à moi et l'étreindre en douceur. « Pour le moment, on se verra surtout ici, le temps que mon père me fasse une mise à jour. Ici ou en dehors de New York ? D’accord ? Crois-moi, je ferai tout ce que je peux pour que ça t’impacte le moins possible et pour que tu en souffres le moins possible. Je te le promets.» lui chuchotais-je en déposant sur la peau fine de son cou quelques baisers. Je descendis jusqu’à son épaule et je la sentis frémir sous mes lèvres tandis que je me frayais un passage sous ce plaid. Je n’avais pas oublié qu’elle était complètement nue sous le tissu polaire, car elle avait fait choix de ne pas se rhabiller alors que s’engageait une telle conversation. J’estimai donc qu’il pourrait nous être profitable de sceller nos accords dans une étreinte charnelle et passionnée. Rien ne nous aidera davantage que ce sentiment de nous appartenir enfin, de suspendre le temps pour une nuit nos complications. Elles nous rattraperont bien assez tôt pour ne pas nous autoriser un peu de répit, une fois, une fois seulement, les autres seraient tout, sauf une bonne idée, vu nos relations avec les Irlandais.

Je n’avais jamais eu l’espoir qu’elles s’amélioreraient d'un jour à l'autre. Notre inimitié était atavique, seul le nerf de la guerre les rendit courtoises au fil des générations. Néanmoins, faute de mieux, je priais souvent pour que ces irréductibles se lassent de vouloir mener avec nous des affaires frauduleuses. J’en étais toujours là lorsque j’invitai Lyla dans un restaurant dans le New Jersey pour adoucir sa douleur, abaisser ma jauge de culpabilité au minimum et remplir celle de tendresse au maximum. Ça devenait tout bonnement insoutenable, autant pour elle que pour moi et nous n’étions pas au bout de nos peines. Si j’avais été informé de ce que l’avenir nous réservait, j’aurais profité pleinement des moments passés en sa compagnie. Les angoisses de Caitlyn étaient invivables. Ses appels répétés me collaient des envies de meurtre, principalement parce qu’ils raréfiaient la tranquillité de mes têtes à têtes avec ma dulcinée. Ça se vérifia quand je fus forcé de quitter la table pour entendre mon microbe se plaindre à l’autre bout du fil et en retrouvant ma place, à la mine déconfite de ma partenaire, je crus qu’elle pourrirait tous mes efforts par une dispute justifiée, mais dont je n’avais strictement pas besoin. Je me contentai don de hausser les épaules, préférant le silence blasé aux horreurs fatalistes qui me brûlaient les lèvres, mais que j’aurais fini par regretter dès qu’elle sortirait d’ici, furibonde, en jurant qu’elle ne grimperait plus jamais dans ma bagnole. Si j’avais deviné que mon mutisme nous mènerait dans cet hôtel minable, sans saveur, qui loue parfois ses chambres à l’heure entre cinq et sept pour ne pas crouler sous les dettes, je l’aurais peut-être craché mon venin. Évidemment que j’avais envie d’elle. Mais, parce que j’avais l’impression de faire d’elle une fille de rien, bien moins qu’une conquête de bas étage qu’on choisit d’endormir grâce au luxe pour l’abandonner au petit matin sans aucun remord. Là, à l’aube, en posant un regard épuisé sur le papier peint affadi et sur les meubles décatis de cette pièce impersonnelle et sans âme, j’en cultiverais un paquet pour elle et uniquement pour elle et son image. Je ne supporterais pas qu’elle ne puisse plus affronter son reflet dans un miroir. « Putain, je déteste ça. J’ai l’impression d’être un homme adultère qui se planque avec sa maîtresse. Ce n’est pas du tout ce que j'avais imaginé pour nous et pour toi. Pour une fois que j’avais une bonne raison de faire les choses bien.» bougonnais-je en laissant choir du bout de mon bras le sac remplir de bouffe refroidie. La contrariété me coupait tous mes effets. Aucun de ses baisers ne semblait en mesure de me faire changer d’avis, mais elle enclencha la vitesse supérieure. Devant sa beauté, sa nudité et sa volonté à prendre et à me rendre ce qui n’appartenait qu’à nous, mon corps se réveilla bien malgré moi.

J’appréciai tous nos écarts, mais certainement pas la mélancolie de la Mexicaine. Sans ce sentiment maussade, jamais elle ne m’aurait opposé ce genre de questions sur mon aventure avec l’Irlandaise. Jamais elle n’aurait eu à le faire et j’en demeurai pensif un instant. « Ce n’est pas pour moi que je voulais attendre, mais pour toi, parce que tu y tenais. Pour moi, c’était seulement une façon de te prouver autrement que par les mots que tu comptes pour moi » finis-je par avouer en déposant mes lèvres sur son front. « Pas elle. Je te l’ai déjà dit, mais je te le répète puisque tu as l’air d’en douter. Savoir, ça ne va rien t’apporter. Imaginer, ça va compliquer nos rapports. Tout ce que je peux te dire, brièvement, c’est qu’elle me tape sur les nerfs. Je n’en peux plus de me la coltiner  quasiment du matin au soir. Quand j’éteins mon téléphone, comme maintenant, j’ai peur de le rallumer, car elle est capable de m’avoir laissé un message par minutes et comme si ce n’était pas suffisant, je suis obligé de faire semblant que ça me qu’elle s’inquiète pour moi. Tu voudrais l’empêcher de geindre au téléphone ? Je rêve de lui couper la langue définitivement. Alors, s’il te plait, essaie de ne pas m’obliger à parler d’elle quand on est tous les deux et tranquilles pour une fois. » soupirais-je en me tournant vers elle pour rapprocher son corps nu plus près du mien. « Elle n’est pas déjà assez présente comme ça pour qu’on l’invite dans notre lit ? Lyla, je comprends ta curiosité, je comprends que tout ça te fasse du mal, mais ne lui donne pas l’opportunité de nous voler ça aussi. » Je conclus par un baiser langoureux qui nous mena vers les portes du plaisir. Nous les poussâmes allégrement. C’était à chaque fois plus intense et plus passionnel, et en quittant le New Jersey, je souffrais désormais du même mal que le sien : l’addiction.

Non contente d’être un frein à mon bonheur, Caitlyn, sans en voir pleinement conscience, me transforma en prometteur de bon jour le soir du réveillon. J’avais juré à Lyla que personne ne nous empêcherait de clôturer cette année ensemble, car dans le fond, j’espérais que nous divorcerions enfin de nos emmerdes. Quelle naïveté. La dramaturge frappa avant les douze coups de minuit. Elle alléguait qu’elle mettrait fin à ses jours si je ne me pointais pas dans les trente minutes et Dieu seul sait combien je fus tenté de l’y contraindre en brillant par mon absence. Je l’aurais fait si je ne craignais pas tant les colères cruelles de mon père. Son unique chance, c’était que je tenais à ma propre vie, plus qu’elle visiblement, et m’habiller de tendresse pour éteindre sa folie exigea plus d’efforts et d’énergie que j’en avais en stock. Je m’assoupis auprès d’elle quand elle fut plus calme et plus sereine, mais mon sommeil était agité. Je n’eus aucun mal à entendre mon téléphone sonner du fond de la poche de mon jean’s jeté négligemment sur le parquet. Le trouver fut cependant plus compliqué. Je ratai l’appel, mais pas le message vocal d’une Lyla déchaînée. Je la détestai autant que moi d’avoir failli à mon serment. Qu’elle soit blessée, je tolérais, mais ça ne justifiait pas qu’elle se montre odieuse. Que croyait-elle gagner, si ce n’est ma mauvaise foi et quelques heures supplémentaires au cachot ? L’espace d’un instant, je me refusai catégoriquement la faiblesse d’aller la récupérer, mais ça ne dura pas plus que le temps d’une douche. Réveilllant mon paraiste avec douceur, je prétextai une obligation vis-à-vis de ma sœur pour prendre congé. Elle me sourit tendrement et exigea que je lui jure la force de mes sentiments. Je la quittai donc sur un « je t’aime. On se voit demain. » qui sonnait faux, comme d’habitude, mais elle ne remarqua rien et se rendormit paisiblement alors qu’elle avait clairement gâché ma première nuit de janvier. J’aurais pu l’étrangler dans son sommeil si j’avais pu, mais j’avais au corps l’espoir fou que mon dévouement aux affaires de la famille inciterait le Divin à illuminer la Mexicaine furibonde d’assez de clémence pour que je puisse rattraper mon coup foireux du jour et non finir comme elle : le regard vitreux et le visage en feu. « Putain, mais ce n’est pas possible, qu’est-ce que tu as foutu ? » soupirais-je tandis qu’elle se débattait férocement pour échapper à la poigne ferme du flic qui me la ramenait. Il me raconta qu’elle était à l’origine d’une bagarre sans précédent et j’affichai un rictus à mi-chemin entre l’amusement et la consternation. Je n’ajoutai rien, pour ne pas aggraver son cas, et je la tirai jusqu’à la voiture pour essuyer un nouvel affront.

Elle ne prétendait pas rentrer avec moi et je ne tentai pas vraiment de la raisonner. Elle était encore ivre. Je n’étais même pas convaincu qu’elle comprendrait un traitre mot de ce que je baragouinerais. Je me contentai donc de l’asseoir sur mon siège passager sans attendre son approbation. Elle portait sa casquette de chieuse. Je patientai, jusqu’à ce qu’elle se calme, avant de reprendre la parole. « Ça t’a fait du bien ? » m’enquis-je en lui adressant un regard de croix. « Franchement, tu aurais pu m’attendre. Moi aussi, j’aurais kiffé me débarrasser de ma déception en cassant des gueules, en me foutant du monde et en foutant la merde derrière moi. C’est plus drôle à deux, et moins risqué aussi. Regarde-toi. » Je tirai sur le pare-soleil qu’elle puisse se contempler à loisir dans le miroir d’appoint et ce fut sans doute le geste de trop. Elle m’administra un de ses coups de poing dans l’épaule qu'un mouvement de recul pour l'éviter fit bifurquer le véhicule. « Tu es malade ? On aurait pu avoir un accident. Pire, un contrôle et vu la gueule que tu tires, on est beau pour se les coltiner une paire d’heures. » Étais-je fait seulement de malchance ? Gyrophares et sirènes se mêlèrent à notre dispute. On me questionna une paire d’heures pour s’assurer que je ne l’avais pas tabassée parce qu’elle m’avait refusé une pipe. Si j’avais été aussi rond qu’elle, nous étions bons pour un retour fulgurant à la case départ. J’étais clean cependant. Je n’avais pas eu l’occasion de boire la moindre coupe de champagne pour arroser cette nuit merdique. Peut-être était-ce qui manquait pour forcer le destin. Sans doute. C’était tout ce qu’il me restait pour contenir mon agacement. « Tu es fière de toi ? Tu as dit que tu pourrais gérer. » hurlais-je en frappant du poing sur le volant. « C’est exactement les mots que tu as employés quand je t’ai parlé d’elle. Je t’ai donné la vérité, je fais tout ce que je peux, mais tu n’es pas contente. Tu n’es jamais contente. Je t’ai pas demandé de rester moi. Je t’ai justement d’essayer de comprendre. Tu as voulu décider seule, je t’ai laissé faire. Et c’est comme ça que tu me remercies ? En transformant une soirée pourrie en véritable fiasco ? Mais, tu crois que ça m’amuse de ramasser une épave pour en récupérer une autre quelques heures plus tard. Tu me casses les couilles, tu entends ? Vous me cassez tous les couilles. Tous autant que vous êtes. » Elle renfilait ses talons quand je tournai à nouveau la tête vers elle et, la soupçonnant capable de descendre de la voiture en marche, je m’arrêtai sur le bas-côté de la route. « Qu’est-ce que tu fais ? Tu veux te barrer maintenant ? Au milieu de nulle part, habillée comme ça ? Dis-le si tu veux crever, je peux m’arranger pour que ça soit moins douloureux qu’une hypothermie. » la réprimandais-je en réalisant que je n’aurais pu m’y prendre plus efficacement si je désirais vraiment qu’elle se casse. Je l’emprisonnai donc à l’intérieur en activant l’anti-car-jacking. « Tu peux t’exciter sur la portière autant que tu veux, elle ne s’ouvrira pas. Allez, je t’en prie. Tu me donneras au moins de quoi rire un peu ce soir, mais tu n’y gagneras pas grand-chose. À part m’exciter peut-être. Et encore…»


***

Un coup de massue porté à la tête aurait été moins violent que cette nouvelle inévitable, car elle s’égara entre la réalité et un monde fantasmé auquel je n’avais pas accès. Elle me serra la main, comme si j’étais un vieil ami et qu’elle était heureuse pour moi. Elle eut même l'audace de me féliciter avant de me fuir. Je n’avais jamais ressenti la moindre envie de me marier, si ce n’est avec elle. Épouser Caitlyn, c’était m’envoyer pourrir au fond d’un trou ou m’épuiser au bagne. C’était une lourde punition, un châtiment sans nom. J’étais le lapin pris dans les phares d’une voiture qui ignore le chemin à emprunter pour sauver sa vie. Il n’y avait pour moi aucune porte de sortie. Contrairement à elle, je ne jouissais pas de ce privilège. Je subissais tant la folie de mon père et l’hébétude de celle qui, jusqu’ici, j’avais considéré comme ma meilleure alliée. Comment avais-je pu me montrer aussi bête ? À quel moment m’étais-je convaincu qu’elle serait toujours à mes côtés en attendant les jours heureux, ceux auxquels nous aspirions, ceux que nous méritions ? À l’instant même où elle tourna les talons, je me sentis abandonné, délesté de ma seule raison de croire que mon destin ne sera plus qu’une succession de tristes fatalités. Pourtant, je lui emboîtai le pas, non pour la retenir – le message était clair et je ne m’abaisserais pas à ça –, mais pour la tenir étroitement informée des autres nouvelles désastreuses de la famille Gambino. « Il est arrivé quelque chose à ma sœur. Elle va bien, elle est rentrée saine et sauve. Elle va sans doute tenter de te contacter pour te prévenir qu’elle doit partir quelque temps avec Mani. Mon père l’a met à l’écart, ce qui veut dire que tu seras toute seule à l’appart et que vu la situation, je ne serais pas surpris que tu décides de rentrer chez tes parents, mais je te le déconseille, pas tant que tu n’auras pas vu mon père. Il demande à te voir, et tu sais comme il peut se montrer susceptible. » conclus-je en constatant qu’en l’arrêtant par le bras, j’attirai quelques regards curieux sur nous. Certains de leur propriétaire étaient déjà sur le qui-vive, prêts à intervenir si elle manifestait un geste trop violent. Je la lâchai donc, dégouté. « Je suppose qu’on n’a plus rien à se dire. Tu as été assez clair et tes chiens de garde aussi. Dommage qu’ils chiaient tous dans le froc quand Ruben t’a tapé sur la gueule, ils se seraient gardés d’un ennemi comme moi. Bonne route. » Je levai la main en guise de salut et je m’empressai de quitter les lieux pour ne pas commettre un impair, un de plus. J’avais une fiancée toujours dans l’ignorance à conduire à l’autel pour lui dire « oui » devant un Elvis bouffi d’alcool ou une Marylin droguée au Valium. Ce ne serait pas romantique, mais un bouquet de roses blanches pourrait sans doute faire l’affaire. À défaut, je glisserai mes doigts aguérris sous le tissu de sa petite culotte pour l’enchanter et profiter de ses émois pour lui susurrer à l’oreille qu’il serait bon, pour le bien de tous, qu’elle coupe le cordon ombilical avec son paternel pour venir s’installer avec moi, chez moi, là où elle n’avait jamais mis les pieds auparavant. Est-il plus bel argument pour agenouiller une femme qu’une myriade d’orgasmes ?


***

Il fallut près de trois jours à mon épouse empoisonnée pour provoquer entre elle et son cher papa une dispute sans précédent qui la mènerait jusqu’au domaine Gambino et Dieu que j’avais hâte. Pas de la retrouver. Non. Elle m’insupportait. Mais, une fois prisonnière consentante d’Ettore Gambino, je serais enfin libéré d’une part de ma mission. J’aurais bondi de joie si je n’avais pas perdu dans l’entreprise la seule femme qui m'importait vraiment. Or, elle nous priva tous deux de ce petit bonheur sans prétention que nous avions attendu longtemps. Si un sentiment féroce d’abandon ne m’étreignait pas à mon retour, sa porte aurait certainement été la première à laquelle j’aurais frappé pour annoncer que notre avenir nous serait désormais plus favorable. Au lieu de ça, je traversai le manoir où je grandis pour rendre compte à mon père de ma réussite et je m’arrêtai au salon pour saluer ma mère et m’enquérir de ses progrès. Le futur mariage de ma sœur la tirait vers le haut malgré son absence et les risques qu’ils comportaient. Elle s’exprimait toujours difficilement. Elle était encore en proie à des vertiges à réguler par une tribune, mais les soins et le dévouement de Lyla l’aidait à avancer. Une fois n'étant pas coutume, je regrettai d’être incapable de lui manifester toute ma gratitude, mais face à elle, j’aurais été à court de mots. J’en étais convaincu, si bien que je maudis le hasard de la trouver dans la cuisine de mes parents affairée derrière les casseroles. Je me stoppai net en quête d’un truc intelligent à lui opposer, mais, tari, je fis semblant de ne pas avoir remarqué qu’elle espérait quelque chose, quelque chose qui viendrait de moi, parce qu’elle jugeait sans doute que je m’étais montré excessif. En réalité, je ne supportais pas cette sensation d’avoir fait d’elle une victime de plus de Cosa Nostra. Je lui en voulais d’avoir baissé les bras un rien trop tôt et, après avoir avalé un verre de jus d’orange que j’abandonnai vide dans l’évier, je songeai sérieusement à fuir l’atmosphère glaciale de la pièce sans plus m’inquiéter du reste. Sauf qu’à la confronter à mon indifférence, je la perdrais définitivement. Maintenant que j’étais rentré, elle sauterait sur l’occasion pour s'en retourner auprès des siens pour s’enfermer à tout jamais dans un cocon. Or, au fond de moi, la joie de savoir mes chevilles délestées d’un boulet où il ne demeurait plus que des chaînes qui cèderaient à moyen terme, j’envisageai cette éventualité comme un beau gâchis. « Si ça t’intéresse encore, oui, je suis marié. Non, elle n’est pas rentrée avec moi. Oui, elle viendra bientôt et oui, ça aurait pu être une bonne nouvelle pour nous deux si tu n’avais pas décidé que nous n’en valions pas la peine. Sur ce, bonne après-midi. » sifflais-je bien incapable d’être agréable ou courtois. C’était exactement ce que j’aurais dû faire normalement, mais ma fierté me dictait le contraire. L’envie de la voir s’énerver contre moi aussi. Il valait mieux une dispute franche où la sincérité transparait derrière les cris qu’une supplication qui m’obligerait à poser un genou à terre, d’y laisser mon égo et de la détester de m’y avoir contraint malgré moi.







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Lyla Gambino
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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyMer 6 Jan - 0:01





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft El gringo gruñón



Si c’était la relation dont je rêvais ? Absolument pas ! Et si n’importe laquelle de mes amies était venue me parler de ce genre de relation qu’elle entretenait avec un homme, même en me la présentant sous les meilleures auspices, je lui aurais dit d’abandonner, que c’était une cause perdue et qu’il se foutait de sa gueule. Ce genre de relation, si on les regardait de l’extérieur, étaient vouées à l’échec et à beaucoup de souffrance. Je n’aurais souhaité ça à personne et pourtant, j’étais en train de me lancer dans l’une d’entre elles, pleinement consciente de ce que ça impliquait et désireuse de faire de mon mieux pour que ça se passe bien. Est-ce que j’avais subi une lobotomie en cours de route ou bien avais-je été bercée trop près du mur pour accepter de me brader de la sorte ? Je ne pouvais faire taire cette voix révolutionnaire qui beuglait en moi et qui me disait que j’étais en train de faire la pire des erreurs. Un homme qui s’éparpille, peu importe la raison, n’arrêtera pas sous prétexte qu’il s’éprend d’une femme, il lui servira les excuses vieilles de plusieurs millénaires, pour endormir sa vigilance et jouer de ses sentiments mais il ne changera jamais. Pourtant, je refusais de croire qu’il me faisait marcher, je ne voulais pas l’entendre. J’avais passé du temps avec lui, beaucoup de temps et j’avais appris à le connaître. J’avais la prétention de croire que je connaissais son opinion sur la gent féminine et elle n’était pas bien glorieuse, s’il prenait la peine de me livrer des détails qu’il n’aurait jamais dû révéler à qui que ce soit n’étant pas de sa famille – dans tous les sens du terme – c’était parce qu’il ne bluffait pas. Ce que nous partagions lui tenait autant à cœur que ça n’avait d’importance pour moi. Il pouvait toutes les avoir à ses pieds, toutes. Il avait le physique, le fric et l’attitude, il n’avait pas besoin de moi et malgré tout, il se compliquait la vie en me transformant en variable de son équation. Je ne pouvais pas lui en vouloir, je me devais d’être là et d’attendre. Oh, la patience ne faisait pas partie de mes qualités, mais s’il promettait que ça finirait par s’arranger et de préférence dans quelques mois, je pouvais bien mordre sur ma chique le temps que les choses changent et tournent en ma faveur. Il me faudrait faire la part des choses, prendre sur moi, très souvent et me montrer terriblement clémente et compréhensive. Il ne serait pas à l’abri de quelques crises, jalouse comme j’étais, je pouvais les sentir arriver de loin, ces moments où il rentrerait avec une trace de rouge à lèvres ou bien une fragrance de parfum qui ne serait ni la sienne, ni la mienne. Ça me rendrait folle, j’aurais envie de la trouver et de l’achever pour l’enterrer quelque part, dans un trou paumé dans l’arrière-pays. Mais c’était son boulot, il devait faire des sacrifices pour le bien du plus grand nombre, comme mes frères pouvaient le faire, comme n’importe quel adulte responsable et altruiste se retrouvaient à devoir le faire. J’allais être sa maîtresse, ça m’était égal, cette discrétion forcée signifiait que je ne pourrais pas non plus me montrer auprès des gens que je connaissais et ça m’arrangeait bien pour le moment. Tant que je n’aurais rien de concret à opposer à mes connaissances et surtout à ma famille, cette situation serait ce qu’il y avait de mieux pour moi. Je finirais probablement par lui en vouloir un peu mais celle qui susciterait toute mon animosité et centraliserait tout mon ressentiment, ce serait cette autre qui me privait de ma légitimité amplement méritée. Je n’étais pas là par hasard, ma place, je l’avais gagnée.

Pourtant, malgré mes efforts et toute ma bonne volonté, elle avait toujours un train d’avance sur moi. Nous ne nous touchions plus depuis que notre accord avait été scellé. J’avais cédé à l’appel de la chair, lâchement, parce que ses baisers étaient aussi irrésistibles que ses caresses et que ce contact me donnait l’impression de le posséder complètement. Mais depuis cette fameuse nuit, il ne se passait plus rien. Il le faisait pour me préserver, pour me permettre de conserver mes principes et m’assurer qu’il les comprenait et les respectait mais nous n’irions pas bien loin à ce rythme. Notre relation, construite sur diverses frustrations ne nous apporterait plus que des misères d’ici peu et je ne pouvais pas supporter cette idée, lui comme moi, nous méritions mieux. Sa vie ou plutôt sa double vie était aussi épuisante que celle que je menais entre ma famille, la sienne et la caserne, nous avions besoin de quelque chose qui n’appartiendrait qu’à nous et dont nous pourrions tirer joie, paix et espoir. Je ne pouvais pas continuer à le laisser sur le seuil de la porte en me disant que le reste suffisait. Nous avions déjà si peu… Il avait beau prétendre que ce serait toujours plus que tout ce qu’il aurait avec cette pétasse, pour moi, ça ne faisait que pâle figure, j’avais besoin de me donner entièrement et sans ambages, qu’il sache que je ne faisais pas semblant et que je ne me donnais pas dans la mesure parce que j’avais peur et aucune confiance en lui. Je me fichais de savoir de quoi j’avais l’air en prenant cette chambre avec lui, je me fichais du regard dégueulasse du type qui nous fila les clés et des sous-entendus qu’on pouvait lire dans son regard. Ça m’était égal, parce que toute mon attention était focalisée sur lui et sur lui seul. Je l’avais rarement pour moi seule, les moments à deux étaient courts et limités, il fallait en faire des moments inoubliables. J’adorais quand nous sortions pour boire jusqu’à plus soif et provoquer des bagarres pour mieux fuir et recommencer la même chose dans un autre bar, j’espérais que nous pourrions recommencer lorsque tout serait rentré dans l’ordre. Pour le moment, il avait moins besoin d’alcool que d’attentions. « Maîtresse comme maîtresse d’école ou maîtresse SM ? » lançai-je avec un sourire, essayant de lui communiquer ma bonne humeur tandis que je le déshabillais en dépit de ses protestations. « Non, parce que ça change tout. Dans une version, je te donne la fessée avec un double décimètre et dans l’autre, je t’attache au lit. Je n’ai pas de tenues avec moi, sinon ça aurait déjà plus de gueule. » Il était réticent et je dus redoubler d’efforts pour le faire réagir et lui faire oublier l’endroit où nous nous trouvions. Lorsqu’il exhala mon prénom, je sus que j’avais gagné et, fière de moi, je lui laissai bien volontiers la main jusqu’à ce que nous nous écroulions dans les draps, beaucoup moins nerveux qu’au début de ce rendez-vous. Il avait éteint son téléphone, ça aidait beaucoup, il fallait bien l’admettre. « Quand tu dis des trucs comme ça, aussi mignons, j’ai une folle envie de te violer. Non, j’te jure. Si tu crois que c’est comme ça que tu pousses à l’abstinence, ça ne marche pas, faut changer de méthode. » Plaisantai-je en lui donnant un petit coup de coude avant de déposer mes lèvres sur les siennes. « Mes préoccupations sont très simples, Lucky, je veux seulement savoir si tu préfères coucher avec elle plutôt qu’avec moi. Pour le reste, je le savais déjà. Je ne veux pas te mettre dans une position délicate, mon cœur, mais mets-toi à ma place juste une fraction de secondes. Ça ne te rendrait pas fou de te demander si au fond de moi, je ne me sens pas mieux avec l’autre personne avec laquelle tu me partages ? Peu importe les raisons. Je suis jalouse de nature, je n’y peux rien ! » Assurai-je en haussant les épaules alors qu’il mettait fin à toute possibilité de dialogue d’une façon des plus habiles. Mais il ne me ferait pas taire pour autant, il devait s’en douter.

***

« CANJURA ! » Je faisais mine de ne pas l’entendre, ce fils de pute savait très bien comment se prononçait mon nom de famille vu le nombre de fois où il avait arrêté mes frères et il se bornait à mal le prononcer, ça me rendait folle de rage alors je ne répondais pas. « CANJURA ! Ne m’oblige pas à venir te chercher moi-même ! On a payé ta caution, dégage d’ici, toi et tes frères, je ne vous supporte plus ! » Muñez n’avait rien trouvé de mieux que de lui pisser dessus la dernière fois où ils s’étaient retrouvés face à face, dans ces moments-là, je regrettais de ne pas être un mec, ça aurait été si simple et si drôle. « Qui ? » « Un certain Lucky quelque chose. » Moi qui m’étais levée, heureuse de cette connexion incroyable avec mon frère, je me rassis aussi sec. « Vous pouvez lui dire que ça ira, qu’il peut rentrer chez lui. » répliquai-je au flic qui, agacé, ouvrit la serrure de ma cage et vint m’agripper par le bras pour me sortir lui-même. Il aurait sans doute récolté une raclée si je n’étais pas fermement menottée. Quand ils s’étaient rendus compte que l’enfermement en cellule ne me calmait pas, ils avaient préféré me laisser les menottes aux poignets. Je finis par me défaire de sa prise, lança un regard assassin à mon sauveur du dimanche. « Ça ne se voit pas parce que je suis menottée mais je te fais un doigt d’honneur ! » crachai-je en le toisant, une fois libre, je le lui montrai avec fierté et pris le chemin de la sortie, retirant mes talons parce que je n’étais plus capable de les utiliser convenablement avec trois grammes d’alcool dans chaque œil. « Merci pour la caution, allez hein, à la prochaine, bonne soirée ! » Je lui fis un signe de la main et pris la direction opposée, prête à rentrer dans le froid et à attraper une pneumonie pourvu que je sois débarrassée de lui. Je fis deux pas avant d’être ceinturée et balancée de force dans sa bagnole. L’alcool me rendait beaucoup plus intransigeante que d’habitude et quand j’étais en colère et que je me sentais victime d’une injustice, j’étais vindicative. « Tu te fous de ma gueule ? Hein Luciano ? Hein que tu te fous de ma gueule ? Je passe ma vie à t’attendre, à attendre que tu reviennes d’avoir sauté cette putain, que tu aies deux minutes pour moi, que tu trouves le temps de me dire bonjour et tu aurais voulu que je t’attende pour essayer de passer un bon réveillon ? VA TE FAIRE FOUTRE ! » Qu’il ouvre le miroir pour en rajouter une couche fut la goutte d’eau faisant déborder le vase et le coup partit tout seul. Mon poing s’abattit sur son épaule et la suite sortit tout droit d’un scénario d’un film de merde et pourtant, tout du long, j’étais hilare. « S’il m’a frappé ? Non ! Je me suis battue et pas avec lui, si c’est ce qui vous intéresse ! Pour qu’on se batte, lui et moi, faudrait qu’il ait du temps à m’accorder mais monsieur est toujours très occupé. Alors pour qu’il me force à lui faire une pipe, vous voyez, c’est encore une fois le même topo ! On peut se barrer maintenant ? » Les flics pouffaient de rire, sans doute que ma gueule en vrac et mes propos étaient le truc le plus drôle de leur soirée mais j’étais animée par un réel désespoir, j’avais même failli leur demander de me déposer à Staten Island avant de me dire que c’étaient des saloperies de poulets et qu’on ne pouvait pas leur faire confiance. Monter dans sa bagnole fut un supplice et ses reproches n’arrangèrent rien. Comme j’avais envie de le cogner à coups de sac, de chaussure et de tout ce qui pourrait se trouver à ma portée.

« Ah, tu ne m’as pas demandé de rester ! D’accord ! Donc tu t’en bats les couilles de moi ! C’est bien ! Très bien même ! J’espère que tu l’as bien baisée Lucky, j’espère que ça valait la peine que TU gâches notre réveillon ! L’épave numéro 2 te remercie et tire sa révérence, bonne soirée ! » Je voulus ouvrir la portière mais elle était bloquée, moi, j’avais les boules, je sentais que je n’allais pas tarder à chialer toutes les larmes de mon corps et parce que ce connard ne voulait pas me libérer, j’allais me retrouver à chialer sous son nez. Ce que j’aurais donné pour une bouteille de whisky. « Ça t’arrangerait bien, t’aurais un problème en moins sur les bras, hein ouais ?! » répliquai-je en lui envoyant ma pochette dessus puis une chaussure, puis l’autre. « Ouvre-moi cette putain de porte, je veux rentrer chez moi ! » Je m’escrimai dessus jusqu’à me fatiguer, sanglotant en même temps, dos à lui pour qu’il n’assiste surtout pas à ça, j’en étais déjà malade de le laisser gagner. J’essuyai mes joues à la hâte, je soulevai ma robe d’une façon peu élégante pour récupérer ma boîte métallique dans laquelle je rangeais mes joints que j’avais dû glisser dans ma culotte dès que j’avais compris que les flics ne tarderaient pas. J’en allumai un et je tirai dessus, fixant toujours ma fenêtre, recroquevillée sur moi, reniflant à intervalles réguliers. « Je voulais juste aller danser et qu’on passe la nuit à baiser comme des malades, dans ta voiture, dans la rue, partout. Comme devrait le faire un couple normal, au lieu de ça, c’est elle qui a eu le droit au grand jeu. Tu m’avais promis, Lucky ! Mais t’as pas tenu ta promesse et t’étais pas là, comme à chaque fois, parce que t’es toujours avec elle ! »

***

Son mariage, c’était un coup de poignard en plein cœur qui me choqua tellement que je fus incapable de penser correctement, incapable d’y voir clair et de prendre la pleine mesure du rôle qui m’incombait. J’entendis à peine ce qu’il me raconta sur sa sœur et avant que je n’aie pu envisager d’essayer de discuter avec lui de cette union sortie de nulle part, il était déjà parti, vexé comme un pou. Elle me volait tout, absolument tout ce que je désirais, comme si elle essayait de vivre cette vie que j’essayais de me construire depuis toujours. Mon envie de meurtre était à son paroxysme et j’hésitai de longues heures à tourner en rond à la caserne, me demandant si je ne devais pas la saigner pour mettre fin à tout ça, une bonne fois pour toute. Croiser Cinzia en rentrant me permit au moins de remettre certaines choses en contexte et en perspective. Je la serrai dans mes bras et lui souhaitai bon voyage, lui faisant promettre de m’appeler dès qu’elle serait arrivée. Je perdais ma plus fidèle alliée et je me retrouvais enchaînée à la maison Gambino dès que j’acceptai de venir en aide à Ettore pour prendre soin de sa femme. Je n’avais pas d’autre choix, eux qui m’avait accueilli si gentiment dans leur famille et dans leur maison, je leur devais au moins ça et même bien plus. « J’arrangerai mes gardes pour ne travailler que la nuit durant l’absence de Cinzia, je serai là toute la journée pour Girolama, parfois, j’aurais sans doute des soucis de timing, on fera un emploi du temps pour s’arranger au mieux. » Il hocha la tête avec un sourire, me remerciant encore et constatant que je ne bougeais pas, il ajouta : « Autre chose ? » « Je me demandais… Je…Je ne sais pas comment vous dire ça. Luciano et moi, on … Et, vous savez… » Il s’enfonça dans son siège, croisant les mains sur son ventre, l’air d’essayer de comprendre où je voulais en venir. « Patience et loyauté te donneront toujours ce que tu attends. Ton heure arrive, tu aurais tort de démissionner tout de suite, tu as un rôle important à jouer, ce n’est pas le plus facile mais c’est le plus gratifiant. » « Merci, Ettore. » murmurai-je, n’osant pas soutenir son regard. « Et en l’absence de notre fille, il nous faudra notre autre fille pour combler le vide. Elle est bientôt mariée, comme les enfants grandissent vite. La laisser partir me fend le cœur, c’est déjà une femme. » « Elle le sera dès qu’ils seront passés devant le prêtre. Ce sera un grand moment. » « Les jeunes aujourd’hui, ils ont tant de mal à comprendre l’importance des traditions et les vertus de la patience. » « Vous savez, Cinzia est une jeune femme raisonnable qui va épouser un homme respectueux et traditionnaliste, je ne me fais pas de soucis pour eux. Votre fille est entre de bonnes mains et l’honneur de votre famille aussi. » En sortant de son bureau, j’étais plus épuisée qu’en y rentrant et je n’étais clairement pas au bout de mes peines. M’occuper de son épouse était une tâche qui me demandait énormément d’attention et de patience, tout était bon pour la faire parler et bouger et pour l’aider à récupérer certains acquis d’antan. Nous parlions parfois pendant des heures, mêlant espagnol, italien et anglais pour nous comprendre, riant comme deux amies. Si c’était dur, sa compagnie était rafraîchissante et j’avais l’impression de voir tous ses progrès, au jour le jour. J’étais fière d’elle et ça m’aidait à moins penser au silence radio de son fils. J’organisais des journées à thème pour la stimuler, je l’avais emmenée au théâtre, au cinéma, au musée et parfois simplement se promener dans le parc. Aujourd’hui, elle m’avait aidé à cuisiner, je lui avais promis de lui faire goûter la cuisine mexicaine. Après deux bonnes heures à éplucher, découper et mettre en route, je l’avais raccompagnée à sa chambre pour qu’elle se repose le temps que je termine mes préparations. Depuis l’annonce de ses noces, je n’avais cessé de tenter de contacter Luciano pour que nous ayons une discussion mais il ne répondait jamais quand son portable n’était pas en messagerie. Je m’étais transformée en irlandaise sans crier gare.

Je ne m’attendais pas à le croiser dans la cuisine, ça me porta un coup au cœur, j’attendais qu’il me salue, qu’il me dise quelque chose mais rien, RIEN. Lasse, je lui tournai le dos, faisant face à mes casseroles, me demandant ce que je devais faire pour rattraper le coup et je devais admettre qu’un coup de couvercle de casserole n’arrangerait rien, même si ça m’aiderait à mieux vivre la situation. Quand il me fit son cinéma, je soupirai bruyamment, éteignant le feu sous mes casseroles, sachant que ça risquait d’être plus long que prévu. Je fis volte-face et m’approchai à grands pas, saisissant les pans de sa veste. « Parfois, tu m’énerves tellement que j’ai envie de t’étouffer, je te jure ! » Je vins chercher ses lèvres avant qu’il n’ait pu répliquer quoi que ce soit. « Je suis contente que tu sois rentré. » dis-je, bouche contre bouche pour l’embrasser une énième fois, une main sur sa nuque. « J’ai eu du mal à encaisser la nouvelle du mariage mais tu ne m’as pas laissé le temps, Lucky. Tu ne répondais plus à ton téléphone, je pensais que c’était toi qui avais décidé que nous n’en valions pas la peine. Je ne compte pas rentrer chez mes parents, alors si tu voulais bien me parler de cette bonne nouvelle pour nous, rapidement… » Je posai ses paumes sur mes fesses. « Peut-être qu’on aura le temps de fêter notre réconciliation et que je pourrais terminer le dîner avant d’aller travailler. »

***

La savoir au-dessus de chez moi, chez lui, ça me mettait dans tous mes états et il me fallait beaucoup de volonté pour ne pas céder à la tentation de la tuer. Sans Cinzia, que j’appelais presque tous les jours, c’était très difficile. Heureusement que mes journées étaient chargées, sinon, j’aurais fini par trouver une bonne raison de la supprimer. Le simple fait de la voir agiter sous mon nez son alliance et sa bague de fiançailles était une raison pour qu’elle disparaisse de la surface de la terre. J’avais fini par récupérer l’alliance de Lucky – après avoir mis un moment à la retrouver – pour l’accrocher à une chaîne autour de mon cou, symbole du pouvoir que j’avais sur ce couple qui n’avait jamais existé. Quand je la lui avais montré et que je lui avais même offert l’explication de texte, elle était devenue blême et j’étais certaine qu’elle aurait tenté de me frapper s’il n’était pas arrivé à ce moment-là, tout lui était bon pour gagner du terrain, que ce soit simuler dès qu’ils se trouvaient tous les deux dans l’appartement ou essayer de me faire passer pour une véritable salope, elle ne manquait pas d’idées, seulement de ressources et d’intelligence. J’avais des années d’expérience dans les coups bas, elle avait encore du chemin à faire. Et rien ne me faisait plus plaisir que de gémir plus fort pendant mes ébats avec celui qui passait le plus clair de son temps chez moi. Enfin, nous pouvions nous afficher ensemble en ville, il venait me chercher au travail et quand il était de très bonne humeur, il descendait de voiture et s’installait sur un des bancs, devant la caserne, m’offrait un baiser amoureux et passait son bras autour de mes épaules après avoir récupéré mon sac. Chez moi et en l’absence de Cinzia, dès que nous franchissions le pas de la porte, nous vivions exclusivement nus, pour des raisons pratiques. Nous avions pris de très mauvaises habitudes qui seraient difficiles de réprimer dès le retour de sa sœur. J’espérais qu’il serait aussi souvent là ou je serais contrainte de monter et de m’incruster sur place pour être sûre qu’elle ne tentait rien. Je devenais parano et mes problèmes de jalousie et de possessivité ne s’arrangeaient pas le moins du monde, au contraire.

Mon père était venu m’apporter les chiots pour Lucky et Cinzia, ils avaient été sevrés et ne demandaient qu’à trouver leur nouvelle famille. Créés pour servir les paris illégaux, mon père les sauva d’une mort certaine et dès qu’il m’en avait parlé, je pensai à les offrir autour de moi à des gens de confiance. Trejo s’était fait une place aussi au manoir Gambino et j’étais sûre que ce serait le cas de ces petits bouts. Assis dans mon canapé, il buvait son café, me parlant de son travail et me faisant remarquer que j’avais l’air fatiguée. Je lui dis que mon emploi du temps était chargé mais je ne pouvais pas avouer que j’usais de mes heures de sommeil pour des pratiques peu catholiques. Non, ça, ce fut Lucky qui s’en chargea. « Bébééééééééééé ! Ma femme a avalé une boîte de somnifères pour exprimer son mécontentement, ce qui veut dire qu’on peut passer les prochaines heures à… » « Je vais aller le chercher et le… » « Visiblement, il connaît la maison, il peut s’en sortir sans se perdre ! » Ce qui signifiait, dans le langage de mon père, que j’étais dans une merde noire et qu’il cherchait simplement à savoir à quel degré il allait être en colère contre moi. Luciano débarqua en boxer, sur le point de le retirer et son sourire s’éteignit dès que son regard tomba sur mon père. « à parfaire ton crochet du droit et à nettoyer cet appartement de fond en comble. Bonjour monsieur Canjura ! » Il lui tendit la main, mon père la serra chaudement. « Lyla, descends avec moi pour m’aider à monter les cages. » J’aurais tout donné pour ne pas avoir à le suivre, tout. Affichant l’expression des condamnés à mort, je le suivis et il attendit d’être près de sa camionnette pour m’accabler. « Que tu abandonnes l’idée d’attendre le mariage, même si je trouve ça dommage, je peux le comprendre ! Mais que tu couches avec un homme marié ! Est-ce que tu es devenue folle ? Tu ne te souviens pas de ce qui t’est arrivé ? Je ne t’ai pas élevée comme ça, tu me fais honte ! » « Mais papa, ce n’est pas ce que tu crois… » « Ne me coupe pas quand je te parle ! Il rentre chez toi comme dans un moulin, pour profiter de toi et tu acceptes d’être traitée comme ça ? C’est comme ça que je t’ai élevée ? Réponds ! » « Non… » « Tais-toi ! Qu’est-ce que tu crois qu’il va se passe pour toi quand il se sera lassé ? Il retournera auprès de sa femme et il te laissera, peut-être avec des gosses sur les bras. Et toi, tu feras quoi ? Tu reviendras pleurer chez moi, comme tu le fais toujours ? Je pensais t’avoir fait avec un cerveau, ma fille ! Je ne peux même pas lui en vouloir, c’est toi qui le laisse te faire ça ! C’est toi qui deviens une fille comme ça ! » Cette conversation dans ma langue maternelle me fit l’effet d’une douche froide. Il se saisit de la cage où les deux chiots se trouvaient et la monta, moi, sur les talons, qui n’osais prononcer le moindre mot. Il déposa la cage à l’entrée de l’appartement et se tourna vers moi, avant de partir. « Commence à préparer tes affaires, tu vas rentrer à la maison, maintenant ! Tu es une femme convenable, les femmes convenables ne font pas ça ! » me dit-il en espagnol, m’obligeant à baisser les yeux. « Girolama a besoin de moi, papa ! » « Dès que Cinzia sera de retour, je viendrais moi-même te chercher. C’est parce que tu es sur la propriété Gambino ou crois-moi bien que j’aurais collé un de tes frères ici. Tu me déçois, Lyla ! Je n’en parlerai pas à ta mère, une nouvelle comme ça risquerait de la tuer ! Ton mariage avorté a déjà fait du mal à tout le monde, je t'interdis de réitérer, moi vivant, ça n'arrivera plus! » Il tourna les talons et m’abandonna là, pleurant comme une petite fille. Je le connaissais, remonté comme il l’était, il irait parler à Ettore et obtiendrait que je sois renvoyée dans mes pénates. Les vacances étaient bientôt terminées et me laissaient un goût amer.








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Luciano Gambino
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La cruauté est essentielle si l’on veut conserver le pouvoir. Sans elle, on apparaît faible et les adversaires en profitent. Comme les chiens : celui qui aboie le plus fort devient le chef de meute. [Saviano]

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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyMar 12 Jan - 0:04





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft La bambola


Je détestais l’hôtel où elle me traîna de force, le regard goguenard du réceptionniste et la tournure qu’empruntait notre tête-à-tête et notre relation. J’étais tendu comme les fils d’un étendeur à linge, mais Lyla jouissait d’un talent inné pour me décrisper par l’humour. Elle n’allégeait pas seulement mes épaules du poids de ma culpabilité, elle lavait mon esprit de ses considérations souvent défaitistes sur notre avenir. Ma petite mascarade avec Caitlyn me fatiguait. Elle me vidait de toute énergie positive et pourtant, je succombai à l’appel de la luxure sans plus me soucier de la dureté de notre réalité. Elle me rattrapa alors que je savourais pleinement les bienfaits de nos délices sexuels. Pourquoi fallait-il qu’elle me sonde pour obtenir des détails sur ma mission avec l’Irlandaise ? Ce genre de discussion n’apportait rien, hormis de la souffrance et de la frustration. J’éludai ses questions en douceur pour limiter ses angoisses, mais c’était trop tard. Elles jetèrent l’ancre si solidement dans son estomac qu’elles se propagèrent jusqu’ à moi pour une malheureuse comparaison. L’imaginer offrir à un connard ce dont je ne profitais pas assez souvent m’incommoda tant et si bien que je marquai ma possession à grand renfort d’orgasmes. Lyla m’appartenait. Le reste relevait d’obligations professionnelles. Je n’y puisais aucun plaisir. Le combat bête et désespéré de ma victime pour gagner cette affection dévouée à la belle allongée à mes côtés me dégoûtait autant qu’il ne la ridiculisait. Je le lui chuchotai à l’oreille, estimant qu’elle méritait au moins d’être rassurée sur le manque de saveur de sa pseudo-concurrente, essentiellement au lit d’ailleurs. Cette rivalité n’existait que dans la tête de la Mexicaine. Qu’aurait-elle fait de ces informations si ce n’est les remettre perpétuellement en doute. Une réponse, c’était ouvrir les portes sur une autre question, et encore une autre. J’acceptai d’admettre en des termes différents que ceux-là que le plaisir dégagé entre baiser une putain et faire l’amour à celle que l'on adore ne se comparait pas, mais ça s’arrêta là. Au contraire, ça ne cesserait jamais et j’aurais bientôt à jurer à Lyla que son parfum me convenait mieux que celui de la comptable. Je fis donc du reste un secret, persuadé que nous en avions fini sur ce sujet jusqu’à ce que meurt cette fausse idylle.

La secouriste me fichait une paix royale à ce propos par la suite. Intelligente, elle opta pour des méthodes radicales lorsque la jolie rousse nous interrompait d’un coup de téléphone. Elle débouclait ma ceinture et me forçait à abréger l’appel, incapable d’aligner plus de deux mots distinctement. Ça débouchait toujours sur la même conclusion : d’abord nus, puis à bout de souffle, sauf le soir du Nouvel An. Je récupérai la Mexicaine à l’œil poché au commissariat de police et, au lieu de me remercier pour cette libération, elle m’accueillit d’un doigt d’honneur. Ça m’amusa sur le moment. Elle était ivre. Les relents d’alcool fort qui la suivaient à la trace en témoignaient. J’en ris beaucoup moins quand elle refusa de grimper dans la voiture. Elle me mit tellement hors de moi qu’elle m’astreint à la plus détestable des mauvaises fois. Je n’étais pas seulement désobligeant, mais carrément infect. Quant à elle, soucieuse de se défendre, elle me perdit dans une salve de reproches. Pour quelles raisons m’en voulaient-elles exactement ?  Parce que je l’abandonnai pour le bien de Cosa Nostra ? Parce qu’elle décida seule, comme elle le souhaitait, d’attendre après moi ? Parce que je me montrais désagréable ? Parce que je veillai à ne pas la laisser croupir dans une cellule pleine de putes et de toxicomanes ? Sa colère ne se définissait autour d’aucun point de repère valide à mes yeux, mais elle existait bel et bien et elle se dirigeait uniquement contre moi. Elle l’exposa sans honte à deux flics hilares. Ils me tendraient une capote que j’aurais saisi la démarche sans m’offusquer au vu du tableau décrit par la Mexicaine. Dieu qu’elle m’excédait. Je rongeai mon frein, pour ne rien envenimer, mais je crachai plus de venin encore dès que nous fûmes libérés de ce contrôle de police.

Outre ses talons qu’elle me jeta au visage et quelques coups de pochette à trois quarts vides – inoffensive –, je récoltai des larmes dissimulées derrière un regard désespéré et les motifs de son emportement. Quelle idée saugrenue que de formuler une promesse difficile à respecter. Je dépensais beaucoup d’énergie à la préserver. Je lui consacrais tout mon temps libre. Il était limité, mais Lyla comptait parmi mes priorités. Je la trouvais donc injuste, comme moi, un peu plus tôt, alors que j’aurais mieux fait de lui présenter d’humbles excuses. « Tu n’es pas un problème. C’est elle mon problème. » amorçais-je loin d’être convaincu que c’était la meilleure approche. À une époque, je considérais qu’en s’insinuant à pas de loup dans ma vie, et surtout dans mon cœur, elle compliquait tout. Je fus même tenté de la fuir, mais nous n’en étions plus à ce stade. J’avais besoin d’elle, besoin de savoir qu’elle serait là quand je rentrerais, qu’elle me couvrirait de délicatesse, de fraîcheur et de tendresse et d’humour pour adoucir la dureté de mon quotidien. « Tu crois que j’ai passé un super réveillon ? Mais quelle image tu as de moi ? La seule raison pour laquelle j’y suis allé, c’est pour qu’elle ne me claque pas entre les doigts, pas maintenant, pas après tous les sacrifices que je fais pour atteindre l’objectif qu’on m’a fixé. Ce n’est pas facile pour moi non plus, tu sais. Ne pas pouvoir être avec toi quand je voudrais et comme je le voudrais, ça me bouffe les nerfs. Il y a pas une seconde que je passe avec elle où je ne pense pas à toi, ou je ne me dis pas que c’est avec toi que je voudrais pouvoir aller au ciné, au restaurant ou me balader dans un parc, le truc le plus chiant du monde.» Je lui tendis la main pour qu’elle me passe son joint. J’aurais bien besoin de nicotine améliorée pour digérer ce que je m’apprêtais à lui dire, non pas pour la consoler, mais pour lui donner l’envie de rester auprès de moi, maintenant et pour toujours.

« Je t’ai déçue ce soir et j’en suis désolée. Je t’ai fait une promesse que je n’ai pas pu tenir. J’ai pris mes désirs pour une réalité et jamais je n’aurais dû. Je ne voulais pas te blesser une fois de plus. » Je lui vouai mon plus beau sourire en caressant du bout des doigts son épaule nue. « Dolcezza, allez, pardonne-moi. Dès que tout ça sera terminé, je ferai en sorte de me rattraper. » Je la couvrirai de cadeaux, je l’emmènerai visiter le monde à mes côtés et, mieux encore, je lui concocterai une demande en mariage qui la soufflera, qui lui prouvera combien je l’aime du fond de mon cœur malade. En attendant, je m’approchai un peu et je profitai d’un regard dans ma direction pour l’inciter à se réfugier au creux de mes bras. « Je ne pensais pas ce que je t’ai dit tout à l’heure. Je ne t’ai pas demandé de rester, mais j’ai tout fait pour que tu le fasses. Je ne supporterais pas que tu partes. Si j’avais pu, je l’aurais laissée se défenestrer, mais je ne peux pas et tu le sais. Mais, tu vois, je vais te faire une nouvelle promesse, une que je vais tenir, dès que je le pourrai, parce qu’il est hors de question que je continue à vivre comme ça pendant des années. Quand son heure viendra, et crois-moi, elle viendra, tu seras au premier rang. On fera ça ensemble, Lyla. Tu veux bien me faire confiance ? Si tu n’as pas envie de me parler, tu peux te contenter de hocher de la tête, de me sourire, ou mieux, de m’embrasser, qu’on puisse baiser dans la voiture, dans la rue, dans ton salon ou dans ma salle de bain…par exemple. » l’asticotais-je un peu pour qu’elle se détende pour de bon et pour ne surtout pas la perdre. Je ne supporterais pas qu’elle m’abandonne, ni aujourd’hui ni demain, quand l’annonce de mon mariage m’assomma de désespoir.

Interprétant sa réaction comme un désaveu envers notre couple, j’embarquai dans l’avion pour Vegas en m’accrochant à mon rôle d’homme d’honneur pour jouer les amoureux éperdus. Je lui servis le discours de l’homme pressé qu’elle porte son nom alors qu’elle l’insulterait de sa bêtise. Sans cette certitude que mon père utiliserait ses contacts pour annuler ces noces une fois cette salope enfermée sur son territoire, ce « oui » fatidique, je l’aurais craché avec mépris. Je n’en fis rien pour qu’elle ne prenne pas garde au piège savamment tendu par ma famille. Elle causerait elle-même sa propre perte et avec un enthousiasme non feint et presque contagieux. Elle, elle se réjouissait de vivre à mes côtés. Moi, fort des conseils de ma sœur après ma visite à Vegas, j’aspirais à trouver un moyen de me réconcilier avec Lyla pour me réfugier auprès d’elle de jour comme de nuit, sans me soucier de l’idiote qui se morfondrait dans sa prison. Les rôles s’inverseraient au plus juste cette fois. Chacun retrouverait bientôt sa place, celle dévolue par les sentiments. Normalement, les poches pleines des conseils de ma sœur après ma visite à Los Angeles, j’aurais dû l’approcher en usant de mots tendres, mais néanmoins percutants pour la rallier à ma cause. Au lieu de ça, face à elle au milieu de la cuisine de mes parents, je la testai comme à ma bonne habitude. Ce n’était pas bien malin, j’en convenais. J’aurais davantage mérité une nouvelle démonstration de son caractère en acier trempé vu la manière dont j’ignorai ses appels. Pourtant, elle me gratifia d’un baiser que je saluai d’un soupir de soulagement. « Ne perds pas ton temps. Tu m’as tellement manqué que je suis mort étouffé depuis longtemps déjà. » plaisantais-je sur fond de vérité, persuadé qu’elle lèverait le camp une seconde après mon retour, son baluchon sous le bras et sa rancœur en bandoulière. « Je sais. Ma sœur m’a dit. Je ne devais garder le secret. Elle a peur que tu sois fâchée après elle, mais j’ai dû lui faire pitié. »

Me riant bien de la décence, mes doigts glissèrent sous son T-shirt jusqu’à la chute de ses reins. Ma bouche, en revanche, elle caressait la peau délicate de son cou. « Non ! Moi, je pense qu’il faut parer à l’essentiel, Bambola. Je vois bien que tu t’es langui de moi… je te propose de nous éclipser dans la buanderie pour nous réconcilier discrètement. Et j’ai bien dit discrètement et ensuite, je te raconte tout. » lui intimais-je ne m’étirant pour éteindre le feu sous les casseroles et ensuite la pousser vers le lieu-dit. Il ne fallut pas grand-chose pour la séduire. Par contre, pour ne pas attirer l’attention de quiconque traverserait la pièce attenante à notre temple du désir, il m’aurait fallu bâillon plus efficace que ma main contre ses lèvres. Andy frappa quelques coups à la porte et la pression redescendit d’elle-même, nous laissant tous deux sur notre faim. « J’entends plus que je ne vois à quel point vous êtes occupés, mais je pensais utile de te préciser qu’il te reste quinze minutes. Papa veut te voir. » L’enfoiré ! Si nous étions essoufflés, il nous coupa tous nos effets, mais elle ne perdrait rien à entendre que nous soyons enfin seuls. « Dans trois jours, elle viendra s’installer chez moi, ce qui signifie que dans trois jours, tant que Cinzia ne sera pas là, je viendrai près de toi tous les soirs. On sortira, on fera ce que tu voudras et où tu voudras. On baisera dans la voiture, dans la rue, comme le ferait un couple normal. Et puis, je t’épouserai Lyla. Dès que mon père aura fait annuler mon mariage, je t’offrirai celui de tes rêves. Un vrai et l’autre n’aura jamais existé.» conclus-je mon pantalon relevé après quelques excuses pour le comportement de mon père pour finalement l’embrasser tendrement avant d’affronter à nouveau le monde extérieur.

Caitlyn ne m’inspirait rien, ni affection ni pitié, quand elle se présenta à mon appartement la bouche en cœur pour être accueillie comme si elle était une étrangère. Je la repoussai dès qu'elle tenta de me dérober un baiser. Je ne lui adressai aucune explication, accordant à Ettore le plaisir de s’en charger. Nos seuls échanges se limitaient à ses supplications que je balayais de quelques horreurs de mon cru. Bête à en crever, elle s’imagina que le problème venait de celle qu’elle appelait ma maîtresse et non de ce qu’elle avait pu être dupée. Quelle pauvre fille. Dieu ne l’aimait pas beaucoup pour l'avoir dénuée de cervelle à ce point, même si je regrettais qu’il ne l’ait pas créée complètement muette. Je n’en pouvais plus de l’entendre simuler un orgasme qui n’existait pas. Si Lyla n’était pas détentrice de mes plus sombres secrets – et, de mon alliance qu’elle tint absolument à retrouver – elle nous aurait abîmés. Nous étions au-dessus ça désormais. Chaque jour passé ensemble fortifiait les fondations de notre relation tant nous y mettions du cœur. Je lui rendais visite sur son lieu de travail, quand je ne la récupérais, de jour comme de nuit, qu'elle rentre avec moi, après avoir pris un verre dans un bar. Je ne me présentais jamais àe elle les mains vides.. Fleurs, tickets de concert, de théâtre ou d’opéra, bracelet, boucle d’oreille, robes griffées, sac en cuir, rien n’était trop beau pour elle, bien qu’en réalité, je tentais surtout à gagner du temps pour un projet de plus grande envergure. Je fouillai toutes les boutiques de New York en quête d’une bague de fiançailles dont je n’aurais à rougir, d’aucunes ne me plaisaient vraiment. J’optai donc pour de l’or vénitien commandé en ligne chez un orfèvre de renom. Elle était exactement ce que j’imaginai pour elle, mais incapable de lui offrir simplement en posant un genou à terre, je cachai l’écrin dans sa nouvelle voiture, la sienne étant tombée en rade il y a quelques jours. « Viens, j’ai une surprise pour toi. Enfin, deux.» l’encourageais-je à me suivre sur ce parking où l’attendait une Italienne à moteur entourée d’un ruban de satin vert. Les yeux bandés, elle avançait à l’aveugle, curieuse, mais pas totalement rassurée. « Tu es prête ? Je peux te rendre la vue ? » lui soufflais-je à l’oreille d’une voix suave tandis qu’elle hocha de la tête.« Ne la vois pas comme un vrai cadeau, mais plutôt comme un investissement pour ta sécurité. Les transports en commun, c’est dangereux, surtout quand on s’endort dans le bus, ce n’est pas moi qui vais te l’apprendre, je suppose. »

Patientant un instant pour qu’elle se fasse à l’idée d’être l’heureuse propriétaire d’un bijou de la mécanique, je récupérai les clés de contact pour les lui glisser entre les doigts. « Tu veux l’essayer tout de suite ou tu veux d’abord entreprendre des fouilles archéologiques au cas où j’aurais laissé traîner un autre cadeau à l’intérieur ? On ne sait jamais…» Pressé qu’elle contemple enfin le clou du spectacle, j'optai pour la cachette la plus évidente qui soit, car elle ne tarda pas à ouvrir la boîte à gants. « Lyla Canjura, si, bien entendu, ton père était d’accord… et j’ai bien l’intention d’aller lui demander son autorisation quand tout ça sera vraiment terminé, est-ce que tu accepterais de devenir ma femme ? » articulais-je distinctement, priant qu’elle accepte sans réticence, et regrettant amèrement de bousculer les traditions. À bien choisir, j'aurais largement préféré me montrer digne des valeurs de sa famille en me présentant en habit du dimanche à Javier Canjura, comme un prétendant sérieux et surtout amoureux. À tout peser, il aurait bien fallu. J'aurais été attentif à ne pas me pavaner dans la cuisine de sa fille, des sous-entendus pleins la bouche, à lui serrer la main comme si ma place était là et surtout, en boxer. Nul doute que, pour elle,  ça conduirait certainement vers une discussion désagréable, une de celle que j’aurais aimé lui éviter. Je la retrouvai sur le seuil de sa porte à sangloter une cage à ses pieds, ne sachant ni que dire ni que faire. Si je ne tenais pas une part importante de responsabilité à son état, j’aurais fui à toutes jambes, me présumant justement incapable de sécher des larmes. Je me secouai cependant et j’enroulai mon bras autour de ses épaules pour l’attirer à moi. « Ne pleure pas. Je vais arranger ça. Je vais aller le voir, lui expliquer et lui faire part de mes intentions. Je vais faire tout ce que je peux pour qu’il ne t’en veuille plus et qu’il comprenne surtout. » lui soufflais-je en embrassant sa tempe. « Allez, ne restons pas là. Je ne voudrais pas qu’on nous entende. Inutile de lui donner le bâton pour te battre. » Elle s’engouffrerait dans la brèche sans la moindre hésitation. Je l’amenai vers la cuisine pour lui servir un peu de thé. Elle en aurait cruellement besoin. « Je suppose que tu n’as pas envie d’en parler et je le comprends, mais ça pourrait te faire du bien et ça pourrait m’aider également. Je pourrais trouver plus facilement trouver les mots pour le convaincre qu’on ne fait rien de mal et que je suis sérieux. » tentais-je dès qu’elle fut un plus calme alors que j'approchais une chaise pour m’asseoir au plus près d’elle, elle qui serrait fermement sa tasse chaude entre les mains, noyant ses grands humides à l’intérieur de celle-ci, comme si le liquide bouillant, mais aux vertus apaisantes, lui délivrerait la solution la plus adéquate. « Après, tu m’expliqueras ce que font ces chiens dans cette cage. On peut pas les laisser la indéfiniment et j’ai l’impression qu’ils ne sont pas là par hasard, je me trompe ? » conclus-je en priant pour que son amour des bêtes la console un peu.

Tout occupée à réparer le mal causé par mon mariage éphémère avec l’Irlandaise, je finis presque par l’oublier complètement. Fournir des explications au papa de Lyla réclamait concentration et préparation. Alors, le lendemain de sa visite à sa fille, je me précipitai dans le bureau de mon père en quête de soutien. Il tenait le patriarche des Canjura en haute estime. J’étais persuadé qu’il interviendrait, même discrètement, pour préserver son amitié avec cet homme bien. Je récoltai un sermon digne de lui et, s’il me conseilla de l'imiter au plus vite – ce qui était somme toute prévu -  il se déplaça en personne dans le Bronx pour présenter à l’offusqué des excuses au nom des Gambino pour mon comportement. Moi, je le suivis de près pour lui jurer deux choses. La première concernait son retour au bercail dès que ma sœur retrouverait le chemin de la main. En attendant, sa fille chérie s’installerait chez mes parents sous la bonne garde d’Ettore selon leur accord à tous les deux. Je crus tomber de ma chaise, mais je ne me démontai fort de ma seconde révélation. Elle traitait de la sincérité de mes sentiments et de ma volonté d'épouser son bébé si j’obtenais sa bénédiction. Je dus rater un épisode ou m’y prendre comme un manche. J’étais un fin négociateur pourtant, mais Javier m’opposa un long silence pour finalement quitter la pièce sans piper d’autres mots qu’un dau revoir poli. Quel échec. En sortant de l’appartement, j’étais épuisé comme si j’avais couru le marathon de New York sans entraînement. Tout ce à quoi j’aspirais, désormais, c’était de solitude et d’une douche froide. J’avais à analyser la scène et mon discours pour mieux comprendre à quel moment le bât blessa. Malheureusement, tandis que j’accrochais ma veste au portemanteau, l’oubliée me cueillit d’un sourire conquérant sur les lèvres. Elle prétendait être enceinte alors que je ne la touchais plus depuis la nuit de noces. Que je sois le père était tout bonnement impossible. Je doutais même qu’elle puisse porter un enfant, mais elle agita sous mes yeux un test de grossesse positif et je me décomposai.

Bien sûr, je ris à gorge déployée, me moquant d’elle ouvertement, mais elle ne se démonta pas. D’après elle, je serais contraint d’assumer, je n’aurais d’autres choix puisque nous étions mariés. Comment cette après-midi avait-elle pu aussi mal tourner ? Qu’avais-je fait au Bon Dieu pour mériter un truc pareil ? Aucune dispute ne fut plus violente entre nous, mais lui cracher mon fiel au visage n’arrangeait rien. Certes, ça me soulagea, mais ça ne m’aida pas vraiment à me sortir de ce guêpier. Finalement, après avoir roulé au hasard pendant des heures de New York pour me laver l’esprit, je surpris ma petite amie à la caserne pendant sa pause, histoire de vider mon sac de toutes ces merdes accumulées durant la journée. Si je l’embrassai, l’angoisse le priva de saveur. « Il faut que tu t’assoies, parce que je n’ai que des mauvaises nouvelles, dont une que j’ai un peu de mal à digérer. » entamais-je en l’asseyant sur le banc où nous partagions souvent quelques moments d’intimité. « Je commence par les moins pénibles. Ton père accepte que tu restes sur le domaine jusqu’à ce que Cinzia rentre, mais mon père et le tien considèrent que le mieux pour tout le monde, c’est que tu t’installes chez mes parents. Par contre, il a pas eu l’air très emballé par l’idée de ce mariage. J’ai fait ce que j’ai pu, mais il n’a rien dit. Absolument rien dit. Je ne sais pas s’il s’est dit que je me sentais obligé ou que je n’étais pas assez bien pour toi, mais crois-moi, il a pas l’air très chaud. » Je haussai les épaules, déçu et vexé, avant d’enchaîner. « La plus étonnante, elle concerne l’autre morue. Je dis bien étonnante parce que je ne vois pas comment ça a pu arriver, mais elle dit qu’elle est enceinte. Mais, je ne la touche plus depuis un bail et je me suis toujours protégé. Si j’avais le souvenir d’une capote qui s’est fissurée, je me serais dit que c’était possible, mais là, je ne me rappelle pas que ça soit arriver. Pourtant, elle a un test. Un test positif. Je l’ai retourné sous toutes les coutures et il est bien positif. Je ne comprends pas comment ça a pu arriver. »









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Lyla Gambino
Lyla Gambino
ADMINE ET PUNITRICE

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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyJeu 14 Jan - 18:13





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft El gringo gruñón



En se comportant comme le roi des connards, il ne faisait que me faire regretter d’avoir accepté de sortir de ma cellule parce qu’on avait payé ma caution. J’avais beau me répéter que je ne l’avais pas appelé pour qu’il vole à mon secours, je savais que je n’avais pas composé son numéro par hasard et encore moins pour me contenter de le pourrir. J’avais voulu qu’il se sente coupable et qu’il soit rongé par cette culpabilité. Une fois qu’il serait à point, il se pointerait ici et je pourrais lui jeter toute mon amertume au visage. Mais le but inconscient était qu’il me fasse sortir et que je me retrouve à nouveau au centre de ses préoccupations. C’était égoïste et immature, indigne de moi et de ce que je lui avais promis de faire. Pourtant, je ne regretterais rien lorsque je serais en mesure de penser convenablement et de remettre les choses en perspective. Tout ne tournait qu’autour de cette rouquine et de ses désirs et même s’il ne le faisait que pour le boulot, ça me rendait malade, parce que tout ce qui me concernait et tout ce qui nous concernait, par la même occasion, était relégué au rang de subsidiaire et je finissais par me dire que même notre relation en devenait optionnelle. Pas nécessairement pour lui mais pour la personne qui donnait les ordres et qui se fichait bien de savoir que j’étais blessée chaque fois que je me faisais planter au milieu d’un dîner, d’une discussion sérieuse ou d’un putain de Nouvel An en couple où je terminais toute seule, parce que ma moitié jouais sur plusieurs tableaux. Bien entendu, j’aurais clairement pu affronter la situation avec plus de sagesse et de patience, relativisant en me convainquant que j’étais la seule qu’il aimait vraiment – ou du moins j’avais la prétention de le croire – et qu’il finirait par revenir auprès de moi dès qu’il en aurait l’occasion. J’aurais pu me bercer de faits et d’illusions pour adoucir ma peine et prendre le chemin de chez moi, me contentant de lui envoyer la note de taxi. Au lieu de ça, j’avais laissé le mec en moi prendre le dessus et m’aider à gérer ma peine. Bien entendu, ma seule réponse à ce genre de situation, c’était beaucoup d’alcool et de violence pour compenser la douleur qui pulsait dans ma poitrine et contre laquelle je ne pouvais rien. Demain, je me dirais que j’avais été débile, que j’aurais mieux fait de me tenir tranquille, de me faire ramener chez moi en taxi et de picoler toute seule, dans mon appartement, comme une paumée, ça aurait mieux valu que de terminer le visage tuméfié et avec une ligne en plus sur mon casier judiciaire qui n’avait pas besoin de ça. Cependant, qui était capable de se montrer raisonnable quand il était ivre ? Qui ? Certainement pas moi ! Si je ne mâchais pas mes mots en temps normal, l’alcool faisait sauter mes quelques barrières et me rendait très – trop ? – franche et à fleur de peau. Ça aussi, j’aurais de quoi le regretter demain.

A voir ses réactions épidermiques, je m’étais dit que ça se terminerait par une dispute monumentale et donc, par une inévitable rupture. Luciano rendait déjà des comptes à son organisation, il n’appréciait donc pas m’en devoir, à moi aussi. Ce que j’entendais parfaitement mais ça ne changeait rien à la manière dont j’abordais tout ça, parce que j’étais dans une position fragile et que j’avais l’impression qu’au moindre différend, ce serait moi qui disparaîtrais. Au lieu de se calquer sur ma colère et mon ressentiment, il prit le contrepied et se montra sincère et doux. Même avec toute la bonne volonté du monde, j’aurais été incapable de continuer à me montrer intransigeante. Je soupirai quand il affirma penser toujours à moi, faisant mine de ne pas croire un traitre mot de ce qui sortait de sa bouche mais ça me mettait du baume au cœur. Je lui donnai mon joint, continuant de fixer ma vitre désormais recouverte de buée. J’avais même le droit à des excuses en bonne et due forme ! Je n’en revenais pas et il me fallut beaucoup de persuasion pour ne pas lui sauter dessus à ce moment-là, je savais que je lui ferais davantage entendre mon point de vue en le faisant languir un peu plus longtemps. L’alcool me rendait trop émotive et impulsive mais je n’avais pas envie de rentrer et d’aller me coucher fâchée avec lui. Je m’arrangeais toujours pour que nos disputes et nos prises de becs soient réglées avant qu’il ne franchisse le portail du domaine de son père, je ne voulais pas qu’il lui arrive quelque chose et me dire que notre dernière conversation avait été une dispute débile sur qui avait raison et qui avait tort. Il le savait très bien que j’avais toujours raison même s’il refusait de l’admettre. Si j’avais voulu être chiante, je lui aurais demandé s’il comptait arranger tout ça dans six ans, quand il serait enfin débarrassé de l’autre, insistant sur la conviction profonde que cette situation était loin d’être terminée. Je ne me blottis pas contre lui à son invitation, attendant un peu avant de le laisser gagner parce qu’il avait les meilleurs arguments sur ce coup-là. « Non ! » dis-je calmement en posant à nouveau les yeux sur lui. « On ne va pas pouvoir baiser ici ou dehors, déjà parce qu’il fait trop froid et que je suis pas sûre que tu trouves ça drôle… » Un sourire en coin se dessinait sur mes lèvres à mesure que je m’exprimais. « Et parce que j’ai donné mes capotes à un des travelos qui était avec moi en cellule, je ne pensais pas en avoir besoin ce soir. Du coup, va falloir attendre d’être rentrés. » conclus-je en haussant les épaules et en me collant à lui. « Merci d’être venu me chercher ! J’aurais moins fait la fière demain matin, crois-moi ! Mais comme tu veux te faire pardonner, je veux bien que tu m’aides à me réchauffer une fois qu’on sera rentrés, mais pour ça, faut qu’on rentre ! Alors je vais éviter de t’embrasser, je vais garder tout ça pour tout à l’heure, je vais seulement récupérer mes chaussures. » Je me penchai par-dessus lui pour me saisir de mes talons et reprendre ma place. Si j’avais offert mon stock de secours à ma comparse de cellule, ce n’était pas le cas de mon compagnon qui m’invita à me réchauffer sur la banquette arrière. Nous nous réchauffâmes une bonne partie de la nuit d’ailleurs, même s’il tint à prendre quelques minutes pour soigner mon visage. Après avoir gâché ce début d’année, il trouva le moyen de le rendre plus drôle et intéressant. Je fis de mon mieux pour l’en remercier, même si je savais que le problème qui nous opposait n’était pas réglé pour autant.

***

Je le savais bien, pourtant, que ce dossier-là n’était pas classé et qu’il reviendrait sur le tapis mais je ne m’étais pas imaginée qu’il reviendrait sous cette forme, qu’il devrait s’envoler pour aller se marier. S’il chercha du soutien auprès de moi, il trouva porte close. Il y avait des choses que je ne pouvais pas faire quand on me prenait pas surprise, qu’on ne me préparait pas et qu’on m’annonçait quelque chose d’aussi violent. J’avais toujours pensé à l’éventualité qu’il l’épouse pour une raison ou pour une autre mais ça ne rendait pas les choses plus faciles pour autant. J’étais blessée, encore une fois et ce n’était pas faute d’avoir été prévenue, parce qu’elle se retrouvait à avoir le droit à tout ce qui devait me revenir. Ça me rendait malade. Peu importait le mariage, l’endroit et le reste, je le méritais plus qu’elle ! Il ne m’offrit pas l’opportunité de me reprendre, il me jugea inapte à faire partie de sa vie et à me retrouver à ses côtés et éluda mes appels avec obstination. Je nourris une réelle culpabilité par rapport à ma réaction. Mes blessures devaient être mises de côté pour son bien-être, j’avais tenté de le faire à chaque fois, pour rendre nos peu de moments ensemble moins lourds et beaucoup plus détendus et drôles. Mais ça avait été plus fort que moi. Le mariage était un sacrement important à mes yeux et je vis ma dernière chance d’y avoir le droit me passer sous le nez à la vitesse de l’éclair. Cette annonce, c’était l’assurance que je serais éternellement l’autre femme, qu’il n’y avait pas de porte de sortie possible, malgré ce que prétendait Ettore. On ne divorçait pas d’un claquement de doigts, on s’engageait pour la vie, peu importait avec qui. C’était donc ça que je me préparais ? Toujours devoir me satisfaire des promesses d’un homme qui ne pouvait pas les tenir à cause de sa mission ou à cause de sa femme ? C’était l’avenir dont je rêvais pour moi ? Ma paranoïa et ma tendance à dramatiser ne m’aidèrent pas à y voir plus clair et à faire la part des choses, ainsi, sans le concours de Cinzia et ses paroles pleines de sagesse, j’aurais rendu les armes et j’aurais accepté les faits tels qu’ils étaient. Au lieu de ça, je me laissai convaincre qu’il fallait que je prenne sur moi pour briser la glace et arranger la situation. Ce mariage le mettait dans le même état que celui dans lequel je me trouvais, je n’avais pas le droit de l’accabler davantage, du moins, je n’en avais pas envie. « Une sainte femme, ta sœur ! » affirmai-je en souriant. « Non, Lucky, pas ici ! Tu sais très bien que ce ne sera pas discret. » Autant essayer de stopper un train en marche, nous terminâmes dans la buanderie et il fit sauter mes objections en même temps que mes vêtements, j’essayai de me montrer la plus silencieuse possible et je crus même y parvenir, qui pouvait entendre quoi que ce soit alors que la paume de mon compagnon était posée sur ma bouche, hein ? Je fus déçue quand des coups furent portés à la porte et que la voix amusée d’Andy résonna. Il avait le chic pour me mettre mal à l’aise et instantanément, je redescendis. Je me rhabillai à la hâte, me sermonnant sur mon comportement qui était indigne de l’hospitalité des Gambino. « Méfie-toi de ce que tu promets, Luciano, tu sais très bien que je n’oublie jamais rien ! » le prévins-je en souriant, remettant un peu d’ordre dans sa tenue alors que j’étais en sous-vêtements. « Attends, laisse-moi juste remettre ton col, voilà. A tout à l’heure, n’oublie pas que je reprends le boulot dans quelques heures. Je vais finir le repas et puis tu n’auras qu’à m’accompagner, si tu promets de ne pas faire exprès de me retarder. »

***

L’arrivée de sa « femme » changea drastiquement la donne et contrairement à ce que j’aurais pu me figurer, cela nous offrit davantage de libertés. Nous étions désormais libres de nous montrer ensemble et je ne m’en privais pas. J’avais souffert de nos mois de discrétion et de silence alors je refusais de faire semblant, surtout à la caserne alors que je mis toujours un point d’honneur à préserver mon intimité. Il était là régulièrement et passait quelques-unes de mes pauses avec moi sous le regard intrigué de mes collègues. De mémoire de pompier ou de secouriste, on ne m’avait jamais aperçue avec aucun homme qui ne soit pas de ma famille, forcément, il y avait de quoi être choqué. Moi, je me découvrais un amour pour les sorties en tous genres, tant qu’il était compris dans le package, j’étais heureuse. Je découvris l’opéra à ses côtés et j’appréciai de voir une pièce de théâtre autrement que diffusée à la télévision. Il se força à m’accompagner à des concerts de groupes qu’il ne connaissait pas, simplement pour me faire plaisir, gagnant des centaines de points en m’accordant plus d’attention que je n’en méritais. Je le pensais chaque fois qu’il m’offrait un bijou ou une robe qui valait trois fois mon salaire. Chaque fois, je les rangeais soigneusement dans ma chambre, incapable de les sortir de leur boîte et de les porter, me disant que tout ça ferait tâche sur moi, c’était bien trop beau pour une fille comme moi. Je m’étais dit que je pourrais m’en sortir sans qu’il ne le remarque, c’était sans compter l’œil de lynx du sicilien. « Tu n’aimes pas les cadeaux que je te fais ? Si c’est le cas, faut le dire, je vais aller les rendre et te trouver autre chose. Tu sais, j’ai vu que tu n’avais même pas sorti les robes de leur boîte, elles sont empilées dans ton placard ! » Nous étions en route pour rentrer, des plats à emporter à mes pieds. « J’adore tout ce que tu m’as offert. Absolument tout ! J’ai juste peur de les abîmer, je n’ai jamais rien eu d’aussi beau alors si je fais un trou ou bien si je perds une boucle d’oreille, je vais en faire une maladie. » expliquai-je, ne me sentant pas forcément très à mon aise de parler de ça. « Ce ne sont que des choses, ce ne serait pas grave et tu as le droit de ne pas tout aimer. » « Lucky, j’aime vraiment tous tes cadeaux mais ça me met mal à l’aise. J’ai une vague idée du prix que ça peut valoir et ça me rend malade. Je ne mérite pas tout ça. J’veux dire, tu n’as pas besoin de me faire autant de cadeaux, le temps qu’on passe ensemble, ça me suffit. Et puis je me sens frustrée, parce que je ne peux rien t’offrir d’aussi beau ! Même si je ne vois pas ce que tu ferais avec des boucles d’oreilles en diamants. » plaisantai-je pour détendre l’atmosphère alors que je venais de toucher un sujet sensible. Cela ne devait pas être source de dispute, je m’y refusais et si pour ça, je devais la boucler et accepter ses cadeaux sans broncher, je le ferais. « Donc je n’ai pas le droit de vouloir te faire plaisir si j’en ai envie parce que tu ne peux pas m’offrir ce que tu aimerais m’offrir ? » reprit-il en haussant un sourcil. « Non, je n’ai pas dit ça. Je pense juste que tu m’offres beaucoup de choses et que, peut-être, c’est une supposition, tu vois, peut-être que c’est trop. » « Donc tu n’aimes pas mes cadeaux ?! Pourquoi tu ne le dis pas tout de suite, ce sera plus simple et plus clair. » « Parce que j’adore ce que tu m’offres, je n’arrête pas de te le dire ! » « Alors je ne vois pas où est le problème ! Hormis le fait que tu ne les portes jamais ! » « Quand est-ce que tu veux que je porte une parure de bijoux avec des rubis dessus ? Tu veux que j’ai l’air de la reine d’Angleterre pour aller bosser ? Cela dit ça ne fera pas tâche avec mes chaussures griffées et ma robe de cocktail, par contre, pour porter la civière, je vais galérer ! » Il sourit et je crus que le message était passé. Le soir même, il sortit lui-même une robe de sa boîte et la posa sur mon lit à côté des bijoux pour que je les mette, il m’emmena dans un restaurant friqué, comme pour me prouver que ses cadeaux étaient très utiles et que je devais continuer à les accepter.

J’avais un mal fou à accepter les cadeaux mais je me dis que je pouvais bien faire un effort, tant que ça n’allait pas trop loin. Et selon mes critères, c’était déjà parti en vrille au moment où il avait dépensé des sommes folles pour m’offrir des bijoux, je me disais qu’il ne pouvait pas aller plus loin. J’avais tort. « Une surprise ? Oh Lucky, je croyais qu’on était d’accord, plus de folies, moins de cadeaux ! » J’avais au moins un millier d’anniversaires de retard. J’allais avoir l’air minable avec mes cadeaux quand viendrait le moment de lui en faire. Il me laissa poser les yeux sur ma nouvelle voiture et je lui aurais sans doute affirmé que je n’en avais pas besoin puisque j’en avais déjà une, presque réparée, mais il me coupa l’herbe sous le pied en me parlant de ma dernière frasque. Je soupirai et me dis que sur ce coup-là, je n’avais aucun recours. « T’es fou ! Vraiment ! Comment je vais faire pour te remercier pour ça ? » Je n’osais même pas l’approcher, avançant et reculant, les mains dans les cheveux, ayant l’impression d’halluciner. Elle était magnifique et tellement plus récente que mon vieux taco. Je finis par l’approcher doucement et par m’asseoir derrière le volant. Je touchai tout avec douceur, comme s’il s’agissait d’un être vivant. « Quoi ? Lucky, tu vas me faire mourir si tu continues, il faut arrêter ça parce qu’un jour, tu vas te pointer ici et m’offrir un hélicoptère et je vais faire une crise cardiaque. Promets-moi que tu vas lever le pied ! » Il me servit un sourire énigmatique et insista pour que je cherche l’autre cadeau. Naïvement, je crus que c’était une playlist de mes chansons préférées et des siennes sur une clé USB, je farfouillai dans les vides poches, avant de tenter la boîte à gants et d’y trouver un écrin. Mon cœur manqua un battement, je sentis les larmes me monter aux yeux et je me donnai une claque mentale pour arrêter. C’était sûrement une autre paire de boucle d’oreilles. Oui, ce n’était sans doute que ça ! Je m’en saisis et l’ouvris, incapable d’en détacher les yeux. « Madre de dios… Tu as encore fait des folies… » murmurai-je en sortant de la voiture alors qu’il faisait sa demande. « Tu crois que je vais me priver de l’occasion de porter cette sublime bague ? » commençai-je en ricanant, retenant mes larmes de couler. Je préférais faire de l’humour parce que si je ne me détachais pas un peu de ce que je ressentais et de la situation actuelle, j’allais fondre en larmes et être ridicule. « Bien sûr que je veux me marier avec toi, j’attends ça depuis … Un paquet de temps ! » Je lui sautai au cou pour l’embrasser. « C’était une blague hein, t’aurais pu m’offrir n’importe quelle bague, j’aurais accepté de la même façon. Et ne t’en fais pas pour mon père, il ne devrait pas te faire la moindre difficulté. » Du moins, il n’en aurait pas fait s’il ne nous avait pas surpris dans une situation particulièrement compliquée, apprenant au passage qu’il était engagé ailleurs. Mon père était un homme qui avait le sens du détail et en un regard, il savait sonder mon âme. Sans ça, je n’aurais sans doute pas eu le droit à ce sermon qui me mit en miettes. Je le connaissais, il m’aimait plus que tout au monde et se montrer désagréable avec moi était la dernière chose qu’il voulait mais je le soupçonnais d’avoir compris que j’étais amoureuse. Il m’éleva, il était bien placé pour savoir que je n’aurais jamais retiré mes vêtements sans ressentir quoi que ce soit et c’était probablement ce qui l’alarmait. Tout le contexte devait l’inquiéter et le chagriner, il essayait de me protéger et pour que je lâche prise, il sortait l’artillerie lourde, comme n’importe quel père l’aurait fait. Ma volonté de ne pas le décevoir et l’amour que je nourrissais pour lui auraient dû être suffisants pour que je fasse mes valises, en temps normal, cela se serait déroulé de la sorte. Mais il se retrouvait face à un véritable rival cette fois-ci, il l’entendit sûrement aussi, ce qui expliquait ces menaces qu’il mettrait à exécution, je n’en doutais pas. Une part de moi lui en voulait de me faire passer pour une petite fille écervelée, même si celle qui avait manqué d’épouser Ruben était bien consciente que ça venait de mes erreurs d’antan et que tant qu’il n’aurait pas la certitude qu’il pouvait me faire confiance concernant mes choix de vie, il m’étoufferait de toute la protection et l’amour dont il était capable.

Un mug entre les mains, je fixais le vide en me demandant comment j’allais pouvoir prouver à mon père que toute cette histoire n’était pas aussi bidon que ridicule. L’idée qu’il puisse penser que j’étais une traînée me fendait le cœur. Son opinion avait toujours compté et j’avais toujours fait en sorte d’accomplir des choses qui le comblerait de joie et de fierté. J’étais proche de ma mère mais celui par lequel je jurais vraiment, c’était lui, Javier Canjura, l’homme qui m’inspirait confiance, respect et sécurité depuis mon plus jeune âge. J’avais toujours rêvé de me trouver un homme comme lui dès que j’avais réalisé qu’on ne pouvait pas épouser son père. Peut-être que si j’arrivais à l’apaiser le temps d’une conversation, il pourrait entendre que c’était ce que je voyais en Luciano, beaucoup de lui et de ce petit quelque chose en plus qui me distrayait et me rendait complètement dingue. Mais lui expliquer la vérité, c’était prendre le risque de mettre Luciano dans une position délicate, il fallait que je courbe l’échine et que j’attende que l’orage passe, le reste devrait attendre. « Il ne comprend pas pourquoi je couche avec toi alors qu’on n’est pas mariés. Même s’il ne l’a pas dit comme ça, il est déçu, de moi et de ce que je fais. D’autant plus parce que tu es marié et qu’il se dit que j’ai encore moins d’amour propre que ce qu’il s’imaginait. Je ne peux pas lui dire que tu as épousé l’autre conne à Vegas pour les affaires de ta famille, je ne peux pas lui dire que si tu avais pu, tu aurais organisé notre mariage et je n’ai aucune excuse concernant le fait qu’on couche ensemble. Parce que si je lui dis que c’est parce que je ne suis pas capable de me tenir quand tu me souris, m’effleure ou m’embrasse, il ne va rien en sortir de bon. Je ne veux pas qu’il se mette en colère, parce que là, Lucky, ce serait apocalyptique. » J’avais une peur panique de décevoir mon père et de lui aussi, il sortait rarement de ses gonds mais chaque scène à laquelle j’avais assistée m’avait fait froid dans le dos. Il y avait quelque chose qui changeait en lui et aspirait toute sa bonté pour la troquer contre une sorte d’animalité et d’agressivité qui suscitait la terreur. « Il voulait que je fasse mes affaires et que je rentre avec lui. Je lui ai dit que je ne pouvais pas. Je dois m’occuper de ta maman, il a dit que si ça ne dépendait que de lui, un de mes frères serait avec moi en permanence… Mais il va aller voir ton père, je le connais quand il est comme ça ! Et je vais devoir rentrer chez mes parents dès que ta sœur sera de retour. Et là, tu peux être sûr que ce sera une autre chanson. Il va s’arranger pour qu’un de mes frères ou lui-même m’amène et me ramène du travail, les sorties seront limitées, sauf si l’un d’eux est là. Il croit que j’ai perdu la tête et son but sera de te faire lâcher prise, Luciano, pour que tu retrouves ta place près de ta femme. » Un rire amer m’échappa et je bus quelques gorgées de thé. Ma sœur Miranda avait mal tourné, il s’en voulait toujours terriblement de son impuissance et il tentait de m’épargner une fin identique, je comprenais la démarche mais pas les méthodes. Je n’étais pas ma sœur. Il me sortit de mes réflexions et je me levai pour ouvrir la cage des petits bouts de chiens qui s’y trouvaient. « C’était pour ça qu’il venait, m’apporter les chiots que je voulais t’offrir, du moins un, l’autre est pour ta sœur. Ce sont des chiens supers et je sais que tu adores Trejo, je me suis dit que ça te ferait de la compagnie. Je t’ai choisi une femelle, regarde cette petite boule de poils. » Je lui mis le chiot gris et blanc dans les bras alors que mon chien était venu renifler près de la cage. Avec tous les présents qu’il me faisait constamment, je n’étais pas sûre que celui-ci lui fasse vraiment plaisir mais sur le moment, ça m’avait paru être une bonne idée.

***

Je m’installai sans discuter quand il me parla de mauvaises nouvelles. Le moment et le lieu ne s’y prêtaient pas mais je ne le coupai pas. J’espérais simplement que ce n’était rien de grave. Mon père avait cette capacité incroyable à créer des incidents diplomatiques d’un simple regard ou d’un simple mot. Quand Luciano m’avait affirmé qu’il voulait aller le voir, sitôt, je lui déconseillai mais il avait refusé d’en démordre et j’avais fini par me dire qu’il savait ce qu’il faisait, peut-être pas finalement. Je lui offris l’opportunité de tout déballer pour prendre un problème à la fois et trouver des solutions au fur et à mesure. « C’était à parier, je suis étonnée qu’il accepte tout de même que je reste. Il doit vraiment apprécier ton père. C’est déjà ça de gagné ! » assurai-je en décidant que je verrais le positif de tout ça pour lui remonter le moral, je n’aimais pas ce que je lisais dans ses yeux et sur son visage. Je pris ses mains pour les presser dans les miennes, lui offrant un sourire rayonnant. « Je suis sûre que ce sera plus facile d’obtenir de ton père l’autorisation de sortir que du mien, on va quand même pouvoir en profiter et puis, dis-toi qu’on aura toujours la caserne pour le reste. Les ambulances sont super sympas pour ça, étroites, mais sympas. » J’accompagnai mes dires d’un clin d’œil, caressant ses mains du pouce. « Il est juste resté silencieux ? Comme ça ? » m’enquis-je alors qu’il semblait exaspéré que je n’y vois rien de dramatique. « Relax, il aurait pu te laisser deux minutes dans le salon avant d’aller chercher son fusil d’assaut, là, ça aurait vraiment voulu dire que c’était mort mais il est juste resté silencieux, ce qui veut dire, dans son langage, qu’il y réfléchit. Tu ne peux pas lui en vouloir de te faire mariner dans ton jus. Il t’a vu peu de fois, dont une où tu étais à moitié nu, dans mon salon. Ton père est allé le voir, tu es allé le voir, il sait que c’est sérieux, il essaie seulement d’être certain d’où je mets les pieds. Ou bien il le sait déjà et c’est sa façon de se venger. Je vais appeler ma mère tout à l’heure, pour lui demander ce qu’elle sait et j’irai voir mon père pour en discuter avec lui. T’en fais pas, je suis sûre qu’il est d’accord. » Cette fois, j’attaquais le point sensible de toute cette conversation, mon père, à côté, c’était du pipi de chat. Si cette greluche était vraiment enceinte… Non, il me certifiait qu’il ne la touchait plus depuis un moment, il n’était pas question que je me fasse du mal en lui demandant si ça datait d’avant les noces ou après. « Elle ment, je ne vois que ça. Quant à savoir où elle a trouvé le test et comment elle a fait, je ne sais pas. Par contre, si tu veux en avoir le cœur net, je vais prendre du matériel d’ici et on va lui faire une prise de sang, je vais l’amener à un de mes potes, au labo, il va me dire ça rapidement. Prévois deux types pour la tenir et ne t’offusque pas si elle gigote tellement que je dois la cogner, ok ? » Je ris de ma petite remarque et me levai pour me placer derrière et lui masser les épaules. « Détends-toi, mon petit cœur, je m’occupe de tout, tu n’as pas à t’en faire. » Finalement, nous décidâmes de baptiser une des ambulances plus tôt que prévu. Mais j’étais sûre de mon coup, les analyses mirent deux jours à arriver mais le résultat était celui que je connaissais. NEGATIF ! J’appelai mon cher et tendre dès que j’eus la nouvelle et un poids sembla se défaire de ses épaules, je l’entendis à sa voix. Il me promit un dîner aux chandelles, négociant avec son père pour que je passe une partie de la soirée dans mon ancien appartement. Je ne m’attendais pas à être accueillie par un couteau sous la gorge. Elle attendait que je rentre et dès qu’elle m’aperçut, elle se glissa derrière moi, et me mit une lame sous le menton, le collant tant et si bien que je sentais que si je bougeais, elle pouvait salement me blesser. « Tu m’as pris tout ce qui comptait pour moi, on va voir si les choses changent quand on te fait disparaître. » « Pour ça, faut avoir des couilles, Caitlyn. Je ne suis pas sûre que tu pourrais vivre avec la mort de quelqu’un sur la conscience, moi y compris. Tu crois que Luciano voudra te reprendre si tu me tues ? Tu rêves ! Tu risquerais de me rejoindre dans la tombe. Réfléchis bien à ce que tu fais, Caitlyn ! » J’espérais que Lucky s’impatienterait et ouvrirait cette putain de porte, parce que si je faisais le moindre mouvement brusque, je signais mon arrêt de mort.

***

Ma mère nous tenait la jambe depuis une bonne heure maintenant, nous étions installés dans le canapé, à une distance raisonnable l’un de l’autre mais moi, j’angoissais. Cinzia était revenue depuis deux jours maintenant et j’avais attendu l’appel de mon père qui tarda. Ce matin, il avait décroché son téléphone pour me dire qu’il voulait que Luciano et moi passions. Ça sentait la merde à plein nez et je ne tenais pas en place, j’avais déjà été fumer des tonnes de cigarettes à la fenêtre de la cuisine. Je tentai de soudoyer ma mère mais elle esquiva mes questions, préférant en poser à Luciano. Mon père débarqua enfin, posa son chapeau sur la commode, son journal sous le bras, totalement détendu et l’air de dire « oh, vous m’attendiez », j’avais envie de le secouer mais je savais que tout ça était savamment pensé. Il finit par s’asseoir dans son fauteuil, ce fut le signal de départ pour ma mère qui fila lui chercher une tasse de café et un cigare, je faillis la rejoindre mais il me fit signe de ne pas bouger. « Alors comme ça, il paraît que vous voulez vous marier, tous les deux. Tu savais que Luciano était venu me demander ta main ? Je ne lui ai pas donné de réponse, je n’en avais pas à lui offrir à ce moment-là. Gracias, mi corazon. » glissa-t-il à ma mère qui se pencha pour l’embrasser. Luciano eut le bon sens de détourner les yeux du croupion de Rita et je bénis le ciel. Le nombre de types qui mataient ma mère dès qu’ils en avaient l’occasion me rendait malade, s’il avait fait partie de ceux-là, j’aurais certainement revu ma copie pour cette histoire de mariage. Je n’avais ni les fesses, ni les seins de ma mère mais je ne désespérais pas, avec quelques enfants. « Il m’a déjà sorti le couplet sur le fait qu’il te respectait, qu’il t’estimait et tout ça, mais concrètement, pourquoi vous voulez vous marier ? Ne le prends pas contre toi, Luciano, mais la dernière fois que j’ai organisé le mariage de ma fille, son fiancé a choisi sa cousine, j’aimerais éviter que ça se reproduise. Même si le fait qu’il lui manque une main me fait dire que cette fois, il n’y a aucun risque. » Un sourire amusé s’épanouit sur ses lèvres, je laissai retomber la pression à ce moment-là, mon père était d’accord.







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Luciano Gambino
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La cruauté est essentielle si l’on veut conserver le pouvoir. Sans elle, on apparaît faible et les adversaires en profitent. Comme les chiens : celui qui aboie le plus fort devient le chef de meute. [Saviano]

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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyLun 18 Jan - 23:36





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft La bambola


Cette querelle du Nouvel An, celle qui manqua de nous achever là, tous les deux, non pas à cause du désir de nous séparer, mais par abattement face à ma mauvaise foi et à sa tristesse, je la lui confiai sans omettre le moindre détail, de la visite des flics, au coup de pochette au lancer de chaussures, en passant par nos réconciliations disputées en plusieurs rounds qui débutèrent sur la banquette arrière de ma voiture. Je lui contai cette histoire aussi fier qu’un paon devant son air ahuri quand il me posa une question. Que dis-je, la question : comment avais-je pu m’y prendre pour signer cette fin heureuse à notre soirée après un tel faux pas. Au départ, je ne compris pas vraiment où il voulait en venir, si bien que je fanfaronnai encore un peu. Puis, principalement parce qu’il insistait lourdement pour obtenir réponse, je chutai de mes échasses en réalisant qu’il avait raison, qu’au vu des circonstances, je ne méritais pas tant de clémence. Interdit, ma superbe se troqua alors contre une tout autre expression proche de la peur ou de la panique. Pas celle qu’elle me quitte. Non. Mais celle qui suggérait que si je ne me désirais pas égoïste, je devrais la lui rendre cette liberté chèrement gagnée quand on naît femme dans un monde bâti par et pour les hommes. Lyla avait la force et la combativité pour s’offrir un avenir radieux et sain, mais je me posais là, sur son chemin, aussi haut que le mont Everest, impossible à franchir. « Qu’est-ce que tu essaies de me dire, exactement ? » m’inquiétais-je suspicieux et vexé à la fois « Rien ! Je dis juste que tu as beaucoup de chance et que tu n’as pas l’air d’en avoir pleinement conscience. » Il se trompait, vraiment. Je savais pertinemment que la majorité des filles se montrerait bien trop lâche pour affronter à bras-le-corps l’intensité de leur sentiment. Bon nombre auraient tôt fait de se convaincre qu’ils n’existaient que dans ma tête de connard, quitte à leur regretter plus tard, quand elles prendront conscience, le jour de leur troisième divorce, qu’elles sont passées à côté de la plus histoire d’amour de leur vie. Pas elle. Elle l’aimait et elle assumait. « C’est quoi cette leçon de morale ? Tu sais très bien que tout ça n’est pas vraiment de ma faute et que ça ne m’amuse pas. » Il haussa les yeux au ciel, n’y croyait pas un seul instant et je m’en offusquai pour de bon cette fois.« Allez, ne crache pas dans la soupe, mon frère. Caitlyn t’a amusé pendant longtemps. Tu ne l’as pas toujours vue comme un putain de boulet. Ça t’amusait bien de l’avoir à ta botte pour redorer ton ego après que papa t’ait taillé un costard sur mesure. Et tu as toujours trouvé ça très rassurant de pouvoir t’insinuer entre ses cuisses quand tu avais la flemme de jouer les jolis cœurs pour ramasser une pétasse dans un bar. Tu veux mon avis ? » « Pas vraiment. » crachais-je avec mépris, désolé qu’il ne puisse pas comprendre à quel point ma relation avec Lyla était différente. « Pourtant, je vais te le donner. Au lieu de jour au coq dans ta petite basse-cour, tu ne ferais pas mal de dire la vérité à Lyla. Toute la vérité. Que si tu la sautes, elle te passera bientôt la corde au cou, que tu le veuilles ou non. » « Jamais je ne l’épouserai. » Je m’y étais opposé à maintes reprises et il n’était pas question que ça change. Je préférais souffrir mille tourments plutôt que m’abaisser à de telle manœuvre. « Oh, si, tu le feras, parce que rien n’a plus d’influence sur toi que l’opinion d’Ettore. Il est temps que tu grandisses, Lucky, parce que tu vas tout perdre et tu l’auras cherché à force de distiller les informations au compte-gouttes pour la garder sous contrôle. Tu ne pourras t’en prendre qu’à toi-même quand elle se détournera de toi. Il y des limites qu’une femme peut supporter. Ta secouriste, elle semble prête à te suivre jusqu’au bout du monde parce qu’elle t’aime et qu’elle a confiance en toi. Il serait peut-être temps que tu lui rendes la pareille. »

Au lieu de lui opposer assez de dédain pour quitter la table et la pièce, j’aurais probablement dû me fier à son jugement, car quand vint l’heure d’annoncer à ma dulcinée cette fatalité que je combattis vaillamment sans obtenir gain de cause, je traînai ma future prisonnière jusqu’à Vegas le cœur rempli de déception. Plus nous partagions de moments ensemble, plus je l’idéalisais, la Mexicaine. Je m’étais figuré qu’elle était parfaite, au moins pour moi. Je m’entêtais aussi à considérer que nous en étions arrivés là uniquement par sa faute, mais la vérité était bien plus complexe. Je refusais d’admettre qu’au bout de trois jours, elle me manquait déjà et que j’étais bel et bien le seul responsable de notre descente aux enfers. Je mentis à Caitlyn en prétendant que je tenais mon air maussade à l’idée de me séparer d’elle le temps qu’elle me revienne. La réalité, c’était que je me languissais d’une autre et que j’étais dénué de tout espoir de pouvoir arranger les choses entre nous. Il me fallut bien une conversation avec le couple exilé sur la côte Est pour entrevoir une piste de solutions. Certes, je devrais passer par l’expérience douloureuse de la discussion, mais ce qui se compliquait avec d’autres n'avaient aucune espèce d'importance s’avérait d’une simplicité presque enfantine avec elle, si elle était disposée. Le tout, c’était d'user des bons mots pour l’amorce. Je m’y pris comme un manche et, sans sa bonne volonté – bien que je soupçonne ma sœur de lui avoir rendu compte de notre rencontre -  jamais nous n’aurions brûlé la décence par les deux bouts dans la buanderie. Jamais, par ailleurs, n’aurais-je eu loisir de lui certifier que je l’épouserais avec une sincérité qui ne sembla pas vraiment la toucher. Elle me mit en garde à juste titre. Durant les fêtes, ma parole ne brilla pas par sa valeur, mais je lui souris, déterminé à lui prouver le contraire, dès que j’aurai trouvé le moyen de laver sa mémoire de mes méfaits précédents et de nettoyer son cœur de toute forme de jalousie. Caitlyn à l’appartement la malmenait beaucoup, mais je m’employai à la sécuriser en passant avec elle un maximum de temps, chez elle ou la caserne. Je la sortais à la première  l’occasion et je la couvrais de cadeaux sans me soucier qu’elle puisse penser que j'essaie de me faire pardonner une nouvelle erreur. Quand aurais-je pu la commettre ? L’absence de ma sœur aidant, on ne se quittait plus vraiment. Je puisais simplement dans ses éclats de rires et son plaisir toute l’énergie dont j’avais besoin pour supporter les simagrées de la pétasse qui couche dans ce lit déserté de ma présence. Je l’imaginais bien, désespérée, à respirer mon parfum en suppliant le ciel de me ramener vers elle. Elle ne m’inspirait pourtant aucune pitié. Chacune de ses manigances pour blesser ma partenaire la rendait plus méprisable encore à mes yeux. Quant à Lyla, je soupçonnais qu’elle y trouvait des excuses pour ne jamais se parer des apparats que je lui offrais, comme si elle souhaitait me punir ou m’exprimer son mécontentement en douceur. Si tel était son but, elle s’y prenait à merveille, car plus il me semblait que j’approchais que la vérité, plus je renchérissais la valeur de mes cadeaux. Le prochain – du moins, celui assez conséquent pour que je cherche à crever l’abcès par une conversation à couteaux tirés pour ensuite me lancer dans cette si grande aventure. « Non, non ! Toi, tu étais d’accord avec toi-même surtout. Je te l’ai dit, je ne vois rien de mal à vouloir te faire des cadeaux. » m’amusais-je avant d’être complètement conquis par sa réaction en découvrant la ligne féline de cette voiture italienne au prix plutôt raisonnable, si l’on tient compte de ma première idée.

De l’extérieur, d’aucuns penseraient certainement que je tente d’acheter son affection. Dans l’absolu, il s’agissait surtout de ma conscience d’avoir fait d’elle ma prisonnière sans être en mesure de lui éviter la souffrance qui l’accompagne. Je n’attendais pas même un merci. Je haussai les épaules et, appuyé contre le montant de la portière, je me réjouis de sa délicatesse en testant son autoradio, en caressant le volant, les sièges en cuir et tous ses petits gadgets destinés à la rendre aussi pratique que confortable. Elle lui plaisait, j’étais ravi et j’abordai la suite des évènements toujours un peu nerveux, mais assez désinvolte pour frapper du poing dans la paume de ma main. « Non ! Mais, pourquoi je n’y ai pas pensé avant ! Un hélicoptère. C’est ça qu’il nous fallait. Je suis trop con. » plaisantais-je tandis qu’elle découvrait le véritable dessein de cette mise en scène. Le temps suspendit un instant sa course folle. Mon cœur rata un battement affolé. Mes pupilles inquisitrices épiaient la moindre de ses réactions avec inquiétude et intérêt et, pour la première fois depuis l’heure où l’envie de l’épouser fut assez irrésistible pour que je retourne ciel et terre pour lui choisir une bague digne d’elle, je respirai plus librement. « Je t’avoue que j’y ai cru, oui. » lâchais-je étonnamment dénué de toute pudeur à la sicilienne. À quoi pourrait-elle bien servir alors que son émotion embuait ses grands yeux ? A quoi bon me cacher derrière ma fierté si elle me saute au cou pour accepter d’un "oui" ? Mon seul problème, à l’heure actuelle, c’était de trouver les mots pour convaincre le père avec la même aisance que sa fille. Pour lui, qui n’ignorait rien de mes activités pour y prendre part depuis peu, j’étais tout sauf un parti intéressant. Certes, j’avais de l’argent à ne plus savoir qu’en faire. Matériellement, elle ne manquerait de rien. Mais, quel papa souhaiterait pour sa gamine une existence faites d’angoisse dès que l’élu de son cœur quitte le nid familial ? Quel homme aspirerait pour son enfant l'anxiété permanente de finir veuve, mais trop amoureuse encore pour envisager de reconstruire sa vie ? Lequel ne s’offusquerait pas de découvrir ce prétendant non annoncé à demi nu près à lui ravir son bébé, prêt à lui dérober plus d’honneur que la veille ? Aucun et j’aurais probablement dû le lui expliquer sur ce parking au lieu de lui permettre de se complaire dans ces certitudes. Au moins nous serions-nous montrés plus prudents. Peut-être aurait-elle songé à m’adresser un message pour m’avertir de la présence de son père. Peut-être. Sauf qu’emportés par cette joie nouvelle, ni elle ni moi ne nous sommes embarrassés de tels détails et Dieu seul savait ô combien je pouvais regretter, assis dans sa cuisine, à essuyer ses larmes maladroitement.

Je comprenais Javier. J’aurais retrouvé ma sœur dans une situation similaire, avec un homme censé porter une alliance, je me serais bien moqué d’entendre ses justifications sur cette relation soi-disant sainte et plus noble qu’il n’y paraît. Non ! J’aurais transpercé la peau de ce serpent au couteau, remontant l’opinel le long de son abdomen, qu’il crache tripes et boyaux. Il en était capable d’ailleurs. Elle s’en doutait, j’en étais convaincu, j’étais chanceux, mais je le tus pour ne pas l’angoisse plus que de raison. « Bébé, ce n’est pas un vrai mariage. Si ça l’était, on sait très bien, toi comme moi, que tu n’aurais pas accepté de ma demandé en mariage, qu’on ne dormirait pas ensemble et que je ne me pavanerais pas en slibard dans ton salon. Pas vrai ? C’est parce que tu sais que ce qu’on vit est important pour nous que tu acceptes la situation telle qu’elle est pour le moment. Parce que tu as confiance en moi. » lui rappelais-je en ôtant ses mains de sa tasse, les saisir et les baiser avec douceur. « Allez, calme-toi. Toi, tu ne peux pas lui dire, c’est vrai. Mais, je ne t’ai pas confié tout ça pour que ça devienne un fardeau, juste pour que tu m’aides à le porter. Je vais aller le voir et je vais lui donner quelques explications. Je ne pourrai pas rentrer dans les détails, tu t’en doutes, mais je lui en donnerais assez pour l’apaiser un peu. Je lui ferai part de nos projets. Pourquoi tu ne commencerais pas tout doucement à rendre ce mariage un peu plus concret ? Ça pourrait peut-être l’aider à considérer tout ça autrement que comme si c’était une folie. En attendant, je pense qu’il ne faut pas trop le contrarier. Si je n’arrive pas à lui faire entendre raison, je te ramènerai moi-même. À contrecœur, mais je serai obligé de le faire. Si je n’ai pas la bénédiction de ton père, le mien ne nous donnera pas la sienne. » soupirais-je en réalisant les dégâts causés par ma maladresse sur son moral. Les conséquences s’avéreraient rapidement désastreuses si je n’éteignais pas cette incendie. « Quant à moi, il peut bien essayer de me faire changer d’avis si ça lui chante, mais j’espère qu’il a du temps à revendre, parce que celui qui me détournera de toi, crois-moi, il n’est pas encore né. » Qu’ajouter de plus, si ce n’est un baiser chaste pour achever de la consoler après avoir l’avoir emprisonnée dans mes bras ? J’appliquai également un pansement sur son cœur blessé qui tenait en quelques vocables : « Je vais arranger ça. Tout va bien se passer. » Bien sûr, le moment était mal choisi pour attirer son attention sur les chiots qui gigotaient dans leur cage, mais je n’ignorais rien du pouvoir des animaux sur notre moral. Ils se blottissaient contre nous, et nous nous sentions tout de suite beaucoup moins seuls. J’eus même le sentiment que ma réaction enjouée devant un tel cadeau rasséréna un peu la jolie brune qui m’offrit son premier sourire depuis mon retour. Je manquais de mots pour la remercier à hauteur de mon plaisir. Nous installant tous les cinq dans le sofa, je lui proposai de lui chercher un nom approprié. Ça nous prit une bonne partie d’une nuit bien sage, mais nous finîmes par tomber d’accord sur « Lupa » après avoir hésité longuement, en l’honneur de la plus fidèle compagne des mafieux d’un autre temps. C’est ce qu’elle serait, cette amie. Je savais par avance qu’elle ne me quitterait plus. Elle reposait à mes pieds quand j’affrontai son père après le mien pour lui faire part de mes nobles intentions. Elle s’agita avec moi lorsque j’appris la nouvelle qui me trancha la nuque avec la même brusquerie que la lame d’une guillotine. Et, dès que je rapportai à Lyla le merdier dans lequel je pataugeais, mon chien marqua son territoire sur les roues de toutes les voitures stationnées sur le parking de la caserne.

Prétendre que je n’appréhendais pas sa réaction, compte tenu du désastre provoqué par l’annonce de mon mariage, serait un pieux mensonge. Pourtant, confiant, je lui déballai mon sac sans hésiter, pour ne pas endosser le rôle indu de coupable. Je n’avais strictement rien à me reprocher cette fois. La grossesse de cette pimbêche n’existait pas. Ça ne se pouvait pas. Je ne la regardais plus, ne la touchais plus, elle avait pour moi autant de saveur qu’un bonbon à la neige oublié au fond d’une boîte, elle-même rangée dans un placard depuis le dernier Halloween. Quelle chance qu’elle n’en doute pas d’ailleurs. Elle m’aurait blessé en déniant tous mes efforts pour la rendre heureuse malgré tout et en me privant de ses sourires. Tout comme elle le sera lorsqu’elle apprendra que j’en savais bien plus qu’elle sur son père, assez pour deviner que, quoi qu’elle puisse en penser, il lui en faudra du temps pour qu’il me reçoive à sa table comme le gendre idéal. « Ouais. Il l’apprécie parce que Dieu merci, lui, il ne couche pas avec sa fille. » persiflais-je avec amertume et la langue lourde de ses secrets à taire à tout prix, encore. « Et, tu parles de l’homme qui a envoyé sa fille dans le trou du cul du monde pour qu’elle vive en autarcie avec sa garde, sa famille et ses bouquins, sans pouvoir mettre le nez dehors, à moins d’avoir besoin de consulter un livre à la bibliothèque de l’université. Si tu crois que tu vas pouvoir le duper s’il a promis à ton père qu’il veillerait sur toi et qu’il t’éloignerait de moi, tu risques d’être déçue. Enlève-toi ça de la tête, tout de suite, et commence à accepter la réalité telle qu’elle est. Il ne m’aime pas, il ne veut pas de moi et la seule raison pour laquelle il ne m’a pas braqué d’un fusil de chasse, c’est encore et toujours parce qu’il a du respect pour Ettore. » Rien, de la douceur de ses paumes dans les miennes à son sourire lumineux ne semblait pouvoir me détendre, pas tant que je n’en serais pas venu au fait. « Vaut mieux qu’on ne tente pas le Diable et que tu n’ailles pas le voir pour le moment. Si vous vous disputiez, on pourra tirer une croix sur l’éventuelle possibilité de nous enfermer dans la buanderie de chez mes parents, au cas où mon père te quitterait des yeux ou s’endormirait à table, un dimanche, après la Messe. Et si, bien entendu, l’autre pétasse ne fout pas tout en l’air en chantant à qui veut l’entendre qu’elle est en cloque. Si ça arrive aux oreilles de mon père, ça va le foutre grave en rogne. Je n’ose même pas imaginer les conséquences. » Je ne dramatisais pas. Cette grossesse empêcherait mon père de la tuer de la plus horrible des manières. On n’arrachait pas la vie à un enfant à venir avant qu’il ait poussé son premier cri, ce qui signifierait qu’à ses yeux, j’aurai échoué, lamentablement. Je perdrais sa confiance et gâcherais mon talent à creuser mon trou parmi les soldats les plus exposés de Cosa Nostra. « Je crois aussi qu’elle se fout de ma gueule. Je suppose qu’elle a dû se le procurer sur internet. Tu peux vendre ta virginité sur e-bay, qu’est-ce qu’un test de grossesse positif ? Tu me dirais bien. »

Si je m’attendais à ce qu’elle me propose une solution ? Pas exactement. Je m’étais plutôt préparé à devoir batailler pour qu’elle me croie, ce qui serait arrivé une fois sa colère passée. J’écoutai néanmoins ses idées avec une réelle attention, triant le bon grain de l’ivraie. « Une prise de sang ? » répétais-je intrigué et satisfait au coin des lèvres. « Ouais, ça peut être bien ça. Mais, ne mêle personne d’autre que toi et moi à ça. On ira voir ton pote. Et pour la maintenir immobile, on prendra Trejo et Lupa avec nous. Rien ne l’effraiera plus qu’un chien. Elle va te tendre son bras sans rechigner, crois-moi. Je sais que ça te démange, mais tu n’auras même pas besoin de la cogner. » Un sourire soulagé s’épanouit sur mon visage et, cette discussion, nous l’achevâmes dans une ambulance, bien moins étroite qu’une voiture, mais pas assez large, cependant, pour permettre à notre créativité sexuelle de s’exprimer pleinement. Le soir venu, pour favoriser la réussite de notre plan machiavélique, j’enrobai mes lèvres de miel pour qu’elle me pardonne mes comportements et mon manque de tact. Je me justifiai de surmenage et, tandis qu’elle avalait les premières gorgées d’une eau pétillante agrémentée de trois somnifères – trop point n’en faut – je l’observai s’endormir avec une pointe de satisfaction. « Ouais, ne me regarde pas comme ça, il fallait bien que je trouve un moyen de la faire taire. Je n’avais pas envie de la voir pleurer, gémir, se plaindre, m’insulter, et bla, bla bla… » m’expliquais-je en roulant des yeux quand Lyla remarqua que j’avais dressé une table presque trop romantique compte tenu de ma faible teneur en respect envers cette pétasse qui me gâche l’existence. Ça prit moins de trois minutes pour récolter un échantillon de sang assez important pour de telles analyses, trois heures de router, aller et retour, pour le déposer chez le fameux Clay, ce médecin afro-américain qui s’arrangea pour nous obtenir les résultats, négatifs de surcroît, moins de trois jours plus tard. En toute sincérité, je n’aurais pu décrire justement ce sentiment de liberté. Je lui aurais promis la lune si j’avais pu. À défaut, je décorai une table pour elle. Je vérifiais d’ailleurs que tout était parfait lorsque mon chien tourna en rond autour de la porte, reniflant et pleurant.

Au départ, je l’invitai simplement à se taire, lui assurant qu’elle l’aurait, sa promenade digestive que le domaine. Puis, jetant un coup d’œil à ma montre, je saisis que quelque chose n'allait pas. Lyla était d’une ponctualité époustouflante, en particulier lorsqu’il s’agissait de passer du temps en ma compagnie, car les circonstances fut-elle qu’un quart d’heure de retard, c’était un quart d’heure de perdu. J'essayai de l'appeler,  et jem'étonnai d’entendre sa sonnerie de téléphone résonner du couloir. Intrigué, mais néanmoins prudent, j’ouvris doucement sur une Caitlyn menaçant de trancher la jugulaire de sa victime. Deux options s’offraient à moi : soit, je bondissais sur elle au risque qu’elle ne blesse Lyla, soit je négociais avec elle. Sans ses yeux écarquillés par la surprise et par la honte d’être prise en flagrant délit de tentative de meurtre, je crois que j’aurais dégainé pour lui tirer une balle dans la tête. Ce ne fut pas vraiment nécessaire. Elle relâcha la pression de sa lame quand je m’appuyais contre le chambranle de la porte d’entrée. « Et bien, je dois reconnaître que tu m’impressionnes, Cait. » remarquais-je en feignant l’admiration et priant pour qu’elle soit restée la jeune femme naïve, en quête de reconnaissance et qui se jette à corps perdu dans la toile de mes manipulations pour exister un peu pour moi. Je sus que cette agression ne se terminerait pas dans un bain de sang au moment même où elle me demanda si c’était vrai, les pupilles brillantes d’émotions face à cette vile flatterie. « Bien sûr que c’est vrai. Mais, tu sais, tout ça n’est pas vraiment nécessaire. Tu sais bien que je n’ai jamais été l’homme d’une seule femme, pas vrai ? Mais, je suis toujours revenue vers toi. Toujours. Tu n’as jamais eu besoin d’en arriver à des extrémités pareilles pour ça » Elle réfléchit un instant et je l’assommai d’un vieux souvenir à peu près similaire – bien qu’elle ne menaça personne – après qu’elle ait trouvé dans mon téléphone le message d’une maîtresse sans importance. « Tu me connais mieux que personne, Chaton. Comment est-ce que tu as pu t’imaginer que cette fille… » Je désignai Lyla du menton avec mépris. « …avait une quelconque importance pour toi. Elle n’a pas un dixième de ta classe. Lâche là et regarde là. Tu vaux tellement mieux qu’elle. Allez, donne-moi ce couteau, bébé. Donne-le-moi et laisse là rentrer chez mes parents pour m’occuper de ma mère. Elle a besoin d’elle. » « Tu es fâché après moi. Je vois bien que tu l’es. » s’inquiéta-t-elle soudain à raison alors que ma mâchoire s’agitait de tics nerveux sous le joug de mon impatience. « Non ! Je ne suis pas fâché, Chaton, mais je le serai si tu la tues, pas à cause d’elle. Je m’en fous de ce qui peut lui arriver, mais ma mère a besoin d’elle. Elle a besoin de soins médicaux que ni toi ni moi ne pouvons lui fournir. Allez, cesse de faire l’enfant et donne-moi ce couteau. »

Je lui fis un signe de la main pour qu’elle s’exécute. J’avançai d’un pas, puis d’un autre, lentement, calmement et elle libéra Lyla pour se réfugier dans mes bras. Je récupérai son couteau avec la même douceur et quand je fus certain que la Mexicaine était en sécurité, je glissai mes doigts dans les cheveux de l’inconsciente. Je tirai si fort qu’elle ne put réprime un cri. Je l’obligeai à s’agenouiller sans l’autoriser à quitter mon regard furieux. Mon courroux déformait mes traits. J’étais méconnaissable. « Ta seule chance, c’est que je ne peux pas te tuer moi-même. Mais, tu vas venir avec moi. Tu vas bouger ton gros cul de petite putain d’Irlandaise sans discuter si tu ne veux pas que tu je réduise à néant les efforts de tes médecins pour te rendre acceptable. » Elle s’accrocha à mon poignet par réflexe pendant que je la traînais à ma suite, le corps penché en avant, pleurant tout son saoul, implorant mon pardon. Je n’en pouvais plus de la supporter. Si elle restait là une minute de plus, je finirais par lui ouvrir la gorge de part en part pour ensuite la pendre par les pieds. Je l’enfermai dans « notre » appartement et je téléphonai à Riccardo qu’il surveille qu’elle ne fasse rien de complètement stupide et en redescendant, j’eus bien du mal à contenir la rage qui émanait de moi et que je n’avais aucun droit d’exprimer. « On se casse. » crachais-je à ma future épouse en refermant la porte derrière nous. Je ne me préoccupai pas des chiens, mais de mes nerfs qui étaient près de lâcher. Pour réussir à me calmer, il me fallut 30 kilomètres, quatre feux rouges grillés, une dizaine de cigarettes, du silence, deux pauses au milieu de nulle part pour frapper dans un poteau de signalisation, dans mes pneus, dans ma carrosserie – ce qui accentua ma rogne – et le passage à tabac d’un pauvre type, à l’abri des caméras d’une station-service pour un semblant de regard en croix. Je lui aurais éclaté le visage contre le bitume si elle ne m’avait pas stoppé, au lieu de participer, en rappelant à moi, à elle surtout. Les mains maculées de sang, je profitai de la faible lueur d’un spot pour vérifier enfin qu’elle n’était pas blessée. Je lui chuchotai maladroitement quelques excuses. Elle me serra contre elle et je me demandai d’où elle tenait tout cet amour. Je suis plus proche de l’animal que de l’être imparfaitement humain. Pourtant, elle déposa ses lèvres sur mes joues, mon nez, ma bouche et mon menton. « Un jour, je n’arriverai pas à me contrôler. Je vais lui faire la peau. Je vais l’égorger comme elle a essayé de le faire avec toi. Je le ferai sans avoir eu l’autorisation de le faire, et là… là… . » Las de poursuivre, je l'étreignis de toutes mes forces restantes épuisées d’avoir exulté autant de rage et de frustration d’avoir le bras arrêté par l'unique volonté d’un homme plus puissant que moi : mon père. « Il faut que tout ça, ça s’arrête, Lyla. Il faut que je retrouve le contrôle de ma vie où je vais virer cinglé. » Je ne remettais pas en cause ce que j’étais. C’était dans mes tripes. On n’échappe pas à son destin. Mais, parfois, ce sentiment de n’être qu’un pion m'attristait plus que le contraire. J’étais bâti pour de grandes choses. Chaque seconde écoulée à me débattre avec cette sorcière était une perte de temps considérable. Je tenais bon parce que la récompense d'Ettore serait à la hauteur de mes ambitions, sans quoi, Dieu seul savait de quelles bêtises je me serais rendu coupable. « On va rentrer. Je ne peux pas la laisser comme ça attachée au radiateur toute la nuit, elle est capable de trouver le moyen de se pendre. Je vais te ramener chez tes parents, d’accord ? Ça vaut mieux, pour tous les deux, crois-moi. » conclus-je trop soudainement tant l’étreinte que cette soirée. Cette accalmie était passagère et quand le volcan se réveillerait à nouveau, ça finirait de la plus détestable des manières. Plutôt me saouler si nécessaire que de faire d’elle un objet sexuel.  


***


Pour éviter la mort prématurée et faussement accidentelle de l’Irlandaise, je lui collai aux basques un homme dont le seul but était de la protéger de sa folie et de la mienne. Je ne l'approchais plus. Cet épisode m’avait laissé un goût amer dont je peinais à me débarrasser. Alors, quand Javier nous convoqua, je m’invitai chez Mani pour fumer quelques joints en sa compagnie. Je bus au moins trois téquilas avant d’aller chercher Lyla à la caserne pour nous conduire jusqu’au sofa de ses parents. J’avais presque l’air détendu en échangeant quelques banalités avec Rita Canjura. Tandis que son père nous honora de sa présence, en revanche, je me demandai, à sa première remarque, où nous mènera pareil interrogatoire. Était-ce moi qu’il remettait en cause ? Je lui avais livré avec sincérité tout ce qui faisait de cette union une bonne solution. Je ne voyais pas ce qu’il pouvait attendre de plus jusqu’à ce qu’il s’adresse directement à sa progéniture défaite sous l’allusion de son mariage avorté. « Je ne le prends pas pour moi. J’ai même la prétention de croire que ce n’est pas vraiment de ma bouche que vous attendez une réponse. Pourtant, je vais tout de même me permettre de vous en donner une. Ce mariage, c’est ce que je veux. Je le sens, c’est comme ça, ça ne s’explique pas. Je pourrais essayer de comprendre, mais je n’en ai absolument pas envie, parce que je suis certain que ce mariage qui n’a jamais eu lieu, c’est la meilleure chose qui soit arrivée à votre fille. Elle aurait été malheureuse avec lui. J’ai la prétention de croire que je ferai mieux que lui, quoi qu’il arrive… Après tout, il me reste mes deux mains, je suppose que c’est plutôt bon signe. » formulais-je sans me démonter un instant. Il demeura silencieux un long moment avant d’inviter son enfant à s’exprimer à son tour. Moi, je me renfonçai dans le dossier du divan, curieux d’entendre ce qu’elle avait à dire. Je ne prêtai aucune attention à mon téléphone vibrant dans ma poche. J’étais suspendu à ses lèvres, au même titre que ses parents.


***

Il avait été convenu avec mon père, si je gagnais l’assentiment de Javier, je devais les convier, lui et sa femme pour dîner avec nous. Les convaincre ne fut pas une mince affaire, mais entre mon enthousiasme et leur respect pour les Gambino, ils cédèrent. « On va vivre un moment d’anthologie, dolcezza. Une immersion totale dans ce mariage alors que j’ai toujours l’autre dans mes pattes. Ça va être de toute beauté, prépare-toi. » ricanais-je à l’oreille de Lyla avant de récupérer mon téléphone dans ma poche. J’ignorais qui tentait de me joindre avec une telle insistance, mais mon souci le plus urgent étant réglé, j’estimai qu’il méritait que je m’y intéresse enfin. Mauvaise idée. Envahi par un élan de culpabilité d’avoir dédaignai ma famille, mon cœur palpita devant le message écrit en lettres capitales qu’affichait mon écran. « Il faut que tu m’excuses auprès de tes parents. J’ai un problème. Grave. Reste ici avec eux, je passerai tout à l’heure. Je te raconterai. Je suis vraiment désolée. Vraiment. » lançais-je entre la porte et le palier. La seule raison pour laquelle je ne lui révélai pas le drame qui frappait les miens, c’est que je n’y croyais pas moi-même. C’était juste une blague cynique, une de celle dont Andrea avait le secret pour me punir de mes silences. Je m’employais toujours à m’en convaincre quand je pénétrai dans la maison de mes parents, mais la réalité me sauta au visage. Ma mère pleurait à chaudes larmes. Ma Nonna priait pour l’âme de son petit-fils. Carolia s’accrocha à mon cou dès qu’elle m’aperçut. Elle me suppliait de lui ramener son mari, de lui jurer que c’était une plaisanterie, que tout ça ne pouvait pas être vrai, car nous étions puissants et intouchables. Elle me brisa le cœur et, bien incapable d’exprimer ma peine autrement que par la violence, je cherchai un coupable à toute cette merde, une responsable à crucifier sur le mont Golgotha pour en faire un exemple de taille. Je confiai ma belle-sœur à Antonella qui émergea de la cuisine avec un thermo de café et je m’enfuis comme un voleur, le pas mesuré, que personne ne se doute de mes stupides desseins, pour débusquer la Marie-Madeleine qui me pourrissait la vie. Je chassai mon sbire aux yeux rougis qui les essuya par fierté. « Où est-elle ? » « Elle dort. Elle a pris des cachets, mais pas beaucoup, c’est moi qui lui ai donné. Je surveille tout, Luciano. Je vous le promets. » renifla-t-il sans sentir le danger arrivé de loin. « J’ai appris… je…nous aimions tous beaucoup Eddy. Je…. » Pour ces condoléances, il écopa d’un d'un direct du droit l’assomma sur le champ et je le ligotai à une chaise avec du scotch. Il était hors de question qu’il m’arrête. Personne ne le pourrait. La Cinzia, peut-être, mais elle était aux abonnés absents. Lyla, sans doute, mais j’avais pris grand soin de la laisser à l’écart. Je n’avais pas besoin qu’elle dépasse ses propres envies de meurtres pour m’empêcher de me soulager par la vengeance de cet oiseau de malheur. Je la surpris dans son lit en lui balançant un seau d’eau froide en plein visage. L’effet fut instantané. Elle hurla, me fusilla du regard et je la cognai. J’abîmai son beau visage à coup de poing jusqu’à ce que son sang vienne tacher sa nuisette vert émeraude. Est-ce que ça me faisait du bien ? Peut-être. Je n’en avais pas conscience. Seuls mes doigts agrippés à sa tignasse rousse et filasse qui la traînaient jusqu’à la fenêtre comptaient. Je l’ouvris, je la poussai sur le rebord et je l’attrapai par le pied pour la suspendre dans le vide, prêt à la lâcher, dès que je manquerais de force… sous peu.








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Lyla Gambino
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mentre lei che non capiva disse bravo  
ft El novio



Mes « merci » faisaient pâle figure à côté de ses cadeaux, je le répétais inlassablement, comme un putain de perroquet, parce que j’étais chaque fois contente et que je ne voulais pas qu’il s’imagine que j’étais blasée ou ingrate. Je gardais précieusement ce qu’il m’offrait, même les choses qui lui paraissaient normales et insignifiantes. J’avais encore des vestes à lui, des pulls et des t-shirts que je conservais presque aussi précieusement que les robes de créateurs qu’il m’achetait, sauf que je n’avais pas peur de les porter ou de les abîmer. Pas comme les bijoux, les vêtements, les chaussures ou les sacs qu’il me sortait de son chapeau, un sourire de gosse accroché aux lèvres. La bague de fiançailles par contre, je ne pouvais pas la porter pour d’autres raisons. Tant qu’il y aurait cet autre mariage, tant qu’il y aurait une autre femme et ce même si c’était une relation fictive et qui n’avait d’importance que pour elle, je ne pouvais envisager de me trimballer avec ça à l’annulaire gauche. Je n’aurais aucune réponse valable à offrir aux questions indiscrètes de ma famille et il y en aurait, je les connaissais par cœur. De même que je ne me rendais pas dans le Bronx avec ma nouvelle voiture. Si j’avais fini par mettre Muñez dans la confidence concernant ma relation avec Luciano et que les autres se doutaient de quelque chose, je restais discrète sur la question et une voiture flambant neuve n’était pas une bonne manière de sécuriser mon père. J’avais donc fini par réparer mon vieux taco que je prenais dès que je savais que je devrais me rendre dans South Bronx. Face à l’incompréhension et à la vexation de mon compagnon, je dus lui expliquer mes raisons. Tant que rien ne serait officiel et que tout devrait demeurer officieux, il me fallait prendre des précautions nécessaires. Si nous comprenions pourquoi nous faisions tout cela et ce que ça nous apporterait, les autres auraient un mal fou à y entendre quoi que ce soit. Muñez, malgré tout l’amour qu’il nourrissait pour moi et avec le peu d’informations que j’avais bien voulu lui donner, peinait déjà à trouver du bon dans cette relation alors mes parents ! J’aurais aimé qu’il se charge de demander à mon père dès que nous aurions été débarrassés de Caitlyn, lui qui avait les oreilles qui traînaient partout ainsi que les yeux, aurait bien fini par entendre ou voir quelque chose et par me confronter à mes contradictions. Je ne m’attendais pas à ce que ça se produise chez moi.  Je faisais tellement attention à tout et surtout aux détails que j’avais fini par oublier de prévenir Lucky que mon père serait dans les parages ce jour-là. Généralement, il bossait la journée, je m’étais dit que je pouvais compter là-dessus pour que la surprise soit totale. J’aurais dû me souvenir qu’aucune précaution n’était subsidiaire avec Javier Canjura. Je me demandai même, en le fixant et en me rendant compte qu’il jubilait, s’il ne savait pas déjà depuis un moment ce qui se tramait mais qu’il cherchait à me prendre à mon propre jeu pour que la victoire soit écrasante. Mon père était un génie de la manipulation quand il s’y mettait et je ne le détestais jamais plus que dans ces moments où il abusait de l’amour que je lui portais et de son pouvoir sur moi.

« Moi je le sais, mais pas mon père ! Tu as vu la tête qu’il a faite ? Et tu n’as pas la moindre idée de ce qu’il a pu me dire, Lucky ! Je suis sa préférée, tu comprends ? Pour qu’il en arrive à me balancer tout ça, il doit être fou de rage contre moi ! » Je n’étais plus une petite fille et pourtant, je ne pouvais pas accepter l’idée de décevoir mon père. Notre relation avait toujours été particulière, de tous mes frères et sœurs, j’étais celle qui lui ressemblait le plus et avec qui il s’entendait le mieux. En général, un regard suffisait pour que nous nous comprenions. Néanmoins, dès que je commençai à grandir, nos oppositions devinrent légions et nous ne tardâmes pas à trouver une quantité incroyable de sujets de discordes. Il ne supportait pas l’idée que j’étais devenue une femme, sexuée de surcroît et encore moins que je me trouve des hommes qu’il jugeait indignes de moi. Il n’avait jamais apprécié Ruben plus que ça mais avait fait de son mieux pour me faire plaisir. Mais je n’aurais pu lui faire plus beau cadeau que le jour où je décidai de me tenir loin des hommes et de mener ma barque comme je le sentais et sans relation amoureuse pour me pourrir la vie. Si ma mère était pressée de me voir quitter le nid et construire une famille, ce n’était pas le cas de son époux qui nous préférait chez lui, sous sa coupe et sa responsabilité. « Je sais, poussin ! Je ne te reproche rien, c’est toute cette situation qui m’emmerde ! Et c’est de ma faute, j’aurais dû te prévenir qu’il viendrait, ça aurait évité l’incident diplomatique ! » Je commençais doucement à paniquer, je refusais de voir mes plans réduits à néant parce que mon père se faisait un malin plaisir à me contredire pour des raisons sans doute légitimes des années plus tôt mais plus maintenant. J’étais déçue de constater qu’il n’avait pas la moindre confiance en moi ou en mon jugement. Je saurais m’en souvenir. « Comment ? Je ne vais pas porter ma bague alors que tu es encore marié, peu importe que ce soit un mariage bidon ou pas, tu es légalement marié et lié à elle. Pour mon père, ça veut dire que cette bague et tout ce qui pourrait être lié à ce projet n’est pas sérieux. Je ne vais pas commencer à penser à une liste d’invités, à un menu et un groupe de musique pour que ton père et le mien décident que nous ne nous marierons pas ! Si je dois me le mettre à dos pour me marier avec toi, je le ferai, Luciano ! Mais je préférerais que ça se passe pour le mieux. » Je n’avais pas besoin de le dire pour que le sous-entendu soit clair. Je me doutais qu’il n’irait jamais contre la volonté de son père, encore moins pour une femme. On ne s’affranchissait pas facilement de l’influence de ses parents, encore moins quand on travaillait pour eux. Je ne lui jetais pas la pierre et je ne remettais pas en question ses sentiments, chacun était prêt à des sacrifices différents, ce n’était pas à moi de lui reprocher quoi que ce soit. Moi non plus, je ne tenais pas à devoir couper les ponts avec ma famille pour privilégier mon histoire d’amour, mais si je devais en arriver là, il en serait ainsi. « J’espère bien ! » lui répondis-je en souriant, espérant qu’il ne lâcherait pas prise si son père s’y mettait également pour rester en bons termes avec le mien. J’ignorais ce qui se tramait entre eux deux mais ils nous cachaient des choses. « Je te fais confiance. » marmonnai-je en espérant qu’il ferait des miracles. Heureusement, la petite Lupa me remit du baume au cœur et je fus heureuse qu’elle ravisse son propriétaire. Je n’étais pas tombée à côté pour ce cadeau, c’était déjà ça de pris sur cette journée de merde.



***


Ces derniers temps, nous voguions de difficulté en difficulté et j’avais décidé de prendre le contrepied de tout ça et d’essayer d’en tirer du positif et de voir le bon côté des choses. Ça me donnait pas mal d’occasions de rire. Je me rendis vite compte que si je ne dédramatisais pas tout ça et que je rentrais dans le mode de fonctionnement assez négatif de mon compagnon, nous allions nous enfoncer dans un marasme sans nom. J’avais l’intime conviction qu’ils finiraient tous par céder parce qu’il n’y avait pas pire que deux êtres amoureux l’un de l’autre à qui on interdisait de se voir. Mon paternel n’était pas complètement dénué de bon sens et il savait pertinemment qu’il ne pourrait pas m’empêcher de le voir sur mon lieu de travail ou bien de mentir sur mes heures et mes gardes pour passer du temps en sa compagnie, comme si j’avais encore quinze ans. S’il voulait nous réduire à ça, ça ne me posait pas le moindre souci mais il était aussi conscient que moi que c’était de cette manière que se produisaient les pires accidents. Personne n’aurait intérêt à ce que je tombe à nouveau enceinte en dehors des liens du mariage, surtout pas moi. J’étais certaine qu’il finirait par lâcher prise au moment où il aurait la certitude que ce n’était un jeu pour personne et que ça nous était tombé sur le coin de la gueule. Je n’avais rien prémédité et d’ailleurs, je n’avais eu de cesse de répéter à ma mère que Lucky était bien trop pénible et rustre pour moi alors qu’elle me répétait que je devais profiter de cette opportunité d’être invitée par un bel homme pour tenter de transformer l’essai. Je l’aurais moi-même mis à la porte si j’avais su que je reviendrais comme ça sur mes principes, même si je ne regrettais rien à présent et qu’il m’était indispensable pour passer une bonne journée. « N’importe quel père a du mal avec la sexualité de ses filles, ça semble logique, non. Tu crois que ça changerait quelque chose s’il savait que tu me satisfais pleinement ? Je devrais envisager de jeter l’argument à un moment, on ne sait jamais. » Je le taquinais, comme à mon habitude et je ne pus m’empêcher d’éclater de rire quand son visage changea de couleurs. Il fallait qu’il décompresse où il allait nous faire une attaque. « Bon, donc ton père je vais oublier, à moins que j’ai une folle envie de me plonger dans la littérature érotique et de t’en faire une lecture par téléphone. Je note ! Bien que le Marquis de Sade, ça refroidirait n’importe qui ! » Je lui opposai un grand sourire pour tenter de le pousser à me le rendre mais ce fut peine perdue. « Mi corazon, ne dramatise pas, il ne te déteste pas. C’est vrai qu’il t’aimerait davantage si tu ne couchais pas avec moi mais personne n’est parfait ! Et puis c’est un peu le principe du mariage ! Je pense sincèrement qu’il y réfléchit mais que son manque de confiance est plus tourné vers moi que vers toi ! Je suis désolée que mes erreurs passées te compliquent la tâche, je vais essayer d’arranger les choses. » promis-je en embrassant chacun de ses doigts. « Très bien, si tu ne veux pas que j’intervienne, je ne le ferais pas mais détends-toi, t’es tendu comme un string ! Je connais bien une façon de t’aider mais mon père n’approuverait pas. » Hilare, je lui lançai un regard lubrique et je faillis joindre le geste à la parole mais il me coupa avant. Je posai mon front sur la table de pique-nique à laquelle nous étions installés, lasse et me laissant doucement gagner par son désespoir. « Comme tu veux, poussin ! Tout ce que tu veux pourvu que tu n’arrêtes pas de sourire comme ça ! »

J’eus beaucoup moins envie de plaisanter quand je pénétrai dans son appartement pour la première fois depuis des semaines, remarquant à quel point elle s’était incrustée et ne le supportant pas. Ce fut pire quand je me rendis compte qu’il avait préparé une table magnifique pour elle et je lui jetai un regard noir. Bien sûr que j’étais jalouse et je ne manquai pas de lui faire savoir, insistant sur le fait que je n’avais jamais eu le droit à cet honneur depuis qu’on se voyait. Cependant, je tus ma déception de ne pas pouvoir lui coller une gifle magistrale pour qu’elle la boucle ou bien lui faire une ablation de son système reproducteur, juste pour le plaisir de lui faire mal. Je me montrai silencieuse et hermétique à ses tentatives de détendre l’atmosphère durant la durée de notre périple. J’étais remontée à bloc, me disant que même s’il affirmait la détester, elle avait le droit à des égards qu’il ne me réservait pas et ça me rendait malade. Si je m’étais écoutée, je serais montée à la seconde même où je posai un pied sur le domaine Gambino, juste pour lui faire payer. Au lieu de ça, je m’enfermai dans mon mutisme et décidai d’aller me coucher sans me laisser séduire par toutes ses propositions. Ce fut difficile mais je tins bon et je remerciai le ciel de devoir dormir dans la maison des Gambino et pas dans mon appartement. J’espérais pour lui qu’il y dormirait par contre, sans quoi, je ferais en sorte qu’il s’en souvienne. Il dut comprendre le message puisqu’il me proposa un dîner en tête à tête dès que je lui fis part de la bonne nouvelle. Je me voyais déjà profiter de cette soirée pour me faire pardonner ma mauvaise tête mais une pétasse me coupa dans mon élan et toute envie de m’amuser. Elle ne fit qu’attiser ma jalousie et ma haine, et Luciano en remit encore une couche quand il ouvrit la porte et tenta de lui faire entendre raison d’une façon qui me blessa plus que cela n’aurait dû. Je savais, au plus profond de moi, qu’il mentait pour l’amadouer et lui faire lâcher prise mais chaque mot prononcé pour me dénigrer était un coup de poignard dans la poitrine. Et même avec toute la force de conviction dont j’étais capable, je ne pus repousser cette idée que, quelque part, au fond de lui, il pensait vraiment tout ça. Mon chien apparut derrière lui, les babines retroussés et l’air menaçant, je lui ordonnai de ne pas bouger et de rentrer, ce qu’il fit, à contrecœur, en couinant. Heureusement pour nous, elle ne le vit pas et finit par me relâcher pour se nicher dans les bras de l’homme qui m’appartenait. J’en devins blême tandis que je me sentais sur le point de faire un carnage. Le temps qu’il s’occupe de l’enfermer chez lui, j’allai me passer de l’eau sur le visage et voir les stigmates que son agression avait laissés sur ma peau. J’ignorais ce qui me retenait de lui faire mal depuis si longtemps et après tant d’offenses. Je n’arrivais pas à comprendre ma patiente et mon sang-froid alors que chaque nouvelle journée était l’occasion pour elle de trouver le moyen de me blesser. Elle ne le faisait jamais grâce à ses manigances pathétiques mais à cause de ce qui en découlait inévitablement. Je soupirai et retournai sur le palier pour le voir redescendre, le visage transformé. J’ignorais ce que cette personne avait fait de l’homme dont j’étais amoureuse mais ce n’était pas lui qui exigea que nous bougions. Mon propre courroux s’effaça presque totalement au profit du sien. J’étais attentive, attendant un signe de sa part qui m’indiquerait que je pourrais le toucher ou même lui parler mais il ne vint pas et je le regardai fulminer, me tassant dans mon siège. Je priais pour que l’orage passe et qu’il redescende un peu, je compris qu’il aurait besoin d’aide quand il tenta de refaire le portrait d’un malheureux à la station-service où nous nous arrêtâmes.

J’approchai précautionneusement de lui, posai une main délicate sur son épaule. « Poussin, ça va, il a compris ! Lucky ! Tu peux arrêter, il a eu son compte ! » lui dis-je d’un ton doux, faisant de mon mieux pour calmer le jeu et il cessa de frapper. Je me collai à son dos, entourant son torse de mes bras. « Mi corazon, calme-toi, ok ? On va remonter dans la voiture… Regarde-moi ! » Il se tourna vers moi, sa poitrine se soulevant à un rythme effréné, je reconnaissais à peine ses traits. « Je vais bien, tout va bien ! Viens, viens là ! » finis-je par lui susurrer après qu’il ait vérifié que je n’étais pas blessée. Je le tins contre moi avec la force du désespoir et de l’affection que j’avais pour lui, déposant des baisers sur son visage pour effacer les stigmates de cette soirée chaotiques. « Non, tu n’auras pas besoin d’en arriver là, ça va bientôt s’arranger, je te le promets. On sera bientôt débarrassés d’elle et ton père te remerciera de ce que tu as fait pour lui. Ce n’est qu’une question de temps, mon amour, sois patient. Je serai là pour que ça semble moins long et difficile. » Je réussis à le ramener à la voiture et même à le convaincre de me montrer ses mains pour que je puisse limiter la casse, en profitant pour le garder près de moi. « Mes parents ? Pour quoi faire ? Je dors dans la chambre à côté de celle de ta sœur et je dois m’occuper de ta mère demain. Toute façon, t’as laissé Riccardo avec elle, non ? » Il approuva d’un signe de tête, tout ce qu’il me fallait pour passer sur le siège conducteur, m’installant sur lui, soulevant ma robe – un de ses cadeaux que j’avais sorti pour l’occasion. Je jetai un œil à ma montre. « Je ne suis qu’à toi et rien qu’à toi pour une heure et demie encore. Profite ! Je ne suis pas une princesse, je ne suis pas en sucre non plus et tu sais très bien que j’adore quand tu me balances sur la banquette arrière et que tu me tires les cheveux. » Je lui offris un haussement de sourcils suggestif et il ne se fit pas prier. J’en eus pour mon argent. Il me déposa devant chez ses parents des étoiles pleins les yeux, courbaturée et la voix cassée. Je l’avais fait pour lui, pour qu’il puisse relâcher toute cette pression qui menaçait de le rendre dingue et il avait lâché les chiens. Jamais, depuis que nous avions commencé à batifoler ensemble et à nous fréquenter, il ne me malmena comme ça et jamais je n’aurais imaginé que j’en redemanderais. Conquise, je lui avais même lâché un « je t’aime » après l’avoir longuement embrassé et être descendue de la voiture. Un bonsoir que je gardais toujours jalousement, comme beaucoup de mots qui parlaient de ce que je ressentais avec un manque cruel de pudeur. Mais j’étais persuadée que c’était ce qu’il avait besoin d’entendre et de savoir. Je l’aimais pour ses qualités et tous ses défauts, pour ce qu’il était dans son intégralité et pas seulement pour ce type en costard cravate et affreusement poli qu’il pouvait être. Je préférais la langue de pute qui levait le coude avec moi jusqu’à pas d’heure.


***


Il fallait que les choses bougent et avancent ou nous allions y perdre la raison, lui comme moi. Une fois que nous serions débarrassés de l’irlandaise et que les choses seraient officielles, nous aurions un problème en moins sur les épaules et beaucoup moins de frustration à gérer, par-dessus le marché, ce n’était pas négligeable. Je fus heureuse de constater que mon père avait probablement la même opinion sur la situation. Qu’il désire nous voir n’était pas anodin et j’espérais qu’il donnerait son assentiment pour que nous puissions nous marier et que j’ai enfin la possibilité de porter cette putain de magnifique bague que je gardais accrochée autour d’une chaîne, à mon cou, comme la relique de Sainte Rolande. Je m’étais attendue à ce que tout soit tourné vers Luciano et ses arguments mais je compris bien vite que tous les griefs de mon père et de ma mère, par la même occasion, me concernaient directement. Ils cherchaient moins à découvrir si Luciano était un prétendant sérieux et un bon parti que de deviner si j’étais véritablement sérieuse cette fois ou bien si j’allais de nouveau faire jeter à mes parents de l’argent par les fenêtres. J’étais vexée et si la réponse de Lucky était hilarante, je demeurai d’un sérieux inébranlable. Je me fis la promesse de piocher dans mes économies pour payer le mariage et de ne rien leur demander. On faisait tous des erreurs mais j’avais l’impression que m’en vouloir pour les miennes n’était pas suffisant à leurs yeux, j’aurais sans doute dû me flageller à chaque seconde en leur demandant pardon. Si je n’avais pas senti la nervosité de mon compagnon et l’odeur de cannabis de ses vêtements – ce qui signifiait qu’il était plus stressé qu’il ne voulait bien l’admettre s’il en venait à fumer – je me serais montrée belliqueuse et leur aurais envoyé dans les dents que leur opinion n’était finalement pas requise dans ce processus là et qu’ils pouvaient bien aller se faire foutre. Au lieu de ça, quand l’attention de tout le monde se tourna vers moi, je me redressai et fixai ma mère puis mon père dans les yeux. « Je ne savais pas que j’allais avoir le droit au grand oral. Il s’agit de savoir si je mérite de l’épouser ou bien si je mérite une deuxième chance ? » Ma mère ouvrit la bouche mais je lui fis signe de ne pas commencer. « Ça va, je vais répondre ! » Pour quelqu’un d’aussi pudique que moi sur ses sentiments, ce n’était pas évident. Je vins chercher la main du sicilien pour trouver un soutien et du réconfort. « Parce que je suis heureuse pour la première fois depuis cinq ans. Je suis tombée amoureuse alors que j’ai tout fait pour que ça n’arrive pas. Je ne suis pas un accessoire pour lui, j’ai de l’importance et il me traite comme une reine. Chaque fois que je me projette dans l’avenir, il est dans chacun de mes plans. Je n’envisage plus de faire ma vie sans lui ! » Je terminai en soutenant le regard de mon père, qu’il entende le message que j’essayais de lui faire passer. S’il ne nous offrait pas sa bénédiction, je m’en passerais. Nous nous affrontâmes du regard de longues minutes jusqu’à ce que ma mère n’intervienne, posant une main délicate sur son avant-bras, lui intimant de lâcher un peu de lest. « Vous avez mon approbation mais je te veux ici jusqu’aux noces. » C’était sa manière de me faire chier pour lui avoir donné l’impression de lui forcer la main. Je haussai les épaules. « Comme tu veux ! » Nous nous dévisageâmes à nouveau alors que ma mère et Lucky se réjouissaient pour nous mais je venais d’entrer en pleine guerre psychologique avec mon paternel, ça me demanderait énormément d’énergie. Fort heureusement, Luciano détourna son attention de moi avec son invitation à dîner mais je savais que ce n’était pas terminé.

« Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? » tentai-je, en vain, alors qu’il déposait un baiser sur mon front, je compris plus tard qu’il en profita pour subtiliser mes clés de voiture. « Faut croire qu’il n’est plus aussi emballé par l’idée de t’épouser maintenant qu’il sait que tu ne seras plus à disposition pour satisfaire le moindre de ses désirs. » lâcha mon père avec toute la mauvaise humeur dont il était capable. Je me trouvais à deux doigts de lui répliquer une remarque cinglante mais mon téléphone sonna. « Lyla, c’est Andy. Lucky est toujours avec toi ? » « Non, il est parti y a presque quinze minutes maintenant… » « Merde… Ecoute, je ne sais pas comment te le dire alors je vais le faire simplement, Eddy est mort ! J’ai eu Luciano au téléphone pour le lui dire mais depuis il ne répond plus, il va faire une connerie. » Je lui promis que j’allais me débrouiller pour venir, fouillant dans mes poches pour trouver mes clés de voiture et tentant de joindre mon fiancé, sans succès. Je lui laissai des messages, lui disant que j’étais morte d’inquiétude et que je le maudissais de m’avoir empêché de le suivre. « Le frère de Lucky vient de mourir, il a besoin de moi. Je sais très bien ce que tu as dit papa, mais je ne peux pas le laisser tout seul dans un moment pareil. » Ma mère se signa et son époux me jeta un regard glacial. « Ça tombe à pic, on dirait. » Ma mère lui donna un coup dans le bras pour lui signifier qu’il allait trop loin. « Je reviendrai ici dès que tout sera sous contrôle, en attendant, je refuse de l’abandonner. Je ne vais pas me disputer avec toi, Pa’, c’est comme ça ! » « Même pas mariés et tu t’opposes déjà à moi pour lui ! » Cracha-t-il en me tournant le dos. « Va ! Comme c’est si important pour toi ! » Je ne me fis pas prier et attendis d’être dehors pour joindre Muñez pour qu’il m’emmène à Staten Island. Angoissée, j’avalai deux cachets pour garder mes émotions sous contrôle et je pianotais nerveusement sur la portière, j’avais un sale pressentiment. « C’est un gars raisonnable, tu t’inquiètes pour rien. » tenta mon frère. « Il est raisonnable jusqu’à ce qu’il soit blessé, comme toi. Après ça, sa raison n’entre plus en ligne de compte. Il a besoin de moi, j’arrive toujours à le ramener avant que ça ne parte vraiment en couille. » C’était son cas à lui aussi, quand Muñez déraillait, je n’avais pas grand-chose à faire pour qu’il renoue avec son humanité. A l’entrée du domaine Gambino nous trouvâmes Andy, agité. « J’ai cru que tu n’arriverais jamais ! Il a disparu depuis un moment, je sais seulement qu’il n’a pas quitté le domaine. » Je me mis à ronger mes ongles jusqu’à ce que nous arrivâmes au pied du bâtiment dans lequel se trouvaient nos appartements. L’Irlandaise était suspendue dans le vide par un Luciano qui avait muté.


Mon frère n’eut pas le temps d’arrêter la voiture que je sautais déjà, me demandant comment j’allais pouvoir l’empêcher de faire ça et surtout, essayant de trouver une bonne raison de ne pas le laisser la balancer. « Mais putain Lucky qu’est-ce que tu fous ? » hurlai-je en me mettant sous la fenêtre. « Rentre ça à l’intérieur avant que ton père te voie et décide qu’il ne veut pas qu’on se marie ! C’est ce que tu cherches ? » Qu’il ne bouge pas d’un cil me mit en rage et je fis le tour pour gravir les escaliers à la vitesse de la lumière et entrer dans l’appartement. Je détachai le pauvre Riccardo qui était bien amoché. « Rentre-la, je te dis ! Tu vas nous foutre dans la merde avec tes conneries ! Putain faut que tu fasses n’importe quoi alors qu’on commençait à régler nos problèmes ! C’est quand même pas possible d’être comme ça ! Je saurais me souvenir de la manière dont tu t’es barré sans rien me dire, en me prenant mes clés pour que je ne vienne surtout pas te soutenir ! C’est ça ton idée du couple et du mariage, hein ? Tu te fous de ma gueule ? » Je l’agressais à raison, je voulais déclencher une dispute qui détournerait son attention et moi, s’il me bousculait, il ne me ferait pas le moindre mal. Il finit par remonter la rouquine et la balança par terre pour répliquer à ce que je lui envoyais dans la gueule sous le regard médusé de nos frères. « Ouais, c’est ça, gueule et pète tout, c’est bien, ça va bien nous aider à avancer ça ! Si t’en as d’autres des comme ça, c’est le moment, comme t’es dans ta journée des idées de merde ! »


***



Je finis par mettre ma bague de fiançailles à mon annulaire, elle brillait de mille feux à l’enterrement, tandis que ma paume était prisonnière de la sienne, nos doigts entrecroisés. Il était revenu au matin, ses cheveux en moins et il me fallut un moment pour m’habituer mais je me contentai de le complimenter, me disant  qu’il en avait sûrement eu besoin.  La messe et la mise en terre furent compliquées, je fis de mon mieux pour le soutenir et me montrer présente mais il était si fier qu’il ne laissait rien paraître, en public ou en privé. Mais je voyais bien ce qu’il y avait dans le fond de ses yeux, ça me rendait malade. Presque autant que d’avoir dû prendre mes congés à l’improviste parce qu’il refusait que je sorte pour aller travailler. Si je pouvais comprendre ses arguments les premiers temps, il craignait de perdre quelqu’un d’autre peu de temps après son frère, je finis par être lasse. Chaque fois que j’abordais le sujet, il l’éludait, de la même façon qu’il le faisait concernant son deuil et sa peine. Je décidai de prendre le problème à l’envers et me lançai dès que j’en eus l’occasion. Invités chez mon frère Hector pour un repas gargantuesque et animé avec tous les Canjura, je me retrouvai seule avec lui dans le jardin pour fumer un joint après manger. « Tu te sens comment, poussin ? » m’enquis-je avec douceur, caressant sa joue. J’essayais d’éviter de lui poser la question autant de fois que je le désirais, pour ne pas le gonfler mais ça ne l’empêchait pas de me mentir à chaque fois. Cette fois n’échappa pas à la règle. « Donc c’est comme ça maintenant ? On ne se parle plus ? On se contente de faire semblant ? C’est bien… Si j’avais su que ce serait comme ça quand on se fiancerait, j’aurais refusé ! Je ne veux pas me marier à quelqu’un qui me ment ! » l’assaillis-je avant de tirer sur mon joint, détournant mon attention de lui, excédée. Il passait le plus clair de son temps chez mes parents, avec moi, il dormait dans la chambre de Muñez et mon père se levait un nombre incalculable de fois par nuit pour s’assurer que nous n’étions pas dans le même lit. Il ignorait que nous empruntions l’appartement et le lit de Manuel Herrera, parti au Salvador, quand la nécessité l’imposait. « Tout va toujours bien avec toi mais je sais très bien que ça ne va pas, que la disparition d’Eddy t’a brisé le cœur et que tu ne t’en es toujours pas remis mais tu me dis que ça va, sans doute parce que je ne suis pas assez importante pour être dans la confidence. Par contre, toi, t’as le droit de décider de me protéger, t’as le droit de m’interdire d’aller travailler mais moi, je n’ai surtout pas le droit d’essayer de t’aider et de te protéger. Non, parce que tu n’as pas besoin de moi, hein ? C’est ça ? Puisque c’est comme ça, je vais retourner bosser demain ! Comme visiblement chacun mène sa barque et qu’hormis la rigolade et la baise, on ne partage plus rien, ce choix m’appartient, non ? » La provocation, c’était la seule façon pour moi de le secouer et d’en obtenir quelque chose.


***


Je m’étais endormie contre lui dans l’appartement confortable de Mani, je m’en rendis compte quand mon téléphone vibra sur la table de nuit. Je regardai l’heure, il était tard, ou tôt, selon le point de vue et mon père allait me tuer. « Lyla, c’est moi, faut que tu viennes me chercher. Je… Je n’avais plus de blé alors j’ai accepté d’aller à une fête, ils étaient une dizaine et je… » Miranda se mit à sangloter à l’autre bout du fil. « Ils m’avaient promis plusieurs doses mais ça a mal tourné, y en a un qui m’a cogné. Je suis dans la salle de bain, j’ai besoin de toi. » « T’es où ? » Elle me donna l’adresse à Manhattan et je me levai pour enfiler mes vêtements à la hâte. J’allais encore plonger tête la première dans un sac d’emmerdes et j’allais devoir le faire la tête haute, comme si j’étais parfaitement en confiance. « Lucky, faut que tu me déposes chez mes parents, je dois récupérer ma batte, mon flingue et mon couteau. » Le visage caché sous son oreiller parce que j’avais allumé la lumière, il grogna. « S’il-te-plaît, dépêche-toi ! Ou donne-moi les clés de ta voiture, je vais y passer vite fait. » Je savais très bien ce qu’il était en train de faire. Il avait compris que je ne voulais pas lui dire ce qu’il se passait et il traînait pour m’obliger à lui donner des réponses et à lui demander de m’accompagner. Je commençais à perdre patience, je calculais le temps que ça me prendrait de rejoindre Miranda, ce qui pouvait lui arriver entre temps. Je paniquais tout doucement et je perdais pied, je fouillai mes affaires pour trouver mes anxiolytiques et en avaler deux, en attendant, je ne tenais pas en place. « Ma sœur a un problème Lucky. Elle en a toujours mais là, c’est… Un de ces moments où je dois aller la chercher dans des endroits improbables, dans des positions pas possibles. Elle a besoin de moi, tu comprends ? Chaque fois, je me retrouve à aller dans des endroits flippants, j’aimerais que tu viennes avec moi, mais je n’ai pas envie que tu te sentes obligé. C’est moi qui ai décidé de m’occuper d’elle, c’est mon fardeau. »







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La cruauté est essentielle si l’on veut conserver le pouvoir. Sans elle, on apparaît faible et les adversaires en profitent. Comme les chiens : celui qui aboie le plus fort devient le chef de meute. [Saviano]

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MessageSCUSA SE NON PARLO ANCORA SLAVO EmptyMar 26 Jan - 22:04





mentre lei che non capiva disse bravo  
ft La bambola


Évidemment que j’avais vu la tête de Javier. Tout comme j’étais témoin de la sienne. Ni l’une ni l’autre ne laissait planer le moindre doute sur les horreurs qu’elle avait dû encaisser. Je me défendis avec mes armes, lui rappelant le caractère provisoire de notre situation et la force de mon engagement, qu’elle ne m’en veuille pas trop. Étais-je cependant d’accord pour qu’elle porte le poids de cette erreur toute seule ? Bien sûr que non ! Certes, elle aurait pu m’aviser de la visite de son papa, mais dans l’absolu, c’était moi qui avais provoqué cette crise sans précédent à cause de mon dévouement à Cosa Nostra. Les choses devaient peut-être se présenter comme ça pour nous permettre d’avancer dans la bonne direction. Peut-être était-ce l’impulsion nécessaire à rendre cette demande plus concrète. J’avais bel et bien l’intention de faire part à sa famille  de mes plus louables desseins. Rien ne pourrait me détourner de cette voie, pas même elle et ce défaitisme auquel elle ne m’habitua pas. Je me rembrunis un court instant face à son manque d’enthousiasme. Puis, je me rappelai la kyrielle de circonstances atténuantes qu’elles pourraient invoquer devant un tribunal. Son mariage avorté, Caitlyn, sa peine d’avoir déçu son père. Je pris donc sur moi pour être le plus doux et le plus compréhensif possible. « La bague n’est qu’un détail. Et ce mariage aussi. Il va être annulé, comme s’il n’avait jamais existé. Rien ne t’empêche de réfléchir aux couleurs, au genre de robes que tu aurais envie de porter, au type de cérémonie que tu souhaiterais. Tu veux un grand mariage ou un truc intimiste ? Qui voudrais-tu y voir ? Ce n’est pas dresser une liste d’invités et construire un plan de table, c’est juste se projeter pour avoir moins à faire le moment venu et pour ne pas perdre de vue ce qu’on veut tous les deux. Et si tu ne veux pas te lancer là-dedans maintenant, rien ne nous empêche d’en parler tous les deux. Tu sais, mon père ne s’y opposera pas. S’il n’avait pas pleinement confiance en toi, il ne te confierait pas sa femme et puis sa fille avant elle. Essaie au moins d’y réfléchir.» lui intimais-je en la serrant contre moi avant de recevoir de fabuleux cadeaux : un chien et sa confiance. J’abordai donc son père gorgé d’espoir, sur de moi, mais en quittant l’appartement du Bronx, je regrettai que Mani soit si loin. J’aurais volontiers bu une tequila pour rincer le gosier de mon échec. Au lieu de ça, étant donné qu’Andrea n’était pas joignable, je me réfugiai à la caserne pour me plaindre des mauvaises nouvelles qui rythmèrent cette journée de merde. Elle l’adoucit de son humour, en me proposant une solution et en m’adressant quelques remarques tendancieuses qui nous guidèrent vers une ambulance. Manuel avait raison. Lyla et ma sœur étaient sculptées dans le même bois. Elle ne manquait ni de ressources ni d’imagination. Et elle n’était certainement pas moins jalouse. Mon machiavel subterfuge pour amoindrir l’Irlandaise au maximum, ce qui ne m’échappa vraiment. Les causes, en revanche, je ne les comprenais pas vraiment. Je vouais à cette fille un  amour palpable qui, selon moi, n’avait pas besoin de moi. Pourtant, je m’employai à lui dresser une table bien plus belle. Je pris le temps de cuisiner après des années à partager mes repas avec mes parents et à dénier ces talents transmis de génération en génération. Elle n’eut pas le loisir de goûter à ces spécialités préparées avec cœur. Caitlyn l’accueillit avant moi avec, à la main, une lame aiguisée.

Rien ne fut plus difficile pour moi que de mépriser à voix haute l'unique femme de cette foutue planète qui ne le méritait pas. Chaque fois qu’elle grimaçait devant l’une de mes injures, ma colère s’intensifiait. Cette salope aurait-elle lâché un rien plus tardivement que j’aurais fini par dégainer et tirer au mépris des ordres mon père. Cosa notera avait beau être la pièce centrale de mon existence, Lyla n’avait pas à payer de sa vie le prix de mes erreurs et de mes missions alors que son seul crime aurait été de m’aimer. Par chance, le pire fut évité de justesse. Il me fallut beaucoup de self-control pour ne pas l’étrangler de mes mains quand je la jetai dans cet appartement, lui collant une garde de proximité qui arriva vite. Je redescendis à des kilomètres de moi-même. Si je ne permettais pas à mon courroux de s’exprimer, la folie me gagnerait pour de bon. Certes, j’étais lucide sur la scène dont ma fiancée était spectatrice. En tabassant un pauvre innocent pour d’autres raisons que le jeu, un type inoffensif incapable de se défendre, je lui dévoilais la part la plus détestable de ce que j’étais. Lors de notre expédition punitive qui priva Ruben d’une main, je choisis le sort que je lui réservais en toute conscience et en pleine possession de mes moyens. Mais, ce soir, je ne répondais qu’à mes instincts les plus primaires. Je réagissais et agissais comme un animal dangereux victime du bacille de la rage. Sans elle, il n’aurait pas survécu à mes coups de poing. Il ne restait plus à espérer pour lui qu’un gars meilleur que moi traverse sa route pour lui envoyer les secours. Quant à moi, je puisai en elle la force nécessaire à ramener mon humanité. Elle était loin, mais en soi, réussir à prononcer quelques mots aussi distinctement était plutôt encourageant et c’était à elle que je le devais. Elle qui me traîna jusqu’à  la voiture, qui vérifia l’état de mes mains, qui me promit de les soigner, qui refusa de renter chez ses parents pour de faux prétextes, car dans le fond, j’étais convaincu qu’elle souhaitait surtout être avec moi afin de s’assurer que je n’exécuterai pas l’intrigante au cœur de ma démence. Je réalisai avec amertume que je n’étais plus chez moi nulle part, si ce n’est cette garçonnière dans Manhattan. Je songeai l’y emmener puisque Lyla semblait décidée à assommer le bourreur de coups aux aguets.  Je n’en fis pourtant rien, et ce pour deux raisons. C’était loin et trop de putains souillèrent les draps de cet appartement. Quitte à ne pas entendre l’éventuelle plaisanterie dissimulée derrière cette invitation à moins de tendresse – ç’en était souvent habituellement –, autant ne pas surenchérir en l’amenant dans un loft où d’autres avant elles s’épanchèrent dans la luxure. J’aurais bien assez de mal à la regarder dans les yeux si elle me reprochait un manque évident de douceur à l’heure où je la pris au mot. Elle finit sur la banquette arrière où j’enchaînai les positions alambiquées, intenses en matière de plaisir, mais qui ne l’honoraient pas vraiment en tant que femme. En la déposant devant chez ses parents, elle ne sembla pas vraiment s’en plaindre. Au contraire, elle me surprit d’une déclaration d’amour qui lui valut un baiser passionné. J’étais beaucoup plus calme en pénétrant sur le domaine, mais je m’imposai dans la famille d'Andy pour me saouler à la Centerba. J’émergeai qu’il était déjà bien tard. À mes côtés, ma culpabilité pour amante. Alors, avant de retrouver ma fiancée qui s’occupait de ma mère comme s’il s’agissait de la sienne, je quittai les lieux pour m’enquérir d’un cadeau, un de plus, un qui ne la ravirait pas autant, mais qui me donnait l’impression d’être tout de même à la hauteur. J’avais bien besoin de m’en persuader pour affronter son père qui exigea de nous rencontrer dès que ma sœur fut rentrée de ses vacances improvisées.

Comme je m’étais préparé à un interrogatoire digne de la Gestapo, j’estimai qu’un petit remontant ne me ferait pas vraiment de mal, mais dès lors que Javier Canjura ouvrit la bouche pour nous poser une question sortie de l’enfer, je me demandai lequel de nous deux, entre Lyla et moi, il cherchait réellement à déstabiliser. A fortiori, ma réplique du moment ressemblait fortement à ce que je lui servis en tête-à-tête. Il n’avait  pas l’air surpris ou satisfait. Mon babillage, il s’en foutait comme de la Première Guerre mondiale. Celle qui devait le convaincre, c’était sa fille ni plus ni moins et, je devais bien l’admettre, je redoutai qu’elle ne les envoie chier par fierté. Ses parents, aussi aimants soient-ils, ne paraissaient pas réaliser que, s’ils investirent en temps et en argent dans son précédent mariage, leur enfant y perdit des plumes par poignée. Lyla traînait derrière elle un lourd bagage affectif. Percer sa carapace, bien qu’au départ mes motivations trouvaient leur source dans l’amitié, exigea que je déploie des trésors de patiente dont je ne soupçonnais même pas l’existence. À ses côtés, je devenais un type meilleur, parfois stupide, mais avec au moins la volonté de s’améliorer. Comment ne pas bomber le torse en l’entendant distinctement avouer qu’elle était heureuse avec moi ? Comment ne pas saisir sa main pour l’embrasser décemment, un sourire engageant fendant mes traits ? Et comment ne pas soupirer d’aise et de soulagement en recevant la bénédiction de son père ? Qu’il la veuille chez lui était presque un moindre mal sur le moment. L’avenir promettant d’être radieux, je ne songeai pas vraiment aux difficultés qui en découleraient. L’heure était plutôt à la fête. Nous étions sur le point de franchir le seuil comme un seul homme quand j’appris le décès de mon frère. Il me scia les jambes. En cognant la pétasse que je tenais pour responsable de ce drame et en la suspendant par les pieds au-dessus du balcon, aurais-je été plus lucide que j’aurais été forcé de reconnaître qu’en quittant la famille de ma dulcinée, je savais parfaitement que j’en arriverais là. Au contraire, n’aurais-je pas subtilisé des clés de voiture. Je ne me serais pas enfui sans elle non plus. Je la tins à l’écart pour qu’elle ne m’oblige pas à retrouver la raison. Il fallait en finir. Ça serait inévitable de toute façon, plus tôt que tard, qu'est-ce que ça pouvait bien changer si c'est aujourd'hui que j'en tirerai le plus de profit, que ça me ferait le plus grand bien ?

Quelle déception de percevoir le son de sa voix résonner au pied de l’immeuble. Elle m’ordonnait de préserver la vie de cette puteintacte, mais je n’y accordai que peu d’attentions. Je relâchai même l’une de ses chevilles, jouant avec les nerfs de la jeune femme hébétée qui, assommée par mes coups, gardait toute mesure sur ce qui ne manquerait pas de lui arriver. Elle n’avait juste plus assez de force pour me supplier, ce qui m’arrangeait bien. Si elle avait osé, j’aurais lâché prise, rendant ainsi l’intervention de Lyla complètement vaine, intervention par ailleurs fort habile. Excédé par ses sous-entendus, j’obéis, jetant ma marionnette dans un coin de la pièce comme si elle était réellement faite de chiffons. « Tu te fous de moi, là ? Qui a dit que je ne voulais pas que tu me soutiennes ? D’ailleurs, qu’est-ce que tu fous là ? Tu crois que je t’ai laissé chez tes parents juste pour le fun ? Pour chronométrer le temps qu’il te faudrait pour m’empêcher de faire ce que tu appelles une connerie ? Mais, qui es-tu pour me dire ce que je dois faire ? Qui es-tu pour juger de ce qui convient ou non à MES affaires ? Qui ? » crachais-je en m’avançant dangereusement vers elle bien que je n’aurais pu lui faire le moindre mal. « Et ça veut dire quoi être comme ça ? Hein ? Qu’est-ce que tu entends par là ? Tu crois que ta conception du couple est meilleure que la mienne ? C’est ce que tu crois ? Réponds. Je t’écoute. Je n’ai aucune leçon à recevoir de quelqu’un qui se met en danger tous les jours, sans me demander mon avis, pour un boulot de merde et sans s’inquiéter de ce que j’en pense. Ça te dépasse ? Moi aussi. Sauf que moi, je te casse pas les couilles. » J’imaginais déjà le pire et pour m’empêcher de lui saisir le bras avec brusquerie, j’entrepris de tout détruire. Lampe, vase, plateau à fruits, chaise, je lançais, brisais jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à abîmer. « Non ! Non ! » vociférais-je dans sa direction, un cendrier à la main que je n’eus pas le temps de jeter dans le décor. « L’idée de merde, c’était que tu viennes jusqu’ici pour m’envoyer ta perfection à la gueule, me culpabiliser et de m’empêcher de faire la seule chose qui va me faire du bien sur le moment. Ça, c’était une putain d’idée de merde. Mais, toi qui es si maligne, allez, dis-moi, qu’est-ce que tu comptes faire pour me rendre mon frère ? Qu’est-ce que tu as l’intention de faire pour le venger ? Et pour empêcher Carolia de pleurer ? Et pour empêcher que ma mère se détruise maintenant ? Mais, ça, ça nous aurait fait du bien. Il y a que ça qui peut : la vengeance. » Mon père ne l’entendrait pas entièrement de cette oreille, mais qu’à cela ne tienne. Ce soir, son avis m’importait peu. Celui d’Andy qui eut le réflexe d’entraîner ma victime loin de nous ne m’intéressait pas davantage. Pas plus que celui de Muñez qui déambulait dans le couloir, aux aguets, de peur que je m’en prenne à sa sœur. « Laisse-moi maintenant. Tu as gagné. C’est bien. Tu peux être fière de toi, mais laisse-moi. » lui conseillais-je mes deux mains appuyées contre le mur et la respiration haletant du marathonien. Je lui tournais le dos, ne sachant vraiment si je souhaitais qu’elle rentre chez elle ou non.


***


Ma sœur s’attela à la préparation de l’enterrement de mon frère avec l’aide de sa meilleure amie. Elle était sur le domaine aussi souvent que possible, mais le soir venu, je la prenais par la main, je la ramenais à ses parents et quelquefois, si je n’étais pas de sortie avec Manuel pour débusquer le lapin d’Irlande, je m’y invitais jusqu'au lendemain matin. Pas avec elle, non, ce serait bien trop beau, mais chez elle. J’envahis la chambre de Muñez où nous jouions à la console comme des gosses quand je ne m’asseyais pas avec sa famille dans le divan du salon pour regarder la télévision. Nos échanges se limitaient à quelques caresses sur le dos de la menotte ou un baiser sage si on nous laissait seuls. J’agissais sobrement par respect pour les siens. Son ère appréciait, mais une nuit, alors que nous montions plus tôt qu’à l’accoutumée, il se planta sur un tabouret, l’arme d’assaut posé sur les genoux. Il la pointa vers moi aux alentours de quatre heures du matin, inquiet et presque vexant. « Je n’arrive pas à dormir, j’allais juste fumer une cigarette. » lui certifiais-je en agitant mon paquet. « Si vous voulez m’accompagner, ce n’est pas de refus. Je pourrai peut-être en profiter pour vous rassurer ; je comprends votre anxiété, mais je n’ai pas l’intention de vous manquer de respect. Vous pouvez me croire, c’est contre les règles de ma famille. » Il grogna, grommela un « je sais » sans conviction et m’accompagna sur l’étroit balcon de la cuisine. Nous restâmes un long moment dans un silence presque solennel jusqu’à ce qu’il brise la glace. « Je sais le mal que ça peut faire de perdre un être cher, mon garçon et je peux aussi te dire que tu empruntes la mauvaise voie. Tu fuis ta famille et ta fiancée. Tu te mens à toi-même. Ce n’est pas une solution. Tu ne vas pas pouvoir la garder en cage comme ça bien longtemps, encore moins si tu ne lui fais pas assez confiance pour t’ouvrir à elle. » Moi qui, au départ, n’aspirais qu’à fumer qu’une seule cigarette, j’en rallumai une avec anxiété d’être démasqué. L'erreur du discours, c’était ma foi en sa fille. «J’ai confiance en elle. » confessais-je avec authenticité. « Dans ce cas, montre-lui. Elle se fait du souci pour toi. Tout le temps. Ça ne m’étonne pas. Par contre, je t’avoue que je suis plutôt surpris que l’homme qui prétendait vouloir tout partager avec ma fille soit incapable de partager sa peine avec elle. » conclut-il sans attendre de réelle réponse. Son but, c’était de me faire réfléchir. Il y parvint, sans quoi, dans le jardin de son frère, je me serais levé dès qu’elle m’aborda d’un « ça va » qui récoltait systématiquement la même réponse : parfait.

J’aurais tellement aimé qu’elle s’en contente. En général, elle ne surenchérissait pas, ou très peu, le temps de saisir qu’elle n’obtiendrait rien de plus. Pas cette fois. Elle m’assomma d’un reproche désagréable. « Tu peux toujours renoncer si c’est ce que tu veux. Je ne t’oblige pas. Si tu cherches une excuse pour annuler, dis-le franchement. Je ne te sers pas de ce que je ressens ou de ce que je ne dis pas. D’ailleurs, qu’est-ce que tu voudrais que je te dise ? » rispostais-je anormalement calme, mais vexé comme un pou. Je l'attrapai par le bras avant même qu’elle ne bronche, conscient que la méchanceté n’arrangerait rien entre nous. Le conseil de Javier était clair. Je devais l’honorer, pour moi et pour lui, car il ressemblait à ceux qu’on livre à un fils. Il m’adoptait au fur et à mesure des semaines. Quel genre de gendre serais-je si sa gamine rentrait les yeux rougis à cause de moi ? N’étais-je censé être celui qui la comblait de bonheur ? Ne méritait-elle que je ne gâche pas tout par la faute de cette fierté toute déplacée ? « Je ne t’interdis pas d’aller travailler, j’ai peur que tu sois devenue une cible et qu’il t’arrive quelque chose. C’est vrai que je n’aime pas ce que tu fais, mais je n’essaie pas de te forcer à en changer. » Pas encore. J’y viendrais si elle refusait les propositions à venir, mais elles étaient toujours en état de projet. « Pourquoi est-ce que tu crois que ma sœur est au Salvador ? Pourquoi est-ce que tu crois qu’on l’a envoyée à Los Angeles avant ça ? Tu crois que Gloria se prive de shopping par gaieté de cœur ? Bianca ne va plus en cours. Plus aucun des gosses de ma famille ne va à l’école. Alors, non, je ne fais pas ça pour te faire chier si c’est ce que tu crois. Je ne te dis rien pour ne pas que tu t’inquiètes ou que tu te demandes ce que je fais le soir, quand je ne suis pas là et que je n’ai même pas le temps de t’appeler. » expliquais-je en buvant une gorgée du mojito servi plus tôt par sa belle-sœur. « Et si je ne te parle pas d’Eddy, ce n’est pas parce que je n’ai pas besoin de toi ou pas confiance en toi. Je n’en parle pas parce que je ne veux pas que ce que je ressens existe pour le moment, mais on en reparlera, dès que j’aurai plus de la place pour tout ça dans ma tête. » Elle n’est qu’à la vengeance. « C’est là que j’aurai besoin de toi, Lyla. Pour le moment, ce que je ressens m’arrange très bien. » À une autre époque – avec en compagnie d’une femme différente – je me serais levé et, mauvais, je serais parti sans me retourner. Ce soir-ci, nous étions tellement proches de la dispute. Il ne tenait qu’à nous de lui permettre d’éclater ou non. À elle tout du moins. Je n’avais rien de plus à ajouter pour le moment, mais cette conversation n’était pas terminée. Pas seulement parce qu’elle l’aurait décidé, mais parce que j’estimais qu’il nous restait quelques zones d’ombres à éclaircir par rapport à elle, à moi, à nous.  Plus tard cependant. Lorsque j’aurais trouvé la force et la patience de me lancer dans ce genre de bataille.


***


Je ne sais rien du sommeil profond et réparateur du juste. Même sur le domaine, véritable forteresse au cœur de New York, je ne dors jamais que d’un œil. Alors, non, la vibration du téléphone de Lyla sur la table de chevet de Mani ne passa pas inaperçu. Certes, en l’entendant se lever, puis chuchoter dans la salle de bain, je fus tenté de la suivre, mais le temps que j’émerge, elle était déjà sortie, agitée, allumant sans ménagement. Elle me brûla la rétine et caché sous l’oreille, je fis mine de ne pas comprendre les ordres qu’elle scandait. L’imaginer la batte dans la main gauche, son flingue dans la droite et son couteau entre les dents aurait pu m’amuser si elle souhaitait mener une petite vendetta pour crime de lèse-majesté. Là, il y avait visiblement une urgence. Et pourtant, je ne bronchai pas d’un iota. « Tu plaisantes ? Je te laisse pas conduire ma voiture. Il faudrait que je sois complètement bourré pour te laisser poser les mains sur le volant. Pas que tu conduises mal, mais…. » Elle n’était qu’une femme et les clichés ont la dent dure. « Les femmes au volant, c’est presque aussi dangereux qu’une femme avec une batte à la main. » Habituellement, l’humour la faisait toujours redescendre un peu, mais pas cette fois. Ce devait être plus important que je ne le présumai au départ. Je me redressai dans les draps, lui posant une question ou l’autre et résolument déterminer à ne pas quitter ce lit tant qu’elle me privera d’une quelconque information probante. Elle avait été claire : il n’était pas envisageable pour elle que je puisse la tenir à l’écart de mes problèmes. La réciproque se devait d’être vraie. Au contraire, pourquoi faire des efforts ? Pourquoi nous marier ? Ça aussi, ça venait d'elle. Si elle rêvait de l’union parfaite dans laquelle les protagonistes vivaient en partenaire, il était grand temps qu’elle accepte cette main indéfiniment tendue dans sa direction et sans exiger d’explications de texte. C’est elle qui m’en livra une sur sa nervosité et je m’animai enfin. « Et bien voilà, il t’en a fallu du temps » m’exclamais-je en me rhabillant. « Caitlyn était mon fardeau aussi, non ? Là, on parle de ta sœur. Si je ne peux pas t’accompagner, alors, pourquoi se marier ? » sifflais-je plus froid que je ne l’aurais voulu, mais néanmoins sincère. Quelquefois, il m’arrivait de me souvenir de ses considérations sur l'intérêt de nos fiançailles alors que nous traînions dans le jardin d’Hector. L’heure n’était pas à l’entretien à couteaux tirés cependant. Le temps de ramasser mes affaires que je trifouillais déjà le coffre de ma voiture. « Il faudra qu’on reparle de tout ça, tu sais. D’elle, d’Eddy. Il faut vraiment qu’on le fasse, mais pas maintenant. Ce n’est pas le moment. Allons récupérer ta sœur. On n’est pas obligés de repasser par chez tes parents, j’ai tout ce qu’il faut. » Je lui jetai une arme de poing chargée. Un petit calibre. Peu de recul. Parfait pour qu’elle ne soit pas surprise si elle était amenée à tirer. Juste ce qu’il faut pour creuser un trou dans n’importe quel corps. « À utiliser à bon escient, OK, Cow boy ? » J’actionnai le verrouillage central de la voiture. Elle y grimpa et, tandis que je m’installais au volant, je récupérais dans ma boîte à gants deux couteaux siciliens au cas où nos revolvers ne nous suffiraient pas. « Fais-y attention. Il appartenait à Eddy. » ajoutais-je avant de démarrer le moteur. « C’est quoi le problème de ta sœur ? Je veux dire. Pour qu’elle t’appelle à pas d’heure, que tu sautes dans tes jeans, que tu prévois de te pointer armée pour la récupérer et que tu en parles comme étant ton fardeau, je suppose qu’elle a un problème. C’est quoi ? »me gardais-je des hypothèses aussi plausibles que farfelues qui me traversaient l’esprit. « Je me doute que tu n’as pas envie d’en parler. Chaque famille a ses secrets, mais si tu veux qu’on la récupère entière sans que personne ne soit blessé, je dois savoir à quoi je dois m’attendre. Gangs ? Dealer ? Mac ? »







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