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I'm only dying away
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i'm only dying away
i can't hear what you say, oh baby i can't hear what you say i'm only dying away. don't be so affraid, oh baby don't be so affraid i'm only dying away. i'm leaving and you stay, oh baby i'm leaving and you stay, i'm only dying away. Δ orange blossom.


- Allô ? Cinzia ? je peine à articuler avant de déglutir péniblement.
La voix de mon interlocutrice, enjouée, semble me venir de très loin et les hurlements coléreux de Merrin à quelques mètres de là m’empêchent de bien saisir les propos qu’elle tient. De toute façon, je ne compte pas lui tenir le crachoir. Je n’en ai tout simplement pas l’énergie et il faut que j’aille à l’essentiel. Faisant fi des politesses d’usage, je reprends donc, sans tenir compte de ce qu’elle vient de me dire à l’autre bout du fil.
- J’ai b’soin d’toi. Tout d’suite.
J’ai presque envie d’ajouter que c’est une question de vie ou de mort, mais ça serait trop angoissant de le formuler à haute voix. Et peut-être un peu trop théâtrale à mon goût. La vérité, c’est que pourtant : c’est bien possible. Je me sens affreusement mal. Suffisamment en tout cas pour avoir pris le risque de me rendre ridicule en appelant à l’aide. Je pourrai aller sonner chez mon voisin mais je préfère m’en remettre à quelqu’un de mon entourage. Question de fierté sans doute…
Pour être tout à fait honnête, mon choix s’est d’abord porté sur Daniel qui, en plus d’être ce qui s’approche le plus pour moi d’un meilleur ami, se trouve être secouriste. Sauf que ce connard n’a pas décroché son téléphone. Alors j’ai fouillé dans mon cerveau embrouillé pour y faire remonter le nom d’une autre personne à contacter et ai composé maladroitement le numéro de téléphone de Lyla. Secouriste elle aussi et personne de confiance, peu apte à juger les gens. Parfait ! Ce qui aurait été encore plus parfait, c’aurait été qu’elle me réponde elle aussi…
Et c’est en pensant à elle (en la maudissant) qu’un autre nom m’était venu en tête : celui de Cinzia, l’amie de mon ancienne collègue. Pris d’une nouvelle crampe douloureuse à l’estomac, j’avais dû reporter mon appel pour me précipiter dans la salle de bain et continuer d’éliminer ce que j’avais avalé dans la journée…et était très certainement à l’origine de cette vidange forcée et douloureuse au possible. Vidange qui risquait d’avoir ma peau…
La crise terminée, j’étais parvenu à naviguer dans mon répertoire pour trouver les coordonnées de la sicilienne et la contacter. Et miracle, elle avait répondu.
- J’suis en train… Oh. Oh merde…
C’est le cas de le dire… Heureusement pour Cinzia, j’ai le reflexe d’appuyer sur le bouton d’appel, raccrochant et lui évitant ainsi d’avoir à entendre quoi que ce soit…

Elle tente de me rappeler par deux fois mais je suis dans l’incapacité de répondre et préfère attendre d’en avoir terminé pour la recontacter. J’imagine que mon coup de téléphone a dû l’inquiéter et me sens un peu coupable pour ça mais je ne peux pas faire mieux. Dès que je me sens un peu mieux, je reprends le téléphone en main et m’adosse au rebord glacé de la baignoire, paupières closes. J’ai la tête qui tourne et les entrailles en feu. De mémoire, je ne me suis jamais senti aussi mal… Même pas l’année dernière, quand la grippe m’est tombé dessus et a obligé Rose à s’installer chez moi pendant quatre jours…
Pourquoi tu ne l’appelles pas ? Elle pourrait venir éponger ton front et te torcher le cul, ce serait sacrément romantique ! Ah elle te retomberait dans les bras à coup sûr !
Je chasse ces pensées en vitesse et accorde un instant mon attention à Merrin qui continue d’hurler dans le salon où je l’ai abandonnée. Heureusement, elle est en sécurité dans son parc…
- J’arrive mon cœur… Laisse...laisse une seconde à papa, OK ? je chuchote, incapable de faire porter ma voix plus haut.
Si elle m’a entendu, elle ne fait absolument pas mine de collaborer et hurle même plus fort encore. Son vacarme est cependant couvert par le tintement désagréable qui s’élève à présent dans mes oreilles brûlantes. Je vais tourner de l’œil.
- Bordel, j’vais crever, je soupir, résigné, en appuyant sur la touche de rappel. Cinzia décroche après seulement une sonnerie. Désolé ça a coupé, j’articule, gardant les paupières closes, persuadé que si je les rouvre, je verrai le décor onduler. Faut qu’tu viennes prendre Merrin… J’crois qu’j’vais crever…
Bon, peut-être que j’exagère un peu. A peine. Cinzia me pose un tas de questions sur mon état, sur ce qui se passe, sur Merrin qu’elle doit entendre s’époumoner en fond.
- J’ai pris un truc. C’est en train d’me tuer, j’te jure… J’vais essayer d’ouvrir… L’code du hall c’est 29…hem….2946. Dépêche-toi s'te plait.
Et là-dessus, comme un connard, je raccroche. Je ne pense pas une seule seconde qu’avec ce que je viens de lui dire, elle pourrait s’imaginer que je viens d’essayer d’intenter à ma vie ou quoi que ce soit de ce genre.

Je pousse un nouveau long soupir, croisant mes bras sur mon estomac capricieux depuis près d’une heure. Une heure qui semble s’étirer sur une véritable éternité. Je sue à grosses gouttes, mon cœur s’affole dans ma poitrine et puis évidemment, il y a les autres symptômes… Une foutue diarrhée et les vomissements qui m’empêchent de trop m’éloigner de la salle d’eau. Mais je vais devoir m’y résoudre pour aller ouvrir à Cinzia si je veux qu’elle puisse m’être du moindre secours.
Déglutissant péniblement, je prends donc sur moi pour me remettre debout, sur des jambes fébriles. Le décor vire au gris et je me pince vivement le bras pour m’obliger à rester conscient. Bordel, c’est certain, je n’ai jamais été aussi mal…
Il me faut un temps abominablement long pour atteindre l’entrée et défaire les verrous. Et dès que c’est fait, je suis pris d’une abominable crampe qui me donne l’impression de me scier en deux. Je tangue jusqu’à la salle de bain que je venais de quitter, non sans avoir jeté un coup regardé désolé à Merrin qui est rouge de colère et réclame mon attention à cors et à cris.
Désolé ma puce…
J’atteins le trône juste à temps pour une nouvelle salve, maudissant le connard de vendeur qui m’a refilé la merde empoisonnée de son étalage de légumes. Je n’aurai jamais dû lui faire confiance. Je n’aurai jamais dû sortir hier. J’aurai dû rester chez moi comme j’en avais envie, à trainer dans mon lit pour faire le mort. A présent, j’allais véritablement crever.
Crever dans ta chiasse ! C’est ce qu’ils écriront sur ton épitaphe : l’étincelle de sa vie s’est éteinte dans sa chiasse !    
- Oh bordel, je marmonne, les yeux brouillés de larmes.

Mon téléphone sonne une nouvelle fois et je vois le nom de Cinzia s’afficher.
Dans quel état est-ce qu’elle va me trouver ?
L’idée qu’elle me voit assis là me rend malade de honte. Alors une fois ma crise passée, je me force à me remettre sur mes jambes flageolantes. Je vais ouvrir la fenêtre de la pièce en grand, use et abuse de la bombe de désodorisant et me traine dans le salon. Je m’affale sur le canapé, épuisé par mes derniers efforts, terrassé par la douleur qui me déchire l’estomac.
Mais ce qui me fait le plus mal, c’est d’entendre ma fille continuer d’hurler et de ne rien pouvoir faire pour elle…  

© GASMASK
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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
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MessageI'm only dying away EmptyMar 29 Mar - 22:38





Alcune persone possono morire a causa di questa malattia.
ft le dysentérique



Je détestais les hôpitaux. Pourtant, pour convaincre ma mère de la faire, cette saleté de mammographie, je me dévouai pour participer moi aussi à cet examen, bien que mon âge ne l’exige pas vraiment. Ça n’avait par ailleurs soulevé aucune angoisse chez moi. En revanche, l’appel de Jasper, il me laissa aussi perplexe qu’inquiète. Il balbutia quelques mots étouffés par les cris de sa merveilleuse petite fille et il raccrocha d’un coup net alors que je cherchais à obtenir de lui de plus amples informations. C’était étrange comme appel, il fallait bien l’avouer. Mon premier réflexe, ce fut de le rappeler une première fois, puis une seconde, mais évidemment, je n’obtins aucune réponse probante. Ça sonnait dans le vide alors que quelques minutes plus tôt, c’était lui qui m’appelait. Que lui était-il arrivé exactement ? Était-il tombé ? Pire, avait-il essayé d’intenter à sa vie ? Était-ce pour cette raison que la gamine hurlait derrière lui ? Je doutais qu’il ait pu lui faire du mal ou l’entraîner avec lui dans sa chute, mais je savais ô combien les enfants peuvent se montrer sensible à la détresse d’autrui, en particulier celle de leur parent. Conclusion, morte de tracas, la tête pleine d’idée à la con sur son sort, je montai en voiture à peine abandonné en direction de l’appartement du jeune père de famille. Entre la circulation et le trajet, il me faudrait au moins une bonne heure pour arriver sur place. Une heure que j’aurais occupée à le harceler encore s’il n’avait pas eu la bonne idée de recomposer mon numéro. « Ne refais plus ça. Tu es malade ? Tu peux pas m’appeler, raccrocher et rester injoignable. Jasper ? JASPER ? » hurlais-je persuadée qu’il avait réitéré son exploit agaçant précédent. Pas du tout. Il était toujours là, mais sa voix était si faible que je percevais à peine ce qu’il me chuchotait. J’entendis à peine un « Je vais crever » qui eut le don de me retourner le cœur. « Tu es sérieux ? Qu’est-ce que tu as fait ? Qui est en train de te tuer ? » M’écoutait-il seulement ? Il me glissa entre deux complaintes le numéro du code du hall et puis, plus rien. Rien d’autre que cette tonalité au diapason et ce putain de silence assourdissant qui se partage la vedette avec le pas lourd de l’angoisse. Je le détestai à la seconde de jouer avec mes nerfs à ce point. Alors, ni une ni deux, sans cesser d’essayer de le joindre, j’entrepris d’affronter le trafic de New York direction le quartier investit par Jasper.

En arrivant devant la porte de son appartement, je ne pus me féliciter que d’une chose : ma fabuleuse mémoire. Il était allé si vite pour me dicter le numéro de code du hall que je dus chercher dans ses méandres pour m’en souvenir, mais au bout du troisième essai c’était bon. Je grimpai les marches de l’immeuble quatre à quatre. J’arrivai devant la porte essoufflée, mais le téléphone toujours accroché à ma main droite, dans l’éventualité où il viendrait à l’idée de Jasper de me rassurer, d’autant que je pouvais entendre Merrin hurler derrière la porte. Je frappai, par politesse, mais elle ne tint pas longtemps. Je tournai la poignée, à tout hasard, et la porte s’ouvrit sur des jérémiades presque aussi inquiétantes que les cris de la petite princesse à laquelle je m’attachais de jour en jour. Chaque jour passés à ces côtés me remplissait d’une joie presque consolatrice. Au-delà de ses sourires et de sa bouille attachante à souhait, j’étais désormais certaine d’une chose : je voulais des enfants. Et pas un seule. Je voulais que ma maison soit jalonnée des éclats d’hilarité de petit nous qui nous rappellerait tantôt son père tantôt sa père. « Jasper ? Tu es là ? CASPER ??? » Son surnom ne ma parut jamais plus à propos que jamais. Pas de trace de lui nulle part, si ce n’est une odeur nauséabonde que je prêtai d’abord à l’enfant qui me tendait les bras. « Là, Merrin, arrête de pleurer, petite chatoune. Je vais m’occuper de toi. » lui chuchotais-je pour la rassurer, la berçant contre mon cœur, en cherchant d’où venait cette infection puisque, visiblement, la couche de la gamine était propre. C’était aussi difficile pour moi que de calmer mon anxiété. Je commençai à investiguer dans la cuisine, mais là non plus, rien de dramatique. Juste cette casserole qui traînait sur le feu. Du potage. Jolie couleur. Relent agréable. Ce n’était pas d’ici que venait le problème… du moins, le pensais-je à ce moment-là.

J’en aurais bien goûté s’il n’y avait pas plus urgent. Je dus me retenir pour ne pas chuchoter mon inquiétude à la gamine qui mourrait de faim. C’était elle ma priorité, même je récitais toutes les primaires que je connaissais pour ne pas retrouver le père de cette enfant raide mort quelque part dans l’appartement.  « Jasper… » retentais-je mais sans hurler cette fois. Effrayer mon petite bout d’chou ne m’intéressait pas. Elle mourrait de faim. Son biberon chauffait. Il serait prêt dans 2 minutes, soit le temps qu’il me restait pour mettre la main sur le père qui se manifesta enfin. Bien sûr, pas de la façon dont il m’aurait plu pour que se taise enfin l’orage dans le fond de mon estomac. Non. Ce serait trop demandé. Je repérai d’abord la chasse d’eau. J’envisageai donc de me diriger vers la salle de bain, mais l’heure était venue de vérifier la température du biberon et d’enfourner la tétine dans la bouche grande ouverte du bébé affamé. Je m’exécutai à la hâte, heureuse de constater qu’il soit vivant, bien qu’en apercevant son teint grisonnant, il me rappela davantage un zombie de film post-apocalyptique qu’une personne bien portante. « Bon sang. Mais, qu’est-ce qui t’est arrivé ? Tu as une de ces tronches. On dirait que tu es mort et que tu le sais pas encore. » le tannais-je la petite toujours entre les bras, faisant les cent pas au milieu du salon. « Tu m’as fait flippé. Tu as fait quoi comme connerie ? On est venu te chercher des noises ? Quelqu’un t’a obligé à ingurgité quelque chose ? Tu as pris de médicaments ? Tu essayais de te faire vomir ? » m’enquis-je plus oppressante que jamais, mais que voulez-vous ? Je venais de passer une heure dans ma voiture à m’inventer des histoires de film d’horreur. « Et, c’est quoi cet odeur ? Tu as un mort à l’étage ? C’est vraiment pas un environnement pour la petite. Je vais appeler le médecin. Et, je vais essayer de joindre Lyla aussi, elle peut pas rester ici. Je sais pas ce que tu as, mais tu as une gueule qui donne envie de croire que tu es grave contagieux. »  






by SerialWords.




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MessageI'm only dying away EmptyJeu 31 Mar - 23:34

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J’ai l’impression que mon cœur a élu domicile dans mon crâne et fait vibrer mes yeux derrière mes paupières alourdies. Mes crampes d’estomac sont insupportables et voilà que je ne tarde pas à avoir également la nausée. Je déglutis encore et encore, priant pour que tout s’arrête enfin.
Je suis convaincu que c’est le plat que j’ai préparé un peu plus tôt qui est responsable de mon état lamentable actuel. Après tout, les symptômes ont commencés à apparaître très peu de temps après que j’ai goûté à la préparation, non ? J’avais dû abandonner mes préparatifs pour m’occuper de Merrin qui réclamait mon attention et avais fini par oublier la casserole (heureusement pas sur un feu allumé), tout appétit m’ayant déserté entre temps. Maintenant que je suis au plus mal, je repense au goût amer qu’avait eue la mixture et m’avait écoeuré. Je m’étais dis qu’il faudrait que je compense avec un autre aliment, sans en avoir eu l’opportunité. Le légume ne m’a pourtant pas semblé gâté...
Mais si ce n’est pas ça : de quoi peut-il s’agir ? Une simple gastroentérite ? Je n’en ai pas eu depuis longtemps, certes, mais je pense que je me souviendrais m’être déjà senti aussi mal en point à cause de ça… Non, ça a l’air différent. Et puis c’est trop violent et trop rapide. J’étais en forme il y a deux petites heures à peine. Je me serai senti un peu vaseux, un peu barbouillé, non ? Là, j’étais passé d’un état parfaitement normal à l’agonie en une dizaine de minutes à peine.

Merrin continue d’hurler à quelques pas de là. Je déglutis encore, inspire puis expire longuement avant de tenter de me redresser. Je n’ai aucune garantie que Cinzia va bel et bien se mettre en route pour mon appartement et ne pas faire la sourde oreille à mes supplications confuses. Si ça se trouve, elle n’est même pas à New York mais en déplacement quelque part… Il faut que j’aille m’assurer que ma fille va bien. Elle ne peut compter que sur moi… Elle n’a que moi. Son pathétique géniteur maladroit et présentement malade à crever.
Mon changement de position, même prudent, me file le tournis et ma nausée s’accentue encore. Je ne vais quand même pas commencer à me vider par les deux côtés… ?
Oh bordel, tout mes pas ça…
Pourquoi est-ce que le destin s’acharne autant sur ma tronche ? Qu’est-ce que j’ai fait au monde pour qu’il m’en veuille à ce point et s’échine à me corriger encore et encore et encore ?      
Les pleurs déchirants de Merrin terminent de me convaincre que quelqu’un semble souffrir au moins autant que moi de ce mauvais karma…
- J’arrive ma puce. J’suis désolé, je marmonne d’une voix qui me semble venir de très loin.
Prenant sur moi, je cherche à me redresser sur mes jambes flageolantes. Mais après un essai peu conclusif, je décide de mettre ma fierté de côté et de rejoindre le parc de ma fille à quatre pattes. De toute manière, elle est au sol, alors pourquoi me fatiguer à me lever ?
Je la rejoins donc de cette manière mais, au moment de la prendre dans mes bras, imagine une petite armée de microorganismes n’attendant qu’un contact pour la prendre d’assaut et la contaminer à son tour… Je ne suis plus très épais et mon système immunitaire n’est pas au meilleur de sa forme, mais qu’arrivera-t-il à ma petite fille si elle attrape ce que j’ai ?
Peut-être qu’elle l’a déjà attrapé… Peut-être qu’elle a mal…
Mais je n’ai pas l’impression que ses pleurs soient des pleurs de douleur. Je commence à les identifier et ça n’y ressemble ça. Je crois qu’elle en a juste assez d’être couchée, commence à avoir faim et voudrait être prise dans les bras. Elle veut quelqu’un avec elle… Sauf que je ne peux pas prendre ce risque.
- Je suis désolée ma belle, papa n’se sent pas très bien.
Elle tourne son regard humide vers moi et puis tout son corps se raidi. Ses petits poings se mettent à trembler pendant qu’elle continue d’exprimer sa rage et sa frustration. Elle est rouge écarlate et il y a fort à parier que dans moins de deux minutes, sa couche soit pleine… J’espère juste que ce qui s’y trouvera ne ressemblera pas à ce que j’élimine moi-même depuis plus d’une heure.
Il va falloir que j’appelle un médecin…
L’idée me contrarie beaucoup mais tant que je ne saurai pas précisément ce que j’ai, comment être certain que je ne vais pas transmettre cette saloperie à mon bébé ?

Et c’est sur cette pensée qu’une nouvelle crise se manifeste tout à coup. Cette fois, pas le choix : il faut que je me relève. Que je me relève et que je me bouge si je ne veux pas me faire littéralement dessus… Heureusement ça n’arrive pas (de justesse) et ce que je redoutais se produit deux minutes après que ma crampe soit passée : je commence à me vider par derrière comme par devant. Je n’ai quasiment plus rien à vomir, mais mon estomac ne veut rien savoir et la bile qui me remonte dans la gorge brûle tout sur son passage.
Après ça, je perds véritablement toute notion du temps. Je m’allonge sur le sol carrelé de la pièce d’eau et perds le fil de mes pensées. Je suis en nage et en même temps, je suis glacé. Mon front me donne l’impression d’être en fusion et le contact froid du sol me fait du bien. Et puis non. Et puis si. Je passe d’un état à l’autre à une vitesse épuisante.
Tellement épuisante que je finis par sombrer dans un demi-sommeil durant un moment. Je ferme les yeux et quand je les rouvre dans un sursaut, je me sens vaseux, confus, comme si je venais de dormir durant une éternité. Pourtant je ne me sens absolument pas reposé. Et hop : nouvelle crampe qui m’oblige à me hisser au-dessus de la cuvette du chiotte pour vomir tout mon soûle.

Lorsque ma nouvelle crise est terminée, la chasse d’eau tirée et mes mains lavées, je réalise que Merrin ne pleure plus. Et son silence m’inquiète plus encore que ses cris. Combien de temps suis-je resté inconscient ? Est-ce qu’il lui est arrivé quelque chose ? Est-ce qu’elle s’est retournée à force de s’agiter et s’est retrouvée la tête coincée contre la moquette ? Et si elle avait finit par se faire vomir à force d’hurler, ou simplement parce qu’elle souffrait du même mal que moi et s’était noyé dans ses fluides ?
Mort d’inquiétude, je me force à me redresser pour aller m’assurer de son état. Mon cœur cogne à tout rompre dans ma poitrine et j’ai la tête qui tourne, mais rien ne m’empêchera de la rejoindre. J’ai été stupide. J’aurai mieux fait d’oublier mon égo et de me faire dessus ! J’aurai dû prévenir mon foutu voisin et faire une croix sur ma réputation auprès de mon voisinage !
Lorsque je découvre le parc vide, mon sang - contaminé par un virus quelconque certainement - déserte mon visage qui prend une teinte laiteuse, grisâtre.
Il lui est arrivé quelque chose. Quelque chose d’horrible. Et c’est ta faute. C’est entièrement de ta faute !
Je suis sur le point de fondre en larmes lorsque je l’entends pousser un petit cri dans la pièce d’à côté. La cuisine. Je me dirige d’un pas malhabile dans cette direction, m’appuyant aux murs mais tombe nez avec Cinzia qui en sort, un biberon et ma fille dans les bras. Mon cœur manque un battement alors que le soulagement m’envahit.
- Bon sang. Mais, qu’est-ce qui t’est arrivé ? Tu as une de ces tronches. On dirait que tu es mort et que tu le sais pas encore.
Incapable de lui répondre, me sentant sur le point de tourner de l’œil, je me recule jusqu’au canapé du salon sur lequel je me laisse lourdement tomber.
Elle va bien. Dieu merci, elle va bien…

- Tu m’as fait flippé. Tu as fait quoi comme connerie ? continue de me harceler la sicilienne que je n’ai jamais été aussi heureux de croiser, même si je ne suis pas en mesure de le lui prouver maintenant. On est venu te chercher des noises ? Quelqu’un t’a obligé à ingurgiter quelque chose ? Tu as pris de médicaments ? Tu essayais de te faire vomir ?
Je me contente de secouer la tête, fermant les paupières en attendant que mon malaise passe. Si ce truc m’avait attaqué il y a quelques mois de ça, j’aurai certainement été plus apte à le combattre, mais avec la douzaine de kilos que j’ai perdu depuis janvier et le manque de sommeil dont je souffre, je suis complètement KO.
- Et, c’est quoi cet odeur ? Tu as un mort à l’étage ? C’est vraiment pas un environnement pour la petite. Je vais appeler le médecin. Et, je vais essayer de joindre Lyla aussi, elle peut pas rester ici. Je sais pas ce que tu as, mais tu as une gueule qui donne envie de croire que tu es grave contagieux.
- Déjà essayé, je parviens finalement à articuler, redressant enfin la tête et rouvrant les yeux, papillonnant des paupières avant de passer une main de dix tonnes sur mon visage aux traits tirés par l’épuisement. Lyla j’veux dire… J’ai essayé d’l’appeler, elle a jamais répondu… T’es la seule à avoir décroché.
Je pousse un soupir, déglutis et reprends la parole pour l’éclairer un peu sur la situation qu’est la mienne.
- J’sais pas c’que j’ai… Jamais été aussi mal, je marmonne, essayant de minimiser mes ouvertures de bouche au cas où quelque chose d’autre que des mots tente d’en sortir… Faut qu’tu la sorte de là, t’as raison… C’pour ça que j’t’ai appelé. J’vais m’débrouiller. J’crois qu’c’est une méchante gastro ou…p’t-être une intoxication. J’ai préparé c’truc… J’sais plus comment ça s’appelle… C’est une espèce de courgette ou de potimarron, avec un nom chelou… J’crois qu’c’est ce qui m’a rendu malade. Il devait être pourri ou…ou j’en sais rien…
Mon estomac se met à gargouiller furieusement, comme pour confirmer mes dires et je suis pris d’une nouvelle crampe qui m’oblige à me plier en deux et m’arrache un gémissement plaintif.
- Bordel… J’ai l’impression d’crever, j’te jure… Faut pas qu’elle m’approche. Si elle chope cette merde…
Je n’ose même pas aller au bout de ma pensée. Je n’ose pas y penser. Imaginer Merrin en proie à une telle souffrance m’est insupportable.  
Cherchant une position qui rendrait la douleur plus supportable, je bascule sur le divan pour m’allonger en position fœtale. Conscient de l’image déplorable que je renvoie, je serre les dents et marmonne quelques excuses piteuses à Cinzia qui doit me prendre pour le type le plus minable et douillet de l’univers…  


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MessageI'm only dying away EmptyDim 3 Avr - 22:42





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Le teint blafard. Les yeux injectés de sang. Les joues creusées. Jasper émergea de la salle de bain, plus mort que vivant. À côté de lui – et on ne pourrait prétendre sans mentir que je brillais par mon teint doré - on aurait pu me prendre pour une fille des îles. Alors, évidemment, inquiète à souhait, je le submergeai de questions, tantôt loufoques, tantôt sensées, mais qui ne reçurent aucune réponse claire et précise. « Déjà essayé ? Essayé quoi ? De te suicider ? Tu n’es pas sérieux. Je sais que ce n’est pas facile de s’occuper d’une enfant si jeune, mais tu peux t’en sortir. Tu n’es pas tout seul. » débitais-je à rythme tellement soutenu que c’est moi qui aurait raison de lui tôt ou tard. À ma décharge, cependant, il n’était pas tout à fait clair. Je l’imaginais déjà s’être enfilé un tube entier de cachets. Il avait l’air tellement défait. « Qu’est-ce que tu as pris ? Il faut qu’on aille à l’hôpital ? Casper, il ne faut pas jouer avec ça, il faut que tu me dises la vérité. Toute la vérité et dire je le jure. » Autant le biberon calé entre les lèvres de Merrin avait pu la calmer, autant mon stress finit par la tendre. Elle gigotait entre mes bras désormais et Dieu seul sait les efforts que je déployai pour taire l’angoisse qui prenait peu à peu le dessus sur ma zen attitude. Sans les quelques précisions de mon interlocuteur, aussi maigres soient-elles, j’aurais rameuté tout le quartier en signalant à la caserne que leur collègue avait commis la plus grosse bêtise de sa vie. Il n’était pas question de cela cependant. Je soupirai, soulagée, et donc plus attentive à ses explications. « OK ! Ne nous alarmons pas. » dis-je en me demandant si je me moquais de l’hôpital ou de la charité. « Ce n’est peut-être pas nécessaire de la mettre en quarantaine. Dès qu’elle aurait fini son biberon » Et ça ne tarderait plus. Elle était affamée. Elle ne buvait pas, elle engouffrait. « J’irai prendre sa température. Si elle n’en a pas, je l’isolerai dans sa chambre. » D’où je sortirai armée du babyphone. « Et je prendrai rendez-vous chez le pédiatre. Je lui emmènerai quand quelqu’un pourra me remplacer près de toi. Je ne peux pas te laisser comme ça. Et, si elle en a, alors, il ne faut pas jouer. On appellera les secours. Vaut mieux les appeler une fois de trop qu’une fois pas assez. Et c’est non négociable.» conclus-je sur le propos avant de m’attarder à la cuisine, de récupérer une bouteille d’eau qui traînait sur le plan de travail et de la déposer sur la table basse. Je l’aurais bien ouverte moi-même, mais je n’avais qu’une seule main libre. « Elle n’a pas l’air d’en avoir d’ailleurs. Elle a même plutôt l’air en forme. Alors, je te le répète, ne panique pas, rassemble tes forces, et explique-moi ce qui t’arrive exactement. Symptômes, etc. »

Assise dans la causeuse à bonne distance tant pour Merrin que pour moi, je l’écoutai attentivement me décrire le mal qui le paralysait et, cette fois, bien qu’il soit un homme, j’eus bien du mal à envisager qu’il puisse exagérer. Il avait bien la tête de celui qui se déshydrate dès qu’il ouvre la bouche. Si c’était une gastro, par contre, je n’en étais pas vraiment certaine. « C’est une courgette ou un potimarron ? C’est ce que tu as préparé en soupe et qui traîne dans la casserole ? Ça avait l’air de sentir plutôt bon. » m’exclamais-je alors que j’aidai cette merveille dont je tombais un peu plus amoureuse chaque jour à se débarrasser de l’air ingurgité en même temps que son lait en poudre. « La couleur ? C’était de quelle couleur ? Rouge ? Vert ? Tu as regardé sur internet avant de te lancer dans une préparation ? Tu as demandé conseil à quelqu’un ? Est-ce que tu es sûr que c’était comestible, en fait ? Tu as acheté ça où ? En supermarché ? » Non ! Bien sûr que non ! D’après les informations obtenues durent pour ma patience et mollement de sa bouche pâteuse, il les dénicha pour l’équivalant d’une croûte de pain sur un de ces marchés bio ou équitable. Concept intéressant. Certes. Mais, mon petit doigt me mit instantanément en garde. Combien de charlatans méconnaissant leurs marchandises côtoyaient ce genre de milieu en espérant piéger le premier pigeon venu ? Trop sans doute. Alors, la petite dans les bras, j’examinai le frigo et je les reconnus, les coloquintes. On en trouvait un peu partout sur les devantures des New Yorkais au moment d’Halloween. Certains les suspendaient aux arbres pour leur rendre un peu de leur couleur perdue à cause de la saison. « C’est de ça dont tu parles ? Parce que je te confirme que ça ne se mange pas. C’est de la déco, Jasper. Autrement dit, un poison pour toi. »

Encombrée par ce bébé, je la reposai dans son parc où elle babilla joyeusement, jouant avec ses peluches. Le ventre plein, elle serait plus calme et moi, je profitai de plus d’espace pour fouiller internet à l’aide de mon téléphone pour trouver la marche à suivre. Lui ? Il se décomposait sur son divan, si bien que je préparai le terrain, car je ne voyais pas quelle autre solution pour lui – et par extension, pour son bébé – que de l’emmener à l’hôpital. « Encore une fois, je ne veux pas me montrer alarmiste, mais je pense sincèrement qu’il faudrait qu’on aille à l’hôpital. Je ne dis pas qu’il faut faire venir l’ambulance… » Me sentis-je obligée de répliquer, pour le rassurer, car il parut encore plus éteint. « Mais je crois vraiment qu’il faut qu’on embarque la petite, que tu me files les clés de ta bagnole, et qu’on se magne à t’emmener à l’hôpital. D’après ce que je lis ici. Tu peux en mourir Jasper. Tu peux ne pas passer la nuit. C’est un empoisonnement, ce n’est pas une gastro. Tu pourras boire des litres et des litres d’eau, il faut l’intervention de médecin » Sans attendre de réponse, je me levai pour récupérer dans la casserole un échantillon de la préparation. Elle sentait si bon. Elle donnerait envie d’y goûter… à moins d’être au fait avec l’ingrédient principal qui la compose. « Je sais que ça te fait flipper pour la petite. Que tu ne veux pas être loin d’elle. Et j’ai bien compris aussi que tu culpabilisais de ne pas avoir été là aussi souvent que tu ne l’aurais voulu pour elle après… » Qu’ajouter ? Il n’était pas utile d’enfoncer le couteau dans cette plaie béante, purulente et qu’il faudrait des années à suturer. « Mais, je ne peux pas rester toute la nuit pour te surveiller. Tu sais que ce n’est pas dans mes cordes. Je ne saurais même pas quoi faire s’il t’arrivait quelque chose de vraiment très grave… Et on fait quoi ? Je prends la petite et je te laisse là ? Tu sais que je ne peux pas faire ça. Comme je ne peux pas prendre le risque de rentrer chez moi et de repasser demain matin et trouver la gamine dans son lit, affamée, et toi plongé dans un coma profond… dans le meilleur des cas. »

D’aucuns auraient pu croire que je noircissais le tableau, mais il n’en était rien. Plus je consultais les articles sur le sujet, plus je me demandais si je n’aurais pas à aider à l’organisation de funérailles et non à celle d’un mariage dans les prochains jours. « Tu n’as réussi à joindre personne à part moi. Et si ça se reproduisait ? À l’hôpital, tu seras sous bonne garde. Je resterai avec toi aussi longtemps que je le peux et je prendrai bien soin de Merrin. Tu n’es plus tout seul, maintenant. Tu ne peux plus te mettre en danger parce que tu n’aimes pas les médecins ou que tu ne leur fais pas confiance. Quand tu es souffrant, tu dois te soigner et pas faire semblant, pour elle, parce qu’elle n’a que toi… ou ses grands-parents qui n’attendent qu’une chose, et tu le sais aussi bien que moi. Tu as vraiment envie d’ouvrir une brèche et de leur permettre de s’engouffrer dedans ? Tu n’es pas en état de réfléchir, je le vois bien, mais fais-moi confiance. Et suis-moi. » La confiance. C’était tellement déroutant dans ma bouche lorsqu’on connaissait les raisons de ce rapprochement soudain avec cet homme, hétérosexuel, alors que j’étais fiancée avec l’homme le plus jaloux et le plus possessif de la création. Oui. C’était couillu, mais par chance, il n’en savait rien. Pour l’instant. Ça me permettrait peut-être de lui sauver la vie, au moins aujourd’hui. Rien que pour ça, ça en valait la peine.







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i'm only dying away
i can't hear what you say, oh baby i can't hear what you say i'm only dying away. don't be so affraid, oh baby don't be so affraid i'm only dying away. i'm leaving and you stay, oh baby i'm leaving and you stay, i'm only dying away. Δ orange blossom.


J’aime le fait que Cinzia déborde de vitalité, soit bavarde et parvienne à combler les blancs et occuper tout l’espace quand elle est là. Et je ne dis pas ça parce que, physiquement, elle prend de la place… Mais je n’aime pas qu’elle fasse toutes ces choses quand je suis dans cet état. Elle parle trop et trop vite. L’angoisse qu’elle semble éprouver et est évidemment légitime est en grande partie à blâmer pour cela, mais je ne peux m’empêcher de la maudire intérieurement. Elle gaspille son énergie et en brassant de l’air et m’obligeant à suivre ce qu’elle raconte, la sicilienne me fait également dépenser la mienne inutilement. C’est certainement un peu cru et assurément ingrat seulement je ne peux pas m’empêche de le penser. Pas suffisamment fort pour qu’elle le sente et remédie au problème cependant.
Elle n’a pas été formée pour faire face à des situations de crise, gros malin. Elle ne comprend même pas ce qui est en train de se passer et tu ne l’aides pas !
Ceci dit, si elle me laissait l’occasion d’en placer une, la situation se débloquerait certainement plus vite. En même temps, il me faut puiser dans mes réserves quasiment inexistantes pour ne serait-ce qu’ouvrir la bouche et le temps que je prenne la parole et formule deux mots : Cinzia a celui de croire que je viens de faire une syncope… Ce qui me pend d’ailleurs sérieusement au nez.
Et puis elle est en droit de se poser des questions sur ma stabilité mentale après ce qu’elle a vu lorsqu’elle est venue me tenir compagnie avec Lyla l’autre fois. Elle sait que j’ai du mal à faire face à tout ce qui m’arrive et que j’ai déjà essayé au moins une fois de prendre la fuite en me tailladant les veines… Il est légitime pour elle de se poser des questions, même si ça me vexe un peu. Parce que, merde !, je fais des efforts monstres pour me maintenir la tête hors de l’eau et l’entendre douter de moi n’est pas plaisant…
- OK ! Ne nous alarmons pas, je l’entends lancer d’un ton qui laisse à penser qu’elle est précisément en train de s’alarmer…

Ceci dit, elle lutte contre elle-même pour parvenir à garder la tête froide et réfléchir à une solution. Non pas pour moi mais pour Merrin qui est notre priorité à tous les deux visiblement. Elle me propose de vérifier sa température dès qu’elle aura terminé son biberon. J’ouvre la bouche pour lui signaler que je ne crois pas avoir de l’hyperthermie, que ce n’est pas l’un des symptômes de ce que j’ai, mais elle a déjà enchainé et me noie sous un nouveau flot de paroles. Découragé, je la laisse aller au bout de son raisonnement. Et puis encore une fois, malgré ma frustration à ne pas pouvoir gérer cette situation comme je l’entends, je suis soulagé de constater qu’elle tente de trouver des solutions pour prendre Merrin en charge de la manière la plus efficace possible. Elle n’est pas Daniel, elle n’est pas Lyla et n’a pas vraiment de connaissances médicales, mais Cinzia fait au mieux avec ce qu’elle a et ne manque ni d’initiatives, ni de bon sens…  
De toute manière, ce n’est pas comme si je pouvais me permettre de faire le difficile dans mon état. N’empêche : j’aurai pu tomber beaucoup plus mal. J’aurai surtout pu me retrouver seul, livré à moi-même. Si pour le moment, je tiens le choc (difficilement) rien ne me garanti que je serai encore capable de me déplacer dans une heure. Rien ne me garanti que je serai encore conscient. Et s’il avait dû m’arriver quelque chose : combien de temps aurait-il à mes voisins pour s’inquiéter ? Combien de temps Merrin aurait-elle dû s’époumoner avant d’être entendue ?
- C’est une courgette ou un potimarron ? C’est ce que tu as préparé en soupe et qui traîne dans la casserole ? Ça avait l’air de sentir plutôt bon, commente-t-elle, un brin de regret dans la voix à l’idée que quelque chose de si délicieux puisse causer tant de soucis.  
- C’est ça oui, mais…
- La couleur ? C’était de quelle couleur ? Rouge ? Vert ?
L’interrogatoire reprend. Cinzia ferait fureur à Guantanamo…
- Sur un étalage bio… Pas loin en bas d’la rue… Le gars a dit… Il a dit... Il a parlé de potage j’crois. J’vais jamais sur Internet… J’comprends rien à c’truc, c’est June qui…qui s’occupait d’ça, je déglutis péniblement, sentant mes entrailles se nouer à nouveau douloureusement.
Je grimace encore, essayant vainement de faire passer la douleur en massant mon estomac sous mon teeshirt humide de sueur. Je laisse échapper un gémissement plaintif avant de me concentrer pour renseigner la jeune femme anxieuse au mieux.
- J’lui en ai pris trois et j’ai cuisiné ça, j’articule difficilement, mon cœur cognant à tout rompre dans ma poitrine. Ca ressemble à une courgette... J'en ai juste pris une ou deux cuillère... Pour tester la cuisson et... Il m’en reste une dans l’frigo. J’me suis dis que j’chercherai à faire autre chose avec plus tard…
Sans perdre une seconde, ma fille toujours dans les bras, Cinzia m’abandonne au salon pour se rendre dans la cuisine. Juste à temps. Quelques larmes bouillonnantes s’écoulent sur mes joues, que je m’empresse de faire disparaitre d’une main tremblante et moite. Je ne veux pas qu’elle me voit dans cet état. Elle a déjà deviné que je me vidais par tous les côtés à l’odeur, s’est rendu compte que je n’étais pas capable de m’occuper de ma propre fille : je me sens suffisamment humilié comme ça.  
- Putain d’chierie d’merde, je gémis le plus discrètement possible, pendant que je l’entends fouiner dans mon réfrigérateur.  

Après quelques instants, elle reparait finalement, l’arme du crime en main.
- C’est de ça dont tu parles ? Parce que je te confirme que ça ne se mange pas. C’est de la déco, Jasper. Autrement dit, un poison pour toi.
Si j’en étais capable, j’éclaterai très probablement de rire à cette seconde. Je me contente de continuer de la fixer, attendant qu’elle m’avoue plaisanter… Parce que c’est forcément une blague, pas vrai ? Cinzia me fait marcher. Forcément…
Tu crois vraiment qu’elle a envie de rire ?
Je la vois déposer ma fille dans son parc et commencer à fouiner dans son téléphone, se mordillant nerveusement la lèvre.
- Qu’est-ce…qu’est-ce que tu fais ? je me risque à lui demander d’une voix à peine audible.
D’ailleurs, elle ne m’entend pas. Peut-être parce que je n’ai pas parlé assez fort, sans doute plutôt parce qu’elle est trop absorbée par ce qu’elle est justement en train de faire… Contacter Lyla par messages ? Consulter un site sur les colomachins ?
Un poison pour toi, c’est bien le terme qu’elle a employé, pas vrai ? Parce que même si je n’ai aucune envie de l’admettre…c’est bien comme ça que je me sens : empoisonné. Ce truc est en train de me dévorer les entrailles. Ce truc est en train de me tuer…    
Arrête tes conneries ! Tu vas pas crever pour ça ! T’as survécu à Jared, à l’effondrement d’un immeuble, à une blessure par balle ! T’as réchappé d’un tas d’incendies : tu vas pas crever à cause d’un putain de légume !
Et pourtant…
- Merrin, je chuchote encore, mes yeux exorbités de terreur se posant sur la silhouette de ma fille qui s’agite joyeusement dans son parc.
Je ne peux pas la laisser ! Elle n’a que moi ! Elle n’a plus que moi ! C’est hors de question ! Et pas comme ça merde ! Pas aussi bêtement !
Oh parce que se taillader les veines c’était nettement plus intelligent…


- Encore une fois, je ne veux pas me montrer alarmiste, mais je pense sincèrement qu’il faudrait qu’on aille à l’hôpital, se manifeste à nouveau Cinzia, m’arrachant à mes idées noires.
Ca fera une chouette histoire pour distraire les gars entre deux interventions ! Hey vous savez pas la dernière ? Vous vous souvenez de Jasper Dolan ? Mais si, le pompier là ! On vient d’aller le ramasser chez lui, ce con s’est empoisonné tout seul avec un légume ! le pauvre gars se vidait par les deux bouts en même temps ! Une horreur !
- Je ne dis pas qu’il faut faire venir l’ambulance, s’empresse-t-elle d’ajouter, devinant certainement à mon expression que c’est bien la dernière chose que j’ai envie de faire.
Je sais ce qui est en jeu ici mais je ne suis pas prêt à revoir mes anciens collègues secouristes dans de telles conditions. Plutôt crever ! …C’est le cas de le dire. J’ai conscience du ridicule de la situation autant que du ridicule de mon raisonnement. Soit je meurs d’empoisonnement : soit je meurs de honte. Génial le choix !
Comprenant certainement ce qui se joue dans ma tête, la brune reprend la parole pour tenter de me convaincre d’accepter de consulter un médecin. Je sais qu’elle a raison. Je sais que si les rôles étaient inversés, je n’aurai même pas cherché à négocier avec elle : je l’aurai attrapée et portée de gré ou de force jusqu’à ma voiture pour la conduire au plus vite aux Urgences.
- Je…j’me sens mieux, j’crois…j’crois que j’ai tout évacué, ça y est, je tente vainement de me défendre, un tremblement pathétique dans la voix.
- Tu n’as réussi à joindre personne à part moi. Et si ça se reproduisait ? me contre immédiatement la jeune femme, avant d’appuyer juste là où ça fait mal.
Elle parle de Merrin. Elle parle de mon devoir envers elle. Elle parle de ses grands-parents et de la perspective insupportable de la perdre. Une perspective qui est à double sens d’ailleurs. Je vois bien de quelle manière ma fille cherche constamment mon regard, de quelle manière elle me surveille actuellement du coin de l’œil à intervalles réguliers… je peux sentir ses petits poings se cramponner à moi dès que je fais mine de la déposer dans son berceau, comme si elle craignait de ne plus jamais me retrouver…
J’ai besoin d’elle pour tenir, mais l’inverse est vrai. Elle a besoin de moi et par fierté, je serai prêt à la priver de ma présence.  
Par peur aussi…

Par peur surtout.

C’est lorsqu’elle se tait enfin que je réalise qu’en réalité, je ne fais que chercher des excuses pour ne pas affronter ce qui me terrifie vraiment. Et ce n’est pas de passer pour un demeuré auprès du personnel soignant.
- Mais si…si j’y vais et que j’reviens pas ? Si j’y vais et…
Je déglutis péniblement, sentant la panique me gagner et les larmes monter dangereusement.
- Tout devait bien s’passer. Elle avait pas eu une grossesse difficile, ça devait être un accouchement simple… Y avait toute une équipe de professionnels et…et elle est quand même morte. Si j’y vais et que j’reviens pas, elle va se retrouver toute seule. J’veux pas qu’elle vive ça. J’veux pas qu’elle grandisse sans ses deux parents.  
Parce que je sais ce que ça fait, je manque d’ajouter. Mais ces mots-là refusent de sortir.  
- J’sais que si j’y vais pas le risque est l’même mais… J’peux pas… J’peux pas retourner là-bas, c’est trop dur.
Et malgré moi, je me replonge dans le souvenir cuisant des derniers instants de June. Je revois son sourire fatigué mais ravi et son regard si doux qui nous escortait, sa fille et moi vers la porte de sortie de la salle d’accouchement. Je me revois lui adresser un stupide signe de la main en passant les portes automatiques pour aller faire parader ma petite fille devant mes collègues. Je l’avais dépossédée de ses derniers instants avec Merrin… Je lui avais enlevé sa fille par égo et quand j’avais voulu la lui rendre, elle était déjà inconsciente. Elle était déjà à moitié morte.
Comme si elle pouvait lire dans mes pensées (et parfois, j’ai la sensation qu’elle le peut), Merrin abandonne le hochet avec lequel elle jouait précédemment pour se mettre à pleurer, sans raison apparente. Cinzia semble hésiter un instant entre venir s’installer près de moi et rejoindre ma fille, et finalement, c’est la petite qu’elle vient prendre à nouveau dans ses bras pour la calmer. Je la regarde faire, à travers le voile de larmes qui brouille ma vue et pousse un lourd soupir résigné lorsqu’elle me refait face, Merrin dans les bras. C’est le regard aussi larmoyant que le mien de ma fille qui termine de me convaincre.
Je n’ai pas le choix. Cinzia a raison, je ne peux pas me mettre en danger par manque de confiance dans le personnel médical. Je dois mettre toutes les chances de mon côté pour ma petite fille… Et pour June à qui j’ai fait la promesse de me battre.  

Prenant sur moi, serrant les dents à cause de la douleur, je pousse un nouveau soupir et renifle bruyamment.
- OK… OK. J’te suis.
Il nous faut moins d’une dizaine de minutes pour habiller Merrin, préparer de quoi la prendre en charge sur place (biberons, couches, quelques jouets), me permettre un dernier tour par la case salle de bain et pour rejoindre ma voiture.
J’ai puisé dans mes dernières forces pour atteindre l’auto et laisse Cinzia s’occuper d’attacher ma fille à l’avant pendant que je me laisse dériver à l’arrière, étendu sur la banquette.  Elle tente de me faire la conversation en roulant, de s’assurer de mon état de conscience mais je suis trop fatigué pour faire l’effort de lui répondre. Ma poitrine commence à me brûler et je préfère me concentrer sur ma respiration de plus en plus laborieuse.
Je l’entends me dire que nous approchons de l’hôpital et je décroche.

© GASMASK
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Cinzia Herrera
Cinzia Herrera
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Alcune persone possono morire a causa di questa malattia.
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« Putain, si je mets la main sur ce fils de pute, je te jure, je lui fais avaler son étalage de légumes bidons. » crachais-je mauvaise, effrayée également. A l’après de quelques mois, il n’aurait pas été le seul à ingurgité son poison. Non ! Merrin y aurait goûté. Elle serait dans un état similaire au sien, que lui et, si nous, adultes, souffrions de cette tendance à sous-estimer la force d’un bébé, cette petite fille était trop jeune pour survivre à une telle intoxication. Rien que d’y penser, j’en tremblais, alors qu’elle allait bien. Vraiment. Elle avait les yeux brillants de vie. Le ventre plein, elle me souriait, car mes traits lui étaient familiers désormais. Elle n’avait pas l’ombre d’un degré de trop. Quelle chance. J’avais même mis le doigt sur la cause du mal-être de Jasper. Étais-je soulagée pour autant ? Pas le moins du monde, tout simplement parce que le plus difficile demeurait à faire : le convaincre de me suivre à l’hôpital. Je n’avais pas besoin de le fréquenter depuis des lustres pour comprendre qu’il le détestait. J’ignorais seulement si la raison émanait de son ancien boulot, qui exigeait qu’il avait côtoyé d’assez près les rouages du système médical qui ne devait pas être plus reluisant que le reste – pourquoi le serait-il dans ce monde pourri ? – ou si c’était la conséquence du décès tragique de la mère de sa fille. Peut-être un peu des deux, mais ça n’arrangeait pas forcément mes affaires. Comment lui entrer dans le crâne que bouffer des coloquintes pourrait l’envoyer si pied sous terre plus vite qu’un cancer ? Quels étaient les bons arguments ? De quelles cordes me faudrait-il jouer pour qu’il concède à ce que j’appelle les secours ?

J’avais tout intérêt à me monter plus que convaincante, il me faudrait faire preuve d’imagination et de sincérité surtout. J’en déployai un maximum. Je déterrai des trésors tant j’étais sérieuse et sérieusement impliquée dans le bien-être de cette famille. Je m’étais attachée à Merrin plus que de raison. Je pensais à elle de plus en plus souvent. Jasper faisait figure d’ami pour moi. « Ne me prends pas une conne, Jasper. Tu n’as rien évacué du tout. Ce truc va te vider jusqu’à ce que tes intestins y passent. » m’insurgeais-je contre sa bêtise. Il pouvait essayer de me faire changer d’avis si ça le chantait, s’il avait assez d’énergie pour ça – et j’en doutais - mais il n’était pas question que je les abandonne sous prétexte que j’étais confrontée à un têtu. Je ne l’étais pas moins que lui. J’en fréquentais également un paquet. Autant dire que je n’avais pas prononcé mon dernier mot. Si je n’avais d’autres choix que de lui rappeler sa responsabilité envers sa petite fille, d’arguer la bannière de son avenir, de lui mettre sous le nez la vie qui l’attendrait si elle se voyait affublée du statut d’orpheline si jeune, je me lancerais dans cette bataille sans reculer, quitte à remuer la merde. Il en allait de leur futur à tous les deux, de ma culpabilité égoïste aussi. Sa peur ne méritait pas qu’il prenne de tels risques. Mais, putain, elle était si touchante. Gravement touchante.

Je sentis mon cœur se serrer dans ma poitrine tandis qu’il me parlait d’elle, cette femme qu’il avait aimée, qu’il avait chérie et qui lui avait offert pour ultime cadeau la magnifique enfant qui joue dans son parc. Les craintes de Jasper, mélangées à cette peine palpable, contagieuse, elles étaient foutrement légitimes. Je dus lutter pour ne pas pleurer tant elles me transperçaient les entrailles, cédant ainsi à la panique, mais je tins bon, car je connaissais cette douleur du deuil et à la honte que fait naître la compassion. Il n’avait pas besoin de ça, juste de soins. Alors, rangeant mon téléphone dans ma poche, je m’approchai vers ce corps sans force. « Je ne sais pas ce que c’est de perdre la personne qu’on aime, mais j’ai perdu mon frère il y a pas longtemps et crois-moi, j’aurais aimé qu’il puisse avoir l’opportunité d’être emmené à l’hôpital. Il ne l’aurait peut-être pas sauvé, mais les équipes qui travaillent là-bas auraient fait leur maximum, comme elles l’ont fait pour ma mère. Et ils l’ont sauvée, tu sais. Elle est là, avec nous, elle ne nous a pas abandonnés. Tous les gosses, peu importe l’âge qu’ils ont, ont besoin d’un point de repère. Et, il s’avère que tu es le point de repère le plus génial dont aura besoin ta fille. Alors, s’il te plaît, si tu restes ici, tu ne t’en sortiras quand même pas, alors autant tenter le coup, même si tu ne leur fais pas confiance, mais si tu as peur de mourir… » Et cette appréhension-là aussi, je la connaissais. Personne ne sort indemne d’un kidnapping. Pas même moi, même si je faisais très bien semblant. J’ignorais si je l’avais persuadé, mais Merrin, capable de ressentir mieux qu’un adulte lorsque quelque chose n’allait pas, se mit à pleurer et Dieu que je la bénis. Je vis le visage de Jasper changer et, si la libérer des barreaux de son parc pour la consoler n’était pas une manœuvre pour le manipuler, je remerciai le ciel de l’impact que le geste eut sur lui. Il était d’accord. Je pouvais habiller la petite, l’emmitoufler dans son landau, récupérer les clés de bagnole et aider son père à se traîner à la voiture. Pour moi, c’était une sacrée victoire, mais je n’eus pas le mérite de la savourer indéfiniment.

Le trafic était dense. Rejoindre l’hôpital serait long et je n’avais aucune idée de celui qu’il me restait avant que Jasper ne perde connaissance. Sa voix était de plus en plus faiblarde. Je parlais, encore et toujours, pour le garder avec moi, mais il répondait de moins en moins. Lorsque nous arrivâmes à destination. Affolée, j’interpellai un groupe en uniforme fumant une cigarette devant l’établissement. Il devait être en pause. Peut-être même avait-il fini leur garde. Pourtant, ils le  prirent en charge. Je détachai enfin Merrin. Plus tard, si on me demandait qui avait garé la voiture, je n’aurais pu le dire. On me ramena cependant les clés tandis qu’un pédiatre auscultait la petite par précaution. J’étais demeurée près d’elle tout du long. Je combattis de toute mes forces pour ne pas m’effondrer, évitant d’appeler mon fiancé, sachant très bien qu’en confiance, je lâcherais la pression dans un torrent de larmes. J’avais besoin de lui plus que jamais, mais je patientai jusqu'à ce que la fillette s’endorme pour la poser dans le berceau installée par les infirmières à côté du lit de son père. Elle sommeillait paisiblement. Je quittai donc la pièce, laissant la porte ouverte, soulagée, oppressée et, si je pris enfin le temps de m’arrêter un moment pour tenter de téléphoner à Manuel, je glissai contre le mur, sanglotant, parce qu’il était injoignable, que cette histoire avait réveillé pas mal d’émotions en moi. Lasse, et soucieuse de ne pas attirer l’attention du corps médical sur moi, je m'assis dans la causeuse de la chambre, attendant que Jasper revienne et sorte de son était "comateux" : une éternité.  


***

« Salut toi. » lui chuchotais-je alors qu’il ouvrait enfin les yeux. « Tu m’as fait sacrément peur hein. Mais, les médecins disent que tu es sorti d’affaires. Quand on est arrivé, j’ai profité pour vérifier que la petite allait bien, au cas où ce n’était pas une intoxication alimentaire, mais c’était bien ça. Elle est en pleine forme. J’ai fait en sorte qu’elle reste ici le moins souvent possible, pour les microbes, mais tu n’es jamais resté seul. Lyla est venue me relayer. » Je crus reconnaître la panique dans le regard de mon ami. Ils cherchaient quelque chose et je savais pertinemment quoi. « Ne t’inquiète pas. Elle est dans le couloir avec Mani… Elle dormait quand je suis arrivée, mais je peux aller te la chercher si tu as la force. C’est comme tu préfères, mais il ne faut pas que tu en fasses trop… Tu n’étais pas en état de me dire quoi faire, alors, je l’ai gardée avec moi. Je ne voulais pas que ses grands-parents soient mis au courant sans avoir pu discuter avec toi. Je ne savais pas vraiment quoi faire, j’ai donc fait pour le mieux. » lui avouais-je en baissant un peu les yeux, redoutant qu’il puisse m’en vouloir. Il avait pourtant fallu que je prenne des initiatives, même si je savais qu’il détestait qu’elle soit déracinée de ses habitudes, regrettant d’y avoir été forcée durant les premiers moments de sa vie. « On a tous bien veillé sur elle… »








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MessageI'm only dying away EmptySam 9 Avr - 17:02

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i can't hear what you say, oh baby i can't hear what you say i'm only dying away. don't be so affraid, oh baby don't be so affraid i'm only dying away. i'm leaving and you stay, oh baby i'm leaving and you stay, i'm only dying away. Δ orange blossom.


Vaseux, j’ouvre un œil, examinant prudemment le décor. J’ai la tête affreusement lourde. Est-ce que j’ai dormi trop longtemps ou au contraire pas assez ? Aucune idée. Aucune idée de l’endroit où je me trouve non plus… Je ne reconnais pas le plafond. Quelque chose me gêne, tiraille ma main droite, et quand j’entreprends de la soulever, j’ai l’impression qu’elle pèse des tonnes. J’y parviens néanmoins, redressant laborieusement la tête et remarque qu’une voie veineuse m’a été posée.
Quand ? Pourquoi ? Bordel : qu’est-ce que je fous à l’hôpital ?
- Salut toi, me lance une femme que je ne remarque que maintenant et se redresse un peu du fauteuil sur lequel elle est installée depuis... Eh bien j’en ai pas la moindre foutue idée.
Je reconnais Cinzia, l’amie de Lyla de qui je me suis un peu rapproché dernièrement. Elle affiche cependant une expression anxieuse que je ne lui connais pas, elle qui est habituellement si enjouée et maitresse d’elle-même. Ses yeux me semblent rougis, un peu gonflé, comme si elle avait passé un moment à pleurer il y a peu.
Mes sourcils se froncent mais au moment où je m’apprête à la question sur la raison de sa présence ici, et puis sur la mienne surtout, tout me revient. J’ai préparé un potage qui m’a rendu malade et m’a amené à faire appel à quelqu’un pour prendre Merrin en charge puisque j’en étais moi-même incapable. Ni Daniel, ni Lyla n’avaient répondu et mon choix s’était porté sur la sicilienne sans que je ne me souvienne trop pourquoi. Elle avait débarqué, m’avait ordonné de la suivre à l’hôpital et…et c’est là que les choses commençaient à devenir un peu plus floues.
Mon cœur subit une accélération que les moniteurs auxquels je suis raccordé ne manquent pas de remarquer. Ils marquent le coup en émettant un ou deux bip malheureusement devenus familiers avec l’expérience, mais je ne leur accorde pas la moindre attention. Je n’écoute pas vraiment non plus ce que Cinzia a à me dire. Tout ce qui m’importe, là, tout de suite, c’est de savoir dans quel état se trouve ma fille.
Elle m’en parle mais je ne croirais que ce que je verrai. Et en l’occurrence : je ne vois Merrin nul part.

- Ne t’inquiète pas. Elle est dans le couloir avec Mani, me renseigne finalement Cinzia, comprenant certainement très bien l’origine de ma détresse.
Le savoir ne me soulage pas. Je veux la voir. Je veux l’avoir surtout. Je la veux avec moi. Je ne connais pas ce foutu Mani après tout ! Tout ce que je sais de lui, c’est ce que Cinzia m’en a dit et, bien que je lui fasse confiance et veuille bien croire qu’il soit gentil, dévoué et la traite comme une princesse : c’est de ma fille qu’on parle. Elle n’a rien à faire dans les bras de ce type.
J’essaie de me redresser sur mon lit, m’appuyant par habitude sur mes deux bras avant de grimacer en sentant le cathéter bouger. Je finis cependant par arriver à mes fins, sentant ma tête affreusement lourde me tourner un peu.
- On a tous bien veillé sur elle, conclut Cinzia d’un ton qui se veut rassurant.
- Amène-la-moi, je me contente de lui répondre, manquant totalement de diplomatie.
Je devrai commencer par la remercier pour tout ce qu’elle vient de faire pour ma fille et pour moi, mais je n’en suis pas capable pour l’instant. Je ne serai capable de rien tant que je ne l’aurai pas vue, en parfaite santé.
Si mon ordre, prononcé sur un ton trahissant encore mon angoisse la vexe, Cinzia ne le montre pas. Elle se lève en acquiesçant et disparaît un instant dans le couloir. Je l’entends échanger quelques mots avec un homme et puis elle reparait, Merrin dans les bras. Ma fille est endormie (comme elle l’avait dit) et elle me la passe précautionneusement, certainement autant pour ne pas la réveiller que pour ne pas prendre de risque avec moi. Je me sens encore barbouillé, fatigué et faiblard, mais je ne suis pas en sucre non plus. Et puis la vision de Merrin m’a redonné un peu de force.  
Poussant un lourd soupir, je la tient contre moi et caresse délicatement son visage joufflu et détendu, avant d’attraper ses doigts, jusqu’à sentir son poing se refermer autour de mon index dans son sommeil. Prévenante, Cinzia réajuste mon coussin dans mon dos pour me permettre de mieux m’installer. Lorsque c’est fait et qu’elle s’écarte pour me permettre de m’y adosser plus confortablement, je suis redevenu un être civilisé…
- Merci, je lui souffle, assez bas pour ne pas risquer de réveiller la petite. J’suis désolé de… Enfin j’te suis vraiment reconnaissant pour tout ce que tu as fais. Sincèrement. T’aurais pu te contenter de nous laisser. Tu nous dois rien, ni à elle, ni à moi…
Je m’accorde un nouveau petit moment pour admirer ma fille endormie, déposant un baiser délicat sur son front. Ses sourcils se froncent mais elle ne se réveille pas.

- Tu dois me prendre pour un imbécile, j’ajoute finalement, dans un sourire trahissant ma gêne.
Après tout : quel crétin mange des légumes décoratif ? Et puis elle m’a vu dans une position franchement humiliante… Ses commentaires sur l’odeur de mon appartement me reviennent en mémoire et je me sens rougir lamentablement. Bon et le fait que je sois nu sous ma chemise d’hôpital en m’aide pas vraiment à être à l’aise. Au moins cette fois, je n’ai pas de sonde urinaire… Contrairement à la dernière fois où j’ai ouvert les yeux dans un service hospitalier. Disons que c’est une petite victoire.  
- J’ai été out pendant longtemps ? je la questionne, appréhendant déjà sa réponse. Après tout, je l’ai entendu dire que Lyla et elle s’était relayées à mon chevet, non ? J’suis désolé de t’avoir imposé ça…
A elle et à son fiancé apparemment. Il va m’adorer…

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Alcune persone possono morire a causa di questa malattia.
ft le dysentérique



Le plus compliqué, une fois Jasper à l’hôpital – donc, selon mes critères, en sécurité – ce ne fut pas tant d’expliquer à Manuel comment je me retrouvai avec une gamine sur les bras pour la nuit, mais de lui faire entendre que je m’étais retrouvée seule dans l’appartement d’un homme et de son couffin sans que ça ne signifie pour autant qu’il y avait anguille sous roche. C’était du temps perdu d’ailleurs. Dans le fond, il le savait parfaitement. Je n’étais pas femme volage. Je ne l’avais jamais été. Je lui avais également raconté l’ignoble chantage d’Achille. Pour lui, ça, je ne changeais pas grand-chose cependant. J’eux beau lui conter l’histoire de Jasper, mourant dans son divan, et lui rappeler les raisons pour lesquelles je m’appliquais tant à veiller sur cette famille, mon fiancé demeura bougon une bonne partie de la soirée. Il le resta jusqu’à ce que Merrin lui ravisse un sourire sincère, m’ouvrant une brèche dans laquelle je me faufilai sans attendre avec l’agilité d’un filet d’eau. Je la lui collai dans les bras et je revins sur mes déboires et mes mensonges à mon père, ceux qui justifiaient que j’étais chez lui et non pas sur le domaine Gambino. Si je m’étais encourue de rentrer quémander de l’aide chez moi, les miens seraient morts d’attaques cardiaques en découvrant le poupon. Ils se seraient convaincus qu’il était de moi et qu’il revêtait donc les atours d’un sale petit secret, un qui ruinerait mon mariage à venir et qui convenait parfaitement à mon père. Or, il était des conversations que je préférais éviter, en l’occurrence après une telle journée pour mon bien, pour leur santé mentale et pour respecter mon accord avec le plus vieux de mes frères. Il avait été formel. Personne ne devait être informé du service qu’il m’imposa, en particulier parce que mon père ne l’aurait jamais toléré. Il avait bien trop de respect pour mon futur mari. Jamais il ne lui aurait imposé l’épreuve de me voir côtoyer d’aussi près et aussi assidûment un autre home que lui, aussi amicalement que celui puisse être. Moi, du respect, j’en gagnai à la pelle pour le Salvadorien  - si c’était possible d’en ressentir encore davantage – quand il accepta de m’accompagner à l’hôpital le lendemain. Il patienta sagement dans le couloir, Merrin paisiblement endormie dans sa nacelle et moi, veillant au chevet d’un autre que lui. Était-il né saint qui s’ignore ? Les gens le mésestimaient souvent, impressionné par ses tatouages en l’honneur d’une organisation dont on ne parlait jamais en bien. Ils n’ont simplement pas idée des trésors de bonté qu’ils pourraient découvrir en lui en se donnant un peu de mal pour creuser le vernis. Moi, je le savais. Ça me fascinait autant que la situation avec Jasper me mettait mal à l’aise par bien des aspects. Gravement mal à l’aise, un peu comme cette panoplie d’initiative à propos des Dolan alors qu’elle partait pourtant d’une bonne intention.

Ce furent mes premières confessions quand le pompier s’éveilla, ce qui était somme toute stupide. Sur l’heure, ce n’était pas sa principale préoccupation. Ce n’était même pas essentiel. Après tout, il ne s’agissait que de mes états d’âme. À peine prononcés, maintenant qu’ils parvenaient à mes oreilles, mes mots me prêtèrent une nature égoïste qui me fit honte. Ainsi, j’obéis sans protester lorsqu’il réclama son enfant. « Oui, tout de suite. » ponctuais-je en quittant le fauteuil pour me précipiter vers la porte et retrouver mes deux acolytes. Ils étaient exactement là où je les avais abandonnés un peu plus tôt. Un sourire et un baiser reconnaissant plus tard, je portais l’intéressée à son père la lui confiant précautionneusement tant elle dormait bien. « Elle a plutôt bien dormi. » chuchotais-je pour éviter qu’il ne s’inquiète à tort. Certes, elle s’était bien réveillée dans la nuit, mais peinant moi-même à trouver le sommeil, elle n’avait pas vraiment le temps de s’interroge sur les lieux. J’étais déjà là pour la rassurer. « J’ai fait en sorte qu’elle mange à des heures régulières. J’ai acheté son lait habituel aussi, en pharmacie, pour ne pas perturber sa digestion. Je t’empaquetterai tout ça quand tu sortiras. J’ai aussi respecté à la lettre les indications pour stériliser les biberons. Je n’ai rencontré aucun problème. J’ai fait comme je l’ai fait avec mes neveux. En bref, tout va bien. » J’évitai de lui préciser combien mon stress, face à ses responsabilités, avait décuplé. Il n’avait pas besoin de ça, surtout que je n’étais pas une néophyte en matière de bébé. Je convins donc qu’un peu de silence serait désormais plus à propos et je m’attendris devant ce chef d’œuvre de retrouvailles entre un père et sa fille pourtant ensommeillée. Il s’en fallut de peu pour que je me mette à sangloter sous l’émotion et enfin relâcher la pression, mais le moment était mal venu. Peut-être était-il d’ailleurs à l’intimité. J’allais quitter la pièce en toute discrétion, mais Jasper me retint d’une remarque pertinente qui éveilla ma culpabilité. Moi, habituellement si détachée, en particulier lorsque les autres sont réputés à disparaître de ma vie tôt ou tard et souvent dans les cris et les reproches, je devais bien admettre que j’opérai surtout avec le cœur  et non pas pour répondre à une obligation familiale. Mais, s’il l’apprenait, comment le vivrait-il ? Regretterait-il ces remerciements ? Sans doute ! Il était peut-être donc bon d’éradiquer chez lui toute gratitude, qu’elle ne m’explose jamais au visage. « Ne t’en fais pas pour ça. Je n’ai pas besoin que tu me remercies. C’était naturel. » D’autant que oui, oui je lui devais quelque chose : plus d’honnêteté, mais ça m’était interdit.

Il ne me restait plus qu’à tenter de limiter les dégâts futurs et à espérer qu’il me pardonne si la vérité éclatait au grand jour. « Tu sais, je n’ai jamais eu beaucoup d’amis quand j'étais plus jeune. Je n’y étais pas autorisée. Ma famille, c’est tout ce que j’avais. Elle fonctionne un peu comme une secte. On est énormément les uns sur les autres et ça nous convient bien comme ça. C’est notre mode de fonctionnement. Et puis, récemment, depuis que je suis fiancée en tout cas, j’ai eu la chance de faire des rencontres qui ont eu un impact sur moi… parce que ce sont des gens bien… Il y en a peu, mais j’y tiens. Tu sais, depuis que Manuel fait partie de ma vie, de nouveaux horizons s’ouvrent à moi. Je suis beaucoup plus libre, bien que comme je te l’ai déjà dit et que ce n’est d’ailleurs pas à répéter, il est maladivement jaloux. Je comprends. Moi aussi. Du coup je me dis que quand tu seras rétabli, ce serait bien qu’on s’arrange pour que tu puisses le rencontrer. Tu pourras te faire une idée sur lui. Ta propre idée. » surenchéris-je en priant pour que l’épisode confidence à propos de Los Angeles n’ait pas suscité en lui trop d’a priori. « Tu vas me dire, c’est pas vraiment le moment de parler de tout ça. Je suis en train de fatiguer avec mes conneries alors que tu es malade. Je suis stupide. » Et à nouveau égoïste à ma façon. « Pour répondre à ta question, assez longtemps. Tu t’es évanoui à peine arrivé. Tu étais complètement déshydraté. Je ne sais pas exactement ce qu’ils t’ont fait, mais d’après Lyla, tu n’as pas fait mine d’ouvrir les yeux ou de te réveiller de toute la nuit. Je suppose que tu étais à bout de force. C’est pour ça que je t’ai fait un tel laïus quand tu t’es réveillé et sur les soins que j’ai donnés à la petite. Je n’ai pas su quoi faire. Je me suis dit que le mieux, c’était encore qu’elle soit avec moi plutôt qu’avec tes grands-parents. J’ai essayé de faire pour un mieux, même si je savais que tu n’approuvais pas, mais je ne pouvais pas la confier aux infirmières et m’en aller comme ça. Je n’aurais pas pu faire un truc pareil… J’ai estimé qu’elle était plus en sécurité avec moi. Je ne suis pas une inconnue pour elle. » Oui ! J’étais persuadée d’avoir eu la réaction qui convenait le mieux au bien-être de Merrin, mais je soupçonnais son père de se méfier de Manuel au point de mal le prendre. « Tu veux que j’appelle l’infirmière pour qu’elle t’explique en détail ce qui t’est arrivé ? » m’enquis-je ensuite prête à récupérer le fil de la sonnette et la lui tendre s’il n’arrivait pas à l’attraper avec sa fille reposant au cœur de ses bras.










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MessageI'm only dying away EmptySam 30 Avr - 12:43

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Cinzia a l’air d’être au moins aussi mal à l’aise que moi, mais je n’arrive pas vraiment à comprendre les raisons de cette gêne. Est-ce qu’elle a vu quelque chose de gênant ? Est-ce que j’ai fait ou dit quoi que ce soit de compromettant pendant notre trajet jusqu’à l’hôpital ? Je n’en ai aucun souvenir mais, me connaissant, c’est possible. Et si j’avais agi avec elle de la même manière qu’avec Daniel au moment où j’avais été sorti des décombres d’un immeuble il y a près d’un an ? Si je lui avais demandé de me laisser crever et de ne surtout rien tenté pour me ramener si les choses tournaient mal ? Ca aurait de quoi la mettre un peu mal à l’aise, non ? De toute façon, j’avais déjà signé tous les papiers à l’hôpital pour réclamer qu’aucune mesure drastique ne soit prise pour me réanimer en cas d’arrêt respiratoire.
A moins que ça n’ait rien à voir avec moi et que ce soir le simple fait de se retrouver dans un hôpital qui la dérange ? Et si jamais son petit ami - qu’elle m’avait décrit comme très jaloux – lui avait mené la vie dure durant tout le temps que j’avais passé dans les vapes ?
En tout cas, elle refuse mes excuses et m’assure que je n’ai pas besoin de la remercier. Pourtant c’est le cas. J’ai encore du mal à imaginer qu’elle ait pu se comporter d’une telle façon avec moi et Merrin, qu’elle ait déployé autant d’effort pour prendre ma fille en soins. Je l’ai toujours vue comme une belle personne, attentive aux besoins des autres (parfois au détriment des siens) mais je n’imaginais pas que qui que ce soit puisse un jour se montrer aussi serviable. Pas gratuitement. Mais c’est peut-être ma vision de l’amitié qui est sérieusement biaisée…

La jeune femme enchaine d’ailleurs en me parlant de son enfance et des difficultés qu’elle a éprouvées, plus jeunes, à créer des liens avec les autres. Pas de son fait, mais à cause de sa famille. Cette idée me paraît absurde. Mes parents étaient plutôt du genre à nous inciter à nous ouvrir aux autres, à nous forcer à participer aux fêtes d’anniversaires de nos camarades de classes et voisins sans nous demander notre avis sur la question. Nous étions de tous les évènements et ça me paraissait plutôt normal comme façon de fonctionner. Du coup, j’ai du mal à voir d’un bon œil ce que me raconte Cinzia. L’imaginer cloitrée avec les mêmes personnes durant toute son enfance me paraît étrange et malsain…  
De ce que je comprends, c’est plus ou moins le cas de la sicilienne. Depuis qu’elle a pris ses distances avec sa famille, elle a pu faire des rencontres, s’épanouir, apprendre à se connaître elle-même aussi certainement. On n’est jamais tout à fait le même en famille et en société.
Elle me glisse cependant à nouveau que Manuel, son fiancé, est un homme jaloux et j’en déduis qu’aujourd’hui encore, elle se sent un peu muselée… Je ne sais pas si elle se rend compte à quel point son discours me chagrine. Si l’on se fie à ce qu’elle raconte, la sicilienne donne surtout l’impression d’avoir troqué une cage dorée contre une autre… Certes, elle a pu rencontrer d’autres personnes, mais de ce que je comprends, ces gens sont tous plus ou moins liés à son futur époux. Je suis une exception. Et bien entendu : je ne vais pas le rester.
- Du coup je me dis que quand tu seras rétabli, ce serait bien qu’on s’arrange pour que tu puisses le rencontrer, me lance Cinzia avec appréhensions.
Ce que j’entends derrière ses mots, ce que je lis dans son regard, est d’une autre nature… Je crois que ce qu’elle veut, c’est que j’oublie tout ce qu’elle a pu me confier sur son compte pour me montrer sous mon meilleur jour au moment de notre rencontre. Ce qu’elle veut, c’est ne pas prendre le risque que son fiancé décrète qu’elle doit me rayer de sa vie parce que ma tête et mes réflexions ne lui reviennent pas.    
Cette idée me dérange. Elle me dérange d’autant plus que Cinzia vient de me démontrer qu’elle est une fille vraiment bien et a le cœur sur la main. L’imaginer à la merci de ce type que je ne connais pas (et que j’ai décidé de ne pas vraiment aimer) ne me plait absolument pas. L’influence qu’il a sur la brune et s’assimile parfaitement avec celle que sa famille pouvait avoir sur elle durant son enfance ne me plait pas…
Mais ce n’est pas le moment de le lui faire savoir. Je ne suis pas assez maitre de moi-même pour aborder cet épineux sujet. Sans compter que Manuel se trouve vraisemblablement derrière la porte de ma chambre et est susceptible de tout écouter.
- Tu n’es pas stupide. Ne dis jamais que tu es stupide devant moi Cinzia, je lui lance d’un ton doux, mon regard cependant plongé dans le sien avec aplomb.  

Elle décide ensuite de changer de sujet pour répondre à ma question précédente. Elle ne mentionne aucune conversation que nous aurions eue pendant le trajet, et je décide de ne pas la questionner davantage à ce propos. J’écoute ce qu’elle a à dire, enregistrant les informations. A bout de force ? Tu m’étonnes… Et je pense que ça n’était pas simplement du à  mon ingestion de légume empoisonné. Je me laisse aller depuis un moment maintenant. Il fallait bien que je paye ma mauvaise hygiène de vie un jour.
Mon regard se porte à nouveau sur le visage de ma fille endormi, dont le corps me tient chaud. Sa présence me fait un bien fout et agi certainement plus efficacement que tous ce que les infirmières ont reliés à mes avants bras perfusés.
Il faut que je fasse modifier cette connerie, je décide, repensant à l’ordre de ne pas me réanimer que j’avais déposé suite à mon accident. Certes, c’est un risque, je pourrai devenir un poids pour ma fille si la situation s’avérait vraiment grave mais je dois m’accrocher. Je ne peux plus l’abandonner.
- J’ai essayé de faire pour un mieux, même si je savais que tu n’approuvais pas, mais je ne pouvais pas la confier aux infirmières et m’en aller comme ça. Je n’aurais pas pu faire un truc pareil…
Je relève brusquement les yeux vers Cinzia. Ses mots viennent de me heurter de plein fouet. Parce que c’est exactement ce que j’avais fait le jour de la mort de June. Je l’avais laissée là, entre les bras des infirmières, de parfaits inconnus, pour me tirer et régler mes comptes avec Elijah Haynes. Cette idée semble la révulser et elle aurait dû me révulser aussi…
Les battements de mon cœur s’emballent un peu, mais heureusement, pas au point que les moniteurs me trahissent. Je redonne mon attention à ma fille que je serre un peu plus étroitement contre moi et qui s’agite dans mes bras.
- Tu veux que j’appelle l’infirmière pour qu’elle t’explique en détail ce qui t’est arrivé ?
- Non, je lui réponds, sans même prendre la peine de réfléchir. Je me fiche de ce qui m’est arrivé, tout ce que je voulais savoir, c’est combien de temps j’avais à nouveau abandonné ma fille. Mais si tu veux rentrer te reposer, tu peux y aller. Tu en as fait suffisamment et, je ne voudrais pas paraître désobligeant, mais tu as vraiment une petite mine… D’ailleurs, je ne te laisse pas le choix : tu rentres chez toi et tu prends soin de toi. Pour changer, j’ajoute d’un ton entendu, chuchotant toujours pour ne pas risquer de réveiller Merrin. Et puis ne te tracasses pas, tu as fais absolument tout ce qu’il fallait. Tu as été super. Je n’ai qu’à regarder comme elle dort pour en être certain. Elle ne s’endort que quand elle est en confiance et, comme tu le constates, elle dort d’un sommeil de plomb.
J’adresse un sourire réconfortant à la jeune femme, puis tend ma main libre vers elle, l’incitant à venir la prendre. Je constate alors avec contrariété que la sicilienne tremble un peu. Je presse doucement sa main, croisant son regard.
- Je vais bien et elle va bien. Alors relâche un peu la pression, OK ? je lui demande avec sérieux, avant de lui adresser un sourire encourageant. Et merci de ne pas avoir prévenu ses grands parents…
Ils n’attendent que ça : une occasion de me prouver que je ne suis pas un bon père pour me reprendre Merrin. Je ne peux pas leur en vouloir pour ça. Elle est et sera à jamais leur unique petite fille… Je culpabilise de les tenir à distance le plus souvent possible, mais tant qu’ils se montreront si agressifs, je ne cèderai pas.

- Allez, file, maintenant. Je ne vais nul part pour l’instant de toute façon. Laisse-moi ton numéro et si la situation change, je te tiendrais au courant si tu veux.
Elle s’exécute, puisque je n'ai plus mon portable, et utilise un bloc dans la table de chevet de ma chambre pour me laisser ses coordonnées. Cinzia prend ensuite le temps de m’expliquer où elle a mis les biberons restant, avant de me proposer tout de même de prévenir quelqu’un de mon réveille, au cas où. J’accepte, conscient qu’en cas de problème, je pourrai mettre ma fille en danger. Je la gratifie d’une étreinte un peu maladroite avant son départ (Merrin oblige) et puis elle finit par quitter la chambre. Je l’entends échanger quelques mots que je ne parviens pas à saisir avec Manuel, et puis j’entends leurs pas s’éloigner.
Je ne reste pas longtemps en tête à tête avec ma fille puisque, dans les cinq minutes qui suivent le départ de la sicilienne, deux infirmières et un médecin se présentent à ma porte pour prendre mes constantes et m’expliquer la situation. Une situation qui n’est pas franchement brillante. Comme je me l’étais figuré, je n’étais déjà pas très en forme avant d’avaler la coloquinte et mon état de santé associé à la consommation du poison aurait réellement pu m’être fatal. En fait, il s’en était fallut de peu... Un peu secoué par leurs explications, je laisse le médecin m’ausculter pendant que l’une des infirmières prend Merrin en charge. Le temps qu’ils en aient terminé avec moi, la petite s’est réveillée et réclame mes bras. Je la reprends donc et la cajole, me sentant coupable de lui imposer tout cela…

Une heure plus tard, ma décision de quitter l’hôpital est prise et j’en fait part au médecin qui essaie de m’en dissuader, en vain. Ne voulant pas déranger Cinzia (qui vient certainement à peine de rentrer chez elle et doit être en train de se remettre de ses émotions) et ne pouvant contacter personne d’autre, je fais appel à un service de taxi pour rentrer chez nous.

Je suis ainsi de retour dans mon appartement de Brooklyn juste avant midi, complètement lessivé et affamé. Merrin, pour sa part, est en pleine forme et désireuse de jouer. Je l’installe donc dans son parc et me laisse tomber sur le canapé pour la regarder faire, mon angoisse grimpant de minutes en minutes quand j’imagine ce qu’il aurait pu advenir d’elle s’il m’était arrivé quelque chose. J’en viens très vite à me convaincre qu’il faut que j’avale à nouveau quelque chose pour reprendre des forces. J’ai eu droit à un petit déjeuné copieux à l’hôpital mais j’ai encore faim et je me sens fébrile.
Evidemment, la première chose que je vois ne pénétrant dans mon coin cuisine, c’est ce foutu potage que j’ai préparé la veille et qui m’a valut autant d’ennuis… Je le laisse là où il est et me sort un reste de lasagne que je fais réchauffer au microonde pendant que je me débarrasse de la mixture empoisonnée dans l’évier et jette les colonquintes restantes dans une grimace rancunière. Je retourne ensuite au salon pour manger un morceau en surveillant ma fille qui commence à présenter des signes de fatigue. Mon repas englouti, je vais la coucher dans son couffin, que je place dans ma chambre à coucher. Je m’étends moi aussi sur mon lit et m’endors en moins de cinq minutes.

C’est la sonnerie insistante de mon téléphone qui m’arrache à mon sommeil réparateur. La tête dans le gaz, je consulte l’écran de mon téléphone portable et constate que j’ai reçu une grande quantité d’appels et de messages… Il y a Daniel d’abord, qui me demande ce que je lui voulais hier et me demande de le rappeler, et puis plusieurs appels de Lyla et Cinzia… Apparemment, Lyla serait venue à l’hôpital me rendre une visite en début d’après-midi…pour trouver ma chambre vide.
Oups…
J’aurai dû contacter Cinzia pour la mettre au courant mais mon silence partait d’une bonne intention puisque je voulais lui laisser le temps de se reposer avant de lui faire part de ma décision stupide de quitter l’hôpital. Lorsque j’arrive enfin à la joindre sur son téléphone, elle m’apprend qu’elle est déjà en route pour chez moi et semble remontée… D’ailleurs, elle me raccroche au nez dix minutes avant de sonner à l’interphone de mon immeuble. J’ai profité de ce laps de temps pour prendre une douche et changer de vêtements. Je me sens un peu plus en forme, mais je doute d’être capable de l’affronter…  
Et d’ailleurs, c’est ce que lui dit d’emblée, tout en lui ouvrant la porte de mon appartement.
- Je sais déjà ce que tu vas m’dire alors pas la peine de te fatiguer. J’pouvais pas rester là-bas OK ? Et puis c’était pas bon pour Merrin, je me justifie, sur la défensive. J’allais te prévenir que j’étais sorti mais j’attendais que tu sois un peu reposée pour le faire et puis je me suis endormi et…voilà. Je me sens bien en tout cas. Enfin mieux. J’ai mangé aussi. Et toi ? Tu as réussi à fermer l’œil un peu ? Tu as mangé ? j’enchaine très vite, voulant orienter la conversation sur elle plutôt que sur moi.
Cependant, je en suis pas certain de m’en tirer aussi facilement.      

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Je devais l’admettre, je parlais surtout pour combler le silence provoqué par sa fatigue après les récents événements. J’étais nerveuse et mal à l’aise, pas à cause de Jasper, mais parce que cette soirée à veiller sur sa fille révéla toute la peine qu’engendrerait une rupture amicale. Qu’adviendrait-il s’il apprenait ce que je faisais réellement ? Il le vivrait comme une trahison et il n’aurait pas tout à fait tort. Il avait remis sa vie entre mes mains. Il m’avait confié le sort de son enfant, inconsciemment certes, mais en m’appelant, il savait que je n’abandonnerais pas la petite à son sort et qu’il pourrait compter sur moi. J’ajouterais même sans me tromper que si je ne fus pas son premier choix, il avait confiance à moi. Vraiment. Au contraire, je ne serais pas là, dans cette chambre, à veiller sur lui, alors que Manuel attendait toujours derrière la porte. Et moi, qu’allais-je faire ? J’allais tout détruire un jour ou l’autre. Quand ? Je n’en avais aucune idée, mais ça surviendrait. C’était inévitable et nous en souffrirons tous les deux. Que dis-je ? Tous les trois. Merrin s’habituait à moi. Elle se sentait en sécurité à mes côtés. Elle était par ailleurs tombée amoureuse de Mani à une vitesse vertigineuse. Rien d’étonnant. Son charme agissait même sur les plus jeunes. Dieu que je regrettais d’être incapable de me protéger de tout ça, de nous en protéger. Normalement, en sachant le sort que mon frère nous réservait, j’aurais dû éviter mes rencontres avec Jasper. J’aurais dû nous empêcher de nous attacher amicalement l’un à l’autre pour ne pas rendre intolérable l’inévitable. C’était pourtant au-dessus de mes forces. Je m’étais pris au jeu des confidences parce que Jasper était quelqu’un de bien et un homme attachant, car naturellement authentique. Il ne se méfiait pas, parlait toujours avec le cœur. D’une certaine manière, j’étais plus dure que lui, lui qui assumait la part la plus féminine de sa personnalité. Avec lui, tout paraissait facile, parce qu’il ne maîtrisait pas l’art du faux-semblant. Les jeux de dupe le dépassaient complètement plus je songeais à e qu’Achille fomentait pour et contre lui, plus je me sentais mal dans mes baskets. Prendre part à cette destruction était détestable. Le penser ne me ressemblait pas pourtant. Les intérêts de ma famille avaient toujours prévalu sur tout le reste, ce que je tentais de lui expliquer à mi-mot d’ailleurs. Sauf que la donne avait changé récemment.

Chaque seconde que je passais en compagnie de l’hospitalisé était un affront intolérable envers mon fiancé et là se posait la suite de mon dilemme. Quand bien même Jasper me pardonnerait-il, Mani ne tolérera jamais que je persiste à entretenir avec un autre homme ce qui ressemblait à de l’amitié. Et je le comprenais. Je m’y plierais même à sa volonté sans broncher, sans protester, car il n’était pas seulement mon mari et mon amant, il était mon meilleur ami, mon seul allié, et je ne prendrai pas le risque de le perdre ou de foutre en l’air notre relation pour un autre. Jamais. Ça m’était encore plus insupportable que tout le reste. Pour ne pas en arriver là, je nourrissais encore l’espoir que ces deux hommes puissent s’apprécier. Ce n’était peut-être pas le moment de lancer les invitations, mais je m’y risquai tout de même pour ne récolter qu’un avertissement d’une douceur qui me fit rougir de honte. Tête baissée, je changeai donc de sujet pour l’éclairer sur son état de santé. « Je ne sais pas si c’est une bonne idée que je m’en aille. Je veux dire, tu as l’air encore fatigué et… » Je n’arrivai pas au bout de mon raisonnement qu’il m’interrompait déjà, me licenciant comme une employée qui aurait merdé. Autant dire que je n’aurais pu être plus soulagée de l’entendre m’affirmer que j’avais agi exactement comme il convenait de le faire. Maladroite, je pressai sa main à mon tour et je l’étreignis en respectant la distance que m’imposait mon statut et la jalousie de mon mari. « OK, grand chef, je vais rentrer chez moi me reposer un peu. Toi, prends soin de toi. Et ne sois pas désagréable avec les infirmières. Je vais quand même te les envoyer et c’est aussi négociable que mon départ, c’est clair ? » Il semblerait. « Je repasserai te voir début d’après-midi. Et appelle-moi si tu as besoin de quelque chose. » Je griffonnai mon numéro sur un bloc de papier et je m’éclipsai. La première chose que je fis, en quittant la chambre, c’est embrasser Manuel pour le remercier de tout mon cœur pour tout ce qu’il fit pour moi et pour Jasper ces derniers jours. Il n’y avait pas à dire, je comptais pour lui. Il savait me soutenir dans les moments les plus compliqués et il était temps que je me charge de prouver à la face du monde ô combien il était bon et fait pour moi.


***


Parmi les légendes urbaines qui collent à la peau des hôpitaux, la plus proche de la réalité est probablement la qualité de la bouffe. Elle manquait de goût et d’après. Je soupçonnais même que dans la précipitation, les infirmiers n’avaient pas pris la peine de relever son régime alimentaire particulier, si bien que je l’imaginais se décomposer devant un filet de dinde – dans le meilleur des cas – ou devant une tartine de jambon beurre. Il fallait impérativement remédier à ça. Je passai donc par une épicerie par spécialité pour lui acheter une salade et des fruits et je me précipitai vers sa chambre, comme promis. Sauf qu’il n’était pas là. Il était rentré chez lui, malgré la position tenue par le médecin. Il avait même signé une décharge les lavant de toute responsabilité s’il lui arrivait quelque chose et il n’avait même pas pris la peine de me prévenir. Inutile de préciser que j’étais furibarde en grimpant dans ma voiture. Quand il daigna enfin me téléphoner pour m’avertir de sa décision. Je lui raccrochai au nez sans rien cacher de ma contrariété, mais ça ne dura pas vraiment. Une part de moi le comprenait. Rares sont les gens qui aiment pourrir dans ces nids à microbes et qui s’y rendent le cœur joyeux. Mes dernières expériences en la matière me laissèrent un goût amer. Alors, quand il m’ouvrit, fatigué, mais la mine un peu moins défaite, je ne pus me résigner à lui passer un savon. Bien sûr, j’essayai un minimum, si pas par les mots, par l’attitude. Les bras croisés sur ma poitrine et une moue renfrognée firent l’affaire, mais le cœur n’y était pas. « C’est bon ! C’est bon, Dolan. Je ne suis pas fâchée. Tu es un grand garçon. Je suppose que tu sais ce que tu fais et que tu n’as pas oublié que tu n’étais pas tout seul. Je me suis juste sentie super con en arrivant à l’hôpital pour t’apporter ça. » Je lui écrasai le paquet sur le torse en m’invitant à l’intérieur. « Je me suis dit que ce serait cruel de te laisser à l’hôpital avec de la bouffe ignoble. Je ne voulais pas que tu risques un nouvel empoisonnement. Je t’ai pris quelque chose de léger, je me suis dit que ton estomac ne pourrait pas supporter un truc en sauce et plein de gras. J’espère que ça t’ira. » grognais-je en lui adressant tout de même un clin d’œil. « Et, fais-moi plaisir, j’ai bien entendu que tu avais mangé, mais je ne te crois pas, donc fais un effort et avale au moins une bouchée. Et n’utilise pas non plus ta fille pour justifier que tu es sorti avant l’heure. J’étais prête à la garder avec moi encore. Dis juste que l’ambiance te pourrissait et que tu t’es dit que tu serais mieux chez toi. Sérieusement, comment tu veux que je ne m’inquiète pas si tu essaies de me cacher des trucs aussi importants. Ce n’était pas si compliqué de m’envoyer un message »

Je soupirai, lasse de lui faire la guerre. Je m’arrêtai près de Merrin pour embrasser son front quand elle réagit au son de ma voix et je m’avachis dans le divan après m’être servi un verre d’eau. « Tu sais, j’aurais pu comprendre si tu m’avais dit la vérité. Je n’aime pas les hôpitaux moi aussi, je ne t’aurais pas blâmé. À chaque fois que j’y suis allée, c’était pour une mauvaise nouvelle. Ça me pourrit toujours un peu, alors non, je n’ai pas pu fermer l’œil plus de dix minutes d’affilée. Mais ce n’est pas à cause de toi. J’ai appris une mauvaise nouvelle récemment. Enfin, je ne sais pas encore si ç’en est une ou pas, je le saurai plus tard, mais ce n’est pas le sujet. Je veux d’abord être sûre que tu n’as besoin de rien. Tu veux que je reste avec toi l’après-midi pour t’aider avec la petite ? Tu veux que je passe te faire quelques courses ? Tu as bien jeté cette saloperie qui traînait là et balancé les déco à la poubelle, pas vrai ?» Évidemment. Vérifier serait une insulte à son intelligence. « Ils t’ont donné des médocs pour l’estomac ou les intestins ? On va prendre rendez-vous avec un médecin demain, pour être certain que tout est rentré dans l’ordre. Et c’est non négociable. Je t’y traînerai par la peau du dos s’il le faut. Nous sommes bien clairs. » J’aurais juré apercevoir un sourire naître sur ses lèvres. Mon sale caractère l’amusait. Mes manières tantôt rustres tantôt délicates également. Et moi, je le lui rendis. « Je te fatigue hein. Moi aussi, je me fatigue. »

Surtout que je lui donnais exactement ce qu’il voulait, tourner la conversation vers moi, que je lui lâche un peu la grappe. C’était chose faite. Qu’avais-je de plus à ajouter de toute façon. « Parfois, je me dis que si j’étais aussi exigeante avec ma santé, j’aurais provoqué moins d’emmerdes autour de moi. » ricanais-je sans grande joie. « Ça t’est déjà arrivé de te dire que tu ne faisais que de la merde ? Que les gens autour de toi s’inquiètent, parce qu’il t’aime profondément, et que toi, tout ce que tu fais, c’est te renfermer sur toi-même parce que tu ne veux pas affronter la vérité en face ? » m’enquis-je plus prompte aux aveux parce qu’il paraissait aller mieux et que je me sentais en sécurité dans son appartement. « On m’a diagnostiqué un sale truc. Ils ne sont pas convaincus. Je suis jeune. Ça les surprend, mais ce n’est pas impossible alors j’ai dû faire des examens complémentaires. Et tu sais pourquoi je les ai faits ? Parce que Manuel a insisté après que je l’ai ignoré pendant des jours. C’est dégueulasse de ma part, parce que lui, il est toujours là pour moi. Il m’aide quand ça ne va pas et moi je l’ai traité comme une ingrate. Je l’ai déçu. Et je sais que ça va s’arranger, mais je n’aurai pas les résultats avant un moment et je me demande comment je vais faire pour apaiser ses angoisses à lui en gérant les miennes. Il fait celui qui gère, mais dans le fond, je sais qu’il a aussi peur que moi. » A contrario, il ne céderait pas à tous mes caprices, même les plus aberrants.






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MessageI'm only dying away EmptyJeu 19 Mai - 11:09

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i can't hear what you say, oh baby i can't hear what you say i'm only dying away. don't be so affraid, oh baby don't be so affraid i'm only dying away. i'm leaving and you stay, oh baby i'm leaving and you stay, i'm only dying away. Δ orange blossom.


Je soupir presque de soulagement en l’entendant me dire qu’elle n’est pas fâchée contre moi. J’ai tendance à trop rapidement associer Lyla et Cinzia en raison de leur amitié et à oublier qu’elles ne forment pas qu’une seule et même entité. Lyla non plus ne m’en aurait sans doute pas voulu trop longtemps, mais je pense que mon ancienne collègue aurait malgré tout pris la peine de me passer un savon.  Ceci étant dit, même si elle m’assure ne pas vraiment m’en vouloir, la jeune femme me colle quand même un paquet dans les bras sans beaucoup de douceur. J’encaisse, bravement, luttant un peu pour ne pas me laisser déséquilibrer. Ce serait vraiment honteux et je doute que mon égo pourrait s’en remettre. Encore qu’au point où j’en suis actuellement…
J’esquisse un sourire amusé lorsqu’elle m’avoue avoir eu pitié de moi par rapport à la nourriture servie à l’hôpital. Il est vrai que mon dernier séjour prolongé sur place n’a pas été une partie de plaisir gustativement parlant mais ça aurait franchement pu être bien pire. Je me garde de lui préciser que le service fourni des repas évidemment adapté à chaque patient, prenant en compte son régime alimentaire habituelle et les raisons de son hospitalisation. Je crois qu’elle n’a pas besoin de m’entendre étaler ma prétendue science… Je crois que même si elle "n’est pas fâchée" il vaut mieux que j’abonde dans son sens, au moins pendant un petit temps.
- Et, fais-moi plaisir, j’ai bien entendu que tu avais mangé, mais je ne te crois pas, donc fais un effort et avale au moins une bouchée.  
- Oui Madame, je lui réponds dans un sourire, passant une main dans mes cheveux encore humides.
Ceci dit, Cinzia me fait très rapidement ravaler mon sourire en me défendant d’utiliser Merrin comme excuse pour ma fuite anticipée du centre médical. Ma main descend dans ma nuque et y reste accroché un moment, signe que je suis un peu nerveux.
- Je sais… C’est juste…pas un réflexe chez moi. Enfin j’y ai pensé mais comme j’t’ai dis, je comptais juste attendre un peu et puis j’me suis endormi.

La brune soupir et puis se dirige dans le coin cuisine pour se servir un verre d’eau. J’en profite pour aller m’installer sur le canapé, déposant le sachet qu’elle vient de me remettre sur la table devant moi. Je fouine à l’intérieur et y trouve une salade fournie qui, en d’autres circonstances, m’aurait certainement fait envie. Pas aujourd’hui. Mais je vais au moins faire l’effort de picorer dedans. Les fruits en revanche, attendront un peu.
Une fois revenue près de moi, Cinzia reprend la parole pour me faire part de son aversion pour les hôpitaux, à laquelle je peux parfaitement compatir. Elle m’explique d’ailleurs au passage que c’est la raison pour laquelle elle a été de nouveau disponible très vite au lieu de se reposer comme je lui proposais de le faire.    
Ma curiosité est piquée quand elle me parle d’une mauvaise nouvelle et mon expression se fait interrogatrice. Elle enchaine rapidement, ramenant la conversation sur moi histoire de noyer le poisson et me demandant si j’ai besoin de son aide pour quoi que ce soit.
- Tu ne me fatigues pas, non, je lui souris affectueusement. Ca me rappelle juste… June parlait beaucoup aussi. Je pensais effectivement que ça m’épuisais mais maintenant ça me manque. C’est dingue hein ? Comme tout ce qui vous agaçait chez l’autre devient ce qui vous manque le plus pratiquement… En tout cas, t’en fais pas, j’ajoute en me raclant nerveusement la gorge, changeant de sujet pour ne pas me laisser gagner par l’émotion. Je revenais de courses quand j’me suis lancé dans la préparation du potage donc j’ai tout ce qu’il me faut. Et oui, ils m’ont prescrit des trucs et ça devrait aller. J’dois juste passer à la pharmacie.  

Cinzia ramène finalement la conversation à elle. J’en suis soulagé à dire vrai, parce que j’ai du mal à me montrer insistant quand j’ai l’impression que les gens sont sur la défensive. Sûrement parce qu’à une époque, je me montrai réservé à outrance et n’appréciais pas qu’on me questionne. Je me gardais donc toujours de faire preuve de la moindre curiosité, ce qui m’avait couté quelques amitiés…
Le sujet est sensible, je le comprends immédiatement. De toute manière, dès que l’état de santé d’une personne semble concerné : c’est toujours à prendre au sérieux et avec des pincettes.
- Ça t’est déjà arrivé de te dire que tu ne faisais que de la merde ? Que les gens autour de toi s’inquiètent, parce qu’il t’aime profondément, et que toi, tout ce que tu fais, c’est te renfermer sur toi-même parce que tu ne veux pas affronter la vérité en face ?
- Hem… C’est juste l’histoire de ma vie Cin, je lui lance, arborant une expression et un ton empreint de sarcasme. Y a qu’à voir comment je viens de gérer toute cette affaire, non ?
Mais une fois encore, la brune me fait rapidement déchanter en parlant de quelque chose qu’on lui aurait diagnostiqué. Quelque chose de vraiment moche. Evidemment, le mot cancer m’apparaît à l’esprit, en gros néon d’un rouge agressif. Malheureusement, je sais qu’il n’y a pas d’âge pour que cette saloperie frappe et qu’elle attaque tout le monde, sans distinction de sexe, de caractère ou de compte en banque.  
En revanche, quand elle aborde le sujet de son fiancé, elle me perd un peu. En quoi l’a-t-elle déçu ? En refusant tout de suite de faire des examens terrifiants ? A mon sens, elle prend le problème à l’envers… Ce n’est en aucune façon à elle de gérer les angoisses de Manuel. S’il a besoin d’une aide, qu’il aille la trouver à l’extérieur auprès d’un psy. Ceci dit, de ce que j’ai entendu, je doute que ce soit son genre…
- C’est normal que ça vous inquiète, mais tant que vous n’avez pas toutes les cartes en mains, ça n’arrangera rien, je lui dis en venant apposer ma main sur son épaule dans un geste que je veux réconfortant. Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire. Et je pense que tu devrais te centrer sur toi et uniquement sur toi ma belle. Si tu as vraiment quelque chose – ce qui apparemment n’est pas encore confirmé – tu vas avoir besoin de toute ton énergie et tu ne pourras pas laisser ses angoisses te parasiter. Il faudra l’orienter vers un professionnel. De toute façon, on vous proposera certainement quelque chose…
Voyant que mes mots n’ont pas tellement d’impact et qu’elle reste très affectée, je décide de passer à l’étape supérieure et l’invite à se rapprocher pour une étreinte un peu plus franche. Je ne suis pas un grand fan des démonstrations physiques d’affection mais je crois que dans cette situation, ça s’impose.
- Mais vous n'en êtes pas là. Ca va aller. Quoi qu’il se passe, tu sais que tu as des gens sur qui compter. Et Manuel aussi. Vous ne serez pas seuls, je lui assure en déposant un baiser sur son front avant de m’écarter, gardant mon bras autour de ses épaules. Quoi que tu ais à affronter, tu ne seras pas seule à mener ce combat. Et je serai la saloperie qui tente de s’en prendre à toi, je ne ferai pas trop la maligne face à Lyla, je tente de la dérider, lui adressant un sourire encourageant. Et puis comme je te le disais, tant que tu n’as pas toutes les cartes en mains, ça ne sert à rien d’envisager tout de suite le pire des scénarios.  

- Tu as mangé quelque chose toi ? je finis par enchainer. Je vais nous chercher des couverts et on va faire sa fête à cette salade.
Sas trop attendre son avis, je me lève pour aller nous récupérer de quoi manger. Après une seconde de réflexion, je décide également de me saisir du paquet de roulés à la cannelle que je m’étais acheté.
- Ca non plus c’est pas négociable ma p’tite mère, je lui annonce en déposant les pâtisseries sur la table basse. On va se mettre un film de merde et s’en mettre plein la panse.
Bon, j’exagère un peu les choses, je n’ai pas vraiment l’intention de manger, mais je pense parfaitement donner l’illusion. Je me dirige vers le meuble TV et fouine à l’intérieur pour trouver une comédie.
- J’connais pas la moitié de ces trucs alors si quelque chose te parle, dis-le-moi. Tout est à June, je lui explique en sortant quelques boitiers que je présente à Cinzia qui finit par faire porter son choix sur l’un d’entre eux.
Je l’insère donc dans le lecteur et vais lui chercher un plaid avant d’aller récupérer ma fille qui commence à se plaindre de sa solitude. Je la ramène avec nous, la gardant dans mes bras alors que le film démarre. Je me retourne ensuite vers mon invitée, lui adressant un sourire.
- Merci d’être là. Quoi qu'il se passe, on va s'en sortir. Aussi bien toi que moi. Et avec les honneurs en prime. Deal ? je lui demande en trouvant sa main et en la serrant un instant pour appuyer mes dires.  
 

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Cinzia Herrera
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Manquer du réflexe élémentaire de m'avertir qu'il signait une décharge de responsabilité pour sortir de l’hôpital avant l’heure ne pouvait signifier que deux choses : il était de nature indépendante et il n’avait jamais profité de la bienveillance d’amis chers à son cœur. J’étais mal placée pour juger, je n’avais moi-même que peu de gens autour de moi, mais les raisons sont somme toute évidentes. Les siennes, quelles étaient-elles ? La méfiance ? Le besoin de solitude ? L’arrogance ? Quelle importance ? C’était autant de points communs que nous partagions en partie, en partie seulement. Si je ne jouis pas d’une panoplie de personne sur qui compter outre ma fratrie et son extension, je ne brillais pas vraiment par mon sens de l’autonomie. Je prétendais le contraire résolument, convaincue, donc convaincante, mais ce n’était qu’une vision biaisée de la réalité. Quand on se sent encadrées par une famille issue d’une organisation dont beaucoup parlent avec admiration, c’est facile de jouer les filles fortes et invulnérables. Dans les faits, ça leur réclamait une bonne dose de contrôle sur moi et mon emploi du temps. Mes frères m’apprirent à me justifier en tout temps, quoique je fasse et où que je sais. C’était devenu tellement normal que je ne saisissais même plus le paradoxe entre le discours et les gestes. Au moins, cela me permettait-il de ne pas trop en vouloir à Jasper d’avoir négligé mon inquiétude. Il avait des circonstances atténuantes. « Oh, ce n’est pas bien grave. J’aurais préféré être mise au courant, c’est vrai, ça m’aurait évité de faire un semblant d’attaque cardiaque, mais tu as bien fait de ne rien me dire. Je me serais sentie obligée de te me montrer chiante pour que tu restes là-bas alors que, finalement, les toubibs ont peut-être fait un peu de zèle. Tu es pâlot, mais tu sembles avoir débranché le câble qui te reliait avec les chiottes, je présume que c’est bon signe, mais, s’il te plaît, déconne pas. Si tu as ne fût-ce que l’ombre de malaise, appelle un médecin, puis moi, je viendrai récupérer la petite, où que tu sois.» conclus-je ainsi les reproches, non sans exiger qu’il promette en bonne et due forme, ce qui m’évita d’insister au point d’être lourde. Jasper avait parfaitement compris où je voulais en venir, tout comme il saisit plutôt bien que, si je ne l’avouais pas, à sa place, je n’aurais pas fait beaucoup mieux et, contrairement à lui, je n’aurais aucune circonstance atténuante.

Qu’il s’agisse de Fedele ou de ma maman, ni l’un ni l’autre n’a succombé à l’hôpital. Lui, il avait perdu la mère de son enfant, ce qui sous-entendait, selon mon modèle de valeurs, qu’il l’avait aimée éperdument. Je n'osais imaginer comme la vie devait être difficile sans elle et à quel point elle devait lui manquer. Je m’en serais presque sentie coupable de lui rappeler celle qu’elle avait été. « Non ! Ce n’est pas dingue, pas dingue du tout même. C’est souvent les défauts d’une femme qui la rende la plus attachante. Bien que, le bavardage intempestif, quand on a besoin de silence, on s’en passerait bien. Mani dit souvent que je fais la conversation toute seule. Putain, tu imagines ? Si ça j’avais eu une voix de crécelle et nasillarde ? Tu m’aurais jeté à la porte sans préavis. Ma belle-sœur parle comme ça, c’est une plaie. » ricanais-je surtout pour détendre l’atmosphère qui pesait toujours un peu lorsqu’on invite un disparu dans une conversation. J’avais d’ailleurs eu le choix entre un visage prostré de désolation ou une boutade pour nous amuser et, si elle n’était pas de bonne qualité, au moins semblait-elle avoir atteint son but. « Donc, pour être certaine d’avoir dit au moins un truc utile, donne-moi ton ordonnance. Je descendrai à la pharmacie te chercher ce qu’il faut en repartant. Ça ira plus vite que de devoir habiller la petite, préparer la poussette, etc. Vaut mieux que tu ne tires pas trop sur la corde. Et ça me fera plaisir. » D’autant plus que j’avais besoin de m’occuper l’esprit plus souvent que nécessaire et aussi longtemps que possible ces derniers moments. Ça n’allait pas fort… pas fort du tout… même si Manuel cumulait les efforts.

Les résultats de la mammographie avaient sonné le début des emmerdements pour mon couple, car derrière cette nouvelle s’enchaîna une kyrielle d’autre plus ou moins difficile à gérer. L’ignoble incursion de Teresa dans nos vies sous l’impulsion de mon frère n’était rien comparé à ce drame qui me tomba sur le coin de la gueule. Un cancer, c’était l’enfer pour moi. Je n’étais sûre de rien, mais j’arrivais à peine à envisager l’avenir tant la panique prenait le pas sur la raison. Pis encore, j’avais déçu Manuel à un point inimaginable. J’avais l’impression que c’était presque aussi grave que son écart à Los Angeles en l’entendant parler. À mon sens, s’il se montrait dur, c’était parce qu’il était effrayé, comme moi, par l’éventualité que je sois malade. Pour le reste, sa vexation d’avoir été mis à l’écart de cette nouvelle à cause de mon manque de confiance en moi, ça n’avait rien de surprenant. Mani aimait être le centre de mon monde. Notre histoire n’avait de sens que si je tournais autour de lui comme un moustique autour d’un halo de lumière. « Oui ! Ce n’est pas faux. » souriais-je faiblement alors qu’il remarquait un autre de nos points communs. « Comme quoi, j’ai bien fait de te faire le moins de leçons possible. » Je n’étais pas plus vaillante que lui face à cette tragédie qui me frappait peut-être et dont j’avais envie de parler pour la première depuis que j’en avais été informée, car la réaction de Manuel lui avait donné vie. « Il n’y a pas que ça. Il n’y a pas que la peur que je sois vraiment malade. Il est déçu parce qu’il a eu l’impression que je ne voulais pas de son aide, parce que je ne lui avais rien dit au départ. Et c’était complètement con ! J’aurais dû le faire dès le départ. Pas à cause des examens que je devais faire, mais parce qu’il a toujours été là pour moi et que je lui ai rien dit. Je crois qu’il s’est senti insulté et c’était tellement pas ce que je voulais pour nous. » marmonnais-je avec difficulté, les larmes au bord des paupières.

Je me sentirais si ridicule de pleurer encore pour cette rengaine, je le fus bien plus lorsqu’il me serra dans ses bras pour me réconforter. Si Mani était témoin de cette scène, il me couperait les mains, les pieds, les coudes, les jambes… La tête peut-être. Jasper, je n’osais même pas imaginer son sort. Pourtant, il ne se cachait aucune arrière-pensée derrière ce genre J’en étais convaincue, mais le message avait été clair : décideer en lieu et place de mon fiancé ne m’était pas autorisé. Quand Jasper me relâcha, je soupirai de soulagement de ne plus me rendre coupable de crime de lèse-majesté envers Mani et d’avoir le cœur un peu plus léger. « Ben oui, tu penses bien, je fais que ça ces derniers temps, comme à chaque fois que quelque chose ne va pas comme je veux. Je dois être plus capricieuse que je ne me l’imagine en fait. En conclusion, va pour la salade. » ponctuais-je du salon pas trop fort pour ne pas déranger ou effrayer Merrin, mais assez pour qu’il m’entende de la cuisine. Il en revint les bras chargés de pâtisseries et on visage s’éclaira d’un sourire. « Oh, je n’avais pas l’intention de négocier. Je ne dis jamais non à ce genre de douceur. Je peux même manger sans scrupule figure toi, Mani n’arrête pas de me répéter que je suis trop mince. » Il me rêvait avec quinze kilos de plus, et le reste, mais surveiller ma ligne était une habitude tenace à laquelle je n’avais nulle envie de déroger. Je tenais pour excuse ma garde-robe, mais la véritable cause, c’était ce manque cruel de confiance en mon physique. Vu mes air-bags, je ressemblais si rapidement à un cachalot que je compensais par la danse pour ne pas m’empâter.

J’ignore pour quelles raisons je choisis un film pour occuper mon après-midi en sa compagnie, mais alors que le générique commençait et que j’étais emmitouflée dans un plaid que j’acceptai bien volontiers, la culpabilité me déchira les entrailles. Je n’avais pas le droit d’être là, à moins de souhaiter ardemment déclencher une dispute avec mon fiancé, une sans précédent et dont je devinais déjà les propos. Ce sentiment s’accentua encore quand Jasper me remercia. Je ne sus que lui répondre, me contentant de sourire, parce que cette amitié, jamais je n’aurais dû la construire avant autant de cœur ,tant par la cause que pour les conséquences. Même la présence pourtant apaisante de Merrin ne me soigna pas cette fois et je me levai d’un bond, les yeux écarquillés sous le poids de mes présomptions. « Je ne peux pas rester. Si j’apprenais que Mani était chez une mère célibataire, je m’en ferais une maladie. Il va m’en vouloir à juste titre s’il sait que je suis restée là toute seule avec toi, et il le saura, il sait toujours tout. » Consciente que mon hôte, en revanche, serait susceptible de ne pas saisir d’où me venait ce regain de panique, je me sentis obligée de me justifier. Il n’était pas question qu’il se persuade que j’avais peur de mon fiancé. C’était faux. Manuel était un ange – ou presque – avec moi, surtout que si je l’utilisais comme seule excuse, mon éducation avait elle aussi la dent dure. « Il est déjà en colère après moi, je ne peux pas en rajouter une couche aussi bêtement. J’aime passer du temps avec toi, mais ça ne se fait pas. Je ne saurais même pas comment m’expliquer, ça veut bien dire ce que ça veut dire. Une femme fiancée, toute seule, dans l’appartement d’un père célibataire, ça ne se fait pas. Ça serait mal vu. Je suis désolée, Jasper. Ce n’est pas contre toi, mais… » Mais qu’ajouter qu’il ne sache pas déjà ? Le mieux, c’était encore de rassembler mes petites affaires et de prendre la poudre d’escampette. « Tu ne m’en veux pas, pas vrai ? Tu m’appelleras quand même si ça ne va pas ? »m’enquis-je honteusement, ma veste sur le dos et mon sac entre les bras.








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MessageI'm only dying away EmptyMer 8 Juin - 17:54

i'm only dying away
i can't hear what you say, oh baby i can't hear what you say i'm only dying away. don't be so affraid, oh baby don't be so affraid i'm only dying away. i'm leaving and you stay, oh baby i'm leaving and you stay, i'm only dying away. Δ orange blossom.


On ne peut pas dire que je sois franchement satisfait de m'en tirer à si bon compte concernant ma fuite de l'hôpital. Pourtant, non seulement Cinzia me pardonne, mais elle semble vouloir me trouver elle-même des excuses toutes prêtes et se propose en prime de passer pour moi à la pharmacie. Que du positif en somme, mais qui me laisse vite un goût amer en bouche. Parce que nous avons enchaîné sur le sujet de son probable cancer... De quoi assombrir n'importe quel échange. Même si c'est mieux qu'elle extériorise un peu toute cette angoisse qui doit la ronger, personne n'aime aborder ce genre de conversation et, pour le coup j'aurai préféré me faire engueuler copieusement et rester dans le déni quelques minutes de plus. Mais puisque je n'ai pas ce répit, il me faut assurer. Malgré mes propres peurs, ce que le mot cancer peut réveiller comme souffrances en moi et surtout la fatigue qui cherche à me brouiller l'esprit. Ceci dit, cette nouvelle vient de me faire l'effet d'un petit électrochoc et, même si j'en avais l'occasion, je serai tout à fait incapable de dormir maintenant.
A la place donc, je l'écoute évoquer la déception de son fiancé par rapport à sa manière de gérer les choses. J'essaie de me mettre tant à la place de la jeune femme que de celle de Manuel. Je ne sais pas comment j'aurai réagi en apprenant une nouvelle de ce genre, mais il y a fort à parier que j'aurai été du genre à garder ça pour moi. Au moins le temps d'être certain et de ne pas inquiéter mes proches pour rien et puis...certainement encore un peu plus longtemps parce que c'est ma façon d'être. J'ai pris l'habitude de faire profil bas, de ne pas attirer l'attention sur moi et d'éviter de m'étaler sur mes ressentis. Je pense qu'à la place de Cinzia, j'aurai donc été encore plus loin. Et d'un autre côté, à la place de Manuel, j'aurai certainement été blessé d'avoir été maintenu à l'écart. Si June avait été malade et me l'avait caché...
C'est ce qu'elle a fait.
Je ne veux pas penser à ça.

- Ça ne partait pas d'une mauvaise intention. Tu voulais sûrement lui éviter de souffrir, non ? je tente de l'apaiser, ma bouche affreusement sèche tout à coup.
Mais je ravale très vite mes propres émotions, me laissant atteindre par les larmes de mon interlocutrice. Les larmes de mon amie, je pense que je peux lui accorder ce titre à présent qu'elle vient sans doute de me sauver la vie. Quoi qu'il en soit, je décide de l'étreindre pour tenter de sécher ses larmes naissantes qui viennent me troubler. Je la sens se raidir un peu, mal à l'aise, peut-être surprise, et n'insiste donc pas trop. Après tout, je ne suis pas non plus très fan des embrassades...
Je décide finalement de changer complètement de sujet. A quoi bon poursuivre sur cette voie ? Qu'est-ce qu'il y a de plus à faire ? À dire ? Tant qu'elle n'aura pas confirmation de ce qui lui arrive réellement, à quoi bon rabâcher tout ça ? Mieux vaut qu'elle se change un peu les idées non ? Dieu sait que moi, en tout cas, j'en ai besoin. Je lui propose donc de manger et pourquoi pas, de le faire devant un film.

Et dans un premier temps, je crois vraiment que nous sommes sur la bonne voie pour nous détendre et profiter de la fin de cette journée chaotique. Je vois son regard s'illuminer face aux roulés que je lui propose et Cinzia trouve le moyen de sourire malgré notre conversation précédente, chargée en émotions pour elle. Je lance le film que la jeune femme nous a choisi, me sentant moi même un peu plus léger. Mais au moment où je baisse ma garde, le situation dérape et échappe à mon contrôle. En fait dans un premier temps, je ne comprends même pas vraiment ce qui se passe. Sans doute parce que mes intentions sont parfaitement claires de mon côté et que je n'ai absolument pas vu le mal dans ce que nous étions en train de faire. Et d'ailleurs, il n'y en a aucun. N'est-ce pas ?
Elle pense apparemment que si. Debout, les yeux exorbités, Cinzia m'explique que sa simple présence ici pourrait avoir de terrible conséquences. Mes sourcils se froncent alors que la colère me gagne peu à peu.
Non mais c'est quoi ce type ?
L'emprise qu'il semble avoir sur elle ne me convient pas le moins du monde. Sauf que je remarque très vite que le lui faire savoir ne me servira absolument à rien. La jeune femme est dans tous ses états et elle ne pourra pas l'entendre. Qui sait si elle m'écoutera seulement ?
Je me redresse à mon tour, surveillant Merrin du coin de l'œil, les mains dressées en signe d'apaisement.  
- Non, bien sûr que non Cinzia. Je trouve juste ça... Dommage. Mais je ne veux pas t'attirer d'ennuis. Si tu penses que tu dois partir, alors vas y. Mais sache que de mon point de vue, il n'y a aucune ambiguïté. Et puis... C'est sûrement stupide mais je ne me considère pas encore comme un célibataire, je lui avoue.
Je ne suis pas veuf parce que June et moi n'étions pas mariés (et ne l'aurions certainement jamais été) mais est tout comme. Je ne sais pas quel statut m'attribuer mais celui de célibataire ? Non. Il y a une notion d'ouverture qui ne me convient pas.

- Enfin bref. Tu as mon numéro de toute façon alors n'hésite pas à t'en servir. Et pour mes médicaments ne t'en fais pas, je vais me débrouiller. Je ne voudrai pas te causer de problèmes.
OK, peut-être que cette remarque est un peu sarcastique... En tout cas, elle amène Cinzia à se confondre de nouveau en excuses. Je la rassure encore et je l'accompagne dans l'entrée après qu'elle ait récupérée ses affaires. Nous nous saluons sur mon palier puis elle s'éloigne d'un pas rapide et je retourne auprès de ma fille.
- Bon... On dirait que ça va se jouer entre toi et moi ma belle, je lui souris, avant de me laisser tomber sur mon canapé pour y paresser jusqu'au prochain biberon de Merrin.


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