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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
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MessageChi non risica  |R.| EmptyMer 20 Jan - 1:05

 



CHI NON RISICA, NON ROSICA

FEAT. MACHO MAN



 Lorsque Lyla exigea que nous nous séparions, j’eus à peine le temps de protester que Benjamin et moi étions emmenés à l'abri par quelques-uns de ses collègues. Ils s’étaient frayé un chemin en découpant des hautes barrières installées autour de Times-Square pour cloisonner l’endroit durant les festivités. Étais-je contente de les voir ? Bien sûr. J’étais saine et sauve, mais je n’étais pas née égoïste. Je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter pour Benjamin qui souffrait le martyre, sa main serrée dans la mienne tandis que je refusais de l’abandonner après qu’il m’ait sauvé la vie avec courage et de m’angoisser pour ma meilleure amie, elle aussi, salement blessée. Où était-elle maintenant ? Était-elle en sécurité ? Avait-elle accepté d’être prise en charge jusqu’à l’hôpital par les renforts envoyés par la caserne ou s’était-elle sacrifiée provisoirement en cédant sa place à quelqu’un d’autre ? Quelqu’un comme moi, qui n’avait pas vraiment besoin d’être auscultée, mais qui était obligée de demeurer là, à attendre mon tour. Quelle perte de temps. Je n’avais pourtant rien de grave. Ça avait chauffé, mais pas au point qu’on se penche sur mon cas. « Mademoiselle. Où allez-vous ? Restez ici, c’est bientôt votre tour. Vous pourrez retrouver votre famille plus tard. Et ne discutez pas, on a déjà bien assez de boulot pour en plus devoir chercher après une fille de l’air. » Pétasse. Je n’en croyais pas mes oreilles. Si elle ne s’était pas détournée de ma colère pour s’encourir vers un nouveau groupe plus ou moins sorti d’affaires, je l’aurais assommée d’un coup de poing. Au lieu de ça, puisque personne ne semblait plus s’intéresser à moi, j’errai au hasard pour retrouver mon sauveur et ma meilleure amie.

L’agitation était telle que la tête me tourna. Je croisais des visages sans les voir. Je paniquai, d’abord un peu, puis plus violemment. Appeler à l’aide. Voilà ce qu’il convenait de faire. Réclamer secours, mais pas auprès de n’importe qui, seulement de ceux en qui j’avais pleinement confiance. Je constatai que mes doigts tremblaient en essayant d’atteindre le répertoire de mon téléphone et, par chance, je n’eus besoin d’en composer aucun. Tony, pour la vingtième fois de la soirée, tenté de me joindre. « Tu ne bouges pas de là où tu es, je viens te chercher. » m’ordonna-t-il après ma description des lieux. Je la trouvai vague et plutôt laconique. Quand il m’attrapa par le bras, je me demandais encore comment il était parvenu à me mettre la main dessus. « Tu me fatigues, putain. Tu veux ma mort ou quoi ? Tu le fais exprès, pas vrai ? Tu le fais exprès de te foutre toujours dans la merde ? Dis-le, parce que je ne peux pas croire qu’on puisse avoir un aussi mauvais Karma que le tien. » cracha-t-il avec cette mauvaiseté que je lui aurais volontiers renvoyée au visage s’il ne m’avait pas coupé la parole – un de plus – pour m’annoncer que Mani était là, à sa voiture, près de celle du sbire de ma famille et que je ne devais pas m’attendre à des retrouvailles pleines de mièvreries. Je n’eus pas besoin d’arriver à moi d’un mètre pour m’en rendre compte.

Si l’angoisse ne me bouffait pas les nerfs, si je n’étais pas encore sous le choc au point d’être empêchée de réfléchir avec cohérence, je me serais jetée dans ses bras, pour le remercier d’être là, pour lui demander de me ramener à la maison et pour le rassurer de ce que j’allais plus ou moins bien. Le problème, c’était que je n’avais que Lyla et Benjamin Hamilton en tête, si bien que mes premiers mots fussent : « Il faut qu’on aille à l’hôpital. Pas pour moi. Pour retrouver Lyla. J’avais promis à mon frère que je garderais un œil sur elle et elle s’est pris une balle. Des flics. Ouais, je sais, c’est complètement dingue, on pensait qu’ils allaient nous aider, mais non, pas du tout. Ça a dégénéré. Je te raconterai dans les détails. Absolument tout, mais s’il te plaît, emmène-moi à l’hôpital. » Le priais-je mes mains jointes. J’avais oublié qu’elles étaient maculées du sang de Benjamin d’avoir vainement tenté de faire pression sur la plaie ouverte de Benjamin, que j’en étais pleine, de la tête au pied, après qu’une mère de famille se soit fait exploser le crâne, et que d’un point de vue extérieur, ce serait bien assez angoissant pour ne qu’il ne soit pas en colère. « Ce n’est pas à moi. Je sais que ça a l’air inquiétant comme ça, mais ce n’est pas à moi. Moi, je vais bien. Je suis juste inquiète pour elle. Tu veux bien m’emmener ? » ça semblait mal parti. C’était toujours comme ça de toute façon. Il leur fallait un responsable, et nous étions toutes désignées à endosser le rôle sous prétexte que nous étions des femmes, et donc, faibles à leurs yeux, par définition. Quelle connerie.




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Manuel Herrera
Manuel Herrera
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MessageChi non risica  |R.| EmptyVen 22 Jan - 21:00

 



CHI NON RISICA, NON ROSICA

FEAT. LA DANGEREUSE


Il n’aimait pas le métier qu’elle exerçait, pour des tas de raisons, notamment cette course au scoop qui risquait de la pousser à se retrouver dans des zones dangereuses, seule. Elle ne cherchait qu’à se faire un prénom, indépendamment de son nom et de la raison pour laquelle elle avait été autorisée à rentrer au Times et il ne pouvait pas lui jeter la pierre pour ça, parce qu’elle croyait en ses rêves. Mais il était révolté par l’idée qu’elle refuse catégoriquement qu’il l’accompagne. Il se serait montré civilisé et se serait tenu à distance le temps qu’elle aurait couvert l’événement pour l’emmener au restaurant par la suite et profiter d’une soirée à deux. Au lieu de ça, elle lui fit très bien comprendre qu’elle ne voulait aucune distraction possible et, vexé, il avait décidé de la laisser entre les mains de la garde de son père et de ne pas épiloguer. Après cette conversation, il ne trouva rien de mieux que d’aller se perdre entre les bras d’une femme qui ne voyait que lui et qui trouvait qu’une simple heure en sa compagnie était presque un avant-goût du paradis. Cependant, sans demander l’autorisation à qui que ce soit, il avait mis des hommes à lui sur le coup, pour être certain qui ne lui arriverait rien. En pleine inspection dans un de ses entrepôts où il stockait des armes, il fut appelé par l’un des deux. Non, il n’avait pas vu ou entendu ce qui se passait à Times Square, pourquoi ce serait-il passé quelque chose de spécial ? Hm ? Parce que Cinzia semblait avoir une poisse phénoménale et qu’il suffisait de la lâcher des yeux pour que ça tourne mal. Il soupira, essayant d’évacuer un peu de son inquiétude de la sorte et prit la route, appelé par un Tony qui tentait de dissimuler la panique dans sa voix. Ses craintes se transformèrent en colère et elle ne fit que gonfler à mesure qu’il se rapprochait de l’endroit où elle était supposée se trouver. Il tomba sur Dante et Tony, affiliés à sa garde et quand il lui demanda où elle était, il changea de couleur, s’attendant probablement à ce qu’il brave la foule pour lui mettre la main dessus. Mais elle avait décidé de se rendre là-bas comme une grande, de jouer les reporters de chic et de choc, elle n’avait qu’à assumer et se débrouiller pour sortir de cette merde. Il n’avait eu de cesse de lui répéter qu’elle devait être entourée et protégée, pour son bien mais surtout pour la santé mentale des autres mais depuis quand méritait-il qu’on l’écoute, hein ? Ce n’était pas comme si elle avait failli se prendre une balle, mourir électrocutée ou finir en morceaux à cause d’une putain de bombe !

Le salvadorien lui jeta un regard noir quand Tony et elle s’extirpèrent enfin de la masse de gens. S’il aurait pu trouver une bonne raison de redescendre, elle lui en ôta toute l’envie en ne lui présentant par la moindre excuse mais en s’inquiétant d’une espèce de connard et de sa chère Lyla. Son œil tressaillit et sa mâchoire se crispa, il la poussa dans la voiture, trouva le moyen d’être encore plus en colère entre le moment où il referma sa portière et le moment où il grimpa derrière le volant. Il lui prit ses mains pour les examiner en les voyant pleines de sang et les laissa retomber en constatant qu’elles étaient légèrement brûlées. Rien qui ne puisse être soigné par Maria, au dispensaire, il démarra, sans dégoiser le moindre mot tandis qu’elle revenait à la charge et qu’il serrait le volant au point d’en avoir les jointures blanches. « Elle peut bien aller se faire foutre et claquer, et ton nouveau mec avec ! Je te préviens que si tu prononces encore le moindre mot à leur sujet, je te balance de ma bagnole ! J‘espère que toute cette merde t’aura servie de leçon ! Il est hors de question… » Il agrippa son menton pour l’obliger à le regarder. « Regarde-moi quand je te parle ! Il est ABSOLUMENT hors de question que tu te retrouves où que ce soit toute seule ! Est-ce que je suis clair ? Toi et tes idées à la con ! Tu n’écoutes jamais rien, tu ne vois pas le danger et ça part en couille en moins de deux minutes ! Je ne suis même pas étonné que Lyla soit dans le coup. C’est un putain d’aimant à emmerdes, chaque fois que vous êtes ensemble, CHAQUE PUTAIN DE FOIS, il faut qu’on vienne vous ramasser dans des états pas possibles ! Vous êtes la pire chose qui soit arrivée l’une à l’autre ! » tonna-t-il, les dents serrées et l’air des mauvais jours. Son anglais lui échappa et il se mit à psalmodier des reproches dans sa langue maternelle, se disant que ce n’était pas plus mal qu’elle ne comprenne pas vu le tableau qu’il faisait de sa meilleure amie et de cette influence qu’elle avait sur elle. Cette connasse de mexicaine allait finir par la faire tuer si elle continuait. « C’est toujours comme ça quand les femmes se bornent à travailler, quand elles veulent faire comme si elles pouvaient faire face à n’importe quelle situation, comme des hommes mais qu’elles se trompent lourdement. Comme si je n’avais pas assez de trucs à gérer en temps normal, sans avoir à venir te chercher à un putain de cérémonial débile parce qu’un connard a cru bon de poser une bombe ! Tu nous donnes à tous du boulot en plus, tu ne peux pas te contenter du minimum syndical, non ? » reprit-il dans un langage compréhensible par sa fiancée qui semblait au bout du rouleau. La culpabilité, probablement.

 




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Cinzia Herrera
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MessageChi non risica  |R.| EmptySam 30 Jan - 23:29

 



CHI NON RISICA, NON ROSICA

FEAT. MACHO MAN



Il n’empruntait pas la bonne direction. Non. Balancée dans sa voiture sans grande délicatesse et examinée presque de la tête au pied sans que je n’oppose aucune résistance, je m’étais attendue à ce qu’il suive le chemin qui rassurerait mes angoisses. Mais non ! Mani, visiblement en colère, ne prétendait pas m’accompagner à l’hôpital, que je puisse dormir tranquille, car ma meilleure amie se portait bien et que Benjamin ne mourrait pas d’une embolie pulmonaire, conséquence d'une opération en urgence. Certes, j’extrapolais. La balle était peut-être ressortie. Je ne l’avais pas déshabillé pour vérifier. Nous n’étions pas assez proche pour ça. Mais, j’étais incapable de ne pas m’inquiéter de son sort et de celui de Lyla. « Ce n’est pas le bon chemin. C’est par là l’hôpital. Mani. C’est par là. » répétais-je sans doute une fois trop. Lui, anormalement silencieux jusqu’ici, m’assaillit de nouvelles preuves de sa jalousie totalement déplacée. J’en avais eu un vague aperçu dans son bureau à l'heure de nos fiançailles officieuses. Ce soir, elle se précisait alors qu’il emprisonnait mon menton entre ses doigts. « Oh, mais je te regarde. Je ne regarde que toi. Encore plus quand tu es fâché comme ça. Tu es encore plus beau. » tentais-je d’abord par l’humour, ce qui n’eut pas du tout l’effet escompté. Au contraire. Sa colère semblait s’être décuplée. « Mais, ça m’arrangerait si tu pouvais regarder la route. Je n’ai pas envie d’avoir un accident de voiture ce soir. » Il n’avait plus le verbe haut, il vociférait.

« Ne crie pas s’il te plaît. Je n’ai entendu que ça pendant des heures. Des gens qui criaient. Je n’ai semé personne. J’ai été emportée par la foule. Je n’ai pas compris. C’était censé être un événement familial. Le genre de trucs chiants qui ravit les mamys et les enfants. Je n’ai pas voulu venir ici pour m’amuser. Je n’en avais rien à foutre de voir le même sapin s’allumer tous les ans et de voir les mêmes gens s’extasier, la bouche en cœur. J’aurais largement préféré être ailleurs. Ça n’avait rien de dangereux à la base. Comment tu voulais que je puisse deviner que ce sapin prendrait feu ? Comment ? » Je n’étais pas certaine qu’il m’écouterait en intégralité, mais je pourrais au moins me vanter d’avoir essayé de le raisonner, tant sur les circonstances, que sur sa jalousie envers Lyla. « Et, c’est injuste ce que tu dis. La rencontrer, ça a été la meilleure chose qui me soit arrivée. Même pour toi. Tu ne t’en rends pas compte, mais c’est vrai. » Je hochai de la tête avec détermination. Je refusais de me laisser intimider par cette colère brillant au fond de ses pupilles. J’avais le sentiment que c’était tout mon avenir que je jouais dans cette voiture. Si je m’inclinais, il serait persuadé que danser comme il chante sera ma dernière alternative. « Sans elle, on ne se serait jamais rencontré, ou du moins, pas de cette façon. Tu m’aurais vu chez mes parents, ce qui aurait largement compliqué la situation. Tu vois de quoi je parle, je suppose. » m’enquis-je par la suite dans une ultime tentative d’apaiser les tensions.

Rien n’était plus stupide de ma part que d’imaginer qu’il serait en mesure d’écouter simplement. Je savais pourtant qu’en général, les hommes, principalement lorsqu’ils sont courroucés, sont incapables d’oublier leur mauvaise foi. Moi, j’avais cependant besoin d’autres choses. J’avais vu une mère privée de son enfant tragiquement se tirer une balle dans le crâne. J’avais beau être peu impressionnable, il me faudrait tout de même un peu de temps pour me défaire de cette image inattendue. Et lui ? Au lieu de me rassurer en me conduisant dans ce putain d’hôpital, il me servait une diatribe datant des années cinquante sur le travail des femmes. J’en aurais ri s’il n’avait pas l’air si sérieux. Je ne parvenais même pas à envisager qu’il puisse réagir à chaud parce qu’il s’était inquiété lui aussi. « Ah, parce que tu aurais fait mieux que moi ce soir peut-être. Et bien, vas-y, je t’écoute, qu’est-ce que tu aurais fait à ma place ?» m’insurgeais-je les bras croisés et sans quitter son regard un seul instant. Il m’agaçait quand il jouait aux hommes de Cro-Magnon. Plus encore lorsqu'il me prétendait incapable ou source d’ennuis « C’est dégueulasse de me dire un truc pareil. J’ai juste essayé de faire mon boulot et c’est mon droit le plus strict. Fallait pas venir si tu t’en avais pas envie. Je ne t’ai rien demandé moi. »

L’émotion qui accompagne ma traumatisante expérience s’exprimait en trémolo dans ma voix, mais je ne pleurai pas. Je me maîtrisai du mieux que je pouvais par vanité sans doute. « Je ne t’ai même pas appelé et crois-moi, vu ton humeur, je regrette que quelqu’un l’ait fait pour moi. C’est qui d’ailleurs, que je ne le remercie pas ? Sérieusement, tu crois que j’avais besoin de ça ce soir ? J’étais contente quand on m’a dit que tu étais venu me récupérer, mais tu aurais mieux fait de t’abstenir. » Je ramassai mon sac que j’avais déposé à mes pieds un peu plus tôt. Je resserrai les pans de mon manteau. J’étais vexée comme un pou, triste également. J’avais vécu une soirée de merde. Je l’aurais volontiers passé en sa compagnie. Il me la pourrissait encore plus de ces accusations détestables. « Je pensais que tu serais content que je sois en bonne santé, mais non, il aurait peut-être mieux valu que je sois blessée. Peut-être que tu m’aurais demandé ce qui m’est arrivé exactement. Mais, ce n’est pas grave. Ça ne t’intéresse pas visiblement. Tu avais mieux à faire. Alors, tu sais quoi ? Tu peux t’arrêter là si je suis un fardeau. Je n’ai pas besoin d’être un homme pour retrouver mon chemin jusqu’à l’hôpital. » crachais-je alors que je sentais les larmes me monter doucement aux yeux.  







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Manuel Herrera
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MessageChi non risica  |R.| EmptyLun 1 Fév - 23:00

 



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FEAT. LA DANGEREUSE


« Ne te fous pas de ma gueule, Cinzia ! » l’avertit-il en grondant plus qu’il ne haussa le ton. Aucun de ses hommes ne se serait jamais permis de lui répondre et encore moins de le regarder dans les yeux alors qu’il tempêtait de cette façon. Dans ces moments-là, tout le monde se faisait le plus petit possible en espérant qu’il ne les verrait pas et oublierait jusqu’à leur existence, mais ça ne fonctionnait qu’un temps et puis il tombait sur le coupable et ça faisait mal, très mal. Sa chance à elle c’était que la dernière chose au monde qu’il désirait c’était la blesser et c’était justement parce que d’autres s’en étaient pris à elle qu’il était en rage. On ne touchait pas à sa femme, on ne devait s’en approcher sous aucun prétexte et encore moins envisager de l’effleurer ou bien il devenait fou, autant par jalousie que par désir de la préserver de tout le mal qu’il y avait dans ce monde. C’était un désir sincère et naïf parce qu’il était la pire chose au monde qui puisse lui arriver, loin devant un attentat à Times Square. « Tu aurais dû ! J’aurais pu le prédire parce que Lyla était à proximité et que sa putain de malchance finit toujours par déclencher l’apocalypse ! Tu n’écoutes jamais rien, toute cette foule, tous ces gens massés ensemble quelque part, c’était joué d’avance que ça se terminerait mal mais non, il fallait que tu y sois, pour écrire un papier à la con sur un arbre de merde qu’on couvre de guirlandes à la con ! » Il était sur le point d’enchaîner sur le fait que son boulot de merde était une véritable plaie et qu’il pourrait envisager de rompre leurs fiançailles si elle ne levait pas le pied. Après tout, avec un peu de chantage, il obtiendrait sans doute qu’elle arrête de travailler avant qu’ils ne soient mariés. Mais il n’eut pas le temps de s’exprimer qu’elle trouva le moyen de le vexer. Il se renfrogna, essayant de ne pas exploser et de ne pas laisser ses mots traduire exactement sa pensée concernant la Mexicaine, ne serait-ce que par respect pour son ami et presque frère. Puis il entrevit son visage empreint d’une sincérité qui l’étouffa presque de sa jalousie et ce fut le début de la fin. « J’en doute pas, t’as qu’à te marier avec elle aussi, t’as qu’à lui proposer de vivre ensemble et puis dormir dans le même lit qu’elle. C’est pas comme si tu me donnais l’impression d’être une merde à côté d’elle et de tout ce qu’elle fait pour toi, au point où tu en es de toute façon ! Elle sera la meilleure chose du monde quand elle aura réussi à crever de toute cette merde qu’elle brasse et qu’elle dégagera de ma route pour de bon ! Ce qui ne devrait plus tarder ! Elle a le malin en elle et je suis sûre que c’est comme ça qu’elle t’a eue et qu’elle a fini par coincer ton frère ! Mais écoute bien ce que je te dis, si tu prononces encore une fois son prénom Cinzia, une putain de fois, je jure sur les yeux de la plus jeune de mes sœurs que je te bâillonne moi-même ! »

Malheureusement, elle insista et il s’arrêta là, ivre de colère, il descendit de voiture et après avoir fait les cent pas dans le froid en espérant que ça le calmerait, il ne trouva rien de mieux que de taper dans le premier poteau électrique qui tomba à sa portée. Dieu soit loué, il ne verrait pas la Canjura ce soir ou il lui aurait refait le portrait. Les mains en sang et la mine renfrognée, il remonta dans la voiture sans un mot et redémarra. Ce soir, quand il se pointerait au Gato Negro et qu’il ferait l’inventaire, certains allaient en prendre pour leur grade. Cette nuit serait longue pour tous les plus proches collaborateurs de Manuel Herrera. « J’aurais commencé par obéir et écouter les hommes de ma famille, comme toute femme intelligente qui se respecte ! » cracha-t-il alors que sa conduite était plus brusque et qu’il s’évertuait à tenter de trouver un joint dans ses poches. « MAIS PUTAIN TU T’ATTENDAIS A QUOI ? JE T’AVAIS DIT DE NE PAS Y ALLER ! JE TE L’AVAIS DIIIIIIIIIT ! » vociféra-t-il, faisant trembler la voiture toute entière et sans doute elle aussi. Son regard était ombrageux et il ne se ressemblait presque plus. « Tu as de la chance que j’ai dit à ton père que je te ramenais à lui, TU AS VRAIMENT DE LA CHANCE ! Sinon je t’aurais larguée là, t’aurais eu qu’à demander à Lyla de venir te récupérer ou à un pauvre con de mec à ta botte de le faire ! Parce que c’est ça que tu veux, hein ? Comme elle et ce qu'elle essaie de faire avec tous les types qu'elle s'envoie ! Un connard qui te dit Amen tout le temps, que ce soit toi qui portes la culotte ! Ne compte pas sur moi pour ça ! A partir de maintenant, tu feras ce que je te dis de faire et tu iras où je te dis d’aller ou alors je prendrais les mesures qui s’imposent ! Est-ce que tu as compris ? JE NE T’ENTENDS PAS ? TU AS COMPRIS ? » Il le savait, il aurait dû la réconforter mais il s’était laissé dépasser par la force de son antipathie pour Lyla et sa possessivité avait fait le reste. Entre ça et son besoin de toujours tout contrôler pour ne jamais être surpris, elle venait de tout piétiner en une soirée et ça le rendait malade. Le simple fait d’imaginer ce qui aurait pu se produire lui donnait envie de faire un massacre. « Plus personne n’a envie d’entendre ton opinion ce soir ! On a bien vu où tes décisions te menaient ! » Puis ce fut le silence radio dans la voiture. Il mit enfin la main sur un joint déjà roulé qu’il plaça entre ses lèvres et qu’il alluma, la main tremblante à cause des nerfs. Il tira dessus comme un porc et se sentit un peu plus détendu alors que la route défilait dans un silence de mort. Quand la colère se dissipa un peu, il sentit la culpabilité s’installer et il ne comprit pas ce que c’était, il n’avait jamais ressenti ce genre de chose avant. Il savait juste qu’il ne voulait pas que ce soit elle qui annule leur engagement parce qu’il avait été trop loin. Il l’observa du coin de l’œil et la voir pleurer accentua cette sensation d’avoir fait une connerie. Il hésita un moment et finit par poser sa main sur sa cuisse. « Bébé… J’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose de grave, je suis devenu fou et il n’arrivait pas à te trouver… S’il t’était arrivé malheur, je n’aurais pas su quoi faire. Ce n’est pas contre toi que je suis en colère, c’est contre la situation. Ne pleure pas, s’il-te-plaît... »

 
 




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Cinzia Herrera
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FEAT. MACHO MAN & LA DANGEREUSE



Cette conversation, elle me paraissait complètement irréelle et je dus me retenir pour ne pas lever les yeux au ciel avec insolence. Ce n’était pas le moment cependant. Il fulminait. Tout en lui trahissait sa colère et elle fut bientôt contagieuse. Comment pouvait-il prétendre que Lyla était à l’origine de cette catastrophe qui avait frappé New York ce soir ? Lui-même n’aurait pu le présager, dans le cas contraire, il n’aurait jamais toléré que je m’y rende. Il ne se serait pas contenté de manifester son désaccord, il m’y aurait tout bonnement empêchée et j’aurais eu beau taper du pied, m’insurger, argumenter, rien n’y aurait fait. Je serais restée chez moi. En fait, il me donnait l’impression de se chercher des excuses pour me pourrir et passer ses nerfs. Sauf que je n’étais pas son punching-ball. Je pouvais l’écouter, prendre sur mes épaules le poids de ses émotions, mais si son seul but était de s’amuser à provoquer une querelle sans queue ni tête, je serais aux abonnés absents. Je luttai fermement contre l’envie de me défendre. J’étais trop fatiguée pour me battre avec lui. Je ne rêvais que d’une bonne douche et de mon lit. Dormir pour oublier toute cette mésaventure. S’il ne voulait pas entendre que ma complicité avec Lyla le servait davantage que le contraire, je ne pouvais plus rien faire pour lui. Si, en prime, il s’en vexait, il ne me restait plus qu’à m’enfoncer dans un profond silence pour ne pas aggraver la situation. Du moins, essayais-je. Toutes ces accusations réveillaient en moi une colère sourde contre cette injustice sans nom. Plus tard, quand je redescendrai, je veillerai à éteindre sa jalousie envers ma meilleure amie parce qu’elle gangrénerait. Sur le moment, j’en étais tout bonnement incapable. « Arrête !  Arrête, tu m’entends ? Comment est-ce que tu peux dire des trucs pareils ? Est-ce que tu penses au mal que ça me ferait s’il lui arrivait quelque chose ? Elle s’est pris une balle dans le corps. Ce n’est pas rien, Mani. Mon amitié pour elle n’a strictement rien à voir avec toi. Ce n’est pas comparable. » lui opposais-je en tentant de demeurer la plus calme possible tandis qu’il venait de me menacer sérieusement de me réduire momentanément au silence si j’en rajoutais. Je me souviens m’être estimée heureuse qu’il quitte la voiture pour se détendre avant que la situation ne s’aggrave. J’étais par ailleurs convaincue qu’une fois de retour, cet incendie s’éteindrait de lui-même. Naïve enfant. Il surenchérit et j’en soupirai de lassitude alors qu’il tempêtait des blâmes sans queue ni tête.

Désormais, il n’était plus question que je reste avec lui une minute de plus. Pour que faire ? Lui permettre de me blesser avec ces discours sexistes d’homme de Cro-Magnon ? Il pouvait bien aller se faire foutre. Tout ce qu’il gagnerait, en me traitant comme une écervelée incapable de jauger de ses limites et de respecter la place de chacun dans un couple, c’était attiser en moi les braises de la rébellion. Certes, je manquais d’expérience en matière de relation amoureuse. J’étais en apprentissage. Mais, je n’étais pas stupide. Manuel n’avait rien de l’homme-objet qu’on façonne à sa guise. J’estimais simplement être en droit de mener me propres combats à côté de ceux que nous remporterions ensemble. Pensait-il tout ce ramassis de conneries ? Quel avenir me réservait-il ? Loin de moi l’idée de remettre en question une décision prise avec le cœur. Je ne lui renverrais pas sa bague au visage. Pas ce soir. Pas pour des bêtises. Je ne voulais pas ressembler à ma mère cependant. La petite vie de femme au foyer, très peu pour moi. Je n’avais pas étudié pour vivre exclusivement à la botte d’un type. S’il considérait qu’en tant que représentante du beau sexe, j’avais juste à fermer ma gueule et à hocher misérablement de la tête à chaque fois qu’il ordonnait, nous allions au-devant d’une relation de couple qui s’annonçait compliquée. Prions pour que ses mots dépassent sa pensée. « Oh oui ! J’ai bien compris, oui… mais… » Je n’eus pas le temps de lui raconter qu’entre saisir et accepter, la différence était énorme. Il me coupa le sifflet d’une remarque acerbe qui me donnait l’impression d’être de celle à qui il imposerait d’être jolie et sans réfléchir. Entre cette image qu’il me renvoyait de moi-même, l’inquiétude pour mon amie et le choc émotionnel qui me rattrapait tout doucement, je finis par craquer. Mani m’avait séduite d’un sourire. Mais là, dans sa voiture, je le détestais d’être aussi mauvais pour des raisons qui m’échappaient complètement. Je m’enfermai dans un silence presque solennel. Ma seule obsession, c’était de ne surtout pas laisser ma frustration s’exprimer. Je la réprimai en me mordant l’intérieur des joues, en évitant de le regarder,, droite comme un I et sans jamais décrocher mes yeux de la route. Bien sûr, je pouvais sentir les siens sur moi de temps à autre, mais je luttais pour l’ignorer jusqu’à ce qu’il m’ait enfin déposé sur le domaine, songeant déjà à la façon dont je descendrais calmement en le saluant d’un merci par pure politesse.

D’après moi, le mieux, c’était l’indifférence provisoire, le temps de réfléchir pour ensuite en rediscuter plus posément quand nous serions moins tendus. Lui, en revanche, alors qu’il m’en avait foutu plein la figure pour pas un rond, il sembla soudainement estimé que l’heure était à la réconciliation. Cette main, qui pressa ma cuisse, elle n’aurait pu m’irriter davantage. Je l’ôtai brusquement en lui jetant un regard noir. Dans le sien, je crus reconnaître de la compassion pour ma sensibilité et je vis rouge. «En colère contre la situation ? Dis-moi que tu es pas sérieux ? » protestais-je en lui balançait mon cellulaire au visage, mon stylo-bille et puis mon sac tout entier. Loin d’être calmée, mais à court de projectiles, je frappai mon poing dans son bras avec une telle violence que je parvins à me faire mal. Je secouai les doigts, mais je n’abandonnai pas pour autant. « Tu as souhaité que Lyla meurt, tu ne veux pas que m’emmener là-bas pour savoir si elle va bien .Tu l’accuses de tous les maux de la Terre avant de prétendre que c’est moi qui suis surtout trop conne pour ce que je fais… ou pour prendre des décisions toute seule. Tout ça sans me demander comment j’allais et tu es en colère contre la situation ? Mais est-ce que tu t’entends parler parfois ? » conclus-je par un sanglot qui trahissait mon ire plus que ma peine. L’injustice ne m’attristait, mais elle me mettait hors de moi. J’aurais volontiers reconnu, cependant, qu’il y avait quelque chose de pathétique à me défendre avec des coups plutôt qu’avec les mots. Le problème venait de lui. Il n’entendait uniquement que ce qui était sujet à l’intéresser ou qui allait dans son sens. Cogner, ça me fit du bien, même si c’était tout aussi  inutile que le restes. « C’est ça qui est grave. Ce qui arrive là. Tu n’as même pas confiance en mon jugement ou en ce que je fais. Pour quoi nous fiancer alors ? Dis-moi ? Je suis curieuse de savoir ce qui t’a tellement plu ? Tu m’as trouvé l’air plus idiot que les autres ? C’est ça ? Tu t’es dit que tu pourrais me hurler dessus sans que je moufte ? C’est ça qui te branche ? Parce que je te préviens, ce sera sans moi. »  Si je le pensais ? Pas tout à fait. Chacun son excessivité cependant. Il ne pourrait pas dire que je ne l’avais pas prévu.

 
 




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Manuel Herrera
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MessageChi non risica  |R.| EmptyJeu 11 Fév - 12:21

 



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Voilà qu’elle se mettait à lui donner des ordres maintenant ?! Si c’était sa façon bien à elle de l’inviter au calme, c’était une méthode de merde. Dans ces moments-là, il ne supportait aucun affront à son autorité et on en venait rapidement à commettre un impair, parce qu’il était d’une susceptibilité telle qu’un simple regard pouvait mettre le feu aux poudres. Il se fichait bien de savoir ce que provoquerait la mort de Lyla, il avait tout bonnement envie qu’elle disparaisse de son quotidien, d’une façon ou d’une autre et il aurait probablement trouvé le moyen de s’en occuper lui-même si elle n’était pas si proche d’un de ses meilleurs hommes et si elle ne sortait pas avec son frère d’une autre mère. Cette salope avait une chance de cocue d’être si bien entourée. Il ne comprenait pas comment et pourquoi elle suscitait autant de sympathie chez les autres, sans doute parce qu’ils ne voyaient pas qui elle était vraiment. Elle avait beau faire des simagrées et prendre ses airs de sauveuse de l’humanité, ce qui se cachait derrière quand on grattait un peu n’était pas aussi reluisant. C’était une emmerdeuse de première catégorie, une fille désespérée qui entraînait tous ses proches dans sa spirale de négativité et d’emmerdes. Jusqu’à présent, il ne s’en préoccupait pas parce qu’il s’en fichait royalement mais depuis qu’elle était devenue un obstacle entre lui et Cinzia, il se demandait s’il ne devait pas agir, de façon drastique peut-être, mais salutaire pour tous. Il ne faisait pas un pli que Luciano se trouverait une femme bien plus intéressante et à sa mesure, rien qu’en prenant la peine de chercher un peu. Il lui rendrait service en la mettant hors-jeu. Il aurait de la peine les premiers jours et se dirait finalement qu’il s’agissait de la meilleure chose qui ne lui soit jamais arrivée. Quant à Muñez, il se dirait que sa sœur avait encore fait des siennes et que quelqu’un de plus fort lui était tombé dessus avant qu’il n’ait pu intervenir mais tout le monde s’en remettrait, ça ne faisait aucun doute. Il était trop courroucé pour penser correctement, sinon il aurait réalisé que si on le privait de Cinzia, il cherchait à découvrir le pourquoi du comment et partirait en croisade jusqu’à ce que vengeance soit faite. Quand il se serait un peu apaisé, il prendrait la mesure de la folie que représentait ce genre de projets basés sur de la jalousie pure et sur rien d’objectif et de factuel. Néanmoins, tout ce qui pouvait sortir de la bouche de Cinzia à ce propos était pris avec des pincettes et il ne répliqua rien, sachant que ce ne serait que fiel.

Son but n’avait jamais été de lui faire de la peine et de la voir se mettre à pleurer, il préférait son sourire et ses crises de rire incontrôlables mais elle avait encore joué avec sa patience. Et s’il pouvait être une personne adorable, il y avait des limites à ne pas dépasser. Le problème venait de ce qu’il se sentait obligé de la laisser faire pour ne pas entraver les projets de son père tant qu’ils n’étaient pas mariés et la frustration que ça créait. Sa place n’était pas dans cette tour à rédiger des articles, quand elle ne courait pas dans les rues de la ville, se retrouvant dans des endroits dangereux, tout ça pour faire les choux gras de canards de merde. Ce n’était pas tant de sa faute que de celle des autres et de ce que chacun voulait qu’elle exécute pour son compte. Les choses étaient pourtant claires et simples, dès qu’elle serait sa femme, il ne serait plus question qu’elle foute les pieds là-bas, tout un tas de petites choses allaient changer, pour éviter qu’il ne fasse une attaque à trente ans à peine et parce qu’il avait besoin de se sécuriser, lui aussi. La confiance qu’il avait en la gent féminine était somme toute modérée. Un peu plus calme, il tenta une approche qui se solda par un retour de flamme à base d’objets qu’un sac de bonne femme pouvait contenir et de coups de poings qui lui firent mal mais il fit mine de rien. Quel homme digne de ce nom laissait paraître sa douleur après un coup reçu par une gonzesse ? Il en allait de sa virilité et en l’occurrence, elle était salement mise à mal ! « Bien sûr que tu vas bien, je le vois ! Ça va, faut toujours que tu exagères tout aussi ! J’ai simplement dit franchement ce que tout le monde pense ! » Il n’était pas question qu’il revienne sur ses paroles, ce serait reculer face à elle et lui vivant, ça n’arriverait jamais. Il pouvait lui céder tout ce qu’elle voulait mais il y avait des choses qu’elle devait rapidement se rentrer dans le crâne, comme le fait qu’il restait le seul à avoir le dernier mot sur tout ce qui les concernait et la concernait. Mais valait peut-être mieux la laisser découvrir ce petit plaisir après leurs noces. « C’est bon ? T’as fini ? » lâcha-t-il quand elle se tut enfin. « Je n’ai jamais dit que je te trouvais stupide, sinon tu ne serais pas là et je t’aurais jamais demandé en mariage ! J’ai simplement affirmé que tu étais inconséquente dès que ça concernait ta meilleure amie et ton boulot. C’est moi que tu prends pour un idiot si tu prétends le contraire. » Il arrêta la voiture sur le bas-côté, veillant à laisser les portes verrouillés ou bien il n’était pas certain de pouvoir rester aussi calme. « Ce qui me branche c’est d’avoir une fiancée en vie, si le fait que je m’inquiète pour toi te dérange, tu n’as qu’à rompre les fiançailles, Cinzia. T’as toutes les cartes en mains ! Toi et ta copine, vous pensez avoir une assez grosse paire de couilles pour vous débrouiller toute seule, tout ce que je constate c’est qu’à chaque fois, un de tes frères, Muñez ou moi, on doit venir pour vous sortir de la merde. C’est pas un reproche, je pense simplement qu’il faudrait lever le pied et arrêter de croire que nous sommes des connards parce qu’on veille sur vous. » Il avait dit tout ça avec un calme qui tranchait avec son accès de colère. Il ne comptait pas se battre avec elle, seulement qu’elle reconnaisse qu’elle avait besoin de lui, plus que de Lyla et la paix serait de retour. « Tu me rends ma bague ou on fait la paix ? Ou bien tu me la rends, on fait la paix et je l'offre une nouvelle fois. Parce que je ne trouverais pas d’autre chieuse à qui l’offrir et je n’ai pas non plus envie de chercher. J’ai la mienne, que j’adore même si elle passe son temps à se mettre en danger. » dit-il en haussant un sourcil, avec un sourire en coin.


***


En effet, ils avaient dû trouver une autre façon de se voir mais elle passait beaucoup moins de temps au journal et plus chez elle, à travailler. Mais ça ne lui convenait toujours pas. Même si ça pouvait sonner de façon abominable, la mort de son frère était une bénédiction, elle ne foutait plus les pieds à son boulot et ça lui laissait la possibilité de lui montrer tout le champ des possibles si elle optait pour la meilleure option, celle qui consistait à travailler avec lui. Le temps était ce qui lui manquait le plus mais il trouva tout de même un petit créneau pour passer la chercher un soir et l’emmener dans un appartement que seuls les affiliés connaissaient. Jandro était déjà là, vérifiant que personne ne se servait et que les comptes étaient bons. Il n’y avait plus eu de rébellion depuis un paquet de temps, il y avait tellement plus de pognon à se faire en jouant selon les règles qu’en essayant de voler dans la caisse. « Jandro surveille ici tandis que les petites mains comptent. La comptabilité me mange beaucoup de mon temps, presque autant que l’import de mes marchandises, je suis obligé de déléguer et je manque de personnes de confiance. Je ne pense pas que les chiffres soient aussi fun que ce que je pourrais te proposer. » Il lui attrapa la main, salua son cousin pour sortir, il avait seulement voulu montrer qu’il faisait un pas vers elle, qu’il avait en elle une confiance presque aveugle et que si elle acceptait de lui donner la main, ce serait le jackpot pour elle. Une fois dans son bureau, au Gato Negro, il lui mit un livret noir sorti d’un double fond de son bureau. « Ce sont les comptes qu’il faut tenir, les vrais. Je n’ai ce livret que rarement ici, il change toujours de place. Mais celui qui nous intéresse, c’est celui-là. » Il était plus grand et d’une teinte lie de vin. Il l’ouvrit et la laissa déplier une immense carte avec des croix. « Ce sont nos zones d’approvisionnement en Amérique latine, j’ai besoin de bonnes idées pour acheminer tout ça au-delà de la frontière. Mes partenaires se font vieux et manquent d’imagination. Je sais que tu adores ton travail mais j’ai besoin de toi, avec moi, pour palier à mon manque de personnes de confiance et pour m’aider à gérer une partie du business. J’aimerais pouvoir en parler librement avec toi mais pour ça, faudrait que tu saches précisément de quoi il en retourne et tant que ton boulot te bouffera tout ton temps, ce ne sera pas possible. »  
 




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Cinzia Herrera
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MessageChi non risica  |R.| EmptySam 20 Fév - 14:27

 



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Oui ! Au premier regard, et si on s’attardait uniquement sur l’aspect physique, j’allais bien. Mes mains étaient légèrement douloureuses, mais rien d’insurmontable. Je respirais et c’était visiblement tout ce qui comptait pour Manuel. L’émotionnel n’avait aucune espèce d’importance pour lui, sauf celui qui l’atteignait directement. Il s’était inquiété. OK. J’avais toutefois failli crever par deux fois – peut-être plus. J’avais vu une femme se faire exploser la cervelle sous mes yeux. Elle m’avait arrosé de sang. Mais, ça, ça ne l’arrêtait. Il préférait m’accabler de reproches jusqu’à provoquer en moi une réaction excessive qui aurait pu être bien pire. Le frapper en plein visage me démangeait J’ignorais encore comment j’étais parvenue à maîtriser la colère mue par son injustice. Je devais sans doute l’aimer un peu trop, un peu trop intensément, un peu trop sincèrement. Je n’arrivais jamais à lui en vouloir bien longtemps. Il était hors de question que je rompe nos fiançailles à cause de broutilles partant de bon sentiment. Son anxiété aurait pu être touchante s’il m’avait donné l’opportunité de le rassurer. A moins, bien entendu, qu’il m’ait ouvert la porte pour le faire, mais que je fus incapable de la pousser par la faute de ses discours de macho de base. Dans l’absolu, il ne m’étonnait pas vraiment. Il ressemblait mot pour mot à celui que tenaient régulièrement les membres de ma famille. Une part de moi l’appréciait aussi. Je détestais l’admettre, mais il ne rencontrait aucune difficulté à me cadrer, ce qui, d’une certaine manière, me convenait plutôt pas mal. Il n’avait pas peur de mes frères. Il ne craignait pas non plus mes sautes d’humeur. En conclusion, mes chances pour le bouffer s’amenuisaient et cette force qu’il dégageait me rassurait finalement. Je pourrais toujours me fier à lui. J’en avais la certitude. Bien entendu, je me radoucis. Je ne rageais plus, je boudais, comme une gamine. Je finis par lui sourire, en admettant que jamais je ne lui remettrais cette bague. J’optai pour la paix, laissant derrière moi cette petite bagarre plus utile que je ne l’aurais cru. Lorsqu’il me ramena chez moi, je me posai une question : est-ce que ce boulot en valait la peine ? Qu’est-ce qui était important pour moi ? Lui ? Ma carrière ? A mon niveau, c’était encore un peu flou. Manuel, en revanche, il semblait avoir une idée très précise de ce qu’il imaginait pour moi et le journaliste n’entrait pas vraiment en ligne de compte. Je m’en doutai quand il m’emmena dans ces endroits secrets où les billets étaient comptés et rassemblés en liasse. Je saisis la mesure de cette balade une fois dans son bureau tandis qu’il glissait entre mes doigts des calepins et des cartes qu’il commentait. Jamais je n’aurais cru qu’il envisagerait de me mêler à ses affaires de cette manière-là. Perplexe, je ne sus quoi répondre avant de choisir la sincérité. Je le remerciai pour ce privilège, mais je lui affirmai également que je ne souhaitais pas me précipiter, que j’avais besoin d’y voir clair et d'évaluer toutes les possibilités pour ne froisser personne. Il eut l’air de comprendre, même si j’aurais juré que sa mâchoire s’était contractée sous l’effet de la contrariété.

C’était triste à dire et à admettre : la mort de mon frère m’aida à la prendre, cette décision. Elle était par ailleurs irrévocable. Je n’attendais plus que le feu vert de Manuel pour en toucher un mot mon père, à moins qu’il estime plus intelligent de le faire lui-même. Toutefois, comme il n’était pas envisageable que je puisse faire machine arrière, je me jetai dans le grand bain de la soirée du Times pleine d’assurance. Je n’avais aucun adieu à prononcer, si ce n'est à mon patrion par le biais d'une lettre de démission remise en main propre, mais sous bonne garde. Ce n’était pas très respectueux, mais je n’avais nullement envie de rempiler mes activités aux Times et de me retrouver seule dans son bureau. Je n’avais rien oublié de ses regards lubriques et, si je les supportais, je ne n'ignorais pas les conséquences qu’ils pourraient avoir sur Mani. Je pouvais apaiser bon nombre de ses humeurs. Je ne savais pas toujours comment je m’y prenais, mais la plupart du temps, ça fonctionnait, mais sa jalousie, elle était particulièrement compliquée à gérer. Pour éviter les catastrophes, je l’invitai à choisir avec moi la tenue qui conviendrait le mieux pour ce genre de cérémonial. Inutile d’en rajouter une couche en m’y pointant dans une robe trop suggestive au goût de Manuel. J’aurais déjà bien assez à faire avec l’angoisse qui me pesait lourdement sur mon estomac. Je n’avais plus vu mes collègues depuis l’accident. Face à leur oeillades insistantes où se mélangeait délectation et fausse compassion dès qu’elles nous aperçurent dans la foule, je me demandai si, finalement, venir jusqu’ici était une si bonne idée que ça. Quand on sait que certaines n’hésitèrent pas à inonder ma boîte vocale pour recueillir mes impressions et ainsi nourrir un papier, j’avais de quoi m’interroger sur le bien-fondé de l’amitié construite avec certaines d’entre elles. « C’était une idée à la con encore. On aurait mieux fait de ne pas venir » lançais-je à Manuel tandis que nous nous mêlions à l'assemblée et qu’on nous offrait deux coupes de champagne. « On le trouve, je lui remets ma lettre de démission et puis on va ailleurs. Ou tu voudras, mais loin. » Loin de cette pétasse de Becky accompagnée par ses fidèles alliées, s’avançait déjà vers nous, l’œil rempli d’un intérêt malsain tout dirigé pour Mani. Moi, on me noyait d’autres, à mon propos de mon retour, de mon état de santé, de mes humeurs et de mon deuil. Lui, il était assommé de questions à propos de ces actions positives sur le Bronx. Nos fiançailles les avaient sans doute motivés à s’interroger sur son identité. Quant à son amante d’un soir, elle ne pouvait s’empêcher de le toucher dès qu’elle lui parlait.

Envoyant paître la horde de curieux sans leur répondre, je fis mine de trébucher, renversant mon verre plein sur la magnifique robe de la détestée, jubilant un peu moins quand les mains qui me rattrapèrent n’étaient pas celles de Mani, mais de mon boss. J’aurais juré qu’il pressa ma taille pour favoriser un contact particulièrement dérangeant et, ne cédant pas à l’effarement, je le repoussai le plus respectueusement possible. « Tu as déjà trop bu ? » plaisanta-t-il en se penchant sur moi. Était-il devenu complètement fou ? N’avait-il pas compris le message plutôt direct de mon fiancé. « Je suis content que tu sois venue te joindre à nous. Tu es radieuse. » Mes doigts se lièrent à ceux de Manuel, pour l'inciter au calme, alors que les pies rageuses se dirigeaient vers les toilettes pour essuyer les dégâts de ma jalousie. «Je suppose que je n’ai pas besoin de vous présenter mon fiancé. Vous vous souvenez de lui je présume. » Il était primordial qu’il le salue, pour ne pas que ça dégénère, et je dus bien admettre qu’au-delà le mépris qu’il dégageait, je fus rassurée qu’il tende la main en direction du Salvadorien. J’en profitai pour annoncer la véritable raison de ma venue. « Comme je vous le disais, je n’ai pas l’intention de rester dîner, je… » « Quand est-ce que tu rentres ? » « C’est justement de ça que je voulais vous parler… » « Plus tard.Viens, je voudrais te présenter quelqu'un.» me coupa-t-il en m'attrapant par le bras sans même prendre la peine de s’inquiéter de la réaction de Manuel. C’était un très mauvais calcul. Je protestai, me débattant avec un peu plus d’énergie, mais il était tout à sa manigance, parce qu’il sentait que j’étais sur le départ et qu’il le refusait. J’en étais convaincue. Tout comme je ne fus pas surprise que, finalement, Manuel perde patience.  




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Là où sa jalousie était réellement pernicieuse c’était qu’elle ne s’attachait jamais aux mêmes détails et à du tangible. Il suffisait d’un rien pour mettre le feu aux poudres et d’autres fois, les mêmes raisons ne suscitaient pas la moindre réaction de sa part. Il était d’un naturel jaloux et possessif et ces traits de caractère étaient proportionnels à l’intensité de ses sentiments. Cinzia occupant le haut du classement, elle subissait les crises les plus violentes. Il ne prétendait pas que c’était le moins du monde rationnel mais il ne faisait rien pour réprimer ces accès de possessivité, il savait pertinemment que ce serait la meilleure façon de les attiser et de faire en sorte que ça tourne vraiment mal. Mieux valait quelques coups d’éclats par ci par là qu’un seul qui serait dévastateur. Forcément, il ne comprit pas pourquoi elle eut besoin de lui pour choisir une tenue convenant à cette soirée du Times où elle ferait ses grands adieux. Elle pouvait même y aller nue, ça ne lui posait pas de problèmes, il était fier d’elle et de son apparence, il la trouvait magnifique et était heureux que le reste du monde puisse s’en rendre compte et réaliser qu’il ne l’aurait jamais parce qu’elle lui appartenait. Cependant, il valait mieux que ces autres ne louchent pas trop longtemps, il finissait par trouver ça insultant. La porte de sa chambre grande ouverte, Girolama près de lui sur le lit pour donner son avis, elle vidait son armoire pour trouver une tenue adaptée. Trouvant aucune tenue de circonstance, il finit par lui proposer de l’emmener en acheter une. Il ne lui fit pas choisir la moins clinquante et la moins chère, se disant qu’elle devait partir en beauté. Forcément, ça impliquait un décolleté bien négocié dans lequel il eut du mal à ne pas loucher quand elle sortit de la cabine, parce qu’ils avaient emmené Girolama avec eux, et que ça ne se faisait pas. Conduire alors qu’elle portait cette robe près de lui, c’était un supplice. S’ils arrivaient à plier la soirée en deux heures maximum, il aurait le loisir de l’emmener danser et de profiter de la soirée en sa compagnie pour mieux lui retirer cette robe avec délectation. Parce qu’une robe n’était belle qu’aux pieds d’une femme nue, n’est-ce pas ? Petit sourire en coin, il préparait déjà le programme de cette soirée alors qu’ils s’installaient dans un coin de l’immense salle, Cinzia accrochée à son bras. Il aurait préféré laisser son bras sur ses épaules histoire de délimiter ses plates-bandes mais le ton était celui de l’élégance, mieux valait se tenir au maître mot. « T’es sûre, tu ne voulais pas dire au revoir ? Comme tu veux, princesita, je sais déjà où je vais t’emmener. J’ai un ami qui vient d’ouvrir un petit restaurant, on va pouvoir profiter correctement de la soirée. » lui répondit-il en déposant un baiser sur sa tempe, conscient qu’elle était stressée et cherchant une façon comme une autre de l’apaiser. « Si tu veux, je peux le trouver moi-même et lui remettre ta lettre, non ? »

Se faire tomber dessus par une horde de collègues de Cinzia les lassa tous les deux et il fut ravi de la diversion de sa compagne, il n’aurait pu à hocher la tête, l’air faussement intéressé en se retenant de ne pas les envoyer bouler pour remplir sa mission de la soirée. Il s’apprêtait à rattraper la Sicilienne mais ce vieux fils de pute fut plus rapide et il sentit le poids de la rage lester son cœur. Il ne faisait même pas mine de la lâcher. C’était aussi désobligeant que détestable. Il colla sans ménagement son verre dans les mains de celle qui traînait là et avança pour récupérer ce qui lui appartenait, ayant un mal fou à réfréner son envie de lui faire ravaler son envie de lui faire affront. Cinzia fit de son mieux mais ce ne fut pas suffisant pour éteindre le brasier qui s’était allumé au moment même où ce vieux dégueulasse avait louché sur sa poitrine. Il lui tendit la main, l’air de rien et Mani la laissa pendre dans le vide dans la saisir. Pour un homme aussi bien élevé que lui, c’était un affront de taille. Comme si ça ne suffisait pas, il crut bon de signer son arrêt de mort en entraînant sa fiancée à sa suite. Mani les rattrapa en un temps record et attrapa l’avant-bras du vieux débris avec une poigne de fer, il s’arrêta net et posa un regard interrogateur sur le Salvadorien. « N’y pense même pas !! Je te conseille de la lâcher, elle ne veut pas te suivre. » Il sourit et la relâcha, jetant un regard à la brunette. « C’est vrai ça ? Je pensais que tu savais parler pour toi et que tu n’avais pas besoin d’un homme pour décider à ta place. » Avant qu’elle ne puisse répliquer, Mani se mit devant elle, la cachant complètement du regard de ce crétin. Il lui tendit l’enveloppe qu’il venait de récupérer dans le sac de sa dulcinée. « Sa démission ! » « Vous pouvez être fier de vous, vous venez de foutre en l’air la carrière d’un élément prometteur. C’est pas trop dur de parler et de respirer en même temps quand on est aussi arriéré que vous ? Et d’ailleurs quelle langue étrange vous parlez, on a un mal fou à vous comprendre ! » Mani esquissa un sourire mauvais qui signifiait que ça n’en resterait pas là. Il tapota doucement la joue du vieux avec un certain mépris. « Profite bien de ta dernière soirée. » Il fit volte-face et récupéra Cinzia pour la traîner jusqu’à la voiture. Il fulminait. Il ne lui fallut pas longtemps pour obtenir le numéro de plaque de ce connard et encore moins pour mettre la main sur sa voiture. Muñez s’arrangea pour couper les caméras de sécurité du parking et il n’eut qu’à l’attendre, garé dans un coin, dans un silence de mort. Il se défit de sa veste de costume dès qu’il le vit dans le rétroviseur, il déboutonna calmement ses manches de chemise et les replia avant de descendre et de l’interpeller à quelques pas. « Hé, cabron, tu te souviens de moi ?! » Il put lire l’incompréhension dans ses yeux, aussitôt remplacée par une lueur de défi. « Et qu’est-ce que tu crois faire, gamin ? Tu ne sais pas sous la coupe de qui je suis ! Ils auront tôt fait de te rabattre ton caquet et d’effacer ton orgueil. » Cela lui valut son premier coup de boule qui le fit gémir comme une gonzesse. Il fit pleuvoir sur lui une pluie de coups jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’une masse gémissante au sol. Alors seulement, il sortit son téléphone pour que ses hommes viennent le récupérer et s’occupe de lui et de sa famille. Cinzia devait assister à ça, pour qu’elle se rentre dans le crâne qu’il était le seul et l’unique et qu’elle s’en souvienne si, un jour, par mégarde, elle pensait à lui être infidèle. Il grimpa dans la voiture pour attendre l’arrivée des siens après avoir collé l’autre fils de pute dans le coffre de sa propre caisse. Il était dans une phase ou même parler lui demandait un effort surhumain, il lui fallait une volonté énorme pour ne pas le découper en morceaux, ici. Il devrait probablement répondre de ça face à Ettore mais il était certain d’avoir son soutien, le respect, on ne faisait pas plus important chez les siciliens.




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Cinzia Herrera
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Un petit tête-à-tête dans un restaurant, c’était assurément une idée bien plus alléchante que cette réunion où pullulent tant de requins. Avant de prendre la décision de renoncer à ma carrière, je m’inquiétais des différents désavantages pour ma famille. J’avais hésité sur le bien-fondé de mon choix pour ensuite me rallier définitivement à la cause de Manuel. À présent, face à tous ces gens, je n’aurais pu être plus sûre de moi. Je n’aspirais plus qu’à faire ce pour quoi nous étions venus et finalement partir en cumulant les provocations : un baiser pour que rage Becky, un fuck destiné à mon patron, qu’il ne doute plus de l’estime que je nourris pour lui. Il fut cependant plus rapide à tout niveau. Il me dénicha le premier, posa les mains sur moi et je sus que cette soirée dégénérerait désormais. Bien sûr, pour ne pas lancer un esclandre, je tentai la diplomatie, mais ça fonctionna aussi bien qu’une télécommande sans pile et à l’instant même où Mani intervint, je dis adieu à mon paisible dîner aux chandelles et à jamais mon tour sur une piste de danse jusqu’au milieu de la nuit. Nous allions bien danser, pourtant, mais autour d’une tombe puisque l’autre surenchérissait en matière d'imprudence et d'injures. En cherchant à ravir ma présence, il commit un vol qualifié pour Manuel. Il s’assurait par ailleurs un passage à tabac pour l’avenir. En m’insultant, il se réserva un sort bien funeste. Mani, en preux chevalier, s’interposa entre nous. Il se substitua à moi pour annoncer la nouvelle, ce qui aurait pu me vexer si mon boss n’avait pas bafoué sur son honneur. Le mien y survivrait. J’étais habituée à ce que les hommes utilisent le combat atavique de la femme qui rêve d’émancipation. Ma lutte à moi, malgré ce que je chante à tout va, est seulement destinée à éviter les abus de pouvoir de Manuel. La vie de future mère au foyer, très peu pour moi, mais avais-je vraiment besoin de gagner personnellement ma croûte pour me sentir épanouie ? Ça méritait réflexion, mais je n’eus pas vraiment le temps d’y penser. Personne, dans cette salle d’égocentrique, ne sembla remarquer qu’une querelle éclatait sous leurs yeux. Sans doute parce qu’aucun des deux mâles se livrant bataille ne haussa le ton. Je jugeai donc bon de ne pas le faire moi-même, quoique l’envie de hurler à cet enfoiré ma rage me démangeait. C’était un sale type, ni plus ni moins, lui cracher m’aurait fait un bien fou tant j’étais blessée qu’il qualifie Manuel d’attardé. Je me contentai pourtant de poser ma main sur l’épaule de ce dernier pour lui rappeler notre désir mutuel de nous enfuir et, surtout, de nous venger. Son altercation s’arrêta là. La mienne commença dans le couloir entre les vestiaires et les w.c.. Becky et sa robe foutue me toisèrent et saluèrent mon futur mari en minaudant. Furieuse, je lui décochai un coup de poing dont elle se souviendra longtemps. Sa tête cogna contre le mur derrière elle. Assommée, elle ne put que vérifier que son nez n’était pas cassé. Moi, je la menaçai sur ce qu’elle avait de plus précieux – son job – en exigeant qu’elle ne s’approche plus jamais de Mani. Jamais. Sans quoi, elle n’aurait plus que ses yeux pour pleurer. Elle ne protesta pas, peu intimidée par mon gabarit, mais bien plus par mon nom de famille.

À sa place, je me serais tout autant méfiée de mon fiancé. Moi-même, dans la voiture, je m’illustrai par un silence morne. Je réceptionnais seulement sa veste et ne quittai le véhicule qu’à son premier uppercut dans la mâchoire de cette ordure. Je n’aurais raté cette raclée pour rien au monde. Je jubilais sans scrupule. Les premiers survinrent quand je me surpris à considérer Manuel comme effroyablement sexy entouré par cet aura de colère animale. Est-ce que j’étais saine d’esprit ? Je savais que je ne brillais pas vraiment par la netteté de mon âme, mais à ce point ! J’étais excitée comme une puce, trouvant même du charme à cette situation alors que je lui filais un coup de main pour balancer la masse informe de ce corps crispé par la douleur dans le coffre. « Ce fils de pute arrogant n’a que ce qu’il mérite. Qu’est-ce qu’il s’imaginait ? Qu’il allait pouvoir t’insulter en toute impunité éternellement ? Il mériterait qu’on lui brise les membres un par un, et qu’on… » J’allais enchaîner par la liste exhaustive des membres à couper en le justifiant des fleurs et des chocolats qu’il me fit livrer après la mort de mon frère – événements que je ne cachai pas à Manuel – mais je m’interrompis par la faute d’un regard de biais de mon interlocuteur. Il ne me parut pas vraiment agressif, seulement déconnecté de la réalité. Il y avait comme un faux contact. Il me cloua le bec instantanément, sauf que parler, ça m’évitait de me focaliser sur cette envie irrépressible de lui sauter dessus et de le déshabiller sur place, malgré le froid et les circonstances. J’étais à deux doigts de me jeter sur lui quand son portable sonna. Il démarra en trombe pour Dieu sait où, mais je n’étais pas dupe, les faits me rappelaient une vengeance à la Sicilienne, une de celle que j’avais connue plus jeune. « C’est quoi le programme exactement ? » m’enquis-je en regrettant de ne pas fumer. Une cigarette m’aurait fait un bien fou. À défaut, je sortis mon téléphone de ma poche. « Je vais déjà tout mettre en branle pour qu’on reste ensemble ce soir. » Intuition féminine sans doute. J’étais convaincue qu’il aurait besoin de moi tandis qu’il se stationnait aux abords d’un entrepôt perdu à l’extérieur de New York. Il ne faisait aucun doute qu’il l’exécuterait…et qu’il estimait utile que je sois témoin des conséquences de sa jalousie. Devais-je y voir une marque de confiance ? Une mise en garde ? Son mutisme m’empêchait de me décider et, alors qu’il réveillait sa future victime brusquement après l’avoir ligoté sur une chaise, elle ne m’aida pas vraiment à choisir entre les deux. J’hésitais entre avoir peur pour moi, me renfrogner ou prendre du recul comme on m’apprit à le faire la première fois où j’assistai à ce genre de scène, pour m’endurcir.




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Manuel Herrera
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Il basculait doucement mais sûrement du mauvais côté de la barrière et le simple fait de poser les yeux sur cette inqualifiable merde ne faisait qu’accélérer l’instant où toutes ses barrières cèderaient. Autant dire que Becky tombait mal et que si sa femme ne s’en était pas chargée, il n’aurait pas hésité à lui coller un aller-retour digne de ce nom. La voir sourire et minauder réveillait ce qu’il y avait de pire en lui et on ne pouvait pas vraiment dire que c’était le moment. Quand Cinzia se montrait dangereuse et menaçant, il se sentait envahi et dominé par ce besoin irrépressible de la posséder. Un besoin primaire et presque animal qui l’aurait entièrement satisfait mais aurait probablement allégé la peine du condamné. Il se contenta de passer son bras autour des épaules de la Sicilienne pour l’attirer à lui de sorte qu’il soit suffisamment près pour lui chuchoter à l’oreille : « J’ai prévu de m’occuper de ton cas aussi, je l’aurais fait maintenant si toute cette frustration ne m’était pas utile pour la suite. Alors ne t’éloigne pas trop. » Il lui lécha la joue avant de ricaner, récupérant sa paume qu’il serra dans la sienne, se retenant d’aller trop loin même si ça le chatouillait, il savait déjà qu’il ne pourrait s’arrêter à temps, pas dans son état. L’attente jointe à l’envie irrépressible de la plaquer sur la banquette arrière pour une séance active de sexe débridé le poussa irrémédiablement aux portes de la folie et il s’en fallut de peu pour qu’il termine ce fils de pute là, dans ce parking. Mais il avait des projets beaucoup plus drôles et moins expéditifs pour lui qui le titillait depuis des mois en toute impunité. On ne pouvait pas dire qu’il n’avait pas été prévenu maintes et maintes fois, il choisit de l’ignorer et même de se rire de lui, il y avait donc un prix à payer. Le tribut serait à la hauteur de l’offense. Il ne tournait déjà plus bien rond au moment où il fallut le foutre dans le coffre et les babillages de Cinzia sonnait comme des mots empilés les uns à la suite des autres dans une langue étrangère. Il lui jeta un coup d’œil et elle cessa immédiatement, ayant sans doute perçu quelque chose qu’il n’était pas vraiment en position d’entendre, pas pour le moment en tout cas. Quand il devenait cet autre fait de violence et de cruauté, les mots peinaient à se former dans son esprit et à s’exprimer, alors il préférait le silence et laisser les autres en user et en abuser à leur guise. Il n’y avait qu’une chose claire dans son esprit : le but de la manœuvre. Il fallait ramener toute la famille de ce fils de pute pour les tuer sous ses yeux, le reste appartenait encore au hasard et à la créativité, pour le moment, il cherchait simplement une façon de garder tout ce qui l’agitait sous contrôle ou ça deviendrait moche. Mais il abandonna sa raison près de la voiture de l’ancien boss de Cinzia.

Il le réveilla d’une grande claque dans la gueule et vu la taille de sa main, ça ne devait pas faire du bien, il fut satisfait de le voir grimacer, la gueule en sale état. Il se retourna pour attraper de quoi lui couper ou lui arracher quelque chose quand il s’aperçut que ce fils de pute matait sa fiancée, il la rejoignit, se colla à elle, empoignant un de ses seins alors que sa langue longeait l’arête de son cou et que sa paume libre se glissait sous sa robe. Elle le stoppa, ce qui faillit se solder par un drame mais ce fut pour lui proposer bien plus alléchant.

***


Il avait fait une exception, lui qui évitait soigneusement le domaine depuis son retour du Salvador, il se trouvait dans le salon des Gambino, attendant que sa femme se montre, sur son trente-et-un et qu’ils puissent rejoindre l’endroit où étaient détenus les responsables du deuil de la famille toute entière. Il s’était excusé avec des mots et beaucoup de cadeaux pour son débordement de testostérone même si ça ressemblait bien plus à de la folie pure qu’à un trop plein de virilité. Il ne voulait pas qu’elle le craigne et surtout pas qu’elle réalise qu’elle avait épousé un malade. Elle aurait le droit d’arriver dans les premiers pour faire ce que bon lui semblait au responsable de la mort de son frère. Certains de ses hommes s’étaient déjà bien occupé de la rouquine, il se demandait seulement si Cinzia le verrait différemment en sachant qu’il avait proposé cette idée. Il attendit d’avoir quitté le domaine depuis quelques minutes pour lui lancer : « Tu es magnifique ! Je ne te l’ai pas dit chez tes parents mais je le pense ! Comment tu te sens ? » Il tapotait nerveusement le volant, ne sachant trop comment aborder le sujet. « Je suis sur le coup depuis mon retour du Salvador, des hommes à moi s’occupent d’elle, tu sais… Mais ton frère et moi, on a demandé pour arriver un peu plus tôt aujourd’hui, au cas où toi ou Lyla voudriez avoir la primeur de… Bah de ce que vous voulez en fait. » Ce qui l’incommodait ? Que ça fasse écho avec ce qui s’était passé des semaines plus tôt et qu’elle puisse ressentir de l’animosité vis-à-vis de lui. « On est ok pour cette histoire avec ton patron ? Je veux dire, vraiment ? »




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Cinzia Herrera
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Plaquée contre le mur froid de l’entrepôt et mes joues prisonnières de la mâchoire de ses doigts, je me surpris à le détester aussi ardemment que je pouvais l’aimer. Les seules raisons pour lesquels je ne m’insurgeai pas, c’était cette lueur de folie qui dansait dans le fond de ses pupilles cramoisies et mon talent pour la remise en question. L’heure où il me promettait monts et merveilles était loin désormais et je ne pouvais m’empêcher de me de demander comment nous en étions arrivés là lui et moi ? La soirée n’était certes pas la plus tendre et la plus divertissante, mais elle avait le mérite de nous débarrasser d’un oiseau de mauvais augure qui planait lourdement sur notre couple. Elle était également palpitante et, qu’elle me sorte de ma zone de confort ne me dérangeait pas tant que ça. Je m’étais découvert des trésors d’audace pour lui être agréable, pour lui permettre de laver son honneur, méprisant ma pudeur au passage. J’avais trouvé ça légitime, si tant est que je me sois réellement posée la question puisque j’étais habitée d’un désir malsain. Non ! Je ne lui en voulais pas pour ces raisons-là. Ce qui me gênait, c’était qu’il oublie que je l’aimais assez pour ne pas l’insulter, comme il semblait le croire. Ce qui me froissait, c’était qu’il me faisait mal à serrer mon bras avec autant de vigueur. Ce qui m’attristait et qui me poussait à le haïr sur le moment, c’était ces ordres qu’ils me crachaient comme il l’aurait fait avec son chien, ne songeant pas un seul instant qu’à aucun moment, je ne cherchai à lui imposer ma volonté ou à lui donner un ordre quelconque. Même lorsqu’il s’agissait de notre couple, je veillais à ne pas le brusquer en lui imposant quoi que ce soit. Je lui laissais l’opportunité d’avancer à son rythme, d’accepter ou non de se laisser apprivoiser par une caresse, un baiser ou quelques larmes au besoin. Des larmes, j’en aurais bien versé un torrent, et pas à cause de cette famille qu’on massacra sous mes yeux ou à cause de ce qu’il exige de moi que je mette un terme au supplice de mon patron, mais parce qu’il persistait à me donner l’impression qu’il ne se vengeait pas de mon boss, mais de moi, comme si j’avais tout prémédité, comme si j’avais secoué mes seins sous ses yeux. Était-ce ma loyauté qu’il me demandait de prouver devant le regard ahuri de ses hommes. Ils auraient lancé les paris que je n’aurais pas été surprise.

Je dus prendre sur moi pour dissimuler le mépris qui brillait dans mes yeux, bien qu’il me servit. Je pus me permettre de baisser la tête sans avoir honte – je ne m’inclinais pas, je le préservais de lui-même – et j’y puisai de quoi achever le pauvre hère agonisant et pleurant sur sa chaise. J’optai pour méthode rapide, quoique moins radical que lui tirer une balle dans la tête, en lui enfonçant dans l’oreille ce qui ressemblait à une aiguille à tricoter. Je n’hésitai pas, de peur qu’on s’imagine que je me dégonfle, mais je soupirai de soulagement quand sonna l’heure de rentrer. Rentrer, mais où ? Chez moi ? Après avoir tout organisé pour rester auprès de lui ? Après avoir accumulé les mensonges pour me rassurer à ses côtés ? Chez lui ? En avait-il seulement envie ? Je finis par me laisser porter par le courant, la tête posée contre la vitre de sa voiture à observer le monde qui défile et sans prononcer le moindre mot. Qu’aurais-je pu dire de toute façon ? Je n’avais décidément aucune envie de tester ses limites, d’autant qu’il n’aurait pu se montrer plus clair sur ce qu’il attendait. J’irais où il voulait que je sois. Avec lui, a priori, car il opta pour son appartement. Si j’étais mal à l’aise ? Evidemment ! Je n’osais même pas ouvrir la bouche de peur qu’il interprète mal ce que j’aurais eu à dire. Je déposai seulement une bouteille de Tequila sur sa table basse. Le son de ma voix résonna faiblement quand je l’avertis que j’allais prendre une douche. A mon retour, les cheveux trempés et noyées dans un de ces T-Shirts, je me blottis tout contre lui, l’inondant de tout ce qu’il me restait en douceur et en affection. J’étais retombée comme un soufflé. Je ne lui en voulais jamais vraiment longtemps, même si cette soirée me laisserait un gout amer pour un petit moment, qu’importe que j’ai besoin de lui autant que le contraire, que nous ayons bu ensemble – et le reste – jusqu’à nous détendre définitivement. Je n’arrivais pas à me sortir de l’esprit qu’il s’était montré injuste à mon égard et que si je lui concédais ma maladresse, elle ne méritait pas un tel traitement. Peut-être serait-il bon d’en parler plus tard. C’était même certain. Laisser un ver dans un pomme, c’était prendre le risque qu’elle pourrisse. Sans doute en était-il conscient. Il me couvrit de cadeaux, au point que je ne savais plus comment lui exprimer mes remerciements. En revanche, quand je tentais d’amener le sujet, il semblait faire mine de ne pas saisir, à moins que ça vienne de moi, moi qui appréhendait qu’il me reproche, par exemple, d’avoir allumé mon patron d’une quelconque manière, ce qui me rendait bien moins explicite qu’à l’habitude.


***

Il m’avait fait la surprise de venir me chercher chez mes parents, ce qui n’était arrivé que rarement depuis que nous étions rentrés du Salvador, et à juste titre. J’avais bien remarqué qu’il était pressé de s’en aller, ce qui me désolait par ailleurs. J’avais beau ne plus être accord avec les décisions de mon père, j’étais toujours chez moi sur le domaine. Qu’à cela ne tienne, grimpant dans la voiture, je profitai de ce que nous étions enfin seul pour l’embrasser tendrement. « Je dois admettre que tu n’es plutôt pas mal non plus. Et, ça va, je me sens pas trop mal. Je me dis que bientôt je vais pouvoir mettre tout ça derrière moi. Quand je penserai à mon frère. » Autrement dit, tous les jours. « Je me sentirai déjà moins coupable.  Il était tant que ça s’arrête en réalité. Oh, mon frère va venir te voir. Gaby, je parle. Il atterrit dans deux heures et, visiblement, il aurait promis à ta sœur qu’il l’emmènerait avec lui à l’entrepôt si tu es d’accord bien entendu. Je pense que c’est elle qui lui a demandé, mais c’est moi qui lui ai soufflé. Je me dis que ça pourrait l’aider à mieux comprendre ce qu’est l’honorable société. Et toi ? Comment tu te sens ? Tu as l’air… nerveux. Qu’est-ce qui se passe ? » m’enquis-je en le sondant du regard. Si je m’attendais à ce qu’il ramène cette conversation sur l’épisode de mon patron. Ce n’était pas une mauvaise chose, mais était-ce vraiment le moment ? « Je ne sais pas. J’essaie de ne pas trop y penser. Je… » m’interrompis-je pour chercher comment l’aborder. C’est moi qui étais nerveuse désormais. Mes doigts s’entortillaient les uns aux autres. « Enfin, tout dépend de quoi tu parles. Pour sa famille ou ce qu’il est devenu, oui, on est au clair avec ça. Pour le reste, je suppose que c’est moi qui devrais te demander si on est vraiment OK avec tout ça. Tu t’es senti insulté alors que ce n’est pas du tout ce que j’ai voulu faire. Au contraire. Tu m’as donné l’impression que tu me testais, comme si j’étais responsable de tout ça et que finalement, c’est moi qui aurais dû me retrouver sur cette chaise. Mais, je n’ai rien fait pour que cette situation arrive. Je ne l’ai même jamais regardé plus de trois secondes dans le fond des yeux. Je ne suis pas une allumeuse. Je ne suis pas une infidèle non plus et je pensais que tu le savais. Que tu avais confiance en moi… »



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Manuel Herrera
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Ce soir-là, il la ramena chez lui parce qu’il n’avait plus les idées claires et qu’il n’était pas capable de savoir ce qui était mieux pour elle et surtout pour eux. Il fonctionnait désormais de façon mécanique et lorsqu’elle posa la bouteille de téquila sous son nez, il en vida la moitié avant de sentir que la situation s’améliorait et qu’il renouait avec un peu de son humanité. Il ne pouvait pas encore penser décemment et il ne fallait pas lui demander de ressentir la moindre once de culpabilité ou de regret, il fallait le laisser redescendre, le prendre comme il était, comme le monstre qu’il pouvait être et comme cet homme intransigeant qu’il devenait quand il perdait tout sens commun. Il n’y avait pas toujours de réels fondements pour certaines de ses réactions et il n’avait pas toujours envie de trouver d’explications mais cette fois, pour le bien de son couple, il le devrait. Il but et fuma jusqu’à s’abrutir complètement, jusqu’à ce qu’il ne soit plus tout à fait capable de se mouvoir mais il se traîna malgré tout à la douche avant de se jeter, encore humide, dans son lit, complètement à poil, se rapprochant de Cinzia pour la serrer contre lui. Les remords ne tardèrent pas à l’assaillirent et alors qu’il ne savait trop comment aborder le sujet, il choisit de l’éviter totalement, préférant se faire pardonner à coups de cadeaux qui voulaient tout et rien dire. Il se doutait qu’il ne pourrait éternellement éviter le sujet mais jusqu’à présent, ça avait plutôt bien marché, pas vrai ?! Pourquoi distinguait-il une pointe d’amertume dans son regard ? Pourquoi avait-il l’impression que ça avait changé un petit quelque chose et qu’elle commençait à craindre le monstre qu’il devenait quand l’homme n’était plus aux commandes ? Il jeta un pavé dans la mare, nerveux comme jamais. Le moment était mal choisi mais tous le seraient et une fois que tout serait mis à plat, il pourrait respirer plus librement, il en était certain. Habituellement, il lui aurait fait dire qu’il était le plus beau mais il n’était pas d’humeur badine. « C’est bien, vraiment bien. » admit-il en tapotant le volant, prenant sur lui pour ne pas laisser exploser sa nervosité. « Oui, pourquoi pas, je veux dire, ça ne peut que les rapprocher. » Et pour l’heure, il n’en avait rien à foutre, tout ce qu’il voyait, c’était leurs problèmes à eux et la nécessité de mettre ça derrière eux pour de bon, sa sœur et Gaby pouvaient bien attendre quelques heures. La nervosité, c’était un sentiment totalement aux antipodes de tout ce qu’il était et incarnait, alors forcément, il la gérait maladroitement et les réponses de sa dulcinée ne l’aidait pas à ramener le tout à la normale. Il s’était attendu à de la simplicité et de l’efficacité, au lieu de ça, il se retrouvait à devoir avoir une vraie conversation sur le sujet. Dire qu’elle aurait pu se contenter d’un « on est cool, tout va bien, t’es le meilleur. »

« Non ! » se contenta-t-il de répondre, fixant obstinément la route, laissant passer une minute, puis une deuxième, les sourcils froncés, essayant d’ordonner ses idées. « Je… Dans ces moments-là, je ne suis plus moi-même et un rien devient une insulte. Ce n’était pas contre toi ou l’expression du manque de confiance que je pourrais avoir te concernant, c’est juste que mon système de valeurs change presque totalement et mes limites ne sont plus au même endroit. Je suis un autre ! Je sais que tu n’y es pour rien, je… Je suis désolé, je n’ai pas toujours le plein contrôle sur ce moi là. Je ne suis pas non plus la personne la plus saine d’esprit mais je suis comme ça, je pourrais comprendre que ce soit trop à gérer pour toi… Mais t’es la seule personne qui arrive à m’ancrer dans la réalité quand ça arrive , Cinzia.» Maintenant qu’elle avait eu un petit aperçu de ce qu’elle devrait se coltiner jusqu’au restant de ses jours, peut-être avait-elle des doutes à émettre. Grâce à Dieu, il ne fut jamais question d’annuler les fiançailles, ni même le mariage et un peu plus serein, il lui ouvrit la porte de l’entrepôt, la guidant jusqu’à la grande pièce où tout aurait lieu. La rouquine se tenait là, assise sur une chaise, dans un état lamentable. « Lucky et Lyla ne devraient plus tarder mais si tu veux prendre un peu d’avance, tu as ce qu’il te faut à disposition. » Il embrassa le dessus de sa main et prit une chaise, prêt à la laisser gérer ça à sa guise, choisissant d’être spectateur aujourd’hui, ce n’était pas son combat, plus maintenant que la punition avait été décidée et ses hommes impliqués.


***


Le coup de fil de Panchito le rassura à moitié, il se demandait ce qu’il serait advenu s’il ne l’avait pas vu en compagnie de Cinzia dans la voiture qu’on lui avait prêtée. Il préférait ne pas y penser et héla un taxi pour que Lucky et lui embarquent en direction de l’endroit où se trouvaient leurs fiancées casse-couilles. Elle avait de la chance, elle avait vraiment de la chance qu’il s’en veuille à ce point ou il lui aurait passé le savon de sa vie. Voler une bagnole d’un haut placé de la MS en pleine Los Angeles, c’était chercher à se faire violer et buter. Et leur tenue n’invitait à rien d’autre, de toute façon. Il demanda au chauffeur de taxi d’attendre là alors qu’il sortait une liasse de billets de sa poche pour lui payer la première course et lui promit plus s’il ne bougeait pas d’un cil. Il ne prit pas la peine de se justifier auprès de ses hommes et grimpa à la suite de la Sicilienne dans le taxi, fermant la petite fenêtre qui séparait les sièges passagers de l’avant de la voiture. « Bébé, tu ne peux pas faire ça, ils auraient pu te faire du mal ! Je sais que tu sais te défendre mais ils étaient sur leur territoire et on ne peut pas dire que l’image qu’ils ont de la femme aurait joué en ta faveur. » Elle lui tournait obstinément le dos, refusant de le regarder. Il poussa un profond soupir, se passant une main dans sa crinière indomptable. « J’étais mort d’inquiétude, comme à chaque fois que tu sors seule avec Lyla, parce qu’on pourrait t’arracher à moi et que ça me rendrait malade ! Je me suis comporté comme le roi des cons et je comprends que tu m’en veuilles ! Mais je te jure qu’avant ça, je me tenais tranquille ! Je prenais sur moi pour qu’il n’y ait que toi, parce que je ne veux que toi ! Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, je… Je ne me l’explique pas ! J’ai carrément merdé, princesita, je suis désolé ! On ne pourrait pas partir du principe que sucer, c’est pas vraiment tromper ? » Elle lui envoya une gifle monumentale qui attira même l’attention du chauffeur. « Ok, je suppose que celle-là, je l’ai méritée ! Mais putain, la monogamie, c’est nouveau pour moi ! Tu ne peux pas me demander de changer du tout au tout du jour au lendemain, y a forcément des ratés. C’est comme demander à un carnivore de devenir végétarien ! Enfin un amoureux des fruits de mer, enfin je ne vais pas te faire un dessin… »



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Cinzia Herrera
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Il s’était allongé à mes côtés, complètement nu, la tête à l’envers et, soulagée qu’il ne m’en veuille pas, je me pressai contre lui, mon dos le plus près possible de son torse, récupérant sa main pour qu’il m’entoure de ses bras forts. Bien sûr, je demeurai avec cette angoisse qu’il me tienne pour responsable, mais nous n’en avions jamais reparlé jusqu’à cette journée où la vengeance irlandaise s’organisait. Je n’avais pas souvenir de l’avoir vu aussi nerveux, et on ne pouvait pas dire que ça me mettait forcément à l’aise. Certes, il m’était déjà arrivé de me taire pour ne pas l'agacer, de me faire toute petite pour ne pas attirer l’attention sur moi parce qu’il était en colère, mais je n'hésitais pas à lui confier un quelque chose qui me chiffonnait réellement. Mani était capable de m’écouter, et même de m'apaiser plus souvent qu’il ne se l’imaginait. Pas ce jour-là. Il me donnait l’impression qu’il allait conclure par un : « Nous deux, c’est terminé. » Pas du tout. Il voulait plutôt s’assurer que je ne souffrais pas trop de ce qui s'était passé suite aux audaces de mon patron. Je lui confessai tout le plus sincèrement possible, sans trop savoir ce que j’attendais de lui exactement. S’il n’en avait pas reparlé, j’aurais pu faire longtemps semblant que ça ne m’inquiétait pas, jusqu’à l’oublier en partie. Mais, ça le tracassait autant que moi, et à présent qu’il me livrait l’explication de texte, je pouvais parfaitement comprendre. « Difficile à gérer pour moi ? Non ! Mon cœur, tu parles à une fille qui a enfoncé une aiguille à tricoter dans une oreille pour des raisons qui ne le méritait peut-être pas selon le code de valeurs de Monsieur et Madame tout le monde. Et tu es désolé ? Il ne faut pas Mani. Je n’ai pas eu besoin de te voir à l’œuvre pour deviner ce que tu es capable de faire ou non. Je savais à quoi je m’engageais quand j’ai accepté d’être ta femme. » tentais-je en glissant mes doigts dans les siens qui reposaient sur le pommeau de vitesse. Je me penchai même vers lui pour pouvoir l’embrasser au premier feu rouge qui nous barrerait la route. « Je t’aime toi, avec toutes tes qualités et surtout tes défauts. Je me fous que tu me sautes devant un type qui s’est servi de moi pour te manquer de respect. Je me fous aussi que tu sois moins patient ou moins tendre avec moi. Tout ce que je veux, c’est que tu n’oublies jamais que je suis de ton côté. Je serai toujours de ton côté. » J'embrassai chacun de ses doigts à la première occasion, un peu comme il le fit avec moi, dans l’entrepôt avec ces gens que je rêvais e voir mort. Est-ce que ça m’empêcherait de dormir ? Non ! Est-ce que la retrouver complètement ravagée m’attristait ? Aucunement. Je n’avais pas pour autant envie d’opérer seul. Alors, je tendis la main à mon fiancé, je l’encourageai d’un sourire et d’un signe de tête. « Toute seule, ce n’est pas drôle. Allez, viens, inventons-nous un code de conduite qui n’appartient qu’à nous. On le gravera sur des tablettes en pierre. On prêchera la bonne parole et on se fera appeler Moïse. » me gaussais-je, hilare, regrettant de ne pas pouvoir les achever moi-même. J’aurais tant aimé ôté la dernière étincelle de vie à ce fils de pute qui organisa mon kidnapping, qui me fit craindre pour mon intégrité et qui m’obligea à enfuir ce qui était arrivé au plus profond de moi, pour ne jamais plus y penser, parce que j’en étais l’unique responsable aux yeux des Gambino.


***

J’avais pensé chaque mot ce jour-là et j’avais cru chacun des siens quand il sous-entendait combien il m’aimait. Et pour quel résultat ? Me retrouver là, dans ce taxi, complètement ivre morte, avec la rage au ventre, parce que je n’avais pas d’autres choix que de le remercier, lui, qui m’avait trahie. Lui, qui m’avait blessé au-delà du tolérable. « Et depuis quand l’idée que quelqu’un puisse me faire du mal te pose un problème ? » crachais-je en lui tournant le dos. « Jusque-là, on ne peut pas dire que ça t’ait gêné, toi. Et je ne parlerai même pas de l’image que tu as de la femme.» Je n’étais peut-être pas vraiment juste, mais lui souffler un peu de mon venin me faisait un peu de bien. Ce n’était pas la panacée, mais ça me permit au moins de ne pas avoir envie de l’étrangler alors qu’il jetait le chaud et le froid à une vitesse fulgurante. Tantôt il m’aimait, tantôt ça lui demandait un effort… Tantôt il avait agi comme un salaud, tantôt ce n’était pas si grave, car après tout, qu’est-ce qu’une petite gâterie avant d’aller au lit avec une femme, peu importe son identité ? Il dédramatisait. Ce petit con faisait comme si rien de ce qu’il avait fait n'était susceptible de me blesser, fauchant la légitimité de ma peine au passage. « Oh non, non, non... Tu mérites bien pire que ça. Et, soupire maintenant. Mets ton cœur à l’aise, je ne t’attends plus rien de toi. Plus rien du tout, tu m’entends ? Tu n’aurais plus à prendre sur toi pour essayer de m’aimer correctement. » conclus-je en claquant la portière tellement fort que s’il avait cherché à sortir par mon côté, je lui aurais cassé le nez. Dieu m’en préserve, je n’aurais pas à me sentir coupable alors qu’il est le seul responsable de ce merdier. Du moins, en pratique.

Dans les faits, j'étais déjà moins rigide que je ne l’avais envisagé au départ. À commencer une fois de retour à New York. Certes, je disparus du décor par principe. Je me montrais moins régulièrement avec lui. J’étais là, mais plus aussi souvent, ce qui dû éveiller chez son ancienne maîtresse une curiosité folle et passablement suicidaire. Elle me cueillit que je quittait l'appartement de Rita Canjura où j’avais déposé ma mère, qu’elle puisse discuter du mariage de Lyla. À mon sens, c’était une perte de temps. Celui qui imposerait à ma future belle-sœur la couleur de ses nappes n’était pas né. Celle qui parviendrait à m’intimider non plus d’ailleurs. Qu’importe mon petit gabarit et le sourire d’ange que je lui adressai alors qu’elle se présentait, m’interpellant sur le trottoir, comme si j’étais la putain, et elle, la femme de bien. Il me fallut beaucoup de sang-froid pour me montrer sympathique et pour l’écouter me raconter à quel point elle aimait Manuel. D’instinct, je lui aurais bien volontiers enfoncé mon poing dans la gueule pour lui entrer dans le crâne qu’il était à moi, qu’une autre avait essayé avant elle et que ça n’arriverait pas une seconde fois, que je n’étais pas convaincue que je ferais preuve d’autant de self-control. Je me retins de justesse, préférant lui expliquer que j’étais désolée pour elle, qu’elle avait tort de se mettre dans de tels états pour un homme, qu’après tout, s’il m’avait demandé en mariage – et j’insistai lourdement – c’est qu’elle ne comptait pas autant que ça pour lui. Elle n’apprécia que moyennement mon cynisme. Elle me jura des conneries auxquels je ne prêtai guère d’attention. Je ris de bon cœur et, en grimpant dans ma voiture, l’abandonnant là au passage, je fonçai jusque chez Manuel. « Tu ne devineras jamais qui est venue me trouver juste avant que je vienne jusqu’ici. Dis-moi que tu as envie de jouer aux…» lançais-je à peine il ouvrit la porte, découvrant alors une coupe de cheveux à laquelle il ne m’avait pas du tout habituée.

« Dio Santo, mais pourquoi tu as fait ça ? »
Je devais avoir l’air catastrophé, même s'il était toujours aussi beau. Je n’étais simplement pas du tout préparée à ce changement de tête si drastique. « J’adorais passer mes doigts dans tes cheveux quand… » Je haussai un sourcil suggestif… « Tu vois ce que je veux dire… » Et je me pressai contre lui en alliant le geste à la parole. «Ah ben, non, ils sont plus là. » le taquinais-je, ce qui ne parut pas l’amuser du tout. « Tu es beau quand même hein, la question n’est pas là, mais est-ce que tu crois que ça aura repoussé pour le mariage de mon frère ? » Nul doute qu’à partir d’aujourd’hui, ce serait mon petit jeu favori. « Tu me laisses entrer, que je puisse te regarder pendant au moins une heure, histoire de m’habituer… ou tu vas me laisser dehors en continuant à bougonner ? » Pour ma part, je préférais, et de loin, la première version. Cette rencontre inopinée et désagréable ne m’avait pas seulement foutu en rogne, il avait mis tous mes sens en alerte au point que mes bonnes résolutions ne commencent doucement à fondre. Très lentement. Il était hors de question que je lui autorise de nous abîmer. Il avait le droit. Je le pouvais également si je le voulais. Pas elle. Elle n’était rien. Personne. Juste une femme vénale qui rêvait du mariage, non par amour pour lui, mais par dévotion pour son fric. « Tu n’es même pas curieux de savoir tout ce que Teresa avait de super intéressant à me dire ? C’était très instructif. Et, en parlant de super intéressant, comment ça se fait que tu as coupé si court ? »




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Manuel Herrera
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Il avait besoin d'être rassuré, parce qu'il se considérait comme un mal nécessaire doublé d'un monstre et qu'il savait que ce n'était pas donné au commun des mortels de pouvoir l'endurer. Il ne demandait rien, en temps normal, mais avec Cinzia, c'était différent. Ils étaient sur le point de se marier, elle aurait à supporter ça jusqu'au restant de ses jours et il était important de savoir si elle s'en sentait capable, sans pour autant lui tenir rigueur de ce qu'il pouvait être dans ces moments-là. Elle ne manqua pas de le tranquilliser et de le défaire de ses craintes qui n'avaient pas lieu d'être. Le coeur léger, il participa bien volontiers à la descente aux enfers de ceux qui mirent en péril la vie de sa fiancée, riant de bon coeur à ses blagues et ne manquant pas de la serrer dans ses bras dès que l'occasion se présentait. Il avait trouvé une femme capable d'accepter le pire de lui sans lui renvoyer au visage tout ce qu'il savait déjà. C'était ce que Teresa n'avait jamais manqué de faire chaque fois qu'elle jetait un regard apeuré sur lui. Elle se demandait encore pourquoi il devenait si violent, ce n'était pas uniquement parce que ça faisait partie intégrante de sa personnalité mais parce qu'elle avait cette incroyable faculté d'agiter le monstre quand il ne le fallait pas. Le respect qu'il nourrissait pour elle se trouvait au ras des pâquerettes. Pour lui, une femme prête à tout pour de l'argent et de la reconnaissance sociale, incapable d'assumer correctement ses enfants et de les faire passer avant son propre petit confort n'était qu'une salope. Il l'avait arrosée de pognon parce qu'il la gardait à sa botte de cette manière, s'assurait qu'elle restait sous sa coupe et resterait à sa disposition en cas de besoin. Elle n'était qu'un sac à foutre sur pattes, certes, elle avait un sacré emballage mais à l'intérieur, ça sonnait creux. Il était impossible de savoir ce qu'elle pensait et ressentait, c'était un monstre aussi, à sa manière et peut-être que pendant un temps, il s'était dit qu'il ne valait pas mieux que ça. Il n'aurait jamais imaginé qu'il pourrait être capable d'entretenir une vraie relation avec une femme comme la petite Gambino et surtout la faire durer. C'était un exploit en soi ! Ce qui l'amenait à se demander pourquoi il avait complètement déraillé à Los Angeles. Il n'avait, objectivement, aucune raison valable de le faire et il aurait pu tout perdre bêtement. Ce n'était pas seulement une histoire de respect par rapport à Cinzia mais également du peu d'estime qu'il pouvait avoir pour lui, plutôt que d'attendre que tout vole en éclats, mieux valait provoquer la fin de cette histoire, non ?

« Moi ce n'est pas pareil ! Et arrête de dire n'importe quoi, j'ai beaucoup de respect pour les femmes qui le méritent et je suis toujours inquiet pour toi, pourquoi tu veux absolument me faire passer pour un connard fini à tous points de vue ? » Il faisait de gros efforts, prenait sur lui pour que de sales répliques ne franchissent pas ses lèvres et qu'il ne se montre pas insultant alors qu'il pensait être en droit de lui faire du mal, elle lui appartenait, il serait le seul à avoir ce privilège et si ça ne le ravissait pas vraiment depuis sa dernière erreur, il n'en demeurait pas moins que qui que ce soit d'autre ce serait permis de la blesser autant, il serait monté au créneau, révolté. Mais lui, il l'aimait sincèrement et même s'il s'y prenait comme un pied pour le lui montrer, et qu'il prit d'ailleurs une baffe magistrale à cause de ça, ça ne l'empêchait pas de vouloir qu'elle reprenne sa place à ses côtés. Forcément, tout ça était teinté d'un peu de colère, qu'elle le frappe par deux fois était révoltant et il devait se battre contre ses éternels réflexes pour ne pas tout gâcher alors qu'il se trouvait déjà dans une situation délicate. « Tu peux déformer ce que je te dis tant que tu veux, Cinzia, la vérité reste ce qu'elle est et si tu crois que je vais te permettre de me laisser à l'écart éternellement, tu rêves ! » Il passa une bonne partie de la nuit devant la porte de sa chambre, à tenter de la faire céder et finit par être rassuré quand elle ouvrit, lui faisant comprendre que non seulement elle lui pardonnait mais que peut-être, il méritait vraiment une femme comme elle. Sa culpabilité, par contre, s'était fait un nid douillet en son sein et ne semblait pas prête à lui foutre la paix, malheureusement. Il fit tout ce qui était en son pouvoir pour rattraper le coup et il eut l'impression que ça marchait pas trop mal, principalement depuis leur retour. Elle avait mis un peu de distance mais ils passaient autant de temps que possible, tous les deux. C'était tout ce dont il avait besoin et dans l'espoir de la faire tomber une nouvelle fois amoureuse de lui, il se dit qu'un passage chez le coiffeur et le barbier ne serait pas du luxe, ne s'attendant pas à ressortir avec dix ans de moins et l'air d'être encore à l'école. Il se consola en se disant que leur prochain rendez-vous n'était pas avant plusieurs jours et que ça aurait le temps de repousser un peu. Lorsqu'elle sonna à l'interphone, il soupira, se demandant si le sorte ne s'acharnait pas un peu contre lui ces derniers temps. Il savait que ça susciterait une vive réaction mais pas à ce point là et il se vexa immédiatement. Comme s'il ne se sentait pas suffisamment ridicule comme ça, il fallait que la personne dont le seul avis comptait pour lui, en rajoute une couche.

« S'il-te-plaît, ne commence pas. Je suis allé chez le coiffeur pour une coupe, il a tout enlevé, je ne sais pas ce qu'il a compris mais j'ai eu envie de l'égorger. Je sais que je suis toujours beau, même si j'ai l'air de rentrer dans l'adolescence ! Balance toutes tes blagues maintenant et qu'on en finisse pour de bon, je ne suis pas d'humeur , Jandro en a déjà fait un sacré paquet ! » Elle poursuivit sur sa lancée et il bougonna, se poussant pour la laisser entrer bien que sa mauvaise humeur lui hurlait de fermer la porte et de la laisser là pour rire toute seule  à ses dépends. Il avait de l'auto dérision, certes, en quantité limitée mais tout de même, mais dès qu'il était question de son physique et de sa virilité, par extension, il le vivait excessivement mal. Surtout qu'il ne pouvait pas l'agripper par les hanches, la soulever de terre et la balancer dans son lit pour lui rappeler que même sans barbe et sans cheveux, il restait le maître de son plaisir. Cette histoire d'abstinence devenait difficilement gérable, surtout dans ces moments où la rage était si forte qu'il en perdait tout sens commun et qu'il n'existait pas trente-six façons de s'en débarrasser. Il préféra aller récupérer mon paquet de cigarette, en ficher une entre ses lèvres et l'allumer avant de prendre place sur l'un des tabourets de sa cuisine, endroit dont il ne se servait jamais et qui servait plus à décorer qu'autre chose. « Si mais t'as l'air plus intéressée par le fait que je sois passé chez le coiffeur tout en soulignant le fait que je suis beaucoup moins attirant ! » répliqua-t-il, piqué au vif. Elle eut beau préciser qu'il était toujours beau, ça ne changeait rien, rien du tout ! « Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Et d'ailleurs pourquoi elle est venue te parler ? »

La réponse s'imposa à lui au cours des semaines suivantes, quand elle se trouva miraculeusement à chaque endroit où il emmenait Cinzia pour recoller les morceaux, Il ne chercha à aucun moment à convaincre la Sicilienne qu'il s'agissait d'une coïncidence, pour lui, c'était mûrement réfléchi et il y avait une volonté de se rappeler à son bon souvenir. Elle devait très probablement être à court d'argent mais il crut bon de devancer toutes les possibles questions que se poseraient sa fiancée et qui pourraient leur faire du mal à tous les deux. Ils étaient dans la file d'attente pour un film très attendu et quand il aperçut son ancien sac à foutre, il soupira et prit la main de la brunette. « Viens, on va aller ailleurs, je vais trouver un endroit sympa où passer la soirée ! » lui susurra-t-il en l'enlaçant. Il l'éloigna un peu de la foule pour pouvoir lui parler sérieusement après avoir désigné Terry du menton. « Ca fait une éternité qu'entre elle et moi, il n'y a rien eu, à vrai dire, à partir du moment où je me suis mis en tête que tu devrais être à moi, j'ai arrêté de la fréquenter. Je ne sais pas à quoi elle joue mais elle croit probablement qu'elle a encore ses chances. Quoi que tu décides de faire la concernant, je suivrais. A moins que tu ne veuilles que je m'en occupe? Mais je crois que Mona n'est pas la seule à avoir besoin d'une leçon particulière de Cinzia ! » Il ricana et vint trouver ses lèvres, ils s'enlaçaient comme deux adolescents quand un raclement de gorge les interrompit. « Salut Mani, comment tu vas ? » minauda-t-elle alors qu'il donnait un dernier baiser délicat à sa future femme. « Je suis occupé et je n'ai pas d'argent à te donner, va falloir trouver une autre âme charitable. » « Tu sais très bien qu'entre nous, ça a toujours été bien plus que ça !  T'es quand même le père de mon dernier fils ! » Elle battit des cils et il éclata de rire ce qui la décontenança, elle s'attendait probablement à des bafouillements ou à de la violence mais il ne lui jeta que son hilarité à la gueule. « Si tu ne sais pas lequel des types qui t'est passé dessus est le père de chacun de tes enfants, ce n'est pas mon problème mais je me suis toujours protégé et t'es tombée enceinte dans une période où on ne voyait pas, Terry ! T'es pitoyable ! Arrête ton cirque avant que je ne perde patience, ou pire, avant que ma fiancée cesse d'être sympathique ! » Ce fut à son tour d'éclater de rire mais sans doute pas pour la menace qu'il venait de proférer. « Une gringa, pleine aux as, en effet, c'est terrifiant ! »



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FEAT. MACHO MAN & LA DANGEREUSE



Pour ne pas perdre en confiance, j’étais obligée de me rappeler tous les efforts cumulés par Manuel pour nous sauver de cette erreur, sauf que cette fois, la menace est amoureuse. ça la rend dangereuse, presque autant que moi, à la différence qu’elle, elle me sous-estimait. Elle ne semblait avoir aucune idée de la personne que j’étais réellement. A ses yeux, je ne suis que l’autre, la briseuse de couple, peut-être même l’ex-future-Madame-Herrera maintenant qu’elle pointait le bout de son nez. Grave erreur, au même titre qu’essayer de s’interposer entre une possessive et son bonheur. En soi, elle arrivait trop tard pour récupérer ce qu’elle considérait à tort comme acquis. La peur des premiers temps avait laissé la place à l’évidence. Je n’en suis plus là néanmoins. « Peut-être parce qu’elle me prend pour une princesse sans défense enfermée dans un donjon. Je ne sais pas si elle croit vraiment tout ce qu’elle m’a dit mais elle a l’air persuadée que tu es fou d’elle, que tu lui reviendras. Elle dit qu’elle t’aime aussi, qu’elle est faite pour toi et vice versa, que tu t’es toujours tourné vers elle quand ça ne va pas et que tu le fais toujours. » expliquais-je tout de go, le dévisageant pour chercher un démenti dans son regard. Mani est ce qu’il est – ou plutôt ce qu’il doit être – mais s’il y a bien une qualité à lui reconnaître, c’est son authenticité, malgré ces petites manipulations dont je ne me formalisais pas toujours, parce qu’il est des combats qui ne vaillent pas d’être menés tambour battant quand d’autres méritaient plus d’énergie. Et mon instinct ne cessait de me répéter que Teresa serait de ceux-là. « Je ne sais pas si elle croit vraiment à toute cette merde, mais elle dit que je n’ai pas les reins et que tu finiras par t’en rendre compte tout ou tard. Que je ne dois pas mal le prendre et me rendre à l’évidence. Qu’elle dit tout ça pour mon bien. Moi, je crois surtout que c’est une idiote doublée d’une putain qui n’a rien trouvé de mieux comme plan d’attaque que d’essayer de me faire fuir. » Prononcée à voix haute, cette impression était si risible que je me sentis déjà mieux. J’en souris d’ailleurs, mais sans grande joie. « Je ne me contenterai pas toujours de lui agiter ma bague sous le nez avec un calme olympien si elle insiste. Je me fous bien qu’elle me prenne pour une conne. ça m’arrange, mais si elle ne veut pas que ses gosses finissent orphelin, il est temps qu’elle se renseigne sur le terrain avant d’y mettre les pieds. » conclus-je en quittant ses bras et ses genoux pour farfouiller dans les armoires en quête de malbouffe. Je connaissais pas de meilleur remède contre la frustration, mais je ne trouvai rien qui m’intéressait vraiment. J’avais pourtant besoin de compenser, et je lui proposai donc de venir avec moi jusqu’à l’épicerie. J’avais bien besoin de ça pour me comporter en bonne petite fille, mais je sus, en la repérant sur un trottoir et, plus tard, partout où nous nous rendions, que ça ne durerait pas.

Cette garce effilochait mon manteau de patience, si bien qu’au fil du temps, j’engrangeai sur elle une panoplie d’information pour élaborer un plan d’éviction sur le long terme. Ma tête grouillait d’idées machiavéliques pour atteindre mon but. Je n’eus pas le temps de le mettre au point qu’elle dépassa les bornes, et pas tant parce qu’elle se  mêla à la file d’attente au guichet de cinéma, mais bien parce qu’il était désormais question de l’éviter. « Aller ailleurs ? Mais pourquoi ? Elle te suivra. Elle est devenue ton ombre. Elle est partout, tout le temps, et je suis certaine qu’elle l’est aussi quand je suis pas là. Elle veut te ramener à elle et si on s’en va, elle croira qu’elle ne te laisse pas indifférente et ce ne sera plus qu’une question de temps avant qu’elle se pointe chez toi à moitié à poil pour un numéro de charme. » Si ce n’était déjà fait. Evidemment, je doutais qu’il puisse lui céder, mais je redoutais que l’abstinence lui coutant, elle arrive à le convaincre que je n’étais pas la femme qu’il lui fallait. J’avais peur malgré moi. Je souffrais de craintes incohérentes dès que je m’attardais trop longuement sur l’épisode Cristal clos sans réelle explication sur les raisons de son comportement. Pourtant, seuls les bras de Mani m’apportèrent le réconfort nécessaire à ne pas douter de moi. « Je sais qu’elle ne t’intéresse plus. Et c’est justement pour ça que j’ai pas envie qu’on parte. Je préfère prendre le risque d’avoir à lui casser la gueule, quitte à ce qu’elle s’imagine que je la vois comme une menace, même si je n’ai pas envie de me salir les mains pour une putain. Elle n’en mérite pas tant. » Ce soir, puisqu’il pansait mes maux à l’aide de mots et de tendresse, ils lui valurent une étreinte et un gourmand baiser velours, comme si nous étions seuls au monde, ou presque. « Elle est incroyable. » chuchotais-je en italien à un Manuel qui la rembarrait. Impertinente, j’en souris moi aussi. Ses mensonges l’étaient plus que moi cependant. Je me rapprochai de Mani encore davantage, si tant est que ça soit possible, et pas seulement pour lui envoyer le message peu subtil que j’étais bien ancrée à ma place, mais aussi pour ne pas lui sauter à la gorge tout de suite. Après tout, elle ne s’adressait qu’à Mani. Je n’avais aucune raison d’intervenir en lieu et place de l’intéressé présumé père de son enfant. Mais bon sang, ça me démangeait de lui en coller une. La jalousie grossissait dans mon estomac à chaque fois qu’elle respirait. Et puis, contre toute attente, ils me passèrent la main chacun à leur tour. Lui, en me présentant comme une lionne, ce qui n’était pas faux. Elle, en me rabaissant sans vergogne.

Alors, mauvais et résolue à effacer de son visage d’ange cette saloperie de sourire, je fouillai le décor en quête d’un objet capable de ne pas la rater, quelque chose de lourd, mais de facilement manipulable. Je jetai mon dévolu sur l’un de ses piquets qui retenaient les cordons de velours de file d’attente. Je la frappai au visage avec une telle violence qu’elle dût y laisser une dent, à moins qu’elle se soit mordue la langue. Qu’importe. Elle vacilla, se tenant la bouche en gémissant. J’étais tellement satisfaite que je me serais contentée de son air ahuri sans réitérer, mais cette salope, au lieu de contre-attaquer, jeta un coup d’œil à Mani pour mieux renoncer, comme si me sous-estimer n’était pas suffisant, il fallait qu’elle m’humilie en refusant de me prendre au sérieux et en s’arrangeant pour attirer l’attention des badauds, qu’ils la plaignent, comme si je n’étais qu’une folle. « Tu pourras tout essayer que tu perdras ton temps. Il n’a jamais été à toi et tu ne seras jamais à lui. Approche-le ou humilie-moi encore comme tu viens de le faire et je m’arrangerai pour que tu y perdes vraiment quelque chose cette fois. » l’avertis-je coléreuse et agacée par sa volonté de ne pas réagir, en écrasant sa main sous mon talon aiguille. « Ta seule chance, c’est que tu ne m’amuses déjà plus. Reste à terre si ça te chante, moi j’ai d’autres choses à foutre que de me rabaisser à cogner une putain qui kiffe être écrasée. » Au moins, avait-elle arrêté de rire. Je pus faire mine de rajuster mon pull et de jouer les femmes indifférentes qui se moquaient bien de sa présence, de ses lamentations, des plaintes des témoins et de mon propre ressentiment. « Tout compte fait, je ne serais pas contre si tu nous trouvais un endroit sympa ou passer la soirée, en tête à tête… » Il traînait dans ma voix un petit quelque chose qui ne passerait certainement pas inaperçu chez lui, comme un soupçon de regret envers ma décision de nous ramener vers l’abstinence à cause de Los Angeles, juste pour me rassurer pour de bon cette fois, uniquement pour me laver de cette sensation qu’elle finirait par gagner et par me ravir la personne la plus importante qui soit à mes yeux. J’en arrivais à oublier quels en étaient les raisons. Je me surpris même à l’arrêter en chemin pour lui ravir un baiser, puis un autre, mes mains provoquant une rencontre avec le grain de sa peau, sous sa chemise, d’instinct. Je l’aurais déshabillé sur place si j’avais pu. « Tu crois que tu pourrais me garder près de toi cette nuit ? » le priais-je sur un ton entre tristesse et supplication. « J’appellerai mon père moi-même. » Sauf que j’appris de la bouche de ma mère qu’il s’était envolé précipitamment pour la Sicile. Elle me proposa de parler à Achille si c’était important, mais je préférai éviter. Je raccrochai, bredouille et dépitée.


***


Le lendemain matin, alors que j’entretenais une conversation très sérieuse avec Jezabel, nous fûmes interrompues par l‘incursion des flics, ici, chez moi, et pour moi. Pourtant, ce n’était pas tant qu’ils m’embraquent qui m’inquiétait, mais bien la réaction de mon père. Sauf qu’Achille, et je fus surprise que ce soit lui qui vienne me récupérer et non pas Mani, averti par sa sœur, me promettait qu’il se chargerait de garder le secret en échange d’un menu service. Je bataillai comme je pus, alléguant qu’il n’avait pas le droit de lui mentir et que je ne craignais de toute façon pas sa colère, mais je fus forcée de céder quand il utilisa mon affection pour Jez contre moi. Je refusais qu’elle paie à cause de moi, mais je me promis que j’en toucherais un mot à Mani pour mon couple. Tout ça, c’était entièrement de la faute de Teresa. Pour tenir ma parole, je me pointai dans une tenue renversante de simplicité, uniquement pour être certaine qu’on ne m’arrêterait pas sur le pas de la porte du domaine. « Tu sais où j’ai passé la matinée ? » dis-je à mon fiancé qui m’accueillait dans son bureau à Brooklyn. « Comment il s’y est pris pour que tu le laisses venir me chercher ? » m’enquis-je au bord de la rupture nerveuse, tournant en rond comme un lion en cage. « Tu te rends compte ? Cette pétasse a déposé plainte. Ces lâches m’ont emmenées, menottes au poing, devant ta sœur, et sur le domaine, comme si j’étais une criminelle. Elle va tellement me le payer. Je crois qu’elle soupçonne même pas la chance qu’elle a que mon frère soit au courant et qu’il me fasse du chantage. Et lui, lui…. » crachais-je courroucée envers son audace. « Je le hais lui aussi. Je ne devrais pas parler comme ça, mais tu sais ce qu’il attend que je fasse ? » Je lui confiai l’histoire de Jasper et lui révéler l’étendue de ce qu’on attendait de moi les joues rouges de rages et les poings serrés. « Me rapprocher d’un gars comme ça, que j’ai vu deux fois dans ma vie quand j’allais voir Lady Gaga à la caserne. Il croit qu’il parle à qui ? A une putain de bas étage ? Bientôt, il va me demander d’écarter les cuisses ? Putain, il me dégoute, surtout qu’il m’a coincée. Si je le fais pas, il va tout balancer à mon père. Je vais vivre un enfer et ça va se répercuter sur Jez. Si je le fais, c’est toi que je mets dans une position inconfortable. Je suis larguée… Je me sens prise entre deux feux et j’en suis tellement désolée. Je voudrais tellement que ce mariage soit officiel. J’en ai marre, mais tellement marre ! » soupirais-je dépitée et complètement perdu.



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Manuel Herrera
Manuel Herrera
ADMIN A LA MACHETTE MAIS EN DETENTE

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FEAT. MACHO MAN & LA DANGEREUSE



Des poissons de son acabit, il y en avait d’autres dans l’océan et si cet acharnement ressemblait à Teresa, il arrivait tellement tard qu’il avait du mal à imaginer qu’elle ait pu ne pas classer le dossier pour de bon. Depuis le temps qu’il avait coupé les ponts. Il n’arrivait même pas à se souvenir de la dernière fois où il l’avait baisée, c’était dire à quel point cela remontait à loin. Et voilà qu’un beau matin elle se réveillait, comme par hasard le même jour où le coiffeur du Salvadorien décidait de péter un câble artistique et de vraiment lui refaire le portrait, pour venir foutre sa merde et mettre des idées à la con dans la tête de Cinzia. La Sicilienne n’avait clairement pas besoin de ça au lendemain de l’affaire Los Angeles et lui non plus. Il l’aimait de tout son cœur et il était prêt à beaucoup de chose pour sa future femme mais il ne pouvait pas passer sa vie à se justifier, surtout pas quand il était innocent. Elle s’attendait probablement à ce qu’il agisse en coupable si elle lui racontait tout ça, si elle partageait ces détails avec lui et qu’il lui donnerait la preuve irréfutable qu’il s’était adonné à des pratiques peu catholiques avec une ancienne amante. Quand bien même, il aurait été assez malin pour dissimuler les preuves. LA étaient une erreur de parcours et un très mauvais calcul mais c’était un fait isolé, habituellement, il était maître de la situation, de A à Z et jamais aucune pétasse ne serait venue jusqu’à Cinzia pour lui conter les exploits de son cher et tendre ou bien pour claironner sur le fait qu’elle était mieux que celle qui portait une bague de fiançailles faite sur mesure à son annulaire. Mais surtout, s’il avait décrété qu’il était dans son bon droit, il n’aurait pas hésité à le lui dire et lui rappeler qu’en tant qu’homme, il faisait ce que bon lui semblait sans avoir besoin de sa bénédiction. Elle avait décidé de faire ceinture, pas lui, elle avait jugé que ça avait été une erreur d’avoir une vie sexuelle en dehors du mariage, pas lui, il aurait eu tout un tas d’arguments à lui opposer et il aurait pu le faire sans vraiment se préoccuper des conséquences parce que son attitude le contrariait autant que ça le vexait. Heureusement pour elle, Teresa faisait bien pire et était l’objet du courroux du fiancé en mal de confiance. Il le sentait déjà, cette situation merdique allait le rendre complètement fou et finirait par user complètement sa patience et sa bonne volonté. Entre l’obstination de la putain de service et l’abstinence, tout ça commençait à devenir grandement compliqué. Il avait beau faire de son mieux pour rester en contrôle, cela lui échappait, doucement mais sûrement. Il ne parvenait pas non plus à se défaire de cette sale sensation, celle qui mettait tous ses sens en éveil et qui poussait son instinct à rester aux aguets. Il commençait sincèrement à douter de l’efficacité d’une raclée alors qu’il ne connaissait pas meilleure façon de faire taire la moindre protestation, ça sentait mauvais.

« Et qu’est-ce que j’y peux, putain ?! Je suis victime de la situation, comme toi et je suis certain que si je m’en occupais moi-même, tu me ferais une tête comme ça parce que ça remettrait en question la confiance que je peux avoir en toi ou encore une de ces putain de conneries de gonzesses auxquelles je ne pige rien ! » S’il ne s’était pas autant soucié de ses sentiments à elle, la question aurait été vite expédiée, il l’aurait fait attraper par quelques-uns de ses hommes et elle aurait mystérieusement disparu sans que personne n’entende plus jamais parler d’elle. Les conséquences, il pouvait déjà les prédire, c’était une dispute sur ce que Cinzia pouvait faire ou non, sur l’éventualité qu’il la couvait peut-être un peu trop et qu’elle était capable de gérer cette situation elle-même, de femme à femme. Bien, parfait, mais il fallait qu’elle le fasse vite ou il ne tiendrait pas longtemps et si Manuel n’était pas un homme facile en temps normal, c’était bien pire quand il était privé de la seule chose capable de le détendre et de faire ressortir l’humanité qu’il y avait en lui, aussi cachée puisse-t-elle être. « Ce que tu dis est complètement contradictoire, je ne comprends rien ! Tu sais quoi, on va faire comme tu veux, c’est bon ! Tout ça me casse royalement les couilles ! » finit-il par dire en espérant qu’accéder à ce qu’elle voulait lui garantirait la paix. Non, il fallait que l’objet de tout ce merdier insiste lourdement et lance officiellement la saison des combats en pleine rue. Il ne la retint pas quand elle se saisit d’une arme pour lui en donner un coup, ça n’aurait servi un rien et il espérait, de toute son âme, que ça la calmerait pour de bon et qu’elle cesserait de lui coller au cul. Malheureusement, le fait qu’elle reste au sol était annonciateur d’une mauvaise nouvelle. Elle n’était pas le genre à refuser une bagarre, peu importait qui se trouvait en face d’elle et qu’elle courbe l’échine comme ça ne lui ressemblait pas. Il s’approcha de sa fiancée pour qu’elle lâche son arme et qu’elle vienne avec lui. « Bébé, on y va, laisse couler ! » Il devait avoir l’air d’un beau couard pour le parterre de spectateurs qui se trouvait là, il réfléchissait surtout et veillait à ne surtout pas ternir l’image qu’il avait mis tant de temps et d’énergie à construire mais il savait que dès demain, ça ferait la une des canards de la ville. Il avait bien besoin de ça ! « Tout ce que tu veux mais on dégage d’ici. » finit-il par lui répondre avec davantage de fermeté en lui agrippant la main pour l’obliger à suivre. Elle tenta de rester pour la nuit mais la réponse de son frère fut sans appel alors qu’il se demandait si ça valait encore le coup d’aller ailleurs. « Elle ne t’a pas frappé, elle ne s’est même pas relevée pour essayer. C’est bizarre ! Si elle voulait vraiment me récupérer, elle y aurait mis toute sa hargne et elle aurait cherché à te faire mal pour prouver sa supériorité mais elle ne l’a pas fait… Ça me donne une sale impression… J’espère qu’elle n’a rien manigancé avec un journal à sensation ! Parce que demain, tout ça fait la une ! Elle ne se trouvait pas là par hasard, chaque fois dans des lieux publics ! Je vais me débarrasser d’elle avant que ça ne prenne des proportions ingérables. »


***


Il n’était pas moins inquiet en déposant Cinzia chez ses parents ce soir-là, pas même alors qu’elle faisait de son mieux pour l’apaiser. Il préféra passer la nuit à travailler, sachant qu’il ne parviendrait pas à fermer l’œil de la nuit, il le sentait, quelque chose ne tournait pas rond et allait leur sauter à la gueule. Il en eut confirmation avec le coup de fil de Gaby. « Jez m’a appelé, les flics sont venus chercher Cinzia, sûrement pour la bagarre d’hier et visiblement, Achille n’a rien fait et a fait pression sur les filles pour que rien ne filtre, ça sent mauvais mais faut qu’on attende, Mani, on ne peut pas agir trop tôt ou on va perdre notre chance de prouver sa culpabilité. » Il ne répondit que d’un grognement, incapable de formuler des phrases cohérentes alors qu’il tremblait de rage. « Il va forcément lui demander quelque chose, quoi qu’il demande, laisse la faire, on va se débrouiller. Je vais prévenir Lucky, on se tient au courant. » Il balbutia un merci avant de raccrocher et de détruire tout ce qui passait à sa portée dans le bureau qu’il occupait dans cette nouvelle boîte de Brooklyn. Il prit immédiatement le chemin de son appartement et fonça dans cette pièce uniquement réservée aux appareils de musculation, courant trois bons quarts d’heures avant d’embrayer sur des haltères et tout ce qui était susceptible de lui permettre d’évacuer sa colère de façon efficace. Le mieux restait de frapper dans un sac, encore, et encore, et encore, en se disant que cet enfoiré essayait de l’enculer depuis le début et qu’il était temps de passer à la vitesse supérieure. « Jandro, relance l’opération 404. Tout ce que tu trouveras, vidéos et photos. » Il souffla, sentant que son ire n’avait pas diminuée, il s’était seulement fatigué sans faire disparaître quoi que ce soit. Le monstre bataillait sec pour se libérer, il ne pourrait pas le maintenir enchaîné trop longtemps. Il prit une douche, enfila des vêtements propres et reprit la route pour son bureau, prenant de quoi petit-déjeuner pour un régiment, il lui faudrait au moins ça. Quand il débarqua, tout avait été ramassé et rangé et Cinzia était là. Il l’embrassa, s’inquiétant de savoir si elle allait bien avant de tout déposer sur son bureau pour s’appuyer contre et la regarder s’agiter. « Je sais, Gaby m’a appelé. » déclara-t-il avec un calme qui n’avait rien de rassurant. « Il n’a rien fait, j’ai été prévenu trop tard et il valait mieux que je reste en dehors de tout ça, pour le moment. Nous ne sommes pas officiellement mariés, c’est ton frère, avec le rôle qu’il occupe, on doit la jouer finement. » expliqua-t-il pour qu’elle puisse entendre qu’il ne s’était débiner mais qu’il avait dû faire les choses avec raison et non pas avec son cœur. Sinon, Achille n’aurait jamais eu l’opportunité de mettre le petit doigt sur elle. Il s’approcha d’elle et la serra contre lui, caressant son dos avec douceur pour la ramener au calme maintenant qu’elle avait vidé son sac, il embrassa le sommet de son crâne, sa tempe et lui murmura qu’il n’allait pas l’abandonner. « Ne t’occupe pas de moi, je vais trouver une solution. En attendant, fais ce qu’il te demande, laisse-lui croire qu’il a gagné. Je m’occupe du reste ! Tu as confiance en moi ? » Il embrassa ses lèvres avec passion, caressant ses joues du pouce avant d’ajouter : « Allez, viens manger ! »


***


Ce ne fut pas compliqué de trouver Teresa et encore moins de la faire parler. Elle était en sale état quand il quitta son appartement mais il était certain qu’elle n’irait pas porter plainte cette fois, elle comprenait que tout ça n’était pas un jeu et qu’il n’y aurait qu’une perdante : elle. Il rejoignit Cinzia dans cette boutique de vêtements de mariage alors qu’on reprenait les robes des demoiselles d’honneur. Il n’eut pas à s’imposer puisqu’elle le vit et vint aux nouvelles. « Ton frère… Il a manigancé tout ça, avec Teresa, en lui faisant croire qu’elle récupérerait tout si elle faisait ce qu’il avait décidé… Je suis en train d’assurer nos arrières mais pour le moment, tu dois faire semblant et lui donner ce qu’il te demande. Le moindre faux pas et on ne pourra pas faire payer à ton frère ! »



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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE

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Mani était incroyable dans tous les sens du terme. Jusqu’à preuve du contraire, il n’était pas le seul à se coltiner cette pouffiasse qu’il a baisée allégrement et qui était visiblement trop con pour distinguer une histoire de cul d’une relation amoureuse. J’en souffrais moi aussi, mais Môsieur se permettait de se vexer pour des prétextes futiles. Était-il bien sérieux ? Contrairement à ce qu’il semblait penser, je ne l’accablais pas de reproches, j’essayais seulement de donner à cette idiote une subtile leçon, sans doute trop. J’étais prête à l’indécence pour qu’elle comprenne qu’elle perdait son temps. Aurais-je dû l’attacher dans les toilettes pour lui offrir le même spectacle sexuel que celui réservé à mon patron aux dernières heures de sa vie que je n’aurais hésité trente secondes. Mani me coupait toute envie de me montrer si retorse cependant. Ce qu’il qualifiait de contradictoire était pour moi on ne peut plus limpide. Il y avait l’image qu’elle me renvoyait et celle qu’elle s’imaginerait nous concernant si on fuyait comme des pleutres. Peut-être ne m’étais-je pas exprimée assez clairement. Sans doute fallait-il que je précise ma façon de penser avant qu’elle ne réveille ce que je recelais de plus détestable. Trop tard. Elle me provoqua et je me jetai sur elle, comme elle l’avait pressenti et Dieu que j’étais en colère d’avoir été si idiote. En lui donnant exactement ce qu’elle attendait, je m’étais laissé manipuler. Je m’étais rendu vulnérable et j’étais aussi verte de rage que rouge de honte d’exposer Manuel de la sorte. Mon cœur rata un battement lorsqu’il parla de presse. « Je vais me renseigner. Tu penses bien que ce genre de presse aurait adoré mettre la main sur moi. J’ai reçu des propositions que j’ai déclinées, mais… » L’idée de le mettre dans l’embarras me gênait au plus haut point, tout comme celle qu’il puisse se débarrasser lui-même du boulet qu’il traînait derrière lui. « Tu l’as dit toi-même. Elle a quelque chose derrière la tête et si c’est vraiment en rapport avec la presse, s’il lui arrivait quelque chose, il chercherait de mon côté et du tien par extension. Tu imagines les conséquences ? Tout le monde saura qu’on est déjà marié. Les flics chercheront à mettre le nez dans les affaires de ton père et du mien. Je jetterais la honte sur ma famille. Mon père me tuerait pour ça. Il le fera sans hésitation après avoir convaincu le tien que c’était la meilleure chose à faire, histoire d’être sûr qu’ils pourront tous les deux te mettre en cage. Et je ne blague pas, bébé. Mon père nous aime, mais il aime encore plus son honneur. Je ne peux pas le bafouer. On ne peut pas prendre ce risque-là. » La panique suait de par ma voix et de par chaque porte de ma peau. Pour essayer de m’en défaire, je relevai l’accoudoir, je me nichai contre son flanc et j’entourai son torse de mes bras. J’eus l’impression d’aller mieux, un peu seulement. Le sort me priva de quiétude pour la nuit alors que je n’aspirais qu’à une chose : passer la nuit avec lui.

Je fus incapable de fermer l’œil, tout occupée à chercher des solutions et à relativiser au maximum pour ne pas surprendre cette putain dans son lit et ainsi l’achever. J’étais tellement en rage, mais tellement, et elle ne fit que décupler une fois arrêtée par les autorités comme si je n’étais qu’une vulgaire criminelle. Je l’étais, par bien des aspects, mais j’aurais dû demeurer bien à l’abri dans mes murs. Je maudissais cette connasse. Je la haïssais de tout mon être. Tout comme je détestais mon frère de m’utiliser pour mener à bien sa petite vendetta. Mani et moi n'avions besoin qu’il se venge maintenant pour ce qu’il prenait pour des affronts dont il fut lui-même l’instigateur. Ça me mettait d’autant plus hors de moi que j’étais piégée et que je me sentais impuissante. En racontant ma mésaventure à mon fiancé, sa réaction m’étonna assez pour que j’en reste pantoise. Son calme apparent, j’ignorais s’il était sincère ou surjoué, mais mon instinct supposait qu’il préparait quelque chose dont il voulait me préserver. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il encaissait la nouvelle trop bien pour ne pas cacher quelque chose. Il allait même jusqu’à me rassurer de quelques caresses et de doux baisers. « Toi et moi, on sait qui il est, c’est lui qui semble l’avoir oublié. Comment tu crois que mon père le prendrait s’il apprenait ce qu’il est en train de faire ? Si seulement on pouvait éloigner ta sœur de lui… »

Mes pieds et mes poings se délieraient enfin. Je pourrais avouer la vérité à mon père et utiliser les exigences de mon frère contre lui et en faveur de mon mariage. Le problème étant que Jezabel devait rester sur le domaine…la décision de la mettre à l’abri ne nous revenait pas. « Je pourrais l’envoyer chier. Au lieu de ça, je ferai ce qu’il me demande si tu penses que c’est le mieux, mais… je ne veux pas que ça crée de problèmes entre nous. Mani. Promets-moi que ça n’en créera pas. » Sous-entendu, souviens-toi que je n’ai besoin d’aucun ami à part toi, et exclusivement toi. J’ignore si le baiser passionné dont il me gratifia était sa façon de me remercier pour ce nouveau témoignage de confiance ou pour apaiser mon angoisse, mais je l’appréciai à sa juste valeur. Je mangeai comme si je détenais quatre estomacs, au moins, mais ça eut le mérite de me détendre vraiment. À défaut d’autres méthodes, c’était déjà ça de pris, quoique j’espérais toujours que Mani me trouve une solution pour me défaire de mes obligations. Dès lors, qu’elle ne fût pas ma déception lorsqu’il me confirma que nous étions coincés pour le moment. « Achille ? Mais, quelle raclure. Il m’envoie en prison pour m’y récupérer et faire de moi sa marionnette ? Quand je pense que je l’ai remercié. » Je passais pourtant une bonne après-midi avant cette nouvelle. Là, j’étais surtout prête à lancer contre le mur le premier objet qui me tombait sous la main, mais Mani réprima ce besoin en m’assurant qu’il veillait au grain. « Et, j’ai le droit de savoir ce que tu prépares ? Parce que je n’ai pas du tout envie de participer à ce qui prépare et qui va nous attirer des ennuis. Aucune. Ça me ferait du bien de savoir comment tu vas t’y prendre pour ôter son putain de sourire de sa bouche de menteur. » Cette colère innommable que je nourrissais pour lui n’y changea rien néanmoins. Je m’exécuterais. Je n’avais pas le choix. J’y allais cependant la conscience tranquille, car si Manuel ne cautionnait pas, j’avais au moins tout son soutien.


***

Je tombai sous le charme de Merrin au premier regard qu’elle me lança, parce que je n’étais que faiblesse et fragilité devant les grands yeux d’un poupon. Mon affection pour elle enflait à chaque fois que je la voyais, au point de m’être convaincue qu’elle cherchait chez n’importe quelle femme l’amour manquant de sa mère décédée. Bien sûr, une part de moi était consciente que ça n’existait que dans ma caboche, mais je veillais tant sur le bien-être de cette princesse que j’accourus au chevet de Jasper dès qu’il me bipa. Je me pressai même d’emporter l’enfant en lieu sûr quand les médecins établirent un pronostic sur la survie du pompier du genre mitigé. Il était déshydraté. L’empoissonnement était sévère. La gamine attendait des soins et une garde constante et parmi les différentes options qui s’offraient à moi, je choisis la plus égoïste. Grimpant dans ma voiture, je traversai la moitié de la ville pour obtenir de l’aide auprès de Manuel, le prévenant avant que j’étais en chemin, mais sans l’avertir que je n’étais pas seule. Non pas que je cherchais à le lui cacher ou que je craignais qu’il refuse de secourir ce petit bout innocent, mais parce que dans la précipitation, j’allai au plus bref. Il n’était pas question d’avoir un accident alors que je m’accordais des droits sur cette magnifique créature. Je frappai à la porte la fillette entre les bras et, pendant au bout de mon poignet, des biberons et du lait maternel. Quant à Manuel, il n’aurait pu dissimuler sa surprise. « Non, elle n’est pas à moi. C’est la petite de Jasper. Je te présente Merrin. Tu nous fais entrer ? Je ne voudrais pas qu’elle attrape la mort avec tous ces courants d’air. » m’exclamais-je en babillant la désignée qui tendait les mains vers mon fiancé. « Tu vois, tu lui plais déjà. Ça ne m’étonne même pas. Cette gamine est intelligente. Elle sait reconnaître un homme génial quand elle en voit un. » Je le poussai légèrement pour me permettre d’entrer et, au passage, je lui chuchotai que son père était à l’hôpital, mal en point, même si je ne doutais pas qu’il était déjà au courant. Il savait toujours où j’étais, quand et avec qui. J’avais seulement tendance à l’oublier, ce qui n’était pas un mal finalement. Outre l’inconvénient de parler pour ne rien dire, ça préservait la spontanéité de nos échanges, qu’importe la tournure qu’il prenait.« Je pouvais pas rentrer chez moi avec elle... Ma mère aurait cru qu'elle était à moi. ça aurait fait un scandale. Je ne pouvais venir qu'ici, mais si tu avais autre chose de prévu, je peux aller chez les Canjura. Ce serait pas grave. Mes parents croient que je suis là-bas pour toute la nuit de toute façon... »



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Manuel Herrera
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Les mauvaises nouvelles lui tombaient dessus les unes après les autres. Il aurait aimé avoir le temps de reprendre sa respiration entre chacune d'entre elles mais ça semblait trop demander. Teresa, Achille, la possible maladie de Cinzia. Tout s'enchaînait vitesse grand V et l'amenait à se demander ce qu'il avait fait de travers pour être puni de la sorte. Pour Teresa, il aurait sans doute dû l'éliminer quand elle avait commencé à devenir gênante, il ne connaissait pas encore Cinzia qu'elle le lassait déjà et le rendait fou à s'inviter dès qu'il était accompagné d'une autre. Elle avait tellement peur qu'il offre son pognon à quelqu'un d'autre. Entre eux, il n'avait jamais été question de sentiments mais uniquement d'argent, comme avec une putain, à ceci près qu'elle ne se permet pas de donner son avis, la putain, elle vous écoute, hoche la tête, vous console et vous soulage mais ça s'arrête là. Elle avait toujours ce besoin compulsif de se comporter comme si elle et sa petite opinion comptaient. Mais qui s'en souciait ? Certainement pas lui ! Il ignorait ce qui l'avit empêché de l'éliminer mais ça avait été un très mauvais calcul ! Achille s'était engouffré dans la faille et en avait profité pour tenter de faire chanter le Salvadorien. Comment osait-il ? Il avait cumulé les insultes et les manquements aux règles de base du respect entre personnes civilisées et il se permettait de vouloir une vengeance ? Qui avait lancé les hostilités ? Qui avait outrepassé ses droits et ses devoirs ? Qui n'avait pas hésité à piétiner les ordres et l'autorité de son propre père pour des raisons obscures ? On ne pouvait pas avoir confiance en un homme qui n'avait pas de respect pour les anciens et encore moins pour son propre père, ça en disait long sur les qualités de ce type et sur sa loyauté. Un homme, un vrai, ne trompait pas sa femme à tour de bras sans l'honorer un minimum. Quand on abandonnait sa famille, c'était le premier pas vers l'abandon de tout le reste. Manuel n'avait pas la moindre confiance en lui, parrain de pacotille qui pétait plus haut que son cul et croyait tenir le monde entre ses mains sans se douter que ses cadavres dans les placards n'étaient pas mieux planqués que ceux des autres, bien au contraire. Par principe, Mani n'avait fait qu'aller en surface pour contre-attaquer après leur altercation dans la cave. Il s'était dit que le message passerait mais puisqu'il était têtu, il creuserait plus profondément et s'assurerait de ramener toute la merde à la surface, il n'aurait plus qu'à regarder son monde tomber en ruines, impuissant ! Il avait commis deux erreurs de débutant : utiliser Cinzia comme un vulgaire pion et sous-estimer la rancoeur de Manuel. Dommage !

« Fallait s'y attendre, Antonella a remué tellement la merde avec son idée de divorce, il l'avait mauvaise, tout le monde a pu voir clair dans son jeu. Il fallait qu'il se venge et il sait d'où ça vient. J'aurais préféré qu'il s'en prenne directement à moi plutôt que de passer par toi mais comme il ne sait pas gérer ses problèmes comme un homme, suffit de voir sa femme, on va devoir la jouer comme lui. » Il avait un mal fou à desserrer les mâchoires et à se défaire de cette expression qui signifiait qu'il était fou de rage et que ça ne tarderait pas à exploser. Il avait déjà assuré à sa fiancée qu'il n'y aurait pas le moindre conflit entre eux qui découlerait de ça, elle était la victime de son frère et il n'avait pas l'intention de la faire payer pour ça, elle devait déjà suffisamment en faire. Ils avaient leurs propres problèmes à gérer, ce n'était pas facile et ils faisaient de leur mieux, il était hors de question d'en rajouter une couche supplémentaire, ils se débattaient déjà tellement. Lui en particulier, qui cherchait quelle était réellement sa place dans la vie de Cinzia et ce qu'elle attendait réellement de lui. C'était, cependant, l'occasion parfaite de lui prouver qu'il lui était indispensable. « Je fouille, ton frère manque de discrétion quand il s'agit de tromper sa femme et s'il fait plus attention maintenant, il laisse des traces facilement repérables quand on connaît les bonnes personnes, suffit de creuser. J'ai encore rien de probant, seulement quelques noms et des adresses, je vais voir ce que ça donne. Mais mon instinct me dit qu'on va tomber sur quelque chose d'énorme, quelque chose qui va justifier tout ce qui est en train de se passer maintenant ! Je suis désolé que tu sois embarquée là-dedans, j'aurais préféré qu'il te laisse en dehors de ça. Si ça peut te rassurer, ce sera bientôt terminé ! On va attendre que le mariage de Lucky soit passé et puis on mettra tout ça en place ! Mais tu n'as à te soucier de rien, ça va bien se passer ! » Il lui offrit un sourire rassurant et la garda près de lui, se disant que le plus dur serait pour lui qui aurait à patienter pendant des semaines avant de pouvoir lancer l'offensive. De toute façon, il ne ferait rien sans l'aval de Luciano et Gabriele et il faudrait attendre que le premier rentre de voyage de noces. Autant dire dans une éternité.


***


A cette heure, tout le monde était debout et actif depuis un moment mais pas Mani, pas lui qui vivait une bonne partie de la nuit et dormait la journée. Il eut un mal fou à étendre le bras pour décrocher son téléphone et ne comprit que l'essentiel : Cinzia venait. Il sombra à nouveau dans un semi sommeil avant d'ouvrir grand les yeux et de se décider à se bouger. Il se traîna à la douche, se disant que ça terminerait peut-être de le réveiller. Il en émergeait à peine quand on frappa à la porte. Il enfila une serviette autour de ses hanches, brosse à dents dans la bouche pour aller vérifier l'identité de l'intrus. Il reposa son flingue à sa place quand il eut confirmation que c'était sa fiancée. Il ouvrit la porte, ne comprenant pas ce qu'elle foutait avec un gosse mais loin de s'imaginer qu'il était à elle. Elle n'aurait jamais pu tomber enceinte et accoucher sans qu'il ne le voie ! On ne la lui faisait pas à lui ! Il finit par se pousser pour les laisser entrer et refermer la porte derrière elles avant de retourner dans la salle de bain et terminer de se brosser les dents, de se sécher et de s'habiller. Sortir en boxer lui sembla acceptable, il ne comptait rien mettre d'autre avant d'y être contraint. « Tu parles trop vite, je comprends rien ! » finit-il par dire, l'air ahuri. Il n'était finalement pas du tout réveillé. Il se dirigea vers la machine à café, il avait bien besoin de ça pour y voir plus clair et de manger aussi, sans ça, il ne démarrerait pas convenablement. Alors qu'il attendait que son expresso se fasse, la gamine s'agitait toujours dans les bras de sa fiancée, le suivant des yeux. Il s'approcha, elle babilla, lui sourit et lui fit du charme, lui soutirant son premier sourire de la journée et il finit par la récupérer dans ses bras pour la maintenir fermement contre lui. « Salut toi, comment tu vas ! » Il déposa des baisers sur ses joues rondes et elle rit, chatouillée par sa moustache. Il attrapa son café qu'il avala d'une traite sous le regard ébahi de la petite chose qui ne le lâchait pas d'une semelle. « Donc, tu veux rester ici, avec elle ? Pourquoi il est à l'hôpital déjà ? Et combien de temps ? Parce que tu vas devoir retourner chez tes parents à un moment et moi j'ai rien pour les enfants ici ! » Il ouvrit un de ses placards pour en sortir du pain de mie et du beurre de cacahuètes et tenter de se faire un sandwich. S'il avait su comment faire, il se serait fait des pancakes ou un vrai repas consistant mais parfois, même casser des oeufs était compliqué. « Elle est où sa mère ? Parce que franchement, elle est mignonne hein, mais elle serait mieux avec elle, non ? » Il essayait de deviner s’il devait se mettre à être jaloux et à enclencher le plan de contre-attaque ou pas.





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Cinzia Herrera
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Certes, les Gambino ne sont que des hommes faits de qualités et de défauts, mais normalement, dans l’image que je retenais de ma famille, le manque de loyauté les uns envers les autres n’existait pas. Nous nous soutenions mutuellement dans les épreuves. Nous étions un clan soudé. Achille, bien qu’il soit le plus effrayant de tous, n’avait jamais fait l’exception jusqu’ici. Malgré la différence d’âge, j’avais pu compter sur lui d'une certaine façon. Autant dire que si la triste nouvelle de son complot ne m’avait pas été rapportée par Manuel je ne l’aurais sans doute pas crue. Comment en était-il arrivé là, mon frère ?  Était-il malheureux au point d’être corrompu par la jalousie ? Détestait-il Mani par principe ou parce qu’il soupçonnait notre couple de ne pas être aussi vertueux qu’on se borne à faire illusion ? Me tenait-il responsable de la mort de Fedele, ce qui lavait Mani de toute animosité ? Les hypothèses étaient nombreuses et je ne disposais d’aucun moyen pour obtenir des réponses. S’il s’était contenté de s’en prendre à moi, j’aurais pu envisager de discuter pour mettre à plat son problème et le régler avant que ça ne dégénère. Ce n’était plus possible maintenant et ça me désolait. En impliquant Teresa et Jezabel, il me désarmait face à mon fiancé qui faisait de cette agression fourbe et pernicieuse une affaire personnelle. C’était de bonne guerre, je ne pouvais pas l’en blâmer, juste lui donner raison. « J’aurais préféré qu’il ne s’en prenne à personne de cette façon-là. Il aurait pu venir discuter avec nous plutôt que d’essayer de se venger. Ça me fait mal qu’il me fasse un truc pareil. Je suis sa petite sœur. » m’attristais-je tandis que Mani me réconfortait tendrement. « Tu sais ce qui me gêne le plus ? C’est qu’il me manipule… qu’il se croit au-dessus de tout le monde. Que mon père nous déplace comme des pions, on a toujours trouvé ça normal. Je veux dire, on sait que dans le fond, c’est pour notre bien et on a confiance en lui. » Abstraction de mon jumeau qu’il écarta de NYC, l’obligeant à se conforter dans l’idée insultante qu’il est le mouton noir de la famille. « Là, j’ai du mal à lui trouver des circonstances atténuantes. Teresa t’a dit autre chose ? Il lui a promis quoi exactement ? Du pognon ? On ne peut pas racheter sa proposition ? Je sais qu’elle ne le mérite pas, mais c’est que j’ai un mauvais pressentiment la concernant et je ne peux plus rien faire maintenant. Je suis dans le collimateur des flics. Et toi aussi visiblement. Ils m’ont posé des questions sur toi. Il se demande comment la fille Gambino se retrouve fiancée au bienfaiteur du Bronx. Alors, sois prudent, mon cœur. » Je me serrai si fortement contre lui que mille ouvriers et un pied de biche n’auraient su me décrocher. « Je sais que tu vas trouver une solution, mais quoi qu’il fasse et quoi que tu trouves, je t’en supplie, mon cœur, ne l’envoie pas à la mort. Mon père ne transige pas sur certains faits et je n’ai pas envie de voir mourir un autre de mes frères. »  Je me sentais bien trop concernée par l’accident de Fedele. J’avais beau me répéter que je n’étais pas celle qui piégea la voiture, il m’arrivait souvent de songer que c’est moi qui aurais dû mourir, que Dieu le sacrifia à ma place, sans doute parce que j’avais encore un rôle à jouer sur Terre, mais lequel ? « Je peux passer te voir ce soir ? Je devrais rentrer avec les robes que j’ai choisies pour le mariage et je ne sais pas laquelle je vais mettre. Je voudrais ton avis. » Sans l’abstinence, j’aurais fait en sorte d’oublier la peine provoquée par l’acharnement d’Achille, mais….


***

Que Mani consente que je noue avec Jasper une amitié qu’il aurait juré intolérable en d’autres circonstances – et il aurait reçu le soutien de mon père sans hésitation – me permettait de maintenir sur le domaine une certaine cordialité dans mes échanges avec Antonella. Pourtant, prendre sur moi, sur nous, à ce point, afin que Jez se sente le moins mal possible et pour qu’Achille accorde le temps nécessaire à mon fiancé de monter un dossier me rendait nerveuse. Ça me coûtait. J’avais tant de choses à penser concernant ma santé. J’avais mes propres peurs et je me retrouvais à devoir en gérer d’autres. J’étais une véritable cocotte-minute et ça ne fut jamais aussi frappant que lorsque je débarquai chez Manuel avec la gamine entre les bras. Je parlais vite. C’était peut-être même un peu décousu. Toutefois, ça s’estompa tout net quand je constatai qu’il m’accueillait simplement vêtu d’une minuscule serviette autour de la table. Comment étais-je censée me concentrer comme ça ? Comment ? Pour l’éclairer, je recommençai mes explications en balbutiant et je la terminai par cette supplique. « Tant que j’y suis à réclamer des services, tu veux bien aller enfiler quelque chose ? Non pas que ce ne soit pas à mon goût. » Mon doigt glissa sur son torse sans même que je le réalise vraiment. « Mais, je viens d’avoir une de ses images en tête que je ne devrais pas penser devant un bébé et que je ne peux même pas te répéter pour les mêmes raisons. C’est dire… Tu serais adorable en plus.» Plus encore qu’il ne l’était avec la princesse du soir. S’il était possible de l’aimer davantage, il remportait tous les suffrages. Je l’arrêtai pour un baiser alors qu’il subtilisait Merrin d’entre mes bras. J’étais conquise. « Je ne sais pas combien de temps il va y rester. Je trouverai une solution au jour le jour. Il a bouffé des coloquintes, des trucs bon pour la déco. Je te laisse imaginer les dégâts. Les médecins ont dit qu’il aurait pu en mourir, tu imagines ? Tout ça pour une soupe. D’ailleurs en parlant d’intoxication alimentaire, laisse, je vais te préparer un truc, ça me va faire du bien de cuisiner, ça va me détendre. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? » m’enquis-je en troquant le pain pour les ingrédients utiles à lui concocter des pancakes amélioré puisqu’il opta pour cette douceur et, tandis que je casais des œufs, je lui racontai ma journée dans les moindres détails, ne me taisant qu’à cause d’une question qui m’embarrassa. Comment pouvait-il ignorer que la gamine était orpheline ? Ça puait les emmerdes, mais éluder, c’était signer un traité de guerre ouverte. « Elle n’est plus là. » lançais-je tout de go le plus naturellement possible sans interrompre ma préparation. « L’accouchement ne s’est pas bien passé. Les mois sont difficiles d’après ce que j’ai compris parce qu’il cumule les jobs. Il doit la caser souvent. Il pense à une reconversion. J’ai aussi appris que son frère était en prison. Je suppose que c’est la raison pour laquelle il intéresse tant Achille…et que nous en sommes là. D’ailleurs, en parlant de lui, tu as du neuf ? »  Détourner la conversation, je doutais que ça puisse marcher, mais j’aurais au moins le mérite d’avoir essayé.


***

La matinée à la banque ne se déroula pas exactement comme je l’avais prévue et c’était le moins qu’on puisse en dire. Elle avait été assaillie par des gangsters qui, non contents de nous prendre en otage, me collèrent un flingue sur la tempe sous prétexte que je refusais de mettre à mal ma pudeur devant un parterre d’inconnus pour des raisons qui m’échappaient. C’était tellement au-dessus de mes forces, mais tellement. J’avais agi par instinct de préservation selon mon sens des priorités. Je m’étais peut-être sentie un peu plus en sécurité – un peu trop – en reconnaissant mon fiancé dans la foule. Il n’empêche qu’une fois mon filleul récupéré et tout le monde aux abris. Lyla y compris, je ne parvenais même pas à me détendre. Je tremblais toujours alors qu’une heure s’était écoulée depuis les faits. Dans la voiture qui me ramenait Dieu sait où, je me serrais dans mes propres bras n’osant pas prononcer le moindre mot, attendant le bon moment pour parler, autant pour Manuel que pour moi.  Il n'arriva jamais. Dès lors, vaille que vaille, je me fiai à mon seul besoin : extérioriser le souvenir éveillé douloureusement de mon kidnapping et exprimer la peur qui ne me quittait pas comme ma gratitude. « Je te remercie pour Eliott. Je sais que tu n’apprécies pas trop les relations de sa mère. » Que je ne côtoyais pas. « Mais, je tiens à ce petit bonhomme et.... » Je n’eus pas l’occasion de finir ma phrase. Une vague de panique à retardement m’envahit. Elle se manifesta en une espèce de boule en travers de ma gorge qui m’empêchait de respirer. Des larmes, sans nul doute, mais je les réprimai résolument en les ravalant. « Je ne pouvais pas faire ça. Me déshabiller, donner ma bague. Je n’ai pas voulu me mettre en danger. Je ne l’ai pas fait pour les défier, je te le promets. Je ne m’étais pas fait remarquer jusque là. Tu as bien vu, je n’ai même pas répliqué quand ils m’ont giflée... Je suis désolée de t’avoir causé du souci et… merci de m’avoir tiré de là. J’ai vraiment cru qu’ils violeraient Lyla et que je serais la prochaine. J’ai eu tellement peur, tu n’as pas idée. La première fois que j’ai ressenti un truc pareil, c’était à cause des Irlandais… » Je n’avais jusqu’ici confié que les faits en surface parce qu’à l’époque, notre relation en était au stade du balbutiement, de la découverte, de l’apprivoisement. Et, ça avait été tellement traumatisant pour moi que j’eus tôt fait de refouler au maximum, feignant que tout allait pour le mieux. « Tu es fâché après moi ? » m’enquis-je finalement en lui jetant un regard plein d’incompréhension. Pourquoi le serait-il dans le fond ? Je n’aurais pu prévoir ce qui se passerait dans cette institution aujourd’hui. Au contraire, je me serais gardée de mettre Jez en danger d’une quelconque manière.




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Manuel Herrera
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De l’argent ? Oui, ça semblait être le plus probable pour faire céder une Teresa plus inquiète de son avenir financier que de celui de sa progéniture. Mais ce n’était pas tout à fait vrai, elle avait touché un peu de pognon pour ça mais la vérité c’était qu’Achille lui avait surtout promis qu’il parviendrait à lui rendre Mani. C’était la partie la plus obscure de tout ça, celle qu’il avait le moins bien saisie. Quel intérêt pour elle de le récupérer alors qu’il n’y avait que son fric qui l’inquiétait ? Oui, bien sûr, il avait quelques talents d’amant mais ce n’était pas suffisant pour avoir envie de faire tout ça pour le ramener à soi, si ? Peut-être qu’il se sous-estimait et c’était plus facile de s’en convaincre que de se dire que cette salope avait pu tomber amoureuse de lui. Il n’avait rien fait pour ça, il s’était contenté de prendre et de lui balancer du fric pour qu’elle ferme sa gueule et cesse de geindre mais jamais il ne se mit dans la position du petit mai ou de l’éventuel mari, parce que ça ne faisait pas partie de ses plans. Quel type sain d’esprit avait envie d’épouser une putain ? Il abonda dans le sens de la Sicilienne, refusant de lui faire de la peine ou de l’inquiéter en lui rapportant ce que l’autre connasse avait pu laisser échapper de ses lèvres mais il était clair qu’il ne louperait pas Achille. Il ferait en sorte de limiter les dégâts pour qu’il ne claque pas, malgré tout le ressentiment qu’il pouvait nourrir à son égard mais il faudrait qu’il paie, il était hors de question de le laisser s’en tirer à si bon compte après ce qu’il se permit de leur faire. Mani ne lui avait jamais rien demandé et ne s’était jamais rien permis sans l’autorisation de son beau-père, dans ces conditions, il estimait ne pas mériter l’acharnement de l’aîné de la famille Gambino. Peut-être qu’il aimait mal Cinzia mais elle demeurait seul juge, ce n’était pas à un crétin qui ne savait pas s’occuper correctement de sa femme de statuer sur la question que ce soit sa petite sœur ou pas, d’ailleurs. San cette culpabilité par rapport à la situation qu’il laissa pourri avec Teresa, il n’aurait jamais permis à Cinzia de voir ce Jasper aussi souvent, de le fréquenter avec assiduité alors qu’il se sentait lésé. Non, il n’en aurait jamais été question mais il se montrait large pour tenter de se défaire d’un peu de pression sur ses épaules. Ça ne le gênait pas moins pour autant. Pourquoi un homme ressentait-il le besoin d’être amie avec une femme, casée de surcroît, pour autre chose que pour tenter de la sauter ? Luciano et lui avaient déjà eu nombre de discussions sur la question et ils étaient d’accord à chaque fois, un mec proche d’une femme, c’était suspect. Lucky était bien placé pour le savoir, il allait se marier à la seule amie qu’il avait jamais eue.  

« Et te priver de cette vue magnifique ? Quel monstre je serai ? Avec l’abstinence, bébé, t’as plus vraiment l’occasion de jeter un œil à ce qui est à toi, alors je te fais un petit rappel pour que tu n’oublies pas ce qui t’attend ! » affirma-t-il avec un large sourire. Si elle pouvait céder et oublier son petit plan de vengeance, il n’était pas contre non plus. Si Lyla n’avait pas été de mèche, il était certain qu’elle aurait cédé depuis un moment mais elles s’entraînaient l’une l’autre dans leur connerie. « Il devrait faire comme moi et ne rien cuisiner, tout acheter tout prêt, pour limiter les risques ! Han, tu me ferais des pancakes ? Ce serait super gentil, ça pourrait me convaincre d’aller mettre un pantalon ! » Il se colla à elle et agrippa une de ses fesses de sa main libre, déposant quelques baisers dans son cou. « T’es la meilleure ! » souffla-t-il avant de la relâcher et de poser la gamine non loin de là, à l’intérieur d’un barrage de coussins de canapé pour qu’elle ne se fasse pas mal. Elle se mit à pleurer dès qu’il sortit de son champ de vision et il se dépêcha d’enfiler un sous-vêtement et un jean noir ainsi qu’un débardeur avant de ressortir, qu’elle ne le voit et se remette à sourire. Il lui murmura des paroles rassurantes dans sa langue maternelles et elle babilla joyeusement. L’espagnol, ça les faisait toutes fondre ! « Quoi ? Sa mère est morte ? Un homme ne peut pas bien s’occuper d’un enfant, c’est … Bizarre ! C’est pour ça que tu es tout le temps là-bas ? Il se cherche une femme pour remplacer celle qui est morte ? Cinzia… C’est malsain de le fréquenter ! » lâcha-t-il sans colère, seulement avec franchise et incompréhension. « C’est pas les femmes libres en manque de maternité qui manquent, il devrait trouver chaussure à son pied, je peux même lui en proposer quelques-unes ! » ajouta-t-il en espérant pouvoir sortir SA femme de l’équation. Il soupira quand elle lança le sujet qui semblait être leur seul sujet de conversation ces derniers temps. Il s’allongea par terre, près de la petite qui agrippait ses cheveux avec poigne. « Il a une autre famille. Il y a une autre femme et elle est enceinte. D’après le gynéco, elle attend un garçon et tous les frais ont été payés d’avance en cash. Il va la voir plusieurs fois par semaine et crois-moi, je le comprends. Elle n’a rien à voir avec ta grosse belle-sœur, elle est russe ou quelque chose comme ça. Une fille de l’est, grande, mince et blonde ! Elle était serveuse dans un restaurant avant que ton frère n’en fasse sa maîtresse. Faut que ça reste entre nous le temps que je trouve quoi faire de ça et comment tourner les choses pour que ça ne parte pas en couille mais je vais sûrement offrir cette info à Lucky pour qu’il décide de quoi en faire. »


***


Entrer dans ce bureau et voir un fils de pute malmener Lyla tandis que l’autre avait une arme sur la tempe de Cinzia n’avait pas animé la meilleure part de sa personnalité. S’ils n’étaient pas arrivés, que ce serait-il passé ? Ils auraient violé les filles et aurait profité d’être armés pour aller au-delà de tout sens commun. La rage dansait dans ses tripes et s’il avait été seul, il aurait descendu ces fils de pute directement sur place mais il prendrait son temps, il leur ferait payer leur hardiesse. Sa petite sœur était silencieuse sur la banquette arrière, il lui jeta un petit coup d’œil. « Appelle Gaby ! » cracha-t-il en espagnol et si elle fut tentée de répliquer quelque chose, elle ravala ses mots en croisant les prunelles de son frangin, ce n’était pas le moment de discuter. Il avait fallu que Cinzia veuille récupérer le gamin d’une des putains des COA, c’était bien sa veine ! Ça n’arrangeait pas son humeur mais il avait cédé, parce que c’était important pour elle et qu’elle lui aurait cassé les couilles s’il n’avait pas accepté mais à son sens, ce genre de problème ne relevait pas de son autorité mais de celles de ces pédés à motos. Ils bouffaient son territoire tous les jours et voilà qu’il sauvait leurs gosses ? Il s’arrangerait pour exiger un geste pour ça ! Ça le consolait un peu dans tout ce merdier. Il ne savait pas comment calmer sa douce alors qu’il était lui-même de plus en plus proche du point de rupture. Il posa sa main sur la cuisse de Cinzia, la pressa légèrement, sans doute plus fort qu’il n’aurait dû mais il ne pouvait pas faire mieux pour le moment. « Je ne suis pas en colère contre toi mais contre ces fils de pute, je regrette de ne pas les avoir descendus sur place ! Tu n’as rien à te reprocher, ok ? Je vais vous ramener chez moi, d’accord ? Je suis trop nerveux pour faire la route jusqu’à chez tes parents et si je croise Achille, Dieu seul sait ce qui pourrait arriver. Faut que je me calme. » Il attrapa la main de la Sicilienne et la porta à ses lèvres avant de la garder prisonnière de la sienne. « Par contre, je veux que tu me débarrasses du gamin rapidement ! Je ne veux pas de lui chez moi ! Je sais ce qu’il représente pour toi mais il ne peut pas rester avec nous ! Les COA sont un problème pour moi depuis mon arrivée, ça pourrait être mal interprété ! Où on le dépose ? Jez, tu iras avec elle ! Ok ? Je ne veux pas qu’elle y aille seule ! » Non pas qu’il ne la pensait pas capable de se défendre par ses propres moyens mais ça l’inquiétait et la journée avait été particulièrement compliquée. Dire qu’il aurait dû passer une super journée, c’était raté !




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« Oh, crois-moi, je ne peux mal d’oublier. » assurais-je sans cacher ma frustration. Après tout, c’était une vérité générale : Mani était beau. Il m’éblouissait comme le soleil réveillant ces instincts contre lesquels je luttais ardemment. Ce qui était monstrueux, à mon sens, c’était de brandir comme une bannière ce corps d’Apollon à faire pâlir n’importe quelle femme. Mais, il était à moi et le toucher était devenu si naturel que mes mains vagabondaient déjà sur son torse malgré moi. Je ne plaisantais pas, ma tête était pleine d’idées inavouables, de celles qui rendues concrètes, m’auraient lavée de mes inquiétudes du genre. Toutefois, à défaut de m’autoriser ce menu plaisir – et je pouvais remercier Merrin pour ce regain de volonté – je lui promis des pancakes. Si j’avais su qu’il me remercierait aussi chaleureusement, je me serais peut-être abstenue. Ses doigts pressaient peut-être mes fesses, mais les miennes n’étaient pas en reste tandis que ma bouche chatouillait son cou du bout des lèvres précautionneusement. Je ne pouvais me permettre de bouter le moindre incendie entre nous. Il nous consumerait de frustration. Je ne pus dès lors que soupirer lorsqu’il s’éclipsa pour repaître plus vêtu. J’étais soulagée, mais ce fut de courte durée. La conversation qui s’amorçait me rendant nerveuse, je me concentrai pleinement sur mes préparations, excuse parfaite pour ne pas le regarder droit dans les yeux. Que je n’aie rien à me reprocher ne changeait rien au fait qu’il avait entièrement raison. Ma relation avec Jasper était malsaine. Elle allait à contre-courant de ce que j’étais et me mettait particulièrement mal à l’aise vis-à-vis de toutes les personnes concernées, en ce compris moi et Mani. Il exagérait d’ailleurs. Contrairement à ce qu’il prétendait, je ne passais pas tout mon temps chez Jasper, mais comment m’en défendre sans attiser sa jalousie ?  Elle était si palpable qu’il n’avait nul besoin de l’exprimer, de hausser le ton ou de me culpabiliser pour qu’elle m’envahisse de la tête au pied et c’était particulièrement dérangeant puisqu’à sa place, dans une situation similaire où les rôles s’inverseraient, je m’en ferais tout bonnement une maladie.

« Je ne passe pas tout mon temps chez lui. J’en passe assez pour que mon frère s’en prenne à nous ou à Jez. Je fais de mon mieux pour ne pas provoquer un incident diplomatique et c’est provisoire. Dès qu’on l’aura réduit au silence. » Autrement que par la mort évidemment. « Et je ne suis ni une femme libre ni en manque de maternité. On a encore le temps et je compte bien en profiter pour rattraper tout ce temps perdu loin de toi, même si c’est vrai que je me suis attachée à cette gamine. » admis-je alors que je croisais son regard rieur en déposant une assiette vide et des couverts sur la table, la première douceur cuisant lentement sur le feu. « Mais, je mettrai un terme à tout ça dès que j’en aurai l’occasion. Je ne suis pas responsable si sa maman n’est plus là. » Contrairement à Mani, je n’arrivais pas à énoncer cette réalité devant elle, de peur qu’elle comprenne les enjeux et qu’elle en souffre prématurément. Elle aura toute la vie pour ressentir le manque et s’en souvenir chaque jour que Dieu fait. « Je ne pourrai pas m’occuper d’elle éternellement. Dès que j’en aurai l’occasion, je mettrai entre nous tous la distance qui s’impose. » Je me le répétais souvent d’ailleurs, pour m’en convaincre, car me priver du sourire enjôleur de cette princesse sera sans nul doute une épreuve douloureusement semblable à un deuil, un peu comme celui que je vivais actuellement tant j’étais déçue de mon comportement de mon frère.

Apprendre qu’il expérimentait concrètement la polygamie me rendit malade. Comment pouvait-il faire une telle vacherie à Antonella ? Certes, elle jouissait tristement d’un physique ingrat, mais personne ne méritait d’être humilié de la sorte. J’en lâchai ma spatule pour retenir de mes mains l’insulte qui espérait sortir de ma bouche, les yeux écarquillés d’horreur. « Une autre femme et un bébé ? Et il a tout assumé ? Il est con ou il le fait exprès ? Quand bien même c’est un garçon, il ne pourra jamais rien en faire. Il ne pourra même pas le reconnaître sans que mon père lui coupe les couilles et bute son fils d’une balle entre les deux yeux sans le moindre scrupule. Qu’est-ce qu’il espère ? » L’idée que Lucky puisse détenir cette information me brisa les jambes d’ailleurs, car je connaissais son impulsivité et qu’elle nous mettrait tous en danger. Mani et moi, en tant que future compagne, parce qu’il avait découvert le pot aux roses, Achille qui succomberait sous le joug de la colère de mon père. « Et moi, je suis tellement ignoble avec Antonella. Elle n’en peut rien. Elle essaie seulement d’être dévouée à son mari. Elle fait ce qu’elle peut poverina. Je vais essayer d’être plus sympa avec elle. Lucky va être tellement vert de rage… Je me demande si Gaby ne serait pas plus à même de te dire quoi faire que Luciano. Je l’adore, mais sa famille, c’est sacré. Il est capable de tout. » Et qui mieux que Manuel, complice de sa folie, pour imaginer ce à quoi je faisais allusion. J’étais mieux à ma place tout à coup et, remplissant son assiette, je m’arrêtai pour l’entourer de mes bras et déposer un baiser sur sa joue. « Merci pour tout ce que tu fais pour moi, de manière générale. » Après avoir tant insisté pour qu’il s’habille, je l’aurais presque regretté. Sans la présence de la fillette, je l’aurais honoré de ce dont je nous prive, à tort, ce qui me démangeait et qu’il méritait pourtant.



***


J’étais mal à l’aise dans ce bureau où j’étais retenue prisonnière, mais je ne l’étais pas moins dans cette voiture. Un ordre adressé à sa sœur et je sus qu’il valait mieux me taire après avoir confié ce que j’avais sur le cœur. Il était inutile d’en rajouter une couche. Alors, je me tassai dans mon siège, à deux doigts de sursauter quand il posa sa main sur ma cuisse, la pinçant dans ce qui devait ressembler à une caresse. Il était simplement trop en colère pour ne pas manquer de rudesse, mais il faisait un effort. « Je n’ai pas envie d’aller ailleurs de toute façon. » lui avouais-je tandis qu’il attrapait ma main, l’embrassant, et la gardant sienne même lorsqu’il changeait les vitesses. « Je comprends. » Je baissai la tête parce que je savais que je l’avais mis dans une situation délicate. « C’était dangereux là bas. S’il lui était arrivé quelque chose. » Je ne m’en serais pas remise. Rien que d’y penser, j’en avais mal au crâne, mais il était temps de le ramener à ses proches sans songer protester ou même me vexer qu’il exige que ma sœur m’accompagne. Si ça pouvait le rassurer, je ne pouvais qu’accepter et souffler de soulagement quand on arriva chez lui.

Mon premier réflexe fût d’allumer la télévision pour en apprendre plus sur l’évolution de ce braquage. Puis, je m’inquiétai de Jezabel qui cherchait désespérément à joindre mon frère. Je sus que c’était chose faite quand elle s’isola sur la terrasse pour discuter avec lui et moi, j’en profitai pour saisir la main de Mani et nous enfermer dans la salle de bain. « J’ai besoin d’une douche et je n’ai pas envie de la prendre toute seule. Ça nous fera du bien... on a au moins le temps de cette conversation devant nous et, crois-moi, ils en ont pour un sacré paquet de temps. » Pour le décider, au cas où ça serait nécessaire, je fis couler de l’eau et j’ôtai ma robe, songeant que je devrais peut-être songer à me balader armée désormais. Je lui en parlerai, plus tard, quand il sera plus calme et que j’aurai moins l’impression qu’il était au bord de l’implosion. Discuter, ce n’était pas ce dont il avait besoin, je le savais de source sûre, me savoir sienne, retrouver les pleins pouvoirs sur ce qui lui appartenait, se rassurer de ce que j’étais en parfaite santé, que j’étais certes un peu choquée, mais nullement traumatisée, plus maintenant qu’il m’avait sorti de ce guêpier. Ça, oui, ce serait beaucoup plus efficace. « Je pourrais rester avec toi ce soir. Jez est là, ça ne devrait poser aucun problème. Mon frère, on l’emmerde… » lui proposais-je en combattant ma langueur pour enfiler un survêtement que j’avais volontairement abandonné dans son armoire. « J’ai besoin d’être près de toi. » Et de veiller sur lui. « Tu pourrais peut-être prendre ta soirée non ? Si pas, je pourrais venir avec toi au Gato Negro. Quand tu auras fini ce que tu as faire, on pourra danser toute la nuit. Qu’est-ce que tu en penses ? » ça nous permettrait d’oublier cette journée de merde et de m’assurer qu’en me sachant non loin de lui, il ne se risquerait pas tout de suite à mettre en place une vengeance contre mes agresseurs, toute méritée soit-elle, mais sans doute prématurée.



***


Si nous étions mariés, si je vivais avec lui, si j’avais à me préoccuper plus souvent à ce qu’il soit bien et accueilli avec l’enthousiasme qu’il méritait, peut-être que l’envie d’écrire pour enfin faire quelque chose de ma vie aurait été moins oppressante. Sauf que rencontrer Florence, l’entendre m’énoncer à quel point elle était active et être incapable de lui dire autre chose que :  « j’occupe mes journées en dansant et en me consacrant à ma famille et à mon couple… » me perturba bien plus que je ne l’aurais souhaité. Ce fut d’autant plus difficile au vu de sa réaction en prenant que j’étais enceinte, bien qu’il se rattrapa par la suite en me rattrapant au vol. J’appréhendais un peu moins ma grossesse à présent, mais tandis qu’il me ramena à New York avec lui dans le plus grand secret, je réalisai que je ne pourrais pas m’épanouir en m’écrouant à son appartement à briquer, à cuisiner et à ne sortir que pour faire des courses ou dépenser de l’argent pour remplir ma garde-robe ou aménager l’appartement pour qu’il me ressemble. J’en deviendrais complètement folle, car j’étais de nature indépendante, selon la voie du milieu, et que m’attacher à lui autrement que sentimentalement me paraissait risqué pour notre couple et dangereux pour ma santé mentale. Les hormones en ébullition, je me mis à pleurer en imaginant ce que serait ma vie si je ne m’imposais pas mes desiderata fermement. Quand il rentra, j’étais toujours en larmes, assise en tailleur sur son divan, entourée de chips, de bonbons, de m&m’s, de gâteaux, de cacahuètes au paprika et de chocolat et piochant dans les paquets sans me soucier de l’impact de ces mélanges pour mon estomac. « Ouais, je sais, je vais arrêter. J’ai dit que je ferais attention jusqu’au mariage pour ne pas attirer l’attention, mais… » Mais, quoi ? Je m’ennuyais ? Je me sentais triste ?  J’avais peur ? C’était sans doute un mélange de tout ça. « Là, j’arrête. » affirmais-je en refermant les paquets, non sans avoir croqué dans un dernier cake au beurre pour la route. « Tu n’étais pas là. J’ai tout rangé. J’ai fait des lessives, du repassage, j’ai même fait à manger et fait la vaisselle. Et tu n’as même pas remarqué que j’avais tout briqué. Et puis, après quand j’ai eu fini tout ça, je n’avais plus rien à faire, j’ai voulu regarder un film, j’ai branché ton lecteur DVD, mais il y a plus de piles dans la télécommande et je n’ai pas réussi à en trouver. Je n’ai pas trouvé de bouquins qui m’intéressaient non plus. Du coup, j’ai fait du crochet… Ouais, je sais, c’est ridicule, mais j’ai fait des chaussons et regarde comme c’est trop mignon ? » Je repartis de plus belle en les agitant sous son nez en tâtant l’accoudoir du sofa pour trouver ma boîte de mouchoir complètement vide. « Je me sens vieille. Et laide. Et déjà super grosse, parce que j’ai bouffé comme une grosse. Je fais des trucs de vieux alors que je devrais travailler, comme toutes les filles de mon âge… Je ne veux pas ressembler à Antonella…Ma mère, ça va encore, mais pas Antonella. »



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Manuel Herrera
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On ne lui enlèverait pas de la tête qu'elle passait plus de temps que nécessaire avec ce grand blond dégingandé au physique de nordique qu'il trouvait aseptisé. Un blond, c'était fade et sans intérêt, pas vrai ? Mais les femmes en raffolaient, comme si la froideur des gens du nord pouvait être séduisante. Elle manquait de saveur et de chaleur, elle manquait de dimension et d'épices, elle manquait de goût, tout simplement. Il se trouvait mieux, à bien des égards et ça n'avait rien à voir avec son argent ou même ses vêtements, parce que le sens du style de Dolan était discutable. Mais bien parce qu'il se trouvait charmant et charmeur, tout ce qui manquait à l'autre aux yeux bleus. Tout ce qu'il n'aurait jamais même avec tous les efforts du monde. Il n'aurait d'ailleurs jamais pris la peine de se comparer à moins bien si Cinzia ne se retrouvait pas à passer autant de temps en sa compagnie. Trop de temps, plus de temps que nécessaire. Que ce soit à cause de Merrin ou parce que ce résidu de viking lui était sympathique, ça ne changeait rien au fait qu'il fallait que ça cesse au plus vite ou sa jalousie maladive ne trouverait pas de repos. Il prenait sur lui pour ne pas attirer l'attention d'Achille et parce qu'il savait que s'il s'écoutait, son excessivité engendrerait de la souffrance chez la personne qu'il aimait le plus au monde et le but n'était pas de la blesser. Il essayait de se modérer et c'était plus facile quand il ne se trouvait pas en face de l'objet de sa contrariété. Tant qu'il n'aurait pas l'énergumène en face de lui, il pourrait garder sa jalousie plus ou moins sous contrôle, à condition que la sicilienne le rassure un minimum. Cette situation était malsaine, la gamine avait besoin d'une mère et ce genre de type était prêt à s'approprier ce qui ne lui appartenait pas pour se sortir la tête de l'eau mais Mani aurait apprécié qu'il se trouve une autre bouée de sauvetage. « Cinzia, ne me prends pas pour un imbécile ! Tu passes beaucoup de temps avec lui, plus que nécessaire et je préfère me dire que c'est à cause de la petite mais ça ne change rien au problème. C'est pas de toi dont je doute mais de lui ! Qu'est-ce que tu crois qu'il voit en te regardant ? Tout ce qu'il a perdu et moi, ça me gêne ! Alors ouais, je suis du genre possessif, je sais mais je me trouve relativement conciliant pour le moment ! Mais si tu te montrais un peu plus objective, tu te rendrais bien compte que j'ai raison ! » Il ne comptait pas insister sur le fait que si elle n'était pas responsable de la mort de la mère de la gamine, elle ne pourrait pas pour autant la remplacer, quoi qu'elle fasse. « La gamine ne me gêne pas, tu peux t'en occuper mais pas chez elle. » Tant que cette idée était claire, le reste n'était que détails.

Il ne s'attendait pas à ce que la nouvelle concernant Achille soit bien prise, il s'était paré pour toutes les éventualités et il fut heureux que ça ne tourne pas à la crise de larmes. Il haussa les épaules à la question de Cinzia qui n'en était pas vraiment une. « Je ne sais pas, je ne sais même pas ce qu'il est allé chercher ailleurs. J'veux dire bon, Antonella est pas ce qu'on fait de mieux mais elle essaie, tu vois... » Il fallait avoir envie de la grimper et il n'était même pas sûr que les yeux fermés, il y parviendrait mais il avait dû l'aimer, à un moment, pourquoi ne s'était-il pas accroché à ça ? Recréer une famille ailleurs ne rendrait pas son mariage plus vivable, à ce tarif là, mieux valait rester seul et ne faire souffrir personne. « Tu sous-estimes Lucky et sa capacité à prendre les choses avec calme. Et en parler à Gaby avant lui, ça va me donner l'impression de lui cacher les choses, lui et moi, on est comme des frères, ça ne se fait pas. D'un autre côté, il se marie bientôt, j'ai pas envie de le faire chier avec ça. Tu sais quoi, je vais garder l'information pour moi quelques temps et réfléchir à ce que je dois faire, prendre la température, tu vois ? » Qu'elle sache ce que Luciano ignorait, c'était une belle preuve de confiance, parce que habituellement, les détails n'étaient partagés qu'avec un nombre restreint de privilégiés quand il ne gardait pas directement tout pour lui pour éviter les mauvaises surprises et les emmerdes. Il la serra dans ses bras alors qu'elle le remerciait, appréciant ce moment à deux, se sentant presque aussi comblé que lorsqu'ils pouvaient optimiser ce temps là autrement.


***


« Qu'est-ce que tu veux que j'en ai à branler ? Ca aurait fait un consanguin en moins ! Personne ne lui a fait un cadeau en le pondant pour qu'il grandisse entouré de dégénérés à roulettes ! » cracha-t-il avec véhémence, se fichant bien des yeux du gosse braqués sur lui, comme s'il comprenait tout et enregistrait pour se venger à la première occasion. Il avait la même tête d'abruti que tous les autres mongoliens de ce club de débiles. Et lui, il était fou de rage, le simple fait de se retrouver à proximité du QG le mit dans tous ses états, il serrait le volant avec une folle envie de descendre et de tirer dans le tas, tous ceux qu'il réussirait à abattre seraient un abruti en moins à marcher sur la surface de cette planète. Il se roula un joint bien chargé qu'il alluma aussi sec, sentant que sa volonté ne tenait plus qu'à un fil. Il avait une folle envie de foncer sur les motos garées devant avant de faire une jolie marche arrière pour foncer à nouveau sur le bâtiment et en démonter quelques uns en tirant par la fenêtre. Ouais, il se serait senti libéré. Au lieu de ça, il attendit avec impatience qu'elles déposent le paquet et reviennent, cela lui parut une éternité et quand elles reparurent, il avait son arme chargée et prête à être utilisée sur les genoux, son visage avait une expression qui n'annonçait rien qui vaille. Il profita d'un feu rouge pour se rouler un autre joint, se fichant d'enfumer tout le monde et de les incommoder, fallait qu'il calme ses nerfs et il était désormais inenvisageable de ne pas s'occuper de ces fils de pute masqués dès ce soir. Il en était à quatre joints quand ils atteignirent son appartement. Il ne lâcha pas son flingue, fermant à double tour et jetant un oeil dans chaque pièce par mesure de précaution alors que Jez s'isolait sur la terrasse. Il frappa à la porte fenêtre pour lui faire signe de rentrer, elle ne moufta pas et s'exécuta, il avait sans doute l'air paranoïaque mais ça lui était égal. Cinzia lui proposa une douche et il allait répondre en grognant qu'il n'avait pas besoin d'une douche mais elle l'entraîna avant qu'il n'ait pu exprimer sa mauvaise humeur. Elle eut beaucoup de mal à lui faire lâcher son revolver et si elle ne s'était pas agenouillée, il aurait probablement eu du mal à céder à l'appel de la luxure. Il se montra brusque et peu délicat, incapable de la ménager alors qu'il avait un mal fou à faire rentrer l'animal dans sa cage. Ils restèrent sans doute plus longtemps que nécessaire, le temps de plusieurs rounds mais cela lui permit au moins de faire un peu retomber la pression. Cette rage était toujours là mais plus contenue et presque en sourdine.

« Non, tu vas rentrer chez tes parents. Ce soir je dois m'occuper de ces fils de pute avec Lucky, je ne pourrai pas vous protéger, Jez et toi. Là-bas vous serez en sécurité ! » expliqua-t-il en essayant de se montrer le moins rêche possible. Le but n'était pas de lui faire de la peine mais de lui faire comprendre qu'il faisait ça pour la protéger. « On fera ça quand tout sera réglé, ok ? Je viendrai te chercher, on passera la soirée ensemble et tu dormiras ici. Je demanderai à ton père et puis on prendra Jez, ça nous donnera une bonne couverture. » Il ne put réprimer un ricanement. « A moins que tu veuilles venir avec nous ce soir ? Est-ce que tu en as besoin ? » finit-il par demander après avoir enfiler un sous-vêtement et s'être tourné vers elle. « Je me dis que ça pourrait te soulager, je sais pas trop ce qui se passe dans ta tête en ce moment mais je ne suis pas le seul à être en colère, j'en suis sûr ! »


***


Elle avait insisté pour le suivre, parce qu'elle ne voulait pas rester à Chicago sans lui, sans savoir quand il pourrait se libérer pour la rejoindre à nouveau. La ramener dans la plus grande discrétion avait demandé une réelle organisation et elle se devait de rester dans le Bronx et de sortir le moins possible. Il ne l'admettrait que sous la torture mais il aimait bien l'avoir près de lui et à ses petits soins mais il était bien conscient que ça ne durerait pas, qu'elle se lasserait. Il avait beau le déplorer, c'était une femme active et moderne et au fond, ça l'avait séduit plus qu'autre chose, même s'il aimait l'avoir sous sa coupe en bon macho de base. Dès qu'elle se mit à pleurer alors qu'il rentrait à peine, il se sentit coupable, parce que ces derniers temps, il avait énormément de travail et qu'il faisait de son mieux pour être présent mais que ça s'avérait être un vrai fiasco. « Bébé, c'est pas grave, y a pas mort d'homme ! » tenta-t-il alors que ses sanglots redoublaient et qu'elle semblait inconsolable. « Je ne m'attendais pas à ce que tu fasses tout ça, c'était pas nécessaire ! Tu aurais pu sortir t'aérer un peu, aller manger, je ne sais pas, profiter pour t'occuper de toi, princesita ! » Il ne releva pas cette histoire de crochet, il sentait que s'il s'y attardait, ça allait le démoraliser. Il posa ses clés de voiture, retira sa veste. Il aurait aimé pouvoir décompresser un peu mais visiblement, il faudrait qu'il gère la situation au préalable. Il s'approcha pour la prendre dans ses bras et tenter de la consoler. « Bébé, j'attends qu'on soit mariés pour te mêler à mes affaires, on a des projets pour toi et Lyla avec ton frère. Encore une fois, tout est en chantier, on y travaille mais tu sais, je ne suis pas contre le fait que tu travailles. Tu pourrais trouver un autre format que d'aller en agence, toi et moi on sait que ce n'est pas possible. Je sais pas, écris en ligne. Tu pourrais donner ta version, aller à contre courant, tous les pisseux rebelles adorent ça ! Non ? On peut aller voir pour t'acheter un ordinateur et des cahiers et tout ce que tu veux. Tu aimerais ? »



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FEAT. MACHO MAN & LA DANGEREUSE



Je ne cherchais pas à dédramatiser ma relation avec Jasper parce que j’étais naïve, que j’essayais de cacher à mon fiancé une erreur ou une inclination et que dès lors, je tentais de le prendre pour un con. Non ! Je j’étais seulement certaine de ne pas être le genre de femme qui plaisait au pompier ni même une mère de substitution pour son bijou. Qui le serait ? Il était tellement possessif à son propos. Alors, l’idée qu’il puisse envisager de me prendre dans ses filets pour remplacer la défunte mère de son poupon ne pouvait pas coller à l’histoire. Et pourtant, je ne me défendis pas de mon point de vue. Le raisonnement de mon fiancé n’était pas dénué de logique, même si Jasper n’avait pas jeté son dévolu sur moi parce qu’il ne faisait aucun doute que j’appartenais à un autre. Je respirais pour Manuel et je ne m’en cachais plus vraiment, moins encore lorsque j’étais forcée de côtoyer un autre homme que lui, bien que de façon tout à fait différente. J’aimais cette petite fille, mais à l’heure du choix – car il arrivera – j’apprendrai à vivre loin de ses sourires angéliques, pour le bien de tout un chacun, et parce que je serai dans l’appartement de son père persona non grata. Tout comme je le serai bientôt sans doute chez Talia, la mère de mon filleul. Eliott avait toujours compté pour moi. C’était un petit garçon intelligent, éveillé et plein de vie. En revanche, je détestais son père, bien que je ne le connaisse pas vraiment. D’après ce que j’en savais, il traînait ou appartenait à un petit groupe de loubars qui se baladaient en blouson de cuir et qui se déplaçaient en moto. En soi, rien susceptible de m’effrayer, à la différence des Irlandais de la Mob. Eux, c’était des crapules sans scrupule. Pas ces tocards, quoique la réaction de Manuel m’obligeait à me demander si je ne les sous-estimais pas. La seule raison pour laquelle il tira le petit des griffes des lapins déguisés, c’était moi. Et Dieu seul savait à quel point je lui en étais reconnaissante. Je ne lui tins même pas rigueur pour la dureté de ses mots qui, en d’autres temps, m’aurait fait grincer des dents. Il me suffisait de me rappeler l’épisode qui suivit l’attentat sur Times Square, celui au cours duquel il souhaita la mort de Lyla, pour m’intimer l’ordre de me taire jusqu’à nouvel ordre. Ses traits étaient mangés, déformés par la rage. Il ne se ressemblait plus. J’estimai qu’obéir docilement était préférable et que le mieux, une fois rentrer, était encore de lui promettre un ébat concentré exclusivement sur lui. Je dus insister un peu pour qu’il lâche prise, mais au terme, il était à nouveau en mesure de s’exprimer normalement, quoiqu’il n’en démordait pas pour autant : seule la vengeance lui serait salutaire ce soir. Et moi dans tout ça ? Moi qui avais besoin de lui, de ses bras et de me sentir vivante, ça ne comptait pas ? Moins que ce qu’il ressentait ? Et penser comme ça, était-ce accordé moins de crédit à ce qui le soulagerait ? Était-ce égoïste de vouloir le garder auprès de moi, parce qu’il s’en allait cette nuit, l’inquiétude me tiendrait éveillée ? « Par les temps qui courent, j’ai tendance à penser à que je ne suis en sécurité qu’avec toi, mais je comprends. Je comprends que ça soit important pour toi et nécessaire surtout. Mais, promets-moi que tu m’appelleras dès que tu seras rentré. Peu importe l’heure. Je ne dormirai pas de toute façon. » le priais-je décomposée que ma tentative de le tenir à l’abri du danger au moins pour cette nuit ait échoué. J’étais à deux doigts de lui proposer de l’accompagner, mais je me ravisai. Et puis, soudainement, comme si Mani avait lu dans mes pensées -et parfois, je les soupçonnais d’en être capable tant il lisait en moi d’un regard appuyé – il soumit cette hypothèse à mon bon vouloir. Mon visage s’éclaira aussitôt. « Oui, ça me plairait. Je me ferai toute petite, tu ne me verras pas. Tu ne m’entendras pas…» Je sautillais déjà sur place, mais ma spontanéité était domptable. Je pouvais me monter extrêmement discrète et me taire durant des heures quand la situation l’exigeait.

Il trouva une solution pour Jezabel en deux coups de fil et avant que je n’aie le temps de réaliser, nous étions en route pour rejoindre son partenaire de tous les instants. « Est-ce que tu crois que le gars qui t’a donné sa carte va vraiment te livrer ses deux hommes ? Il pourrait essayer de négocier Dieu sait quoi. » lançais-je de but en blanc non pas pour rompre le silence, mais pour amorcer des aveux concernant mes sentiments et mes impressions sur cette journée. Il n’était plus question de les refouler désormais. Tout du moins, pas avec lui. Je pouvais jeter à la poubelle mes vieux réflexes pour préserver ma liberté d’action en dissimulant mes peurs anciennes ou nouvelles sous peine d’une réaction radicale de mon père. Pour lui, ma sécurité comptait plus que mon bonheur, et si je ne doutais pas que je n’étais pas à l’abri que Manuel envisage de m’écrouer dans une cage dorée, j’étais également convaincue que lui, il y réfléchirait à deux fois dès qu’il me verrait m’éteindre à petits feux. « Je suis révoltée, bébé. Que ça soit encore tombé sur moi et je suis désolée aussi. Tu t’es inquiété et tu as d’autres choses à foutre que de courir New York pour faire la peau à ces connards. Mais, je fais attention, tu sais. Je me méfie de tout. Je m’arrange toujours pour rester dans le champ de vision de Clancy. Je fais vraiment mon maximum pour faciliter la vie de tout le monde, et regarde comment ça a encore tourné aujourd’hui. Est-ce que j’aurais dû obéir ? » La question était sincère, car je ne savais plus vraiment où me situer entre ce que j’étais et ce que j’aurais dû être aujourd’hui. « Je ne m’étais jamais sentie concernée par les agressions de ce genre avant. Et puis, il y a eu les Irlandais, les gars à LA quand Lyla et moi ont à voler la voiture, eux maintenant… peut-être même mon patron, qui sait ? J’arrive parfois à me dire que si je n’étais pas tombée sur toi le soir de notre rencontre, ça aurait pu mal se passer, ce qui ne m’avait jamais traversé l’esprit avant. Et ça me met en colère contre moi d’avoir été aussi naïve. Je me dis que j’ai eu trop de chance et que ça va finir par s’arrêter. Ça me fait mal de l’admettre, mais je comprends que mon père m’ait enfermée comme ça. Je le vivais mal, parce que je pensais qu’il n’avait pas confiance en moi parce que j’étais une enfant, mais c’était pas moi le problème.» Je vidais mon sac, ni plus ni moins, admettant sans doute bon gré mal gré que cette fois, j’avais bien assimilé que la femme ne sera jamais que la victime de l’homme, parce qu’il est un animal civilisé quand ça l’arrange et que s’il m’est arrivé une fois, de lever les yeux au ciel en posant les yeux sur l’attroupement qui me suivait à la trace. À l’avenir, il me rassurera…


***


Aurais-je espéré oublié que j’étais enceinte que je n’aurais pas pu. Mes nausées étaient de plus en plus fréquentes. Tous les jours, je souffrais de la frustration d’être forcée de me taire, comme si j’avais fait quelque chose de mal, alors que je mourrais d’envie de chanter mon bonheur sur tous les toits. Et, pis encore, mes hormones jouaient sur mes humeurs, les rendant instables. Je pouvais rire aux éclats ou pleurer à chaudes larmes en moins d’une minute, mais Manuel se montrait d’une patience d’ange avec moi, y compris quand il me surprit en pleine crise de boulimie au milieu de son salon. « Je sais que ce n’était pas nécessaire. Mais il fallait que je m’occupe. J’ai bien pensé sortir, mais en refermant la porte, je me suis dit que si je croisais Teresa et si elle balançait à mon frère que j’étais là, et ça nous aurai attiré des emmerdes encore. Du coup, je suis restée là. » À m’ennuyer… Sans ça, jamais je n’aurais considéré que bosser était une nécessité, du moins pas tout de suite. « Ah oui ? » ponctuais-je beaucoup plus calme maintenant qu’il me prenait dans ses bras et que je m’y creusais une place. « Quel genre de projets ? » La curiosité prenant le pas sur ma morosité, ravaler mes larmes fut étonnamment bien plus facile. « Et ça ne change rien que je sois enceinte ? Je veux dire, tu vas pas t’inquiéter de savoir que je ne suis pas tranquille et que je ne m’occupe pas que de moi justement ? Parce que je ne suis pas faite pour me concentrer uniquement sur moi. Je ne suis pas habituée. Là, j’ai trop de temps et je n’ose même pas l’utiliser pour le mariage. » Et encore moins dans une recherche active d’emploi compte tenu de l’échec cuisant de ma seule tentative de mener une vie normale de jeune femme active. « Et, c’est marrant que tu me parles de ça, parce que j’ai vu Florence avant de partir pour Chicago. Tu sais, c’est la fille que Jasper a sautée au mariage pendant qu’on décorait la chambre nuptiale. » Bien que nous ne nous étions pas contentés de ça… « Elle en tient un. Je suis allée voir, c’est pertinent, mais ça ne touche pas un assez large public pour moi. Pour que ça me tienne en haleine, il faudrait que ça soit presque viral. J’ai bien pensé à Jez qui est plutôt calée en informatique, mais elle me tire la gueule et Gaby ne voudra jamais. Et puis, qu’est-ce que tu veux que j’écrive si je ne vais pas un minimum sur le terrain ? » Avec tous les risques que ça impliquait étant donné ma poisse légendaire. « Tu sais bien comme moi que le problème, ce n’est pas tant de bosser en agence. Alors, on irait m’acheter des cahiers et un ordinateur, même si je kifferais ça, ça règlera pas vraiment le problème de base. Bébé, il y a une merde de chien sur le trottoir, il faut que je marche dedans… » Je préférais largement qu'il y réfléchisse à deux fois, non pas que ça ne soit pas son genre, mais parce qu'à me voir pleurnicher, son affection aurait pu prendre le pas sur la raison, juste le temps que je me calme... et une chose était certaine : je ne désirais pas le prendre au piège de cette façon-là






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