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La vida es así
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Jezabel Gambino
Jezabel Gambino
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MessageLa vida es así  EmptyLun 20 Mar - 18:01





La vida es así

ft la nouvelle serveuse


La dernière serveuse en date avait bien des tares et la première était d’être beaucoup trop belle pour son bien. Jez n’y voyait aucun inconvénient tant qu’elle ne la prit pas à loucher sur Gabriele et à perpétuellement trouver une bonne excuse de se retrouver seule avec lui, ce qui agaça sensiblement la salvadorienne jusqu’à ce qu’elle la surprenne en train de voler dans la caisse. Son petit plaisir fut de la remercier sans plus de cérémonies, elle aurait bien aimé lui coller une raclée mémorable pour l’occasion mais elle s’abstint pour le mien de l’entreprise de Gaby et pour que son impulsivité ne lui cause pas de problèmes. Cependant, ils étaient en sous-effectif depuis et elle devait souvent mettre la main à la pâte pour compenser cette serveuse en moins. Elle n’avait aucune formation dans l’hôtellerie et faisait de son mieux, par rapport au standing de l’établissement. Les clients lui passaient tout dès qu’ils avaient vent du fait qu’ils avaient l’honneur d’être servis par la femme du patron. Mais ça ne pourrait durer éternellement, pendant qu’elle était au restaurant, elle ne pouvait pas s’occuper de l’organisation de leur mariage et si ça l’arrangeait grandement parce qu’elle n’y connaissait rien et n’y comprenait rien, elle savait que la date approchait et si rien n’était prêt, ça rendrait Gaby particulièrement nerveux. Ils firent passer quelques entrevues qui ne furent pas vraiment concluantes, probablement parce qu’elles minaudaient en le voyant et qu’elles avaient visiblement du mal à croire qu’ils étaient mariés. Jez avait systématiquement un mal fou à s’empêcher de conclure l’entretien par une bonne gifle qui remettait les idées en place et calmait les ardeurs les plus folles. Il n’était pas question d’embaucher quelqu’un qui risquait de lui faire de la concurrence et même si elle avait confiance en lui, elle ne supportait pas l’idée qu’on puisse la prendre pour une conne à ce point. On s’imaginait quoi ? Qu’elle n’était qu’une gamine à qui il restait fidèle pour la forme ? Qu’une pauvre conne qu’on avait mis sur sa route mais qui servait surtout de décoration et pas vraiment pour le reste ? L’avis des autres lui importaient peu, tant que ça ne frôlait pas le manque de respect le plus complet. Pour Jezabel, on ne faisait pas plus important que le respect et aucune de ces pétasses ne méritait d’être engagée alors qu’elles commençaient par cracher au visage de leur future patronne. Elle tenta bien de le convaincre que prendre un serveur plutôt qu’une serveuse serait tout aussi bien mais il fut catégorique, il n’en était pas question. Ils étaient tous de vrais embobineurs et il ne manqua pas de qualificatifs pour parler d’eux, sans jamais assumer sa jalousie ouvertement. Il fallait une femme et ils trouveraient, il en était certain, en attendant, ils se débrouillaient avec les moyens du bord.



Il avait trouvé quelqu’un et quand il se confronta à son regard suspicieux, il crut bon de lui préciser qu’elle était la petite amie de son plus proche ami et qu’il ne la connaissait même pas mais qu’elle était visiblement motivée et prête à travailler dur. Elle n’avait pas vraiment le luxe de refuser une candidature pareille, de toute façon, il avait déjà accepté et elle fut un peu vexée qu’il ne prenne pas la peine de la consulter mais lui refile le bébé malgré tout puisqu’elle devait l’accueillir et lui expliquer ce qu’on attendait d’elle. La malheureuse commençait vraiment mal en cumulant les erreurs qui étaient moins de son fait que le résultat d’un arrangement entre hommes qui se croyaient dotés de tous les pouvoirs et de l’autorité suprême. Elle comptait la pousser à la faute, histoire d’avoir tout le loisir de choisir qui la remplacerait quand elle se présenta à l’entrée du restaurant et qu’elle vint lui ouvrir avec une mine qui en disait long sur son opinion quant à sa présence ici. « Bonjour, je m’appelle Jezabel Gambino, je suis la femme de Gaby. Il ne m’a même pas dit votre prénom ! » La brunette se présenta, son fort accent fit écho avec celui de la jeune immigrée et son visage changea du tout au tout, il s’éclaira d’une lueur d’intérêt et elle lui offrit un large sourire, passant de l’anglais hésitant à l’espagnol. « Tu viens d’où ? Tu es ici depuis longtemps ? » s’enquit-elle avec un réel intérêt en refermant la porte à clés et en lui faisant signe de la suivre. « Gabriele m’a dit que tu étais la copine d’un de ses meilleurs amis, que je ne connais pas, du coup ça explique l’accueil glacial ! Elles sont toutes venues ici dans l’espoir qu’il les sauterait peut-être et forcément, cette histoire obscure me déplaisait mais je sais reconnaître quelqu’un d’honnête quand je lui sers la main et que je la regarde dans les yeux. T’es pas là pour Gaby ! Viens, je vais te faire visiter ! » Elle se sentait soulagée et beaucoup mieux. « On a pas mal de couverts mais ça reste peu comparé à d’autres endroits, on veut surtout que ce soit un moment privilégié. Donc ici, tu as le bureau que j’occupe avec Gaby, là les stocks, là, le vestiaire du personnel et là, la cuisine. Pino, je te présente Elvira Delgado, elle va servir ici ! » Il s’essuya les mains sur son tablier et la lui serra avec grand plaisir et un peu d’envie probablement. « Madame Jez, je vous ai fait une assiette, j’en fais une deuxième pour la petite ? » Elle hocha la tête avec un sourire, le prévenant qu’elles termineraient leur tour avant de venir manger. En réalité, elle l’entraîna dans la ruelle derrière le restaurant pour pouvoir fumer tranquillement son joint. « C’est quoi l’histoire ? Comment t’as obtenu cette place ? Je veux dire, quand on parle à ta place, ça veut tout dire, je vis ça depuis que je me suis mariée… C’est pas toujours agréable ! Tu sais comment faire le service ? T’en fais pas, Mel t’expliquera tout ça. Je suis contente que tu sois latino, je me sens parfois tellement seule et loin de chez moi, ce sera moins le cas si tu es dans les parages. »






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Elvira Delgado
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“Une rencontre, c'est quelque chose de décisif, une porte, une fracture, un instant qui marque le temps et crée un avant et un après.” E.E.S

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MessageLa vida es así  EmptyMar 28 Mar - 23:19

 



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ft la boss


Je n’avais rien pu avaler ce matin-là, au grand damne d’Alvaro qui le souligna à maintes reprises et qui remplit mon bot de céréales malgré mes protestations. Non, je ne manifestais pas pour les droits de la femme en m’imposant une grève de la faim. Je ne surveillais pas non plus ma ligne ou pas tout à fait. J’avais simplement l’estomac noué à cause de cet entretien d’embauche, qui n’en était pas vraiment un, mais qui y ressemblait tout de même émotionnellement parlant. Une monstrueuse pression m’écrasait. Alvaro m’avait recommandée auprès d’un de ses plus chers amis. Qu’arriverait-il si je n’étais pas à la hauteur ? Si je lui faisais honte à cause d’un mot déplacé, d’une attitude peu appropriée ou, pis encore, par la faute de mon incompétence ? Je ne suis pas serveuse. Je ne suis pas grand-chose d’ailleurs. Refaire des lits, ce n’est pas bien difficile, c’était ma chance. Cette fois, en l’occurrence, je n’avais jamais débarrassé plus de cinq, voire six couverts en meme temps et toujours dans le confort d’un foyer, ce qui implique le droit à des allers et retours qu’un professionnel jugerait superflu. Rien à voir avec ce qu’on attendrait de moi dans un restaurant. Il y avait de quoi baliser sévère et d’être si loquace d’un poisson rouge dans son bocal. L’idée n’était pas dénuée d’intérêt. Une fois devant la bâtisse, je me sentis aussi bête que l’animal en question. Je serrai Alvaro si fort dans mes bras maigrelets avant de descendre de voiture que je m’en fis mal. Il me rassura comme il put. Je pris une profonde inspiration et je me lançai littéralement dans la fosse aux lions. Les hommes devant la porte, dans leur costume taillé sur mesure, était aussi digne que le roi de la savane. Je fus tentée de baisser la tête, mais je la relevai bien haute tandis qu’ils vérifiaient mon identité. Nous étions en dehors des heures d’ouverture. Ils paraissaient sur le qui-vive. J’ignorais qui, en ces lieux, était assez important pour qu’il se montre aussi formel, mais ça m’inquiétait quelque peu. Trouverais-je ma place dans ce genre d’atmosphère un peu tendue ou serais-je tout simplement plus à l’aise de profiter d’un dispositif de sécurité conçu pour une ou pour un autre ? Je n’en avais aucune idée et, à l’intérieur, j’étais trop occupée à observer les fourmis ouvrières dans un uniforme noir corbeau et accessoirisé de rouge en train de dresser les tables avec la précision d’un horloger pour y penser. L’angoisse de ne pas être à la hauteur décuplait jusqu’à ce qu’une demoiselle approche enfin.

Elle était jeune, dix-neuf, voire vingt ans, pas plus, sans doute moins et avant qu’elle ne prononce le moindre mot, je remarquai d’emblée cette froideur suspicieuse qui émanait d’elle et qui sous-entendait qu’elle était fille de caractère. Une Italienne, certainement, du moins le pensais-je, jusqu’au moment fatidique où elle ouvrit la bouche. Son accent familier fendit mon visage d’un sourire chaleureux. Je lui serrai la main avec assurant, regrettant de ne pas pouvoir lui parler notre langue maternelle de mon initiative. « Elvira. Elvira Delgado. Je suis un peu à l’avance, c’est peut-être pour ça. Je peux attendre si vous étiez occupée. Ce n’est pas un problème » promis-je heureuse que l’appel de l’Amérique du Sud révèle la personnalité de mon interlocutrice. Elle se radoucit et n’en était que plus jolie. « Mexique et je suis là depuis cinq ans ou un peu plus. Un truc dans le genre. » lui répliquais-je en espagnol cette fois. Ça suffit à me mettre définitivement à l’aise, supposant par conséquent que le tutoiement était désormais d’usage. « Et toi ? Tu viens d’où ? Je serais tentée de dire que ça ne fait pas non plus très longtemps que tu es dans le coin, je me trompe ? » Pour sûr, elle n’était pas née ici, tout comme je n’étais pas là pour le dénommé Gaby. « Ton mari, je présume. » Gambino, ça sonnait trop italien pour être son nom de jeune fille et je ne me laissai pas abuser par ses traits juvéniles. Il n’y a pas d’âge pour aimer à vouloir s’unir à l’élu le plus tôt possible.

« Je ne l’ai jamais rencontré pour tout t’avouer. Tu as donc vu juste. Je ne suis pas là pour lui ni pour qui que ce soit d’autre d’ailleurs… » Je lui épargnai les détails à propos de ma vie sentimentale. Il est des sujets sur lesquels, porté par l’engouement du cœur, on s’épanche jusqu’à omettre l’essentiel, en l’occurrence, ressortir d’ici avec en main un job bien payé et pour lequel j’avais été chaudement recommandée. « Oui, j’ai survolé la salle et je me suis déjà fait une idée du nombre de couverts et je vais être tout à fait honnête avec toi, ça me fait un peu peur. Je peux dresser et débarrasser vite fait bien fait, mais je n’ai pas la technique pour amener plus de deux assiettes à table. Mais, je peux apprendre. J’apprends vite et je suis motivée, alors… » Je grimaçai, me vendant au mieux, mais avec authenticité. Il y avait quelque chose d’agréable chez cette jeune fille. Lui mentir s’avèrerait particulièrement compliqué si d’aventures elle m’interrogeait sur mon passé. Par chance, nous n’en étions pas là. Durant cette visite de l’établissement, elle me présentait déjà à tous comme la nouvelle serveuse et j’en déduis qu’Alvaro n’avait pas seulement négocié le salaire-horaire, il avait réclamé pour moi une faveur… J’en eus un pincement au cœur. Ça avait dû lui coûter en égo tandis que moi, j’étais accueillie par tous comme une collègue. Même le cuistot, ce personnage rondouillard qui parle un anglais approximatif me tendit une poignée de main franche. Il ne m’ignora pas non plus. Midi sonnait et il prévoyait déjà de pourvoir à mes besoins alors que Jezabel m’entraînait dans une ruelle derrière la boutique.

Dans l’absolu, je ne fus pas vraiment surprise qu’elle m’interroge sur les circonstances de cette embauche expresse. Elle posait question. Elle semblait diriger habituellement. Cette fois, en l’occurrence, elle avait vraisemblablement été privée de son libre arbitre. Sa curiosité était somme toute légitime, mais que lui répondre ? Je n’étais pas certaine d’avoir moi-même saisi comment je me retrouvai là aujourd’hui. « Tu ne vas pas me croire, mais je ne sais pas vraiment. Je suis rentrée un jour et Alvaro m’a dit qu’un ami à lui cherchait une serveuse et qu’il m’avait proposée. C’est tout. J’en ai déduit en t’écoutant qu’il s’agissait de Gaby, mais je n’ai pas vraiment posé de questions... J'ai ensé que c’était une chance pour moi et dans ces cas-là, j’ai tendance à éviter de m’en poser trop justement, histoire de ne pas faire tourner la roue en ma défaveur. » ricanais-je en allumant une cigarette. Elle fumait elle aussi, d’autres produits, certes, mais elle ne me jetterait pas la pierre. « J’étais femme de chambre jusqu’à il y a peu, mais Al, ce n’était pas trop son truc. Il détestait mon patron, il n'aime pas trop mes collègues... ou du moins, il s’en méfie. Je suppose que c’est pour ça qu’il a discuté tout ça sans moi… et, entre nous, d’où je viens, j’aurais été un peu ingrate de m’offusquer. Il m’a ramassé, je n’avais rien, même pas un endroit décent où dormir. Ça la rassure que je sois ici, et compte tenu des molosses devant le porte, je crois que je peux comprendre pourquoi. » Je haussai les épaules, me demandant si mes explications lui suffiraient. « Et toi ? C’est quoi l’histoire ? Comment est-ce que tu t’es retrouvée dans ce restaurant au milieu d’Italiens… Tu admettras que ce n’est pas courant, surtout que, d’après les rumeurs… » Je n’étais pas née dans une grotte. J’avais déjà entendu parler du patriotisme exacerbé des Méditerranéens. « Ils aiment bien vivre entre gens de leur communauté. Un peu comme nous, d’ailleurs. Je vis dans South-Bronx. Je ne me sens pas dépaysée. Pas assez… » Référence à mon anglais teinté de soleil. « ça ne doit pas être facile tous les jours pour toi, si ? »






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MessageLa vida es así  EmptyVen 31 Mar - 20:56

 



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ft la nouvelle serveuse


Rien de cette histoire ne lui inspirait confiance, de ce super ami qu’elle n’avait jamais rencontré à cette pétasse qui arrivait comme un cheveu sur la soupe. Elle n’en avait pas dormi de la nuit, se demandant déjà à quoi elle aurait le droit et si ce fameux pote et lui partageaient plus qu’une simple amitié. Elle qui n’était pas jalouse se découvrait un esprit sacrément fertile quand il était question des aventures possibles de son mari avec d’autres femmes. Qui aurait pu lui en vouloir ? On les avait mariés de force et même s’ils s’aimaient beaucoup, elle avait parfois l’impression qu’il aurait vendu père et mère pour être le plus loin possible d’elle. Sans parler du fait qu’il était beau à se damner. Il souriait et parfois, elle souriait bêtement, oubliant ce qu’elle était venue lui demander. Il retirait son t-shirt et sa concentration frôlait le zéro. Il suffisait de le regarder rentrer dans une pièce dans un costume d’une couleur criarde qu’il était le seul à pouvoir porter pour qu’elle cesse toute activité, le suivant de bout en bout, déambuler comme s’il défilait et une chose était sûre, quoi qu’il aurait pu vendre, elle aurait acheté sans l’ombre d’une hésitation. Elle se demandait comment elle pourrait bien s’y prendre pour combler un homme pareil, un homme qui n’avait qu’à sourire pour avoir toutes celles qu’il souhaitait, plus belle, plus drôles, plus libérées et plus soumises. Elle n’en savait rien, à vrai dire, elle avait l’impression qu’il ne voulait jamais la même chose deux minutes de suite. La possibilité que d’autres puissent le désirer la rendait malade, autant que l’idée que d’autres aient pu l’avoir. Si ça n’avait tenu qu’à elle, elle aurait mené une enquête détaillée pour toutes les descendre mais ça n’éliminerait pas les autres risques. Malheureusement. Et quand bien même, en étant la dernière femme sur Terre, aurait-il davantage été heureux de l’avoir ? Elle en doutait. Ces dernières semaines étaient difficiles entre eux, elle bataillait durement pour le ramener à elle mais c’était comme être coincé dans une faille spatio-temporelle, à revivre indéfiniment la même chose, encore et encore. Plus elle se sentait inutile et mal aimée, plus son estime d’elle chutait et plus elle était démunie. Dire qu’elle avait cru sincèrement qu’ils s’en étaient sortis et que leurs problèmes étaient du passé. Quelle idiote ! Dans ces moments, elle en voulait surtout à son père de l’avoir balancé dans la fosse aux lions sans la moindre formation, sans la moindre préparation.


Sa dernière trouvaille pour qu’il la voie et n’ait pas l’air las dès qu’elle entrait dans son champ de vision, fut d’accepter de s’occuper de cette femme proposée par son ami. Elle aurait aimé que ça débouche sur une présentation d’Alvaro mais ça non plus, ce n’était pas à l’ordre du jour, il avait sûrement peur qu’elle lui casse les couilles, à lui aussi. Elle s’en voulut aussitôt d’avoir mal jugé la brunette, un échange de regards, une poignée de mains et des sourires et elle sut qu’elle avait trouvé une alliée. Son instinct ne la trompait jamais sur personne. « Non, je t’attendais, ne t’en fais pas, on m’a mis au courant. » Du moins, on lui avait lâché des bribes d’informations et elle avait dû se démerder pour le reste. « Un an peut-être, je viens du Salvador, je me disais bien que ton accent était mexicain. Il y en a beaucoup ici ! » Elle acquiesça quand la nouvelle serveuse lui parla de Gaby, oui, ils étaient bien mariés, pour le meilleur et surtout pour le pire en ce moment. « Tant mieux, parce que j’aurais dû me montrer désagréable et persuasive et j’aurais dû me disputer avec lui et ça, ça me fatigue terriblement ! Je ne sais pas s’il le fait exprès ou s’il ne se rend vraiment pas compte de l’effet qu’il produit. Il est du genre type de magazine, tu vois ? A côté j’ai l’air d’une fermière ! » Elle ricana et entraîna la jeune femme à sa suite pour lui faire visiter son nouvel environnement de travail. « Oui, on va t’apprendre, moi je ne m’occupe pas souvent de ça et tu sais, ici, c’est un restaurant étoilé et hyper chic, tu sers jamais beaucoup d’assiette en même temps, ça fait mauvais genre mais ça, on t’apprendra aussi. Tu vas te plaire ici, c’est plutôt familial et sympa. » Elle adorait y passer pas mal de ses journées, surtout quand Gabriele était là mais pas uniquement, elle s’entendait bien avec tout le monde et passait des heures avec Pino pour apprendre à cuisiner, il lui donnait toujours l’impression de faire des progrès. Ses grimaces étaient de moins en moins prononcées quand il goûtait ses préparations. Le tour fut rapide et elle semblait ravie, pas autant que Jez qui pouvait enfin parler espagnol dans un environnement plein d’italiens. C’était agréable et elle avait un peu l’impression d’être de retour à la maison. La gamine l’écouta attentivement, se disant qu’elle n’était pas la seule à vivre sous la domination masculine et l’oppression de ces messiers mais ça ne signifiait pas pour autant que c’était une bonne chose. « Non, il est content que tu sois là parce que les hommes de son ami vont pouvoir te surveiller et parce qu’ici, il n’y a pas un homme qui te touchera sans risquer de se la faire couper. Les hommes, latinos ou siciliens, ils veulent régir nos vies à tout prix ! » murmura-t-elle pour que personne n’aille répéter ce qui se disait dans cette ruelle. « Et il n’y a rien qu’ils aiment plus que l’idée qu’on leur soit redevables. Ce qui me donne souvent envie de les frapper, faut bien le dire ! » admit-elle avant de reprendre : « Ce Alvaro, il est gentil avec toi au moins ? Vous êtes mariés ? Tu sais comment lui et Gaby se connaissent ? On ne m’a rien dit à ce propos, j’avoue que je nage en plein flou ! »


La salvadorienne tira sur son joint et exhala la fumée en se disant que le coup de feu était pour bientôt et qu’elle devrait sûrement donner un coup de main, c’était tant mieux. « Ils sont comme nous, pour ça que les mariages entre nos communautés ne sont pas difficiles… Mon père et son père ont décidé de nous marier. Avant ça, je vivais dans la rue, la vida loca… Flingue, drogue, bagarres, règlements de comptes, fêtes. C’était bien et puis on m’a amené ici pour que j’apprenne à le connaître et qu’il puisse faire passer la pilule du mariage. Il a été génial, tu sais. Mais je… » Elle avait perdu son sourire désormais, le regard dans le vague. « Je ne sais pas trop quelle place il y a pour moi, c’est ça qui est dur. Presque autant que lui. Je pensais pouvoir l’aider à briser un peu le carcan dans lequel il s’est construit mais j’avais tout faux. Il est si rigide et sérieux… Et beau à se damner…Ouais… On est totalement différents… » Elle marqua une pause, tira sur sa cigarette magique, pensive, se demandant s’il aimait ça ou si c’était la raison principale pour laquelle il ne l’aimait pas plus que ça. Parce qu’il n’agissait ni comme Lucky, ni comme Mani, ça lui posait question. Elle finit par sortir de sa rêverie et récupéra son sourire au passage. « Oh je suis devenue chiante tout à coup, franchement, quand c’est comme ça, faut m’en coller une ! Désolée ! » Elle éclata de rire et donne une tape dans le dos de sa nouvelle employée. « Ma vie est bien ici, j’ai appris à parler anglais, ma session de cours va bientôt commencer et je vais essayer de le convaincre que passer mon permis est une bonne idée. Disons simplement que c’est différent de ce que j’avais imaginé mais pas moins bien, tu vois ? » Elle vira le reste de son joint dans l’égout tout proche et lui fit signe de la suivre. « On va aller récupérer ton uniforme et puis on va te montrer ce par quoi tu vas commencer aujourd’hui, te familiariser avec la carte aussi. Et pendant ce temps tu pourras me parler d’Alvaro, comment il est, tout ça, que je comprenne pourquoi mon mari l’aime autant. »






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MessageLa vida es así  EmptyDim 16 Avr - 21:22

 



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Ne pas m’inquiéter, c’était plus facile à dire qu’à faire. Plus j’observais le cadre de ce restaurant, plus je me demandais comment je m’y prendrais pour y trouver ma place et m’y sentir à l’aise. C’était si beau et tellement chic. N’avais-je pas de quoi être surprise que la propriétaire des lieux soit jeune et peu guindée ? Elle arrivait même à me confier à quel point elle se sentait peu jolie face à son mari et Dieu que je la comprenais. Je lui adressai un sourire compatissant avant de la rassurer et de lui assurer que nous étions toutes deux dans le même bateau. « Alvaro sort beaucoup et je l’ai vu à l’œuvre, tu sais. Il entre quelque part, elle se pâme. » Et, si elle avait l’air d’une fermière, je ressemblais à une paysanne, quoique je tus la comparaison. Je ne la rencontrais à peine. Je n’avais pas envie de prendre le risque de la froisser, car il manquait cette lueur insouciante dans le fond des yeux. Pour le reste, elle avait autant le profil que la décontraction et la nonchalance des filles de son âge. C’était rassurant. ça m’aiderait à me sentir à l’aise et à ne pas avoir honte de mes erreurs éventuelles, moi qui serais en apprentissage. Mon inexpérience ne semblait jamais personne. Au contraire. Elle avait déjà désigné parmi son personnel qui se chargerait de me rôder au métier. Tout était prévu visiblement. « Mais, ce n’est pas vraiment un entretien d’embauche en fait » l’interrogeais-je en la suivant dans les dédales du restaurant. « On ne me l’avait pas présenté comme tel. J’ai déjà quitté mon ancienne place, mais je pensais qu’on chercherait quand même à être sûr que je ne ferais pas n’importe quoi. Ils doivent être vraiment de très très bons amis. » Et, là encore, je ne doutais pas vraiment. Je m’étais simplement demandée pourquoi je n’avais jamais rencontré ce Gabriele et le mystère s’épaississait à mesure que nous discutions. Quel intérêt pour les hommes du même acabit que ceux rencontrés en arrivant de me surveiller ? Je n’étais personne pour eux, ce qui voulait donc dire qu’Alvaro était influent ici. Ça signifiait qu’il comptait pour le patron. « Oui, c’est peut-être bien pour ça, mais ça ne me dérange pas vraiment. Je n’ai pas l’intention de laisser un homme poser les mains sur moi. Alors, leurs couilles resteront bien en place et si ça permet à Alvaro de se sentir mieux, pourquoi pas ? Tu sais, il m’a sorti d’une situation de merde. Je ne serais certainement pas là si je ne l’avais pas rencontré. Je lui suis redevable de toute façon. Un peu plus ou un peu moins ? »

J’aurais bien ajouté que la balance pouvait s’équilibrer avec le temps, car il arrivait toujours une heure où nous devenions responsables de leur bonheur, mais je m’abstins. Je ne connaissais rien de son histoire et ce genre de propos ne découlait pas d’une source vide. Elle devait avoir connu son lot de souffrance, ce qui expliquait certainement que l’innocence ne brillait plus dans le fond de ses grands yeux. « Et, oui, il est gentil avec moi. Bon, on n’est pas toujours d’accords évidemment et comme il ne sait pas ce qu’est le tact, il lui arrive de me faire de la peine, mais ce n’est pas anormal. » Le couple parfait qui ne se blesse jamais, ô grand jamais, n’existe pas. La différence, en général, c’était qu’il n’y avait pas toujours de volonté de faire mal. Alvaro ne cachait pas que, parfois, il choisissait ces mots dans le but de soigner sa frustration ou une contrariété quelconque dont je suis à l’origine. « Et, non, on n’est pas mariés lui et moi. Je doute même que ça puisse arriver un jour. » Je ne suis pas de celle qu’on épouse. J’avais bien trop de kilomètres au compteur pour qu’il se penche sur la question. En soi, qu’il envisage notre relation comme étant sérieuse et qu’il ait aménagé son espace pour m’y faire une place, c’était amplement suffisant. C’était plus que tout ce que j’avais espéré en initiant entre nous des jeux de charmes et de désir. « Il a déjà été marié et je crois qu’il n’en a pas gardé un bon souvenir.» Pour une demande du genre, il aurait fallu que je fasse fi de ce que j’avais été. Or, il n’était pas prêt et ne le serait sans doute jamais. Nous n’en avions jamais discuté. Je préférai ne pas m’avancer et me contenter de mon sentiment. « En gros, j’arrive trop tard. Et je ne sais pas non plus comment il a rencontré ton mari. Je ne sais même pas à quoi il ressemble et ça commence à m’intriguer. » Je me gardai également de donner des détails sur ce qui justifiait mes certitudes tandis qu’elle rendait compte de son histoire personnelle.

Bon sang. Quelle injuste destin. Elle avait la vie devant elle, mais elle n’était pas libre de la peindre à sa guise. Elle n’avait pas le droit d’en choisir les couleurs ou la direction. Elle était enchaînée à un homme qui, à défaut d’être responsable, jouait tout de même de ce statut. Ça lui facilitait drôlement l’existence et Jez ne pouvait pas en dire autant. Dieu que je comprenais, à présent, sa vision des hommes. C’était bien plus cohérent, car à la différence de moi, elle n’avait pas le loisir de se blâmer pour ce qu’était son quotidien. Les seuls coupables, c’étaient les autres. « Un mariage arrangé ? » nommais-je interloquée. « Mais, pourquoi faire, si ce n’est pas trop indiscret ? » Qu’avait-il scellé ? « Ce n’est pas trop difficile ? Au-delà de la place que tu voudrais avoir, vivre avec un homme qu’on a pas choisi, ça doit être…difficile. » S’allonger et écarter les cuisses devaient être pénible à souhait et cette frustration-là, celle d’être obligée de se forcer, je la connaissais bien. « Là encore, je veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais est-ce que tu as quand même réussi à l’aimer un peu ? Tu aurais été en droit de lui en vouloir, même s’il n’a pas choisi. Ça aurait été légitime. » m’enquis-je en m’appuyant contre le mur et en allumant une cigarette.

Je ne fumais pas souvent. J’estimais la mériter d’avoir été angoissée par cette entretien, d’avoir à entendre une si triste histoire et d’être submergée par une panoplie de souvenirs. « Et, non, tu n’es pas chiante, tu sais. Tu es loin de l’être d’ailleurs. » la rassurais-je en accompagnant son éclat de rire. « Je pourrais l’être moi par contre, mais je vais t’épargner ça. Tu as envie de passer le permis ? » la questionnais-je avec curiosité et amusée en me remémorant la réaction d’Alvaro. Si le dit-Gabriele lui ressemblait un tant soit peu, elle écoperait du même genre de réactions. « J’ai essayé moi-aussi. Il emmène sa fille à l’école. Puis, il a traversé la ville pour me déposer ici. Il est allé bosser et je suis persuadée que si je l’appelais maintenant, il se précipiterait pour venir me récupérer. Alors, je me suis dit que j’allais lui proposer de passer le permis. Je ne conduis pas. Je n’ai jamais mis les mains sur un volant, mais je suis pas idiote. Je suis sûre, je pourrais apprendre vite et ça le soulagerait. Il n’a pas la réaction que j’attendais par contre. Il s’est un peu braqué. Je pense que ce n’est pas demain que j’aurai ce petit bout de papier en poche. » Je m’étais toujours débrouillée sans. Ce n’était pas un souci en soi, mais gagner en indépendance ne ferait de mal à personne, moins encore à Alvaro qui se coupa en mille pour les siens et aussi pour moi.

Ma cigarette écrasée, je la suivis dans le restaurant pour gagner mon uniforme et l’essayer pendant que nous continuions à discuter l’une l’autre. « Alors, j’ai cru comprendre que tu avais repris des études. Tu as choisi quoi ? Et, tu t’y es pris comment pour que ton mari accepte ? Enfinn, tu n’as peut-être pas eu de problème pour ça. Je tire peut-être des conclusions un peu rapidement, mais c’est parce que tu m’as dit que tu ne savais pas où était ta place. J’en ai déduis que tu avais dû batailler un petit peu, mais je fais peut-être erreur. C’est juste que je veux bien ton truc si c’est le cas. » Je sortis du vestiaire et tournai sur moi-même pour contempler le résultat dans le miroir. Il m’allait plutôt bien. Un rien trop grand, mais à la vitesse où m’engraissait Alvaro, je finirais bien par le remplir. « J’avais envie de prendre des cours de couture. Je suis douée, tu sais, mais j’ai besoin de me perfectionner, parce que j’adore ça et que je peux tout reproduire, tout ce que je vois, à condition que je trouve les patrons. Il y a parfois des techniques que j’ai besoin d’étudier. » admis-je en bouclant le nœud de cravate rouge. « Le truc, c’est que je pense pas qu’Alvaro serait d’accord pour ça. Il est adorable. Je n’ai rien à lui reprocher, mais il s’inquiète constamment pour moi et je comprends. J’allais me faire violer par plusieurs types quand il m’a ramassé… Des hommes qui n’auraient pas eu l’impression de commettre un crime parce que c’était mon quotidien. Coucher avec des hommes pour qu’un type avec lequel j’avais contracté une dette s’en foute plein les poches. Tout ça, c’est derrière moi et c’est grâce à Alvaro. Il m’a lavé de ce que je devais, il m’a gardé auprès de lui, il m’a nourri et m’a hébergée. Il a veillé sur moi depuis ce jour-là. Alors, tu comprends bien que s’il ne veut pas, je ne me battrai pas en soulevant des calicots. » ricanais-je en m’imaginant en suffragettes. « Par contre, si je peux l’amener à me dire oui en arrivant à le convaincre que c’est son idée, j’avoue que ça m’arrangerait bien. »






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Jezabel Gambino
Jezabel Gambino
ADMINE REINE DU SILENCE

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MessageLa vida es así  EmptyMer 10 Mai - 21:11

 



La vida es así

ft la nouvelle serveuse


La gamine avait une idée précise de ce dont lui parlait sa nouvelle employée, pour la simple et bonne raison que le même phénomène se produisait dès que Gabriele apparaissait quelque part et on ne s’habituait jamais à un truc pareil, pas même avec toute la bonne volonté du monde. Surtout pas quand on était jalouse et qu’on avait l’impression d’être moins bien que la pire de toutes ces mateuses. Ca ne rendait pas la vie facile à Jez mais elle faisait de son mieux pour garder les choses sous contrôle, tant que personne ne s’approchait de trop près et lui faisait l’affront de faire comme si elle n’existait pas. « Non, la place t’a été donné d’office. Gaby a confiance en Alvaro et donc son jugement a suffi, maintenant je te conseille quand même de faire de ton mieux parce qu’on a vraiment besoin de quelqu’un en plus ici, on est débordés et deux bras fiables seraient plus appréciés que deux bras gauches. » Elle lui offrit un sourire bourré de sincérité et de sympathie. Elle ne cherchait pas à la mettre mal à l’aise ou même à l’insulter, simplement à lui dire que la place n’avait pas été créée uniquement pour elle malgré l’amitié qui avait l’air d’unir les deux hommes mais qu’elle avait eu le privilège de voir l’offre se limiter à elle pour qu’elle puisse pourvoir le poste le plus vite possible. Mais en un simple coup d’œil, Jez avait pu voir qu’elle était déterminée et qu’elle n’était pas du genre tire-au-flanc, c’était tout ce dont elle avait besoin pour se rassurer. Ca n’avait strictement rien à voir avec le fait qu’elles parlaient la même langue ou partagent la même culture, non, pas du tout, disons simplement que c’était un sacré plus, il ne fallait pas se mentir mais elle sentait déjà que le contact et les échanges seraient plus faciles et agréables qu’avec les autres. Avec Elvira, elle se sentirait un peu chez elle. « Une situation de merde, du genre dangereuse et difficile ou bien une situation pas top que tu aurais pu arranger seule ? » Parce que ça changeait tout, elle était bien placée pour le savoir. Une fois que l’on se sentait redevable et que l’homme se posait en sauveur, on était définitivement perdue et il n’y avait pas de mal à ça, tant qu’on fréquentait quelqu’un de fiable et selon la maigre expérience de la salvadorienne, les hommes fiables étaient aussi rares que les bonnes serveuses. « Etre redevable, c’est pas grave, mais faut pas que tu te sentes obligée de faire des choses dont tu n’as pas envie à cause de ça ! » Elle lui offrit un sourire, elle aurait sans doute mieux fait de la fermer, parce qu’elle était certaine qu’elle s’engageait sur une pente savonneuse et que le retour de flamme serait violent mais c’était plus fort qu’elle.



« De ce que je vois, les hommes manquent tous de tact… Le problème, c’est que parfois, ils pourraient faire des efforts quand on en vient à des sujets difficiles. Mais le tact, c’est pour ceux qui parlent, quand ils passent leur temps à se taire, c’est pire. On finit par préférer qu’ils soient sans filtres. » Les silences de Gabriele avaient bien manqué de la rendre folle et si la bile qui sortait parfois de sa bouche la rendait malheureuse et l’obligeait à remettre pas mal de choses en question, c’était toujours mieux que de ne rien savoir du tout et encore moins l’objet de sa colère. « Pourquoi pas ? Les hommes comme eux, ils ont besoin de se marier, ça les rassure. » Elle n’était pas bien sûre de saisir les raisons qui les poussaient à être rassurés mais c’était évident, ça apportait un autre aspect à leur existence et l’égayait un peu. C’était l’assurance de ne plus jamais être seul, de ne plus franchir le seuil d’une maison sans vie, il y aurait toujours quelqu’un pour prendre soin de lui, l’écouter et s’inquiéter de son sort. Qu’est-ce qu’on pouvait attendre et vouloir de plus de la vie ? « Crois-moi, le mariage, mauvaise expérience ou pas, ils y viennent tous à un moment donné, tu n’arrives pas trop tard je pense ! » S’il s’entendait bien avec son mari, c’était forcément parce qu’ils partageaient la même vision des choses et de la vie, par conséquent, le mariage devait être une question sur laquelle ils étaient d’accord. Elle semblait avoir autant de doute que la patronne des lieux et quelque part, ça rassurait Jezabel qu’on ne lui renvoie pas cette image du bonheur parfait et sans accro, comme ses belles sœurs. « On va devoir organiser un repas pour tous se rencontrer, parce que je n’aime pas les cachoteries, surtout pas quand ça semble être à propos de personnes aussi importantes. » Comme était-ce possible qu’il n’ait jamais pris la peine de lui parler d’Alvaro avant aujourd’hui ? Est-ce qu’il avait honte d’elle ou bien était-ce une partie de ces choses qu’il préférait garder pour lui pour éviter de tout compliquer ? L’un dans l’autre, ça ne la rassurait aucunement. Elle sortit de ses pensées quand le sujet vint sur ses épousailles avec sir Gambino. « Je ne sais toujours pas pourquoi mais mon père en avait sûrement marre de me voir errer comme un garçon manqué dans les rues de San Salvador. J’ai eu de la chance, je suis tombée amoureuse de lui, parce qu’il y a de la gentillesse et de la grandeur d’âme en lui. Son physique c’est juste un plus, c’est quelqu’un de bien, qui essaie de comprendre les autres, il n’y parvient pas toujours mais il essaie. Il n’y est pour rien dans tout ça, il n’est qu’une victime, comme moi ! » Il n’était pas nécessaire de rentrer dans le détail, elle pensait sincèrement ce qu’elle avait dit à son époux, même sans ce foutu mariage, elle était certaine qu’ils auraient fini par se trouver, ça faisait partie des évidences de la vie.



« Le permis ! Sujet délicat ! J’essaie depuis un moment mais ça veut dire lâcher du lest et donc avoir moins de contrôle sur nous, ça ne leur plaît pas du tout, disons qu’il faut les préparer à l’idée et tenter de les convaincre qu’il y a pleins de bonnes raisons pour ça. Mais franchement, je ne sais pas si e vais y parvenir, peut-être que tu auras plus de chances que moi ! » Et elle sentait que les victoires de l’une en termes de libertés seraient celles de l’autres si les deux hommes étaient beaucoup ensemble. « Il me l’a proposé, parce qu’il se sent coupable et qu’il vit mal l’ambiance dans notre faille en ce moment, mais il ne voulait pas au début, par jalousie. J’entame des études dans le management, pour l’aider avec le restaurant, tu vois, être plus à même de faire ça correctement. J’ai vraiment hâte, j’ai lu le programme, ça a l’air intéressant. Je n’ai pas de truc à te donner, je suis désolée, tout dépend toujours du fait qu’ils soient ou pas disposés et généralement, faut que ça émane d’eux sinon y a rien à faire. » admit-elle, un peu triste de constater que toute sa vie ne dépendait que du bon vouloir de son époux. Ca aurait pu être plus facile à avaler s’ils ne s’étaient pas autant déchirés. « Peut-être que si c’est pas loin de chez toi ou d’ici, il acceptera, je peux me renseigner pour toi si tu veux. Et toi, y a plus de chances qu’il dise oui, y aura que des femmes là-bas et ça, c’est un gros plus ! » Après tout, quel homme pouvait voir une menace quelconque dans le fait de prendre des cours de couture avec de vieilles rombières ? Il fallait avoir inventé la jalousie pour ça. « Tu as contracté des dettes auprès de la MS ? » Ca semblait évident maintenant que la jeune femme se livrait un peu et donnait davantage de détails sur la situation. Peut-être que la gamine pourrait l’aider, du moins essayer, elle n’était pas en position de contacter son frère sans que Gaby ne devienne fou de rage. Mais elle pensait être en mesure de livrer de précieux conseils. « Je comprends, il t’a sorti d’une sale passe mais ça ne veut pas dire qu’il doit tout décider à ta place, il y a des choses que tu ne dois pas abandonner parce qu’il t’a aidé, ce serait faire affront à ce qu’il a fait pour toi ! Je pense que s’il a du mal à se faire à l’idée, il finira bien par accepter, si tu veux, je pourrais en discuter avec Gaby, va savoir, il pourrait aider. Mais déjà, on peut regarder ce qui se fait et où, tu en penses quoi ? » Elle n’osait imaginer à quoi ressemblait la vie de son interlocutrice et elle s’estimait heureuse et chanceuse, cette vie aurait pu être la sienne si elle avait grandi dans une autre famille que les Herrera, elle devait au moins ça à son paternel, son nom. « Faut prendre soin de noter tout ce qu’il te reproche quand vous vous disputez et voir comment tourner ça à ton avantage pour obtenir ce que tu veux. Bon, avec Gaby, c’est impossible mais qui sait, la méthode peut être la bonne avec un autre. Tu sais, s’ils sont si proches que ça, de voir que Gaby m’a laissé reprendre des cours, ça va peut-être t’aider, tu peux lui en parler, ça ne coûte rien ! »






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