Il m’arrivait de douter de moi, de ma capacité à gérer mes émotions ou, par exemple, de mes compétences. Je ne jouissais pas d’une confiance en moi sans faille, mais si j’avais à lister ce en quoi je crois fermement, l’affection de Mani et de Lyla trônait en haut du classement. Je ne pus dès lors que hocher vivement de la tête quand ma meilleure amie l’admit de bonne grâce. De sa part, rien n’aurait pu me faire plus plaisir que cet aveu-là, compte tenu de son contentieux avec Manuel ou avec son organisation. Je ne jugeais pas. L’orientation choisie par ses frères justifiait qu’elle se méfie. Elle n’en demeurait pas moins objective, ce qui me faisait énormément de bien. Sans ses précieux conseils, mes fiançailles ne seraient probablement pas aussi épanouissantes. Je ne les aurais pas regrettées. J’étais décidée bien avant qu’elle ne m’encourage à dire oui. J’aurais cependant mal vécu que nous nous disputions sur le sujet à la première occasion. Se marier, c’était accepter tout un tas de bouleversements. C’était des remises en question perpétuelles, et quand l’heureux élu a autant de caractère que Manuel Herrera, prendre des décisions n’est pas une option, mais une nécessité. En soi, ce n’était pas véritablement un problème. Je me pliais à l’exercice avec une facilité déconcertante grâce à la force dévorante de mes sentiments. Ça l’était bien plus que de discuter avec mon père. « Tout le monde éviter de se confronter à Môsieur Ettore Gambino. Mais rien n’effraie Manuel… et je crois que c’est d’autant plus vrai quand il s’agit de moi. » J’insistais sur la notion de l’inattendu et sur ma joie. Elle devait être contagieuse, car elle sourit sincèrement depuis son arrivée les bras chargés de frusques. « Super ! Super ! il faut le dire vite. Ce serait super si on pouvait profiter des avantages. Là, il faudrait quasiment envoyer un fax une semaine à l’avance pour se prendre la main ou aller au cinoche. C’est tellement fatigant. » Je prêchais une convaincue. Sa situation avec Lucky n’était pas plus facile à gérer, mais je n’avais pas idée de l’état de leur couple au moment où je cherchai dans mon téléphone une photo à lui transférer. « Pas celle-là. Trop de peau. Pas assez de fringues. Mauvais plan. Note à moi-même, ne pas laisser traîner mon téléphone. » Je ricanai alors que j’en trouvais une plus sage. « Jamais il n’aurait dû nous envoyer à LA avec Gloria. On a été libre de faire ce qu’on voulait. Maintenant, c’est compliqué autant pour lui que pour moi. Ce n’est pas du tout sécurisant comme situation, mais ça va bientôt rentrer dans l’ordre. » J’approfondis le fond de ma pensée, elle me rassura, comme toujours, sauf que j’aurais juré qu’elle n’était pas au mieux de sa forme malgré ses efforts pour paraître normale. Pour moi, il ne faisait aucun doute que Luciano y était pour quelque chose, mais je ne m’attendais pas à une telle débandade et à une si terrible nouvelle. J’étais complètement décomposée et Carolia, toujours alerte, ne manqua pas de venir chercher des explications après nous avoir remonté les bretelles.
Si Lyla mourrait d’envie de vider son sac ? Non ! Évidemment que non ! Ce que nous partagions était assez fort et authentique pour qu’elle accouche de ce qui la travaillait, mais elle connaissait trop peu ma belle-sœur pour avoir besoin de s’épancher. J’étais prête à inventer n’importe quoi pour libérer Lyla du regard inquisiteur de la Sicilienne assise dignement en face de nous, mais elle l’avait bien enfoncé dans le crâne et, d’expérience, je savais que ce serait inutile. Il y avait dans ces conseils quelque chose de général. Je l’écoutai donc attentivement, persuadée qu’il pourrait me servir. De temps à autre, je jetai une oeillade complice à la Mexicaine qui aurait tout donné pour trouver un trou et s’y cacher la tête comme une autruche. L’atmosphère se détendit dès qu’on se mit à parler de la robe de mariée que ma meilleure amie aurait envie de porter. Je dégainai mon téléphone par réflexe. J’avais tout un répertoire de tenue parfaite pour l’occasion puisque j’avais écumé le marché, moi-même concernée. J’évitai cependant de leur permettre de s’intéresser à mon union. Il était des secrets à ne surtout pas révéler, malgré moi, à cause d’une expression que Carolia, qui me connaissait depuis des années, aurait tôt fait de déchiffrer. Elle comptait parmi ces gens que je refusais de décevoir. Je veillai donc à ce qu’on m’oublie. « Elle a l’air un peu bizarre, mais c’est vraiment quelqu’un de bien. Je lui dois beaucoup. Mes études par exemple et le Canada aussi. Mon père voulait m’envoyer en Sicile. Il avait même parlé de couvents. Sans elle, je ne sais pas vraiment ce que je serais devenue et s’il y a bien une chose que je sais, c’est que tu pourras toujours lui faire confiance. » apaisais-je Lyla en la serrant dans mes bras tandis qu’elle prenait congé de nous. J’insistai afin qu’elle me tienne informée du résultat des tests. Elle me jura que je serais dans les premières au courant, je m’inquiétai pour elle cependant. Assez pour que je touche un mot à Mani qui, bien entendu, était déjà au courant. Je pris également le parti de secouer mon frère pour le raisonner, pour lui rappeler qu’on n’abandonnait pas les gens qu’on aimait. Certes, il m’envoya paître ailleurs, mais je savais qu’il tiendrait compte de ma position. La preuve étant, il finit par me prévenir qu’il l’inviterait bientôt au restaurant, comme ça, entre deux portes, trop fier pour avouer que j’y étais pour quelque chose, pas assez désagréable que pour ne pas me rassurer avant que j’embarque pour le Salvador.
Prétendre que ce voyage ne me rendait pas nerveuse serait mentir. Et, le soir de notre arrivée, me retrouver à la table sans lui ne m’aidait pas vraiment à me sentir mieux. Par réflexe, une fois seule dans ma chambre, je skypai mon amie, mais elle ne répondit pas. Elle ne le fit pas davantage le jour suivant alors que j’aurais voulu lui raconter la surprise du jour. Le troisième jour, elle était toujours aux abonnés absents. Pour moi, ça ne signifiait qu’une chose : il était arrivé quelque chose. Je m’imaginais déjà le pire : une erreur dans l’analyse de la seringue par exemple. C’était, d’après moi, le plus probable. N’y pouvant plus, j’appelai Carolia qui m’informa que ma meilleure amie avait été agressée par quelques gars mal intentionnés. Elle ignorait les détails si bien que je harcelai mon frère pour qu’il me la passe. Mon forfait : je m’en moquais complètement. Il pouvait exploser, c’était le cadet de mes soucis tant que je pouvais entendre la voix de la Mexicaine. « Je me suis tellement inquiétée pour toi. Tu ne répondais pas. Comment tu vas ? J’ai appris par Carolia qu’il t’était arrivé quelque chose. C’était qui ? Tu as vu leur visage ? Tu n’avais pas de gardes avec toi ? Lyla, ne me dis pas que tu l’avais semée. Tu n’as pas fait ça hein ? » Au contraire, mon aîné serait fou de rage. Il la décuplerait. Il lui ferait la morale au quotidien jusqu’à ce qu’elle s’entre dans le crâne que ces mesures n’étaient pas là pour la faire chier, mais pour sa sécurité. J’avais moi-même un gars à mes trousses en permanence. Son visage m’était devenu tellement familier qu’il m’irritait moins d’ailleurs. « Je n’ose même pas imaginer dans quel état est mon frère. Il a dû se mettre en tête de t’enfermer chez tes parents. Lyla, ils t’ont blessée ? » m’enquis-je soudainement l’air bien plus sérieux. « Ils ne t’ont rien fait n’est-ce pas ? » J’étais morte d’anxiété et, aussi triste et dégueulasse cela puisse paraître, ça m’aidait à remettre en perspective le comportement des sœurs de Manuel. Il y avait plus grave. J’avais moi-même été kidnappée. J’avais craint pour mon intégrité et pour ma vie. J’étais cependant relevée.
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❝Lyla Gambino❞
ADMINE ET PUNITRICE
❖ MESSAGES : 8802 ❖ AVATAR : Megan Fox
Mer 24 Fév - 21:20
And I'm feeling good
ft Cinzia de la Vega
Depuis que Luciano était entré dans ma vie et déjà avant que ça ne devienne plus qu’une amitié de comptoir, j’embarquai dans un wagon pour naviguer sur des montagnes russes émotionnelles qui m’épuisaient, littéralement. Etre proche de Lucky était terriblement compliqué à cause de sa susceptibilité et de tout son système de valeurs concernant un tas de choses. Cela n’aurait pas été un problème s’il s’était contenté de se les imposer à lui-même, le souci, c’était qu’il essayait de faire de ces valeurs les miennes. Je n’y voyais pas d’inconvénient de manière générale mais il y avait des fois où je me sentais en décalage total avec sa vision des choses et où j’avais un mal fou à me fondre dans ce moule qu’il souhaitait me voir intégrer. Cela venait du fait que je n’étais pas forcément la personne la plus facile de la création et si sa sœur m’acceptait telle que j’étais, lui me voyait comme un danger pour moi-même. Entre l’attente des résultats concernant ma possible contamination, son absence, les préparatifs du mariage, le départ de ma meilleure amie pour le Salvador et la gestion des conflits chez mes parents, j’étais souvent à bout d’énergie et de nerfs. Il me fallait beaucoup de volonté pour me lever chaque matin quand je sentais que ça allait tourner d’une façon qui ne me plairait pas. Mais le matin de mon agression, j’étais d’une excellente humeur et je ne vis pas le coup venir. J’étais en plein réglage des derniers détails pour notre mariage et cette journée fut dédiée à la recherche d’une paire de chaussures pour aller avec ma robe et à tout ce qui était lié au repas. J’allais passer ma journée à goûter et à déguster les plats que nous pourrions avoir pour nos noces et j’aurais adoré que Cinzia soit avec moi, nous aurions trouvé le moyen d’en rire. Carolia se proposa de m’accompagner et j’acceptai bien volontiers, même s’il lui arrivait de me mettre très mal à l’aise par moment, elle était d’une compagnie agréable et son humour décapant ne loupait jamais. Mais elle dut annuler la veille, à contrecœur, une urgence professionnelle et je me retrouvai seule, avec Dante et Tony parce que Girolama dut également décliner, pas assez en forme pour faire la route et être de sortie toute la journée. J’aurais mieux fait de rester enfermée chez mes parents. Tout aurait mieux valu que cette agression qui me plongea dans une remise en question totale de ce que j’étais et de ma perception des autres. Jusqu’à présent, j’avais toujours été persuadée que je pouvais me sortir de n’importe quelle situation toute seule, bien que cette certitude fut écornée le soir où Clancy me ramassa. Maintenant, je n’étais plus convaincue de rien et je me demandais même si ce n’était pas mon attitude un peu hautaine et le fait que je sois sûre de moi qui attirait ce genre d’emmerdes. Il ne m’était jamais venu à l’idée de semer cette garde que Lucky m’imposa mais il pouvait être certain que ça n’arriverait jamais.
Révoltée qu’on puisse s’en prendre à moi sans raison, juste parce que j’étais une femme, je repris les entraînements avec une assiduité et une volonté de fer au dojo que je fréquentais depuis que j’étais gosse. Quand je ne m’y trouvais pas, j’aidais mon père au refuge pour pitbulls, nettoyant les box et distribuant la nourriture quand je n’organisais pas une séance de caresses. Et avec le reste de mon temps, je devais gérer les détails du mariage qui approchait à grands pas et m’occuper d’un Luciano qui semblait plus susceptible qu’à l’accoutumée. La découverte de cette plaquette d’anxiolytiques dans mon sac l’avait mis en rage et je ne comprenais pas vraiment les raisons de sa réaction. « Je t’appellerai bientôt pour t’expliquer. » opposai-je à ma meilleure amie en montant dans la voiture de son frère qui était venu me chercher lui-même après mon entrainement. Je lui envoyai mille et un baisers et je raccrochai. Luciano fut invité à dîner par ma mère et passa la soirée chez moi avant de décréter qu’il dormirait là puisque mon frère l’invitait à une partie de console. Ils me convièrent en se rendant compte que j’existais et je déclinai. Une fois que j’eus débarrassé la table et aidé ma mère, je gagnai ma chambre, fermai à clés et allumai mon ordinateur et mis mon casque pour contacter Cinzia. « Ma chérie !! Comment tu vas ? Le Salvador ? Dis-moi tout !!! Désolée, j’ai eu beaucoup de mal à remettre mes idées en ordre après ça. » Elle insista pour que je parle avant de me livrer le moindre détail et je soupirai. « J’étais partie pour aller voir les différents gâteaux pour le mariage, ils me sont tombés dessus à plusieurs et si j‘en ai mis deux KO, les autres ont fini par m’attraper et par me tenir fermement, prêt à… Enfin tu vois. Si Tony et Dante n’avaient pas été là, c’était bon pour moi… Je n’ai jamais eu de problèmes, du moins pas tant que ça et voilà que ça me tombe dessus. J’étais vraiment mal, depuis, je suis tellement en colère, tu n’as pas idée ! » J’allumai un joint, caressant la tête de mon chien, posée sur mes jambes. « Peut-être que tu pourrais m’aider, parce qu’il y a un truc que je ne comprends pas bien… Ton frère a trouvé une plaquette d’anxiolytiques dans mon sac à main, ça l’a vraiment foutu en rogne, même quand je lui ai expliqué d’où ça venait, tu sais pourquoi ? » S’il y avait bien quelqu’un capable de me décoder les attitudes de son frère, c’était bien Cinzia. J’avais moi-même des frères mais notre culture différait parfois complètement sur certains points, si bien que je peinais à entendre la subtilité de certaines réactions. Je m’attardai enfin sur Cinzia qui avait l’air bronzé à défaut d’être pleinement épanouie. « Dis, ça ne doit pas être la débauche par chez toi, t’as l’air remonté à bloc ! Tu me racontes ? Mani te fait des misères ? Tu veux que prenne ma machine à me téléporter pour aller lui casser la gueule ? Ou bien y a quelqu’un d’autre à qui je dois casser la gueule ? »
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❝Cinzia Herrera❞
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE
❖ MESSAGES : 6423
Ven 11 Mar - 23:50
And I'm feeling good
ft Lyla Banana
Adolescente, je fus l’objet de nombres de railleries à cause de mon mode de vie que les Américaines ne comprenaient pas. Ces quolibets perdurèrent tout au long de mon exil au Canada et, plus tard, à mon retour, quand je fus engagée aux Times davantage grâce à mon papa que pour mes compétences. Je n’en manquais pas pourtant, mais quelle différence cela pouvait-il faire ? Je n’y remettrais jamais plus les pieds, et pas seulement par la faute du traumatisme provoqué par la mort de Fedele – même s’il me plaisait de le chanter haut et fort – mais parce que ce job, il finirait par créer des problèmes entre Mani et moi. Il le haïssait, se méfiait de mon boss à juste titre et usait de tous les moyens possibles et inimaginables pour me convaincre que j’aurais plus à gagner à m’asseoir sur la chaise qu’il avait décidé pour moi plutôt que m’obstiner à investir celle que mon père choisit avant lui. Bringuebalée entre les désirs des uns et les envies des autres, j’en oubliais de réfléchir à ce qui m’agréerait et m’épanouirait. Je m’en rendais à peine compte, mais chaque attaque contre mon intégrité soulevait en moi un vent de colère mu par l’injustice. Et les remarques cinglantes, au Salvador, elles étaient monnaie courante. Les sœurs de Manuel ne me supportaient pas et ils l’étaient pas rares qu’elles cancanent dans leur langue maternelle au mépris de ma présence à moins de cinquante centimètres. Qu’avais-je de si dérangeant pour être détestée à ce point ? La possessivité envers leur frère justifiait-elle autant d’acharnement ? Leur mesquinerie sournoise, je pouvais les endurer. Elles me peinaient, mais je les ignorais pour mieux jouer les idiotes et ne pas me montrer désagréable devant témoin, l’arrivée soudaine de mon père et de mon jumeau changeant la donne. Ettore lestait mes épaules de son besoin d’être honoré par mon éducation parfaite. Gabriele, à qui j’avais raconté mes difficultés à m’intégrer, veillait à ce que je ne sorte surtout pas de mes gonds, de peur que la punition de notre patriarche. Et, comme si ça n’était pas suffisant, j’étais absente alors que les préparatifs du mariage de ma meilleure amie allaient bon train. M’en voulait-elle ? Était-ce la raison de son silence ? Avant d’apprendre son agression de la bouche d’une autre, je m’en étais presque persuadée. Depuis, je compte les heures jusqu’à recevoir cet appel promis qui finirait de me rassurer ou de me mettre en colère, c’était selon. « Putain, mais quelle bande de lâches. C’est tellement facile de s’en prendre à une femme. Je parie qu’ils ont fait moins les malins face à Tony et Dante. » Je me doutais également que mon frère s’était chargé du reste, ça ne méritait pas que je m’y attarde. « Tu as bien fait de mettre une raclée à deux d’entre eux. J’aurais fait pareil » m’exclamais-je ensuite songeant que lui offrir un coup de poing américain sertir de jolies pierres ne serait pas du luxe. « Fais voir tes mains, tu n'es pas blessée au moins ? »
Je m’inquiétais comme une mère, détournant ses tentatives d’amener la conversation vers moi sous prétexte que mes problèmes étaient bien moins importants que les siens, surtout qu’elle soulevait une question non négligeable sur le comportement de mon frère, un de ceux qui méritaient que je choisisse soigneusement mes mots pour y répondre sans la vexer. « Ouais. Je crois savoir pourquoi il réagit comme ça. C’est à cause des règles. Tu sais, ce que tu appelles son système de valeur personnel et décalé. L’alcool, la drogue, les médicaments, tout ce qui altère la personnalité d’une façon ou d’une autre n’est pas super toléré. C’est compliqué à expliquer, c’est une question de confiance, de moyen, de loyauté… un truc bien de chez nous en gros… » lui expliquais-je évasivement en levant les yeux au ciel devant la rigidité de notre communauté et la mauvaise foi de Luciano. « Mais, si c’est ça, et je suis sûre que c’est ça, il est quand même grave culotté. Il a dû réussir à se foutre dans le crâne qu’il s’est planté sur toi, que tu n’es pas aussi forte qu’il le pensait, parce que si tu prends des médocs pour gérer tes émotions, ça veut dire que tu es faible face à elle, bla-bla-bla » ajoutais-je ensuite en accompagnant mon propos de geste méprisant. « Bref, tu vois le genre, un ensemble de conneries, mais qui risque de prendre pas mal d’ampleur si tu ne l’arrêtes pas tout de suite, à moins que tu ne meures d’envie de finir en femme au foyer qu’il ne baisera plus que les jours de fête, façon Antonella Gambino. »
Ou Mona, c’était au choix en fonction de l’humeur. « Le truc, c’est que je t’avoue que pour le coup, je vois pas trop comment tu pourrais t‘y prendre. Tu lui enverrais les plaquettes restantes par la poste dans un joli paquet cadeau à rubans qu’il est tellement têtu qu’il ne comprendrait pas. Je crois qu’à ta place, face à un gars comme lui, je ne chercherais pas à le convaincre du contraire en lui donnant des explications. Je n’essayerais même pas de lui démontrer que c’est un bel hypocrite. » Il n’est pas le dernier à boire un verre ou à fumer un joint quand ça le chante. « Il va te tester de toute façon. Il ne s’en rend pas compte, mais il fonctionne comme ça. C’est sa façon de se rassurer. Renverse la vapeur. Toi, teste-le. Provoque une situation où il aura lui-même du mal à gérer son émotion, ce qui entre nous, n’est pas franchement difficile à trouver. Il perd le nord dès que ça te concerne. Une fois devant le fait accompli, prive-le de ce qui lui permet de ne pas penser à ce qu’il ressent, mais à ce qu’il fait… pas trop longtemps, pour pas que ça dégénère… Le but, c’est de lui poser les bonnes questions aux bons moments. Avec un peu de chance, il réalisera qu’il n’est pas mieux nanti que toi en matière d’émotions. C’est cavalier, mais qu’est-ce que tu risques ? Au pire, il n’est pas réceptif. Au mieux, il te donnera les clés qu’il faut pour cadenasser ce que tu ressens sans médocs. Il ne devrait pas avoir trop de mal. Tu les prends par réflexe et par fierté, pas par nécessité. Mais lui, il aura l’impression de t’avoir offert la lune, ça l’apaisera, il se sentira indispensable et il se calmera. Flatter son égo, il y a que ça qui marche avec lui.» Dans ma tête, des tas d’idées se bousculaient, mais laquelle choisir. « Balance-les, devant lui, et puis fais-en sorte de vous mettre en danger. Tu sais faire ça. N’hésite pas. Prouve-lui qu’il se trompe. C’est encore le mieux. »
À choisir, j’aurais débattu de ce sujet durant des heures, mais si elle ne dupait jamais sur son humeur, la réciproque était vraie. Me taire n’était pas une option, mais tout lui dire, c’était l’inquiéter et elle n’avait pas besoin de ça. « Non ! Ce n’est pas Manuel. Lui, il fait son maximum quand on a l’occasion d’être ensemble. » me décidai-je à accoucher de mes émotions quand je constatai que mon silence ne l’aiderait pas à se sentir mieux. J’étais forcée de maintenir une distance certaine entre Manuel et moi pour ne pas céder à la tentation. Ses sœurs me détestaient. Les Gambino m’empêchaient d’agir. Je me sentais pieds et poings liés et, sans prétention aucune, loin d’être appréciée à ma juste valeur. Certes, jamais je n’aurais considéré être le meilleur parti pour Mani. J’étais petite, ronde – bien que pas assez pour lui vraisemblablement – parfois exaltée, pas forcément saine d’esprit et de cultures différentes. Mais, je l’aimais du fond du cœur. Je l’aimais au point de lui abandonner un peu de mon libre arbitre et de ma fierté. Si mes sentiments n’avaient pas été aussi intenses, je les aurais cachés aux yeux du monde et aux siens par fierté. J’y renonçais pourtant de bonne grâce. Cet amour dévorant se lisait au fond de mes pupilles ou dans le moindre de mes gestes. N’était-ce pas suffisant pour que ses sœurs se livrent à un petit effort pour apprendre à mieux me connaître ? Ce fut un critère qui m’aida à apprécier les épouses de mes frères. L’amour. Pas pour elles cependant. Cette injustice était terriblement frustrante. « C’est plutôt avec ses sœurs que j’ai des problèmes. Toutes. Il n’y en a pas une pour rattraper l’autre. Je les ai entendues parler de moi en termes peu élogieux, mais ça, ce n’était pas très grave en soi. Je prenais mon parti, me disant que j’aurai bien une occasion de me venger. Mais là, elles dépassent les bornes. La plus jeune doit épouser Gaby. Ce qui fout Mani à cran évidemment, tu t’en doutes. J’ai essayé de l’approcher pour en discuter un peu avec elle. Je connais bien mon frère, je me suis dit que ça pourrait lui faire du bien. Tu parles. Les grandes ont débarqué et c’est parti en couilles. Elles prétendent que Mani et moi, c’est un mariage arrangé aussi. Elle a insulté son frère qui en est venu aux mains. Enfin, tu vois le genre quoi. C’est tout sauf le séjour du siècle. » soupirais-je déçue que ça tourne de cette façon. « Conclusion, Mani veut se barrer. Mon père ne voudra jamais et il m’a bien fait comprendre que j’avais plutôt intérêt à marcher dans ses pas ou il reportera le mariage… ce qui me fait dire qu’elles ont peut-être raison. Que c’est peut-être lui qui a demandé à Mani de me séduire, mais je n’arrive pas à y croire. C’est possible, bien sûr, mais je ne sais pas, j’ai du mal à imaginer que ça soit possible. Je leur en veux par contre. Je leur en veux de m’avoir mis un tel doute dans l’esprit. Il n’y a rien de pire que le doute, Lyla. Ce n’est pas à toi que je vais l’apprendre… Là, j’ai juste envie de me venger et je te jure, ce qui me traverse l’esprit est pas très beau... Si je tombe sur des laxatifs, je te jure qu’elles passeront la nuit dans les chiottes et que je m’assurerai qu’elle sache bien que c’est de mon fait et pas celui du hasard. Si elles veulent la guerre, elles vont l’avoir, je suis de taille. Si tu as d’autres idées, d’ailleurs, je suis preneuse. »
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❝Lyla Gambino❞
ADMINE ET PUNITRICE
❖ MESSAGES : 8802 ❖ AVATAR : Megan Fox
Mar 15 Mar - 22:53
And I'm feeling good
ft Cinzia de la Vega
Cinzia ne me manquait jamais plus que durant ces moments d’accalmie où j’avais trop de temps pour penser, beaucoup trop. Lorsqu’il m’arrivait quelque chose, j’aimais la mettre au courant en priorité, que dis-je, je ressentais le besoin viscéral de lui raconter, si elle n’était pas la première que j’appelais pour partager ma joie, ma frustration ou bien même ma colère. Elle avait toujours les mots ou la réaction qui m’apaisait ou accroissait n’importe quel sentiment positif. Elle était également de très bon conseil, alors, forcément, je me tournais vers elle quand je me trouvais dans une position délicate et je faisais en sorte d’être toujours là pour elle en retour. Je ne faisais pas semblant quand il était question d’elle ou de son bien-être. Elle était mon âme sœur amicale et si elle n’allait pas bien, rien n’allait. Elle était ma meilleure alliée, la seule qui me soutenait envers et contre tout, et je ne manquais jamais une occasion d’en faire de même pour elle. Je n’avais pas le souvenir que nous ayons déjà été en désaccord sur autre chose que nos histoires de cœur. J’avais tenté en vain de la protéger du sale type qu’était Mani avant de prendre la décision difficile d’accepter le fait qu’elle se soit éprise de lui, sans possible retour en arrière. Je n’avais pas cherché à la protéger parce que je la croyais incapable de le faire elle-même mais parce que j’avais pour elle un amour et une dévotion sans bornes et que l’idée qu’elle puisse avoir mal me rendait malade. Néanmoins, on ne choisissait pas pour qui on ressentait quelque chose, bien que e sois sûre que l’insistance et le côté obsessionnel du Salvadorien avaient forcé les choses. J’étais convaincue qu’elle méritait mieux mais tant qu’elle était heureuse, je me contentais de lui prodiguer quelques conseils pour que tout se passe bien. Je l’avais choisie, elle, mettant de côté mon aversion pour lui. Je ne voulais pas qu’elle s’empêche de me parler de choses importantes à cause de mon ressentiment. Elle était adulte et consciente des choix qu’elle faisait, c’était là le plus important, le reste ne me concernait pas. Je ne désespérais pas qu’un jour, lui et moi parvenions à nous entendre, quand il aurait cessé de me voir comme une rivale. Ne voyait-il pas que j’avais moins envie qu’avant de lui crever les yeux ? Sans doute pas, il aurait fallu que je lui lèche les pieds, comme tous les autres, ça, ça l’aurait convaincu ! Connard !
Je choisis de taire mon agression, moins par honte que parce que je voulais prendre du recul avant d’en parler. De toute façon, je refusais catégoriquement de pourrir son séjour avec mes histoires à la con, pour une fois qu’elle avait l’occasion de prendre du bon temps sans personne sur son dos, du moins était-ce l’idée que je m’étais faite de ce voyage. Je lui montrai mes mains, le tout accompagné d’un pauvre sourire. « Tout va bien, tu vois ! C’est surtout facile de s’en prendre à une bonne poire comme moi ! » Je ne me sentais pas bien depuis l’agression, passant beaucoup de temps à cogiter et à ruminer, revivant la scène, encore et encore, cherchant ce que j’aurais pu faire de différent ou de mieux. La dispute avec Lucky concernant ma médication n’arrangea rien le malaise que je ressentais face à tout ça. C’était la spirale des moments de merde et je ne savais pas comment en sortir. « Putain, ce sont exactement ses mots ! » lâchai-je avec étonnement, les yeux écarquillés. « Ca m’a fait culpabiliser pendant des jours, il en rajoutait une couche dès qu’il en avait l’occasion, je l’aurais giflé ! » avouai-je sans ambages à elle qui ne me jetais jamais la pierre. « Je ne compte pas laisser ça comme ça et s’il osait me traiter comme Antonella, je lui couperais tout, pour être sûre que personne d’autre n’en profiterait. » Je n’avais pas la patience et la sagesse de la belle-sœur de Cinzia et ma jalousie maladive me rendrait probablement folle à lier s’il se mettait en tête de me punir de la sorte. J’écoutai attentivement les conseils dont elle me dispensa, me disant qu’il avait plus besoin d’une bonne claque dans la gueule que d’être rassuré ou flatté, ou bien c’était ma colère qui parlait à ma place et me donnait davantage envie d’aller à la confrontation plutôt que de tenter d’arranger les choses. Je me sentais abandonnée, il s’était tiré et m’avait refait le même coup qu’après l’épisode avec Olivia. Je me demandais, à juste titre, si à chaque coup dur, il agirait de la même façon, s’il me laisserait sur le côté parce que c’était plus facile pour lui. Cette simple idée me rendait malade. « Tu ne l’as pas proposé mais je peux toujours tenter de l’étouffer avec les plaquettes que j’ai encore, hein, non ? » Je lui offris un haussement de sourcils suggestif avant de ricaner. « Je vais voir comment ça se met en place, mais va falloir que je règle ça rapidement, parce que j’ai encore en travers de la gorge les saloperies qu’il m’a sorties et pourtant, le concernant, j’ai un degré de tolérance très élevé. » Il était également la seule personne au monde à être capable d’épuiser tout mon stock de patience en l’espace de quelques minutes, il était parfois si cul serré et intraitable que j’avais toujours une folle envie de répondre de façon excessive et inappropriée.
« Attends, c’était pas supposé être un séjour où vous pourriez vous retrouver ? C’est quoi cette embrouille ?! » m’offusquai-je, déçue d’entendre que ce voyage ne se passait pas comme prévu. Décidemment, nous faisions toutes les deux face à une période de merde, pour changer, nous étions branchées sur la même fréquence. « Gaby ? Mon futur mari en épouse une autre ? Je suis déçue, t’avais déjà presque choisi la date de notre mariage avant le premier rendez-vous pourtant ! » lui lançai-je avec un sourire pour tenter de détendre l’atmosphère même si la nouvelle me laissait sur le cul. Ca allait faire beaucoup de mariages en peu de temps, Girolama risquait d’y perdre sa santé. « Et Mani il en dit quoi de leur comportement ? » demandai-je par curiosité, de son attitude dépendait énormément de choses et la marge de manœuvre serait différente. S’il apportait son soutien total à sa future femme, elle aurait la possibilité de leur donner une leçon à ces morues ! « Pour le report du mariage, parle en à Mani, y a que lui pour obtenir de ton père qu’il laisse ça en place. Et pour les morues, j’ai bien peur que tu ne doives utiliser ton tabouret rédempteur pour leur éclater la gueule. De ce que je comprends, la méthode douce marchera pas, va falloir leur faire rentrer les choses dans la tête à coups de poings. C’est malheureux, mais c’est comme ça. Si Mani est d’accord avec toi, fonce, règle le problème une bonne fois pour toute et fais leur fermer leur gueule, sinon, ma chérie, tu les auras toujours sur le dos ! »
***
Elle venait tout juste de rentrer dans la chambre, avec ses affaires, parce que je savais qu’il avait fallu deux moitiés de cerveau pour avoir une idée aussi débile que d’aller fourrer sa queue dans une autre alors que sa future femme était à l’hôtel, je me doutais que je ne tarderais pas à voir surgir Cinzia et ça ne manqua pas. Je n’étais pas la seule à avoir misé sur le mauvais cheval. Je balançai les affaires de Lucky sous son regard médusé et je claquai la porte pour rejoindre mon amie et la serrer dans mes bras. « Je suis désolée ! » lui dis-je en la serrant plus fort. « Ce sont deux gros porcs complètement débiles. On devrait leur rendre leur bague à la con et se tirer toutes les deux, comme on avait prévu de le faire quand mon père a décidé que je devais rentrer chez lui ,tu te souviens ?! » Je tentai un sourire mais il devait avoir l’air d’une grimace, j’embrassai sa joue avant de lui prendre la main pour qu’elle me suive dans la chambre et que nous puissions nous allonger et tenter de mettre sur pieds un plan d’action. « On n’est même pas encore mariées et ils se permettent d’aller voir ailleurs, j’ose pas imaginer ce que ça donnera après. Ce genre de vie ne m’intéresse pas ! On mérite mieux que ça, Cinzia ! »
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❝Cinzia Herrera❞
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE
❖ MESSAGES : 6423
Dim 27 Mar - 16:43
And I'm feeling good
ft Lyla Banana
Physiquement, elle avait l’air en forme. Psychologiquement, par contre, Lyla tenait un peu moins bien la distance. De mon point de vue, c’était normal. Après ce genre d’épreuve, c’était logique qu’elle se sente moins à l’aise, qu’elle soit sous tension et qu’elle ait besoin d’un petit coup de pouce pour se sortir la tête de l’eau. Peu importe quelle était sa nature de ce dernier, les méthodes étaient différentes pour chacun d’entre nous. Il n’existait par ailleurs aucune qui vaille plus qu’une autre, sauf pour mon frère. Il jugeait, comme s’il était irréprochable et moi, innquiète d’être utile à ma meilleure amie, je veillai à la conseiller le mieux possible. Je savais de quoi je parlais. Je pouvais même deviner sans problème les mots qu’il employa pour la faire culpabiliser. Il était pour moi prévisible sur des aspects qu’elle ne connaissait pas encore. Peut-être qu’une fois qu’elle sera au fait avec ce qu’il est à tout niveau, y compris ceux qu’on ne peut apprendre qu’en grandissant avec quelqu’un, ceux que je me chargerais de lui transmettre pour lui faciliter la vie. Peut-être que ce jour-là, mon rôle dans l'existence de Lyla s’achèvera là. En attendant, je lui expliquai d’où venait le souci et je tentai de lui tailler des clés qui pourraient l’aider à ramener mon frère vers elle. « C’est sans doute un peu présomptueux, mais si tu veux, il y a un vieux sécateur dans la remise près de la serre de mon père. Il est tout rouillé. Comme ça, en plus d’empêcher une autre femme d’en profiter, il attrapera un tétanos » plaisantais-je pour dédramatiser. Je sentais bien qu’elle n’était pas à l’aise avec tout ça, qu’elle estimait qu’il manquait d’indulgence à son égard contrairement à elle qui tolérait beaucoup de choses. Pour ma part, je ne savais pas trop quoi penser de toute cette histoire, si ce n’est qu’il s’en sortirait si d’aventures elle ne laissait pas pourrir la situation. C’était ma seule proposition : renverser la vapeur. Ça revenait à le manipuler, mais elle avait les reins et l’espace pour pouvoir le faire sans que ça ne cause de dommages à sa relation. Luciano ferait n’importe quoi pour elle. Parfois, je me demandais s’il était conscient qu’elle le transformait en marionnettes. D’autres fois, je les observais et je comprenais que oui, il savait, mais que ça l’arrangeait. J’ignorais ce qu’il prévoyait pour elle ou pour eux tout simplement. Le mariage, ce n’était pas une fin en soi. Mais, dans ce cas, quelle était-elle ? Qu'envisageait-il exactement ?
Pour le savoir, il faudrait que je trouve le temps de le retrouver un peu, de le questionner en douceur, ce qui, pour le moment, était impossible. J’étais au Salvador et, quand bien même, depuis mes fiançailles, Lucky se consacrait davantage à Manuel qu’à moi. J’avais fini par le vivre comme une fatalité, une de plus, un peu comme l’acharnement de Mona à nous pourrir le voyage. « Non ! En réalité, c’était un voyage pour que je puisse rencontrer tous les membres de sa famille que je ne connaissais pas. C’est nous qui nous étions dit que comme on était loin de New York, on essayerait de souffler un peu. On n’a pas vu clair pour le coup. Et Gaby non plus.» Et moins encore en ce qui concernait Gabriele. Elle, elle plaisantait, de bonne guerre, ce que je comprenais. Moi, j’avais comme un arrière-goût amer par rapport à toute cette situation. « Non ! Je n’ai pas essayé de vous mettre ensemble. Je voulais que tu réalises que Luciano est certes très drôle, mais pas facile à comprendre du tout, contrairement à Gabriele. Il est plutôt du genre transparent. Quand il a quelque chose à dire, il le dit tout de suite. Il ne prend pas un malin plaisir à remuer la merde pour faire culpabiliser les autres. Tu aurais vu sa tête quand il m’en a parlé. Il m’a fait de la peine. Et, forcément, ça rejaillit sur moi, même si j’ai un peu l’impression que c’est une excuse parfaite pour m’enfoncer un peu plus. J’aurais aimé que ça se passe autrement en elles et moi. Là, je vais devoir faire un truc qui va foutre mon père en rogne. » Je soupirai, haussant les épaules pour honorer la fatalité. « Enfin, tu vas me dire, je suis plus à ça près maintenant.» ricanais-je mi-figue mi-raisin, soucieuse par rapport à mon mariage. Plus tard, une fois Manuel parti pour une mission dont il prit la charge pour se défaire de cette ambiance, je la rappelai pour lui confier les derniers événements. Je la recontactai tous les jours durant l’absence de Mani pour chercher du courage et m’assurer qu’elle allait bien. Visiblement, ils étaient parvenus à trouver un terrain d’entente. C’était une bonne idée. Un voyage a LA était même prévu tant pour eux que pour Mani et moi. Nul doute que ça nous ferait du bien.
En grimpant dans l’avion, j’en étais convaincue. Sur place, j’eus l’impression que rien ne pourrait perturber l’équilibre de nos couples respectifs. Et puis, une nuit, Mani rentra en puant les débauches et tout mon monde s’écroula. Certes, je le chassai, mais après avoir hurlé dans un cousin, j’estimai que la seule chose à faire dans l’immédiat pour éviter que la solitude ne s’abatte sur mes épaules et me collent des envies de meurtres ou de pardon intempestif. Je traversai le couloir sans une oeillade pour Mani, mais je croisai celui de mon frère et je compris que ma meilleure amie aurait sans doute autant besoin de moi que le contraire. « Enflure » lui soufflais-je au visage en dédaignant son regard dépité. Qu’étions-nous censés en faire elle et moi ? Nous abandonner dans les bras l’une de l’autre, unique endroit où on était en confiance désormais ? Nous écrouler sur le matelas et pleurer toutes les larmes de notre corps ? D’une certaine manière, ce serait leur faire trop plaisir. « Ne fais pas semblant que tu n’es pas concernée et que je suis la seule qui va en souffrir. » la priais-je, non pas pour me montrer désagréable, mais pour qu’elle ne se sente pas obligée de jouer les femmes fortes avec moi, pour l’inciter à me parler et à vider son sac en même temps que le mien si elle en avait envie. « Je lui ai déjà laissé ma bague. » complétais-je ensuite en agitant mon annulaire dénué d'artifice – et anormalement léger – devant son regard désabusé. J’agis sur elle comme un moteur, car elle ouvrit la porte à laquelle mon frère frappait toujours pour la lui balancer au visage. « Moi non plus, ce genre de vie de m’intéresse pas. Qui est-ce qu’elle pourrait intéresser ? » Antonella n’y trouvait aucune satisfaction. « Mais je ne peux pas envisager ma vie sans Mani. » M’estimant pathétique à juste titre, je me cachai la tête dans un coussin, ne dévoilant que mes yeux quelques instants plus tard. « Il faut qu’ils paient. Tous les deux. Il faut leur couper toute envie d’avoir envie de recommencer ou de s’embrigader l’un l’autre dans des plans aussi foireux que celui-là. C’est nous qui allons leur en concocte un. » Lyla se montra plus intéressée que jamais et j’entrepris donc de lui expliquer que plus qu’un homme, il est une personne sur cette terre dont Manuel est particulièrement jaloux : elle. « À partir d’aujourd’hui, et si tu es d’accord bien sûr, je pense qu’il est bon de lui faire croire… de leur faire croire…qu’entre l’amour et l’amitié, il n’y a qu’un pas. Qu’est-ce que tu en penses ? » Nous y consacrâmes une bonne moitié de la nuit. Le plan mis en place, nous constatâmes qu’il fonctionnait plutôt bien. Est-ce que ça m’empêchait d’avoir mal ? Pas le moins du monde. A chaque fois que je croisais le visage de Manuel, mon cœur s’émiettait.
Je trouvais du réconfort dans des manigances à la con, comme nous perdre dans une boîte gay, alors qu’il nous suivait, trop heureux de les laisser sur le carreau. J’en ris du début de soirée au milieu, plus ou moins, quand nous sortîmes pour prendre un peu l’air et vérifier s’ils guettaient toujours l’heure où nous rentrerions. « Et ? Tu as vu ? La voiture est là » c’était le genre de modèle qu’on ne pouvait pas rater, principalement parce qu’elle était vieille et la carrosserie sans équivoque en matière de couleurs. « Mais pas eux visiblement. Tu penses à ce que je pense ? » Avais-je seulement besoin de plus de mots ? Un haussement de sourcils plus tard, l’une de nous deux braquait la portière et l’autre démarrait la voiture. Après quelques politesses d’usage, nous décidâmes que Lyla conduirait et que je la guiderais dans les dédales de Los Angeles. Certes, je n’avais pas avalé une boussole, mais j’étais déjà venue. Ça devait être suffisant vu notre état d’ébriété avancé « Si tu savais ce que je donnerais pour voir leur tête quand ils vont vouloir récupérer la voiture. D’ailleurs, ils étaient où, tu crois ? » m’enquis-je alors que nous nous enfoncions toujours plus loin dans les rues de cette grande ville. « Atta, n’avance plus, je crois qu’on est perdues. En fait, je ne crois pas, je suis sûre. Je vais voir s’il y a pas une carte ou une adresse dans la boîte à gants pour rentrer dans le GPS.» Forcément, je conclus par un éclat de rire jusqu’à ce que je sente la main de Lyla sur mon épaule pour attirer mon attention tandis que j’étais absorbée par la carte proposée par mon téléphone. « Oh putain. » lançais-je en jetant un œil par le pare-brise. « Pourquoi ai-je l’impression que je vais devoir dire merci ce soir… Pourquoi ? »
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❝Lyla Gambino❞
ADMINE ET PUNITRICE
❖ MESSAGES : 8802 ❖ AVATAR : Megan Fox
Ven 1 Avr - 22:06
And I'm feeling good
ft Cinzia de la Vega
Cinzia c'était celle qui me redonnait toujours le sourire dans les pires moments, celle qui arrivait à me dérider quand je me sentais tout sauf d'humeur à plaisanter sur ma vie ou sur quoi que ce soit d'autre. Mais elle trouvait les mots pour me mettre du baume au coeur et si elle avait été près de moi, je l'aurais probablement prise dans mes bras en guise de remerciements. Au lieu de ça, je ne pouvais que l'écouter et lui proposer mes maigres conseils, j'espérais que cela lui serait d'une quelconque utilité, Entre son jumeau qui allait se marier et pas avec une femme qu'il avait choisi, son incapacité à retrouver son fiancé dans les conditions qui lui plaisaient et quand elle le désirait et cette histoire avec sa belle-soeur, je comprenais qu'elle ait les nerfs à fleur de peau. Elle n'était visiblement pas la seule puisque Mani préféra opter pour l'option qui comprenait le plus de risques, simplement pour se tenir le plus loin possible des siens et principalement de leur pères respectif. Je fis de mon mieux pour lui apporter tout mon soutien durant cette période difficile, lui assurant que ça irait mieux dès qu'ils seraient de retour, d'ailleurs, Luciano se débrouilla pour leur arranger un cinq à sept de plusieurs jours pour qu'ils puissent décompresser, me rapportant que Mani était dans un tel état de nerfs que ça lui avait fait mal au coeur. Je faillis lui lancer qu'il serait sans doute plus judicieux de s'occuper de notre propre mariage, histoire de l'avancer et de me permettre de partir de chez mes parents pour m'installer avec lui, ce qui nous éviterait de nous voir au milieu d'un couloir ou entre une fête de famille et un rendez-vous mais je préférai la boucler. Moi aussi, j'étais consciente des semaines difficiles traversées par Cinzia et j'étais contente qu'un bon samaritain ait décidé de lui offrir du répit, même s'il ne le faisait pas vraiment pour elle, ce n'était pas dans le système de valeurs de Lucky de faire en sorte de libérer un créneau à sa soeur pour qu'elle puisse s'envoyer en l'air. En fait, il avait sûrement focalisé toute son attention sur Mani pour ne pas voir ce qu'il était réellement en train de faire, c'était ce qu'un grand frère normal aurait fait. Je trouvais son dévouement pour le Salvadorien touchant et j'aurais presque pu être jalouse s'il ne m'accordait pas une bonne partie de son temps et de son énergie quand il cessait de jouer les têtes de mule.
Je mentirais si je disais que je ne voyais pas ce voyage à LA comme une pré Lune de Miel. D'ailleurs, j'avais été étonnée que mon père m'autorise à y aller et j'étais euphorique, ce fut sans doute la raison pour laquelle la chute fut si douloureuse. Comme si je venais de me prendre un bon crochet du droit pour finalement cracher mes dents, les unes après les autres. « C'est plus facile pour moi, là, maintenant parce que si je pense autrement, Cinzia, je ne vais pas arrêter de pleurer et je lui interdis de me faire ça ! » Cet imbécile s'était donné tellement de mal pour m'avoir et voilà comment il saluait ses propres efforts, en gâchant tout ! J'avais usé une quantité industrielle de patience avec lui, je n'avais eu de cesse de m'adapter à lui et c'était tout ce que je récoltais. Des efforts, il en avait fait aussi, de fameux, ce qui expliquait que je ne comprenais pas son attitude. Quel besoin avait-il eu d'aller en voir une autre ? Est-ce qu'être avec moi était trop pénible au point qu'il ressente la nécessité de se détendre auprès d'une femme moins exigeante? Non, il fallait que j'arrête d'y penser pour le moment où j'allais encore finir par lui trouver tout un tas de circonstances atténuantes et lui ouvrir la porte pour le récupérer et je ne méritais pas ça ! La révélation de Cinzia concernant sa bague fut comme un électrochoc, je bondis et l'imitai en la jetant au visage de mon fiancé qui pensait sans doute que j'allais céder, cette fois comme tous les autres. Je lui claquai la porte au nez et réalisai que je ne me sentais pas mieux du tout. « Je suis d'accord mais, on ne va pas se mentir, je ne sais pas si on pourra les empêcher de recommencer de façon définitive. » annonçai-je avec un brin de défaitisme. Une fois qu'ils commençaient à la jouer comme ça, ils ne s'arrêtaient pas en si bonne voie. Si je n'avais pas autant aimé Luciano, ma valise serait déjà faite pour un retour express à New York. C'était ça, sa chance ! Je ne pus m'empêcher de rire à l'énonciation du plan de mon amie et je pris un réel plaisir à mettre en scène ces photos que nous leur envoyâmes. Ils étaient tellement jaloux, aussi bien l'un que l'autre, qu'il ne fallait jamais grand-chose pour semer le doute dans leur esprit. Un baiser simulé, un bain à deux, les prémices de jeux licencieux entre femmes. Je fus étonnée de ne pas en entendre un frapper à notre porte pour demander des explications et je devais bien l'admettre, j'étais presque déçue. Si j'avais été certaine de ne plus rien vouloir de mon pénible personnel, j'aurais probablement décidé de passer la vitesse supérieure. La provocation, je maîtrisais complètement, surtout quand j'étais blessée. Nous préférâmes les semer à l'entrée d'une boîte réservée aux femmes avec un plaisir non feint. L'alcool coula à flots et je ne marchais plus très droit lorsque nous sortîmes enfin après nous être aperçues que se faire draguer par des femmes était tout aussi lourd que quand il s'agissait d'hommes.
Je m'allumai une cigarette, fumant toujours comme un pompier quand j'étais bien entamée. Je ricanai en voyant la voiture, balayant l'endroit du regard en me demandant où étaient ces deux crétins. Ensemble, ils passaient de deux cerveaux à une moitié chacun, ce qui était terriblement handicapant pour eux mais surtout pour les autres. Après avoir décidé que j'étais la moins bourrée des deux et nous être occupées de forcer la voiture en toute discrétion pour finalement la démarrer, nous prîmes la tangente, absolument hilares. « Je suis certaine qu'ils ont trouvé des gouines pas si gouines pour finir la soirée... C'est leur grand truc à deux, ça ! » crachai-je, vénéneuse, tirant sur ma cigarette alors qu'il me fallait plus de concentration que jamais pour conduire. « Ou sinon, ils ont réussi à entrer mais dommage pour eux, on était dehors ! » J'éclatai de rire, commençant à sentir cette mélancolie me prendre aux tripes, comme chaque fois que j'avais le malheur de remuer toute cette merde avec trop de verres dans le nez. « On ne peut pas être perdues, Dieu nous guide ! » répondis-je en retrouvant un peu de ma bonne humeur. « Je pourrais sortir et arrêter quelqu'un pour demander notre chemin mais je ne crois pas que ce soit une bonne idée et y a de fortes chances que ce soit les flics et je n'ai pas envie de me retrouver en dégrisement, ça voudra dire les voir rappliquer et je ne veux pas me coltiner leur face ce soir. J'ai envie de continuer à boire, manger, manger encore, d'ailleurs, y a pas un putain de restaurant de taco dans ce merdier ?! » Je m'étais arrêtée sur le bas côté le temps que nous trouvions où aller, une troupe de gars en avait profité pour nous encercler, me rappelant ceux que je trouvais à South Bronx mais en beaucoup plus terrifiants puisque je n'en connaissais aucun. « Cin... » Elle releva la tête et exprima avec exactitude ce que je pensais à ce moment précis. « Descendez de la voiture ! Où vous l'avez trouvée, bande de putains ? Vous ne savez pas ce que vous avez fait ! DESCENDEZ ! » « On se calme, on se calme, la voiture appartient au fiancé de mon amie ! Manuel Herrera, c'est lui son fiancé ! » « Et sa bague, elle est où ? Et pourquoi il aurait laissé une gonzesse qui n'est pas la sienne conduire la voiture qu'on lui a prêtée sans l'accompagner ? » « On avait envie de tacos et ils voulaient continuer à danser, on s'est séparés ! » J'avais immédiatement dessaoulé et je finis par ouvrir la portière pour en descendre, on me bouscula, m'agrippant par le bras et je me défis de leur prise, que le nom de Mani soit prononcé fut suffisant pour qu'on ne m'en colle pas une, le temps qu'ils vérifient. « Je vous conseille de faire attention, vous n'avez pas envie d'être l'épine dans le pied d'Herrera et encore moins de son principal associé ! Touche-moi encore, enfoiré, et je ferais en sorte que tu ne puisses plus jamais toucher personne. » terminai-je en espagnol en me blottissant contre Cinzia. « Je commence à avoir froid, qu'est-ce qu'ils foutent ? Ils attendent qu'ils commencent à nous violer ou quoi ? » murmurai-je alors que le type raccrochait un peu trop vite à mon goût et avec un sourire qui me mit mal à l'aise. « S'ils ne viennent pas, pour x ou x raison, il faudra qu'on se débrouille. La meilleure option qu'on ait, c'est de courir ou de trouver le moyen de se rasseoir dans la voiture pour démarrer en trombe, qu'est-ce que tu préfères ? »
Mais ils étaient venus, ils ne fanfaronnaient pas tant que ça mais je savais qu'ils venaient de gagner une bataille et que la fin de la guerre approchait à grands pas. Ce fut décisif pour Luciano qui parvint à me convaincre de le reprendre avec moi dans la chambre. Je fis le pied de grue dans la chambre jusqu'à ce que Cinzia entre. « Cin... Je crois que j'ai fait une connerie ! Il m'a sorti le grand jeu et j'ai accepté qu'il revienne mais tu restes ici, avec nous ! Il n'est pas question qu'il se passe quoi que ce soit de toute façon et si tu préfères, je peux lui dire de dormir encore avec Mani cette nuit, et on reste toutes les deux... Oh mon Dieu, j'ai l'impression de t'abandonner, je suis une amie tellement à chier ! Ca a été dans le taxi ? Lucky ne m'a pas laissé grimper avec toi ! Il t'a dit quoi ? »
by SerialWords.
❝Cinzia Herrera❞
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE
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Mer 6 Avr - 21:48
And I'm feeling good
ft Lyla Banana
Moi aussi j’aurais aimé faire semblant que ça ne m’atteignait pas, ne me concernait pas, que ça me coulait le long des reins. J’aurais pu prétexter que l’amour que je nourrissais pour Manuel Herrera n’était qu’un leurre de mon esprit, pas pour le tromper sur la nature de mes sentiments, mais pour me duper moi, rien que moi, parce que nous nous ressemblions par bien des aspects et que j’avais tout le loisir d’apprendre à m’apprécier à travers lui. Ce ne serait néanmoins qu’un mensonge. Je sacrifierais ma vie pour cet homme et, si je lui rendis sa bague, ce n’était pas pour signer la fin de notre histoire. Non. Je n’étais pas prête à le perdre. C’était uniquement pour qu’il le croie, qu’il se remette en question, qu’il réalise que je n’étais pas sa chose acquise et qu’il emprunte lentement, mais sûrement, la route que je traçais pour nous, celle de la sincérité, celle de la fidélité. « Oh Si, j’y arriverai. Et toi aussi. » affirmais-je à ma meilleure amie, plus défaitiste que moi, à juste titre. Cette douleur, celle de l’adultère, elle la connaissait bien. Elle la poussa dans ces derniers retranchements à une époque, mais elle était seule d’antan. Aujourd’hui, nous étions deux et nous étions bien assez imaginatives pour les mener par le bout du nez et ainsi gagner ce qui nous revenait de droite. « On va le faire, parce qu’on est deux maintenant et que si on doit semer des cadavres derrière eux pour qu’il saisisse qu’on ne plaisante pas, on le fera. Si on doit leur donner un peu, pour mieux leur reprendre nos cadeaux, et donc, leur rappeler ce qu’ils vont y perdre, et ce, indéfiniment, jusqu’à ce que ça soit si bien enfoncé dans leur tête de pioche qu’il n’est pas question qu’ils recommencent. Ohhhh non. Et tu veux que je te dise ? Ça commence maintenant. » Ce serait par ailleurs sans limites et, s’il en demeurait l’une ou l’autre, nous les franchîmes avec le moins de scrupule possible, mais néanmoins conscientes que nous risquions de nous brûles les doigts à chaque craquement d’allumettes.
Notre créativité, pour les punir et les voir souffrir autant que nous, se matérialisait en photo et en débauche plus surjouée qu’avérée. Certes, je ne me ferais pas plus grosse que le bœuf. Je n’allèguerais pas haut et fort que dans le couloir du hall de l’hôtel, je ne détalai pas uniquement pour fuir la conversation. J’avais aussi très bien remarqué qu’il était fou de rage bien avant cette gifle partie toute seule. Mais, je ne me démontai pas. Lyla et moi avions mis en scène un véritable Vaudeville pour arriver à nos fins. Mais, nous n’étions pas assez aguerries pour laisser trop de place à l’improvisation. Mais voilà, alcoolisée, on la saisit l’occasion qui fait le larron. On l’attrapa à pleine main pour nous lancer en quête d’un petit restaurant. Idée de merde. J’ignorais si c’était un coup de malchance ou un signe à interpréter en faveur de nos fiancées. Mais nous perdre, attirant l’attention d’un gang tatoué en l’honneur de leur organisation, conclut cette soirée hilarante de nervosité. Ils nous cueillirent à un feu rouge, nous insultèrent, nous sortirent de cette voiture avec brusquerie. Ça sentait mauvais pour nous. C’était aussi évident que la peur de ma meilleure amie et que la mienne. Nous l’exprimions simplement de façon différente.
Elle était blême, j’étais morte de rire. Plus encore quand on tira sur ma main pour vérifier mon identité prétendue. « Non, mais c’est vrai. On n’est même marié en réalité… Je pourrais vous montrer des photos, mais…» Jamais ils ne connaîtront la nature de mon opposition. Lyla me coupa la parole d’un coup de coude. « Quoi ? » lâchais-je interloquée les joues rosies alors que son regard se traduirait par un « Ta gueule » en langage familier. J’obéis, d’autant qu’elle mena la suite des échanges en espagnol. Sobre, j’aurais pu saisir au moins le sens. Alcoolisée, je ne fis pas vraiment l’effort. Je ne répondais plus qu’à cette envie irrépressible de rire, parce que j’étais mal à l’aise, que j’étais morte de trouille et qu’aucune des solutions soufflées par mon amie autant terrorisée que moi ne m’agréait. « Pour courir, faut que j’enlève mes pompes. Non, mais, parce que je me connais, je vais me fouler la cheville, ce qui ne fera qu’empirer la situation. La fuite, une jambe en moins, ça devient vite ridicule. » lui répliquais-je difficilement tant je me débattais avec mon fou rire. Ça l’agaçait, moi aussi, mais comment ne pas céder en sérieux face aux circonstances ? Jusqu’ici, Mani avait été la dernière personne que je souhaitais croiser. Là, je priais pour qu’il se pointe et me sorte de ce guêpier. Je lui aurais baisé les pieds quand il descendit du véhicule, beau comme un soleil, malgré ses traits tirés par la fatigue et par l’inquiétude. Et pourtant, les seuls mots que je fus en mesure de lui chuchoter avant que la colère, l’abattement et la tristesse ne supplantent ma joie d’être saine et sauve grâce à lui furent un « merci. »
La suite, menée dans ce taxi, se solda en reproches, en gifle et en nouvelle déception. Je n’avais plus qu’une hâte : retrouver ma chambre, ma meilleure, m’assurer qu’elle ‘était remise de ses émotions, que mon frère ne l’avait pas pourrie de sa mauvaise foi et, par après, me jeter tout habillée dans mon lit. Malheureusement, rien ne se déroula comme je l’avais prévu. Rien. Elle passait la nuit avec Luciano. « Non ! Non, je ne peux pas rester là. Je ne veux pas empiéter sur votre réconciliation. Et, tu n’es pas une amie à chier. C’est toi qui dois sentir ce qui est bon pour toi et si tu penses qu’il doit revenir, alors, c’est qu’il doit revenir. » En pleine possession de mes moyens, je l’aurais sans doute dissuadée de lui pardonner aussi vite, déchirée entre l’appréhension de son regret et celle qu’il n’ait pas bien saisi les enjeux de notre punition. Qu’aurais-je pu y faire cependant ? Sa décision semblait prise et, en prime, je la comprendrais. « Tu ne le laisses pas te manipuler. D’accord ? Mais, ne te prends pas la tête, fais ce que tu crois être bien et ne t’inquiète pas pour moi. Je survivrai et j’aurais fait pareil s’il ne m’avait pas dit qu’il prenait sur lui pour être fidèle comme si c’était un supplice pour lui.» Je ricanai jaune, amère, déplorant que son propos ait été si blessant. Au contraire, moi aussi, j’aurais réinvesti ma chambre. « Il dit qu’il m’aime, mais qu’est-ce que tu veux que je foute avec ça s’il me reproche d’essayer de le changer ou d’en attendre trop de lui, parce que la monogamie, c’est un concept nouveau pour lui. Et, je te comprends, tu sais. Tu n’as même pas idée comme je te comprends. » J’eus à peine le temps de finir ma phrase que Lucky débarqua, les bras chargés et l’air penaud. Il déposa une carte magnétique entre les mains, ce qui me mit hors de moi, car je savais que ça signifiait qu’ils avaient prévu que les choses fonctionneraient si pas pour l’un au moins pour l’autre. J’évitai d’ouvrir la bouche cependant. J’entendis simplement les quelques mots qu’il me glissa à l’oreille en faveur de son frère de cœur et associé.
Isolée dans cette chambre, je ne me sentais pas vraiment abandonnée par Lyla. Si ça s’arrangeait pour elle, j’en serais ravie une fois débarrassée des effets de l’alcool. Sur l’heure, j’avais seulement peur de ne plus être assez forte pour ne pas accueillir Manuel, déjà derrière ma porte, si nous ne faisions plus front ensemble, mon amie et moi. La preuve, je ne dormis pas seule moi non plus. Quant à la journée du lendemain, je la partageai avec l’autre rescapé du naufrage de mon couple, n’échangeant avec ma future belle-sœur que quelques messages pour nous apaiser l’esprit. Évidemment, j’étais inquiète pour elle, si bien que je bénis ces heures en tête à tête que j’avais l’impression de voler, tant Mani était présent, à moins d’avoir des affaires à régler, comme ce soir-là. « Alors ? » m’enquis-je sans tourner autour du pot. « Je vois que tu portes à nouveau ta bague de fiançailles. J’avais oublié qu’elle était si belle. » Je lui souris, sincère, mais avec un soupçon d’anxiété. « Je suppose donc que ça va mieux. C’est bien. S’il a fait son mea culpa et qu’il était convaincant, c’est une bonne chose. J’ai le droit d’avoir les détails ? » En soi, la question était inutile. Nous avions embarqué dans le même bateau elle et moi. C’était à la vie à la mort et notre foi l’une en l’autre était sans fille. Alors, je ne me ferais moi-même peu prier – voire pas du tout – pour lui conter le récit des derniers événements quand elle les solliciterait. « Je lui ai dit pour toi et moi, que ça n’existait pas de la façon dont on a bien voulu leur faire croire. Il en souffrait, de ça plus du reste, de son comportement visiblement. Qu’est-ce que tu voulais que je continue à jouer à ce petit jeu là ? Ce serait laisser le ver emménagé dans la pomme. Tout le monde en aurait pâti. Lui et moi. Et nous deux aussi. Je n’en ai pas envie, même s’il faut qu’on ralentisse un peu. Je ne te dis pas ça de gaieté de cœur et je vais sans doute te paraître faible à en crever, mais il faut que je le rassure. Il s’en veut terriblement, tu n’as pas idée. Et ce n’est pas de la manipulation, tu sais. Il a gardé la bague. Je ne le lui ai pas demandé non plus. Et, tu vois, si à un moment donné, je me serais imaginé que c’est parce qu’il ne voulait plus de moi, pour le coup, je crois que c’est parce qu’il ne sait plus où est sa place par rapport à moi. Je ne veux pas que toute cette histoire nous abîme plus que ça ne l’a déjà fait d’une certaine manière. Je crois qu’on peut s’en sortir. On en a tous envie. Vous. Nous. Mais, je me pose tellement de questions sur ces filles. Pas toi ? » Je marquai une pause pour lui permettre de digérer et de saisir, avant de réagir sans que je reprenne. « J’ai besoin de la voir de mes yeux, de constater ce qui lui a tant plu chez elle. Ca doit te paraître complètement dingue, et c’est normal, mais, ‘est pas fini. Je n’ai pas envie d’aller toute seule. » avouais-je en baissant la tête, jouant avec la serviette en papier devant mes yeux. « J’ai peur de ce que je vais voir et de comment je vais ressortir de là. Je me suis donc dit que tu aurais peut-être envie de venir avec moi. Bien sûr, tu peux rester dans la voiture. Tu n’es pas obligée de rentrer si tu n’as pas envie d’être confrontée à cette fille, mais je te l’ai dit, moi j’en ai besoin. »
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❝Lyla Gambino❞
ADMINE ET PUNITRICE
❖ MESSAGES : 8802 ❖ AVATAR : Megan Fox
Dim 10 Avr - 18:45
And I'm feeling good
ft Cinzia de la Vega
L’ascenseur émotionnel de cette soirée m’avait laissée complètement épuisée et au bout du bout d’un point de vue affectif. Entre la colère, la déception, l’envie de pardonner, la tristesse, l’impression d’avoir être trahie et moquée, la peur panique et le soulagement, il était arrivé au bon moment. J’avais cédé facilement parce que je me sentais sur le point de faire une monumentale crise d’angoisse et qu’il m’avait promis de m’aider avec ça. J’étais peut-être fâchée contre lui et je lui en voulais pour son écart de conduite mais je ne pouvais qu’admettre que j’avais besoin de lui, je m’étais offerte entièrement et je me rendais compte à présent que même avec toute la bonne volonté du monde, je ne pouvais pas me détacher de lui, de nos promesses et de tout ce que nous avions fait pour nous accrocher l’un à l’autre. Ce genre de liens ne se brisaient pas à cause d’une pipe offerte par une putain disponible, j’aurais aimé le lui faire croire mais je savais que c’était faux. Il n’eut qu’à rappeler tout ça à mon bon souvenir pour obtenir le droit de me rejoindre dans la chambre. Mais cette fragilité émotionnelle était à double tranchant et je n’étais pas encore sûre de la manière dont j’allais gérer son retour. S’il se montrait patient, il n’y aurait pas de problème mais ce n’était pas sa spécialité nous concernant, bien que ce soit l’une de ses plus grandes qualités dans la vie. En plus de l’épuisement moral, il y avait cette appréhension qui ne me lâchait pas et qui me faisait craindre le pire. J’avais peut-être dit oui un peu trop vite, en plus d’abandonner Cinzia qui avait plus besoin de moi que jamais. Je la poussais inexorablement dans les bras de Mani alors que nous avions juré de nous serrer les coudes. Comme si j’avais besoin que la culpabilité s’ajoute au reste, putain ! Ce qui avait foutu la merde, c’était cette terreur sans nom qui m’envahit lorsqu’on nous força à sortir de la voiture et que je crus entrevoir le scénario qui nous attendait et qui laissait entendre qu’il y aurait une histoire de viol collectif. Sans ça, j’aurais probablement fini avec des tacos dans l’estomac et une tonne de bouffe en plus, un milkshake à chanter dans la voiture et en riant avec Cinzia. Ils auraient débarqué dans la chambre pour taper un scandale, je me serais disputée avec lui et j’aurais pu envisager de céder, ivre morte et plus lubrique que jamais. Quand on avait épuisé notre quota de reproches et de cris, on trouvait une façon plus intéressante de nous exprimer. Il avait déjà remporté la première bataille en semant le doute avec ses explications et ses semi-excuses, j’avais tenu bon pour me venger mais déjà, au moment où je balançais ses fringues à travers le couloir, je ressentis l’irrépressible envie de le faire revenir. Je ne savais pas lui en vouloir, j’étais incapable de lui tenir rigueur de quoi que ce soit, du moins, jamais complètement sans reporter un peu de culpabilité sur moi.
« Je suis très angoissée, Cinzia, c’est pour ça que j’ai accepté si vite qu’il revienne, il m’a dit qu’il m’aiderait avec ça. J’ai cru qu’on allait se faire violer par ces types, ça me rend malade rien que d’y penser et j’ai besoin de lui, là, maintenant, même si ça m’écorche la gueule de l’admettre ! » A elle, je pouvais tout dire et avec franchise, elle comprenait toujours et j’étais certaine qu’elle livrait la même guerre interne pour déterminer si elle devait laisser revenir son futur époux ou pas, mais la décision était déjà prise avant même que nous nous lancions dans cette bataille jouée d’avance. Si nous avions envisagé une seule seconde de les abandonner, nous aurions trouvé le moyen de mettre les voiles depuis une éternité, on souhaitait seulement les voir ramper et être sûres qu’ils ne recommenceraient pas mais certainement pas la fin de nos histoires respectives. « Promis ! » m’empressai-je de répondre en prenant ses mains dans les miennes. « Tu te fous de ma gueule ? Il n’a pas dit ça quand même ! Peut-être qu’il s’est montré maladroit et qu’il voulait dire autre chose, ils sont parfois à chier avec les mots, surtout quand ils s’en veulent ! Ton frère a bien fait un parallèle entre ça et ma prise d’anxiolytiques… Je n’ai toujours pas compris où il voulait en venir exactement mais parfois, je crois qu’ils essaient trop fort au risque de dire de la merde. » Je ne cherchais pas à défendre Manuel, je voulais seulement apaiser la souffrance de mon amie et je trouvais mon explication valable, l’un comme l’autre, ils étaient franchement à chier dès qu’ils devaient parler de ce qu’ils ressentaient et présenter des excuses, ce n’était pas dans leur nature. « Ma chérie, ça veut sûrement dire qu’il essaie de changer parce qu’il t’aime, pas que tu l’obliges à changer. Tu crois qu’on peut obliger un type comme lui à faire quoi que ce soit s’il ne l’a pas décidé au préalable ? » lui murmurai-je alors que son frère s’invitait à la fête, la faisant fuir au passage. « Je garde mon téléphone avec moi, si tu as besoin, tu appelles ! » ajoutai-je en la serrant dans mes bras et en déposant un baiser bruyant sur sa joue, ne m’attendant pas à ce que ce soit moi qui ai besoin d’aide tellement je me sentais mal. J’aurais aimé ne pas avoir à remuer la merde cette nuit-là, me contenter d’aller me coucher et de récupérer des forces pour le lendemain. Rien ne se passa comme prévu et le lendemain, je me contentai de messages à Cinzia, me demandant si nous n’avions pas été trop loin et si nous n’allions pas le payer au cours des semaines à venir.
Cette soirée était une idée de Luciano et je la saisis à pleines mains, heureuse de retrouver Cinzia et de pouvoir discuter avec quelqu’un d’extérieur à tout ça. « Ouais, c’était mal parti, il s’est glissé dans le lit complètement à poil et a commencé à me tripoter, comme si de rien était et je ne sais pas comment mais je suis devenue folle de rage. Je lui ai dit tout un tas de saloperies et que je regrettais d’avoir couché avec lui en dehors du mariage… Je me suis mise à pleurer, ça n’allait pas du tout hier… Visiblement, lui non plus, il a cru que j’allais le quitter, je ne l’ai jamais vu comme ça. Il a pleuré, Cinzia ! Je ne savais pas quoi faire ! Il m’a dit qu’il avait agi comme un con et que j’étais la chose la plus importante de sa vie. Je ne pouvais pas le laisser comme ça… Mais il ne s’est rien passé, je ne suis pas prête pour ça ! » J’espérais de tout mon cœur que d’ici notre mariage, j’aurais avalé la pilule, je me conditionnais pour pardonner et mettre ça de côté mais entre la théorie et la pratique, il y avait un monde. « Et toi alors ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Parce que tu ne m’as pas appelé de la nuit ! » repris-je, me demandant comment Mani avait fait son compte. Quand je l’aperçus un peu plus tôt, je me rendis compte que lui et Lucky affichaient les mêmes traits tirés. « Je comprends, ma chérie et j’en suis venue à la même conclusion. On va devoir mettre un peu de distance le temps que ça se calme, parce que je crois qu’ils le vivent vraiment très mal. » admis-je, dépitée de devoir m’éloigner de la seule à qui j’avais toujours envie de parler et qui me faisait rire en toutes circonstances. « Pas le moins du monde… Et je vais te dire pourquoi, j’ai déjà du mal à me faire à l’idée de lui pardonner, malgré tout ce que je l’aime, si e m’interroge sur Elle, je vais me rendre malade et je vais être incapable d’aller de l’avant. Si ce n’était pas la première fois, là, par contre, j’aurais fait en sorte de la rendre beaucoup moins attirante ! » Je comprenais son besoin de la voir et de trouver des réponses mais elle allait m’emmener sur une pente dangereuse. Je n’avais pas cherché plus loin parce que je n’étais pas sûre de résister à l’envie de l’étouffer. « Comme si j’allais te laisser entrer toute seule, tu me prends pour qui ? » lâchai-je avant que nous convenions d’un jour pour débarquer là-bas.
***
Je m’étais longuement interrogée sur ce que je devais porter pour débarquer dans l’antre d’un vivier de putes et je me dis qu’un pantalon et un petit haut feraient l’affaire. Si je débarquais là-bas avec ma dégaine South Bronx et que j’en voyais une me mépriser, je ne résisterais pas à l’envie de la cogner et je ne voulais pas qu’on puisse me confondre avec l’une d’entre elles si j’enfilais une robe près du corps et des escarpins. J’avais opté pour le bon compromis. Je ne me sentais cependant pas à l’aise lorsque nous franchîmes la porte. Je laissai Cinzia parler, regardant autour de moi tandis que Catalina arrivait et nous accueillait les bras ouverts, comme si on se connaissait depuis toujours. Elle devait bien se douter du pourquoi de notre présence puisqu’elle devança la demande de ma meilleure amie. « Je ne sais pas si c’est une bonne idée que vous soyez là, ça n’arrangera rien, vous savez. Ces filles n’y sont pour rien, c’est leur boulot… » « On n’est pas là pour leur casser la gueule, Catalina, sinon on aurait trouvé le moyen de savoir qui était qui et on les aurait choppé à la fin de leur… garde ? Si on peut dire ça comme ça ! » Qu’elle puisse dire que c’était complètement la faute de Luciano agitait ma colère, je ne lui permettais pas ! Mais je la bouclai, tentant de me ramener à la raison, me demandant une fois de plus ce que je branlais là. Ca allait forcément mal tourner !
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❝Cinzia Herrera❞
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE
❖ MESSAGES : 6423
Lun 2 Mai - 23:01
And I'm feeling good
ft Lyla Banana
Je n’en voulais pas àLyla de recueillir l’âme en peine qu’était Lucky dans sa chambre, je m’inquiétais autant pour elle que je ne l’enviais. Après tout, dans ce taxi, si Mani n’avait pas accumulé les bévues verbales, j’aurais pu lui ouvrir grand les bras, car face à ces hommes, je ne ris que pour masquer mon inquiétude. Refuser, avec un soupçon de naïveté ou de prétention, que nul ne puisse violer la fille d’Ettore Gambino ne voulait pas dire que je n’avais pas eu peur. Au contraire. J’vais craint pour ma vie, tout comme elle, mais différemment. J’aurais dès lors apprécié pouvoir me réchauffer le cœur dans les bras de l’homme que j’aimais, sauf que j’étais trop susceptible, car trop blessée, que pour entendre ces propos de la même manière que ma meilleure amie. Elle n’y percevait que de la maladresse, et si je n’étais nantie d’aucune certitude, son interprétation servit les intérêts de mon fiancé. Je li ouvrais la porte pour me lover contre lui, complètement ivre d’alcool et surtout de cet amour incommensurable qui me forçait à reconsidérer la place et l’espace que j’accordais à Lyla dans ma vie. « J’eus droit à un truc aussi étonnant que toi, tu sais, sauf que Mani n’a pas essayé de me sauter dessus à la première occasion. Il a été plus malin pour le coup.» révélais-je non sans m’en vouloir un peu. Sans cette confiance aveugle que je nourrissais pour elle, je me serais contentée du strict minimum, par respect pour la fierté de Manuel, mais elle méritait des explications claires sur ma décision de nous éloigner un peu. Elle méritait que je me justifie tout simplement. « Il s’est traîné dans la chambre sur ses genoux. Et ce n’est pas une image. Qu’est-ce que tu voulais que je fasse ? Je l’ai relevé, j’ai vidé mon sac et je me suis pendue à son cou. » À moins que ça soit l’inverse ? "J’avais tellement besoin qu’il me rassure que j’ai bien failli le déshabiller sur la terrasse après lui avoir sorti mon discours sur l’abstinence et ses bienfaits. Je l’ai complètement paumé, je crois. » observais-je déçue de moi, de ma faiblesse, de mon manque de volonté. « C’est bon que j’ai dégueulé tout le contenu de mon estomac sur le voisin du bas où on n’aurait réveillé tout l’hôtel. » Je ricanai à l’évocation de ce souvenir, car il eut au moins le mérite de détendre l’atmosphère lourde en culpabilité et en reproche. « Il n’a posé aucune question nous concernant, mais ça va tomber tôt ou tard. » À la première dispute où il s’aventurera sur les chemins de la mauvaise foi. "Du coup, j’aimerais qu’on ralentisse un peu. Ce qui ne veut pas dire que je ne t’appellerai pas tous les jours." À l’impossible, nul n’est tenu et si, dans le fond, j’étais heureuse qu’elle partage ma position – ça nous ferait moins mal – j’étais persuadée que son cœur se déchirait, comme le mien, pour la seconde fois depuis le début de ce séjour. « J’essaie de faire comme si ça ne me travaillait pas, mais c’est faux. J’y pense tout le temps. Il me laisse avec tellement de questions sans réponse. » admis-je en l’embrigadant dans un plan foireux.
Je souhaitais les rencontrer. Pas elle. Pourtant, nous fûmes chez la Catalina à la première occasion, ce que je regrettai rapidement. Savoir était une chose. Être confronté à la réalité en chair et en os en était une autre. Plus encore en constatant que je n’étais pas la seule à être affectée par cette escapade. « Je suis désolée, Lyla. Je n’aurais jamais dû t’entraîner là-dedans avec moi. Tu avais raison. C’était une idée à la con. » Elle m’avait accompagnée cependant, juste par amitié, et moi ? Quelle amie pitoyable étais-je ? Je n’eus pas le temps de finir ma phrase que j’éclatai en sanglot, descendant de voiture pour permettre à ma future belle-sœur de prendre ma place derrière le volant. Conduire, c’était insurmontable. J’avais dépensé trop d’énergie pour réprimer mon envie de sangloter devant cette putain. Elle n’en méritait pas tant, même si finalement, elle n’était pas entièrement responsable. Elle avait été claire sur la question : elle roula des hanches et il la suivit sans demander son reste. « Je me sens tellement stupide, si tu savais. » me plaignis-je la tête prise entre les mains, reniflant bruyamment. J’étais pathétique, que Dieu me pardonne, j’allais de frustrations en déception ces derniers jours. Certes, Mani était un ange avec moi. Mais, je n’avais toujours pas récupéré ma bague. Nous sortions à peine la tête de l’eau, si bien que j’en perdais lentement, mais sûrement, mon peu d’estime de moi. J’abandonnai au pied de ma seule amie des pans entiers de ma fierté, mais n’était-elle pas la mieux placée pour entendre mes doutes ? Elle ne me jugerait pas, elle. Elle voyait toujours le meilleur en moi, ignorant et comprenant mes faiblesses. « Quand je vois ça, je me dis que jamais je n’arriverai à le garder rien que pour moi. Je suis trop… ou pas assez… Je ne sais pas. » Fataliste, je haussai les épaules, saisissant à peine les mots réconfortants d’une Lyla plus affectée qu’elle veuille l’admettre, puisqu’elle se concentrait exclusivement sur moi et que pour une fois, j’acceptai de me complaire dans cette situation. « Tu sais quoi ? On va se trouver un endroit où on peut manger une glace. Chocolat pistache. Ça me plairait ça. Ça me consolerait. » Je récupérai un mouchoir qu’elle me tendit avant de démarrer le moteur de la voiture et je ne pipai plus un mot sur le sujet une fois mes larmes séchées. Mais, c’était là, quelque part dans le fin fond de mon esprit, et j’y pensais, encore et toujours, dans l’espoir de découvrir ce qui n’allait pas chez moi. Et puis, dans notre ancienne chambre commune, alors que les garçons n’étaient toujours pas rentrés, je retrouvai mon entrain brusquement quand j’eus le sentiment d’avoir trouvé une solution. La conversation qui s’ensuivit se ponctua de « ho », de « ha », de rougissement et de balbutiements. Ce fut néanmoins plutôt instructif. Cumulé à la lecture d’articles à la con dénichés sur internet, j’étais une pro de la théorie, bien que nous nous essayâmes à quelques exercices presque pratiques après avoir bu plus de tequila que la raison et la pudeur ne pouvaient le supporter. Et, une chose était certaine, la Tequila, ça nous allait moyennement. Elle m’obligea à avancer l’heure où je lui offrirais un beau cadeau, un qui lui couperait toute envie d’aller en chercher un du même genre ailleurs.
***
Cette soirée, je l’avais attendue comme le Messie pour deux bonnes raisons. La première, c’était que nous fêtions un mariage qui approchait et que je cautionnais aujourd’hui. La seconde, c’était que j’allais enfin pouvoir profiter d’une soirée avec ma meilleure amie après une longue période, non pas de silence, mais de rencontres raisonnables pour ne pas attiser la jalousie ou l’inquiétude de nos fiancés respectifs puisqu’ils manifestèrent l’un l’autre, à des moments différents, quelque réticence face à notre complicité. Nous, ça nous dépassait. Leur amitié n’était pas moins solide et envahissante que la nôtre, mais, de guerre lasse, nous avions fini par céder. C’était mieux comme ça, pour le moment, du moins j’espère. J’avais octroyé tant de place à Mani dans mon quotidien qu’il arrivait à occuper toutes mes pensées, ici, dans cette boîte bondée de Chippendales imberbes. « Mais qu’est-ce qu’on fout là ? »lançais-je à Lyla aussi peu réceptive que je l’étais moi-même. « Il nous faut de l’alcool. Beaucoup et très vite. » Je nous servis deux verres chacune. « Il va me falloir au moins ça pour arrêter de culpabiliser à chaque fois que mes yeux se posent sur ces types. J’ai l’impression de faire quelque chose de mal à chaque fois que je les imagine en train de fumer le cigare et de déguster du whisky. Et pourtant, il n’y a rien à voir. Santé. » l’incitais-je en suite en levant le coude, quoi qu’il m’en manquait pas mal pour me laver de cette impression d’être une putain d’égoïste. « Non, mais, sérieusement, regarde celui-là. J’ai beau fixer son entrejambe avec insistance, je ne vois rien. Rien du tout. J’espère qu’il est plus impressionnant au garde-à-vous.. ou qu’il sait s’en servir, ou ça ne doit pas être facile tous les jours d’être dans sa peau. Et celui-là, là-bas, il brille tellement que si je ne détourne pas les yeux il va me brûler la rétine. »
Ma propre connerie m’amusait, mais ça ne m’aidait pas vraiment à me détendre pleinement. C’était pire encore lorsque je posais les yeux sur ma garde personnelle. « Tu sais quoi ? Je vais lui envoyer un message. Mon sixième sens me dit que si je ne le fais pas, il va se mettre en tête que je me suis amusée comme une petite folle à mater du Ken en quête d’une Barbie. » Et la réponse ne se fit pas attendre, signe qu’il s’ennuyait comme un rat mort. « Regarde ça. Là, je peux te confirmer qu’ils ne sont pas en train de secouer leur tête entre une paire de seins de Silicon Valley… Ils doivent se faire grave chier. Qu’est-ce que tu dirais d’égayer un peu leur soirée ? Peut-être que je ne suis pas obligée d’attendre la nuit de noces pour lui rappeler que ça vaut parfois le coup d’attendre un peu. » Tout du mois, si je suis à la hauteur de mes ambitions. « Et puis, franchement, l’abstinence, ça ne sert à rien. Non, mais, sérieusement, regarde dans quel état ça les met. » Je désignai les filles de l’assemblée qui jetait petite culotte ou soutien-gorge au danseur à moitié à poil. « Bon après, je ne veux pas t’influencer, mais tu ne vas pas me dire que tu as pas envie de lui sauter dessus pour le violer parfois. Non ? Non ? Il y a que moi pour penser des trucs pareils ? Allez, j'ai l'impression d'être une débauchée maintenant. » Un haussement de sourcils plus tard, nous étions dans les toilettes armées de nos téléphones en guise d’appareil photo. C’était un jeu dangereux, j’en convenais, mais une bouteille à la main, et adressée au bon interlocuteur, rien n’est vraiment interdit. Absolument rien.
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❝Lyla Gambino❞
ADMINE ET PUNITRICE
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Mer 18 Mai - 21:41
And I'm feeling good
ft Cinzia de la Vega
Est-ce que le fait que Lucky ait tenté une réconciliation sur l’oreiller devait me rassurer ou m’inquiéter ? Je ne savais pas vraiment comment le prendre et à vrai dire, je ne voulais absolument pas y penser, DU TOUT ! Peut-être que je trouverais la force de me pencher à nouveau là-dessus mais pas tant que ce serait frais dans ma mémoire et que la douleur me picoterait encore le cœur. Ce n’était pas utile et j’avais besoin d’avancer alors que le mariage ne tarderait plus. Je ne pouvais me permettre de regarder en arrière et de me marier pour de mauvaises raisons. Il me fallait faire la part des choses et décider ce que je voulais pour moi et mon futur. Il devait en faire partie, c’était une constante de tous mes projets, alors il en ferait partie et je ferais de mon mieux pour que ça se passe bien entre nous. Il m’avait juré que ça ne se reproduirait plus, jamais, alors je me devais de lui faire confiance. Je ne pouvais promettre que ma jalousie ne rejaillirait pas à la première occasion mais j’essayais de tout mon cœur. Je n’avais pas le droit de m’appesantir sur une petite chose négative alors que tout le reste me rendait heureuse. C’était ridicule et nous méritions mieux que ça. « Tu n’es pas sérieuse ?! Il a rampé ? » J’éclatai de rire en essayant d’imaginer le jefe de la MS13 à genoux pour une femme. C’était si incongru que j’eus du mal à reprendre mon sérieux. Heureusement que je n’étais pas du genre à répandre les rumeurs et à aimer foutre la merde, une information comme celle-là aurait pu remettre sa réputation en question. Pour moi, c’était la preuve qu’il l’aimait vraiment et qu’il était prêt à tout pour l’empêcher de partir. Je trouvais ça presque beau. « T’as vomi ? » L’étonnement passé, je fus de nouveau secouée par un rire incontrôlable. « Putain, t’es mon héroïne ! Le vin, non ? Ce n’est pas plus mal, coucher avec lui à ce moment-là, ça n’aurait pas forcément envoyé les bons signaux, enfin je crois… Moi j’en aurais été incapable ! » confiai-je avec sincérité, s’il y avait bien quelqu’un à qui je pouvais tout avouer, c’était elle. « Pas de soucis, je comprends très bien, j’ai eu le droit à un « vous vous entendez si bien que j’ai parfois l’impression que ça va mieux entre vous qu’entre nous », crois-moi, ça ne m’a pas forcément enchanté ! Va falloir qu’on leur fasse comprendre qu’ils sont importants pour nous, une fois qu’ils l’auront bien intégré, ça ira mieux ! N’est-ce pas merveilleux ?! Ce sont eux qui nous trompent mais on doit les rassurer ! »
J’aurais aimé ne pas me retrouver face à celle qui avait manqué de tout foutre en l’air. Je ne pus m’empêcher de penser qu’elles avaient vraiment de sales gueules de putains mais je n’étais pas moins blessée pour autant. La détresse plus palpable de Cinzia me permit au moins de refouler la mienne et de serrer les dents pour être capable de la consoler. Je lui pris la main alors que j’étais concentrée sur la route et je la serrai dans la mienne. « Tu cherches des réponses mais je ne suis pas certaine que ce serait là que tu trouverais celles que tu voulais vraiment ! Tu n’as rien à envier à cette pétasse, t’es tellement plus belle et sophistiquée ! Ce n’est pas pour rien que c’est avec toi qu’il veut se marier, Cinzia ! T’es une femme extraordinaire ! Tu ne dois pas en douter ! » Elle et la confiance en soi, c’était toute une histoire et je faisais souvent de mon mieux pour gonfler son ego autant que possible. Comment une femme aussi belle pouvait douter de ses atouts ? COMMENT ? Si elle était moche, le monde entier l’était ! Je voyais bien le regard des hommes sur elle et Mani n’était pas jaloux maladif sans raison et en dépit de tout ça, elle persistait à douter. « Tu es tout ce qu’il faut, sinon il n’aurait pas pris la peine d’insister de te sortir une bague de fiançailles sur mesure de derrière les fagots. Une pute est une pute, ça ne change rien à ce que tu es et à ce qu’il ressent ! Il sait ce qu’il fait, si y a bien un type qui sait ce qu’il fait, c’est lui ! Cette demande en mariage ne sort pas de nulle part, Cinzia ! Avant toi, il n’y avait personne pour prétendre à cette place ! Remets les choses en perspective et vois ce que tu as su faire de lui ! » J’étais tellement en colère vis-à-vis de la situation et de toute cette merde que ça brassait. Cela creusait un trou béant dans ma poitrine et je sentais que ça se tournait doucement mais sûrement vers mon fiancé. J’avais intérêt à me détendre avant de retourner dans notre chambre d’hôtel ou j’allais provoquer une dispute. Je ne commandai une glace que pour qu’elle ne se sente pas seule mais je n’y touchai pas et sur le chemin du retour, je la laissai faire la conversation pour deux, parce que j’étais incapable de me focaliser sur autre chose que mon ire qui enflait, enflait encore et me donnait l’impression que je ne tarderais plus à imploser « J’ai envie de rentrer à New York, Cinzia, et sans lui ! » lâchai-je alors qu’elle tentait de me tirer les vers du nez. « Je ne voulais pas y aller pour cette raison, parce que j’essaie de me focaliser sur les bonnes raisons de rester avec lui mais là, la voir ! J’ai tellement la haine ! Je ne fais qu’entendre ce qu’il disait avant de me voir autrement que comme ton amie, que je n’étais pas assez ceci, pas assez cela. Trop mince, pas assez pulpeuse, pas assez engageante ! Et s’il le pensait encore ? Je ne veux pas être la nouvelle Antonella, parce que j’aurais beau déployer tous les moyens possibles et imaginables pour pimenter notre vie sexuelle, ce ne serait jamais assez, parce que je ne serais pas assez ! »
***
« Disons que leur soirée de merde, c’est de notre faute et de la culpabilité qu’on les a obligés à ressentir… Lucky se justifie tout le temps et il panique dès qu’il voit que je suis contrariée ! Il me fait mal au cœur, et si on leur commandait des strip-teaseuses quand même ? » Parce qu’il devait enterrer sa vie de garçon dignement et si j’avais su, je lui aurais organisé un truc du feu de Dieu, parce que je ne voulais pas qu’il me voie comme l’autre casse burnes castratrice. S’il regardait mais ne touchait pas, quel était le mal, hein ? Aucun ! C’était toujours mieux que de passer une soirée chiante entre mecs à se demander ce que Mani aurait pu faire de grandiose pour marquer cette soirée d’une pierre blanche. Les remarques de Cinzia me firent éclater de rire parce qu’elle me lançait dans mon jeu préféré. « Toute façon, il paraît qu’ils sont presque tous homosexuels, mon frère me l’a dit et il s’y connait ! En même temps, il n’y a pas assez dans ces strings en cuir pour satisfaire une vraie femme ! » Je cessai de rire quand l’un d’eux débaroula de nulle part et se mit à remuer le bassin avec une volupté et une aisance qui éveillèrent quelque chose en moi. « Oh la vache, sauf lui ! T’as vu comment il danse, l’enfoiré ? C’est un appel à la luxure ! Je parie qu’il est encore plus gay que les autres ! Mais putain ! Tu crois que si je demande à ton frère de me faire ça, il pourrait être d’accord ? » Je ne le quittais pas des yeux, me disant que ça pourrait être plus qu’excitant avec la bonne personne. « L’autre du fond a du potentiel, le gars typé du Sud là mais la vache, on dirait qu’il a un balai dans le cul ! Faut lui envoyer de l’argent pour l’aider un peu, on dirait qu’il a une maladie orpheline ! » Cette remarque me tua et je repartis dans un fou rire, essayant de ne plus reposer les yeux sur l’autre enfoiré qui dansait comme un Dieu. Je comptais sur les doigts d’une main les fois où Lucky m’avait fait danser, je me dis que lui dire qu’ici, il y avait un type qui me rappelait qu’il ne me faisait pas assez polir la piste de danse serait peut-être un électrochoc. « Lui envoyer une photo de tes seins serait plus efficace, je te dis ça, je te dis rien ! » J’enchaînais les verres de téquila, parce que je me faisais chier et que j’aurais aimé être partout sauf ici. « Vends-moi du rêve, toi, t’aurais fait quoi pour mon enterrement de vie de jeune fille ? » ne pus-je m’empêcher de lui demander. « Je ne pense qu’à ça, tout le temps ! Et à ce que je ferais, comment et combien de fois ! Parfois, je me dis que j’adorerais l’entendre me supplier jusqu’à…Ok, c’est bon, viens, on va aux chiottes ! » J’avalai mon dernier shot et fis signe aux filles que nous allions aux commodités avant de pousser Cinzia, de redresser ma couronne et mon écharpe et de fermer la porte derrière nous. « Ok, remonte-moi tout ça ma grande, faut lui vendre du rêve ! » Je l’aidai à ajuster son décolleté. « Tu penseras à m’en refiler un peu un jour, ça me donnera un argument convaincant pendant nos disputes ! » Je pouffai en grimpant sur le lavabo, me mangeant le plafond en jurant et en riant de plus belle alors que je jouais les photographes amateurs. Il nous fallut dix minutes pour décerner le premier prix et nous étions sous tension jusqu’à ce qu’il réponde ce qui ne laissait planer aucun doute sur son état. « Les seins, ça marche toujours ! » approuvai-je en faisant la moue appropriée et en hochant la tête.
« Tu sais quoi, prends une photo en contre plongée, je ne peux pas tout miser sur ma poitrine alors je vais faire avec le reste ! » affirmai-je, hilare. Ma robe était comme une deuxième peau et d’une couleur criarde, c’était voulu, je profitais de ma dernière vraie soirée de célibataire. « J’attends le commentaire sur la longueur de la robe et son étroitesse avec impatience. » En attendant, j’alpaguai un serveur pour qu’il nous ramène à boire, il faisait soif dans ces toilettes. « Il me répond « dire que bientôt, tout ça sera à moi », tu sens comme il a peur que ça ne débouche sur rien ! Je lui en fais baver depuis notre retour de LA, les photos dénudées, le sexe par téléphone, parfois alors qu’il dort dans la chambre à côté… je ne l’ai pas épargné. Bon, la prochaine, tu veux que je la prenne où et comment ? Parce que sinon, j’ai bien une idée ! » On se retrouva chacune dans un cabinet et nous en ressortîmes avec le même sourire. « Si cette fois, le message n’est pas clair ! Je ne sais pas ce qu’on peut faire ! Qui va ramener Jez ? »
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❝Cinzia Herrera❞
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE
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Mar 24 Mai - 0:43
And I'm feeling good
ft Lyla Banana
À chaque compliment, je hochais vigoureusement de la tête pour m’en imprégner jusqu’à ce que s’assèche ce torrent de larmes qui inondait mes joues. Elle donnait son maximum pour me rassurer et c’était bougrement efficace. Combien de temps ce remède agirait-il sur mes incertitudes ? Je n’en avais aucune idée précise, mais je comptais bien permettre à ces bons soins de creuser leur trou dans mon cœur pour qu’il redore le blason de mon ego. Ce n’était pas de viles et vaines paroles. Elle croyait chaque phrase, car elle était une amie franche, sincère inestimable. Penser que nous étions forcées de nous éloigner l’une de l’autre pour apaiser les angoisses de nos fiancés m’attristait au plus haut point, mais avions-nous le choix ? Sur l’heure, nos couples n’étaient plus que l’ombre de ce qu’ils étaient à New York et si je gardais espoir que tout s’arrange, mes doutes sur ce que j’apportais ou pas à Mani semblaient particulièrement contagieux. Mais comment rassurer Lyla alors que j’intégrais seulement et, peu à peu, que je n’étais pas l’unique responsable de ce merdier ? Pourrais-je trouver les mots pour la retenir ? Elle méritait du moins que j’essaie et j’abandonnai ma cuillère dans ma coupe de glace pour me concentrer exclusivement sur elle., l’air grave et convaincu.
"Non, tu n’as pas envie de rentrer sans lui où tu l’aurais déjà fait. Ça ne t'a peut-être effleuré l’esprit, mais tu ne l’as pas fait. Tu as besoin de mon frère comme il a besoin de toi et comme j’ai besoin de Mani et tu sais très bien que c’est vrai. C’est de ma faute si tu parles comme ça, car je doute perpétuellement de moi, mais tu n’as pas plus de raisons que moi de penser que tu es la cause du problème. Tu es magnifique, intelligente, créative. Tu te démènes tous les jours pour préserver ce qui te revient de droit parce que c’est toi qu’il a choisie pour faire sa vie. Tu crois qu’il ne sait pas ce qu’il fait ? Qu’il n’y a pas mûrement réfléchi avant de te demander de l’épouser ? Lucky méprise les femmes habituellement, en particulier celles du genre qu’on a rencontrées aujourd’hui. Toi, il t’aime, mal parfois, je te l’accorde. On en a eu la preuve, mais ce qu’il a fait pour te retenir, tu peux te vanter d’être la seule à l’avoir obtenu. La seule. Ce n’est pas rien. Jusqu’ici, il était l'unique personne qui comptait pour lui. Plus maintenant. Il t'adore plus que son honneur et pour un Sicilien, ça signifie énormément. Tu sais, le connaissant, je me dis qu’il a probablement fait ce qu’il a fait parce qu’il a eu peur de ce qu’il ressentait pour toi. Ce n’est pas une excuse valable bien sûr, mais c’est un début d’explication sur lequel tu devrais sans doute te pencher sérieusement. Fais-moi plaisir, ma puce, attarde-toi sur la façon dont il t'observe et tu réaliseras que le souci, ce n’est pas que tu n’es pas assez, mais que tu es « trop », tellement trop qu’il a paniqué. Alors, s’i te plait, ne dis plus que tu veux partir sans lui. Partir, c’est vous attirer des ennuis supplémentaires dont votre couple n’a pas besoin actuellement, parce que je suis convaincue que tu le regrettera. J’en suis certaine. Et si cette glace ne suffit pas à te remonter le moral, on va passer à l’étape suivante. » Je jetai un regard autour de moi et je verrouillai une cible facile. « Regarde-moi celle-là avec son mini-short en jeans et son legging blanc. J’espère pour elle qu’elle est gentille. » Bitcher, ça rendait le sourire à toutes les femmes. Quiconque dirait le contraire serait une fieffée hypocrite.
Nos congénères du sexe n’étaient pas nos seules victimes d’ailleurs. À la fête organisée pour Lyla, nous nous attaquâmes aux chippendales sans scrupule. Nous comparions leur membre, nous moquions d’eux gentiment quand il ne nous arrivait pas de reconnaître à certains d’entre eux des atouts appréciables. Il n’empêche que nous ne rêvions pas d’être dans cette boîte alors que nous fiancés passaient une soirée de merde par notre faute. Nous culpabilisions, si bien qu’indirectement, ils étaient de toutes nos conversations. « Moi, j’aurais organisé une soirée avec de la bouffe, beaucoup de bouffe. De l’alcool, mais ça, on est pourvue. Des mariachis pour vanter tes mérites et un petit rendez-vous salace avec mon frère. Pas Gaby. Je parlais plutôt de l’heureux élu. Bon, ça ne te vend peut-être autant de rêves que prévu, mais c’est parce que je ne vois pas l’utilité de ce genre de fêtes. Quel intérêt de voir des mecs à poil quand on tout ce qu’il nous faut à la maison ? » conclus-je d’un clin d’œil en me demander si, tout compte fait, je n’aurais pas visé juste, la suite de notre échange semblant converger vers un manque cruel de rendez-vous affectif avec son futur mari. Son imagination était aussi lubrique et fertile que la mienne. « Ah oui ? Putain, tu me rassures. J’ai cru un moment que j’étais devenue complètement accroc. » Bien qu’il y avait un peu de ça, je n’en doutais pas vraiment. « Vas-y, à ton tour de me vendre du rêve, qu’est-ce que tu lui ferais ? Et je veux tous les détails. Je garderai ça dans un coin de ma tête, au cas où, et je confierai ce qui se cache dans la mienne. » Ce serait somme toute moins palpitant…
Toute cette discussion me trotta à l’esprit au cours de notre escapade aux toilettes. Les clichés s’enchaînaient à une vitesse fulgurante. Je suivais les conseils et j’en distribuais d’autres au gré de nos envies exagérées par l’alcool. Nous devions ressembler à deux ados aux hormones en folie à glousser comme des dindes, mais la situation était si drôle. Voir Lyla grimper sur un évier me fit partir en éclats de rires. Tout comme moi qui m’accroupis au maximum pour allonger ses jambes nues et suggérer ce que sa robe cachait. Chaque réponse que nous obtenions était attendue avec grande impatience et surtout partagée et la dernière de Manuel ne laissa planer aucun doute. « Je n’aurais jamais osé lui faire un truc pareil, moi. Je te jure, j’ai déjà l’impression qu’il est au bout de sa vie. Je crois que je n’aurais pas tenu jusque là si je n’avais pas fait attention à ne pas l’allumer. Enfin, remarque, j’aurais peut-être dû.» avouais-je doucement en avalant pourtant une énorme gorgée de Tequila au goulot. Elle me brûla l’estomac. « Tu imagines ? Si je lui refais le coup de LA, il va me violer pendant que je serai penchée au-dessus de la cuvette des WC. »
Cette simple évocation me fit mourir de rire, signe que j’étais bien entamée, juste ce qu’il fallait néanmoins. J’avais veillé à boire avec parcimonie. « Tu sais quoi ? Je vais envoyer un message à Gabriele. Je suis sûr, il sera ravi de pouvoir s’occuper de la petite pour la soirée. » lui confiais-je en sortant d’un cabinet après avoir cédé à l’appel de son idée. Elle était farfelue, mais elle n’y coupa pas. « Putain, je suis en train de me laisser dépasser par les événements. Faut que j’arrête de boire où je vais me mettre à paniquer. » Ce qui, en soi, serait une réaction purement stupide. J’avais provoqué l’excitation de Mani. J’avais été jusqu’à prévoir quels cadeaux je lui offrirais à l’occasion de nos retrouvailles. « Tu sais quoi ? Tu devrais plutôt appeler Gabriele toi-même, parce que je crois que je serai plus là pour te communiquer sa réponse. Souhaite-moi bonne chance, force et robustesse. » lui lançais-je en soufflant un bon coup. Je l’abandonnai dans les toilettes, non sans l’avoir embrassé sur le front auparavant.
*** Les occasions de nous voir étaient rares. Nous n’avions même pas encore pu trouver un moment pour nous raconter nos folles expériences. Et pourtant, j’en avais des choses à lui expliquer, des agréables et d’autres un peu moins. Mani m’en voulait à un tel point pour mon silence à propos de ma probable maladie que j’avais l’impression d’avoir tout gâché, ce que je me gardai néanmoins de dire. J’avais besoin de rentrer dans les détails et ce n’était pas l'heure de le faire. Lyla se mariait dans moins de 48 heures. Sa mère lui menait la vie dure. il valait mieux parler d’elle et pas de moi puisque mon frère ne me l’envoyait pas par hasard. « Alors ? La répétition ? J’aurais voulu être là. » Sauf que sa robe était trop petite lors du dernier essayage et en tant que témoin, j’avais dû la récupérer d’urgence après qu’elle ait été retouchée. « Et ta soirée avec Lucky ? Tu ne m’as pas raconté et je veux tout savoir. Tu as eu ton strip-tease ? » la taquinais-je en la poussant du coude. « Et, tu sais ce que j’ai dans ma garde-robe. Ta robe de mariée. La couturière était super vexée, mais le résultat est super génial. Tu veux la voir ? Tu devrais peut-être même l’essayer, car s’il y a un souci, je pourrai toujours trouver une solution demain. » J’en avais à revendre quand j’étais déterminée à atteindre un but.
Je l’attendis assise sur mon lit en surveillant l’heure et mon téléphone patientant sagement aprè les nouvelles de Jezabel qui était avec mon frère et celles de Manuel qui manquait tant de temps pour moi, ce qui signifiais que je vivais angoissée depuis des jours. « Ça y est ? Tu es prêt ? » lui lançais-je ne supportant pas d’être seule dans une pièce. Lyla quitta la salle d’eau et je fus éblouie par son décolleté. « Ça a l’air d’aller, mais je n’avais pas souvenir que tu avais d’aussi gros seins. Ça te va bien, mais… sans vouloir être alarmiste. Ça fait quand même un paquet de temps que tu bouffes pour quatre. Tu n’as pas des nausées par hasard ? Tu as eu quand tes règles pour la dernière fois ? » Visiblement, aucun problème à ce niveau, mais les cas de déni de grossesse n’était pas rare de nos jours. Compte tenu de l’impact qu’il pouvait avoir sur le développement de l’enfant, je me dis par ailleurs qu’il valait certainement mieux agir. « Moi, je dis, ça ne coûte rien de vérifier. Je ne trouve quand même pas normal que tu sois aussi sensible et aussi excessive par moment. Et puis, quelle différence ça fait ? vous allez vous marier ? Allez, il n’est pas encore trop tard. On va chercher un test. Si tu veux, j’en fais un avec toi…pour te donner du courage. »
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❝Lyla Gambino❞
ADMINE ET PUNITRICE
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Dim 29 Mai - 19:19
And I'm feeling good
ft Cinzia de la Vega
Sans les explications sensées de Cinzia, j’aurais fait une connerie et j’aurais choisi de rentrer toute seule à New York, j’aurais rompu nos fiançailles et j’aurais décidé d’emprunter un autre chemin que celui que nous avions décidé de tracer à deux. J’en aurais souffert plus que de raison et il m’aurait fallu trouver une autre échappatoire que l’armée. J’aurais probablement demandé à réintégrer la caserne et je me serais abruti de travail. Bien qu’entre nous, je doutais sincèrement que Luciano m’aurait laissé filer si facilement. J’étais une des rares femmes qu’il considérait autrement que comme un objet, il n’avait sans doute pas pour projet de se débarrasser de moi à la première occasion, même si ce fut ce que je déduis de son écart de conduite. Je ne m’étais pas dit qu’il peinait à gérer ses émotions et y compris ce qui nous unissait, parce que j’étais trop préoccupée par les miennes. Perdue entre mes angoisses, mes craintes et mes souvenirs ainsi que par le bonheur qui m’apportait, je ne voyais pas le reste et surtout plus ce qui se trouvait pourtant sous mes yeux. Il se mariait, lui qui trouvait ça ridicule depuis toujours et qui n’avait eu de cesse de répéter que c’était une perte de temps et d’énergie et pis encore, il épousait une fille dont il était tombé amoureux par la force des choses et malgré lui. Ça faisait beaucoup à encaisser en peu de temps, entre ça et la fidélité, il ne fallait pas s’étonner qu’il soit parti en couille. Je refusai néanmoins de croire que le fait que je sois trop soit la raison de son trouble, je ne pouvais tout simplement pas l’envisager, j’avais bien plus besoin de lui que le contraire. Malgré tout, je nous punis pour notre bien, l’abstinence était une façon pour moi de tester mon pouvoir de séduction sur lui et l’amour qu’il pouvait me porter. Si c’était aussi compliqué pour lui que pour moi, il respecta malgré tout ma décision. Contrairement à lui, je tenais bien moins le choc et avant de me décider sous l’impulsion de Cinzia, toutes mes tentatives de corruption furent une forme d’appel à l’aide ou presque. J’aurais sans doute me montrer plus explicite, il dut craindre de me froisser en mettant un terme à la période la plus pénible de notre relation et je n’y étais pas étrangère, j’avais failli céder tellement de fois avant de me reprendre après un regain de conscience mais pas de bon sens. Mais nos retrouvailles n’auraient pas été aussi drôles et animées sans autant d’attente et au moins, j’étais certaine de toujours avoir ce pouvoir d’attraction sur lui.
« Bouffe et mariachis, on dirait un rêve ! Non, je suis d’accord, je ne vois pas l’intérêt d’être là quand on est déjà pourvu, quelle perte de temps ! » De ce que j’avais pu comprendre de la relation entre Maria et mon frère, c’était que c’était compliqué et qu’il ne lui accordait pas assez de temps pour qu’elle soit pleinement satisfaite et heureuse. Était-ce qui arrivait après quelques années de mariage ? Ou bien cela tenait-il à la nature de coureur de mon frangin ? Je ne voulais pas finir comme eux en tout cas. demandai-je en lui donnant un petit coup de coude en haussant les sourcils. Je voyais le visage de Jezabel changer, elle faisait mine de regarder la scène mais je voyais bien qu’elle écoutait, elle était trop près pour ne pas entendre. « Ecoute, j’ai cru qu’il braverait mon père et se faufilerait dans ma chambre mais non… Je suis déçue, je l’ai connu plus coriace que ça ! » plaisantai-je avant d’éclater de rire quand Cinzia m’offrit une image plus que parlante. Nous terminâmes dans les toilettes, comme deux grandes dindes, à rire comme des connes et à réagir avec peu de discrétion à chacun des réponses que nous recevions, nous montrant nos téléphones. Je l’embrassai sur la joue quand elle entreprit de me quitter. « Tout va bien se passer, souviens-toi que t’es une amazone et que tu es celle qui décide ce soir ! Et tiens-moi au courant, je m’occupe de Jez ! » promis-je en remettant de l’ordre dans ma tenue et en sortant pour dire à la gamine que son fiancé était en route.
***
Après la répétition catastrophique, je fus dispensée de retourner chez mes parents et ce fut mieux ainsi, je ne voulais pas entendre parler ma mère des retouches sur la robe parce que j’avais grossi, je ne voulais pas qu’elle puisse me faire une remarque désobligeante de plus sous peine d’exploser. J’allais déjà devoir rattraper le coup avec mon père qui n’avait soutenu ma mère que par principe et certainement pas parce qu’il était d’accord avec elle. Tout ça me mettait dans tous mes états, j’étais heureuse de pouvoir retrouver ma meilleure amie pour un peu de soutien. Elle me fourra ma robe dans les bras pour que j’aille l’enfiler et que nous puissions voir si les retouches étaient bonnes. « Heureusement que tu n’étais pas là ! » commençai-je de l’autre pièce « Ma mère en a rajouté une couche, je suis devenue folle de rage, je lui ai dit de ne pas venir et à mon père aussi. Et puis ton père est venu me raisonner et pourtant, ta maman a vraiment essayé d’arrondir les angles, elle contrebalançait chaque critique de Rita par un compliment mais je saturais. On a dû passer pour une famille de fous, ça me fait de la peine de donner cette image de nous. » admis-je ayant à peine sortie la robe de sa housse. Il fallait encore que je retire mes fringues. « La soirée était top et j‘ai eu mon strip-tease, j’ai même une vidéo mais tu vas voir, c’est très court, c’est parce que je l’ai violé juste après, pauvre garçon ! » Je ricanai en me défaisant de mon jean dans lequel je me sentais de plus en plus à l’étroit et pourtant, je surveillais ce que je mangeais. « Et toi alors ? Il a apprécié sa nuit avec une princesse guerrière ou quoi ? » Je passai la robe, priant pour ne pas être trop grosse pour réussir à rentrer dedans. Grossir n’était pas un problème mais trouver une robe la veille de mes noces, si ! J’émergeai enfin, satisfaite de ne pas avoir l’air d’un saucisson plein de bourrelets disgracieux. « Je viens de me dire la même chose mais j’ai mes règles tu sais… Et je me sens très bien, j’ai juste faim, j’imagine que c’est le stress du mariage et la pression que ma mère me met sur les épaules. » Mais il en fallait bien plus que ça pour convaincre la sicilienne. Je n’osai pas lui dire non, voilà comment nous nous retrouvâmes toutes les deux dans sa salle de bain, avec le test de l’autre, à attendre le résultat. Elle avait l’air plus sereine que moi et pourtant. « Euh… Fais voir la notice ! » m’exclamai-je en vérifiant l’écran et le bout de papier. « Chérie… Je crois que t’es enceinte ! On en a pris en plus, refais-le, faut qu’on soit sûres pour trouver comment gérer la situation, parce que faut pas que ça se voit à tes noces. » Oui, il fallait penser de façon rationnelle et avec méthode, ça m’évitait au moins de me préoccuper de celui qu’elle tenait entre ses doigts et que j’avais déjà entrevu mais je préférais le déni. Lucky n’était pas prêt pour ça, je ne saurais pas quoi faire de cette information et j’étais certaine qu’il ne le verrait pas comme une bonne nouvelle. C’était encore un enfant, je m’occupais de lui et ça lui allait très bien comme ça mais fonder une famille, c’était un plongeon trop radical dans la vie d’adulte après le mariage, ça faisait beaucoup pour lui. « Alors, le nouveau donne quoi ? »
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❝Cinzia Herrera❞
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Mar 7 Juin - 0:58
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ft Lyla Banana
Alors qu’elle confirmait mes inquiétudes par rapport à mes obsessions licencieuses et, surtout, à leurs causes, je me dis d’emblée qu’elle exagérait tant à son sujet qu’au mien. Et puis, je me souvins du nombre incalculable de fois où je faillis balancer ma petite culotte au visage de Mani, signant ainsi la fin de cette difficile période d’abstinence qui ne rimait à rien. Mon teint vira à l’écarlate, car sans une piqûre de rappel de mon amie à l’aide d’un message que je sollicitais moi-même, j’aurais fini par céder à l’appel de ce corps qu’il exposait allégrement, comme une œuvre d’art à chaque occasion, sans pudeur, sans scrupule et avec l’intention claire de faire pencher la balance de son côté. Pas étonnant que la conversation ne tourne autour de nos frustrations respectives. Nous échangions sans nous soucier des innocentes oreilles alentour. Jezabel était curieuse, c’était logique, mais l’épargner de nos idées farfelues lui aurait davantage servi. Et, là encore, mon sevrage sexuel s’était déroulé sans encombre, je n’en serais inquiété plus allant. Dieu me pardonne : j’étais mordue, mais loin d’être fière pour autant. » Mon père nous entendrait. J’ai honte pour lui. » déclarais-je par acquit de conscience bien que particulièrement attentive à ses projets pour la suite de cette soirée. « Tu sais, une nuit, c’est long. Avec un peu de patience, ton heure viendra. » Quant à moi, je n’en possédais plus assez en stock. J’étais tellement débile rien que d’en parler, que Mani finirait désapé en partie, si, bien entendu, je ne me dégonflais pas le moment venu, e dont je doutais avant même d’allumer un incendie de quelques photos. « Je plaide coupable, parce qu’à un moment, moi je dis, faut pas s’encombrer des détails protocolaires., tout ça… ça ne vaut pas le coup, c’est trop tard de toute façon. Un plus et rien en moins, c’est tout aussi bien, voire mieux. » J’avais déjà mis un pied de travers — du moins était-ce de cette façon que ma famille appréhenderait mes faiblesses – alors, à quoi bon jouer les prudes effarouchées ? Ça n’avait plus grand sens, moins encore depuis que je m’étais mis en tête qu’à Los Angeles, il chercha dans la bouche d’une putain ce que la mienne se refusait d’offrir avant le mariage. Je me gardai toutefois de préciser l’inutile.
Lyla m’avait déjà sondée sur mes motivations de peur que je me force la main, ce qui empoisonnerait mon initiative. Or, c’était exactement le genre de graines à ne pas planter ce soir. J’avais beau l’aimer de tout mon cœur, mon fiancé, je ne me soumettrai jamais à ses désirs présumés pour sauver mon couple ou parce que j’étais désespérée. Nous allions bien et je n’avais aucune raison de l’être. Je l’avais en tête depuis un paquet de semaine en prime, j’avais seulement besoin de surmonter ma peur de mal faire, de nous décevoir et donc de me refermer comme une huître à cause de l’échec. C’était chose faite. Je prenais un peu d’avance, rien de plus. « Et, je n’avais rien prévu d’autres, mais là… là… je prends note. Tu fais ma nuit là. » admis-je en riant à gorge déployée, ouvrant grand les bras avec grandiloquence et conviction, mue par l’alcool et par l’excitation. Je ne tenais plus en place. Fallait que je l’appelle. Non ! Que je lui envoie un message, puis un autre et encore un suivant sous l’œil intéressé d’une Lyla en pleine conversation avec son futur mari. Nos texto étaient de plus en plus osés. Chaque réponse était sujette à surenchère. Nous ne riions pas, nous gloussions comme des dindons, fières de nous et prêtes à toutes les audaces pour qu’ils nous sortent de ces toilettes. Certes, l’espace d’un instant, je me démontai, mais ça ne dura pas grâce aux encouragements de ma meilleure amie et à ma détermination à renouer entre Mani et moi la communication physique. Je quittai les w.c requinquée, imitant le bruit d’un fouet qui claque en mimant le geste. Elle éclata de rire et je lui promis un compte-rendu presque détaillé à la première occasion, à condition, bien sûr, que ça soit racontable et sans songer que les occasions seraient rares.
***
Contrairement à elle et à son indulgence, j’aurais préféré pouvoir la soutenir durant l’épreuve que devint la répétition du mariage à cause de sa mère. Elle était tellement dérangeante en ce moment. J’adorais Rita, car elle m’accueillait toujours chez elle comme si j’étais une autre fille de la maison, mais je détestais qu’elle s’en prenne à ma meilleure amie de la sorte, si peu de temps avant son mariage. Après avoir été abandonnée par son premier fiancé, n’était-elle pas en droit d’être angoissée ? N’était-il pas logique, pour une maman, d’aider plutôt que d’enfoncer ? Ça me fâchait contre elle et contre moi, même si à ma façon, je fus plus utile là où j’étais puisque sans moi, il n’y aurait pas eu de mariée somptueuse, juste une jeune femme saucissonnée dans un bustier trop étroit. « Ne dis pas n’importe quoi. N’essaie pas de nous voler la vedette, c’est nous les dingues dans le coin. » prétendis-je pour apaiser ses craintes. « On voit bien que tu n’étais pas là au mariage d’Andrea. C’était de toute beauté. Les Gambino étaient déchaînés. Surtout ma mère. Elle avait un peu de mal avec Gloria. Enfin, tu vas me dire, ça n’arrange pas tes affaires, mais si ça te peut te permettre de te dire que personne ne juge personne, parce qu’on est mal placé pour le faire… Ils seront là quand même ? Je veux dire, tu as réussi à les convaincre que tu ne pensais pas ce que tu disais ? Parce que Lucky le vivrait mal si ton père ne te conduisait pas devant l’autel… et tu pourrais le regretter. Tu l’adores. Si lui te soutient, ne t’occupe pas de Rita. Elle se calmera. » J’en étais convaincue… Tout comme des raisons qui justifiaient cette soudaine prise de poids. À mon sens, le stress n’expliquait tout. J’en étais la preuve vivante, je compensais par la bouffe mes plus infimes frustrations, et si j’avais des tendances « yoyo », je me maintenais plus ou moins. Je n’avais jamais pris plus de quelques kilos. Elle, elle en était au moins à cinq, et j’étais gentille. « J’ai eu un doute à un moment, mais… je crois que oui. » Je narrai nos exploits, exception faite de ce que j’estimais avoir à garder pour nous, pour notre image à tous les deux. « Le plus difficile, c’est d’être à nouveau séparée de lui. Je t’envie, tu sais. Toi, demain, c’est plié. Moi, j’ai l’impression que mon père prend un malin plaisir à ne pas nous faire plaisir justement… Et, je t’annonce que tu es magnifique. » m’exclamais-je alors que j’assistais au plus joli spectacle. L’émotion me submergea et j’essuyai une larme qui déborda de mes paupières en me levant pour la serrer dans mes bras. « Tu vas faire des envieuses et des jaloux. » D’autant que ces formes lui allaient à merveille, bien qu’elle soit inquiétante.
Je ne lui proposai pas un test de grossesse. Je le lui imposai, qu’elle évite de se prendre une cuite pour le bien du petit être qui grandissait elle. J’en étais tellement persuadée de ce que la surprise me déserta quand le test dégoté chez un pharmacien de garde après que nous ayons faits des pieds et des mains pour quitter le domaine quelques minutes. En revanche, j’écarquillai des grands yeux quand elle m’annonça que me prêter au jeu n’était pas si vain que je ne me l’étais imaginée. « Non ! C’est impossible, ça. Par contre, toi, tu l’es bel et bien. » Et c’était le cadet de ces soucis. Nous étions toutes deux habitées du même réflexe pour ne pas accepter que nous nagions dans le même bain, un bain rempli de complications à venir. « Non, mais ce n’est pas la peine de le refaire… Je ne peux pas être enceinte, je t’assure. » protestais-je en me saisissant de mon téléphone pour vérifier l’application fort bien pensée destinée à m’éviter un imprévu de ce genre. Avant Los Angeles, je la consultais régulièrement. L’abstinence aidant, je l’avais oubliée, comme le compte des jours entre mes dernières règles et les prochaines. « Oh putain, j’ai trois jours de retard. Passe-moi un test… et une bouteille d’eau, dans le bon ordre. »
J’avalai près d’un litre et demi en un temps record, priant pour que le premier soit défectueux, mais il fonctionnait très bien et je m’effondrai. « Mon père va me tuer. Ma mère va me casser la gueule avant. C’est une catastrophe. » me plaignis-je en pleurant à chaudes larmes. « Et Mani… comment est-ce qu’il va le prendre ? Et comment je vais lui annoncer d’ailleurs ? Je ne vais jamais pouvoir le regarder dans les yeux demain, pas en sachant ça. » Sauf si je m’autorisais vingt-quatre heures de réflexion, le temps des festivités. « Et si ça se passait mal ? Tu ne seras même pas là ! Ce n’était pas le moment, Lyla. Ce n’était pas le moment du tout. Toi, ça va, tu vas te marier demain, personne n’y verra que du feu, mais moi ? Je ne me marie pas demain. Je vais être ronde comme un ballon de baudruche pour mon mariage… si j’arrive jusque là vivante. J’ai tout gâché. ABSOLUMENT TOUT. » En ce compris la soirée de veille de noces, celles où on a besoin de se reposer sans s’inquiéter d’autre chose que la cérémonie du lendemain. « Je ne t’ai rien dit parce que je ne voulais pas que tu te tracasses pour moi, mais Mani et moi, c’est un peu compliqué pour le moment. On a du mal à s’entendre... LA a eu des conséquences. Je fais mon maximum pour que tout redevienne comme avant, parce que j’ai pardonné. Je veux dire, vraiment. J’ai confiance en lui, mais on a parfois du mal à se comprendre. Je lui ai fait de la peine récemment. Pas volontairement, mais ça ne change rien. On vient seulement de trouver un terrain d’entente. Quand je vais lui dire, il va… Je ne sais pas ce qu’il va faire… mais ça ne va pas nous aider. Crois-moi. »
by SerialWords.
❝Lyla Gambino❞
ADMINE ET PUNITRICE
❖ MESSAGES : 8802 ❖ AVATAR : Megan Fox
Dim 12 Juin - 14:23
And I'm feeling good
ft Cinzia de la Vega
Je ne voulais pas que ma nouvelle famille s’imagine que les Canjura seraient davantage un poids pour eux qu’une réelle bénédiction. Je faisais de mon mieux pour apaiser ma mère et la faire taire mais ce n’était pas suffisant et je craquai, au risque de me disputer une énième fois avec Lucky à cause de ma famille. Si j’y regardais bien, ma famille n’était pas le problème, seule ma mère en était un et de taille. « Ton frère a parlé avec mes parents et a calmé le jeu, parce que je n’étais plus capable de le faire. Mais mon père fait ce qu’il peut, il essaie de soutenir sa femme même s’il n’est pas d’accord. Je le connais, il a déjà dû lui dire qu’elle a exagéré et qu’elle les fait passer pour des gens sans éducation. Crois-moi bien que quand elle va le faire sortir de ses gonds, elle va s’écraser pour de bon, en attendant, je vais devoir y retourner demain et ça ne m’enchante pas ! » avouai-je avec une expression maussade. Je pouvais aisément me passer du visage de ma mère et de sa présence ainsi que de ses conseils pour les millénaires à venir, elle m’avait vaccinée. Je me demandais où était la Rita bienveillante et soucieuse de mon bien-être d’autrefois. J’avais dû l’enterrer avec le fœtus de ce bébé qui ne verrait jamais le jour ou bien quand nous dûmes redistribuer les tonnes de nourriture pour mon mariage qui n’eut jamais lieu. Ma mère était douée pour trouver un responsable à chaque situation, pourvu que ce ne soit pas elle que l’on pointe du doigt. « Comment ça tu crois ? Il a encore fait son casse couilles de base ? » m’enquis-je en fronçant les sourcils, prête à aller le voir pour l’engueuler d’être incapable d’apprécier ce qu’on faisait pour lui. Connard ! Une nuit presque en demi-teinte m’amenant à me demander ce qui passait par la tête des mecs pour qu’ils soient aussi peu satisfaits et contents en cherchant à parler au moment où on choisissait de mettre notre cerveau sur pause. Les vrais aliens, c’étaient eux, pas nous ! « On devrait essayer de convaincre ton père d’avancer le mariage, rester loin de la personne que tu aimes, c’est de la merde et ça crée des tensions inutiles. Faudrait qu’on demande si Carolia ne peut pas faire quelque chose. » Je déposai un baiser bruyant sur sa joue pour la remercier du compliment. « Oh je ne les verrai même pas, tout ce qui m’importe c’est que ton frère ne soit pas déçu ! Et qu’il ne voit que moi ! » Si seulement mes préoccupations avaient pu se limiter à ce genre de choses futiles, si seulement !
Je fis semblant de ne rien entendre me concernant, me focalisant sur elle, le temps qu’elle réalise qu’elle avait du retard, j’avais déjà une bouteille d’eau en main que je lui tendais alors qu’elle buvait en faisant les cent pas. « Faut pas t’inquiéter, quoi qu’il arrive, on trouvera une solution, je ne vais pas te laisser dans la merde ! » Je tentais de la rassurer mais elle ne m’écoutait qu’à moitié. Je m’incrustai avec elle dans les toilettes et réceptionnai le test pour le poser sur le lavabo, le temps qu’une réponse s’affiche et ce ne fut pas bien long mais je lui laissai la primeur de la nouvelle. Elle s’effondra et je la pris dans mes bras. « Mais non ! On va parler avec Carolia, avancer le mariage et tout ira pour le mieux ! Toute façon, ce n’est qu’une question de timing, on va organiser ça, je te le promets ! » Parce que j’étais capable de déplacer des montagnes quand il était question des gens que j’aimais le plus au monde et si je devais mettre Luciano dans la combine pour qu’il convainque son père d’avancer le mariage, je n’hésiterais pas un seul instant. « Je ne sais pas, vous avez déjà parlé d’enfants ? Il en disait quoi ? Si tu veux, je peux lui dire moi ou alors, tu lui dis, je reste pas loin comme ça s’il se comporte comme un con, je lui colle un coup de chaise ! » C’était pourtant une si bonne nouvelle et il m’avait l’air d’être mature et responsable, il devrait s’en réjouir, même si le fait qu’ils ne soient pas mariés serait un réel problème. Mais à mon sens, cela restait anecdotique, nous avions des moyens de régler ça rapidement et facilement. « Je serai toujours joignable pour toi, on va prendre un problème à la fois et voir ce que ça donne, ok ? Ne paniquons pas pour rien, je suis sûre que tout va très bien s’emboîter ! » Je lui caressai le dos pour l’inviter au calme. Ce qu’elle me raconta concernant sa relation avec Mani ne me rassura pas et je sentis une montée de colère m’envahir sans que je ne puisse la repousser. « Si tu me parlais sans faire de devinettes, ma chérie, ce serait plus simple pour moi de t’aider ! Quel est le problème et qu’est-ce qui l’a blessé ? Si tout est réglé, pourquoi tu t’inquiètes de sa réaction ? C’est normal de s’embrouiller gravement et de se faire de la peine, tant que le coup est rattrapé, y a pas de raison de se biler ! Je peux retarder la lune de miel de quelques jours, pour être près de toi si ça ne va pas ! » Je me demandais déjà comment j’allais faire passer la pilule auprès d’un Lucky qui croirait encore que sa sœur était plus importante pour moi qu’il ne le serait jamais. C’était probablement le mauvais plan de retarder notre départ mais je ne voulais pas que Cinzia se sente seule ou abandonnée.
***
On avait proposé une journée entière en famille à Luciano et il avait accepté, pensant que je serais de la partie, il s’était empressé d’accepter. Sauf qu’au lever, je n’étais pas très en forme, je passai une bonne heure au-dessus de la cuvette des toilettes et quand je m’extirpai enfin de la salle de bain, je me traînai jusqu’au lit, transie de froid et morte de fatigue. Il me jeta un regard inquiet et je l’invitai à prendre sa douche le premier le temps que je trouve la force d’en faire de même mais ça n’arriva jamais. « Je vais annuler et rester avec toi, on aura qu’à dire que c’est une journée calme à profiter du soleil. » me lança-t-il en s’allongeant près de moi pour tenter de me réconforter. « Va t’amuser et profiter, on va bientôt repartir, je vais dormir une bonne partie de la journée, tu vas t’ennuyer ici. » Je ne me sentais pas en forme mais il n’était pas question de lui gâcher son séjour pour autant. Il hésita et j’insistai tant qu’il céda malgré tout, me rappelant qu’au besoin, je pouvais appeler la maison voisine, qu’il resterait du monde si j’avais besoin de quoi que ce soit. Il me fit promettre de l’appeler aussi et après avoir hésité une dernière fois, restant près de moi, me tenant la main, il finit par y aller. Je dormis une bonne partie de la journée, ne me réveillant que pour boire avant de sombrer à nouveau. Vers seize heures, j’émergeai, affamée. Je me traînai dans la cuisine pour me sortir mon assiette de pâtisseries et piocher dedans en ouvrant mon ordinateur pour jeter un œil à mes mails. Skype s’était lancé automatiquement et voir que Cinzia était connectée, je ne pus résister à l’envie de l’appeler. Voir son visage fut un vrai plaisir. « Comment tu vas, beauté ?! » lançai-je avant d’enfourner la fin de mon biscuit. « Alors, tu l’as dit à Mani ? Comment il a réagi ?? » Oui, parce que depuis que nous étions partis de New York, je n’avais pris de nouvelles de personnes, j’avais bien mieux à faire et Lucky était doué pour trouver le moyen d’occuper chaque seconde de mon quotidien. « Je l’ai annoncé aussi à Luciano, c’était… Bizarre. Mais je crois qu’il est content maintenant, enfin il essaie de comprendre ce qui se passe mais il est passé de « viens on fait comme si ça n’existait pas » à « je suis inquiet pour le bébé, faut faire attention à ceci ou cela », va lui falloir un peu de temps, tu sais que les responsabilités, c’est pas vraiment le truc de ton frangin ! Mais sinon tout se passe bien ici, je mange comme une grosse et je profite. Aujourd’hui je n’étais pas en forme du tout, du coup il est allé tout seul à la journée en famille… Et toi, ça donne quoi ? Tu n’es pas chez tes parents ? Et ça ne ressemble pas à chez Mani ! T’es où ? Et c’est Jez là ? Coucou Jez ! » Je fis signe à la Salvadorienne qui me répondit avec un sourire avant de disparaître de mon champ de vision. « Il s’est passé quoi ? Parce que ça ressemble à une chambre d’hôtel ! »
by SerialWords.
❝Cinzia Herrera❞
ADMINE INTREPIDE ET SANS CLE
❖ MESSAGES : 6423
Mar 21 Juin - 18:32
And I'm feeling good
ft Lyla Banana
Lorsque Lyla me confia l’histoire de son mariage avorté avec Ruben, je fus envahie d’une profonde haine pour cet enfoiré, de compassion pour la victime qu’il avait fait d’elle et d’admiration pour son courage. Elle s’était relevée. Elle avait fait des choix discutables aux yeux d’une maman, mais elle avait bombé le torse et elle avait préféré continuer à avancer. Donc, non, les comportements de Rita me dépassaient autant qu’ils me dérangeaient. À mon sens, elle perdait son temps à s’attarder sur ses propres frustrations au lieu d’être fier de sa fille qui, s'enrichissant de cette expérience douloureuse, s’était reconstruite et si je pouvais entendre qu’un jour, l’argent manqua au point qu’on répugne le jeter par les fenêtres pour un mariage qui ne fut jamais célébré, j’avais peine à considérer ma meilleure amie pour responsable. Elle avait largement eu la possibilité d’en souffrir et de culpabiliser. Et malgré tout, elle était parvenue à faire à nouveau confiance à un homme. Ce n’était pas gagné. Surtout pas quand l’heureux élu s’appelait Luciano Gambino. Il pouvait être aussi adorable que le contraire, à l’image de cet associé qu’il traitait en frère. Parfois, certains des comportements de Manuel me détasbilsaient littéralement. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’était courant. Il y avait chez lui une certaine constance, peut-être parce que nous nous connaissions de mieux en mieux lui et moi. Néanmoins, le soir de l’enterrement de vie de jeune fille de Lyla, je ne m’étais certes pas attendu à ce qu’il vacille entre satisfaction et désappointement, frustration et soulagement, ou que sais-je encore. Nous n’en avions pas discuté, ce qui m’arrangea très bien, tant j’avais peur de ce que j’aurais pu entendre si je l’avais interrogé sur ce qu’il ressentait. Je lui accordai tout le temps nécessaire à apprivoiser la situation, priant pour qu’il n’interprète pas mes audaces avec maladresse. « Non. Je ne dirais pas ça. On avait besoin de nous retrouver, même si je sais qu’on a tous les deux apprécié les moments simples qu’on n’a passés ensemble. Je crois surtout qu’il ne s’attendait pas à ça. » Comme d’habitude. « J’ai eu peur d’avoir fait une connerie du coup, mais il s’est pris au jeu finalement. Ça a été une nuit incroyable. » ponctuais-je en hachant l’adjectif qui ne lui rendait pas vraiment justice, abstraction faite d’une conversation un rien trop sérieuse, mais qui valait le coup d’être menée pour ne plus nous endormir sur des malentendus. « Déjà fait. Elle dit qu’il nous faudrait une sérieuse bonne raison pour essayer de convaincre mon père d’avancer la date du mariage, même si matériellement, c’est tout à fait possible d’après elle. Trois heures de route aller-retour pour nous voir. C’est fatigant. » Et pas vraiment le meilleur moment pour m’apitoyer sur son sort. Si l’essayage de sa robe révélait toute sa beauté, elle mettait également en valeur des formes que je ne lui reconnaissais pas, si bien que nous nous retrouvâmes dans la salle de bain pour découvrir ensemble que si grossesse il y avait, elle s’accordait au pluriel. Nous étions enceintes. J’aurais pu en rire et m’en réjouir sans cette erreur de timing. Là, je m’effondrai, succombant à la panique et pleurant à chaudes larmes malgré les tentatives de Lyla pour me rassurer.
Habituellement, ses bras et quelques mots réconfortants suffisaient à relativiser, mais pas cette fois. Un enfant hors mariage, c’était un véritable drame. Personne ne me le pardonnerait, pas même Mani, surtout pas lui. J’étais sa source d’emmerdes principales et voilà que j'étais l’instigatrice de sa mort. Cumulées au délai qu’il me fallut pour annoncer à Manuel que j’étais peut-être malade, les chances pour qu’ils ne me sortent pas de sa vie devenaient tout de suite beaucoup plus faibles. Bien sûr, il m’aimait de tout son cœur. Je n’en doutais pas un seul instant. Il n’empêche qu’il m’avait proposé de prendre la pilule, que j’avais refusé, que je lui avais promis que je gérais. Il m’avait confiance et pour quel résultat ? Un polichinelle dans le tiroir trop tôt. Beaucoup trop tôt. « C’est surtout une question de principe, mais tu as raison. Faut pas que je panique où je vais faire que de la merde. Non, je vais me calmer et réfléchir. Tout va bien se passer. Je suis une grande fille, je vais lui dire et on trouvera une solution. On en trouve toujours. » Surtout lui, prêt à remuer ciel et terre pour me voir sourire. « Il n’est pas question que tu reportes quoi que ce soit. » tentais-je ensuite en essuyant mes yeux du plat de la main, renonçant à lui expliquer ce qui me tourmentait tant. C’était trop tard maintenant. Si j’avais dû lui confier les résultats de mon dernier examen médical, c’était à leur réception. Ce serait ignoble de ma part de gâcher sa fête et sa joie en lui annonçant ce drame supposé la veille de son mariage. « Je m’inquiète trop, parce que je l’aime trop, que je le trouve formidable et que je m’attends toujours à ce qu’il me quitte tôt ou tard. Mais, c’est ridicule, je le sais bien. Et puis, il veut des enfants, on en a déjà parlé. » Ce qui n’était pas le cas de Lucky. M’en rappeler m’aida à réaliser que sa situation n’était pas plus enviable que la mienne. Et moi ? Qu’est-ce que je faisais ? J’ignorais ses angoisses au profit des miennes, car il y en avait, j’en étais convaincue. Au contraire, elle n’éluderait pas la nouvelle similaire qui la concernait en se concentrant exclusivement sur moi. « Et toi alors ? Qu’est-ce que tu vas faire ? Tu vas lui dire demain ? En Sicile ? » m’enquis-je enfin en agrippant sa main pour lui témoigner mon soutien. « Si tu veux mon avis, ne traîne pas trop. Vaut mieux y aller franco. » Comment un pansement qu’on arrache. Ça fait mal une fois, mais la douleur se dissipe vite, bien que Luciano, véritable diesel, ça réclamerait certainement une bonne dose de patience. « Enfin, je dis ça, mais il t’aime comme un dingue. Vous êtes presque mariés. Je fais un vieux transfert à la con. Ne t’occupe pas de moi. » Je n’étais personne pour l’alarmer. Mon rôle, c’était de l’encourager. Elle savait déjà que ça ne serait pas une partie de plaisir. Elle connaissait Lucky tellement bien, tellement mieux que moi désormais. « Tout va bien se passer tout toi, j’en suis sûre. » Je ponctuai ce demi-mensonge en la serrant dans mes bras. « Je suis contente pour toi, tu sais. Ça ne se voit pas trop là, mais je suis vraiment ravie. C’est la meilleure des nouvelles que j’ai entendues depuis des lustres. Tu es contente, pas vrai ? Et tu me tiendras au courant. Tu m’envoies un mail pour pas que je me fasse du mouron. D’accord ? »
***
[size=12] Normalement, j’aurais dû en faire de même. Échange de bon procédé. Sauf que j’étais incapable de lui avouer par ce biais que la réaction de mon fiancé n’était pas la hauteur de ses espérances. Les miennes ? Je m’en moquais. Ça n’enlevait rien à ma peine d’être à Chicago sans lui. Dès lors, je ne lui écris que des banalités, posant mille questions sur son voyage, pour n’obtenir aucune réponse. Je ne lui en voulais pas, bien qu’elle m’ait promis de rester joignable au moins pour moi. Elle avait sa propre vie à mener et j’étais fatiguée d’être un poids mort pour tous les gens que j’aimais. J'aspirais simplement à ce que mes plus grandes craintes ne se matérialiseraient pas, que je ne les perdrais pas tous parce que j’étais une chieuse et une pleurnicheuse. Quand mon PC portable m’avertit que je recevais un appel via Skype, mon cœur bondit dans ma poitrine, persuadée que c’était Mani. Je me recomposai un visage plus ou moins dur, et si je ressentis légèrement la piqûre de la déception en découvrant la photo de profil de Lyla, je n’en fus pas moins ravie pour autant. L’entendre me ferait un bien fou, à condition qu’elle ne pose pas trop de questions. J’avais si honte du merdier que ma grossesse provoquait que sans la présence de Jez – j’étais trop fière pour m’autoriser de telles démonstrations devant ma double-belle-sœur – j’aurais sangloté comme une enfant. « C’est à toi qu’il faut demander ça. Tu es radieuse. Tu as pris des couleurs ou c’est une idée ? Et la Sicile ? Tu en penses quoi ? Si tant est que tu en aies vu quelque chose bien sûr. » plaisantais-je avec conviction tant j’étais heureuse de m'entretenir avec elle, d'avoir des nouvelles, enfin. « Oh ! Je suis contente qu’il ait bien pris la nouvelle. Je t’avoue que j’ai flippé, justement parce que je sais qu’il n’aime pas qu’on le bouscule dans ses petites habitudes. C’est son côté Papy. Parfois, il lui manque que la pipe et les charentaises. Mais, je suis contente pour toi. C’est vraiment cool. Et, ça va ? Il ne fait pas trop chaud pour toi ton état ? Vous n’avez pas profité d’être que tous les deux pour aller voir un médecin par hasard ? Quoi ? On ne sait jamais. S’il inquiète à ce point, il est capable de t’avoir tiré à l’hôpital pour être sûr que tout est sous contrôle. Vous avez prévu de l’annoncer en rentrant ? Faut que je sache que je puisse vous organiser une super fête sur le domaine. » Une fiesta digne de la chaleur sicilienne dont nous aurions tous besoin au vu de ce qui se préparait par rapport à Achille et dont je ne pipai mot.
Soucieuse de ne pas gâcher ces derniers moments de sérénité à l’autre bout du monde, j’éludai sa question principale d’un revers de la main, jurant que la réaction de Manuel n’avait pas grande importance, préférant me concentrer sur elle, mais c’était sous-estimer sa ténacité et sa perspicacité. Elle remarqua bien vite que je n’étais pas seule – elle salua par ailleurs Jezabel – et que la décoration impersonnelle de la pièce ne ressemblait en rien à celle de ma chambre ou l’appartement de Manuel. « Moi ! Que te dire… Je suis à Chicago, avec Jez et Gaby, mais sans Mani. Je ne savais pas comment lui dire, alors je me suis dit que j’allais le faire en lui présentant les choses comme si c’était une super bonne nouvelle. Parce que j’ai eu le temps de me calmer et qu’en fait, moi, je suis vraiment ravie. Et là, bérézina. Il s’est tapé la tête sur la table, il a tout balancé à la poubelle, il a dit que je ne serais pas un exemple pour nos enfants, encore moins si c’était une fille, puisque je serais enceinte jusqu’aux dents. Il a sous-entendu que je n’avais rien respecté, qu’on avait fait n’importe quoi. Que j’étais stupide de ne pas avoir pris la pilule comme il l’avait suggéré. Enfin, il a pas dit ça comme ça, je ne sais même pas si c’est ce qu’il a essayé de me dire, mais c’est comme ça que je l’ai compris. Du coup, j’ai claqué la porte. Et comme Gaby est au courant et qu’Antonella a encore faire des siennes vis-à-vis de Jez, il a proposé qu’on parte avec lui. Mani est venu à l’aéroport, je suppose que ça ne lui plaisait pas trop que je m’en aille, mais il a rien dit. J’ai fait genre je lui laissais pas le choix, mais j’aurais aimé qu’il me retienne. J’en déduis que ça l’arrangerait bien et puis, j’avais besoin de prendre du recul. Il n’a même pas pris la peine de m’écouter. En conclusion, me voilà, un peu perdue pour tout te dire. Je ne sais pas ce que je dois faire, si je dois l’appeler, si je dois attendre qu’il se bouge. Si tu savais comme j’ai envie de m’enfuir. Pas pour le quitter, mais pour m’éloigner un maximum de tout ce que ce bébé va impliquer alors que, merde, c’est un cadeau du ciel normalement. Je m’en veux de lui faire porter ça sur les épaules alors qu’il n’est même pas né. » Je baissai les yeux sur mon ventre, ma main posée instinctivement sur ce dernier. « Je suis morte de trouille, tu sais. Personne n’a l’air de contraire, mais j’ai peur de devoir gérer tout ça toute seule et je ne sais pas comment m’y prendre. Je ne sais même pas si je trouverai la force de m’opposer à toute ma famille si ça se passait mal entre nous… J’ai beau dire que je me fais des idées. Je le vois nulle part et je suis en colère après lui. J’aurais voulu qu’on soit content à deux, pas moi toute seule et lui qui subit. » Et elle me dispensa de ses conseils qui firent mouche, comme d'habitude. J'abordai la suite avec beaucoup plus de sérénité. C'était sans doute la force de notre amitié.