FEAT. Flynn Sanders

J'éteins mon réveil juste avant qu'il sonne. Ça fait un moment que je ne dors plus et que je tente de lire tranquillement mon bouquin mais... Je suis un peu trop nerveux et excité, comme chaque matin de match. Heureusement que ce n'est pas moi qui joue. Sinon ça serait carrément un massacre, et je serais déjà en train de courir partout en hurlant à cause de la panique.
Je me rends dans la cuisine en chantonnant, nourris les chats au passage -histoire d'éviter une révolte miaouesque- et m'occupe du petit déjeuner. Une fois tout installé et réchauffé, je me décide à aller réveiller Flynn.
Je pousse la porte de sa chambre, m'avance jusqu'à son lit et viens légèrement secouer son épaule, avec douceur. J'ai horreur de devoir le tirer du sommeil.

-Debout mon p'tit loup.... Le petit dej' est prêt. je murmure.

Je le laisse émerger et en profite pour prendre une douche rapide et passer un jean et un t-shirt à raies rouge et blanc.
Je retrouve mon frère, encore zombifié à première vue, dans la cuisine.

-T'es prêt ? Tu stresses pas trop ?

Je me sers du café et me laisse tomber sur ma chaise.

-Et t'as bien dormi ?

Ok, je suis infernal.

-Désolé.

Je ris. Peut être que je l'insupporte. Mais comme j'aurais bien aimé avoir des parents -ou un ainé- qui s'intéressent un minimum à moi et à ce que je fais... Je me rattrape. A l'envers, certes, mais on compense le manque comme on peut.
Je plie mon pancake en deux et le trempe dans ma tasse, avant de croquer dedans.

FEAT. Ethan Sanders
Veille de match. Demain en prime,je fais partie des cinq joueurs qui vont ouvrir le match. Même si on tourne beaucoup, j'ai envie de rester un maximum sur la glace quoi qu'on en dise. Autant dire que je ne risquais pas de fermer beaucoup l'oeil. Mais hors de question de montrer à Than que je stresse.

Je dors comme une masse quand il vient me réveiller. Je grogne et il me faut bien cinq minutes avant de me décider à sortir du lit. Je me traîne à la cuisine en baîllant. Je suis loin d'avoir ma dalle habituelle du matin. Mais faut que je mange. Et en prime Than est passé en mode mitraillette verbale. Je prend quand même le temps de vérifier ma glycémie et de m'injecter l'insuline avant de me servir à manger.

- T'as fini, la maman poule ?

Je souris néanmoins en disant ça.

- Je stresse comme à tous les matchs.

Surtout qu'on commence à vraiment s'approcher des qualifs. J'ai pas envie d'être le boulet qui nous fera perdre.

- On a nos chances. Ils nous avaient battu l'an dernier, mais leurs meilleurs joueurs se sont barrés.

Ce qui n'arriverait à mon équipe que l'an prochain. Heureusement. C'était notre dernière chance de tenter de remporter la ligue lycéenne... Et j'avoue que ça en jetterait pas mal.

FEAT. Flynn Sanders

Je souris. Maman poule. Ouais, c'est exactement ça, depuis toujours. Y'a de quoi le rendre cinglé, le pauvre. Va falloir que je me calme, il est grand maintenant.
Je prends le temps d'avaler ma bouché de pancake avant de lui répondre en embrayant directement, sans relever la remarque.

-J'ai l'impression que vous êtes beaucoup plus soudés aussi, par rapport à quand il y avait ce petit con de Michael. Ok, il patinait peut être comme un dieu, mais il la jouait toujours loup solitaire, et bonjour l'esprit d'équipe et la bonne ambiance. Et puis il a jamais marqué, au final.

L'archétype de l'égoïste à l'égo surdimensionné et pompeux. J'ai eu le temps d'analyser leur jeu avec mes faibles connaissances depuis que j'ai un peu -beaucoup- forcé la main à Flynn pour l'inscrire au hockey... ce qui remonte bien à trois ans. Je crois. Je n'ai jamais raté ses matchs, je me suis toujours arrangé pour être là. Surtout qu'au début, il ne faisait pas ça par plaisir. Maintenant, je ne sais pas trop. On dirait qu'il ne veut pas me montrer qu'il apprécie ce sport et que mon choix a été le bon, au final, par fierté d'adolescent rebelle, ou autre connerie du genre...  

-Ca va donner. J'ai hâte de voir ça.

Comme toujours, ceci dit.

-Tu m'avais pas dit que tu ouvrirais le match avec les autres d'ailleurs ?

En général, ça lui rajoute une dose de stress supplémentaire. Mais aujourd'hui, il parait serein -plus que moi en tout cas.