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A te che hai preso la mia vita
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Manuel Herrera
Manuel Herrera
ADMIN A LA MACHETTE MAIS EN DETENTE

❖ MESSAGES : 8669
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MessageA te che hai preso la mia vita  - Page 2 EmptyVen 17 Mar - 13:48

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei

Il y avait des raisons évidentes qui justifiaient le fait que les femmes avaient un rôle moindre au sein de la MS13 et ce n'étaient pas celles qui venaient à l'esprit au premier abord. Il ne s'agissait pas d'une question de faiblesse apparente ou bien de sensiblerie, même si, bien entendu, ça entrait en ligne de compte et leur incapacité à faire table rase du passé. Faisait-on plus rancunier qu'une femme ? Toujours prête à sauter au visage d'un de ses ennemis même si la paix avait été déclarée. Mais la véritable raison était la crainte farouche des hommes de perdre leur pilier. Ils n'étaient pas tous des modèles en matière de fidélités et de rigueur mais ils aimaient leur famille, à leur manière, et leur quotidien était suffisamment dangereux sans avoir à déambuler dans les rues avec un risque supplémentaire, celui de perdre sa femme et de laisser ses enfants orphelins. Elles étaient toutes guerrières et bagarreuses avant de se poser et d'avoir des enfants, après, elles s'assagissaient par la force des choses et par nécessité. Un homme ne resterait pas auprès d'une femme guerrière, c'était trop de pression et d'angoisse pour lui. Mani n'aurait jamais pu endurer une relation sérieuse avec une femme du gang. Il n'y avait pas de comparaison avec ce qu'il permettait à Cinzia de faire pour lui rendre service et ce qu'aurait été sa vie si elle avait fait partie intégrante de la MS13. Là, il avait la possibilité de tout cloisonner et contrôler. Il était certain de l'endroit où elle se trouvait selon l'heure de la journée, ça n'aurait jamais été le cas si elle avait parcouru les rues de NY comme sa petite soeur celles de San Salvador. Pour ses nerfs, ça aurait été trop. Luciano étant fait sur le même modèle que lui, il ne comprenait pas toujours comment il put tomber amoureux d'une femme comme Lyla, elle ne faisait sans doute plus partie de l'armée mais elle était de toutes les guerres  et de toutes les batailles. Cinzia avait été élevée de façon à ce qu'elle parvienne à se canaliser suffisamment pour ne pas que ça prenne des proportions démesurées mais pas Lyla. Il crut parfois que leur relation volerait en éclats quand Lucky en prendrait conscience et qu'il ne pourrait plus gérer ses écarts mais il s'occupa lui-même de la canaliser et avec brio. Pourtant, personne n'aurait pu prévoir que son ancienne vie se rappellerait à elle. A la place de son meilleur ami, il l'aurait terriblement mal vécu. Pas forcément à cause de son impuissance ou du caractère inéluctable de son départ mais parce qu'il risquait de perdre sa femme parce qu'elle n'avait jamais véritablement enterré la hache de guerre. Oui, à sa place, il serait devenu fou. Dieu seul savait de quoi il aurait été capable alors. Du pire, assurément. Luciano gérerait sans doute mieux que lui la situation mais il ferait en sorte de lui rappeler qu'il serait là pour lui, en cas de besoin. Il aurait besoin de toute l'aide que l'on pourrait lui fournir.


« Ca ne devrait pas être comme ça, tu ne devrais pas avoir à te taire parce que je suis énervé. » Et pourtant, ça ne changerait jamais. Il pouvait faire bien des efforts pour lui offrir plus que ce que son père acceptait de lui donner et il pouvait tenter d'être davantage un homme moderne mais il y aurait toujours des limites. Il ne pourrait jamais changer ce qu'il était en profondeur. Il avait son histoire pour lui et son éducation qui n'arrangeait rien. Il était parfois trop dur avec elle, sans doute trop strict et pas très compréhensif mais comment aurait-il pu s'y prendre autrement alors qu'il ne s'épargnait rien ? Attendre beaucoup des autres c'était l'attitude de ceux qui s'en demandaient énormément, parfois l'impossible. Il ne serait jamais aussi dur avec elle qu'il ne pouvait l'être avec lui-même. « Je crois que je préfère l'option où tu ne tais pour ne pas que ce soit pire. Ou celle où tu m'assomme pour éviter tout danger. Tu devras peut-être le faire, faudra pas hésiter, Cinzia ! Parce que parfois je crois que tu ne mesures pas bien ce que je suis. Ce n'est pas parce qu'avec toi, je laisse passer beaucoup de choses et que je fais mon possible pour te donner tout ce que je peux, que je suis inoffensif. Je ne le suis pas et je ne le serais jamais. Je me suis arrêté parce que c'était toi, d'autres n'ont pas eu ta chance... Je ne veux et ne peux pas vivre avec ça sur la conscience, je me fous de ce que toi tu en dis. » Parce qu'il n'était pas stupide au point d'ignorer combien elle l'aimait et que ça l'aveuglait tant et si bien qu'elle n'était plus apte à juger d'une situation correctement. Notamment ces cas de violence. Il n'avait aucun remords quand il corrigeait Teresa et qu'il la laissait sur le carreau, il lui balançait seulement suffisamment de billets pour qu'elle aille se faire soigner convenablement mais avec Cinzia, les choses n'étaient pas les mêmes. Pourtant, il esquissa un sourire quand elle affirma qu'elle était la plus violente des deux et qu'elle le martyrisait. « Ouais, je devrais appeler sos mari battu, pour me plaindre de toi, tu crois qu'ils m'autoriseraient à te mettre une fessée pour te punir ? » Il ricana en la serrant en peu plus étroitement contre lui. Il acquiesça quand elle lui affirma qu'ils allaient gérer ça tous les deux, il ferait de son mieux et il était certain qu'ils pourraient s'en sortir plutôt facilement. Luciano serait probablement dévasté mais il n'était pas agité par les mêmes doutes que sa femme concernant la manière dont il pourrait gérer son fils. « Ne te fais pas de souci pour Lucky, il est plein de ressources et son fils fait partie de ses priorités, il n'a pas envie que Lyla rentre et la lui coupe pour avoir négligé le petit. » Il sourit en imaginant la scène de ménage que ça donnerait, ils étaient tellement drôles, presque autant que lui et Cinzia. « Y a rien de bizarre, ça fait juste du bien de l'entendre rire, pleurer et papoter, ça habite la maison, j'aime bien ça, » Il n'était pas question de retomber dans le genre de conversation déprimante qu'ils avaient déjà pu avoir. Il n'était pas bien remis de la mort de son fils mais le déplorer toutes les cinq minutes ne les ferait pas avancer. Visiblement, il s'en remettait mieux que sa femme. « Oui, si ça peut te rassurer, oui, je viendrai avec toi ! » promit-il, se demandant ce qu'elle cherchait précisément à y trouver mais se gardant bien de le dire à voix haute de peur de la blesser. Le sujet était si sensible.


***



S'il fallait encore une preuve que la mexicaine faisait partie intégrante de leur famille étendue, il n'y en eut plus besoin suite à son départ puis à son absence sans nouvelles. Tout le monde avait le moral au plus bas et même lui commençait à la regretter, elle et ses remarques bien senties, sa manière de rire beaucoup trop fort et de s'accaparer sa femme mais surtout, sa volonté farouche de rendre tout son entourage heureux, en dépit de ses opinions et de son ressenti. Elle lui avait sauvé la mise un nombre incalculable de fois, il avait de quoi la remercier jusqu'à la fin des temps et il espérait, pour le bien de sa famille et de ses proches, qu'elle rentrerait de ce périple ou il ne saurait quoi faire pour maintenir tout le monde à flots. « Tout le monde s'inquiète pour rien, je suis sûr qu'elle va revenir en un seul morceau. » Peut-être pas mentalement intacte mais ça se réparait bien plus facilement que de perdre un bras, une jambe ou la tête. Elle serait capable de se relever, comme Cinzia, elles étaient bien plus solides qu'on ne pouvait se le figurer au premier regard. « Le petit n'a jamais été si longtemps séparé de sa mère, il commence à mal le vivre mais on ne peut pas faire autrement que de faire avec et d'aider Lucky au mieux. Ce n'est facile pour personne et crois-moi, tout le monde ira bien. Tu te prends la tête pour rien, occupe-toi de ce que tu ressens et de ce dont frère et Ettore ont besoin, laisse les autres se démerder. » lui conseilla-t-il en se baissant pour ramasser les bouts de verre maintenant qu'elle s'était blessée. Il la fit asseoir pour voir ce qu'il y avait à faire pour la coupure, il sortit la trousse de secours d'un des placards pour tenter de la soigner. « Peut-être que si tu lui laissais l'opportunité de s'en occuper sans lui donner l'impression qu'il fait mal et qu'il n'est pas à la hauteur, il y aurait moins de problèmes. Je comprends que tu veuilles faire le maximum pour Lyla mais t'as besoin de souffler et Luciano a besoin de se sentir utile et de s'occuper du petit. » commença-t-il histoire de remettre l'église au milieu du village et de ne pas accabler inutilement un homme qui en avait déjà bien assez sur les épaules. Luciano n'était pas un père démissionnaire, bien au contraire, il faisait de son mieux mais il arrivait un moment où il avait besoin de repos, il était dans un tel état de nervosité que même le petit ne le supportait pas. Comment aurait-il pu ? Mani prenait généralement le relais, il arrivait qu'il emmène le petit avec lui au Gato Negro, profitant de pouvoir passer un peu de temps entre hommes. « Personne ne te demande de trop l'aimer, Cinzia, tu es la seule à pouvoir poser les limites mais va falloir lever un peu le pied avant de te rendre malade. » Il sentait le coup venir de loin et ça semblait naturel, elle avait perdu un enfant et on lui en mettait un entre les mains mais il n'était pas question qu'elle se laisse prendre au piège ou la situation serait difficile au moment de la séparation.


A vrai dire, s'il se garda bien de l'exprimer de la sorte, toute cette situation le mettait mal à l'aise. S'il pouvait entendre la peine de sa femme, il avait du mal à saisir qu'elle puisse s'accaparer le petit de la sorte. Qu'elle projette tout son amour pour leur fils mort avant l'heure sur le petit bout de chou qu'était Ettore était logique et loin d'être malsain mais à ce point, il sentait que ça puait le roussi et qu'il fallait agir avant que ça n'aille trop loin. Tous ses warnings se mirent à hurler quand elle ne détrompa pas cette bonne femme qui les félicita. Il coula un regard vers sa femme, abasourdi. Pour lui, il n'y avait aucune raison valable pour justifier ça. C'était le moment d'arrêter de prendre des gants et des pincettes et de tenter de lui faire entendre raison. Elle avait besoin de se secouer un peu et de ne surtout pas écouter la voix de la facilité. « Non, tu as fait ça parce que ça t'arrange bien et si je le comprends, Cinzia, il faut que ça s'arrête ! Ettore n'est pas notre fils et ne le sera jamais, que Lyla y reste ou pas ! Tu ne peux pas faire comme si c'était le cas, parce que le mensonge, je m'en tape, j'veux dire, ça ne les regarde pas. Le souci c'est pas ça, le souci c'est ce que ça te procure comme sentiment et dans quoi ça te conforte ! On a perdu notre bébé et c'est quelque chose d'horrible, je n'ai pas de mots pour décrire ça mais ce qui se passe avec Ettore n'est bon pour personne. Ca ne le ramènera pas à la vie et ça ne te rendra pas plus heureuse. » Il était sans doute un peu trop brut et direct mais s'il ne le faisait pas maintenant, il n'en aurait bientôt plus le courage. « Tu réponds tout simplement que tu n'en as pas, ce n'est pas un problème, si ? La vérité est suffisante ! » opposa-t-il sans comprendre quel était le souci de dire qu'elle n'avait pas la chance d'être mère Ca réveillait sans doute sa peine et sa frustration mais les autres n'y étaient pour rien et un mensonge ne changerait rien à cet état de fait. « A qui aurais-tu voulu qu'il ressemble ? Au voisin ? Ca aurait été un mélange de nous deux ! Un beau mélange ! Mais on verra bien à quoi ressembleront nos autres enfants. Remuer le passé et projeter des espoirs sur les morts, ça rend malheureux, Cinzia. On ne saura jamais et c'est comme ça, il faut l'accepter et avancer... » reprit-il avec un peu plus de douceur, passant son bras autour de ses épaules en déposant un baiser sur sa tempe. « J'ai bien compris que c'était ce que tu voulais et on en aura quand ce sera le moment, tant que tu te focaliseras sur celui qu'on a perdu, ça ne fonctionnera pas. Je ne veux pas d'un second Manuelito, les bébés médicaments c'est pire que tout. Il ne remplacera jamais celui qu'on a perdu, il sera un autre petit être, différent et tant mieux. Pour le moment, bébé, je ne pense pas que tu sois prête. On ira voir les médecins et peut-être que tu devrais parler avec quelqu'un de ce que tu ressens, pour t'aider. J'ai pas toujours les bons mots pour toi... On pourra s'occuper de ça en rentrant, si tu es d'accord. »



***



« Ne dis pas de bêtises ! » la rabroua-t-il en levant les yeux au ciel pour dédramatiser la situation au maximum. Sa décision était prise, il déposerait le petit chez Girolama et elle s'en occuperait jusqu'au retour présumé de sa mère. Cinzia n'était pas en état de gérer le petit, elle ne tiendrait jamais le coup et ça lui ferait plus de mal que de bien, mieux valait éviter le danger et s'occuper de l'aider à faire son deuil ainsi qu'à remonter la pente. « Je vais rester ici, c'est non négociable. Ma place est là où on a le plus besoin de moi et c'est ici. » Il coupait court à toute discussion pour ne surtout pas entrer dans le débat et avoir à lui donner les raisons qui le poussaient à rester à New York. « Si tu crois que Jezabel va être d'un quelconque soutien... C'est une gamine ! Moi je serai là et Gabriele va partir avec Lucky, elle peut venir ici en attendant, pour que je veille sur elle mais il est hors de question que je vous laisse toutes les deux ici ! » Et il n'y aurait pas de sentiment de culpabilité, loin de là, chaque homme avait ses priorités et ce ne serait certainement pas Luciano qui lui reprocherait de faire passer sa femme avant le reste du monde. « Pour le moment, je pense que ça vaut mieux qu'il reste avec ta mère, nous, on va tenter de voir ce qu'on peut faire pour aider, autrement. » Il la serra dans ses bras, caressant ses cheveux et embrassant le sommet de son crâne tandis qu'Ettore babillait comme un bienheureux. « S'il y a bien quelqu'un qui peut comprendre, c'est elle. Arrête deux minutes de te soucier des autres et soucie-toi un peu de toi ! Ok ? » Cette fois, il embrassa ses lèvres et caressa son visage avant de lui confier le petit. Elle descendit après l'avoir emmitouflé dans son manteau.  Mani décida de se rendre seul sur le domaine mais il choisit de déposer sa femme chez les Canjura pour être certain qu'il ne lui arriverait rien et que les idées les plus folles ne lui traverseraient pas la tête. Les jours suivants furent occupés aux examens médicaux qu'elle voulait subir pour être certaine que rien n'était détraquée chez elle et forcément, il choisit de subir à peu près les mêmes pour vérifier s'il n'était pas à l'origine du fait qu'elle ne tombait pas enceinte aussi vite qu'elle l'aurait voulu. Il avait eu une petite conversation avec le spécialiste pendant que sa femme passait des examens et lui avait dit qu'elle était bien trop focalisée sur l'idée d'être mère et que ça devait créer une certaine forme de stress. Il lui conseilla d'aller voir un psychologue, pour l'aider à surmonter sa peine et à affronter plus sereinement une éventuelle maternité. Il préféra ne rien dire avant que les résultats ne tombent et qu'il soit clair que l'un comme l'autre étaient parfaitement aptes à avoir des enfants. « Ca viendra quand ça viendra, on ne va pas se prendre la tête à ce propos, bébé, on a le temps ! » lui dit-il en caressant sa cuisse alors qu'elle avait l'air de lui en vouloir pour l'avoir plus ou moins contrainte à prendre ce fameux rendez-vous chez la psy spécialiste des femmes ayant subies la perte d'un enfant.


Elle ne lui tint pas rancune puisqu'elle leur organisa un dîner en tête à tête et rentrant d'une journée harassante, il fut ravi de pouvoir la serrer dans ses bras et l'embrasser avec douceur, découvrant une table joliment dressée rien que pour lui. Il la remercia d'un autre baiser avant de la prendre par la main pour la faire tourner sur elle-même. « Tu es très belle ! Tu es même plus que ça mais je manque de mots, je vais garder ma verve pour plus tard ! » plaisanta-t-il en louchant ostensiblement dans son décolleté avant de s'asseoir à table, un peu plus sagement, les yeux pleins d'étoiles et heureux de cette soirée à deux. « Reparler de quoi ? » Son esprit vagabondait déjà vers la manière dont ils pourraient occuper leur temps dès qu'ils auraient fini de manger mais le retour sur terre fut un peu rude. « De bébé ? » finit-il par lâcher en haussant un sourcil, se disant que le tout ça devait englober ce sujet de discussion en particulier, si ce n'était pas le seul et unique but de ce repas, l'amadouer. « Je pensais que c'était clair, je veux dire, tout va bien, on devrait juste se détendre un peu et attendre que ça vienne, non ? Je n'ai pas envie de me prendre la tête avec ça et qu'on se rende malades. » Il crut que sa technique ultime de l'attraper par la hanche pour la faire taire par des baisers passionnés avant de relever sa robe pour faire en sorte que seuls des gémissements de plaisir s'échappent de sa bouche serait suffisante pour clore la question. Ce fut plus ou moins le cas mais il n'en demeurait pas moins qu'elle n'était pas des plus heureuses qu'il l'accompagne plusieurs fois par semaine à ses séances chez la psychologue. Il ne se contentait pas de la déposer devant, il attendant dans la salle d'attente jusqu'à ce que la psy ouvre la porte et l'accueille, toute sourire. Ce n'était pas une question de confiance mais il comprenait qu'elle aurait préféré être à des milliers de kilomètres plutôt qu'ici et il tenait à ce qu'elle parle à quelqu'un qui saurait trouver les mots justes. Il n'était pas d'une grande délicatesse et il avait parfois l'impression de faire plus de mal que de bien en tentant de l'aider. Il était question de l'encadrer pour qu'elle fasse son deuil et remonte la pente, chose qu'il faisait à son échelle mais qui manquait probablement d'efficacité.


***



« Il arrivera demain. » « D'accord, tu attends quoi de moi ? » « Il se comporte comme un gosse, il est temps qu'il grandisse et il n'écoute rien de ce que je lui dis, tu auras sûrement plus de chances de faire de lui un homme. » « J'ai combien de temps ? » « Six mois, après ça, on prendra des mesures drastiques. » Venant de la bouche de son père, ça ne pouvait dire que deux choses, ou bien son frère serait envoyé au bout du monde pour comprendre ce que signifiait son nom ou bien son père l'éliminerait parce qu'il devenait gênant et qu'il lui ferait moins honte mort que vif. Il adorait son cadet, il était hors de question de le laisser mourir sans rien faire. Il le reprendrait en mains. Cinzia ne trouva rien à redire au fait que le petit vienne vivre avec eux et cela rassura Mani qui alla récupérer son frère avec une véritable excitation. Petit à petit, il récupérait sa famille à New York et il était heureux de pouvoir les avoir au plus près. Il ne s'attendait pas à ce que son abuela soit du voyage. Il faillit fondre en larmes comme un enfant de 8 ans et il la serra dans ses bras en la soulevant de terre comme si elle n'était qu'une poupée de chiffon et il déposa des baisers sur ses joues avant de la reposer et de lui tendre le bras pour l'escorter jusqu'à la voiture, laissant le gamin s'occuper des valises. « On va faire la surprise à Cinzia, elle va être contente ! » informa-t-il ses passagers en se garant devant la maison. Il ouvrit la porte après avoir aidé sa grand-mère à monter les marches du perron : « Princesita, tu ne devineras jamais qui est là !  Ferme les yeux ! Non, ferme les yeux, allez ! » Il était passé chez le fleuriste et avait un peu exagéré, prenant un énorme bouquet pour sa femme et un autre si gros qu'il dut le faire livrer pour la vieille femme. Il embrassa la main de sa grand-mère en la faisant rentrer chez lui. « C'est Abuela Miranda, elle est venue ici pour passer quelques mois avec nous, c'est pas trop cool ? » C'était une femme qui sortait doucement de la soixantaine, elle était d'une beauté rare pour les femmes de son âge et la sagesse se lisait dans son regard, elle avait l'air ravie d'être là et elle fonça sur sa petite fille adoptive pour la serrer dans ses bras.




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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE

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MessageA te che hai preso la mia vita  - Page 2 EmptyDim 2 Avr - 21:36

 



E ne hai fatto molto di più

Sostanza dei giorni miei


De par notre mariage, Manuel aurait été en droit de me garder enfermée à la maison, dans l’ignorance la plus opaque par rapport à ses activités et avec pour uniques responsabilités une panoplie de tâches ménagères peu palpitantes et un blog en guise de consolation. Au lieu de ça, j’étais libre d’aller et venir comme bon me semblait, de savoir, de participer, de choisir et même de défendre mes opinions. La seule condition, c’était de ne pas dépasser ses limites au profit des miennes. En soi, pas grand-chose. Rien de nouveau sous le soleil de mon éducation. J’étais bien consciente, jusqu’à l’épisode de la cuisine, que j'abusais de ses largesses et que ça ne durerait pas éternellement. J’avais joué avec le feu et je m’étais brûlé les doigts. Autant dire que j’étais surprise qu’il ne m’arrache pas mes galons en une fois pour éventuellement me les rendre un à un si je les méritais. Certes, la féministe en moi n’aurait que moyennement apprécié cette démarche punitive. Je suis une adulte, pas une enfant que l’on corrige pour lui apprendre les bonnes manières. Toutefois, l’épouse en moi, le produit sicilien formaté par sa mère, s’y était bien préparé et ne vivrait pas forcément cette mise au point comme un réel sacrifice. C’était la normalité du quotidien des femmes du milieu criminel, quel qu’il soit. J’étais résolue à assumer les conséquences de mes actes et à veiller à ne plus jamais en provoquer de semblables. Je me moquais bien de ma liberté d’expression si le prix à payer était trop lourd pour Mani.

Je ne supportais pas qu’il se qualifie de danger pour moi ou de monstre. Je redressai donc l’Église au milieu du village avec sincérité, en dénonçant mes excès et en relativisant les siens. J’étais plus violente que lui. J’usais de mon statut de femme à mauvais escient, mais ça n’arriverait plus, moins encore alors qu’une vague d’amour m’envahissait dès lors qu’ils exprimaient ses regrets par rapport à moi et ma décision de m’astreindre au silence pour éviter un écart qui le rendrait fou de culpabilité. « Je ne serais pas mariée avec toi si tu étais inoffensif, bébé. Je sais que tu pourrais me faire très mal et je sais que tu fais d’énormes efforts pour moi et juste parce que c’est moi. Et c’est pour cette raison que tu n’as pas à être quelqu’un d’autre avec moi. Surtout pas avec moi. C’est à mon tour de faire des concessions maintenant. Et je te jure que rien de ce genre ne pèsera sur ta conscience. Jamais.» attestais-je en soulevant son t-shirt après avoir relevé le mien et m’être blottie tout contre lui. J’avais besoin de sentir sa peau chaude contre la mienne.  Il m’avait manqué et, au vu du drame qui frappait notre famille, sa présence me serait d’autant plus nécessaire. Parfois, cette dépendance affective m’effrayait terriblement. Puis, je me rappelais qu’il était lui-même en perte d’équilibre lorsque je n’étais pas là ou plus tout à fait moi-même. Je conclus sur un « je t’aime » après une mise à jour sur les récents événements. Je m’endormis sereinement la nuit même et les suivantes jusqu’au départ de ma meilleure amie.

L’inquiétude perturbait mon sommeil ainsi que celui du petit Ettore. Les premières semaines, il se réveillait en pleurant et moi, soucieuse de le rassurer, je le rejoignais dans sa chambre pour le consoler. Je passais parfois des nuits entières à le bercer avant d’opter pour une méthode plus radicale dès lors que Mani prévoyait de rentrer très tard : je le prenais dans mon lit jusqu’à ce que mon époux le ramène dans sa chambre. Naïve, j’étais persuadée que cette proximité nous faisait du bien à tous les deux. Dans les faits, si Ettore y trouvait son compte d’affection, mon cœur de maman souffrait du manque de mon bébé et je me soignais comme une droguée. J’étais bien après une dose, mais les bienfaits étaient éphémères. Malheureusement, je ne réalisais pas vraiment que je l’accaparais au détriment des besoins de son propre père. J’étais convaincue d’agir pour le bien de tous, d’honorer ma promesse et de libérer Luciano d’une responsabilité supplémentaire alors qu’il vaquait d’une occupation à l’autre comme une âme en peine et avec l’énergie du désespoir. Ces mois sans nouvelles nous heurtaient tous, Mani y compris, même s’il se faisait une spécialité de nous inonder de son optimisme. Je n’étais pas dupe cependant. Il dédramatisait afin que je ne m’effondre pas, devenant par la même occasion le maillon faible de notre chaîne de solidarité. Il veillait à ce que je ne me fatigue pas trop, à ce que je ne me tracasse pas inutilement pour toutes personnes concernées par la mission de Lyla. « Ouais, je sais que je ne peux pas être partout, mais… Luciano non plus. » me défendis-je alors que je sentais le reproche arrivé de loin, un reproche criant d’une vérité que je refusais d’admettre. « Et je lui laisse toute la place dont il a besoin. À t’entendre, on dirait que c’est moi qui le fais fuir, mais je m’occupe du petit parce qu’il n’est pas souvent. » chuchotais-je en grimaçant tandis que Mani désinfectait ma plaie. Elle n’était pas bien profonde, j’y survivrais et mon mari le savait. Il n’aimait simplement pas – et à juste titre - les causes d’un tel accident. « Bébé… Je mets des limites. Mais, je vais lever le pied, car c'est vrai que je suis fatiguée.» J’évitai de lui demander s’il acceptait de me faire confiance sur ce sujet. Je n’avais aucune envie de le baratiner involontairement alors que je commençais doucement à intégrer que  j'étais peut-être la première victime de mes mensonges.

Ça se vérifia au fur et à mesure des semaines qui suivirent cette conversation. Je filais un mauvais coton. J’entamais un transfert malsain qui me collait l’impression d’être une putain de détraquée, une voleuse d’enfants, une folle, tout simplement. Alors, je le refoulai aussi longtemps que possible, que nul ne crève d’une aiguille cette bulle d’un bonheur illusoire qui m’aidait à respirer quand la peur me tenaillait l’estomac. Bien sûr, je fus démasquée en plein cœur de Miami et sous l’œil ébahi de Manuel. Le regard qu’il me jeta m’était tout bonnement indescriptible. Poisseuse de honte, je lui déclamai un plaidoyer en ma faveur, mais il n’était pas stupide. Je le soupçonnais même avoir repéré mon petit manège il y a longtemps déjà et qu’il m’avait gardé à l’œil dans l’expectative d’une faute qu’il aurait pointée du doigt pour m’obliger à vider mon sac, une erreur comme celle d’aujourd’hui et qui me priva du loisir de me taire. « Je sais qu’il n’est pas à nous et je ne veux pas qu’il le soit. Je veux que Lyla revienne le plus tôt possible. Je voudrais qu’on retrouve notre vie d’avant… qu’on soit à nouveau tous ensemble.» lui jurais-je de la panique dans la voix et les paupières bordées de larmes. « Mais, je ne peux pas être indifférente à Ettore, ce n’est pas possible. J’ai fait ce que j’ai pu pour dresser des barrières entre lui et moi, mais c’est difficile. J’ai souvent imaginé ce que serait notre quotidien quand le petit serait là. Et, je n’aurais pas dû le savoir, pas comme ça, parce que là, Ettore, il matérialise tout ça et je ne peux pas y être indifférente. Tous les jours, j’apprends à quel point notre fils me manque. Mais, je vais me reprendre. Je ne l’avais pas réalisé, mais maintenant, je vais faire un effort.»

Ce n’était pas un serment, mais une supplique, car je redoutais qu’il me l’enlève sans préavis pour notre bien à tous. Ça aurait été justifié, mais je n’étais pas prête. Pas encore. Je n’étais pas tout bonnement pas assez forte pour le moment. « Et ce n’est pas la vérité, Mani. La vérité, c’est que j’ai été mère tout au long de ma grossesse, qu’elle a duré près de six mois et que je n’ai pas perdu mon bébé, on me l’a arraché. Alors, oui, j’ai du mal à dire que je n’ai pas d’enfants. Si je n’en avais pas, pourquoi une tombe ? Pourquoi les fleurs ? Pourquoi prier pour Manuelito ? » N’y tenant plus, je me mis à sangloter aussi discrètement possible afin de ne pas attirer le regard des curieux. Qu’il me refuse le bonheur de ne plus être une maman sans enfant, mais une mère accomplie, c’était douloureux pour moi. « J’avais accepté, Mani. J’avais tout fait pour ça. » La tête baissée, je la posai tout de même sur son torse tandis qu’il se radoucissait et m’entourait de ses bras forts et rassurants. « Parler à quelqu’un ? Mais, c’est ce que je fais. J’en parle avec toi, j’ai pas besoin d’en parler avec quelqu’un d’autre. » Un psychologue ! Il faisait allusion à ces gens qui nous font nous allonger dans un fauteuil pour nous inviter à parler pendant qu’ils font semblant de prendre des notes, mais gribouillant réellement des dessins à la con. « Tu crois que… je suis folle ? » m’enquis-je, non pas blessée, mais profondément tracassée pour ma santé mentale. « Parce que, je ne le suis pas, Mani. J’aurais aimé que tu me proposes d’arrêter la pilule, qu’on tente... J'essaie juste de combler ce vide à l’intérieur de moi. Mais on fera comme tu voudras…» Je haussai les épaules, songeai un instant à récupérer le petit dans sa poussette pour me consoler, mais je m’abstins. Ce n’était pas le bon réflexe. Il était même de ceux à abolir à tout prix d’ailleurs. Un jour ou l’autre, il serait rendu à sa maman et j’espérais toujours que ça survienne le plus rapidement possible. Demain, par exemple. Demain, c’est bien et Dieu que c’était bon d’y croire.

Tous les jours, je repoussais l’échéance de vingt-quatre heures avec optimisme grâce à l’intervention inattendue de la psychologique que je me choisis. La première fois que je posai le pied dans son bureau, je me dis que c’était inutile, que ça ne servirait à rien. Elle me détrompa de ses conseils avisés et de son empathie.  Je trouvais moi-même les solutions à mes problèmes, mais je n’en avais aucune en stock lorsque j’appris abruptement que ma meilleure amie ne rentrerait peut-être jamais. Je me sentais responsable, impuissante et sans l’intervention de Manuel, je me serais tarie de toutes mes larmes jusqu’à ce que mort par déshydratation s’en suive. Je me cramponnais à lui comme un naufragé à sa bouée. Plus tard, je serai embarrassée de m’être dévoilée aussi fragile durant des semaines entières et d’avoir atteint l’apothéose cette après-midi-là. Sur le moment, j’étais égoïstement contente qu’il reste avec moi, moi qui étais au centre de ses priorités. Il ne partait pas avec Lucky et je ne bronchai pas tandis qu’il me séparait d’Ettore. J’avais pris un peu de recul. Je savais que ça serait difficile, mais j’étais consciente que ça me ferait le plus grand bien de restaurer de la distance entre lui et moi. Mes séances chez le psy me profitaient. Je m’y rendais toujours en traînant les pieds, car j’étais dans un état lamentable pendant une bonne heure après nos longues conversations, mais elles me libéraient du poids de ma peine et de ma frustration.

Comme j’insistai lourdement – et aussi parce que j’étais plus forte – Mani m’accompagna pour une batterie d’examens dont la conclusion fut formelle : mon état de santé ne s’opposait pas à une future grossesse. Plus rien ne m’obligeait à prendre la pilule désormais, rien, à part la correction. À Miami, mon époux exprima clairement son désaccord. Il ne souhaitait pas d’un bébé médicament, sauf que moi, j’étais déterminée à jalonner nos habitudes de rire d’enfants le plus tôt possible. Ça justifia ma mise en scène autour d’un dîner dont le but était de nous retrouver, mais aussi d’obtenir l’autorisation de jeter mes contraceptifs à la poubelle. Pour ce faire, je considérais que lui exprimer mon désir sans langue de bois était la clé et je ne me démontai pas face à son agacement. « Pas seulement de bébé, mais de ce que ma psy appelle un transfert… » C’était la version simplifiée. Je n’avais pas retenu le terme scientifique, mais ça n’avait aucune espèce d’importance. « Toute l’affection que j’avais pour notre enfant, je l’ai d’abord transférée sur toi. C’est pour ça que je t’étouffe beaucoup parfois. Je le sais bien et je sais que ça doit être pesant. Je ferai un effort là-dessus aussi.» Il ne s’en plaignait jamais, mais je l’appelais plusieurs fois par jour, je lui rendais des visites régulières au Gato Negro, je lui dressais des plans détaillés de mes journées et les lui racontaient à la minute près, espérant qu’il se confie en retour, ce qui lui arrivait de faire lorsqu’il n’était pas exténué. « Je l’ai aussi transférée sur Ettore, mais ce n’est pas à cause de tout ça que je veux un enfant. Je sais que ça te fait peur, que je t'inquiète parce que je me suis comportée comme une déséquilibrée, mais je ne le suis pas et je vais beaucoup mieux. La preuve, il y a peu, je racontais des conneries quand on me demandait si j’avais des enfants. Maintenant, je peux dire la vérité sans avoir envie de pleurer et sans détester la terre entière. J’ai perdu mon bébé, à six mois de grossesse, des suites d’une agression. » Ce serait mentir que de prétendre que je n’avais pas un pincement au cœur, mais ça ne me retournait plus de la même manière.

« Je ne veux pas d’un môme pour me guérir, mon ange. J'ai envie d'un bébé parce que c’est ce que j’ai toujours souhaité. Toute petite, je disais que j'aurais une grande famille pour reproduire ce que j’avais connu, les rires, les disputes, les cris, l’oppression, l’affection…Et je sais qu’on a le temps, mais ça fait partie de ce dont j’avais envie pour moi et pour nous aussi. On était content que je sois enceinte. » Une fois la terreur d’être châtié passée. « Et, je veux bien attendre que ça vienne, comme tu le dis, mais pour ça, il faut que j’arrête la pilule… et pour le faire, j’ai besoin que tu m'y encourages parce que tu me crois quand je te dis que j'ai juste envie d'être maman et, surtout, d'être la mère de tes enfants. Ça fait partie de ce pour quoi je suis faite… » Ce pour quoi j’avais été élevée. « Je le ferai jamais dans ton dos, alors, tu veux bien juste y réfléchir ? » Jusqu’alors assise sur la chaise en face de lui, je me levai pour vérifier mes cuissons, rappelée à l’ordre par la minuterie du four. « C’est tout ce que j’attends de toi, que tu y penses et que tu me dises spontanément ce qui te ferait envie. Moi, c’est la dernière fois que je t’en parlerai, parce que je ne veux pas te mettre la pression. Moi non plus, je n’ai pas envie qu’on se prenne la tête avec ça. » Quant à lui, il n’avait aucune volonté de s’attarder sur le sujet. Alors que j’avais encore un tas de choses à dire, il me coupa l’herbe sous le pied en m’attirant sur ses genoux pour quelques baisers et préliminaires qui transformèrent les mots en soupirs et en feulements de satisfaction charnelle.    

Parce qu’il ne se contentait plus de me déposer devant le bureau de ma psy, mais qu’il attendait avec moi, je tirai la désagréable conclusion que, s’il me céda, mon plaidoyer n’aboutit pas au résultat escompté. Certes, je ne l’accusais de rien. Je ne le tenais pas pour responsable si je n’étais toujours pas enceinte. En revanche, j’étais frustrée que la mayonnaise ne prenne pas aussi bien que la première fois. Ça me rendait irritable, quoique j’épargnais mon mari. J’envoyai ma psy valser à plusieurs reprises, terminant les séances dans le plus grand des silences. Elle m’horripilait à s’adresser à moi comme si j’étais une gamine. Je n’en pouvais plus de l’entendre me répéter que certaines femmes attendent des mois entre le moment où elles arrêtent la pilule et celui où elles tombent enceintes. Je n’étais pas les autres. J’avais un super patrimoine génétique. Mes résultats étaient bons. Manuel était anormalement fertile. Il n’y avait aucune raison pour que ça ne fonctionne pas. "Ouais, on a le le temps, oui, mais... je sais pas, une fois sans capote, je me retrouve enceinte avant mariage et là, que dalle. C'est pas l'hôpital qui se moque de la charité, ça ?" crachais-je un jour à Manuel qui tentait de me ramener à plus de discernement. Sauf que, pour moi, c'était du grand n'importe quoi. J’exigeais et j’obtenais de la vie. Je le méritais, non ? Je n’avais pas causé plus de tort que certaines mères qui délaissent leur gosse… Teresa, elle en avait eu, des gamins, des gamins qu’elles n’aimaient pas de surcroît, des gamins qu’elle sacrifia sur l’autel de sa jalousie.

Tout ça me rendait malade, mais je jouais à mon entourage une comédie sans bavure qui se transforma en authenticité en découvrant au milieu de ma cuisine la grand-mère de mon mari. Miranda était douce et agréable. Elle m’appréciait autant que le contraire. Elle était de bon conseil et avait toujours pour moi un mot tendre qui flattait mon estime de moi. Il était parfois blessé, un peu comme ces derniers jours, mais elle en pansa les plaies d’un seul compliment tandis que je la serrais dans mes bras en retour. « ça me fait tellement plaisir que vous soyez là. Mais, vous auriez dû prévenir, je vous aurais préparé une chambre et j’aurais fait quelque chose d’un peu plus sophistiqué pour le dîner. » me désolais-je en promettant que j’irais chercher de quoi faire des canoli. Elle les aimait beaucoup. « Vous devez être fatiguée. Asseyez-vous. Je vais vous faire un café… à moins que vous ne préfériez un thé. » Je tirai la chaise et récupérai deux vases pour nos bouquets de fleurs. Avec tout ça, j’oubliai Gustavo qui s’en offusqua joyeusement. Je lui présentai des excuses et l’étreignis comme s’il était mon frère. « Jezabel va être tellement contente de vous voir tous les deux. Je vais appeler Gabriele pour les inviter à manger. Oui ? » m’enquis-je auprès de Manuel qui ne s’opposa pas à l’idée.

La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre, si bien que le lendemain, nous fûmes tous conviés sur le domaine le jour d'après, un autre et encore un suivant. Néanmoins, nous nous accordions toujours du temps pour un tête-à-tête. J’adorais l’entendre me conter avec émotion ses histoires d’antan ou les anecdotes les plus drôles de la fratrie Herrera. Un soir, elle me posa LA question TABOU du moment et je me rembrunis aussitôt. Elle saisit naturellement où se situait le problème et elle m'interrogea jusqu’à ce que je crache le morceau.  Elle me conseilla avec sagesse et m’apprit la tempérance. Je me promis d’être plus patiente et de m’attaquer à un souci à la fois, le premier étant de rassurer mon époux. Ne manquant pas d’ingéniosité, j’avais ma petite idée en tête. A mesure que le projet prenait forme, je respirais et vivais enthousiasme, mais il ne vit jamais le jour. Je fus fauchée en plein vol par cette poufiasse tenant par la main un bambin qu’elle prétendait de mon époux. Elle réclamait sans scrupule argent, reconnaissance et logis. Sale pute. Elle se faisait baiser par un homme marié et elle espérait m’évincer ? Moi ? Sa femme ? Sans les chuchotis d'Abuela Miranda juste à ma droite, j'aurais sauté à la gorge de cette ignoble bonne femme pour lui arracher les yeux du bout des ongles. À défaut, je grimpai à l’étage, empaquetai les affaires de mon mari et les déménager dans la dernière chambre de libre de la maison. Je lui préparai également un autre sac que je déposai au pied de l’escalier alors que la salope – que je crèverais tôt ou tard comme un cochon pour le bien de ma santé mentale – avait mis les voiles, abandonnant derrière elle un Manuel abasourdi.

Il affichait sa tête de victime innocente sur laquelle la vie s’acharne et ma colère décupla. « Laisse-moi deviner, ce n’est pas ce que je crois, ce n’est pas ton gosse, tu l’as jamais baisée, et d’ailleurs, on va la buter, qu’elle ne colporte plus ses conneries à tout va, même si dans le fond, on s’en fout de ce que les autres pensent. Ce qui compte, c’est ce que toi tu penses. » ironisais-je sans lever le ton. Une femme qui crie perd toute crédibilité et je ne serais pas de celle-là cette fois. « Sauf qu’il y a ce qui compte pour moi et je ne comprends pas. Je ne saisis pas comment tu as pu me faire un truc pareil ? Comment ? Parce que, dans l'absolu, que tu en aies sauté une autre, c’est pas le problème, là, tout de suite, même si je trouve dommage que tu l’aies fait après m’avoir reproché mille fois que je n’avais pas assez confiance en toi ou que tu en avais marre que je ramène une vieille histoire sur le tapis à chaque dispute. Ouais, je trouve vraiment ça dommage, mais on règlera ça plus tard, parce que c'est pas le pire pour moi.  » J’aurais appris à pardonner, souffrant terriblement, mais je ne l’aurais pas quitté pour autant. « Le pire, c’est que tu aies offert le droit à une putain d’être la mère de tes enfants, alors que c’était mon rôle, ma place. C’était à moi parce que c’est moi ta femme » A deux doigts d’éclater en sanglots, je respirai profondément avant de surenchérit. « Je ne sais pas si je pourrai te pardonner, Mani. Je ne sais pas si j’en serai capable. » Ça me fendait le cœur, mais il méritait la vérité. « J’aimerais autant que… que tu t’en ailles au moins ce soir. Demain, on avisera. J’ai déplacé tes affaires de la chambre. Je n’aime pas ce que je ressens et je voudrais qu’on évite de se voir tant que tu n’auras pas balayé devant ta porte. Je n’ai pas envie que les mots dépassent ma pensée parce que tout ça me fait un mal de chien… Je t’ai préparé un sac. Il est au pied de l’escalier. » conclus-je en tournant les talons.







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